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Résumé
Cicéron, pour avoir raison de ses adversaires, se plaisait aux jeux de mots et recourait volontiers à la métonymie. Ainsi,
les partisans et amis de P. Clodius Pulcher, le tribun popularis, auraient été des hommes à peine sortis de l’esclavage, ou
étrangers à Rome. Or, si certains appartenaient aux classes laborieuses, d’autres étaient issus de l’élite romaine ; d’autres
enfin étaient des Italiens devenus citoyens romains depuis plus de trente ans, mais ils attendaient encore d’être inscrits
sur les registres du cens.
Abstract
P. Clodius, his friends, his followers, under Cicero’s gaze.
Cicero, to win over his opponents, used to play on words and to resort to metonymy. The followers and friends of P.
Clodius Pulcher, the popular tribune, were thus labelled as just out of slavery, or as foreigners. But if some of them
belonged to the working classes, others came from the Roman elite ; others, at last, were enfranchised Italians, who had
been waiting since more than thirty years to be inscribed in the Roman tribes.
Cels Saint-Hilaire Janine. P. Clodius, ses amis, ses partisans, sous le regard de Cicéron. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Supplément n°1, 2005. Hommage à Pierre Lévêque. pp. 69-90;
doi : https://doi.org/10.3406/dha.2005.3697
https://www.persee.fr/doc/dha_2108-1433_2005_sup_1_1_3697
1
Denis Cels, “ Les esclaves dans les Verrines ”, Actes du colloque 1971 sur l’esclavage, Besançon,
Besançon-Paris, Les Belles Lettres 1973, p. 175-192.
2
Ibid., p. 188.
3
Ibid., p. 175.
4
Ibid., p. 189.
5
Ibid., p. 189.
6
Voir la présentation de cette historiographie, avec les références aux sources, par L. Fezzi, “ La
legislazione tribunizia di Publio Clodio Pulcro (58 av. J.-C.) e la ricerca del consenso a Roma ”, Studi
Classici e Orientali, XLVII, 1, 1999, p. 246-249 (la tradition antique) et p. 249-259 (les interprétations
modernes).
7
Cicéron, Dom., 89.
8
W.J. Tatum, The Patrician Tribune, Publius Clodius Pulcher, The University of North Carolina
Press, Chapel Hill et Londres, 1999, p. 70-71.
9
Cicéron, Att. I, 14, 5 (février 61).
10
Cicéron, Contre Pison, 24.
11
Sur tout cela, voir W.J. Tatum, The Patrician Tribune… p. 40-42.
mutinées, et P.Clodius avait montré ses sympathies pour les rebelles12. Il n’avait
pourtant pas été inquiété à son retour à Rome ; mais on connaissait maintenant
ses capacités de chef populaire et de meneur, et outre L. Licinius Lucullus, il
comptait déjà des ennemis dans les élites dirigeantes de Rome. En 63-62, il n’avait
pas rejoint Catilina ; en 63, il avait même fait partie de la garde personnelle de
Cicéron13 que le Sénat avait chargé de la répression ; mais il avait pu méditer sur
les raisons de l’échec des conjurés.
En décembre 62, P. Clodius s’apprêtait à revêtir la questure. À ce moment-
là, les fêtes des Damia, données en l’honneur de la Bona Dea, devaient être célé-
brées dans la maison de César, alors Grand Pontife et préteur. Au cours de ces
fêtes, qui étaient strictement réservées aux femmes et dans lesquelles les Vestales
jouaient un rôle majeur, la présence d’un homme déguisé en femme fut décou-
verte. L’homme réussit à s’enfuir, mais dès le lendemain, une rumeur persistante
désigna P. Clodius. L’affaire était-elle si grave ? L’un des consuls, M. Pupius
Pison, voulait la traiter comme un fait divers ; les optimates – M. Valerius Messala
collègue de Pison au consulat, Caton, Claudius Marcellus, L. Licinius Lucullus –
virent là l’occasion de déconsidérer Clodius dans l’opinion populaire, et de ridi-
culiser César, lui aussi popularis et de très grand talent : l’affaire devint alors
beaucoup plus politique que religieuse 14. Le Sénat décida que Clodius serait
traduit en justice, et puisque les Vestales étaient impliquées dans les rites qui
avaient été profanés, le motif de l’accusation serait “ l’inceste ”. La violence enva-
hit la place publique en faveur de P. Clodius : des jeunes nobles (barbatuli
iuuenes, écrit Cicéron, “ toute la fameuse bande de Catilina, sous le contrôle de
Curion le fils ” 15), tentèrent en vain d’empêcher l’assemblée tribute d’autoriser la
mise en accusation de P. Clodius. Cicéron, après des hésitations, avait choisi de
parler du côté de l’accusation : son témoignage aurait accablé P. Clodius, si César
n’en avait atténué les effets. Clodius fut acquitté. Cicéron assura qu’il avait acheté
les juges, et prononça un discours virulent Contre Clodius et Curion, dont on
possède des fragments : il présenta P. Clodius comme un homme au bord de
la faillite – du fait de ses dépenses pour acheter les juges – , et harcelé par ses
créditeurs. L’affaire des Damia – que l’on connaît en particulier par le discours de
12
Plutarque, Luc., 33-34 ; Dion Cassius, XXXI, 14-18.
13
Plutarque, Cic., 29.
14
Sur tout cela, voir W.J. Tatum, The Patrician Tribune…, p. 64-74 (avec les références aux
sources).
15
Cicéron,. Att. I, 14, 5.
16
Cicéron, Har. Resp., 8-9 ; 12 ; 37-39 ; voir aussi Att. I, 12, 3 et I, 13, 3.
17
W.J. Tatum, The Patrician Tribune, p. 68-69.
18
Cicéron, Dom., 35 : “ tu cherchais par l’adoption à devenir tribun de la plèbe et à renverser la
cité de fond en comble ”.
19
Cicéron, Dom., 108. Voir aussi Dom., 6 : cum consceleratorum ac perditorum manu ; Cicéron emploie
aussi les mots exercitus, Sest., 85, ou operae, Sest . 27 ; voir M. Letroublon, “ Une approche des discours
de Cicéron ”, Actes du colloque 1972 sur l’esclavage, Besançon, Besançon-Paris (Les Belles Lettres), 1974,
p. 235-247.
20
Cicéron, Sest., 78.
21
Cicéron, Mil., 29-31.
22
Voir l’édition du Pro Milone de Cicéron, par A. Boulanger (éd. CUF), précédée du commentaire
d’Asconius : Argument d’Asconius, 3-6.
23
Voir en particulier L. Fezzi, “ La legislazione tribunizia di Publio Clodio Pulcro (…).
24
Cicéron, Cat., II, 18.
consentis, enfin ils mirent les produits de leurs domaines à plus haut prix sur le
marché. De surcroît, à partir de 66, le retour de la sécurité des mers et les bonnes
nouvelles venues d’Orient incitèrent les possesseurs de capitaux à les investir là
où les placements étaient les plus lucratifs – c’est à dire dans les provinces, où les
taux d’intérêt pour les placements d’argent n’étaient aucunement contrôlés ; de
ce fait l’Italie, où ces taux étaient limités à 12 % l’an, acheva de se vider de ses
réserves en numéraire 25. En 64, au moment des élections consulaires, la pénurie
monétaire avait abouti à la paralysie de toutes les transactions, petites et grandes ;
la crise économique et sociale, qui avait atteint dans Rome et toute l’Italie des
degrés insupportables, se manifestait en particulier par des condamnations
extrêmement dures des insolvables26.
La loi romaine était en effet, contre les insolvables de toute condition, d’une
extrême rigueur. Aux petites gens, elle imposait le dénuement absolu, et la
condamnation du débiteur et de ses enfants à un travail compensatoire au profit
du créditeur, jusqu’à l’extinction, très improbable, de la dette, qui passait du père
aux enfants. Le condamné gardait seulement sa citoyenneté romaine : en vertu
de la Loi des XII Tables, un Romain tenu pour insolvable et condamné – un
nexus – ne pouvait devenir esclave qu’en terre étrangère, jamais sur le territoire
romain. Pour les élites de la Cité, être déclaré insolvable entraînait toutes les
dégradations ; c’était la confiscation des biens, l’exclusion personnelle du Sénat
ou de l’ordre équestre, la dégradation de toute la maisonnée – c’était la mort
politique. S’il en avait encore les moyens, l’endetté n’avait guère d’autre choix
que de s’exiler, avant que sa condamnation ait été prononcée.
En 64, la misère du plus grand nombre avait atteint des niveaux intoléra-
bles. Les troubles de la rue prirent des formes graves, à l’occasion des très ancien-
nes fêtes de début d’année, les fêtes des compitalia, que les collèges des carrefours
organisaient27 ; tout comme les collegia professionnels, les associations de voisi-
nage, dont la raison d’être avouée était d’assurer les rituels en l’honneur des lares
publics placés aux carrefours, étaient devenus des foyers de concertation popu-
laire redoutés des élites dirigeantes. En 64 probablement, un décret sénatorial
interdit les collèges des carrefours et les associations, et leurs fêtes.
25
A . Giovannini, “ Catilina et le problème des dettes ”, p. 25-29.
26
Salluste, Cat., 33.
27
Sur les collèges, voir Lintott, Violence …, p. 77-83 ; J.-M. Flambard, “ Clodius, les collèges, la plèbe
et les esclaves ”, MEFRA, 89, 1977, 1, p.115- 156, et particulièrement p. 31-144 ; W.J. Tatum, The
Patrician Tribune…, p. 197-199 ; 213-214 ; 267-268.
Or, cette année-là, L. Sergius Catilina, qui était candidat aux élections
consulaires, promettait une réduction des dettes. Les optimates défendirent avec
âpreté leurs richesses et leurs pouvoirs, et refusèrent tous les accommodements
que recommandaient pourtant les exemples du passé. Aux victimes de la crise –
gens de l’élite ou petites gens – ils laissaient un seul choix : le recours à la révolte
ouverte, dont Catilina prit la tête. La répression fut impitoyable. En vertu de la
décision du Sénat, Cicéron ordonna l’exécution des amis de Catilina , sans qu’ils
aient été jugés.
28
Cicéron, Corr., Att. I, 14, 5 : totus ille grex Catilinae, duce filiola Curionis.
29
Cicéron, Att., II, 1, 8. Cicéron s’indigne, mais consent.
30
Cicéron, Sest., 55.
31
Cicéron, Sest., 33 et 55.
décidait que les censeurs ne pourraient plus noter d’infamie des sénateurs ou des
chevaliers, sans qu’il y ait eu procès et condamnation32 – et cela a pu valoir à
Clodius l’appui d’un certain nombre de sénateurs et de chevaliers romains. Une
quatrième loi enfin rétablissait les anciens collegia et en créait même de
nouveaux33 ; au reste, dès le 1er janvier, en dépit du décret sénatorial qui les avait
interdites quelques années plus tôt, les fêtes des Compitalia avaient été célébrées ;
elles avaient été présidées par Sex. Clodius, le conseiller le plus proche de
P. Clodius, qui était scriba34 ; comme la tradition le voulait pour les fêtes données
par les collèges, Sex. Clodius était vêtu de la prétexte et précédé de licteurs
portant les faisceaux – sans doute en tant que magister du collège des scribae. Puis
P. Clodius, dans la deuxième quinzaine de mars, proposa une loi qui fut votée par
l’assemblée tribute sans aucune difficulté : “ quiconque aurait fait périr un
citoyen qui n’aurait pas été jugé serait interdit d’eau et de feu ; par ces termes
Cicéron n’était certes pas nommément désigné, mais il était le seul visé ” 35. Le
lendemain, Cicéron prit la route de l’exil.
La loi sur les distributions de blé répondait aux besoins les plus criants du
peuple ; celle qui rétablissait les associations et les collèges satisfaisait les aspira-
tions les plus profondes des masses populaires. Très anciennement constitués
pour l’accomplissement de rites religieux, et à des fins professionnelles et sociales,
tous avaient une assise locale, et l’interpénétration des différents collèges et asso-
ciations ne fait aucun doute ; de recrutement très populaire, ils étaient encadrés
par des magistri qui appartenaient tout à la fois aux associations professionnelles
et aux collèges de voisinage, et qui pouvaient avoir dans les assemblées populai-
res un rôle très important36. Une fois rétablis, les collèges allaient devenir des
lieux de concertation et d’organisation populaire très actifs, et assurer à P. Clodius
un ascendant sur les assemblées qui devait perdurer bien au-delà du temps de
son tribunat. Recrutant quartier par quartier – uicatim –, au sein des collegia, des
partisans de toutes sortes – prolétaires, petits artisans et tabernarii, citoyens de
fraîche date, affranchis ou esclaves37 – le tribun parvint à établir très largement et
durablement son emprise sur les masses populaires dans Rome ; il réussit à
32
Cicéron, Sest., 55.
33
Cicéron, Sest., 34 et 55 ; Red. Sen., 33 ; Dom., 54 ; Pis., 23 ; Asconius, In Pis. p. 7 C.
34
Asconius, In Mil., p. 33 C.
35
Velleius Paterculus, II, 45, 1.
36
Sur cela, voir en particulier J.-M. Flambard, “ Clodius, les collèges… ” particulièrement p. 31-
144.
37
Cicéron, Att., IV, 3, 2 (novembre 57).
38
Cicéron, Dom, 129 : seruorum omnium uicatim celebrabatur tota urbe discripti.
39
A. W. Lintott, Violence in Republican Rome, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 77-83.
40
Cicéron, Sest., 112 : illis mercenarii gregibus duces […]
41
Cicéron, Dom, 13.
42
Cicéron, Dom, 6.
43
C’est le sens même du mot operae, dont Asconius fait usage à propos des groupes armés de
P. Clodius : in Mil., p. 7 C ; voir Y. Thomas, “ Travail incorporé dans une matière première, travail
d’usage et travail comme marchandise. Le Droit comme matrice des catégories économiques de
Rome ”, Mentalités et Choix économiques des Romains, (J. Andreau, J. France, S. Pittia édd.) Paris, 2005,
p. 201-223.
44
Cicéron, Att., IV 3, 12.
45
Cicéron, Dom., 18.
46
Cicéron, Sest., 34 et 95 ; Pis., 11 ; Dom., 54 : “ Quand, au tribunal Aurélien, tu enrôlais ouverte-
ment non seulement des hommes libres, mais aussi des esclaves tirés de tous les quartiers (…) ”. Voir
J. M. David, Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République, Rome, 1992, p. 15 et sq. : le tribunal
Aurélien était celui du préteur urbain, dont le rôle était “ de réprimer l’usure, de libérer les citoyens
de l’angoisse du nexum, de préserver la concorde dans la cité ”. Autrefois situé du côté de l’édicule
de la Concorde et de la statue de Marsyas, le tribunal avait été déplacé de l’autre côté du Forum
par Aurelius Cotta, consul en 75 ; il se trouvait maintenant vers le temple de Castor et les tabernae
ueteres, près desquelles étaient conclus des prêts usuraires.
contre Catilina et son armée une dénonciation toute semblable : elle est consti-
tuée, avait-il dit, “ d’un ramassis de vieillards jouant leur va-tout, de paysans
ruinés par le luxe, de campagnards dissipateurs, de ces gens qui ont déserté le
tribunal pour dettes plus volontiers que cette armée ” 47. En 57, les esclaves fugitifs
dont Cicéron dénonçait le recrutement par P. Clodius “ dans tous les quartiers ”
pourraient fort bien avoir été, au moins pour une part, des endettés et des insol-
vables échappés du tribunal Aurélien.
Sans doute, aucune loi de Clodius n’a instauré une diminution des dettes.
La composition de ses bandes armées cependant, et les circonstances de leur
recrutement, telles que Cicéron les évoque, illustrent assez bien la persistance des
très graves difficultés qui avaient conduit vers Catilina des hommes désespérés,
prêts à prendre les armes, et qui les conduisaient maintenant vers P. Clodius.
À plusieurs reprises en effet, Cicéron dénonce le personnel qui compose “ les
bandes mercenaires ” de P. Clodius : dans la troupe aussi bien que parmi les
chefs, on trouve des hommes dénués de tout – egentes, perditi homines 48. Pour
déconsidérer P. Clodius, Cicéron utilisait à la fois le souvenir de Catilina et de ses
partisans, et celui des révoltes d’esclaves – celle en particulier de Spartacus, la
plus récente et l’une des plus dures.
À ses groupes armés, militairement organisés en centuries et en décuries,
P. Clodius donnait des chefs. Les noms pour onze d’entre eux sont connus :
Cicéron les dénonce, essentiellement dans son discours Pro domo sua, et dans le
Pro Sestio, mais aussi dans le De Haruspicum Responsis, dans le In Vatinio, dans le
in Pisone, dans la Correspondance. À partir de ces noms, est-il possible de détermi-
ner à quels milieux ces chefs appartenaient ?
47
Cicéron, Cat., II, 5 : illum exercitum conlectum ex eis, qui uadimonia deserere quam illum exercitum
maluerunt […].
48
Cicéron, Dom., 54.
49
Cicéron, Att. II, 13, 2 et 3 (avril 59).
50
Cicéron, Att. I, 14, 5.
51
Cicéron, Att. II, 12, 2 : identifiés l’un avec Clodia, sœur de P. Clodius et épouse de Metellus
Celer, l’autre avec Sex. Clodius, le conseiller de P. Clodius.
52
Cicéron, Dom., 60 = Mur., 13 : c’était aussi l’injure employée par Caton contre Murena.
53
Cicéron, Pis., 22.
54
Cicéron, Dom., 25. On trouve dans certains manuscrits le nom de Sex. Clodius, dans d’autres
celui de Sex. Cloelius. À la suite de D.R. Shackleton-Belay , cette deuxième forme est aujourd’hui
généralement retenue comme la plus vraisemblable : voir le compte rendu et la discussion proposés
par J.-M. Flambard, “ Clodius, les collèges, la plèbe et les esclaves ”, MEFRA, 89, 1977, p. 115-156, en
particulier 126-128, avec la bibliographie. Je retiendrai ici le nom de Sex. Clodius, traditionnellement
admis, et qui s’accorde le mieux avec l’expression socius tui sanguinis, utilisée par Cicéron.
55
J.-M. Flambard, “ Clodius, les collèges, la plèbe et les esclaves ” : l’auteur, p. 126-128 donne un
compte rendu des discussions – au terme duquel, sans raison bien claire, il retient seulement pour
Sex. Clodius le statut d’affranchi : p 131.
56
Cicéron, Dom., 25.
57
Asc., p. 7 C.
58
Voir G. Guastella, “ La rete del sangue : simbologia delle relazioni e modelli dell’identità nella
cultura romana ”, Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, XV, 1985, p. 49-121 et en particu-
lier p. 84-97.
59
Voir B. Cohen, “ Some Neglected Ordines : the Apparitorial Satus-Groups ”, Des ordres à Rome
(dir. Cl. Nicolet), Paris (Publications de la Sorbonne), 1984, p. 23-60, en particulier p. 54-60.
60
Cicéron, Dom. 48 : “ C’est avec ce rédacteur (hoc scriptore), ce conseiller (hoc consiliario), cet
agent (hoc ministro), le plus impur non seulement des bipèdes, mais encore des quadrupèdes, que
toi, P. Clodius, tu as perdu la République ”.
61
Cicéron, Dom. 50.
62
Cicéron, Sest., 110-112.
63
Voir Cl. Nicolet, L’ordre équestre à l’époque républicaine (312-43 av. J.-C.), tome 2 : Prosopographie
des chevaliers romains, p. 898-903, n° 170.
64
Cicéron, Dom., 13 : armiger Catilinae, stipator tui corporis, signifer seditionis, concitator tabernario-
rum, damnatus iniuriarum ; voir aussi Dom. 21 et 89 ; Sest., 80..
65
Cicéron, Dom., 13 et 89.
66
Cicéron, Dom., 13 et 89.
67
Horaces, Odes, 4, 9.
68
Cicéron, Dom, 13 ; Pis. 28.
69
Cicéron, Dom., 79-80.
70
Cicéron, Dom., 89.
71
J. Cels Saint-Hilaire, “ Le sens du mot libertinus, i : quelques réflexions ”, Latomus, 61, fasc. 2,
avril-juin 2002, p. 285-294 – avec les références aux textes et la bibliographie.
maîtres ; mais ils peuvent aussi avoir été des hommes libres, des pérégrins, grati-
fiés par Rome de la citoyenneté romaine. Dans les décennies qui ont suivi la
guerre sociale, les anciens Alliés italiens étaient certainement les libertini les plus
nombreux, et de loin ; parmi eux se trouvaient en particulier tous ceux qui appar-
tenaient aux classes aisées, tous ceux que les hommes politiques espéraient attirer
dans leurs clientèles politiques parce qu’ils votaient dans la première classe du
cens, avec la tribu où ils avaient été inscrits. Si, dans cette classe, les nouveaux
citoyens étaient répartis dans toutes les tribus, et s’ils étaient assez nombreux, ils
pouvaient faire basculer une élection à l’avantage du candidat qu’ils soutien-
draient. Ils pouvaient aussi dominer l’assemblée tribute, qui votait les lois et qui
élisait à la questure, à l’édilité, au tribunat de la plèbe – ce n’était pas sans
importance.
Pour cette loi, sans doute P. Clodius avait-il l’approbation et le soutien des
sénateurs issus de l’aristocratie italienne, et restés en relations avec leurs cités
d’origine. En apprenant la mort de P. Clodius, ils ont dû ressentir une déception
semblable à celle qu’avait suscitée l’assassinat de Drusus en 91. La colère d’un
Salluste, tribun de la plèbe en 52 et originaire d’Amiternum en Sabine, contre
Milon aussi bien que contre son défenseur Cicéron72, pourrait de cela être une
éloquente illustration.
72
Asconius, In Mil. 20 (éd. CUF) : “ Q. Pompeius, C. Sallustius, T. Munatius Plancus, tribuns de la
plèbe, pronçaien des discours pleins d’animosité contre Milon
73
Cicéron, Sest. 80 ; Dom. 89.
74
Cicéron, De off., I, 150.
75
Cicéron, Dom. 89.
76
Cicéron, Har. Resp., 59 ; images analogues dans les Verrines, III, 8 ; IV, 31.
77
Ainsi J.-M. Flambard, “ Clodius, les collèges, la plèbe et les esclaves ”, p. 131.