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ESGE
LICENCE 3
ENERGIE DE LA BIOMASSE
Juin 2022
M. BEYE
Introduction
La biomasse énergie désigne l’énergie tirée de la matière organique d’origine
végétale (résidus agricoles, bois, feuilles) ou animale (cadavres d’animaux, êtres
vivants du sol).
La biomasse est une réserve d'énergie considérable née de l’action du soleil grâce
à la photosynthèse. En effet, les végétaux représentent le point de départ du cycle du
carbone. Grâce à la photosynthèse, les plantes absorbent le carbone de l'air (CO 2) et
l'intègrent à leur propre biomasse (feuilles, bois, racines, fleurs et fruits). Cette matière
organique sert de nourriture aux organismes hétérotrophes (consommateurs). En
libérant de l'énergie, la respiration des hétérotrophes et des autotrophes renvoie du
carbone dans l'atmosphère (CO2).
La biomasse n'est considérée comme une source d'énergie renouvelable que si sa
régénération est au moins égale à sa consommation. Ainsi, par exemple, l’utilisation
du bois ne doit pas conduire à une diminution du nombre d’arbres.
D’après le Global Status Report 2021, la bioénergie a compté pour environ 11,6%
ou 44 exajoules (EJ) de la consommation énergétique finale totale en 2019. Plus de la
moitié de cette bioénergie provient de l’utilisation traditionnelle de la biomasse 1, qui a
fourni environ 24,6 EJ d’énergie pour la cuisson et le chauffage dans les pays en
développement et émergents, particulièrement en Afrique sub-Saharienne. Les autres
utilisations plus modernes et plus efficaces de la bioénergie ont fourni environ 19,4 EJ
de la consommation énergétique finale totale en 2019 (13,7 EJ pour les besoins de
chauffage, 4,0 EJ pour les besoins de transport et 1,7 EJ pour la fourniture d’électricité)
[1].
La biomasse est la première source d’énergie pour plus de 2 milliards de personnes
dans les pays en développement. La bioénergie suscite un intérêt croissant pour les
raisons suivantes :
elle contribue à la réduction de la pauvreté ;
elle répond aux besoins énergétiques en permanence, sans transformation
onéreuse des installations ;
elle peut être stockée et elle est disponible de manière flexible ;
elle peut fournir de l’énergie sous toute forme selon les besoins (combustibles
solides, liquides et gazeux, chaleur et électricité) ;
elle peut aider à l’élimination des déchets au niveau des communes ;
elle peut aider à rendre les terres jusqu’alors improductives et dégradées,
cultivables en augmentant la biodiversité, la fertilité du sol et la rétention d’eau.
1
Elle concerne la combustion du bois et du charbon de bois, mais aussi le fumier et autres résidus agricoles, dans
des appareils simples et inefficaces pour fournir l’énergie pour la cuisson et le chauffage dans le secteur
résidentiel.
I. La ressource de bioénergie
D’un point de vue chimique, la biomasse peut être définie comme un hydrocarbure
constitué principalement de C, H, O, et de N. Elle contient également des éléments
inorganiques tels que : Ca, Mg, K et Si. Les proportions de ces derniers varient en
fonction de la nature, de l’origine, de l’âge et des conditions de croissance de la
biomasse considérée (type et humidité du sol, ensoleillement…).
Les composants de la biomasse peuvent être classés en éléments majeurs (>1%),
mineurs (0,1 – 1%) et traces (<0,1%). Les éléments majeurs sont principalement C, H,
N, O, Ca et K tandis que les éléments mineurs incluent Si, Mg, Al, S, Fe, P, Cl et Na.
Les éléments traces quant à eux sont Mn, Ti. La biomasse contient aussi en faible
proportions les extractibles organiques comme les monomères de sucres
(principalement du glucose et du fructose) et les acides aliphatiques.
2
Souche : base du tronc (d'un arbre coupé) qui reste en terre.
3
Cime : la partie la plus haute et pointue d'un grand arbre.
4
Sciure : poussière ou fine particule qui résultent du sciage (d'une matière).
CUBES
Les CUBES sont de gros granulés fabriqués en
comprimant la biomasse hachée au moyen d’une presse
à roue qui la force à travers une filière.
RONDELLES
Les RONDELLES sont fabriquées au moyen d’une
machine de briquetage. D’une densité semblable à celle
des granulés, elles ont l’avantage d’une plus grande
résistance à l’humidité et d’un moindre coût de production.
COPEAUX
Les COPEAUX DE BOIS sont employés dans de
nombreux dispositifs, des appareils ménagers aux grandes
centrales électriques. Ils sont fabriqués au moyen d’un
déchiqueteur. Comme combustible, les copeaux de bois
sont d’un coût comparable au charbon.
Afin d’optimiser l’utilisation des briquettes, des foyers spécifiques ont été
développés. Leur efficacité est supérieure à celle à des foyers classiques, ils génèrent
moins de fumée ce qui a des impacts positifs sur la santé des femmes et la durée de
cuisson est réduite. Par ailleurs l’économie générée sur le budget cuisson est d’environ
25%.
II.1. La combustion
La combustion est une oxydation complète en présence d’air. Elle permet de produire
de la chaleur (pour le chauffage et la cuisson), de l’électricité ou les deux (cogénération).
La combustion du bois énergie, des résidus agricoles et des déjections animales est
la plus simple utilisation de la biomasse traditionnelle.
La majorité des technologies de combustion exploitées aujourd’hui sont éprouvé et
bien établies commercialement à l’échelle mondiale, et ce, pour de nombreuses
applications.
Appareils utilisés
Les appareils utilisés pour la combustion de la biomasse solide vont des petits
fourneaux (foyers) domestiques aux immenses chaudières en activités dans les grandes
centrales de cogénération (jusqu’à plusieurs centaines de MW) en passant par les
poêles5 résidentiels (de 1 à 20 kW).
Les différents types de foyers domestiques utilisés au Sénégal sont résumés dans le
tableau suivant :
Limites de la combustion
D’un point de vue technique, la combustion signifie normalement :
un faible rendement de la conversion énergétique ;
un impact environnemental élevé (fumées, etc.) ; et en conséquence
d’importants risques de problèmes de santé.
5
Poêle : un appareil clos en métal ou en céramique, à l'intérieur duquel brûle le composé liquide ou solide. C'est
une version améliorée de la cheminée : ses surfaces sont en contact avec l'air de la pièce et transfèrent, par
convection, de la chaleur à l'air qui circule au-dessus du poêle.
“Ban ak Suuf“
Banco
Malgache
“Sakkanal“
Economie de charbon de 47 à 50 % par
rapport au modèle malgache.
Plusieurs modèles possibles (mono marmite Performance en fonction du modèle.
;
multi marmite ; mixte bois /charbon de bois).
"Jambaar"
Meilleure conservation de la chaleur de
cuisson ;
Economie de charbon l’ordre de 30 % par Non disponibilité de la matière première
rapport au foyer malgache ; (l’argile) dans toutes les localités ;
Durée de vie de 3 ans, contre quelques mois
pour le fourneau malgache ;
Réduction des émissions de CO2 de 1,2
tonne/an
II.2. La carbonisation
La carbonisation est une combustion lente de la biomasse qui se déroule avec un
déficit (ou en absence) d’air et une pression supérieure ou égale à la pression
atmosphérique.
Carbonisation du bois
La carbonisation du bois permet d’obtenir du charbon de bois, des liquides
pyroligneux et des gaz divers. Les procédés artisanaux et souvent semi-industriels
assurent plus de 95% de la production mondiale de charbon de bois.
La meule Casamançaise
Elle a été mise au point et introduite dans les années 80.
La meule Casamançaise est à combustion partielle, c’est-à-dire que la combustion
d’une partie de la charge fournit la chaleur nécessaire à la carbonisation du reste de
la charge. Ses avantages sont :
une réduction de la consommation en bois ;
un coût d’investissement relativement faible ;
une facilité de construction ;
une carbonisation rapide (gain de temps);
de très bons rendements d’au moins 20 à 40 % sur bois anhydre 6 , contre 16 à
20 % pour une meule traditionnelle ;
une possibilité de recueillir l’acide pyroligneux et les goudrons grâce à la
cheminée qui joue un rôle de condensateur des produits provenant du bois
carbonisé.
L’équipement et le montage de la meule casamançaise sont présentés sur les
figures suivantes.
6
Anhydre : qui ne renferme pas d’eau.
1ère étape : pour une meilleure circulation de l’air, on étale un réseau de bois à la
base qui constitue le plancher. Celui-ci est composé des bois ronds moyens qui sont
disposés radialement et sur lesquels sont placés tangentiellement du petit bois.
2ème étape : la charge de bois est arrangée en commençant par les gros bois au
centre de la meule, suivis par les moyens et les petits bois se trouvant à l’extrémité du
plancher. Elle est recouverte du petit bois en construisant simultanément la chambre
à air qui permet une bonne circulation de l’air. La meule est ensuite entièrement
couverte avec des herbes, de la paille et de la terre.
3ème étape : une cheminée faite de fûts soudés est installée. La durée de vie d’une
cheminée correspond généralement à deux campagnes de carbonisation.
4ème étape : après avoir allumé le four dans la cheminée centrale (point d’allumage),
des gaz peuvent s’échapper par la cheminée. On ouvre des appels d’air tous les 3
mètres autour de la meule. Cela permet de réguler l’air dans la meule afin de
conditionner la carbonisation. Le processus de carbonisation requiert la présence des
charbonniers. Après la cuisson (disparition des fumées), la cheminée est démontée et
la meule est laissée à refroidir.
5ème étape : le charbon est sorti de la meule et emballé dans des sacs.
Production du biocharbon
Dans le cadre de la diversification des sources d’énergie des combustibles
domestiques, le biocharbon occupe une place prépondérante.
Les formes de biomasse, autres que le bois, valorisables en énergie de cuisson et
disponibles au Sénégal, sont :
les résidus agricoles comme les tiges de mil, sorgho, maïs et de coton, les balles
de riz ;
les résidus agro-industriels : coques d’arachide, de coton, d’anacarde, de
bagasse ;
les plantes aquatiques nuisibles à forte prolifération comme le typha ;
Le poussier de charbon7.
Ces résidus, la biomasse inutilisée et le poussier de charbon, longtemps perçus
comme une menace pour l’environnement et la santé des populations riveraines sont
aujourd’hui considérés comme une richesse énergétique, en tant que source
d’énergies alternatives aux combustibles traditionnels.
En général, on peut dire que la valeur énergétique d’une tonne de biocharbon
produite au Sénégal équivaut environ à 80 % de celle du charbon de bois [7].
Les formes de biomasse autres que le bois, leurs potentiels exploitables et les
acteurs impliqués pour la production de biocharbon sont résumés dans le tableau
suivant.
7
Poussier : ensemble de débris (d’une matière quelconque) à l’état de poudre
Tige de coton
Résidus
agricoles 18 000 t
45 000 t/an 81 000 t
(10 260 tep)
Balles de riz
8 000 t BIOTERRE
13 000 t/an 116 000 t
(4 560 tep) (Ross Béthio)
Typha Pro-
Natura (Saint-
Louis);
Plante 65 000 t Typha
900 000 94 000 t combustible
aquatique (37 000 tep)
construction
Afrique de
l’Ouest
(TyCCAO)
Poussier de charbon
BRADES
Autres 2,5 t/mois
(Saint-Louis)
8Cornue : récipient sphérique qui s'ouvre sur un col étroit et très recourbé, utilisé notamment pour la
distillation.
9
Mélasse : boue qui colle ou poisse.
II.3. La pyrolyse
La pyrolyse consiste à chauffer la biomasse en l’absence d’oxygène. Il s’agit de la
décomposition d’un composé organique par la chaleur (sans flammes) pour obtenir
d’autres produits. Tous les procédés de pyrolyse de la biomasse produisent d’une
façon ou d’une autre du charbon, du gaz combustible, des minéraux solides
(recyclables en agriculture) et de l’huile de pyrolyse.
Avec une pyrolyse longue à températures modérées (400 °C), on obtient plus de
charbon que de gaz, et à températures élevées (500 – 800 °C), à l’inverse, on produit
plus de gaz que de charbon.
En général, la pyrolyse à une température plus faible pendant plus longtemps
(pyrolyse lente) favorise la production de combustible solide (charbon).
Une température moyenne (400 – 500 °C) pendant une très brève période (une ou
deux secondes), ce que l’on appelle la pyrolyse rapide, favorise la production de
combustible liquide ou biohuile.
La pyrolyse est également une phase préalable à la gazéification, autre voie
prometteuse valorisation énergétique de la biomasse.
Le processus technique global est important : quand les processus de combustion
et de carbonisation ont lieu dans la même chambre, on parle de fours. Si la
combustion et la carbonisation sont effectuées dans des chambres séparées, il s’agit
alors d’une installation de cornue.
Ainsi, pour démarrer le processus de pyrolyse, le brûleur (chambre de combustion)
doit être allumé à part. Une fois que les denrées à carboniser sont suffisamment
chaudes pour dégager des gaz inflammables, on n’a pas besoin d’autre combustible.
Puisque les deux composantes de la pyrolyse peuvent être optimisées de façon
indépendante l’une de l’autre dans des cornues, la fabrication industrielle moderne de
charbon est toujours effectuée au moyen de cornues. Alors que la fabrication
traditionnelle de charbon à l’aide de cornues modernes a des rendements compris
entre 35 et 45 %, ceux des fours se situent dans la fourchette en dessous des 25 %
[7].
II.4. La gazéification
La « gazéification » désigne une transformation thermochimique consistant à
décomposer par la chaleur un solide combustible carboné (charbon, biomasse) en
présence d’un réactif gazeux (O2, air, CO2, vapeur d'eau, etc.) dans le but d’obtenir un
mélange gazeux combustible. La réaction de gazéification se passe dans des
conditions de température très élevées (plus de 1 000 °C).
Le gaz de synthèse obtenu à la fin, appelé « syngas » (pour « synthetic gas »), est
un mélange de deux gaz combustibles : le monoxyde de carbone (CO) et le
dihydrogène (H2). Ce syngas est utilisé principalement comme sous de production :
de chaleur ;
d’électricité par l’action du gaz sur des turbines ;
d’hydrogène, de méthanol et de méthane par traitement chimique ;
de carburant de synthèse par le procédé Fischer-Tropsch10.
a) Etapes de la gazéification
Pour parvenir à la production du syngas, plusieurs réactions préalables sont
nécessaires. Il faut, à partir d’une matière organique, obtenir au préalable dans le
réacteur de la vapeur d’eau (H2O), du carbone (C) et de produire de la chaleur
suffisante pour la réaction finale de gazéification. Quatre étapes successives,
fortement couplées, sont nécessaires, la troisième produisant la chaleur requise par
les trois autres (Figure).
10
Le procédé Fischer-Tropsch, du nom des chimistes allemands qui l'ont développé, Franz Fischer et Hans
Tropsch, était très utilisé en Allemagne dans les années 1930 pour produire du pétrole synthétique et du
combustible diesel.
c) Applications de la gazéification
La gazéification peut être utilisée comme une solution de substitut dans plusieurs
domaines.
La valorisation des déchets organiques
La gazéification des déchets se pose aujourd'hui en concurrent de
l'incinération car elle présente plusieurs avantages par rapport aux procédés
classiques :
l'élimination des produits de combustion est effectuée directement sur le
syngas, alors que l'incinération produit un volume de fumée beaucoup plus
important ;
l'énergie électrique peut être fournie à partir de moteurs et de turbines à gaz,
qui sont beaucoup moins onéreux et plus efficaces que le cycle de la vapeur
utilisé dans les incinérateurs ;
la conversion chimique du syngas permet de produire des carburants de
synthèse, et pas seulement de l'électricité.
La gazéification du charbon
Comme pour la biomasse, la gazéification du charbon permet de produire du
syngas, souvent utilisé pour la production d’électricité par l’action de turbines.
Par ailleurs, la liquéfaction indirecte du charbon CTL (Coal To Liquids) par
l’intermédiaire de la gazéification du charbon permet d’obtenir des carburants
synthétiques.
La valorisation des résidus issus du raffinage du pétrole
Les résidus issus du raffinage du pétrole comme les goudrons, le coke et
l'asphalte peuvent être valorisés par un processus de gazéification. Ils peuvent
en effet être, à leur tour, convertis en produits utilisables comme l'hydrogène, la
vapeur, l'électricité, l'ammoniac et des produits chimiques. Par ailleurs, les
boues de raffinerie peuvent, elles aussi, être gazéifiées. Ainsi, intégrée à la
raffinerie de pétrole, la gazéification peut constituer une solution aux problèmes
environnementaux liés à l'élimination des résidus et des boues.
Concrètement, 1 kg de biomasse (bois) permet de produire entre 1 et 1,3 kWh
d’énergie électrique et entre 1,7 à 2,5 kWh d’énergie thermique. À titre de
comparaison, 1kg de gaz ou du pétrole fournit environ 12 kWh d’énergie thermique.
En Afrique, la plupart des gazéifieurs sont situés en Afrique du Sud, où les
carburants synthétiques et les produits chimiques sont produis à partir du charbon
depuis 1955 [8].
II.5. La méthanisation
La méthanisation est un processus de décomposition de matières pourrissables
(putrescibles) par des bactéries agissant en l’absence d’air. On nomme ce processus
de décomposition « fermentation anaérobie ».
Ce procédé permet de générer une énergie renouvelable, le biogaz, qui comporte
entre autres du méthane (CH4, dans des proportions de 50% à 70%) et du dioxyde de
carbone (CO2), une faible proportion de sulfure d'hydrogène, d'ammoniaque et
d'hydrogène, ainsi que du compost11 (un « digestat » utilisé comme fertilisant).
Le digestat est formé à partir d'un mélange à base d'eau, de composants minéraux
et d'une substance organique non éliminée. Ce résidu peut être utilisé dans le secteur
agricole comme engrais d'excellente qualité.
La valeur calorifique du biogaz est d’environ 6 kWh/m 3 (ou 22 kJ/m3) – ce qui
correspond à peu près à un demi-litre de fioul12. La valeur calorifique nette dépend de
l’efficacité des brûleurs ou des appareils [7].
Le biogaz peut être transformé en chaleur, en électricité et en carburant pour
véhicules.
b) Principe de fonctionnement
La méthanisation est un procédé complexe. Le principe est le suivant : les déchets
organiques sont stockés dans une cuve cylindrique et hermétique que l’on appelle
«digesteur» ou «méthaniseur» dans laquelle ils sont soumis à l’action de micro-
organismes (bactéries) en l’absence d’oxygène. Les réactions biologiques mises en
11
Compost : mélange constitué de déchets organiques et de matières minérales et utilisé comme engrais.
12
Fioul : combustible liquide issu de la distillation du pétrole
13
Effluent : ensemble des eaux usées.
14
Lisier : mélange composé des excrétions solides et liquides (des animaux), utilisé comme engrais.
jeu par la méthanisation sont complexes mais globalement on repère trois grandes
étapes :
l’hydrolyse et l’acidogénèse : les chaînes organiques complexes (protéines15,
lipides 16 , polysaccharides 17 ) sont transformées en composés plus simples
(acides aminés, acides gras, peptides,) ;
l’acétogénèse : les produits de l’acidogénèse sont convertis en acide acétique18;
la méthanogénèse : l’acide acétique est transformé en méthane et en gaz
carbonique.
Une fois méthanisée, la matière résiduelle (digestat) est stockée.
15
Protéine : grosse molécule composée d'une longue chaîne d'acides aminés.
16
Lipide : substance chimique organique composée d'acides gras.
17
Polysaccharide : glucide naturel, formé par la condensation de plusieurs sucres simples (oses).
18
Acétique : propre au vinaigre.
19
Fèces : excréments solides composés des résidus de la digestion.
20
Mélasse : sirop brun qui provient de la cristallisation du sucre.
21
Essence : distillat de pétrole brut constitué d'un mélange d'hydrocarbures, et servant notamment de
carburant.
Le biodiesel est produit par réaction entre une huile végétale semi-raffinée et un
alcool (méthanol) en présence d’un catalyseur [hydroxyde de sodium ou de
potassium (NaOH ou KOH)] pour obtenir un EMHV (ester méthylique d'huile
végétale), composé aux propriétés voisines de celles des gazoles. Le processus
est appelé « transestérification ».
Le biodiesel est mélangé au gazole et utilisé dans les moteurs diesel [12].
L’huile végétale hydrotraitée ou HVO (Hydrotreated Vegetable Oil: Elle est
obtenue par hydrotraitement ou hydroisomérisation d’une huile végétale.
L’HVO est mélangée au gazole22ou au kérosène.
22
Gazole : produit liquide de la distillation du pétrole utilisé comme carburant ou comme combustible.
23
Cellulose : composant principal de la paroi des cellules végétales, utilisé pour la fabrication du papier
et de certains tissus
Des améliorations sont en cours pour adapter la technologie BtL à une large
diversité de biomasses et optimiser les performances technico-économiques
(investissement, rendement, matière, etc.) et environnementales (consommations
énergétiques, émissions de CO2) afin de passer à l’étape industrielle.
Un effort de recherche et de développement sans précédent est mené au niveau
international pour produire ces biocarburants à un prix compétitif et avec les meilleurs
bilans environnementaux possibles. Les premières unités industrielles de bioéthanol
avancé sont en train de voir le jour en Europe, aux États-Unis, au Brésil et en Inde
[11].
24
Lyse : destruction de la structure moléculaire des cellules.
D'après les estimations actuelles, les coûts de production sont beaucoup plus
élevés que ceux des biocarburants avancés (plus de 300 dollars le baril). Pour réduire
ces coûts et envisager une production à grande échelle, il y a d’énormes défis
scientifiques et économiques qui restent à relever. Aujourd'hui, les algues ne sont
utilisées que comme matières premières pour des applications à haute valeur ajoutée
et en petits volumes, notamment dans l’industrie cosmétique [11].
Production de biodiesel
Cultivées dans des conditions dites « de stress » (par exemple une carence en
nitrates ou une augmentation soudaine de l’intensité lumineuse), certaines espèces
augmentent significativement leur production de lipides, pouvant atteindre 80% de leur
masse sèche. Toutefois, ces conditions de fortes productivités ne peuvent pas être
maintenues sur de longues durées. En effet, elles conduisent à un arrêt de la
croissance et à la consommation des réserves lipidiques produites. L’optimisation de
la productivité en lipides passe donc par une alternance entre croissance (donc sans
carence) et production d’huile (avec un stress ralentissant la croissance) [13].
Les microalgues sont ensuite récoltées et l'huile est extraite selon différentes
méthodes (centrifugation, traitement au solvant, lyse thermique, etc.) pour être
transformées en biodiesel. Les techniques classiques de transestérification,
développées pour les huiles végétales, peuvent être appliquées : le principe consiste
à faire réagir l’huile algale avec du méthanol ou de l’éthanol.
Production de bioéthanol
Les recherches portant sur la production d’algocarburants s’orientent surtout vers
le biodiesel. Toutefois, ces micro-organismes produisent aussi des glucides (tels que
le glucose ou l’amidon) présentant un intérêt pour la production d’un autre
biocarburant, l’éthanol. Celui-ci est produit au cours d’une fermentation anaérobie
(sans oxygène) en l’absence de lumière à partir de l’amidon. L’alcool obtenu est
ensuite concentré et hydraté pour aboutir au bioéthanol.
Production de biogaz
Il s’agit de la filière la plus aboutie parmi toutes les productions de biocombustibles.
La biomasse algale, concentrée et humide, se révèle particulièrement adaptée au
processus de méthanisation. Après fermentation en condition anaérobie (absence
d’oxygène) dans un digesteur chauffé, elle génère un biogaz composé de 70 à 80%
de méthane. Celui-ci peut être utilisé pour la production de chaleur et d’électricité ou
directement injecté dans un réseau de gaz.
Une association entre production de biomasse, captage de CO2 et production de
biogaz fait actuellement l’objet d’études. Le CO2, généré par la combustion de biogaz,
pourrait être recyclé directement pour produire de la biomasse microalgale, celui-ci
étant nécessaire à la réaction de photosynthèse.
Rendement actuel
Une production microalgale à vocation énergétique pourrait présenter de nombreux
avantages en termes de rendement et d’un point de vue environnemental :
dans le domaine des biocarburants, certaines espèces peuvent produire une
quantité d’huile estimée à plus de 30 fois supérieure à celles des plantes
oléagineuses terrestres (colza, tournesol…) pour une même surface;
les microalgues sont cultivées sur des surfaces réduites, n’entrant pas a priori en
compétition avec les surfaces agricoles destinées à une production alimentaire.
En effet, les microalgues peuvent croître dans des eaux impropres à toutes
formes de culture terrestre, tout en les dépolluant et les purifiant (notamment par
l’utilisation comme nutriments de nitrates ou de phosphates, sans les rejeter
ensuite);
elles présentent un potentiel important pour la fixation du CO 2 d’origine
industrielle, nécessaire en grandes quantités pour leur croissance.
Toutefois, l’utilisation des microalgues comme source d’énergie (qu’il s’agisse de la
production d’hydrogène, de biocarburant ou de biogaz) nécessite encore des
améliorations avant une application à l’échelle industrielle :
les procédés de culture des microalgues et d’extraction de la biomasse
présentent aujourd’hui des bilans énergétique et économique défavorables. À
titre d’exemple, le coût estimé d’un baril d’algocarburants s’élève à 300 dollars
alors que celui du baril de pétrole brut est d’environ 100 dollars pour une valeur
énergétique plus élevée;
le risque de prolifération des microalgues et les modifications génétiques visant
à améliorer leur productivité rendent encore incertain l’impact environnemental
d’une exploitation de masse.
Les biocarburants sont principalement utilisés sous forme d’additifs aux carburants
fossiles dans le domaine du transport. Ils entrent en proportion variable dans la
composition de quasiment tous les carburants liquides utilisés dans les voitures :
SP95, SP98, E10, E85, etc. Ils peuvent être utilisés aussi bien dans les véhicules
essence (bioéthanol) que diesel (biogazole). Ils intéressent aussi le secteur
aéronautique en tant que substituts au kérosène fossile [11].
La plupart des pays ont fixé des obligations d’incorporation des biocarburants dans
les carburants fossiles. Les taux varient selon les pays et la réglementation locale.
Tableau : Taux d’incorporation de biocarburants dans les carburants fossiles
[12].
Pays Brésil Argentine UE Canada Indonésie
La filière bioéthanol
La filière bioéthanol reposait sur la première usine de production bioéthanol au
Sénégal qui se trouve à Richard-Toll. La Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) y
avait mis en place une unité de production de 10 000 tonnes d’éthanol par an à partir
de 35 000 tonnes de mélasse, un résidu du raffinage du sucre blanc, issu de la canne
à sucre. La production d’éthanol était destinée à l’autoconsommation de la société et
à approvisionner le marché. En dehors de cette production d’éthanol, il était envisagé
une production de 25 000 hectolitres d’alcool par an, destinée au marché sénégalais
en alcool pharmaceutique, industriel et de parfumerie. La vinasse25 issue du processus
de distillation était destinée à une commercialisation en tant qu’engrais renouvelable.
La filière biodiesel
Le gouvernement du Sénégal avait décidé de baser son programme national des
biocarburants sur l'huile de jatropha curcas dans un premier temps mais d’autres
options, comme par exemple le ricin26, n’était pas exclues dans un avenir plus lointain.
25
Vinasse : résidu de la distillation d'un liquide alcoolique ou de la fabrication du sucre.
26
Ricin : plante originaire des régions tropicales de la famille des euphorbiacées, à feuilles en éventail, à fleurs
de couleur orangée, dont on extrait une huile
dans des conditions difficiles et en plein Soleil mais leur rendement dépend quand
même de la fertilité des sols.
Après le pressage et l’extraction, on obtient une huile qui présente une grande
viscosité et d’une grande qualité qui se réduit lorsqu'on la chauffe pour devenir au-delà
de 110 °C, semblable au Diesel.
Conclusion
La biomasse est une réserve d'énergie considérable née de l’action du soleil grâce
à la photosynthèse.
Avant d’être valorisée en énergie, la biomasse doit être collectée (récoltée dans le
cas des cultures énergétiques), conditionné et transporté jusqu’à son lieu d’utilisation.
Grâce à l’utilisation de diverses techniques de densification, la biomasse brute est
comprimée afin d’atteindre une masse volumique de 7 à 10 fois sa masse volumique
brute initiale.
La valorisation énergétique de la biomasse représente un potentiel important pour
la production de chaleur et d’électricité, ainsi que pour la production de biocarburants.
On distingue trois voies de valorisation de la biomasse : la voie sèche, la voie
humide et la production de biocarburants.
La biomasse est la première source d’énergie pour plus de 2 milliards de personnes
dans les pays en développement. La bioénergie suscite un intérêt croissant pour les
raisons suivantes :
elle contribue à la réduction de la pauvreté ;
elle répond aux besoins énergétiques en permanence, sans transformation
onéreuse des installations ;
elle peut être stockée et elle est disponible de manière flexible ;
elle peut fournir de l’énergie sous toute forme selon les besoins (combustibles
solides, liquides et gazeux, chaleur et électricité) ;
elle peut aider à l’élimination des déchets au niveau des communes ;
elle peut aider à rendre les terres jusqu’alors improductives et dégradées,
cultivables en augmentant la biodiversité, la fertilité du sol et la rétention d’eau.
Référence
[1] REN21, Renewables 2021, Global Status Report, Paris 2021.
[2] G. Mercier, la biomasse forestière: Une ressource énergétique renouvelable,
progrès forestier, Juin 2008.
[3] S. Clarke, F. Preto, Densification de la biomasse pour la production d'énergie, Fiche
Technique, Juin 2011.
[4] https://id-ong.org/projet/briquettes-de-coques-darachide-senegal-aps/, Dernière
visite : décembre 2020.
[5] INGESAHEL (Groupement d’Ingénieurs Conseil du Sahel), Etude de faisabilité
d'une valorisation des résidus agricoles et agro-industriels comme combustibles
domestiques au Sénégal, Rapport de synthèse, Septembre 1998.
[6] J. K. Fontodji, Technologies Efficientes de Carbonisation - La Meule Casamançaise
Améliorée, Dialogue National sur le Bois-Énergie et la Restauration des Paysages
Forestiers au Togo, 22 - 23 Janvier 2020, Lomé, Togo.
[7] PERACOD (Programme pour la promotion des énergies renouvelables, de
l'électrification rurale et de l'approvisionnement durable en combustibles
domestiques), Les énergies renouvelables: Les bases, la technologie et le
potentiel au Sénégal, Dakar, Avril 2011.
[8] Connaissance des énergies, 03 juillet 2011, www.connaissancedesenergies.org,
Dernière visite : décembre 2020.
[9] Connaissance des énergies 25 février 2015, www.connaissancedesenergies.org,
Dernière visite : décembre 2020.
[10] Connaissance des énergies, septembre 2013,
www.connaissancedesenergies.org, Dernière visite : décembre 2020.
[11] https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/enjeux-et-prospective/decryptages/energies-
renouvelables/quel-avenir-les-biocarburants, Dernière visite : décembre 2020.
[12] Biocarburants, chap. dans Perspectives agricoles de L'OCDE et de la FAO 2019-
2028, OCDE/FAO 2019.
[13] Connaissance des énergies 18 septembre 2011,
www.connaissancedesenergies.org, Dernière visite : décembre 2020.