JANVIER 2019 HORS-SÉRIE

TOUS LES S HORS-SÉRIE

STATUTS ET ELSE JANVIER 2019 manmag.club

NOUVELL
LOIS

Créer son
CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019 • CONSTRUIRE SON BUSINESS PLAN • DÉCROCHER LES AIDES ET LES FINANCEMENTS

entreprise
en 2019
BEL : 6,90 € - CH : 11 FS - LUX : 6,90 € - DOM bateau : 6,90 € - Maroc : 60 DH - Tunisie : 7,00 TND - Zone CFA bateau : 5 000 XAF - Zone CFP bateau : 900 XPF

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CONSTRUIRE SON BUSINESS PLAN
DÉCROCHER LES AIDES ET LES FINANCEMENTS
S’Y RETROUVER DANS LES FORMALITÉS
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Entreprendre :
tout part de vous
otre idée est géniale, vous en êtes
convaincu : vous allez vendre des glaces
salées. La recette est au point, tous vos
amis sur qui vous les avez testées adorent
vos préparations. Vous êtes sûr que l’esqui-
mau chèvre-poivron va s’arracher. Vous avez
Lomig
trouvé un local qui ferait parfaitement l’affaire :
Guillo, pas trop loin de chez vous, parfait pour l’équilibre
rédacteur vie pro, vie privée. Et vous vous dites que, ven-
en chef
dues 4,50 euros, vos glaces seraient
très compétitives. D’autant que vous
avez trouvé des fournisseurs prêts à
vous faire des conditions très avanta-
geuses et que, pour l’achat du maté-
riel, vos proches sont d’accord pour
vous prêter de l’argent sans intérêt.
Mais vous êtes-vous posé la seule
question vraiment importante à ce
stade : de quel salaire avez-vous besoin
pour vivre tous les mois ? Et combien
LÉA CRESPI
allez-vous devoir vendre de vos glaces
pour pouvoir vous le verser ? Car au
PUBLICITÉ
HORS-SÉRIE Directeur exécutif Prisma Média Solutions :
RÉDACTION Philipp Schmidt (51 88)
Directrice exécutive adjointe : Anouk Kool (49 49)
13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers Cedex.
Tél. : 01 73 05 45 45. Fax : 01 47 92 66 85. Directeur délégué PMS Premium :
Thierry Dauré (64 49)
Pour joindre votre correspondant, composez
le 01 73 05 puis les quatre chiffres figurant entre Brand Solution Director :
parenthèses après son nom. Pour lui envoyer Camille Habra (64 53)
un e-mail, tapez la (ou les) première(s) lettre(s) Luxe et Automobile Brand Solution Director :
de son prénom, son nom et @prismamedia.com. Dominique Bellanger (45 28)
Exemples : Claudia Zels (czels@prismamedia.com)  ; Account Director :
Jean-Bernard Domin (jbdomin@prismamedia.com) Nicolas Serot-Almeras (64 57)
Rédacteur en chef : Senior Account Managers :
Lomig Guillo (48 98) Frédérique Fricadel (64 06),
Charles Rateau (45 51)
Texte : Valérie Froger,
Trading Managers :
Mise à jour 2019 : Benjamin Janssens
Tom Mesnil (48 81), Virginie Viot (45 29)
Maquette : Cécilia Lédy (rédactrice graphiste) Directrice exécutive adjointe Innovation :
Photo : Claudia Zels, chef de rubrique (48 16), Virginie Lubot (64 48)
Secrétariat de rédaction : Michelle Benaïm Directrice déléguée Creative Room :
Secrétariat : Béatrice Boston (48 01), Viviane Rouvier (51 10)
Dounia Hadri (48 53) Directeur délégué Data Room :
FABRICATION Jérôme de Lempdes (46 79)
Jean-Bernard Domin (49 50), Eric Zuddas (49 51) Planning Manager : Sandra Missue (64 79)
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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
Editorial
final, pour que l’aventure soit viable, il faut qu’elle
réponde avant tout à vos propres besoins. Or
précisément, les besoins diffèrent d’une personne
à une autre. Continuons avec nos glaces : si c’est
un jeune entrepreneur de 20 ans fraîchement sorti
d’école qui monte ce business, ses attentes ne
seront pas les mêmes que celles d’un quinqua
en reconversion. Son business plan non plus.
Peut-être que le premier pourra se contenter de
1 000 euros par mois, si tout marche comme prévu,
mais pas le second. Ou, à l’inverse, peut-être que
le second, ayant touché des indemnités de départ
et bénéficiant d’une aide à la création, pourra se
permettre de travailler six mois pour rien, le temps
de se faire une clientèle, quand le premier devra
tout de suite se dégager de quoi manger.
Chaque aventure entrepreneuriale est singulière.
Bien sûr, dans ce numéro vous trouverez des
conseils qui se veulent universels et des exemples
de réussite que vous pouvez suivre. Mais tout doit
partir de vous, sachant que si l’on entreprend, c’est
avant tout pour gagner sa vie. De la façon dont on
l’entend, c’est vrai. Mais la première finalité d’une
entreprise, c’est bien de gagner de l’argent. C’est
même l’unique condition de sa survie. Et cela,
même si tout le monde adore vos glaces salées…
Assistante commerciale : Catherine Pintus (64 61) © PrismaMedia 2018. Dépôt légal : décembre 2018.
Directeur délégué Insight Room : Diffusion : Presstalis - ISSN : 1627-4792.
Charles Jouvin (53 28) Date de création : mars 1995.
Commission paritaire : 1019 K 85861.
MARKETING ET DIFFUSION
Directrice des études éditoriales :
Isabelle Demailly Engelsen (53 38)
Directeur marketing client : 13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers Cedex.
Laurent Grolée (60 25) Tél. : 01 73 05 45 45. Internet : www.prismamedia.com
Directeur des ventes : Société en nom collectif au capital de 3 000 000 d’euros ayant
Bruno Recurt (56 76) pour gérant Gruner und Jahr Communication GmbH. Ses trois
principaux associés sont : Média Communication SAS, Gruner
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION und Jahr Communication GmbH et France Constanze-Verlag
Rolf Heinz GmbH & Co. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou
de la détérioration des textes ou des photos qui lui sont adressés
DIRECTRICE EXÉCUTIVE DU PÔLE PREMIUM pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout
Gwendoline Michaelis
matériel publié dans le magazine est strictement interdite.
Directrice marketing : Dorothée Fluckiger (68 76)
Chef de marque : Katarina Dear (50 78)
Imprimé en Allemagne :
Mohn Media Mohndruck GmbH,
Carl-Bertelsmann-Straße 16 1 M - 33311 Gütersloh.
Provenance du papier : Allemagne.
Taux de fibres recyclées : 23 %.
Eutrophisation : Ptot 0,003 kg/To de papier.
3
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

Sommaire

S E F O R M E R

06 6 méthodes futées pour 3. Votre projet est-il

apprendre à entreprendre « bankable » ?
52 Construisez votre business plan
54 Racontez une belle histoire
1. Votre projet est-il mûr ? 56 Chiffrez les étapes de votre croissance
58 Soignez vos annexes en valorisant l’info utile
12 Crash test : votre idée tient-elle la route ?
59 Anticipez vos rentrées et vos sorties d’argent
14 Motivation : posez-vous
60 Les quatre tableaux fondamentaux
les bonnes questions
pour vous familiariser avec la gestion
16 Peaufinez votre étude de marché
20 Cernez les goûts de vos futurs clients
22 Protégez vos produits
4. Trouver les bons
2. Quelle forme juridique financements
64 Visez large dès le départ
adopter ? 66 Décrochez une aide à deux pas de chez vous
70 Sélection d’aides à la création d’entreprise
26 Le portage salarial pour tâter le terrain
72 Augmentez votre capital de départ
28 L’entreprise individuelle
74 Séduisez votre banquier
pour débuter en douceur
76 Apprivoisez les business angels
30 L’EURL pour préparer l’avenir
78 Faites monter les enchères avec
32 La SARL pour inspirer confiance
le capital-risque
34 La SA pour décoller
80 ICO, la levée de fonds 4.0
36 La SAS pour viser loin
38 La franchise pour limiter les risques
43 Impôt : le bon régime
44 Maîtrisez les règles du jeu fiscal 5. Réussir ses premiers
46 Votre protection sociale à la loupe
48 Assurez vos arrières avec des pas d’entrepreneur
complémentaires 84 Sept repères essentiels sur la route du succès
86 Faite savoir que vous existez
88 Adoptez l’esprit start-up
90 Soyez au clair avec la paperasse

E N P R A T I Q U E

92 Les 18 fiches du créateur

Toutes les illustrations de ce numéro

sont de Inkie pour « Management ».

4
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

Se former

  MÉTHODES FUTÉES

   pour apprendre
à entreprendre
ÉCOLES ET UNIVERSITÉS MULTIPLIENT LES OUTILS PÉDAGOGIQUES
ORIGINAUX POUR INITIER LES ÉTUDIANTS À LA RÉALITÉ DU QUOTIDIEN
DES ENTREPRENEURS. REVUE DE DÉTAIL. Par Lola Parra Craviotto, avec Sébastien Pierrot

6
 A
25 ans, Guy Carbonne a déjà mon-
té sa boîte, le site BluePark.fr, qui
permet de réserver sa place
de parking à l’aéroport de
Mulhouse et emploie sept
personnes. Pour ce jeune
créateur d’entreprise,
c’est une évidence : l’en-
seignement classique
ne forme pas suffi-
samment au pilotage de société. « Je manage
des personnes ayant dix ans de plus que moi,
indique-t-il. En sortant d’études commerciales,
je n’y serais jamais parvenu. On n’apprend pas à
diriger des équipes depuis une salle de cours ! » Il
a, quant à lui, choisi de suivre le bachelor Jeune
entrepreneur proposé par l’EM Strasbourg, un
cursus non conformiste privilégiant l’appren-
tissage par l’action. Et s’en félicite tous les jours.
Avec des créateurs de plus en plus jeunes – en
PASCAL SWIER/UNSPLASH
2017, 37 % avaient moins de 30 ans –, les écoles
de commerce et les universités ne peuvent plus
se contenter de cours théoriques et cherchent
donc à développer des méthodes originales pour
initier les étudiants à la réalité quotidienne d’un
entrepreneur. Quitte à sortir des chemins bali-
sés. Nous avons repéré six des outils pédago-
giques les plus étonnants actuellement utilisés
dans l’Hexagone.
1
L’INNOVATION FRUGALE
Bon sens et bouts de ficelle
S’en sortir avec les moyens du bord. Tel est
le défi de tout entrepreneur. Afin de trans-
mettre cette logique dite d’« effectuation » (en
clair, de pragmatisme), le programme Innovation
durable (ID) de Skema Business School à Sophia
Antipolis propose aux étudiants une approche
immersive pour résoudre des problèmes réels
et complexes, tels que créer une microentreprise
auto-organisée, avec des bouts de ficelle et des
idées out of the box. Ils ont par exemple été sol-
licités pour fidéliser la clientèle d’un espace de
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coworking niçois. Leur solution : mettre en place
des activités collectives, comme des ateliers de
cuisine, afin d’inciter les coworkers à se côtoyer
en dehors des heures de bureau. Un succès.
« Les entreprises sont très demandeuses car les
étudiants réussissent à élaborer des réponses ori-
ginales et pertinentes. Et l’entrepreneuriat, c’est
ça : faire du clair avec du flou pour satisfaire tout
le monde », résument Dominique Vian et Mélanie
Ciussi, deux des trois enseignants fondateurs de
ce programme. Lancé en 2016, celui-ci promeut
des méthodes originales comme le context-based
learning, l’apprentissage fondé sur la réalité du
terrain, le cross-over learning, mélange de cours
et de visites de sites, et le brainwalking, l’utili-
sation de la marche pour favoriser réflexion et
discussion.
 Le programme ID a pour ambition de former
des social & business transformers : des créateurs
d’entreprise conciliant l’environnement, l’écono-
mie et le social.
2
LA « TEAM ACADEMY »
Ni cours, ni prof
Des « cercles de dialogue », du travail
d’équipe et des lectures, selon le mo-
dèle dit de la « Team Academy » : dans le bache-
lor Jeune entrepreneur de l’EM Strasbourg, il
n’y a jamais cours. Les étudiants sont incités à
trouver eux-mêmes les ressources dont ils ont
besoin pour progresser. Ils appliquent ensuite
les connaissances acquises aux projets qu’ils
montent. Ces derniers vont de la vente de
paniers bio à l’organisation d’événements, en
passant par la réalisation d’opérations de mar-
keting pour Carrefour. C’est sur le terrain
7
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
Se former
qu’ils développent le travail en équipe, le
leadership et la gestion. « Dès notre arrivée, té-
moigne Guy Carbonne, on est dans l’action. Les
coachs nous poussent à réfléchir à une idée d’en-
treprise. Si on a des doutes, sur des questions de
comptabilité par exemple, ils invitent des experts-
comptables pour nous aider à analyser la viabilité
de notre projet. Ce fonctionnement permet d’ap-
prendre dix fois plus vite que dans un cursus tradi-
tionnel. » « Les étudiants mettent en pratique des
notions acquises de façon autonome. En situation
réelle, cela leur permet de faire preuve de davan-
tage de maturité », expose Olga Bourachnikova,
l’enseignante de l’EM Strasbourg, qui a importé
cette pédagogie en 2011.
  Fondée sur l’apprentissage par l’action, le
travail en équipe et le leadership, la méthode Team
Academy a été créée en 1993 dans l’université
finlandaise de Jyväskylä.
3
LES ARTS PLASTIQUES
Concrétiser sa créativité
Explorer l’entrepreneuriat en s’essayant
à la création artistique : la méthode
« Improbable » (art thinking) est le résultat de la
rencontre entre Sylvain Bureau, professeur as-
socié à ESCP Europe, et l’artiste plasticien Pierre
Tectin. Le principe : apprendre à utiliser le mode
agile et concevoir une œuvre d’art en équipe sur
un thème dans l’air du temps, par exemple l’éco-
nomie collaborative. « Les similitudes entre l’art et
l’entrepreneuriat sont nombreuses, explique l’en-
seignant. Dans les deux cas, on doit créer dans un
cadre informel, dans un univers où les ressources
ENTREPRENEURS EN HERBE AU QUÉBEC
Le programme des écoles primaires entrepreneuriaux concrets, comme
québécoises intègre depuis 2001 une la création d’un magasin fictif de
initiation à l’entrepreneuriat. « Ce n’est fournitures scolaires, l’enseignement
pas un objet d’apprentissage mais permet d’appliquer des notions de
un outil éducatif, explique Matthias mathématiques, de français et d’arts
Pepin, chercheur à l’Université plastiques. Les enfants s’initient aussi
du Québec. Fondé sur des projets à la communication et à la publicité. »
8
sont rares, sans savoir où l’on va exactement, et
les émotions ont un rôle déterminant. » Lancé en
2011, ce séminaire de trois jours est construit au-
tour d’ateliers mêlant pratiques, conférences et
sessions de feed-back. Durant l’atelier « destruc-
tion », les étudiants découvrent ainsi qu’il est par-
fois préférable d’abandonner le travail effectué
pour prendre du recul et construire quelque chose
de nouveau. Les œuvres « improbables » produites
sont présentées au public lors d’une exposition
dont la date de vernissage est fixée dès le début
du cycle, pour accentuer la pression.
 Ce séminaire existe en France ainsi qu’en
Allemagne, en Espagne, en Finlande et aux
Etats-Unis.
4
LE FAB LAB
Expérimenter le réel
Depuis septembre 2017, l’EM Lyon
propose un semestre de cours inspiré
de la philosophie des makers, ces adeptes de la
fabrication collaborative et du do it yourself. Au
programme, une initiation au code, à l’électro-
nique et à la fabrication numérique ; la construc-
tion d’un robot et la réalisation, en groupe, d’un
« démonstrateur », un produit ou une appli déjà
bien avancés, juste avant l’étape du prototype.
« Aujourd’hui, un simple pitch ne suffit plus à
séduire les investisseurs, il faut leur montrer
quelque chose de tangible », commente Samuel
Javelle, chef de projet au Makers’ Lab. Installé
juste à côté de l’incubateur de l’école, ce lab est
au centre de la pédagogie. Il regroupe tout ce
dont les étudiants ont besoin pour donner vie à
leurs projets : ordinateurs, imprimantes 3D, ap-
pareils de découpe laser… Andréa Szulman et
son groupe y ont ainsi conçu un drone capable
de reproduire des tableaux sur des façades d’im-
meubles. « Ce cours a élargi mon horizon. Je se-
rai capable de modéliser mes prototypes si je dé-
cide un jour de lancer ma boîte », assure cette
étudiante de troisième année.
 Pendant les congés scolaires, le Makers’Lab pro-
pose des boot camps de quatre jours aux étudiants,
aux alumni et aux start-up de l’incubateur.

5
LE CINÉMA
La fiction comme outil d’analyse
l’entrepreneuriat,
Depuis 2016, le master 2
Entrepreneuriat de l’Institut d’admi-
nistration des entreprises (IAE) de l’université
de Bordeaux utilise le cinéma pour son cours sur
le business model. Un seul long-métrage, Knock
(de Guy Lefranc, 1951, d’après la pièce de Jules
Romains), est pour le moment projeté en amphi,
mais les étudiants sont invités à rechercher des
scènes de film ou de série abordant des situations
entrepreneuriales pour alimenter leurs exposés.
Certains ont ainsi découvert dans The Big Short.
Le Casse du siècle (Adam McKay, 2015) un mo-
dèle de pitch convaincant.
«Plonger les élèves dans des situations fictives
les aide à repérer les règles du jeu entrepreneu-
RAWPIXEL/UNSPLASH
rial dans la vie réelle. Les images rendent le mi-
lieu du business moins abstrait et plus factuel »,
indique Florence Krémer, maître de conférences
à l’IAE. « Avant de regarder Knock, j’avais des ré-
ticences à pousser le client à la consommation,
raconte Sandini Vadevaloo, ancienne étudiante
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB
et fondatrice de Lakaz Maurice, traiteur de spé-
cialités mauriciennes. Mais, dans le film, j’ai vu
qu’en créant la demande le héros médecin fait
revivre autour de sa profession tout l’écosys-
tème du village, dont la pharmacie. Cela m’in-
cite à susciter l’envie, par exemple en suggérant
aux clients de prendre une entrée ou un dessert
lorsqu’ils passent commande. »
 Observer à l’écran les conventions du business
permet aux étudiants de prendre du recul par rap-
port à ses codes, voire de s’en affranchir et de se
montrer moins conformistes.
6
LE CHEVAL
Apprivoiser l’incertitude
Réussir à diriger un cheval sans l’appro-
cher à moins de 2 mètres : c’est le défi
auquel sont confrontés des étudiants de troisième
année de Burgundy School of Business (BSB), à
Dijon, depuis 2012. Lors de ce stage de horse coa-
ching (douze heures au total), les élèves, laissés
S’essayer à la
création dans un manège avec deux montures, doivent
artistique, une
autre manière leur faire réaliser le tour de la piste au pas, puis
d’explorer au trot. Seulement avec leur voix, leurs bras et
à l’ESCP leur déplacement. Une gageure, car l’animal est
Europe.
hypersensible : les intentions doivent être claires,
les gestes fermes, mais pas agressifs.
« Le cheval est le miroir de nos émotions. Ses
réactions nous renvoient à nos faiblesses et à
nos forces », précise Valérie Ballereau, profes-
seure associée à BSB. Objectif de cet atelier ?
« Les étudiants doivent unir leurs ressources
pour élaborer des stratégies, prendre des dé-
cisions et s’adapter », poursuit l’enseignante.
« L’animal symbolise les éléments d’incertitude
que l’on est amené à croiser en tant qu’entre-
preneur : fournisseur, concurrent, client… Si
l’on n’arrive pas à nos fins avec lui, c’est notre
faute, jamais la sienne », témoigne Gonzague
Lablancherie, apprenti créateur à l’incubateur
de BSB avec Au Juste, sa marque de vêtements
made in France 100 % recyclés.
 Travailler avec un animal aide à prendre
conscience du rôle primordial de l’émotion dans le
processus décisionnel.
9
CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

1 Votre projet
est-il mûr ?

ÉTAPE INDISPENSABLE : VÉRIFIER

LA VIABILITÉ DE VOTRE IDÉE. AUSSI
LUMINEUSE SOIT-ELLE, CELLE-CI
DOIT RÉPONDRE À UN BESOIN.
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
1 Votre projet est-il mûr ?
Crash test : votre idée
tient-elle la route ?
LES OUBLIETTES DU BUSINESS SONT
PLEINES D’IDÉES GÉNIALES QUI
N’ONT PAS RÉSISTÉ À L’ÉPREUVE DES
FAITS. LES DIX POINTS À VÉRIFIER
POUR VOUS ASSURER QUE LA VÔTRE
SERA LA BONNE !
1
Pouvez-vous résumer votre idée
en une minute ?
Entre une et quatre minutes, c’est en
général le temps dont disposent les can-
didats lorsqu’ils « pitchent » et présentent leur
projet devant un banquier ou un investisseur.
Moralité : une bonne idée s’exprime clairement
et en peu de mots. Entraînez-vous à la « pitcher »
auprès de vos proches. S’ils ne la comprennent
pas, c’est qu’elle demeure obscure ou inaboutie
et nécessite d’être peaufinée avant d’être présen-
tée à des investisseurs.
2
A-t-elle déjà été déposée ?
Menez votre petite enquête sur le Web.
Si votre produit a été breveté à l’Institut
national de la propriété industrielle (Inpi), il va
falloir trouver autre chose ! Mais si ceux qui vous
ont devancé n’ont rien déposé, ne vous découra-
gez pas : les innovations de rupture sont rares.
Ne pas être le premier peut même constituer un
avantage : on laisse les autres essuyer les plâtres,
engager les frais de com’ pour faire connaître le
concept… et on ajuste.
12
A-t-elle une réelle valeur
ajoutée ?
Une fois vos concurrents identifiés, la
question à se poser est : qu’est-ce que
j’apporte de plus ou de différent ? Cela peut être
une amélioration du produit (du textile, oui, mais
intelligent ; des cosmétiques, mais personnali-
sés), du service (votre site de vente de vin offre
du conseil et un vrai suivi) ou un message plus
efficace (vous ne vendez pas des insectes comes-
tibles pour sauver la planète, mais pour proposer
une expérience gustative inédite…).
4
Le marché est-il accessible ?
Certains secteurs sont très réglementés :
par exemple, pour vendre des paires de
lunettes sur Internet, il est obligatoire d’avoir dans
son équipe un opticien diplômé, les produits ali-
mentaires sont soumis à des règles de traçabilité
très strictes… Attention aussi aux rentes et aux
monopoles : vente de voitures, taxis ou services
funéraires sont des marchés jalousement gardés.
Difficile d’y pénétrer si l’on n’a pas, comme Uber,
le temps et l’argent nécessaires pour affronter les
actions en justice des concurrents.
5
Répondez-vous à un besoin ?
Assurez-vous que votre idée rencontre-
ra sa cible en interrogeant des consom-
mateurs : seriez-vous prêt à acheter
ce produit ? Pourquoi ? A quel prix ? A quelle
fréquence ? Pour un retour objectif, enquêtez
au-delà de votre entourage. Bon à savoir : des les services ou les projets sur Internet, mais gare
centaines de questionnaires sont proposés gra- aux coûts cachés ! Une plateforme collaborative
tuitement sur le site Creatests.com. ne pourra vraiment décoller qu’en atteignant
une masse critique d’utilisateurs… Or, pour les

6
L’environnement technologique
est-il adapté ?
C’est l’histoire d’un créateur qui avait vou-
lu lancer une carte de fidélité « commerçants de
quartier », conçue sur le modèle des programmes
des grandes enseignes. Détail important : on était
recruter, il faut engager des frais de marketing.
De même, qui dit site marchand dit photos des
produits, sécurité des paiements, mise en place
de la logistique… Autant de services coûteux,
eux aussi.

en 2010, et ladite carte ne fonctionnait que sur
smartphone… Compte tenu du niveau d’équi-
pement de l’époque, l’idée a rapidement tour-
né court. On évitera donc de se lancer trop tôt,
alors que l’environnement technologique n’est
pas encore mûr.
10
Y croyez-vous
vraiment ?
Si vous êtes arrivé jusque-
là, c’est que votre projet a du
potentiel. Mais attention cependant : des tas de
bonnes idées ne débouchent pas sur un business
juteux, quand d’autres, moins bonnes, sont des

7
Le timing est-il le bon ? succès. Ce qui fait toute la différence, c’est la mo-
Si certains projets nécessitent du temps tivation. Imparable pour surmonter les obstacles
– c’est le cas des produits techniques et convaincre vos partenaires. Les business angels
requérant de la R & D ou des cosmé- le confessent : ce qu’ils valident, avant l’idée, c’est
tiques qu’il faut tester avant une mise sur le mar- l’étoffe du porteur de projet.
ché –, d’autres idées puisées dans l’air du temps
sont hautement périssables, comme ouvrir une
boutique d’e-cigarettes, par exemple. N’hésitez
donc pas à vous lancer, même si vous n’êtes pas
tout à fait au point : vous pourrez peaufiner le
4 PISTES POUR AVOIR LE DÉCLIC
projet au fur et à mesure. 1. Améliorer 2. Pallier 3. Transposer 4. Créer
une activité un manque une idée une rupture

8
Votre business sera-t-il rentable ? existante Faute de place S’inspirer de la Il s’agit de
Pour vérifier que votre idée vous per- Prenez Starbucks. dans les crèches concurrence, générer un
mettra de vivre correctement, il est in- Trois bons vivants publiques, d’autres marchés, nouveau besoin,
de Seattle se notamment ou détourner de renouveler
dispensable de valider le couple produit-cible. désolent de la dans les grandes une technologie les usages. Parmi
Si le produit est peu cher, il faut atteindre un vo- piètre qualité du villes, faire garder peut être les exemples
lume critique, et donc viser une clientèle large. jus de chaussette des enfants fructueux. Ainsi, les plus probants :
nommé café qui se révélait être un les SMS sont Apple, qui a
Exemple : les food trucks. A l’inverse, un produit véritable casse- tellement entrés rendu
leur est servi dans
ou un service à haute valeur ajoutée sont adap- les bars. Ils tête pour les dans les mœurs indispensable
tés à une cible étroite. Ainsi, quelques mariages importent d’Italie couples d’actifs. qu’on a oublié l’accès immédiat
à plusieurs dizaines de milliers d’euros suffiront le « petit noir » et Un créneau que, avant d’être à la musique avec
y ajoutent le dans lequel étendus au grand son iPod ; Uber,
à rentabiliser une activité de wedding planner. mode de les crèches public, ils étaient qui a bouleversé
consommation privées ont su réservés aux le marché du

9
Avez-vous les fonds take away. D’une s’engouffrer. techniciens transport urbain ;
nécessaires ? pierre deux coups : de maintenance Netflix, leader
la chaîne fait télécoms. mondial
Certes, les produits « physiques » ré- mieux et différent. du streaming…
clament plus d’investissements que

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 13

 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

1 Votre projet est-il mûr ?

Motivation : posez-vous
les bonnes questions
AVEZ-VOUS L’ÂME D’UN ENTREPRENEUR ? LES QUALITÉS ET LES CAPACITÉS
D’UN FUTUR PATRON ? AVANT DE VOUS LANCER DANS L’AVENTURE
DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE, FAITES VOTRE EXAMEN DE CONSCIENCE.

U
ne jeune entreprise sur deux n’at- salarié, d’étudiant ou de chômeur à celui de
teint pas son cinquième anniver- créateur d’entreprise constitue souvent un choc.
saire. Un constat qui pourrait faire C’est d’abord un changement de vie considé-
reculer l’entrepreneur en herbe. rable : journées à rallonge et week-ends de tra-
En fait, il faut le nuancer. Un : les vail, congés rares et irréguliers, disponibilité de
statistiques de « décès » englobent tous les instants, etc. Pour un cadre qui avait l’ha-
nombre d’entreprises qui se trans- bitude de se décharger des tâches « subalternes »
forment (changement de raison sociale, rachat, (courrier, appels téléphoniques, prises de ren-
délocalisation…). Deux : ces chiffres n’ont quasi- dez-vous, fournitures de bureau, dépannage de
ment pas bougé depuis dix ans, malgré la hausse l’imprimante…) sur son assistante ou sur les ser-
régulière des créations d’entreprises : 225 000 vices généraux de son ancienne société, le réveil
en 2005, 591 000 en 2017, selon l’Insee. Il n’en peut être brutal !
demeure pas moins que le passage de l’état de
Procédez à des choix
Même changement douloureux en ce qui
concerne le niveau de vie : fini le confort du res-
OÙ S’ADRESSER POUR SE FORMER ET TESTER taurant d’entreprise, des déjeuners en notes de
SA CAPACITÉ À ÊTRE SON PROPRE PATRON frais ou des chèques repas. Chaque microdépense
cnam.fr et portail-
doit être pesée puisqu’elle vient en déduction d’in-
AFE (Agence France Réseau CCI
Entrepreneur) : Entreprendre : cci.fr formation.cnam.fr vestissements qui seraient peut-être plus utiles.
afecreation.fr Carif-Oref On peut avoir été un brillant cadre commercial
Greta (Groupements
Pôle emploi : d’établissements publics (Centres d’animation, ou un patron de division hors pair dans un grand
de ressources groupe et n’avoir jamais été confronté à certains
pole-emploi.fr (aller d’enseignement) :
et d’information sur
dans Tous les services, education.gouv.fr/cid problèmes sans doute triviaux, mais d’une portée
la formation-
puis Créer, reprendre 50753/la-formation- Observatoires capitale dans une petite structure !
une entreprise) continue-des-adultes-a- régionaux emploi Enfin, se mettre à son compte signifie forcé-
Réseau BGE l-education nationale. formation) : ment procéder à des choix qui engagent le de-
(réseau national html intercariforef.org venir personnel et aussi, bien souvent, l’avenir
d’appui aux Cnam Le site dédié de de la famille. D’où l’importance du choix d’une
entrepreneurs) : (Conservatoire national la région Ile-de-France :
bge.asso.fr des arts et métiers) : creersaboite.fr
structure juridique (lire page 24) plus ou moins
contraignante et d’un régime de protection

14

sociale efficace (lire page 46). Supporterez-vous
le grand saut dans ce relatif inconfort qui peut
durer plusieurs années ?
Le bon profil psychologique
Autres questions à vous poser : votre niveau
est-il suffisant pour assumer ces nouvelles fonc-
tions ? Et avez-vous vraiment les tripes d’un créa-
teur d’entreprise ? Autrement dit, disposez-vous
des connaissances requises et du profil psycholo-
gique adéquat ? Pour aller plus loin dans votre
évaluation personnelle, n’hésitez pas à vous adres-
ser à la chambre de commerce et d’industrie de
votre ville ou de votre région. CCI France, le ré-
seau des CCI, propose ainsi une batterie de tests
originaux sur le thème : « Etes-vous un entrepre-
neur ? » Réalisables en ligne sur le site CCI Business
Builder (business-builder.cci.fr), ils portent à la
fois sur votre tempérament et vos connaissances.
Evidemment, bien que sérieux, tous ces tests ne
vous dispensent d’une consultation avec un ex-
pert, comme on en trouve dans les cabinets de
gestion de carrière ou à Pôle emploi.
Toutes ces préparations peuvent être finan-
cées par le Compte personnel de formation, par
certaines collectivités locales, les Régions no-
tamment, ou par toute entreprise prévoyant un
plan social. Pour ce qui est du niveau des connais-
sances requis, variable selon le type d’entreprise
que l’on entend créer, il ne doit jamais faire fi-
gure d’obstacle. De nombreux organismes se
proposent en effet de combler rapidement les
lacunes dans des domaines pointus comme le
marketing, la comptabilité, l’informatique de
gestion ou le droit social.
QUITTER LE SALARIAT POUR CRÉER SA BOÎTE
LES AVANTAGES LES INCONVÉNIENTS
L’opportunité de construire Le risque économique.
une famille professionnelle Retournement de conjoncture,
avec des personnes choisies : perte d’un gros client… Parfois, on
associés, partenaires, clients… ne retrouve pas sa mise de départ.
Un rythme de travail et un La solitude. Le conjoint, même
mode d’organisation répondant s’il se montre compréhensif, n’est
à ses propres aspirations. pas un coach, et il est difficile
La possibilité d’exprimer de se confier à un collaborateur.
sa vraie personnalité Le sacrifice de la vie
professionnelle. personnelle. Avec des vacances
Des revenus qui ne sont pas et des week-ends en option.
plafonnés : on peut choisir de La responsabilité que l’on
travailler plus pour gagner plus. a vis-à-vis de ses employés.
« Lancer son business demande trois types de
compétences : commerciales, techniques et en
matière de gestion », souligne une consultante
en financement à l’Agence France Entrepreneur
À SAVOIR (AFE). Pour ce qui est de la partie commerciale,
Etre tenace c’est d’abord une affaire de personnalité. N’est
et courageux, pas vendeur qui veut, même s’il y a des techniques
c’est la première à connaître, et donc à apprendre.
qualité
nécessaire pour
créer sa boîte. Des cours et des tests pour vous aider
La deuxième ? Les deux autres compétences peuvent s’ac-
Une capacité quérir, sans se ruiner, auprès d’organismes comme
de travail et le Conservatoire national des arts et métiers
d’implication (Cnam), les Groupements d’établissements pu-
importante. blics d’enseignement (Greta, la formation per-
Source : enquête
réalisée en mai 2014
manente de l’Education national) ou le réseau
par le Réseau des Centres d’animation, de ressources et d’in-
Entreprendre, auprès
de 920 entrepreneurs. formation sur la formation-Observatoires régio-
naux emploi formation (Carif-Oref). Tous ces
organismes proposent à la fois des cours et des
tests pour vous aider à déterminer si vous avez
vraiment la vocation. Ajoutez-y des milliers d’as-
sociations spécialisées dans la formation des chô-
meurs, des jeunes des quartiers et des aspirants
repreneurs : il existe largement de quoi vous per-
mettre de faire le point avant de vous jeter dans
l’eau du grand bain…
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 15
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
1 Votre projet est-il mûr ?
Peaufinez votre étude
de marché
POUR TRANSFORMER UNE IDÉE EN PROJET
GAGNANT ET ÉVITER DE FATALES ERREURS, IMPOSSIBLE
DE SE PASSER D’UNE PRÉ-ENQUÊTE FOUILLÉE.
L
’étude de marché reste une étape trop
souvent bâclée. Beaucoup d’entre-
preneurs croient même pouvoir s’en
passer. Pourtant, si elle est menée sé-
rieusement, elle répond à nombre de
questions vitales pour la survie d’une
entreprise : comment m’orga niser,
qu’est-ce que je vends et à qui, qui se-
ront mes fournisseurs, serai-je compé-
titif ? Si vous êtes pressé par le temps,
reportez les démarches
non prioritaires, y com-
pris les éventuelles demandes d’aides, mais
ne négligez en aucun cas votre étude de mar-
ché ! Elle seule vous confirmera la faisabilité
de votre projet. Grâce à elle, vous recueille-
rez des informations précises sur votre future
clientèle ainsi que sur la concurrence. A partir
de ses indications, vous calculerez un chiffre
d’affaires prévisionnel tenant compte de votre
environnement réel.
La question centrale : qui est vraiment
votre client ?
Une étude de marché sera réussie pour peu
qu’on sache, en amont, se poser les bonnes ques-
tions : qui est mon client potentiel, quelles quanti-
tés est-il prêt à m’acheter et à quel prix, saurai-je lui
vendre moins cher que la concurrence ? Bien sûr,
si votre projet porte sur la reprise d’une boutique
16
ou sur une franchise, inutile de prévoir un dispo-
sitif très compliqué. Observer et s’informer en dis-
cutant, voilà le secret. Mais n’attendez pas le der-
nier moment. Ne se préoccuper du marketing que
lorsque le produit ou le service arrive sur le marché,
c’est évidemment trop tard. Il faut y penser avant,
quand l’offre est en train de se formaliser.
A ce stade, l’écoute du client et l’observation
de la concurrence doivent devenir des réflexes :
« Plantez-vous devant le magasin du concurrent
et armez-vous de patience, recommande un créa-
teur qui a vécu l’expérience. Notez qui pénètre
dans la boutique selon les heures de la journée
et, surtout, qui en ressort avec un paquet ! » Au
besoin, un stagiaire pourra assurer ce travail qui,
même s’il est fondamental, ne présente aucune
difficulté en soi.
Pour gagner du temps, faites appel
à une junior-entreprise
Si l’activité que vous avez en vue est un peu
plus complexe que l’ouverture (ou la reprise)
d’un commerce, vous gagnerez énormément
de temps en vous adressant à la Confédération
nationale des junior-entreprises (CNJE, junior-
entreprises.com). Hébergées par les grandes
écoles d’ingénieurs et de commerce, ces 174 as-
sociations d’étudiants réalisent des missions
d’audit à des prix défiant toute concurrence.
La qualité est presque toujours au rendez-vous

dans la mesure où ces futurs professionnels,
bien épaulés par leurs professeurs, ont à cœur
de démontrer leur savoir-faire – d’autant que
leur mission peut les aider, si l’occasion se
présente, à décrocher un job une fois leur
diplôme de fin d’études en poche.
La CNJE plafonne le prix d’une journée
MICHEILE HENDERSON/UNSPLASH
d’étude/homme à 340 euros, soit trois ou qua-
tre fois moins qu’un cabinet de conseil classique.
« Les étudiants sont sélectionnés en fonction de
leur spécialisation et un responsable de projet
est systématiquement chargé d’encadrer la mis-
sion », détaille la vice-présidente de la CNJE. Ce
qui constitue évidemment un gage de qualité et
de professionnalisme. Enfin, si votre étude de
marché implique des recherches dans d’autres
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régions françaises, voire à l’étranger, plusieurs
junior-entreprises se partageront le travail.
Syndicats, fédérations…
des mines d’infos à ne pas négliger
Pour compléter votre information sur l’état
du secteur qui vous intéresse, l’abonnement à
une ou plusieurs revues spécialisées est un in-
vestissement judicieux. L’Officiel des cuisinistes,
Les Nouvelles Esthétiques, Référence carrelage…
Quelle que soit votre activité, il existe forcément
un magazine professionnel ou un site corres-
pondant à votre secteur. Rendez également vi-
site aux chambres de commerce ou de métiers,
ainsi qu’aux syndicats professionnels. Interrogez
leurs consultants, compulsez leur documenta-
tion, vous y trouverez souvent des indications
précieuses sur l’environnement local. Des orga-
nismes publics comme l’Insee (fiches sectorielles,
insee.fr) ou le Crédoc (Cahiers de la consomma-
tion, credoc.fr) sont des sources d’information de
très bonne qualité, à ne pas négliger.
Si vous avez l’intention de prospecter les
marchés étrangers, consultez Business France,
l’Agence française pour le développement inter-
national des entreprises, à Paris (businessfrance.
fr). Cette agence publique propose une offre édi-
Bien menée,
l’étude de la toriale répartie en quatre collections, à des prix
concurrence allant de 50 à 150 euros : analyse et potentiel
aidera
le créateur à de marchés, guide des affaires par pays, études
mieux
différencier et dossiers thématiques, synthèses réglemen-
son produit. taires. Pour disposer d’études plus pertinentes
et plus pointues par rapport à votre propre bu-
siness, il vous faudra faire appel à des consul-
tants privés, dont les services se paient nette-
ment plus cher.
Utilisez la géolocalisation pour choisir
le bon emplacement
Vous avez maintenant rassemblé un maximum
d’informations de nature macroéconomique sur
les tendances du marché, la démographie de la
clientèle, la réglementation en vigueur, les normes
à respecter, les niches à explorer, les freins
17
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

1 Votre projet est-il mûr ?

En délimitant
la meilleure zone
de chalandise
pour votre éventuels et l’état de la concurrence. Vous
business, le
géomarketing pouvez désormais passer à la « phase 2 » de votre
 Tous les experts
viendra
compléter étude de marché : son aspect microéconomique. citent le choix
utilement votre Vous allez devoir affiner les indications précé-
étude de marché.
demment accumulées en vous focalisant sur de l’emplacement
votre produit, votre zone d’activité, les besoins
précis des clients, l’existence d’une concurrence
comme LE facteur clé
plus ou moins bien établie. de la réussite.
Pour l’implantation, soyez très vigilant,
surtout si vous ouvrez un commerce. Tous les
experts citent le choix de l’emplacement comme masse de données fiables… et gratuites. Odil
LE facteur clé de la réussite. « A cet égard, sou- peut vous aider à implanter votre entreprise
ligne Elizabeth Vinay, chargée d’études secto- dans la bonne zone de chalandise et à repérer
rielles à l’Agence France entrepreneur (AFE), les lieux où se trouvent vos futurs concurrents.
la grande nouveauté des dix dernières années Les informations fournies gagnent néanmoins
ANNA PASCALE/UNSPLASH
en matière d’étude de marché, c’est le géo- à être accompagnées des conseils d’un spécia-
marketing (ou géolocalisation). » Odil, l’Outil liste de la création d’entreprise. A noter : les
d’aide au diagnostic d’implantation locale de chambres de commerce et d’industrie comme
l’Insee (creation-entreprise.insee.fr), qui syn- les chambres de métiers développent, elles aus-
thétise les indications des recensements Insee, si, des outils de géomarketing à l’échelle d’une
les informations fiscales et les enquêtes sur les commune ou d’un quartier, mais ils sont géné-
ménages du Crédoc, vous donne accès à une ralement payants.

18
 Grâce à Internet et à la géolocalisation,
assortis d’un peu de bon sens, vous aurez vite
repéré qu’il est inutile de songer à ouvrir une
épicerie fine dans un quartier où il en existe déjà
deux… Il va vous falloir maintenant dresser la
liste de vos concurrents, identifier leurs atouts
et leurs faiblesses. La fréquentation des foires,
la visite des points de vente, l’étude de leurs ca-
talogues sont autant de sources d’information à
explorer. Sérieusement menée, cette étude de
la concurrence aidera aussi le créateur à accen-
tuer la différenciation de son produit de façon
à le rendre « unique », puis à évaluer la part de
marché qu’il est en droit d’espérer.
Le cocktail gagnant : un subtil dosage
de marketing et de bon sens
A ce stade, les bonnes questions à se poser
sont : que va-t-on vendre ? Pourquoi (caractéris-
tiques du produit ou du service, avantages aux
yeux de la clientèle) ? A qui (niveau de vie, âge,
activité de la clientèle, fréquence d’utilisation,
taux de renouvellement) ? Comment (en VPC,
en vente directe, par Internet) ? Quand (achat
saisonnier, régulier) ? Où (en centre-ville, dans
les quartiers, dans les zones commerciales) ?
Combien (en quelles quantités, à quels prix) ?
Ces indications permettront au créateur d’en-
treprise de valider la spécificité du produit ou
du service qu’il projette de vendre et de déter-
miner sa valeur ajoutée. Cette analyse fine va
aussi l’aider à préparer une offre parfaitement
adaptée à la réalité locale et à la solvabilité des
futurs clients, puis à constituer un premier fichier
de prospects. Enfin, elle aboutira à la définition
des actions à développer pour entrer en contact
avec la clientèle. Les moyens à mettre en place
relèvent de trois catégories.
La publicité (Pages jaunes, panneaux publi-
citaires sur le lieu de vente ou dans ses abords
immédiats, distribution de prospectus, encarts
dans les journaux locaux).
La promotion (journées portes ouvertes,
dégustations, salons, cartes de fidélité).
La prospection-relance (porte-à-porte,
mailings).

OÙ S’ADRESSER
SÉLECTION D’INSTITUTS ET CABINETS SPÉCIALISÉS DANS LES ÉTUDES DE MARCHÉ
LES GÉNÉRALISTES
 Xerfi (xerfi.com) : études sectorielles très
fouillées ; de 1 600 à 2 600 euros selon les
sujets abordés.
 Les Echos Etudes (lesechos-etudes.fr) :
études économiques et financières pointues
réalisées par le pôle études Eurostaf, filiale
du groupe Les Echos.
 Bpifrance (bpifrance.fr) : études et
synthèses sectorielles de la Banque publique
d’investissement (ex-Oséo).
 NPD Group (npdgroup.fr) : études
consommateurs, notamment dans les
secteurs de la beauté, des sports, des jouets
et de la restauration.
 Le Bipe (bipe.fr) : le Bureau d’informations
et de prévisions économiques réalise des
analyses stratégiques et prospectives dans
tous les secteurs d’activité.
 Profideo (corporate.profideo.com) : études
marketing, études de marché et études
prospectives.
 Développement commercial, informations
économiques (informations-economiques.fr) :
études sectorielles, focus régions.
 GfK (gfk.com/fr) : leader allemand de
l’étude de marché, implanté dans 100 pays.
LES SPÉCIALISTES
RESTAURATION
 Gira Conseil (giraconseil.fr).
HÔTELLERIE, TOURISME
 MKG Group (mkg-group.com).
 Coach Omnium (coachomnium.com).
TOURISME
 Raffour Interactif (raffour-interactif.fr).
HABITAT, SERVICES, FINANCES
 Quotatis (quotatis.fr).
MODE
 IFM (ifm-paris.com).
AUTOMOBILE
 Gipa (gipa.eu).
COMMERCE BIO
 Agence Bio (agencebio.org).
MÉDIAS, MESURE D’AUDIENCE, INTERNET
 CCM Benchmark (ccmbenchmark.com).
Médiamétrie (mediametrie.fr).
NUMÉRIQUE, DIGITALISATION
 Business Insider Intelligence
(businessinsider.fr/intelligence).

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 19

CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
1 Votre projet est-il mûr ?
Cernez les goûts
de vos futurs clients
POUR CONNAÎTRE LEURS BESOINS ET LEURS
ATTENTES, MAIS AUSSI LEURS MOYENS, MENEZ
L’ENQUÊTE AUPRÈS DE VOS PROSPECTS.
V
ous connaissez désormais l’environ-
nement dans lequel votre future
entreprise va évoluer. Vous avez listé ce
qui était susceptible d’influer sur votre
projet au niveau microéconomique – en
particulier la concurrence. Il est temps de
passer à la dernière étape de votre étude de
marché, l’analyse de votre clientèle potentielle.
L’un des objectifs essentiels de cette étape consiste
à trancher la question du prix de vente : quelle
somme vos prospects sont-ils prêts à débourser
pour acheter le produit ou le service que vous com-
mercialisez ? Elaborée à partir de leurs remarques,
votre grille tarifaire vous permettra de bâtir un
business plan crédible.
Privilégiez un petit panel
Pour connaître intimement vos clients (leurs
goûts, leurs réticences, leurs préjugés, les moyens
dont ils disposent…), vous avez le choix entre
deux grands types d’études : les quantitatives et
les qualitatives. Les premières reviennent à in-
terroger un minimum de 200 à 1 000 personnes
(selon le degré de finesse souhaité dans les ré-
ponses). Elles sont donc souvent hors de portée
du créateur d’entreprise moyen, du fait de leur
coût prohibitif. Sauf s’il parvient à mettre la main
sur une étude déjà existante, c’est-à-dire… payée
par quelqu’un d’autre. C’est le cas, par exemple,
des études Sofres, Sociovision ou du Centre de
communication avancée (CCA) déjà publiées.
20
Ces mines d’informations ne vous coûteront rien.
Où les trouver ? La plupart sont sorties dans la
presse et archivées sur Internet. Les chambres
de commerce et d’industrie ou de métiers pour-
ront vous les fournir.
Mais rien ne garantit que vous aurez la chance
de trouver une étude récente portant sur votre
univers de concurrence. Dans ce cas, il est plus
raisonnable de limiter ses ambitions à une étude
qualitative. Ici, la taille du panel se limite à
quelques dizaines de personnes, à choisir parmi
vos clients potentiels, vos prospects ou vos réseaux
de relations. Avantage : vous pouvez mener vous-
même votre enquête, quitte à demander un coup
de main à un stagiaire ou à une junior-entreprise.
Pour ce qui est de la méthode, vous avez l’embar-
ras du choix : entretiens, mini-tests par téléphone
ou par e-mail. L’objectif est ici de valider une
infrmation ou une intuition.
Quand on
s’apprête à
lancer un produit,
il ne faut pas
hésiter à mettre
les mains dans le
cambouis. 
 Quels que soient la taille de votre panel et le interlocuteurs en leur demandant de choisir.
mode de consultation retenu (entretiens indi- Profitez-en pour tester certaines de vos idées :
viduels, interviews par téléphone, e-mails…), « Seriez-vous intéressé par une formule sur
vous allez devoir établir un questionnaire. Pour abonnement ? »
ne pas perdre tout intérêt, voire vous induire
en erreur, cet exercice doit respecter des règles Hiérarchisez et analysez les réponses
strictes. Si vous vous lancez seul dans son éla- Elaborer vous-même votre questionnaire, et le
boration, mieux vaut maîtriser certaines tech- faire parvenir en personne à l’échantillon retenu
niques simples. vous fera faire des économies. Et vous apportera
une connaissance plus fine de votre futur client.
Créez un questionnaire « Quand on s’apprête à lancer un produit, il ne faut
compréhensible par tous pas hésiter à mettre les mains dans le cambouis,
Votre questionnaire doit ainsi être clair, conseille Elizabeth Vinay, auteure de Réaliser votre
exempt de sous-entendus, de deuxième degré étude de marché avec succès (Eyrolles) et consul-
ou d’ironie, et compréhensible par n’importe tante à l’Agence France Entrepreneur (AFE).
quel interviewé, quel que soit son niveau de for- Interrogez les gardiennes d’immeuble, le fac-
mation. Les termes employés doivent être fami- teur… » Une fois l’enquête conduite, votre véri-
liers à l’ensemble de l’échantillon interrogé et table travail peut commencer : il va s’agir de hié-
ne posséder qu’un seul sens. A proscrire : le jar- rarchiser, puis d’interpréter la masse d’informations
gon technique, les mots étrangers, les termes recueillies afin d’en tirer un plan d’action réaliste.
savants. Préférez les questions simples et di- Une étude qualitative vous apportera de précieuses
rectes. La personne interrogée doit être en me- indications. Et vous permettra d’éviter les pistes
sure de répondre presque instinctivement. vouées à l’échec.
Comme elle ne peut réagir qu’à
une seule interrogation à la fois, ENTRETIENS INDIVIDUELS
il est inutile de vouloir gagner du
6 É TA P E S P O U R E N T I R E R L E M E I L L E U R PA R T I
temps en « condensant » deux
questions en une. Exemple (cari- 1. PRÉSENTATION 3. QUESTIONS On est maintenant au
catural) de formule trop alambi- Evoquer le sujet et le but QUALIFIANTES cœur de l’information que
de son enquête de manière Leur rôle est de tester l’on souhaite obtenir.
quée, cité par Syntec Conseil : « En
assez large, de façon à ne la personne pour vérifier Le service ou le produit
matière de mousse, vous préférez : pas risquer d’orienter qu’elle possède que vous proposez est-il
une lessive qui mousse peu, moins les réponses de sa cible. l’information recherchée. utile ? Quelles
efficace mais facile à rincer, ou Exemple : « Il s’agit d’une améliorations pourrait-on
étude sur les relations  4. QUESTIONS y apporter ? Quel prix
bien une lessive très moussante et entre les commerçants DE MISE EN ROUTE votre interlocuteur serait-il
très efficace, mais qui rend plus et les consommateurs. » De plus en plus prêt à payer pour un tel
difficile le rinçage ? » Il existe plu- compliquées et service ?
2. QUESTIONS techniques, elles doivent
sieurs façons d’interpréter le mes- INTRODUCTIVES peu à peu amener votre  6. IDENTIFICATION
sage, et donc d’y répondre ! Autre On commencera par des interlocuteur à se polariser N’oubliez pas de
point clé : les doubles négations, interrogations ouvertes, sur le thème précis qui demander à la personne
appelant des réponses vous intéresse. qui vient de vous répondre
rarement comprises correctement, positives. L’objectif est de les indications qui vous
sont à proscrire. Du genre : ne pas désarçonner votre  5. QUESTIONS SPÉCIFIQUES permettront d’exploiter
« Préférez-vous ne pas utiliser un interlocuteur avec des Elles permettent de cerner au mieux ses réponses
shampooing non pharmaceu- expressions complexes et, des opinions. Elles sont (âge, statut familial, ville
accessoirement, de gagner de type fermé (deux ou de résidence, catégorie
tique ? » Pensez à proposer plu- sa sympathie. trois réponses possibles). socioprofessionnelle…).
sieurs fourchettes de prix à vos

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 21

 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
1 Votre projet est-il mûr ?
Protégez vos produits
VOTRE SEULE ARME POUR ÉVITER
QU’UN CONCURRENT NE VOUS VOLE
VOTRE CONCEPT ET LE DÉVELOPPE
À VOTRE PLACE : LE DÉPÔT DE BREVET.
L
EN CHIFFRES
646€
à débourser, du dépôt
du dossier à la
délivrance du brevet :
36 € : dépôt du brevet
(valable vingt ans) ou
du certificat d’utilité
(valable six ans). A
acquitter lors du dépôt
ou dans le mois suivant.
520 € : rapport de
recherche (pour les
brevets). A payer lors
du dépôt ou dans
un délai d’un mois*.
90 € : délivrance
du brevet. A payer au
moment de la
délivrance (soit au
minimum vingt-
quatre mois à compter
du dépôt).
42 € : par revendication
supplémentaire
à partir de la onzième,
après délivrance du
brevet (le dépôt initial
protège pour
dix revendications).
*50 % de réduction accordés
aux PME, aux start-up et aux
personnes physiques.
22
’Institut national de la propriété indus-
trielle (Inpi) définit le brevet comme « un
titre de propriété industrielle qui confère
à son titulaire un droit exclusif sur une in-
vention pour une période de vingt ans en
France ». Plus précisément, dans le jar-
gon de l’établissement public, le
brevet « protège une innovation
technique, c’est-à-dire un produit ou un procé-
dé qui apporte une solution technique à un pro-
blème technique donné ». Autrement dit, une
idée n’étant nullement brevetable, le titre pro-
tège sa matérialisation (de l’objet du quotidien
à la méthode de fabrication), sous conditions :
celle-ci doit être innovante et susceptible d’ap-
plication industrielle. Le procédé a plusieurs mé-
rites : vous êtes le seul à pouvoir l’utiliser avec la
possibilité d’en interdire toute utilisation, fabri-
cation, importation, etc. sans votre autorisation.
À noter, certaines inventions qui ne répondent
pas aux critères de brevetabilité peuvent faire
l’objet d’autres types de protection, comme le
dépôt de dessins et modèles ou le droit d’auteur.
Pesez bien chaque mot
Depuis le 19 novembre, le dépôt s’effectue ex-
clusivement en ligne sur le site de l’Inpi (inpi.fr).
Le formulaire comprend trois volets : la des-
cription de l’invention, les revendications sur
l’invention et l’abrégé ; un ou plusieurs dessins
peuvent illustrer la description comme l’abrégé.
La description exige de peser chaque mot ; elle
doit être concise et claire pour qu’un « homme
du métier » soit capable, à sa lecture, de repro-
duire l’invention une fois tombée dans le do-
maine public. Sa rédaction réclame une atten-
tion d’autant plus grande qu’il est impossible
de la modifier après coup. Les revendications
définissent la protection recherchée. L’abrégé,
enfin, résume l’invention et l’intention ; il com-
porte 250 mots maximum (150 seulement s’il
est accompagné d’une figure).
Deux ans séparent en moyenne le dépôt de
demande, pour la modique somme de 556 eu-
ros, de la délivrance du brevet. Autant continuer
de garder le secret sur votre invention dans l’in-
tervalle. Sans compter que durant cette période
un « rapport de recherche » vous est transmis
par l’Inpi. Ce document évalue la brevetabilité
de votre invention et, le cas échéant, s’il existe
une, voire des inventions antérieures à la vôtre
au concept voisin, par exemple, il vous invite à
revoir votre copie sous trois mois reconductibles
une fois. À ce moment, vous pouvez également dé-
cider d’élargir la protection à d’autres territoires.
Dans quelle zone ?
Une entreprise a tout intérêt à protéger son
invention dans les zones où le marché visé est
le plus important (et où le risque de contrefa-
çon est faible). Un fabricant d’articles de sport
d’hiver n’a ainsi pas besoin de multiplier les frais
pour protéger ses brevets dans le Sud-Est asia-
tique, où ils risquent d’être le plus copiés. Il lui
suffit de se ménager quelques dépôts judicieux
dans les zones où la pratique du ski est répan-
due. Des visées expansionnistes ? La protection
accordée par un brevet déposé à l’Inpi est va-
lable sur le territoire français. Pour une exploi-
tation à l’étranger, l’extension peut se faire par
pays, à l’échelle européenne ou en souscrivant
une protection internationale globale. Dans le
premier cas, recourir aux services d’un manda-
taire habilité, comme un conseil en propriété
industrielle au fait de la réglementation locale,
est recommandé. Le deuxième cas exige une
demande de brevet unitaire européen (BUE)…
dès qu’il sera disponible. Car le BUE est prévu
pour le premier semestre 2019. Attention, il
protégera dans les pays de l’Union ayant rati-
fié la Convention sur le brevet européen (CBE)
ou ayant signé des accords spécifiques, mais pas
dans les vingt-huit Etats membres. L’Inpi res-
tera compétent pour recevoir les demandes de
résidents français ou de nationalité française.
Le dernier cas nécessite le dépôt d’une demande
internationale unique devant l’Organisation
mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI,
wipo.int). Obtenir un PCT (Patent Cooperation
Treaty) permet de protéger son invention dans
152 pays. Toutes ces démarches représentent
un coût non négligeable. Toutefois, celui-ci est
à comparer aux dépenses parfois exorbitantes
en cas de litige. Au Royaume-Uni et aux Etats-
Unis notamment, les frais occasionnés par un
procès peuvent atteindre des sommets jusqu’à
ruiner l’une ou l’autre des parties.

30 MOIS POUR OBTENIR VOTRE TITRE DE PROPRIÉTÉ

AVANT LE DÉPÔT
Vous vérifiez l’état de la technique (demandes de brevets française, européennes et internationales des vingt dernières années)
J – 3 MOIS auprès de l’Inpi (Institut national de la propriété industrielle) ou d’un cabinet spécialisé. Et gardez le secret sur votre invention.
Vous vous assurez que votre invention est brevetable. Elle doit être «une solution technique à un problème technique,
J – 2 MOIS d’une part, et être nouvelle, impliquer une activité inventive et être susceptible d’application industrielle», d’autre part.
Remplissez le formulaire de dépôt, constituez le dossier (recourez à un conseiller en propriété industrielle en cas de
J – 1 MOIS besoin). Sur le site Internet de l’Inpi, téléchargez le formulaire (inpi.fr/fr/formulaires).

DU DÉPÔT À LA DÉLIVRANCE
Vous transmettez en ligne ou déposez votre dossier à l’Inpi et réglez la redevance (36 €). Soyez bien attentif en
JOUR J remplissant le formulaire : chaque rectification pendant la procédure coûtera 52 €.
J + 7 JOURS Vous archivez le dossier envoyé par l’Inpi. Il comprend votre numéro d’enregistrement et la date du dépôt.
L’Inpi transmet votre dossier au ministère de la Défense. Ce dernier dispose de cinq mois maximum pour décider s’il
J + 1 MOIS met votre brevet au secret.
J + 2 MOIS L’Inpi dispose de deux à cinq mois pour examiner votre demande.
J + 7 MOIS L’Inpi vous adresse le rapport de recherche préliminaire et un avis sur la brevetabilité de votre invention.
J + 10 MOIS Vous répondez aux demandes formulées dans le rapport de recherche.
J + 18 MOIS L’Inpi publie le dépôt de votre brevet dans les Bulletins officiels de la propriété industrielle (Bopi).
J + 19 MOIS L’Inpi vous adresse l’avis de publication.
J + 21 MOIS L’Inpi vous transmet d’éventuelles observations.
J + 22 MOIS Répondez aux éventuelles observations.

LA DÉLIVRANCE
J + 25 MOIS L’Inpi établit un rapport de recherche dit « définitif ».
J + 26 MOIS Payez la redevance de délivrance et d’impression du fascicule du brevet (90 €).
L’Inpi délivre le brevet, vous en adresse un exemplaire et publie la mention de la délivrance
J + 27 MOIS dans les Bulletins officiels de la propriété industrielle (Bopi).

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2
Quelle
forme juridique
adopter ?
EI, EURL, SA, SAS, FRANCHISE… TOUR
D’HORIZON DES POSSIBILITÉS QUI
S’OFFRENT À VOUS POUR CHOISIR
EN CONNAISSANCE DE CAUSE.
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2 Quelle forme juridique

adopter ?

Le portage salarial
pour tâter le terrain
CETTE FORMULE, QUI MÊLE MISSIONS DE SERVICES EN SOLO ET
SÉCURITÉ DU SALARIAT, PEUT ÊTRE LA SOLUTION POUR FAIRE UN VOL
D’ESSAI AVANT DE CRÉER VOTRE BOÎTE. EXPLICATIONS.

N
EN BREF
La mission
du porté auprès de
l’entreprise cliente
ne doit pas excéder
trente-six mois.
Une rémunération
minimale égale à 75%
du PMSS (environ
2 480 euros) pour un
porté senior et à 85 %
pour un salarié en
forfait jour.
Un CDI ou CDD
spécifique au portage
est signé avec la
société de portage.
athalie Dive est comblée. Cette
consultante en ressources hu-
maines a mené de main de
maître la création de son cabi-
net de conseil, Divolia. Pendant
deux ans et demi, elle a préparé
son projet, prospecté sa clientèle
et accompli plusieurs missions en indépendante,
tout en percevant un salaire mensuel et en échap-
pant aux formalités administratives. Comment ?
En choisissant le portage salarial. Pour cette sa-
lariée de longue date, créer une boîte ex nihilo
représentait un risque trop élevé. Le portage lui
a permis de tester le marché et de s’assurer de
la viabilité de son projet. En France, ils sont au-
jourd’hui plus de 70 000 à avoir opté pour cette
solution qui offre les avantages de l’indépen-
dance, tout en conservant la sécurité du sala-
riat. Un bon millier de ces « portés » finissent par
créer leur propre boîte.
Le portage vous permet de proposer vos ser-
vices à un client tout en étant salarié d’une socié-
té dite « de portage » qui vous représente. Cette
dernière facture et encaisse pour vous des hono-
raires qu’elle transforme en salaire en vous dé-
clarant aux organismes sociaux (Pôle emploi,
caisses de retraite, Sécurité sociale…). Elle éta-
blit un contrat de travail (CDD ou CDI), ce qui
vous donne droit à l’assurance chômage. En
échange, elle prélève un pourcentage sur votre
chiffre d’affaires, variable de 6 à 12 %. Bien sûr,
elle ne s’occupe pas de tout : vous devrez trou-
ver seul vos clients et fixer le montant de vos in-
terventions. En clair, vous bénéficiez d’une cer-
taine sécurité, mais c’est quand même vous qui
faites bouillir la marmite.
Choisissez le bon « porteur »
Privilégiez les sociétés qui appliquent une
charte déontologique et préférez celles qui sont
adhérentes de syndicats comme l’Uneps (Union
des entreprises de portage spécialisées) ou le Peps
(syndicat des Professionnels de l’emploi en por-
tage salarial). Ils fédèrent une bonne cinquan-
taine de sociétés de portage triées sur le volet
(Altorem, 2i Portage, JAM, Aclys, ITG, Links,
Valor…). Une garantie de sérieux et de respect
de la réglementation. Prenez quand même soin
de rencontrer deux ou trois sociétés avant de si-
gner une convention d’adhésion. Et négociez les
frais de commission. Si vous souhaitez que la so-
ciété de portage s’occupe juste de l’administratif
(factures, bulletins de paie…), exigez qu’elle ne
prenne que 6 ou 7 % de votre CA. Si vous vou-
lez profiter d’autres services (formation, mise à
disposition de salles de réunion…), la marge de
manœuvre sera plus étroite.
En portage, vous devrez trouver vos propres
clients, comme un entrepreneur indépendant
(la durée de vos missions ne doit pas excéder
trente-six mois). Mais le fait que vous soyez lié
par un contrat de portage peut dérouter certaines

26
entreprises. Rassurez-les en n’éludant pas le démarcher et à cibler les prospects, tout en rom-
sujet : expliquez-leur que, comme dans n’im- pant l’isolement commun à tout indépendant. Ces
porte quelle relation de business, un contrat de réunions entre portés permettent de se constituer
prestation commerciale sera établi entre eux et un réseau… Ce qui sera bien utile le jour où vous
votre société de portage, et que c’est cette der- vous lancerez vraiment. Ces services sont généra-
nière qui émettra les factures. lement compris dans les frais de gestion.
Pour constituer votre portefeuille, adoptez une
stratégie à long terme. L’idéal est soit de décro- Prenez le temps nécessaire
cher un client important sur une mission longue Lorsque vous aurez acquis suffisamment d’as-
(environ un an), soit d’en trouver deux ou trois sise et une visibilité sur plusieurs mois, il sera
sur des missions plus courtes. Mais attention, le temps de voler de vos propres ailes. Il faut comp-
piège serait de dépendre à 100 % d’un unique ter dix-huit mois en moyenne pour atteindre un
gros client. Il faut veiller à se dégager du temps volume de chiffre d’affaires au-delà duquel le
pour en prospecter de nouveaux. Ne vous jetez portage devient trop coûteux. Dans les métiers
pas à l’eau sans réfléchir. Vérifiez la solvabilité de de service, certains fixent la barre à 60 000 eu-
vos prospects sur le site de la Coface ou sur celui ros. D’autres estiment que le déclic de la créa-
de Kompass. Même si votre porteur a l’obligation tion d’entreprise doit se faire lorsque le sala-
de recouvrer les impayés – faites-le-vous confir- rié ne peut plus gérer son activité en solitaire et
mer –, mieux vaut prévenir que guérir. qu’il doit recourir à l’embauche. Les chances de
succès sont alors de votre côté : d’après les sta-
Un salaire chaque mois tistiques, les entreprises créées par des anciens
C’est la nouveauté introduite par l’ordonnance portés sont rentables dès la première année d’ex-
d’avril 2015. Que les factures soient honorées ploitation, et les défaillances sont quasi nulles les
en temps et en heure ou non, vous êtes rému- années suivantes.
néré par la société de portage : le montant brut
a été défini par la convention collective du por-
tage en mars 2017. Il intègre le salaire de base, UNE PRATIQUE ENCADRÉE
les indemnités de congés payés et la prime d’ap-
port d’affaire (de 5 %), et ne peut être inférieur à Le portage salarial porté d’au moins trois sans activité au terme
77 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale bénéficie enfin ans dans le même d’une période d’un mois
d’un cadre légal. secteur d’activité. Trois de prospection. Cette
(PMSS). Il varie selon le profil des portés : il est Consacré par catégories de salariés, possibilité est toutefois
de 70 % du plafond pour un junior, de 75 % pour l’ordonnance cadres et non cadres, assortie de garantie
un senior et de 85 % pour un salarié en forfait du 2 avril 2015, ratifié sont définies : du junior pour le salarié : il pourra
jour. Cette rémunération peut bien évidemment par la loi travail du ayant moins de trois ans percevoir « une
8 août 2016, il bénéficie d’ancienneté (dans
être complétée si le montant de votre mission est allocation prospection »
désormais d’une l’activité de portage
supérieur : dans ce cas, la société de portage cal- dans la limite maximale
convention collective salarial) au cadre au
cule le salaire en prélevant sur le montant total de trois mois, prélevée
nationale, signée forfait, en passant par le
à l’unanimité des sur la réserve établie à
hors taxe de la facture une commission variant senior ayant plus de
organisations syndicales trois ans d’ancienneté. cet effet sur son compte
selon les cas de 5 à 12 %. d’activité. Le salarié
et patronales en Point clef de l’accord,
La majorité des sociétés de portage proposent mars 2017. l’entreprise de portage devra ainsi provisionner
des services complémentaires, de la mise à dispo- La nouvelle convention salarial pourra 10 % du salaire de base
sition d’un télésecrétariat à la gestion des notes exige une qualification désormais licencier le de sa dernière mission
de frais, en passant par de la formation. Profitez minimale de niveau III salarié porté qui n’aurait s’il est en CDI, ou de son
ou une expérience pas conclu de nouvelle indemnité de précarité
de ces petits plus et prenez le temps de partici-
significative du salarié mission et demeurerait s’il est en CDD.
per aux ateliers proposés. Vous y apprendrez à

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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
L’entreprise individuelle
pour débuter en douceur
RAPIDE ET FACILE À METTRE EN ŒUVRE, CE STATUT
DOIT NÉANMOINS FAIRE L’OBJET D’AMÉNAGEMENTS
SI L’ON SOUHAITE PROTÉGER SES BIENS PERSONNELS.
S
i vous souhaitez créer une « vraie » en-
treprise, mais que votre projet est mo-
deste, l’entreprise individuelle (EI)
est faite pour vous. Ce statut permet
de se lancer rapidement, à moindres
frais et avec des formalités réduites
au strict minimum. Pas de paperasse
(inutile de rédiger des statuts pour l’entreprise)
ni de capital social à réunir : une simple inscrip-
tion au Centre de formalités des entreprises
(CFE) est nécessaire. Les obligations comptables
sont, elles aussi, limitées. Il suffit de tenir à jour
trois registres : le livre-journal, le grand livre et
le livre d’inventaire.
L’entreprise individuelle est la seule struc-
ture qui permet d’opter pour l’avantageux ré-
gime fiscal de la microentreprise (lire page 46).
Les entrepreneurs individuels ne dépassant pas
certains seuils de chiffre d’affaires (82 800 eu-
ros pour les activités de vente, 33 200 pour les
activités de service) peuvent choisir le régime
de « microentrepreneur », inspiré de celui des
autoentrepreneurs : cotisations sociales cal-
culées sur la base du
Si vous choisissez chiffre d’affaires réali-
sé, franchise de TVA,
d’exercer à votre option pour le prélè-
domicile, vérifiez que vement libératoire de
l’impôt sur le revenu
vous y êtes autorisé. (lire page 93).
28
Cette unification n’a pas atténué les risques
propres à ce statut. Comme vous ne formez
qu’une seule personne avec votre entreprise, il
n’y a pas de distinction entre vos patrimoines
privé et professionnel. Du pain béni pour d’éven-
tuels créanciers…
Limitez votre responsabilité
Même si la loi Macron a instauré l’insaisis-
sabilité de droit de la résidence principale des
créateurs, deux options permettent de limiter
les risques qui courent sur les autres biens du
créateur. Vous pouvez soit établir une « décla-
ration d’insaisissabilité » chez un notaire, soit
choisir le régime de l’entrepreneur individuel à
responsabilité limitée (EIRL). Dans le premier
cas, vous mettez à l’abri vos biens fonciers ; dans
le second, vous affectez une partie de votre pa-
trimoine à l’entreprise, partie qui servira de
gage aux créanciers.
Face aux résultats mitigés de l’EIRL – seule
une dizaine de milliers d’entrepreneurs ont
opté pour ce statut –, le gouvernement a an-
noncé en 2015 l’allégement des procédures de
déclaration et d’affectation du patrimoine. Les
éléments du dernier bilan sont désormais pris
en compte et les obligations en termes de pu-
blicité réduites. Ainsi, seul le bilan, et non l’en-
semble des comptes annuels de l’entreprise,
doit être publié.
L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE EN UN COUP D’ŒIL
NOMBRE D’ASSOCIÉS
MONTANT DE CAPITAL SOCIAL
DIRECTION
PRISE DE DÉCISION
RESPONSABILITÉ DU DIRIGEANT
RÉGIME FISCAL
RÉMUNÉRATION DU DIRIGEANT
RÉGIME SOCIAL DU DIRIGEANT
Aucun. L’entrepreneur est seul, mais il peut embaucher.
Sans objet (pas de notion de capital).
L’entrepreneur.
L’entrepreneur. Il est l’unique maître à bord.
Il est indéfiniment responsable des dettes sur ses biens
personnels (hormis sa résidence principale), sauf :
s’il a établi une déclaration d’insaisissabilité devant notaire
pour protéger ses bâtis fonciers ;
s’il a opté pour le régime de l’EIRL et constitué un
patrimoine d’affectation qui lui permet d’isoler ses biens
personnels des poursuites des créanciers.
Le chef d’entreprise est imposé directement au titre de
l’impôt sur le revenu. L’entrepreneur individuel qui a choisi
le régime de l’EIRL peut, sous certaines conditions, opter
pour l’impôt sur les sociétés. Possibilité d’opter pour
le prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu pour les
microentrepreneurs.
Elle n’est pas déductible des bénéfices, sauf dans le cas
d’une EIRL avec option pour l’impôt sur les sociétés.
Il est soumis au régime des travailleurs non salariés (TNS).

L’entreprise individuelle impose aussi de proté-
ger ses proches. Si vous êtes marié sous le régime
de la communauté de biens, vos éventuelles dif-
ficultés peuvent retomber sur votre conjoint. Il
est donc conseillé de passer au régime de la sé-
paration de biens (un changement possible au
bout de deux ans de mariage).
Autre inconvénient de l’entreprise individuelle :
son mode de transmission. Il est impossible de
passer la main progressivement à ses enfants et
de profiter ainsi des abattements sur les droits de
donation. En cas de décès, les héritiers reçoivent
le fonds de commerce en indivision, avec obli-
gation de prendre les décisions à l’unanimité.
N’oubliez pas d’assurer votre activité. Une assu-
rance multirisque habitation, même si elle inclut
une garantie responsabilité civile, ne couvre pas
vos risques professionnels. La responsabilité pro-
fessionnelle d’un consultant, par exemple, peut
être engagée en cas de conseil erroné ou d’omis-
sion entraînant un préjudice pour son client. Le
bon sens suggère aussi d’ouvrir un compte ban-
caire dédié. Enfin, si vous choisissez d’exercer à
votre domicile, vérifiez que vous y êtes autorisé.
Sauf disposition contraire du bail ou du règle-
ment de copropriété, domicilier son entreprise
chez soi ne pose pas de problème, car cela ne
change pas l’affectation du logement.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
L’EURL pour préparer l’avenir
L’ENTREPRISE UNIPERSONNELLE À RESPONSABILITÉ LIMITÉE
COMPTE UN SEUL ACTIONNAIRE. PROTECTRICE ET ÉVOLUTIVE,
ELLE REND POSSIBLE L’ENTRÉE DE FUTURS ASSOCIÉS.
C
’est la forme de société la plus simple :
elle ne comporte qu’un associé, qui
peut aussi être le gérant. L’entreprise
unipersonnelle à responsabilité li-
mitée (EURL) convient parfaite-
ment à ceux qui entendent rester
seuls maîtres à bord, tout en se réser-
vant, le jour venu, la possibilité d’accueillir des
associés (en basculant facilement en SARL) ou
de transmettre leur entreprise.
Mettez vos biens à l’abri
En choisissant ce statut, l’entrepreneur crée
une personne morale qui fera écran par rapport
à son patrimoine personnel. Le plus souvent,
celui qui apporte le capital de départ, l’associé
unique, choisit d’être gérant de l’entreprise. Si
l’entreprise doit se déclarer en cessation de paie-
ment, les créanciers ne pourront se rembourser
qu’à concurrence du capital initial constitué par
le créateur, et non sur son patrimoine personnel.
Cette question de responsabilité ne doit
cependant pas, à elle seule, orienter votre choix.
D’abord, parce que le principe d’indépendance
des patrimoines privé et professionnel est en
pratique contrarié par les banques – celles-ci
exigent souvent une caution personnelle de
l’entrepreneur en cas d’emprunt, ce qui revient
à mettre en gage un bien personnel. Ensuite, le
gérant d’une EURL est soumis à des obligations
légales qui, en cas de faute, engagent sa res-
ponsabilité civile ou pénale sur des montants
bien supérieurs au capital. L’EURL présente en
revanche certains atouts. Elle apparaît comme
30
un gage de fiabilité, parce qu’elle nécessite un
capital social de départ (même si celui-ci n’est
que de 1 euro) et une comptabilité véritable.
« Opter pour l’EURL a accru ma crédibilité au-
près de mes clients et de mes fournisseurs »,
explique ainsi Andra Morosi, créatrice d’Inter-
national Milestones, un cabinet de coaching en
management interculturel.
Capitalisez en cash ou en nature
Le capital peut être constitué d’apports en
numéraire et en nature : local, véhicule, maté-
riel, brevets… L’apport en espèces présente un
avantage non négligeable : il peut n’être libéré,
c’est-à-dire versé sur un compte en banque spé-
cifique, que pour un cinquième à la constitution
de l’entreprise. On peut donc afficher un capital
de 10 000 euros en n’apportant que 2 000 eu-
ros. On dispose de cinq ans pour verser le solde.
L’apport en nature présente un autre intérêt : si
la valeur de chaque apport en nature est infé-
rieure à 30 000 euros ou si la valeur totale des
apports n’excède pas la moitié du capital so-
cial, son montant peut être librement estimé
par l’associé unique. Au-delà, l’estimation du
ou des biens par un commissaire aux apports
est obligatoire.
Pour les entrepreneurs en solo, l’EURL consti-
tue un bon moyen de préparer l’avenir. Ce sta-
tut permet en effet, par cession de parts, de faire
entrer au capital de nouveaux associés. Gros avan-
tage par rapport à l’entreprise individuelle : il n’est
pas nécessaire de dissoudre la société, mais juste
d’en modifier les statuts en passant en SARL.
 De même, l’EURL peut être transmise progres-
sivement à ses enfants (en leur faisant réguliè-
rement des donations de parts), sans que cela
n’entraîne de taxation. Enfin, en cas de décès, la
société continue d’exister entre les mains du ou
des héritiers – sous forme de SARL (lire page 32)
s’ils sont plusieurs associés.
L’immatriculation au registre du commerce et
des sociétés (RCS) est simple : elle peut se faire
en ligne sur le site officiel Guichet-entreprise.fr.
Il faut également déposer des statuts au service
des impôts. Y figureront la dénomination de l’en-
treprise, sa domiciliation, la nature et le montant
des apports en capital. Le point le plus important
est son objet social, qui détermine ses activités.
Lorsque l’associé et le gérant sont une seule per-
sonne, le modèle type fourni gratuitement par le
Centre de formalités des entreprises (CFE) s’ap-
plique d’office. Si l’associé unique ne souhaite pas
diriger l’entreprise, il doit rédiger des statuts qui
définiront les pouvoirs du gérant et les modalités
de consultation de l’associé, ce qui implique l’in-
tervention d’un notaire ou d’un avocat.
Les formalités de création s’accompagnent
de l’obligation de publier un avis de constitu-
tion de la société dans un journal d’annonces
légales. L’adhésion à un centre de gestion agréé
n’est pas obligatoire, mais elle permet de béné-
ficier de réductions d’impôt sur le revenu (lire
page 46). Le choix de l’EURL implique aussi le
dépôt des comptes et inventaire annuels ainsi
que du rapport de gestion auprès du tribunal
de commerce. Ce rapport n’est pas exigible si
l’associé unique, personne physique, assume
seul la gérance ou la présidence, d’une part,
et si la société ne dépasse pas à la clôture d’un
exercice social, deux des trois seuils suivants,
d’autre part : 1 million d’euros pour le total du
bilan, 2 millions HT pour le chiffre d’affaires,
et 20 salariés.

L’ENTREPRISE UNIPERSONNELLE À RESPONSABILITÉ LIMITÉE EN UN COUP D’ŒIL

NOMBRE D’ASSOCIÉS Un seul : il s’agit, selon la terminologie employée, d’un « associé unique ».
Capital librement fixé (minimum 1 euro) : 20 % des fonds peuvent être versés
MONTANT DE CAPITAL SOCIAL
à la création, le reste dans les cinq années qui suivent.
Le gérant (personne physique), qui peut être soit l’associé unique, soit un tiers.
DIRECTION L’ordonnance du 31 juillet 2014 permet désormais à une EURL d’avoir, pour
associé unique, une autre EURL.
PRISE DE DÉCISION Le gérant. Ses pouvoirs sont limités s’il n’est pas l’associé unique fondateur.
Elle est limitée aux apports, sauf responsabilité civile et pénale
RESPONSABILITÉ DU DIRIGEANT
en cas de faute de gestion.
Elle est soumise à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des BIC (bénéfices industriels
RÉGIME FISCAL et commerciaux) ou des BNC (bénéfices non commerciaux). Option possible pour
l’impôt sur les sociétés et pour le régime microentrepreneur.
Elle n’est pas déductible des bénéfices, sauf en cas d’option pour l’impôt sur les
RÉMUNÉRATION DU DIRIGEANT
sociétés ou lorsque le gérant est un tiers.
Si le gérant est l’associé unique, il est soumis au régime des travailleurs
RÉGIME SOCIAL DU DIRIGEANT
non salariés (TNS). Si le gérant est un tiers, il est assimilé-salarié.

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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
La SARL pour
inspirer confiance
C’EST LA FORME SOCIÉTAIRE LA PLUS
RÉPANDUE. ELLE PERMET DE RÉUNIR
DES CAPITAUX GRÂCE À DES APPORTS
EXTÉRIEURS, SANS POUR AUTANT
DILUER LE POUVOIR ENTRE LES MAINS
DES ACTIONNAIRES.
éritable couteau suisse, le statut juri-
dique de la société à responsabilité limi-
tée (SARL) permet de lancer aussi bien
un bistrot qu’une start-up Internet ! En
mesure d’accueillir de 2 à 100 associés, la
SARL impose toutefois une certaine rigi-
dité de fonctionnement et d’organisation :
les décisions majeures doivent être approuvées
par les associés réunis en assemblée générale.
Répartissez les rôles
« La SARL ? Nous l’avons choisie pour l’absence
de contraintes : pas de capital minimal, des statuts
types, des formalités de création bien bordées et
peu coûteuses… Bref, un choix naturel », explique
le créateur d’une plateforme Internet de services
à domicile. Mais avant de se lancer dans cette
aventure, on doit répondre
Le gérant jouit à une question essentielle :
de pouvoirs « Qui fait quoi ? » Constituer
une SARL implique de défi-
très étendus. nir les rôles dès le départ : on
En contrepartie, il distingue les associés, qui ap-
supporte de lourdes portent de l’argent ou des ac-
tifs au capital, et le ou les gé-
responsabilités.   rants, qui la dirigent. Comme
32
dans le cas de l’EURL, un associé peut aussi être
gérant. Si les fondateurs ont cédé la majorité des
parts de l’entreprise, ils peuvent parfaitement en
conserver la gestion pour peu qu’ils aient été choi-
sis comme gérants.
Le gérant jouit de pouvoirs très étendus. En
l’absence de précision contraire dans les statuts,
il a le droit d’accomplir tout acte de gestion dans
l’intérêt de la société, à condition de rester dans
les limites de l’objet social. Il peut, par exemple,
contracter un emprunt ou vendre un bien im-
mobilier. S’il y a plusieurs gérants, ce pouvoir est
démultiplié : chacun d’entre eux peut effectuer
seul tous les actes permis par l’objet social. En
contrepartie, le gérant supporte de lourdes res-
ponsabilités. Il peut notamment, en cas de ces-
sation de paiement, être condamné à supporter
personnellement les dettes contractées si une
faute de gestion est reconnue – ces responsabi-
lités sont les mêmes que celles assumées par le
gérant d’une EURL.
Évitez les duos d’associés à 50-50
La responsabilité des associés détenteurs des
parts sociales est limitée à leur apport au capi-
tal. Pour satisfaire à cette condition, ils devront
néanmoins s’abstenir de prendre part à la ges-
tion de l’entreprise, sous peine d’être considérés
comme dirigeants de fait. Les associés exercent
leur pouvoir en votant lors des assemblées géné-
rales ordinaires, essentiellement pour approuver
les comptes qui leur sont présentés et décider
de la distribution de dividendes. Les décisions
s’y prennent à la majorité simple, soit 50 % des
parts sociales plus une voix. Pour cette raison,
les duos d’associés à 50-50 sont vivement dé-
conseillés, car cette configuration implique un
risque de blocage. Il faut également 50 % des
voix pour autoriser une cession des parts. C’est
l’une des forces de la SARL : le créateur majori-
taire n’a pas à craindre de voir entrer au capital
des associés indésirables.
 Lorsque le ou les gérants détiennent plus de
50 % des voix, ils ont les coudées franches. Ce qui
ne leur donne pas le droit de faire n’importe quoi.
Composez avec vos actionnaires
Chaque associé a en effet la capacité d’inten-
ter une action en responsabilité pour obtenir
des dommages et intérêts en cas de faute : si ce
dernier s’octroie une rémunération supérieure
à celle décidée en assemblée, par exemple. En
revanche, révoquer un gérant n’est pas aisé. Les
associés doivent représenter au moins la moitié
des parts sociales pour en décider et s’appuyer sur
un « juste motif ». En deçà de 50 %, le gérant est
dit minoritaire : il dispose de moins de latitude,
mais peut être rémunéré au titre de son mandat
social (il relève alors du régime social des « assi-
milés-salariés » tandis que son homologue majo-
ritaire est affilié au régime des travailleurs non-
salariés - TNS) et de ses fonctions exercées dans
le cadre d’un contrat de travail (il cotise alors
comme tous les salariés).
Côté fiscalité, en revanche, il n’y a plus de dif-
férence. Le régime du gérant majoritaire a long-
temps été très défavorable et il était fréquent de
recourir à des associés « dormants », avec cessions
de parts en blanc, pour conserver un statut de mi-
noritaire. Ce n’est plus le cas. La fraction de capi-
tal apportée par chaque partenaire a donc une in-
fluence déterminante sur le fonctionnement de la
société. À l’instar de l’EURL, le capital social peut
être constitué par des apports en espèces, avec la
possibilité de ne verser que 20 % de la somme à
la création de l’entreprise ou par des apports en
nature. Autre possibilité : créer une SARL au capi-
tal variable. Cela consiste à fixer dans les statuts
un montant minimal (1 euro, par exemple) et un
montant maximal. La formule est intéressante pour
une activité gourmande en fonds propres, justi-
fiant de régulières augmentations de capital.

LA SOCIÉTÉ À RESPONSABILITÉ LIMITÉE EN UN COUP D’ŒIL

NOMBRE D’ASSOCIÉS
MONTANT DE CAPITAL SOCIAL
DIRECTION
PRISE DE DÉCISION
RESPONSABILITÉ DU DIRIGEANT
RÉGIME FISCAL DE L’ENTREPRISE ET
MODE D’IMPOSITION DES BÉNÉFICES
RÉMUNÉRATION DU DIRIGEANT
RÉGIME SOCIAL DU DIRIGEANT
Deux associés au minimum, 100 au maximum.
Capital social librement fixé par les associés. 20 % des fonds peuvent
être versés au moment de la création, le reste dans les 5 années qui suivent
la création de l’entreprise.
Le ou les gérants (personnes physiques) : ils font partie des associés ou sont
des tiers désignés par les associés.
Le gérant prend les décisions de gestion courante, mais certaines décisions
importantes sont prises en assemblée générale.
Elle est limitée aux apports, sauf responsabilité civile et pénale en cas de faute de gestion.
L’entreprise est soumise à l’impôt sur les sociétés.
Il est néanmoins possible d’opter pour l’impôt sur le revenu, sous certaines conditions,
pour les SARL de moins de 5 ans ou les SARL de famille.
Elle est déductible des bénéfices.
Il est soumis au régime des travailleurs non salariés s’il est gérant majoritaire
et au régime des salariés s’il est gérant minoritaire ou égalitaire.

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 33

 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2 Quelle forme juridique

adopter ?

La SA pour décoller
LA SOCIÉTÉ ANONYME RASSURE LES CRÉANCIERS ET PERMET DE LEVER DES
FONDS IMPORTANTS. MAIS LA MISE DE DÉPART EST CONSÉQUENTE.

P
lusieurs organes de direction, un responsabilités des administrateurs sont très clai-
commissaire aux comptes, un ca- rement définis, analyse un associé de la société
pital minimal élevé… Créer une de capital-risque iSource. C’est pourquoi nous
société anonyme (SA), c’est jouer n’investissons que dans des sociétés anonymes. »
dans la cour des grands. Adapté à la
levée de fonds, ce statut est très populaire Préparez votre entrée en Bourse
auprès des investisseurs professionnels. Son Les actionnaires ont des prérogatives impor-
mode et son coût de fonctionnement le réservent tantes via les assemblées générales, où ils décident
cependant à des projets d’envergure. Pour un créa-de l’attribution des dividendes, de la nomination
teur, la SA est le meilleur moyen de convaincre et de la révocation des administrateurs, de la mo-
des investisseurs d’entrer au capital. Ces derniers
dification des statuts. Ils bénéficient d’une priori-
y ont en effet le beau rôle. « Les pouvoirs et lesté de souscription aux actions nouvelles et de la
liberté de céder les leurs. La SA est la
forme la mieux adaptée à une entrée
LA SOCIÉTÉ ANONYME EN UN COUP D’ŒIL en Bourse. Le pouvoir de direction
2 associés minimum dans les sociétés non cotées. de la SA revient au conseil d’adminis-
NOMBRE D’ASSOCIÉS
7 associés minimum dans les sociétés cotées. tration, composé de 3 à 18 membres
nommés par l’assemblée des action-
MONTANT DE CAPITAL SOCIAL 37 000 euros au minimum.
naires. Le conseil choisit son président,
La société est dirigée par un conseil qui veille au bon fonctionnement des
DIRECTION
d’administration composé de 3 à 18 membres. organes de direction, et le directeur
Le directeur, président ou non, assure la gestion général, chargé de la gestion de l’en-
de l’entreprise. Les décisions ordinaires treprise. La même personne peut oc-
PRISE DE DÉCISION
et l’approbation des comptes sont réalisées par les cuper les deux postes. Pour l’équipe
actionnaires lors d’assemblées générales ordinaires. dirigeante à l’origine du projet, ces
RESPONSABILITÉ caractéristiques se traduisent par une
Elle est limitée aux apports. perte d’autonomie et de contrôle. Le
DU OU DES DIRIGEANT(S)
La société est soumise à l’impôt sur les sociétés.
président et le directeur général sont
RÉGIME FISCAL DE
L’ENTREPRISE ET MODE Option à l’impôt sur le revenu possible pour les révocables sans motif ni préavis par le
D’IMPOSITION DES BÉNÉFICES SA de moins de cinq ans, sous certaines conditions. conseil d’administration, qui dépend
lui-même des actionnaires. Un com-
RÉMUNÉRATION
Elle est déductible des bénéfices. missaire aux comptes valide la comp-
DU OU DES DIRIGEANT(S)
tabilité. Enfin, la SA facilite le recrute-
Le président et le directeur général sont ment de cadres de haut niveau grâce
RÉGIME SOCIAL
assimilés-salariés, mais exclus de l’assurance à l’octroi de stock-options ou de bons
DU OU DES DIRIGEANT(S)
chômage, sauf assurance spéciale. de souscription d’actions.

34
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Rubrique « ANIMER UN MAGASIN »
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
La SAS pour viser loin
LA SOCIÉTÉ PAR ACTIONS SIMPLIFIÉE EST D’UNE TRÈS GRANDE
SOUPLESSE. EN CONTREPARTIE, LE RECOURS À UN SPÉCIALISTE
DU DROIT EST INDISPENSABLE POUR EN RÉDIGER LES STATUTS.
L
a société par actions simplifiée (SAS)
convient aussi bien pour créer une entre-
prise en solitaire – on parlera alors de Sasu,
avec un « u » pour unipersonnelle – qu’en
partenariat avec des associés. Elle permet
même d’évoluer de la première solution
(individuelle) vers la seconde,
puisque le passage de la Sasu à la
SAS est automatique dès lors qu’un nouvel asso-
cié prend des parts dans le capital. La SAS béné-
ficie d’une image haut de gamme, plus flatteuse
que celle de la SARL. C’est d’ailleurs le statut ju-
ridique qui a progressé le plus rapidement au
cours des dernières années : en 2017, 60 % des
créateurs de société ont choisi ce statut contre
48 % en 2015 et 30 % en 2013.
Devenez président salarié
La raison de cet engouement ? Des aménage-
ments apportés par la loi de modernisation éco-
nomique de 2008. Désormais, plus de capital
EXIT LE COMMISSAIRE AUX COMPTES
POUR LES PETITES SAS !
Depuis la loi de modernisation économique de 2008, la désignation d’un commissaire
aux comptes dans une SAS n’est obligatoire que si l’une des conditions suivantes est
remplie : à la clôture d’un exercice, la société dépasse deux des trois seuils suivants :
un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions d’euros HT, un total du bilan supérieur à
1 million d’euros et/ou un nombre de salariés supérieur à 20 ; la société contrôle ou
est contrôlée par une ou plusieurs sociétés ; un ou plusieurs associés représentant au
moins le dixième du capital demandent (en référé au président du tribunal de commerce)
la nomination d’un commissaire aux comptes.
36
minimal imposé, alors qu’il s’élevait à 37 000 eu-
ros auparavant, comme pour les SA. De même,
il n’est plus nécessaire d’avoir recours à un com-
missaire aux comptes pour valider le bilan et le
compte de résultat. Le statut de président de SAS
présente en outre des avantages par rapport à ce-
lui d’entrepreneur individuel ou de gérant d’EURL.
Il bénéficie de la séparation des patrimoines pri-
vé et professionnel et n’est responsable financiè-
rement qu’à hauteur de son apport en capital. Il
jouit également du statut d’assimilé-salarié, ce
qui lui assure une meilleure protection sociale
que le régime de travailleurs non salariés des en-
trepreneurs individuels ou des gérants d’EURL.
La SAS peut par ailleurs émettre des obliga-
tions pour se financer ou des bons de souscription
d’actions pour rémunérer d’éventuels collabora-
teurs. Enfin, ce statut facilite la transmission de
l’entreprise : il permet un désengagement pro-
gressif par cession d’actions. Dans le cas d’une
Sasu, l’entrée de nouveaux actionnaires n’en-
traîne ni dissolution ni formalités administra-
tives ou fiscales.
Libérez votre organisation
Ce qui caractérise la SAS, c’est la grande li-
berté d’organisation dont bénéficient les as-
sociés. Ce sont eux qui décident du mode de
fonctionnement et de la répartition du pouvoir
au sein de l’entreprise. A la différence d’autres
formes sociales, les prérogatives d’un associé ne
sont pas forcément corrélées à la part de capi-
tal qu’il détient. « La SAS a été créée pour disso-
cier le pouvoir de l’argent de celui des idées »,
résume Eric Hainaut, expert-comptable du
groupe Emargence. Du coup, la SAS est la struc-
ture préférée des juristes ! « Il est recommandé
pour un porteur de projet de se rapprocher d’un
spécialiste du droit des sociétés », recommande
Laurence Piganeau, responsable du pôle Expertise
& Production de l’Agence France Entrepreneur
(AFE). Le cadre légal étant réduit, les clauses in-
sérées dans les statuts ont une importance ca-
pitale. Comptez environ 3 000 euros pour la ré-
daction du document.
Cette liberté se retrouve dans l’organisation
de la direction de la future entreprise. La loi n’a
prévu qu’une seule obligation : le choix d’un pré-
sident, qui représente la SAS vis-à-vis des tiers. Les
associés de la SAS ont toute liberté pour définir
ses attributions et ses pouvoirs. Ils peuvent déci-
der d’instaurer des comités spécifiques pour toute
décision en matière de rémunérations ou d’inves-
tissements, par exemple. Il est même possible de
choisir d’instaurer une direction tournante tous
les six ou douze mois.
La liberté est aussi totale en matière de fonc-
tionnement : la réunion d’une assemblée géné-
rale des associés n’est même pas obligatoire ! « La
SAS est incontestablement le statut de prédilec-
tion des entreprises innovantes, à fort potentiel de
croissance », constate Philippe Gluntz, président
de la confédération européenne des Business
Angels (BAE). Avec moins de contraintes au dé-
marrage et moins de rigidité de fonctionnement
que la SA, la SAS est à la fois plus simple à créer
et plus facile à faire évoluer.
Enfin, la SAS propose des solutions intéres-
santes pour les créateurs qui tiennent à conser-
ver le contrôle sur l’entrée et la sortie d’associés.
Les purs financiers peuvent se désengager libre-
ment, tandis que les actionnaires bénéficiant de
droits renforcés sont soumis à une procédure
d’agrément beaucoup plus stricte.

LA SOCIÉTÉ PAR ACTIONS SIMPLIFIÉE EN UN COUP D’ŒIL

NOMBRE D’ASSOCIÉS Un ou plusieurs associés.
MONTANT DE CAPITAL SOCIAL Librement fixé.
Les associés déterminent librement dans les statuts les règles d’organisation de la
DIRECTION
société. Seule obligation : nommer un président, personne physique ou morale, associé ou non.
PRISE DE DÉCISION Le ou les associés.
RESPONSABILITÉ Les associés et les actionnaires ne sont responsables
DU OU DES DIRIGEANT(S) que dans la limite de leurs apports.
L’entreprise est soumise à l’impôt sur les sociétés.
RÉGIME FISCAL DE L’ENTREPRISE ET
Il est néanmoins possible d’opter pour l’impôt sur le revenu, sous certaines conditions,
MODE D’IMPOSITION DES BÉNÉFICES
pour les SAS de moins de 5 ans.
RÉMUNÉRATION
Elle est déductible des bénéfices.
DU OU DES DIRIGEANT(S)
RÉGIME SOCIAL
Le président est assimilé-salarié, comme dans les SA.
DU OU DES DIRIGEANT(S)

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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2 Quelle forme juridique

adopter ?

Limitez les risques

avec la franchise
VOUS SOUHAITEZ DEVENIR VOTRE
PROPRE PATRON TOUT EN GARDANT UN FILET DE SÉCURITÉ ?
PLUS DE 1 900 RÉSEAUX N’ATTENDENT QUE VOUS.
Par Benjamin Janssens

C
ette formule permet au créa-
teur d’entreprise de bénéficier
du savoir-faire et de l’accom-
pagnement d’un réseau. Ce
n’est pas un statut juridique,
mais une forme d’organisa-
tion. En échange d’un droit
d’entrée et d’une redevance
annuelle, le postulant peut ainsi
LE FRANCHISÉ s’appuyer sur une marque et un concept éprou-
EN CHIFFRES
vés. Selon la Fédération française de la franchise
Les banquiers, eux, voient d’un meilleur œil
les dossiers de demandes de prêt ou de décou-
vert déposés par des franchisés que par des in-
dépendants ou des créateurs d’entreprise en
solo : un franchisé bénéficie normalement des
conseils du franchiseur et une formation spéci-
fique, généralement de qualité, lui est contrac-
tuellement dispensée. Ce système limite donc
les risques pour le prêteur. Pour preuve, cinq ans
après leur création, neuf franchises sur dix sont
encore en activité.

57%
(FFF), les 1 976 réseaux de franchise implantés
en France pesaient 59,55 milliards d’euros de Bien choisir son enseigne
d’hommes
chiffre d’affaires en 2017 (25 % de croissance en Moins de risques, certes, mais toutes les fran-
dix ans) et fédéraient plus de 74 000 franchisés. chises ne se valent pas. Premières questions à

47
en moyenne
ANS
Rémunération moyenne ? 33 900 euros net par an.

Rassurer les banquiers

vous poser : le contact avec les responsables du
réseau est-il bon ? Que disent les franchisés des
services fournis par l’enseigne ? Ont-ils été bien

36
Dans la plupart des cas, être un expert de l’ac- accompagnés, suivis ? N’hésitez pas à en rencon-
tivité choisie n’est pas obligatoire. Ainsi, après trer quelques-uns. Et afin d’éviter toute décon-
ANS
avoir passé plusieurs années au sein de direc- venue, ne vous engagez qu’avec une structure
à l’ouverture du
1er point de vente tions financières, Rémi Aguer a repris en 2015 capable d’offrir à ses membres une aide logis-

7
un centre Speedy. Il avait repéré la forte renta-
bilité du secteur et le potentiel de développe-
SALARIÉS ment. Six mois lui ont suffi pour atteindre l’équi-
gérés en moyenne libre. « Les franchiseurs cherchent avant tout
tique solide et une forte notoriété. On vous ré-
clame peu d’informations sur votre apport fi-
nancier au moment de signer ? La redevance
annuelle coûte cher et pourtant vous ne voyez

53%
ont un niveau d’études
au moins égal à bac + 2
des personnes capables de gérer les comptes et jamais de publicité consacrée à l’enseigne ? Le
d’encadrer le personnel, tout en ayant le sens du turnover des franchisés est supérieur à 10 %
commerce », souligne un expert de la banque par an ? Autant d’indices qui doivent éveiller
britannique HSBC. votre méfiance !

38
 « Il faut préférer selon moi
un franchiseur visionnaire,
qui saura faire évoluer le concept Une
avec le marché », conseille solution
Rémy Sultan, coprésident à la crise
du groupe Alphyr. 
Secteur en plein essor depuis
vingt ans, moteur de
l’économie nationale, la
franchise séduit un nombre
Pour vous décider, le premier critère reste fi-
grandissant de salariés.
nancier. L’investissement initial n’est pas le même
selon que vous souhaitez devenir franchisé d’un
35%
L
restaurant Burger King, d’un magasin de fleurs des conjoints travaillent a franchise est un bon
Happy ou vous lancer dans la garde d’enfants avec dans l’affaire moyen de changer de
Babychou Services. Vérifiez ce que cette somme métier pour les salariés
intègre : droit d’entrée, formation, aménagement
du local, droit au bail, redevance ? Dans un pre-
mier temps, vous ne devrez débourser que 30 %
62% d’entre eux ont
qui sont fatigués
des grands groupes
ou pour ceux qui
entre 50 000 et 200 000
de ce montant : c’est l’apport personnel moyen euros d’investissement doivent se reconvertir ; cela
qu’exigent les banques pour vous prêter le reste. de départ pour permet aussi d’être indépendant
33 917 euros tout en bénéficiant de la force
de revenu annuel net
Exiger un DIP du franchiseur moyen d’une marque, de son savoir-
Depuis 1989, la loi Doubin impose au franchi- faire, et d’une formation. »
seur de vous délivrer un DIP (document d’infor-
mation précontractuelle). Doivent y figurer une
présentation du réseau, les perspectives de dé-
420
MILLE EUROS
Parus en 2015 dans un article
du Monde intitulé « La franchise
poursuit son ascension malgré
veloppement, les résultats financiers de la tête de CA annuel HT médian la crise » (déjà !), ces propos de
de réseau, les principales clauses du contrat, Chantal Zimmer, la déléguée
Source : Banque Populaire/
les coordonnées d’autres franchisés ainsi que le Fédération française de générale de la Fédération
la franchise - 14e Enquête
nombre de franchisés qui ont résilié leur contrat. annuelle de la franchise. française de la franchise (FFF),
restent d’actualité. Les résultats,
FRANCHISE EXPO PARIS, 38e ÉDITION publiés en avril, de la 14e
enquête annuelle de la franchise
La plus grande manifestation internationale dédiée à la franchise de la Banque Populaire, en
se tiendra du 17 au 20 mars à Paris, porte de Versailles. Organisé par la partenariat avec la FFF, le
Fédération française de la franchise et Reed Expositions France, ce salon confirment : les trois quarts des
promet de mettre en relation plus de 36 000 investisseurs, créateurs franchisés étaient salariés avant
d’entreprise et commerçants avec près de 500 enseignes françaises
d’ouvrir leur point de vente.
et internationales représentant 90 secteurs d’activité. franchiseparis.com
Dans le détail, parmi les

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 39

CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2 Quelle forme juridique

adopter ?

402 franchisés interrogés principalement par la relation apporte « la garantie d’être

par l’institut CSA, « 76 %
déclarent avoir été salariés avant
d’être franchisés, dont 74 % issus
du secteur privé ». Et les projets
menés « sont dans leur très
grande majorité des projets de
deuxième, voire de troisième vie
professionnelle, avec parfois des
virages à 180°, des changements
de vie radicaux », souligne
Sylvie Gaudy, directrice du salon
Franchise Expo Paris, la plus
grande manifestation dédiée
en Europe.
Pour les analystes, le succès
fulgurant du principe
dans l’Hexagone s’explique
gagnant-gagnant qu’il sous-
tend. Ce que Chantal Zimmer
qualifiait au printemps dernier
de « collaboration entre deux
entrepreneurs indépendants –
le franchiseur et le franchisé –
qui confère à chacun des
prérogatives spécifiques et
nécessaires à la réussite
de tous ».
Une « aventure en tandem »
Les témoignages de franchisés
abondent dans ce sens. Selon
Carine Tour, gérante de deux
magasins Au nom de la rose
en région parisienne, le modèle
accompagnée par une équipe de
professionnels à tout moment,
de la recherche du local à celui
du financement avant de se
lancer, au suivi commercial et
marketing régulier après ».
Onze ans après l’ouverture de
sa première boutique, cette
ex-diplômée de l’ESG parle d’une
« vraie aventure en tandem
au quotidien ». De son côté,
Thierry Thomas, 48 ans, heureux
propriétaire d’un restaurant
La Pataterie à Vaux-sur-Mer,
en Charente-Maritime, avec seize
employés, compare l’approche
à « de la conduite

2LES SERVICES

9 LA
AUX PERSONNES 3
1 L’ALIMENTAIRE RESTAURATION 4 LE NETTOYAGE
221 réseaux
195 réseaux 5 815 franchisés RAPIDE 23 réseaux
2,01 milliards 435 franchisés
15 278 franchisés 218 réseaux 4,67 milliards
SECTEURS 21,21 milliards
d’euros de CA 5 321 franchisés d’euros de CA
PORTEURS d’euros de CA Ces réseaux recrutent
Agrandir ma maison (spécialiste des
4,67 milliards
d’euros de CA Ces réseaux recrutent
Ces réseaux recrutent projets d’agrandissement ; apport : Bio-Clean (nettoyage et entretien
Yogurt Factory (yaourts glacés, 10 000 euros), Merci+ (ménage, Ces réseaux recrutent des hottes professionnelles ; apport :
EN FORTE apport : 30 000 euros), La
Vignery (cave à vin ; apport :
garde d’enfant, repassage,
bricolage, jardinage et maintien à
Dubble (salades, sandwiches,
soupes, desserts, jus ; apport :
6 500 euros), Hygis Propreté
(maintenance des ventilations ;
PROGRESSION 50 000 euros), Péchés gourmands
(biscuits, confiseries, chocolats ;
domicile ; apport : 15 000 euros),
Shiva (ménage, repassage ; apport :
40 000 euros), La Boîte à pizza
(apport : 60 000 euros), Bioburger
apport : 10 000 euros), As de pic
(dératisation, désinsectisation et
CES DERNIÈRES apport : 60 000 euros), Palais
des thés (maison de thé ; apport :
25 000 euros), Empruntis (courtage
en crédit immobilier ; apport :
(apport : 150 000 euros), Steak ’n
Shake (premium burgers et milk
désinfection ; apport : 20 000 euros),
Sneg Propreté (nettoyage industriel
ANNÉES. 75 000 euros). 25 000 euros). shakes ; apport : 300 000 euros). B to B ; apport : 50 000 euros).

40
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

2 Quelle forme juridique

adopter ?

accompagnée ». « Le supportés par les adhérents. l’environnement peut s’avérer

concept a déjà été bien étudié, Un autre facteur déterminant particulièrement concurrentiel,
on n’a plus qu’à l’appliquer, et contribue à la dynamique et et il faut préférer selon moi un
si cela ne marche pas, on peut au succès d’un réseau : le profil franchiseur visionnaire, qui saura
toujours demander de l’aide des partenaires franchisés. faire évoluer le concept avec
au réseau », explique cet ancien Le constat fait consensus : les le marché », conseille Rémy
directeur après-vente dans magasins sont tous gérés par des Sultan, coprésident du groupe
l’automobile, gérant de camping entrepreneurs, « avec en général Alphyr. Il ajoute : « La franchise
et vendeur de piscines. un sens commercial plus aiguisé est un système qui repose sur les
que dans une chaîne intégrée », échanges humains, il faut donc
Une bonne alchimie convient Guy-Noël Chatelin, voir [aussi] son futur franchiseur
relationnelle spécialiste de la distribution et comme un véritable allié de
Pour une enseigne, la franchise associé chez EY-Parthenon France. sa nouvelle vie d’entrepreneur,
autorise un développement Reste à réussir la bonne alchimie et [ainsi] s’assurer de partager
rapide sur l’ensemble du relationnelle entre les signataires les mêmes valeurs afin
territoire tout en limitant les du contrat. « Sur l’ensemble des d’établir une relation de
investissements, largement secteurs couverts par la franchise, confiance forte avec lui.»

6 LA COIFFURE LES SERVICES

5 LE BÂTIMENT
60 réseaux
1 596 franchisés
1,37 milliard
d’euros de CA
Ces réseaux recrutent
Piscines Desjoyaux (concepteur de
piscines ; apport : 25 000 euros),
Tryba (vente et pose de menuiseries
pour particulier ; apport :
40 000 euros), Attila (réparation,
entretien et maintenance de toiture ;
apport : 50 000 euros), Natilia
(construction de maison ossature
bois ; apport : 60 000 euros).
ET L’ESTHÉTIQUE
166 réseaux
7 402 franchisés
2,18 milliards
d’euros de CA
Ces réseaux recrutent
David & Son Esprit Coiffure
(salon de coiffure de standing ;
apport : 25 000 euros), Barber Men
(coiffeur pour hommes ; apport :
50 000 euros), Depil & Young
(épilation définitive, amincissement
et anti-âge ; apport : 20 000 euros),
Le Boudoir du regard (spécialiste
de la mise en beauté du regard ;
apport : 30 000 euros).
7L’ÉQUIPEMENT
DE LA PERSONNE
364 réseaux
7 114 franchisés
4,15 milliards
d’euros de CA
Ces réseaux recrutent
Catimini (vêtements pour enfants ;
apport : 30 000 euros), Jennyfer
(prêt-à-porter féminin ; apport :
50 000 euros), Fathers & Sons
(prêt-à-porter masculin ; apport :
60 000 euros), Cymbeline
(robes de mariée sur mesure ;
apport : 75 000 euros).
8 LA FORMATION
28 réseaux
322 franchisés
0,07 milliard
d’euros de CA
Ces réseaux recrutent
PermiGo (auto-école nouvelle
génération ; apport : 10 000 euros),
Anacours Soutien Scolaire
(cours particuliers, collectifs et
en ligne ; apport : 25 000 euros),
Berlitz (formation linguistique
et interculturelle ; apport :
50 000 euros), Kids&Us France
(école de langue pour enfants ;
apport : 60 000 euros).
9
AUX ENTREPRISES
127 réseaux
2 501 franchisés
0,99 milliard
d’euros de CA
Ces réseaux recrutent
Inwin (agence conseil en
stratégie digitale ; apport :
10 000 euros), Signarama (agence
de communication visuelle ;
apport : 30 000 euros), Mail Boxes
Etc. (expédition, graphisme,
impression, domiciliation ; apport :
40 000 euros), Temporis
(travail temporaire et intérim ;
apport : 60 000 euros).

*Sources : Banque Populaire/Fédération française de la franchise - 14e enquête annuelle de la franchise ; site de l’Observatoire de la franchise (observatoiredelafranchise.fr).

42
 Impôt : le bon régime
IMPÔT SUR LE REVENU OU IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS ?
C’EST AU DIRIGEANT QU’IL APPARTIENT DE CHOISIR.
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE CHAQUE FORMULE.

C
haque forme de société est sou-
mise de droit soit à l’impôt sur le
revenu (IR), soit à l’impôt sur les
sociétés (IS). Mais il est possible
d’opter pour l’un ou l’autre mode
EN CHIFFRES d’imposition. La façon dont sera
imposée la rémunération du diri-
n’a donc d’intérêt que pour les dirigeants béné-
ficiant d’une autre source de revenus (salaire du
conjoint, par exemple). Les déficits de l’entre-
prise viennent alors « gommer » les revenus du
foyer fiscal l’année même où ils ont été consta-
tés. Dans le cas contraire, l’option peut se révé-
ler défavorable, d’autant plus que le régime

28 %
C’est le taux de l’IS
geant découle du régime fiscal auquel l’entre-
prise est soumise. Lorsque cette dernière relève
de l’IR, les bénéfices réalisés s’ajoutent aux reve-
nus du foyer des dirigeants à hauteur de leur par-
change au bout de cinq ans.

L’impôt sur les sociétés

jusqu’en 2020 pour
les entreprises dont
le chiffre d’affaires
n’excède pas
7 630 000 euros et dont
les bénéfices sont
compris entre 38 120
et 500 000 euros.
Il baissera
progressivement
ensuite, pour passer
à 26,5 % en 2021
puis à 25% en 2022.
TROIS RAISONS D’ADHÉRER À UN CENTRE DE GESTION
Toute entreprise qui paie
des impôts peut adhérer
à un CGA (liste sur cga.fr).
A la clé, plusieurs avantages.
1. Le bénéfice imposable
de l’entreprise
adhérente à un CGA n’est
pas majoré de 25 %
pour le calcul de l’impôt.
L’IS présente l’avantage d’une grande liberté
ticipation au capital, et sont imposés par tranche. dans la gestion des déficits, reportables sans li-
A l’inverse, une société relevant de l’IS est taxée mitation de durée. Lorsque l’entreprise dégage-
sur ses profits. ra des bénéfices, les déficits des premières années
viendront en déduction. En outre, le taux d’im-
L’impôt sur le revenu position est plutôt faible : 15 % pour la première
Le résultat de l’entreprise est reporté sur la tranche (sur les 38 120 premiers euros de béné-
déclaration de revenus. Ce dispositif permet aux fices), 28 % pour des bénéfices compris entre
créateurs d’entreprise d’imputer sur le revenu 38 120 et 500 000 euros, et 33,33 % au-delà.
fiscal de leur foyer les pertes générées durant les « Quand l’activité est bénéficiaire et que le diri-
premières années d’activité. Les déficits ne sont geant associé n’a pas besoin des revenus de son
plus reportables au-delà de six ans : la mesure entreprise pour vivre, le choix de l’IS est souvent
gagnant », explique un avocat fis-
caliste associé au cabinet CMS
Bureau Francis Lefebvre. L’IS per-
met aussi des arbitrages intéres-
2. Les adhérents
bénéficient d’une
réduction d’impôt pour frais
dépenses et plafonnée à
915 euros par an.
sants, puisque la rémunération
peut être panachée entre salaire et
d’adhésion et de comptabilité
égale au montant des
3. La déduction du salaire
de votre conjoint : dividendes. Le salaire procure une
couverture sociale, le dividende
dépenses engagées pour
la tenue de la comptabilité
si vous êtes mariés sous
le régime de la communauté
de biens, vous pouvez
est peu assujetti aux charges so-
ciales : combiner les deux est sou-
et l’adhésion au CGA dans déduire 17 500 euros de sa
la limite des deux tiers des rémunération. vent plus avantageux que de voir
tous les bénéfices imposés à l’IR.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
Maîtrisez les règles
du jeu fiscal
LE CHOIX D’UN RÉGIME D’IMPOSITION
S’EFFECTUE EN FONCTION DE
VOS BESOINS, MAIS AUSSI DE VOS
PRÉVISIONS DE RÉSULTAT. PLUSIEURS
POSSIBILITÉS S’OFFRENT AUX
ENTREPRENEURS INDIVIDUELS.
ous avez maintenant défini une struc-
ture juridique et un régime social pour
votre entreprise. Il vous reste encore
une décision capitale à prendre : quel
régime fiscal choisir ? C’est en effet sou-
vent au créateur de se décider pour tel ou
tel mode d’imposition, à un moment où les
conséquences de ses choix sont difficiles à ap-
préhender. Vous trouverez dans les pages qui
suivent les avantages et inconvénients des dif-
férentes options possibles.
Microentrepreneur : deux modes
d’imposition
Deux régimes fiscaux sont proposés aux entre-
prises individuelles : le régime microentrepreneur
(issu de la fusion avec le régime de l’autoentre-
prise) et le régime réel. Depuis le 1er janvier 2018,
le régime microentrepreneur est réservé aux entre-
prises individuelles dont le chiffre d’affaires hors
taxes ne dépasse pas 170 000 euros pour les acti-
vités de commerce et de fourniture de logement
(hôtels, chambres d’hôtes, gîtes ruraux classés
en meublés de tourisme, meublés de tourisme)
et 70 000 euros pour les prestations de service et
les professions libérales. Le créateur a alors deux
possibilités pour calculer et payer son impôt : soit
en choisissant le régime micro classique, soit en
44
choisissant le versement libératoire de l’impôt
sur le revenu. Dans le premier cas, il lui suffit de
déclarer son chiffre d’affaires à la fin de chaque
année civile. Le fisc se charge ensuite de calcu-
ler le revenu imposable, en appliquant un abat-
tement de 71 % pour les commerces, 50 % pour
les autres entreprises relevant des bénéfices in-
dustriels et commerciaux (BIC) et 34 % si votre
activité est libérale, avec un minimum d’abatte-
ment de 305 euros. Le résultat (chiffre d’affaires
moins abattement) est imposé selon le barème
progressif de l’impôt sur le revenu. Le critère es-
sentiel de choix est donc le montant des charges
que l’on s’attend à supporter les premières années.
Si celui-ci est supérieur à l’abattement forfaitaire,
on a sans doute intérêt à renoncer à ce régime.
Versement libératoire :
prélevez l’impôt à la source
Dans le second cas – uniquement possible si le
revenu global du créateur est inférieur au plafond
de 26 818 euros par part de quotient familial (en
2018) –, il peut s’acquitter de l’impôt sur le reve-
nu généré par son entreprise en versant chaque
trimestre, ou chaque mois, un pourcentage du
chiffre d’affaires perçu. Ce montant est de 1 % si
l’activité est commerciale, de 1,7 % pour les pres-
tations de services de type BIC et de 2,2 % pour les
professions libérales. Le prélèvement de l’impôt est
donc simple, son montant modeste et son impact
quasi indolore en termes de trésorerie puisqu’il
est effectué après l’encaissement des recettes par
l’entreprise. Il s’agit d’une solution très favorable,
qui justifie à elle seule le choix du versement libé-
ratoire de l’impôt sur le revenu.
Le régime micro, comme d’ailleurs le verse-
ment libératoire, entraîne automatiquement l’exo-
nération de taxe sur la valeur ajoutée. L’entreprise
ne facture pas de TVA à ses clients et ne la récu-
père pas sur ses achats (dans la limite des plafonds
autorisés). Cette possibilité procure un avantage
concurrentiel non négligeable si l’on facture à des
particuliers ou à d’autres entreprises elles aussi
exonérées de TVA. A l’inverse, cela devient un
réel inconvénient si l’on achète des produits (sur
lesquels on ne bénéficie pas du remboursement
de la TVA) pour les revendre à des entreprises
qui seraient, elles, soumises à la TVA.
Si vous n’êtes pas spécialiste de ces questions,
il est tout particulièrement conseillé de solliciter
l’avis d’un comptable ou de rendre visite à votre
centre des impôts avant de vous décider pour
l’un ou l’autre de ces régimes.
Régime réel : déduisez vos coûts
de vos recettes
On se tournera vers le régime réel (simpli-
fié ou normal) dans trois cas de figure. D’abord,
parce qu’on y est obligé (à cause d’un dépasse-
ment des seuils de chiffre d’affaires). Ensuite,
parce qu’on souhaite être assujetti à la TVA. Enfin,
parce qu’on supporte des charges élevées que
l’on veut répercuter. Le régime réel consiste pour
l’entrepreneur individuel à déduire lui-même de
ses recettes les dépenses professionnelles pour
leur montant réel.
Pendant les premières années, ce régime peut
être avantageux, car les charges liées au démar-
rage de l’activité sont souvent lourdes. On peut
alors dégager un déficit, que l’on peut reporter
d’un exercice à l’autre sur plusieurs années, en
avant ou en arrière (carry-back), sous conditions.
Cela implique toutefois de tenir une comptabili-
té précise et exhaustive. Dans ce cas, le recours
à un centre de gestion agréé ou à un expert-
comptable professionnel s’impose.

LES RÉGIMES FISCAUX QUI CORRESPONDENT À CHAQUE FORME JURIDIQUE

STATUT DE L’ENTREPRISE MONTANT DU CHIFFRE D’AFFAIRES ANNUEL HORS TAXES (AU 1er JANVIER 2018)

Prestations Compris entre 70 000 €

De 0 à 70 000 € Supérieur à 238 000 €
Forme juridique de services et 238 000 €
de l’entreprise
Compris entre 170 000 €
Vente De 0 à 170 000 € Supérieur à 789 000 €
et 789 000 €
Régime
microentrepreneur. Régime du réel simplifié
Entreprise (bénéfices et TVA).
Dispense de la TVA.
individuelle Options possibles : Régime du réel normal
et EIRL Options possibles : - réel normal (bénéfices et TVA).
soumises à l’IR - réel simplifié ou réel (bénéfices et TVA) ;
normal (bénéfices) ; - mini-réel (TVA).
- paiement de la TVA.

EURL, SARL,  Régime du réel simplifié

SAS ou Sasu (bénéfices). Régime du réel simplifié
soumises (bénéfices et TVA).
à l’IR ou à l’IS ; Dispense de TVA. Régime du réel normal
Options possibles : (bénéfices et TVA).
 EIRL, EURL, Options possibles : - réel normal ;
SARL, SA, SAS, - réel normal (bénéfices) ; - mini-réel (TVA)
Sasu affiliées à l’IS - paiement de la TVA.

COMMENT LIRE LE TABLEAU ? Par exemple : vous êtes une EURL soumise à l’impôt sur le revenu (IR) qui effectue de la prestation de services avec un chiffre d’affaires
compris entre 70 000 et 238 000 euros, vous êtes soumis au régime du réel simplifié (bénéfices et TVA) avec options possibles (réel normal et mini-réel).

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
Votre protection
sociale à la loupe
DEPUIS LE 1ER JANVIER 2018,
LES TRAVAILLEURS INDÉPENDANTS NE
COTISENT PLUS AU RÉGIME SOCIAL
DES INDÉPENDANTS (RSI), MAIS SONT
SOUMIS AU RÉGIME GÉNÉRAL DE LA
SÉCURITÉ SOCIALE. POUR LE MEILLEUR…
I
nstauré en 2006, le RSI était l’interlocuteur
unique des travailleurs non salariés (TNS).
Entrepreneurs individuels, gérants d’EURL,
gérants majoritaires de SARL et associés de
SNC (société en nom collectif, statut réser-
vé à certains commerçants) : quelque 2,8 mil-
lions de personnes cotisaient au régime, qui
les couvrait en cas de maladie et de maternité.
Depuis le 1er janvier 2018, tous les indépendants,
quelle que soit la forme juridique de leur entre-
prise, dépendent du régime général (autrefois
réservé aux gérants minoritaires et égalitaires
de SARL et aux dirigeants de SA, SAS et Sasu)
par le biais d’un nouvel organisme : la Sécurité
sociale des indépendants (SSI). C’est un soula-
gement pour une majorité d’adhérents, car le
RSI, qualifié de « catastrophe industrielle » par
la Cour des comptes en 2012, souffrait de nom-
breux dysfonctionnements (appels de cotisations
erronés, encaissements non pris en compte ou
encore droits à la retraite non actualisés pour
plus du tiers des affiliés).
Intégration au régime général
Cette réorganisation consécutive à la réforme
de l’assurance maladie voulue par le gouverne-
ment, l’une des plus importantes depuis la
46
création de la Sécurité sociale en 1945, s’étale
toutefois sur deux ans ; des mesures transitoires
accompagnent la transformation jusqu’en 2020.
Ainsi, les missions du RSI sont progressivement
confiées aux trois branches du régime général :
la CPAM pour l’assurance maladie, la Carsat
(Caisse d’assurance retraite et de la santé au tra-
vail) pour la retraite de base, et l’Urssaf pour le
recouvrement des cotisations sociales. Et dans
l’intervalle, les agences de Sécurité sociale pour
les indépendants, les anciennes caisses régionales
du RSI, continuent d’intervenir pour le compte
du régime général. Concernant la protection so-
ciale, les remboursements de frais de santé et le
calcul de la retraite de base, déjà proche du ré-
gime général, ne changent pas. En revanche, le
« congé maternité unique » (c’est-à-dire l’aligne-
ment des droits des salariées et des non-salariées)
promis par Emmanuel Macron et prévu cette an-
née supposerait une meilleure prise en charge.
Accompagnement individualisé
La réforme s’appuie sur une feuille de route qui
garantit à terme « un système de sécurité sociale
efficient, souple, réactif et plus simple, avec moins
de formalités et de démarches à accomplir », d’une
part, et un accompagnement personnalisé des in-
dépendants dans leurs démarches, d’autre part.
Objectif avoué : aider les assurés dans les moments-
clés de leur vie professionnelle et personnelle (et
reléguer aux oubliettes les couacs du RSI). Dans
les faits par exemple, la SSI s’engage à trouver une
solution à toute problématique liée au versement
des cotisations (possibilité d’obtenir des délais de
paiement par anticipation, d’ajuster les cotisations
en fonction de l’activité en cours d’année, etc.).
 devenir constitue la troisième grande mesure
en faveur des travailleurs indépendants. Cette
année blanche procède en réalité d’un élargis-
sement de l’Aide au chômeur créant ou repre-
nant une entreprise (Accre).
Sur le plan de la santé et de la retraite, la SSI, Autrefois réservée aux demandeurs d’em-
qui assure le recouvrement des cotisations et ploi, aux bénéficiaires du RSA et aux jeunes de
contributions pour le compte des Urssaf, plaide 18 à 25 ans, l’Accre soutiendra désormais tous
pour une meilleure communication conjointe- les entrepreneurs qui se lancent. L’exonération
ment au développement de nouveaux services des charges dépendra du revenu annuel net lui-
et d’une politique de prévention (des risques pro- même indexé sur le plafond annuel de la sécu-
fessionnels par métier, notamment) adaptée. rité sociale (le Pass, estimé à 40 524 euros cette
année) : elle sera totale en cas de revenu infé-
Pas de cotisations la première année rieur à 75 % du Pass, soit 30 000 euros environ
Autre bonne nouvelle : en 2019, les créateurs (l’économie estimée sera alors de l’ordre de
ou repreneurs d’entreprise bénéficieront, sous 9 500 euros), et dégressive
condition, d’une exonération des cotisations pour un revenu compris entre Des mesures
sociales la première année. Avec la suppression
du RSI et la réduction des cotisations sociales
75 % et 100 %. La mesure qui
vise à stimuler l’entrepreneu-
transitoires
(partiellement financée par une hausse de la riat devrait profiter à plus de accompagnent
CSG), ce coup de pouce pour les patrons en 350 000 personnes. la transformation
jusqu’en 2020.  
DISPARITION DU RSI
CE QU’IL FAUT RETENIR
Vais-je continuer à percevoir cotisations qui leur donnent droit restent dues. Les travailleurs par la hausse de la CSG
mes prestations maladie aux prestations, conformément indépendants continuent de cependant).
et ma retraite ? aux lois en vigueur. En revanche, cotiser pour leur Sécurité sociale Puis-je contacter le régime
OUI. Les indépendants le recouvrement est désormais et peuvent toujours demander général ?
et leurs ayants droit continuent effectué par la Sécurité sociale un délai de paiement et un La Sécurité sociale des
de bénéficier des prestations des indépendants (SSI) affiliée au recalcul des cotisations sur une indépendants est votre nouvel
sociales pour lesquelles ils régime général. Le non-paiement estimation de leur revenu interlocuteur ; elle intervient
cotisent. Leur versement se des cotisations entraînerait de l’année en cours. Ils peuvent pour le compte de l’assurance
poursuit conformément aux lois une rupture dans la constitution gérer toutes leurs opérations maladie, l’assurance retraite
en vigueur. de droits (retraite en particulier), courantes sur le site et l’Urssaf.
Puis-je cesser de payer mes préjudiciable à l’assuré, qui Ma.secu-independants.fr Le site Secu-independants.fr
cotisations ? ferait l’objet d’une procédure Les cotisations augmenteront- (rubrique « Nous connaître »)
NON, il n’y a aucun de recouvrement contentieux. elles en intégrant le régime recèle un grand nombre
changement. Les indépendants Comment payer mes cotisations ? général ? d’informations, et vos démarches
bénéficient de la Sécurité sociale Les échéanciers de paiement NON, elles doivent même sont à effectuer sur
française par le paiement de restent d’actualité et les dettes baisser (une baisse compensée Ma.secu-independants.fr.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
2 Quelle forme juridique
adopter ?
Assurez vos arrières
avec des complémentaires
DÉCÈS, MALADIE, RETRAITE, CHÔMAGE… LES INDÉPENDANTS
COTISENT MOINS QUE LES SALARIÉS, MAIS ILS SONT AUSSI MOINS
BIEN PROTÉGÉS. POUR COMPENSER, ILS DOIVENT SOUSCRIRE
DES GARANTIES SUPPLÉMENTAIRES.
B
ien qu’affiliés au régime général,
plus protecteur que le RSI, depuis
le 1er janvier 2018, les indépen-
dants restent moins bien cou-
verts que les salariés. Notamment
pour les accidents, la retraite et
le chômage. Depuis la loi Madelin
de 1994, un certain nombre de cotisations sont
déductibles du revenu imposable. Cette loi traite
également de la couverture des arrêts maladie.
Arrêt maladie : une couverture utile
De fait, les entreprises en phase de démarrage
reposent souvent intégralement sur leur diri-
geant. Un problème de santé entraînant un ar-
rêt de travail peut avoir de graves conséquences
financières. Certains contrats couvrent les frais
de fonctionnement (loyer, électricité…) jusqu’à
100 000 euros en cas d’incapacité de travail, et
assurent au dirigeant le versement d’indemni-
tés journalières au-delà d’un certain délai de
franchise. Ce délai est extrêmement variable,
allant de trois jours, dans le meilleur des cas…
à six mois !
Les microentrepreneurs disposent de contrats
spécifiques. En général, les tarifs pratiqués par
les assureurs varient en fonction du chiffre d’af-
faires réalisé (avec un possible réajustement après
un ou deux exercices), de l’activité (les travail-
leurs du secteur du bâtiment souscrivent des
48
assurances à des prix plus élevés, par exemple) et
des garanties choisies. Compter 400 à 800 euros
par an pour une bonne complémentaire santé.
Retraite : une épargne indispensable
En tant qu’indépendant, vous toucherez, selon
les cas, entre 25 et 40 % de votre revenu moyen
des vingt-cinq meilleures années. C’est peu par
rapport à un salarié, mais équitable dans la me-
sure où vous cotisez moins que lui. Vous avez par
conséquent tout intérêt à épargner mensuelle-
ment en souscrivant une assurance-vie. Dans le
cadre de la loi Madelin, les versements sont dé-
ductibles de votre revenu imposable (la déduc-
tion reste toutefois plafonnée depuis la loi Fillon
de 2003), sous réserve que la sortie se fasse sous
forme de rente viagère imposable (et non en ca-
pital). Une fois réglée la question des frais d’en-
trée et de gestion, vous devrez trancher d’autres
points. Par exemple : avez-vous intérêt à opter
pour une assurance-vie investie en fonds sécu-
risés (plus sûre à l’approche de la retraite) ou en
actions (au rendement plus prometteur, mais à
réserver au début de carrière) ?
Autre point à examiner de près, les options en
termes de rente. Si vous êtes marié, vous opterez
de préférence pour une pension réversible qui
profitera à votre conjoint si vous décédez avant
lui. Attention : plus le pourcentage de réversion
est élevé, moins la pension sera importante.
 OÙ S’ADRESSER POUR SOUSCRIRE
UNE ASSURANCE PERTE D’EMPLOI
Ces organismes permettent aux chefs d’entreprise de souscrire une assurance
Vous pouvez aussi choisir une rente renforcée,
chômage qui interviendra en cas de dépôt de bilan.
par exemple, dans les six mois qui suivent la
L’APPI (Association pour la protection des patrons indépendants) assure
cessation d’activité.
de 55 à 100 % du revenu sur douze mois. www.appi-asso.fr
La GSC (Garantie sociale des chefs d’entreprise) offre une assurance de 55 à 70 %
Garantie perte d’emploi : un filet
du revenu et un forfait aux jeunes entreprises de moins de trois ans. www.gsc.asso.fr
de sécurité
April propose une « garantie chômage des dirigeants » de neuf à quinze mois,
Faute d’être pris en charge par Pôle emploi, les
représentant 50 ou 80 % de l’assiette garantie souscrite. pro.april.fr
entrepreneurs se trouvent dans une situation
précaire, surtout durant les premières années
d’exercice, quand le risque d’un dépôt de bilan
est élevé. Plusieurs organismes, comme l’APPI, la
GSC et April, proposent une assurance chômage annuelle de 409 euros qui, même en l’absence
perte d’emploi volontaire qui garantit un revenu de revenu, assure le versement d’une indemnité
en cas d’échec. Selon le taux de cotisation, les in- annuelle forfaitaire de 5 784 euros.
demnités couvrent de 50 à 100 % des revenus.
Ainsi, à la GSC, le taux de cotisation annuel dé- Assurance décès : un coût modéré
bute à 3 % du revenu professionnel net fiscal Personne n’aime imaginer le pire. Garantir une
(RPNF) de l’entrepreneur pour une indemni- protection sérieuse à ses proches en cas de décès
sation sur douze mois à hauteur de 55 % du- doit pourtant rester une priorité pour les indépen-
dit revenu. Dans le détail, un chef d’entreprise dants. « Mais les créateurs ne se préoccupent pas
au RPNF de 19 866 euros (soit un demi Pass en de ce qui peut leur arriver dans dix ans », constate
2018) percevrait une indemnité de 10 926 euros Patrick Julien, directeur général de Miltis et direc-
s’il perdait son emploi, en échange d’une cotisa- teur du développement chez Alptis Assurances.
tion de 596 euros. L’assureur propose aussi, sous Pourtant, bénéficier d’une couverture de longue
condition, aux créateurs ou repreneurs d’entre- durée n’est pas si onéreux : pour un capital ga-
prise, une formule simple avec une cotisation ranti de 100 000 euros, il faut compter entre 10
et 15 euros par mois dès 30 ans, et de 70 à 80 eu-
ros après 60 ans. Les fumeurs paient un surcoût
UNE FISCALITÉ ATTRAYANTE de l’ordre de 30 % sur les garanties décès, inca-
pacité ou invalidité. D’autres critères entrent en
Avec la loi Madelin, en tant qu’entrepreneur individuel ou gérant majoritaire, ligne de compte dans le calcul de la prime : sexe,
vous avez la possibilité de déduire de votre revenu imposable une partie âge, état de santé, pratique sportive…
des cotisations d’assurance perte d’emploi, jusqu’à 1,875 % du bénéfice
imposable (ou du revenu imposable pour le gérant d’une société soumis En tout état de cause, vérifiez que le montant que
à l’impôt sur les sociétés) pris en compte dans la limite de 8 Pass (soit vous aurez à débourser est calculé sur la base
317 856 euros en 2018). Une déduction plancher de 980 euros s’applique de votre âge au moment de l’adhésion et qu’il
si elle est supérieure à 1,875 % du bénéfice. En contrepartie, les indemnités ne changera pas. Vous trouverez cette charge
de chômage deviennent imposables au titre de l’impôt sur le revenu
des personnes physiques. Il est possible de ne pas opter pour la déductibilité lourde au départ, mais vous serez certain de ne
fiscale de la loi Madelin. Dans ce cas, les cotisations sont fiscalement pas voir la cotisation exploser au fil des ans. Les
intégralement soumises à l’impôt sur le revenu du chef d’entreprise, et les non-salariés peuvent déduire ces cotisations de
indemnités de chômage n’entrent pas dans le calcul de l’impôt du
bénéficiaire (exemple : situation du mandataire social).
leurs revenus imposables, à condition que les
garanties soient versées sous forme de rente.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

3 Votre projet
est-il
« bankable » ?
REDOUTABLE PHASE DE VALIDATION,
LA RECHERCHE DE FONDS
NE S’IMPROVISE PAS. APPRENEZ
À SÉDUIRE ET CONVAINCRE.
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Votre projet est-il
« bankable » ?
Construisez
votre business plan
LE CV FINANCIER DE VOTRE ENTREPRISE
DOIT VOUS SERVIR À AFFINER VOTRE IDÉE
ET, SURTOUT, À CONVAINCRE DE FUTURS
PARTENAIRES.
U
n entrepreneur doute rarement
des chances de succès de la start-
up qu’il rêve de créer. Pourtant,
quitte à égratigner ses certi-
tudes, il doit s’astreindre à un
travail essentiel : formaliser son
idée par écrit, de manière logique
et rigoureuse. Cette étape préalable à la créa-
tion se présente sous la forme d’un rapport dé-
crivant dans le détail la réalité économique et
financière du projet. Ce « business plan » (BP),
ou « plan de développement », est d’abord utile
au porteur de projet : il lui permet de tester
différentes hypothèses et l’oblige à s’assurer
que son intuition est bonne et qu’elle est aussi
viable ! « Il nous a servi à formaliser nos idées
30 PAGES MAXI POUR CONVAINCRE
Un business plan comprend partie est une présentation chiffrée des
généralement deux parties et dépasse perspectives financières, comprenant des
rarement une trentaine de pages. tableaux de bord prévisionnels. A cela
La première partie est un descriptif de s’ajoutent des annexes (lire page 58) qui
la future entreprise : quel besoin vient rassemblent les documents justifiant
combler le produit ou le service ? Qui porte la création de l’entreprise : témoignages,
le projet ? Quel est le business model ? articles, liste de prospects… Enfin,
Où en est la concurrence ? Quels sont les un résumé de deux pages, l’executive
besoins matériels, juridiques et humains ? summary, présente l’entreprise de manière
Quel est le planning envisagé pour les succincte pour permettre au lecteur de
premiers mois d’activité ? La deuxième se faire une opinion sur la valeur du projet.
52
et, finalement, c’est à partir de ce qu’il nous a
appris que nous avons décidé de nous lancer »,
témoigne le fondateur d’une conciergerie en
ligne destinée aux particuliers.
Créez trois scénarios pour piloter
votre développement
Rédiger un tel rapport est un travail fasti-
dieux, parfois ingrat, qui ne s’expédie pas en
deux heures. Il a, au contraire, vocation à évo-
luer, à être repris maintes et maintes fois selon le
degré de maturité du projet. N’hésitez pas à bâtir
trois scénarios : un optimiste, un raisonnable et
un pessimiste. Par la suite, lorsque l’entreprise
sera effectivement lancée, le BP deviendra un ou-
til de pilotage, destiné à vérifier que les objectifs
sont respectés et que l’entreprise se développe
au rythme prévu.
Calibrez votre plan selon
vos interlocuteurs
Le premier rôle du BP est de convaincre. Pour
Christophe Chausson, managing partner de
Chausson Finance, cabinet de conseil spéciali-
sé en recherche de fonds pour des entreprises
en création ou en développement : « Le busi-
ness plan est avant tout un outil de communica-
tion. Il est destiné à convaincre les financiers que
l’on souhaite associer au capital qu’il s’agisse de
banquiers, d’organismes délivrant des subven-
tions ou d’organisateurs de concours ainsi que
les hommes clés que l’on cherche à recruter. »
Ces interlocuteurs ne recherchent pas tous les
mêmes informations, mais tous veulent s’as-
surer du sérieux du projet et souhaitent jauger
l’enthousiasme des fondateurs. Le BP doit donc
 Votre but :
séduire.
Le business plan
idéal respecte
la « loi des 2 R » :
il fait rêver
les uns, rassure
les autres…   quelques lignes les points clés du projet. Précisez
réussir une synthèse équilibrée entre ces deux
composantes. Christophe Chausson recommande
d’appliquer ce qu’il appelle « la loi des 2 R » (pour
« rêver » et « rassurer »), en adaptant la présenta-
tion du document à l’interlocuteur : « Un capital-
risqueur veut de la croissance à deux chiffres ?
Faites-le rêver ! Une banque souhaite avoir l’as-
surance de récupérer ses fonds quoi qu’il arrive ?
Cherchez à la rassurer. »
A la fois résumé et avant-propos de votre BP,
l’executive summary doit être l’objet de toute votre
attention : certains de vos interlocuteurs ne liront
que lui ! Ce texte de deux pages doit donner en-
vie de se plonger dans le document complet. Il a
aussi vocation à être envoyé à vos correspondants
après une première approche téléphonique. Ses
destinataires types sont les leveurs de fonds, les
capital-risqueurs et les business angels, qui n’ont
pas de temps à perdre. L’executive summary leur
permet d’effectuer un premier tri parmi la masse
de dossiers reçus.
Soignez votre « executive summary »
Premier impératif de ce « résumé » : faire court
– deux pages maximum –, sans rien concéder
au confort de lecture. Le document doit rester
agréable à lire, aéré, constitué de paragraphes
courts qui se suivent logiquement. Un plan type
consiste à commencer par un en-tête qui com-
porte le nom de la future entreprise, son logo et,
idéalement, un slogan ou quelques mots résu-
mant son positionnement. Ensuite, expliquez en
quels sont les besoins non satisfaits que vous vous
apprêtez à combler. Décrivez votre produit ou
votre service en soulignant ce qui le différencie
de la concurrence. Puis présentez-vous, vous et
votre équipe. Ne vous bornez pas à mentionner
les postes que vous avez occupés précédemment,
expliquez plutôt en quoi ils vous ont rendu légi-
time pour mener à bien ce projet.
Sollicitez de l’aide pour la partie
financière
Enfin, passez aux enjeux financiers : avancez
quelques chiffres, en particulier les prévisions
de vente sur les deux ou trois premières années.
Et pensez à indiquer quel est votre « business
model », autrement dit par quels mécanismes
vous comptez gagner des marchés et générer des
profits. Se faire aider dans la rédaction de son
BP est une bonne idée : toutes sortes de profes-
sionnels sont en mesure d’apporter leur exper-
tise sur les aspects les plus techniques, en par-
ticulier la partie financière. Il peut s’agir d’un
expert-comptable ou d’un réseau d’accompa-
gnement à la création d’entreprise. Mais il ne
faut en aucun cas déléguer la responsabilité du
travail dans son ensemble. Le nouvel entrepre-
neur que vous êtes devra défendre lui-même,
le moment venu, chacun des points qui y sont
développés, ce qui implique d’en maîtriser les
moindres détails.
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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Votre projet est-il
« bankable » ?
Racontez une belle histoire
ENTREZ DANS LE VIF DU SUJET DÈS LE DÉBUT DE VOTRE
BUSINESS PLAN : DÉMONTREZ LA PERTINENCE DU PROJET
ET DÉTAILLEZ SA VALEUR AJOUTÉE.
INSPIREZ-VOUS
D’UN MODÈLE
EXISTANT
Plus de 500 exemples
de business plans,
bien réels et développés
en intégralité, sont
disponibles sur le site
Bplans.com.
Avantage : tous les
secteurs d’activité et tous
les types de projets y
sont représentés. Vous y
dénicherez par exemple
les business plans d’un
site d’e-commerce,
d’une société de conseil,
et même… d’une
compagnie aérienne
si l’envie vous venait
de vous lancer dans
ce secteur d’activité.
Inconvénient :
ce site est uniquement
en anglais.
54
L
a première partie du business plan, appelé
aussi plan de développement ou plan d’af-
faires, est consacrée à la description et à la
mise en valeur du projet et des personnes
qui le portent. La part du rédactionnel y
est importante, mais il est recommandé
d’illustrer le
texte par des Expliquez
éléments chiffrés, des ta-
bleaux, des graphiques ou
dès la
des photos. Quelles informa- première page
tions y faire figurer ? « Tous le manque que
les éléments qui justifient la
création de l’entreprise. Mais va combler votre
efforcez-vous d’être concis. entreprise.  The Artist Academy ont ac-
La qualité première pour ré-
diger un bon business plan, c’est l’esprit de syn-
thèse », prévient le gérant d’un cabinet de conseil
spécialisé dans l’aide à la création d’entreprise.
Il n’existe pas de plan type : il doit être original,
et adapté aux spécificités du produit ou du ser-
vice que l’on désire développer.
Allez à l’essentiel
« Pourquoi créez-vous cette société ? A quel
besoin répond votre initiative ? Quel problème
allez-vous résoudre pour votre client ? Voilà les
réponses que je souhaite obtenir lorsque je lis un
business plan », explique un managing partner
d’iSource, une société de capital-risque spécia-
lisée dans les entreprises en création et en phase
de développement. Expliquez dès la première
page le manque que va combler votre entreprise.
Même s’il s’agit d’une innovation sur une niche,
sa présentation doit être intelligible. C’est le fa-
meux pitch : votre idée, aussi complexe soit-elle
à mettre en œuvre, doit pouvoir se résumer en
une seule phrase et laisser devenir le potentiel de
business qui se trouve derrière. « Vous avez peut-
être, comme 400 000 Français, une ébauche de ro-
man qui dort dans un tiroir ?
Et si vous demandiez à l’écri-
vain Eric-Emmanuel Schmitt
de vous aider à le terminer ? »
C’est ainsi qu’Evelyne Platnic
Cohen, Marjorie Leblanc
Charpentier et Sophie de
Parseval, les fondatrices de
croché les investisseurs et
réussi à lever 900 000 euros auprès de onze busi-
ness angels pour lancer leur plateforme de cours
en ligne qui propose des masterclasses virtuelles
avec des artistes et sportifs de renom.
Luca Verre, brillant ingénieur, eu l’idée d’uti-
liser des travaux de l’Institut de la vision pour
repenser totalement le mode d’acquisition des
informations visuelles par les caméras et cap-
teurs d’image. Pour convaincre les investisseurs,
il ne se lance pas dans des explications détail-
lées sur la technologie elle-même, mais sur ce
qu’elle change : alors que ses concurrents aug-
mentent sans cesse la puissance de calcul pour
leurs caméras, les siennes, en ne traitant que
l’information pertinente, sont, par exemple, 20
à 30 fois plus rapides pour détecter un piéton
qu’une caméra classique. Un énorme avantage
sur le marché colossal des véhicules autonomes,
objets connectés, caméras embarquées… estimé
à 54 milliards de dollars à l’horizon 2023. Avec
sa start-up Prophesee, il a ainsi réussi à lever…
19 millions de dollars début 2018 !
Décrivez le profil des créateurs
et de leurs éventuels partenaires
C’est LE critère essentiel de sélection : « Pour les
investisseurs, l’homme qui porte le projet est au
moins aussi important que le projet lui-même »,
avertit Laurence Piganeau, consultante à l’Agence
France Entrepreneur (AFE). Le document doit
donc mettre en valeur l’expérience profession-
nelle du ou des dirigeants. Pour les jeunes créa-
teurs qui n’ont pas de carrière derrière eux, avoir
gagné un trophée ou participé à un programme
d’accélérateur sont de bons moyens de rassurer.
Lorsque le créateur est accompagné d’un ou
plusieurs partenaires, il est indispensable de les
présenter de façon aussi précise que possible : ex-
périence, compétences, complémentarité avec
vous… « L’idéal, dans une start-up, c’est un pro-
fil geek pour le côté technique, et un profil mar-
keting, pour la gestion », recommande Benoît
Galy, auteur de Bien s’associer pour mieux entre-
prendre (Leduc.s Editions). Inclure un organi-
gramme est une bonne façon de mettre en évi-
dence les spécialités de chacun et la façon dont
seront distribués les rôles. Si des seniors recon-
nus dans votre secteur d’activité participent à la
création de votre entreprise – en tant que conseils
occasionnels, parrains, investisseurs ou soutiens
financiers –, ne vous privez pas de le mentionner.
Faites ressortir la valeur ajoutée
de votre produit
Suite naturelle de la partie précédente, le créa-
teur doit présenter en détail son produit. « Les
investisseurs abusent en ce moment d’un terme
qui a le mérite de bien dire ce qu’il veut dire : la
“rupture” », prévient Nicolas Fritz, directeur des
opérations chez Content Square, une société qui
analyse le comportement des internautes, et au-
teur, avec Raphaël Boukris, de Les Business Angels :
guide des bonnes pratiques à l’usage des investis-
seurs et des entrepreneurs (Pearson). Autrement
dit, qu’est-ce qui différencie votre offre de la
concurrence ? Appuyez votre démonstration en
joignant en annexe des photos de prototypes ou
des maquettes s’il s’agit d’un site Internet.
Autre élément de cette partie du business plan
à ne pas oublier : l’étude de marché réalisée lors
de la phase précédente (lire page 16). Ses conclu-
sions seront reprises et détaillées. Elle doit per-
mettre de mesurer à la fois les caractéristiques
de la demande (volume, clientèle, localisation,
solvabilité, degré de satisfaction) et celles de
l’offre (parts de marché des concurrents). Et ain-
si de mieux comprendre votre positionnement.
Enfin, quels que soient l’originalité et le carac-
tère innovant de votre produit ou de votre ser-
vice, vous devez identifier clairement vos futurs
concurrents, existants ou potentiels. Pour cela,
fréquentez les foires et les salons professionnels.
C’est un excellent moyen pour réunir des infor-
mations et de la documentation, mais aussi pour
comprendre comment les autres travaillent et donc
mieux préciser votre avantage concurrentiel.
UN TON JUSTE ET UNE PRÉSENTATION CLAIRE
Ne cherchez pas à faire de la littérature. Votre business plan doit
commencer par une partie rédactionnelle. Trois écueils à éviter :
TROP DENSE anglicismes aussi. TROP ENTHOUSIASTE
Évitez les phrases trop Il peut être tentant Oubliez les points
longues, aérez votre de montrer que d’exclamation, les
dossier et illustrez vous connaissez couleurs flashy, les
(tableaux, graphiques, bien le milieu slogans mirobolants, du
dans lequel vous genre : « Investissez dans
photos, schémas).
vous lancez, l’Amazon de demain ! »
TROP TECHNIQUE mais vous risquez Un ton un peu décalé est
Le jargon professionnel de décourager possible s’il correspond
doit être proscrit, les vos lecteurs. à votre personnalité.
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3 Votre projet est-il
« bankable » ?
Chiffrez les étapes
de votre croissance
LES TABLEAUX FINANCIERS
DÉTERMINENT LA VIABILITÉ FINANCIÈRE
DE VOTRE PROJET ET, SURTOUT,
SA CAPACITÉ À DÉGAGER DU CASH.
T
raduction chiffrée des objectifs décrits
dans votre business plan, les tableaux
de bord financiers seront épluchés attenti-
vement par les partenaires que vous sollici-
terez. Ils aident à répondre à deux questions
cruciales : la société est-elle susceptible de
dégager des profits ? De quelle trésorerie
va-t-elle disposer ? Ces prévisions doivent repo-
ser sur des hypothèses cohérentes avec les élé-
ments fournis dans la première partie du plan.
Cette deuxième partie comprend en général quatre
tableaux prévisionnels (lire pages 60 et 61) et doit
faire apparaître deux ratios, le besoin en fonds de
roulement et le seuil de rentabilité.
1. Le plan de financement initial
Il permet de chiffrer le projet au démar-
rage en mettant en regard les sommes dont vous
disposez et l’emploi auquel vous les destinez.
C’est un document à deux colonnes : d’un côté,
les ressources ; de l’autre, les besoins ou emplois.
Les deux doivent être équilibrées.
Le compte de résultat
prévisionnel
Fondamental pour savoir si la future société sera
bénéficiaire, le compte de résultat prévisionnel
– établi sur trois exercices – présente les grands
postes de charges (dépenses hors investissement)
56
d’une part, et de produits (recettes) d’autre part.
Côté produits, la ligne essentielle est celle des
ventes. « C’est souvent sur ce point que les por-
teurs de projet fournissent le moins de détails,
constate Christophe Chausson, managing par-
tner de Chausson Finance. On tombe alors sur
des comptes déséquilibrés, avec des dizaines de
lignes dans la rubrique des charges ! » Faites l’in-
verse : donnez du volume à votre chiffre d’affaires,
en segmentant vos estimations de recettes et en
différenciant selon la localisation de la clien-
tèle ou la nature de vos produits et services. Vos
chiffres doivent être cohérents avec l’étude de
marché présentée en première partie du plan.
Estimez ensuite les moyens nécessaires pour at-
teindre les objectifs : salaires et charges sociales,
achats de matières premières, loyers, assurance…
sans oublier la dotation aux amortissements : il
ne s’agit pas de véritables dépenses, mais de la
constatation de la dépréciation des biens d’équi-
pement. En soustrayant ces dépenses du chif-
fre d’affaires prévu, vous pouvez estimer le ré-
sultat d’exploitation, qui donne un aperçu de la
viabilité du projet. Le résultat net est négatif ?
Normal… au départ.
3. Le plan de trésorerie
Etablir un plan de trésorerie rebute sou-
vent le créateur d’entreprise. Pourtant, il in-
téresse particulièrement les créanciers, car la
trésorerie est souvent le maillon faible d’une
société qui démarre… Une trésorerie négative
non couverte par un financement entraîne la
cessation de paiement. Il faut donc établir, mois
par mois, les entrées et les sorties d’argent de
la première année, voire des dix-huit premiers
mois. Les entrées sont comptabilisées en tenant
compte de la date d’encaissement ou de décais-
sement effective. Vous pourrez adapter la du-
rée des emprunts nécessaires pour couvrir vos
besoins ou, si le solde est positif, placer l’argent
à court terme et augmenter ainsi votre résultat.
Le plan de financement à trois ans
Ce document permet de vérifier si, sur
les trois premières années, les ressources finan-
cières durables équilibrent les besoins financiers
durables, et ce à la fin de chaque exercice. Il est
élaboré comme le plan de financement initial,
mais il intègre les nouveaux besoins durables et
ressources financières qui vont apparaître.
Pour la première année, vous reprendrez les
données répertoriées dans le plan de finance-
ment initial. Vous y ajouterez les éléments sur-
venus au cours de l’exercice, notamment les res-
sources propres générées par l’activité. Pour les
années 2 et 3, seuls les éléments apparus dans les
besoins ou les ressources durables seront repris
(progression du besoin en fonds de roulement,
nouveaux apports ou crédits…). Ce tableau per-
met d’anticiper le niveau d’endettement, la ca-
pacité de remboursement à moyen terme et les
tours de table ultérieurs.

2 CONCEPTS FINANCIERS À CONNAÎTRE SUR LE BOUT DES DOIGTS

LE BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT (BFR), CLÉ DE VOÛTE DE VOTRE SURVIE FINANCIÈRE
POSTE EXPRIMÉ EN… Le besoin en fonds de roulement en financement à l’AFE. Le BFR
représente le montant moyen comprend en général trois éléments.
Nombre de jours nécessaire pour faire tourner Tout d’abord, le montant du stock
Stocks l’entreprise en attendant d’encaisser
d’achats en stock moyen nécessaire à l’activité de
le produit des ventes. Evidemment, l’entreprise (matières premières,
Nombre de jours au fur et à mesure que l’on vend des marchandises, produits finis). Ensuite,
+ Crédit clients produits, il faut reconstituer le stock.
de chiffre d’affaires en le montant des encours moyen des
(créances) Seule solution pour couvrir ce
crédit clients créances clients. Le BFR est accru par
besoin : des capitaux permanents.
« Comme les banques refusent le les délais accordés aux clients. Enfin,
- Crédit fournisseurs Nombre de jours d’achats le montant des encours moyen des
(dettes) en crédit fournisseurs plus souvent de prêter pour couvrir le
BFR, il faut recourir à des capitaux dettes fournisseurs. Le crédit accordé
propres ou à des quasi-fonds par les fournisseurs constitue une
= Besoins en fonds de Nombre de jours de chiffre propres : des prêts d’honneur par bouffée d’air salutaire qui vient
roulement (BFR) d’affaires exemple », explique une consultante réduire le BFR.

LE SEUIL DE RENTABILITÉ, POINT À PARTIR DUQUEL VOUS GAGNEZ DE L’ARGENT

Chiffre d’affaires (CA) Ce seuil de rentabilité (point mort),
ou break even en anglais, correspond
Charges fixes (CF) au niveau de chiffre d’affaires
au-dessus duquel l’entreprise sera
Charges variables (CV) bénéficiaire. Pour l’évaluer, on
distingue généralement les charges
Marge sur coût variable (MCV) = CA - CV
fixes, qui ne dépendent pas du
Taux de marge = MCV/CA niveau d’activité (comme le loyer),
des charges variables (frais de
livraison, par exemple). Cette
distinction vous permettra aussi
d’estimer la marge sur coût variable
et le taux de marge. Vous pourrez
alors opérer des arbitrages sur le prix
pratiqué ou le nombre de ventes
nécessaires pour vous en sortir.

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3 Votre projet est-il
« bankable » ?
RESSOURCES
EN LIGNE
Le Guide du business
plan. Base de
documentation complète
et gratuite sur les sujets
liés à la construction d’un
plan d’affaires (guide-du-
business-plan.fr).
Manager Go !
Savoirs et savoir-faire
pour cadres et dirigeants
pressés. Site sur
les meilleures pratiques
du management
et de l’entrepreneuriat
(manager-go.com, section
Création d’entreprise :
business-plan).
5 OUVRAGES POUR VOUS
AIDER À BÂTIR VOTRE BUSINESS PLAN
1. Construire
son business plan,
Catherine Léger-Jarniou
et Georges Kalousis,
2017 (4e édition),
Dunod, 23 euros.
2. De l’idée au business
plan, Robert Papin, 2017,
Dunod, 16,90 euros.
58
Soignez vos annexes
en valorisant l’info utile
TOUS LES ÉLÉMENTS SUSCEPTIBLES D’ASSEOIR
VOTRE CRÉDIBILITÉ SONT À REGROUPER À LA FIN
DE VOTRE DOSSIER. MAIS GARE AU REMPLISSAGE !
P
our convaincre ses futurs parte- exemples concrets qui illustrent ce que vous
naires, l’entrepreneur doit réu- avez déjà réalisé », conseille un business angel.
nir le maximum de preuves de la En glissant dans leur dossier de présentation la
faisabilité de son projet. Une lettre liste des produits qu’ils comptaient acheter et
d’intention signée par un gros client les devis des fournisseurs correspondants, les
potentiel est du meilleur effet. Toutefois, créateurs de l’épicerie fine en ligne Edélices.com
pour ne pas alourdir le business plan (BP), il avaient marqué des points. « Il s’agissait de mon-
est d’usage de regrouper l’ensemble de ces docu- trer que notre réflexion était déjà très avancée, et
ments en annexe. Composée d’éléments chiffrés que nous étions prêts à démarrer tout de suite »,
et descriptifs, l’annexe vient étayer les affirma- explique Gilles Muller, l’un des cofondateurs.
tions et les hypothèses du BP. Son but ? Rassurer
le lecteur sur la viabilité – et a fortiori la rentabi- Utilisez la concurrence
lité – de l’entreprise. S’appuyer sur la concurrence – pour mieux la
vaincre ensuite – peut être pareillement utile.
Privilégiez le concret Pour les dirigeants d’Edélices.com, dévoiler le
Fournissez des informations en lien direct avec compte de résultat d’une entreprise rivale « a per-
le BP, ne cédez pas à la tentation du remplissage. mis de prouver que [leur] projet tenait la route : il
« Inutile de vous répéter, et choisissez plutôt des montrait que [leurs] prévisions de ventes n’étaient
pas fantaisistes. » Insérer votre étude de marché,
les lettres de recommandation et autres contrats de
partenariat, des illustrations des premières réali-
sations de l’entreprise, des maquettes de site Web,
le CV des associés… est généralement bien vu.
3. Réussir mon premier et Paul Tiffany, 2016,
business plan, First, « Nuls en Poche », Évitez l’aspect bric-à-brac
Fabrice Carlier, 2018 11,95 euros. « On voit trop de business plans aux annexes
(7e édition), Studyrama,
5. Réussir son business sans aucun intérêt », regrette un consultant spé-
13,90 euros.
plan. Méthodes, outils cialisé en création d’entreprise. Soyez sélectif
4. Construire un
business plan pour et astuces, Michel Sion, et ordonné, c’est essentiel. Par exemple, faites
les nuls, Amine Chelly, David Brault, 2016 précéder vos annexes soigneusement paginées
Emmanuel Frémiot, (4e édition), Dunod, d’un sommaire pour un accès rapide à l’infor-
Steven D. Peterson 29 euros.
mation recherchée.
 JONGLER AVEC LES TABLEAUX FINANCIERS VOUS
PERMETTRA DE VALIDER LA VIABILITÉ DE VOTRE PROJET
ET DE PRÉVOIR SEREINEMENT L’AVENIR.
Anticipez vos rentrées
et vos sorties d’argent
L
’achat d’un ordinateur doit-il être consi-
déré comme une charge ou comme un in-
vestissement ? Faut-il présenter le chiffre
d’affaires toutes charges comprises ou hors
taxes ? Compléter soi-même un compte de
résultat ou un plan de financement
soulève de multiples questions pour
qui ne s’est jamais intéressé à la comptabilité.
Pourtant, s’atteler à cette tâche reste, et de loin,
le meilleur moyen pour un créateur d’entreprise
de se familiariser avec des concepts qu’il devra, à
un moment ou à un autre, défendre en personne
devant des financiers pas toujours bienveillants.
Vous trouverez, dans les pages qui suivent,
quatre tableaux commentés qui résument la
structure et la logique de ces documents chiffrés,
4 LOGICIELS
DE 0 À 140 € POUR CRÉER
VOS TABLEAUX FINANCIERS
Montpellier Business Plan Classic. Gratuit.
Téléchargeable sur montpellier-business-plan.com
EBP Business Plan Création Pratic 2018.
49 euros HT. Comprend une heure d’initiation et un
an d’assistance en ligne. boutique.ebp.com
StartMyStory. Gratuit. Business plan en ligne.
startmystory.fr
Business Plan Pro Premier. Environ 140 euros
TTC (en anglais). Téléchargeable sur paloalto.com/
business_plan_software
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élaborés à partir d’un exemple de société fic-
tive. Si vous vous sentez vraiment démuni, sa-
chez qu’il existe de multiples moyens de vous
faire aider. Le réseau BGE, les chambres de
commerce et d’industrie ou les chambres de
métiers et de l’artisanat ont vocation à trans-
mettre leurs connaissances par secteur d’acti-
vité. Il existe aussi des associations d’aide aux
créateurs, comme la Pivod (créée en 1986) ou
l’Ecti (3 000 bénévoles), où des cadres en pré-
retraite ou à la retraite sont à votre disposition
pour vous épauler.
Soignez vos chiffres… mais soyez prêt
à tout recalculer
Les professionnels auxquels vous allez sou-
mettre votre business plan vous feront sans doute
des retours sur votre montage financier et sur la fa-
çon dont vous avez présenté vos chiffres. N’hésitez
pas à revoir votre copie le cas échéant. « Presque
à chaque fois, nous mettons de côté le business
plan apporté par le créateur d’entreprise pour tout
recalculer en tête à tête avec les porteurs de pro-
jet qui nous ont séduits », raconte un managing
partner de la société de capital-risque iSource.
La tâche des entrepreneurs est grandement
facilitée par des logiciels accessibles aux néo-
phytes. Leur prix est abordable (lire encadré
ci-contre), car il s’agit généralement de pro-
duits d’appel, censés inciter le chef d’entreprise
à adopter ensuite les logiciels de comptabilité
plus complets de la marque.
59
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

3 Votre projet est-il

« bankable » ?

Les 4 tableaux fondamentaux

pour vous familiariser avec la gestion
Voici une société de prestation de services qui espère réaliser un CA de 125 000 euros la première année, avec un capital de départ de
25 000 euros. A quoi pourraient bien ressembler ses tableaux de financement ? Petit exemple illustré pour vous familiariser avec les outils
indispensables du business plan : plans de financement – initial et à trois ans –, compte de résultat prévisionnel et plan de trésorerie.

1. PLAN DE FINANCEMENT INITIAL (EN EUROS)

RESSOURCES EMPLOIS
Apports en fonds propres 25 000 Frais d’établissement 6 000
Subventions 5 000 Investissements 20 000
Dettes à moyen et long terme 20 000 Besoin en fonds de roulement 16 000
Capacité d’autofinancement – 8 000 Remboursement emprunt 0
– – Dividendes 0
TOTAL RESSOURCES 42 000 TOTAL EMPLOIS 42 000
BESOIN DE FINANCEMENT 0
SOLDE CUMULÉ 0
LES INVESTISSEMENTS. Cette rubrique rassemble tous les investissements durables que vous allez effectuer : par exemple, l’achat d’un fonds
de commerce, le droit au bail, le matériel de bureau et informatique, les véhicules, les apports en nature (brevets, licences…). Ils sont indiqués
en hors taxes (HT). L’achat de biens ou de services non durables (consommables, matières premières, prestations de conseil…) n’est pas inclus
dans le montant des investissements.

2. COMPTE DE RÉSULTAT SUR TROIS ANS (EN EUROS)

1re ANNÉE 2e ANNÉE 3e ANNÉE
CHIFFRE D’AFFAIRES 125 000 200 000 320 000
Avec les particuliers 100 000 150 000 240 000
Avec les entreprises 25 000 50 000 80 000
CHARGES 135 000 185 000 280 000
Achats et approvisionnements 25 000 35 000 50 000
Salaires 50 000 70 000 120 000
Frais administratifs et commerciaux 35 000 50 000 75 000
Charges externes 20 000 25 000 30 000
Dotation aux amortissements 5 000 5 000 5 000
RÉSULTAT D’EXPLOITATION – 10 000 15 000 40 000
Frais financiers 3 000 4 000 3 000
Impôts et taxes 0 0 5 000
RÉSULTAT NET – 13 000 11 000 32 000

LES SALAIRES. Cette rubrique inclut la rémunération du dirigeant. Dans une entreprise individuelle (sans salarié), c’est le résultat qui constitue
la rémunération du créateur, et seules les cotisations sociales sont comptabilisées.
LES AMORTISSEMENTS. La dotation aux amortissements répartit la charge d’un investissement sur plusieurs années.

60
3. PLAN DE TRÉSORERIE (EN EUROS)
SUR 18 MOIS 1ER MOIS 2e MOIS 3e MOIS 4e MOIS … 18e MOIS
ENTRÉES
Apport de capitaux 25  000 0 0 0
Subventions 0 0 5 000 0
Dettes à moyen et long terme 0 0 10 000 10 000
Encaissement des ventes 0 0 3 000 17 000
TOTAL DES ENTRÉES (A) 25 000 0 18 000 27 000
SORTIES
Investissements 10 000 10 000 0 0
Remboursement de dettes 0 0 0 0
Charges d’exploitation 10 000 10 000 12 000 12 000
Frais financiers 0 100 200 300
TOTAL DES SORTIES (B) 20 000 20 100 12 200 12 300
BESOIN DE TRÉSORERIE (B - A) – 5 000 20 100 – 5 800 – 14 700
À REPORTER LE MOIS SUIVANT – 5 000 15 100 9 300 – 5 400
ENREGISTREZ UNIQUEMENT L’ARGENT ENCAISSÉ OU DÉCAISSÉ. Le plan de trésorerie ne tient compte que des recettes et des dépenses
encaissées et payées. Un besoin de trésorerie négatif (par exemple, moins 14 700 euros le 4e mois) signifie que l’entreprise a de l’argent en caisse.

4. PLAN DE FINANCEMENT À TROIS ANS (EN EUROS)

RESSOURCES 1re ANNÉE 2e ANNÉE 3e ANNÉE
APPORTS EN FONDS PROPRES 25 000 0 0
Subventions 5 000 0 0
Dettes à moyen et long terme 20 000 0 10 000
Capacité d’autofinancement – 8 000 16 000 36 000
TOTAL RESSOURCES (A) 42 000 16 000 46 000
EMPLOIS
Frais d’établissement 6 000 0 0
LA CAPACITÉ
Investissements 20 000 5 000 5 000 D’AUTOFINANCEMENT.
Besoin en fonds de roulement (BFR) 16 000 20 000 24 000 Pour la calculer, il faut
ajouter au résultat
Remboursement emprunt 0 2 000 3 000 net (11 000 euros la 2e
Dividendes 0 0 4 000 année, voir tableau n° 2)
la dotation
TOTAL EMPLOIS (B) 42 000 27 000 36 000 aux amortissements
BESOIN DE FINANCEMENT (A - B) 0 – 11 000 10 000 (5 000 euros), qui
ne correspond pas
SOLDE CUMULÉ EN N + 1 0 – 11 000 – 1 000 à un décaissement réel.

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 61

CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

4 Trouver les bons

financements

CROWDFUNDING, SUBVENTIONS
DE L’ÉTAT, BUSINESS ANGELS, LOVE
MONEY… TOUS LES DISPOSITIFS D’AIDE
À LA CRÉATION À VOTRE PORTÉE.
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

3 Trouver les bons

financements

Visez large dès le départ

LE SUCCÈS SUR LA DURÉE D’UNE
ENTREPRISE DÉPEND EN GRANDE PARTIE
DES FONDS QUE LE CRÉATEUR PARVIENT
À RÉUNIR AVANT DE SE LANCER.

L
a pérennité d’un business dépend beau-
coup des moyens financiers mobilisés
au départ : les sociétés créées avec plus
de 80 000 euros survivent à 80 %, contre
60 % pour celles démarrant avec moins
de 2 000 euros, selon une enquête de l’In-
see. La recherche de financement
doit donc être préparée avec soin
et répondre à des besoins précis. Jean-Philippe La plupart des investisseurs exigent des por-
Deltour, cofondateur de Creditrelax, société de teurs de projet qu’ils sortent de leur poche une
courtage en financement, se souvient encore de partie des fonds pour prouver leur implica-
ce créateur qui lui avait demandé 800 000 eu- tion. Sont considérés comme apports person-
ros « pour tenir la première année ». Gonflé ! Et nels l’argent détenu en propre par les associés,
exemple à ne pas suivre, bien sûr. mais aussi les sommes collectées auprès des
proches – appelées love money. Cet apport per-
Expliquez précisément à quoi seront met d’améliorer la capacité d’emprunt de l’en-
destinés les fonds treprise. Il est conseillé de solliciter des prêts
La règle impérative pour convaincre vos par- d’honneur : accordés à titre personnel au créa-
EN CHIFFRES tenaires potentiels consiste à leur expliquer dans teur de l’entreprise, ils sont considérés comme
le détail à quoi vont être consacrés les fonds. « Ils des fonds propres.

80%
veulent garder la liberté de financer les projets
qui leur plaisent et répondent à leurs attentes en
termes de retour sur investissement », insiste une
C’est le taux de survie consultante en financement à l’Agence France
des sociétés créées avec Entrepreneur (AFE).
plus de 80 000 euros, Les banquiers prennent plutôt en charge les
contre 60 % pour immobilisations corporelles (un ordinateur, par
celles démarrant avec exemple), les fonds de commerce et l’immobilier.
moins de 2000 euros.
Bpifrance, la Banque publique d’investissement,
financera l’amorçage, la trésorerie ou l’innovation.
Les investisseurs de proximité, eux, couvriront
plutôt les dépenses de recrutement. Le plan de
financement doit détailler l’emploi de cet argent.
Effectuez un démarchage sérieux
et ciblé
Il est temps de solliciter les professionnels.
« La recherche de financement est un parcours
nécessaire, car elle conforte la vision du porteur
de projet », souligne un responsable des Banques
populaires. Les sources de financement sont
légion, et chaque sollicitation vous prendra du
temps. Déterminez un plan d’action et travail-
lez de préférence par téléphone pour jauger vos
chances de succès avant de déposer un dossier
en bonne et due forme.

64
Disponible sur Disponible sur
CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Trouver les bons
financements
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SUBVENTIONS, PRIMES, PRÊTS BONIFIÉS, EXONÉRATIONS… IDENTIFIEZ
TOUS LES DISPOSITIFS EN FAVEUR DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE.
ET PRÉVOYEZ LE TEMPS NÉCESSAIRE POUR PRÉPARER VOS DOSSIERS !
L
e créateur d’entreprise français est chan-
ceux par rapport à ses homologues anglais,
suédois ou même américains. Sur le plan
des aides et des subventions destinées à
soutenir les initiatives entrepreneuriales,
les dispositifs hexagonaux sont légion. Il
en existe plusieurs milliers, répartis sur
tout le territoire et pour tous les types
de sociétés. Charline Goutal,
jeune diplômée de l’Essec, en
a bien profité lorsqu’elle a décidé de créer, en
2013, une marque de lingerie humoristique haut
de gamme, Ma P’tite Culotte. « J’avais besoin de
liquidités pour lancer ma première collection,
mais aussi de réserves pour pouvoir vivre pen-
dant la période de lancement. J’ai obtenu un
prêt d’honneur de 30 000 euros et j’ai profité du
versement de mes allocations-chômage
pendant plus d’un an. »
Le cas de cette créatrice est
loin d’être isolé. Aujourd’hui,
en effet, la majorité des entre-
preneurs consolident le finan-
cement de leur projet en s’ap-
puyant sur des montages combinant prêt à taux
zéro, garantie bancaire et subventions. Le soutien,
de plus en plus efficace, des réseaux d’accompa-
gnement n’est pas étranger à cette surenchère.
« Quand les créateurs d’entreprise viennent nous
voir, nous analysons avec eux les aides mobili-
sables et nous mettons en place des schémas de
66
financement adaptés. Ce qu’ils viennent chercher
chez nous, ce sont des repères et, évidemment,
des conseils », souligne un expert chez France
Active (financement solidaire). A condition de
procéder par étapes et de respecter un certain
nombre de règles précises, vous devriez y par-
venir à votre tour.
Amorcez votre projet avec les aides
de Pôle emploi
Une fois n’est pas coutume, les demandeurs
d’emploi entrepreneurs font partie des mieux
lotis. Tout d’abord, ils peuvent prétendre à l’Aide
aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entre-
prise (Accre), sous conditions de ressources : le
dispositif exonère de charges sociales partielle-
ment, voire totalement pendant la première année
d’activité (durant les trois premières années, de
façon dégressive, pour les microentrepreneurs).
Il suffit d’en faire la demande au centre de for-
malités des entreprises (CFE) compétent lors
de la déclaration de création ou de reprise d’en-
treprise, ou dans les 45 jours suivants. A noter :
depuis le 1er janvier 2019, tous les créateurs et
repreneurs d’entreprise peuvent bénéficier de
cette exonération (renommée pour l’occasion
« exonération de début d’activité »).
De même, depuis le 1er janvier 2018, de nou-
velles règles de cumul de l’allocation chômage et
du revenu d’une activité non salariée s’appliquent.
Après la création ou la reprise effective d’une
activité indépendante, tout demandeur d’emploi d’accompagnement à la création d’entreprise.
a le choix entre le maintien de l’Allocation d’aide Chambres de commerce et d’industrie (CCI),
au retour à l’emploi (ARE) dans des conditions UNAPL pour les professions libérales, Retis pour
similaires à celles qui prévalent en cas de reprise une activité axée sur l’innovation au service des
d’une activité professionnelle salariée, et le ver- entreprises et des terri-
sement d’un capital qui correspond à une partie toires… Généralement Les réseaux
des droits restants. Dans le premier cas, l’alloca- bien implantés locale-
tion est versée, sous conditions, durant toute la ment, ces réseaux spé- d’accompagnement
période d’indemnisation, en complément du re- cialisés sont là pour à la création d’entreprise,
venu généré par l’entreprise. Dans le second cas,
ce sont 45 % du reliquat des droits à l’ARE du de-
informer et accompa-
gner le porteur de pro-
bien implantés
mandeur qui sont accordés en deux temps (une jet dans ses démarches. localement, peuvent
moitié du capital est octroyée une fois réunies
les conditions d’attribution et le solde six mois
Leur parfaite connais-
sance des dispositifs, de
aider à trouver des
après le lancement de l’activité). Attention, cette l’aide nationale à celle sources de financement
solution appelée Aide à la reprise ou à la créa- régionale, en lien avec méconnues. 
tion d’entreprise (Arce) exige d’avoir préalable- un besoin émergent,
ment obtenu l’Accre. permet de cibler les aides et de gagner un temps
Les entrepreneurs ayant bien mûri leur projet, précieux. « Normandie Incubation, l’incubateur
avec la certitude d’un démarrage rapide, ont in- de Basse-Normandie spécialisé dans les tech-
térêt à opter pour l’Arce. Pour ceux dont l’activité nologies innovantes qui nous a accueillis au
est plus incertaine (dans le secteur des services, démarrage, a été une vraie porte d’entrée, ra-
du tourisme…) ou risque de décoller lentement, conte Frédéric Guibet, cofondateur en 2012 de
le maintien de l’allocation est sans doute préfé- C..Texdev à l’origine de CommunicoTool, une
rable. « L’assurance de toucher des revenus men- solution de communication visuelle sur tablette
suels en attendant que l’activité atteigne sa vitesse pour les personnes atteintes de troubles du lan- RESSOURCES
de croisière leur apporte un certain confort. Cela gage. Les conseillers ont su nous orienter. Grâce EN LIGNE
évite également de perdre 50 % du montant glo- à eux, nous avons réuni plus de 80 000 euros. »
bal de ses allocations », prévient Laure Thiebault, Deux sites aident à s’y
juriste à l’Agence France Entrepreneur. Enfin, Ne perdez pas de vue retrouver dans la jungle
depuis le 1er janvier 2017, l’accompagnement à votre objectif principal des financements.
la création et à la reprise d’entreprise (Nacre), Face à une telle offre, le risque est grand d’avoir 1. Toutaide.com
dispositif basé sur du conseil personnalisé et un les yeux plus gros que le ventre et de multiplier recense, région par
région, l’intégralité des
prêt à taux zéro de 1 000 à 8 000 euros sur cinq les recours aux aides disponibles. Un créateur
primes, subventions,
ans maximum (avec l’obligation d’avoir souscrit astucieux peut facilement en cumuler une dizaine. avances, prêts et
un prêt bancaire parallèlement), est une compé- Mais attention, décrocher une aide requiert mé- exonérations.
tence dévolue aux régions ; certaines l’ont repris thode, patience et persévérance. Il faut remplir Consultation payante.
et adapté quand d’autres l’ont écarté au profit une multitude de dossiers de candidature, pré- 2. Finamatic.fr, grâce à
d’une aide spécifique : renseignez-vous. voir des rendez-vous avec les organismes agréés une recherche ciblée
et avoir un agenda flexible. Ces impératifs ne (département, secteur
Faites-vous parrainer par un réseau doivent faire perdre de vue l’objectif principal, d’activités, montant de
l’apport…), permet de
d’entrepreneurs à savoir : le lancement d’une activité centrée sur trouver les financements
Pour s’y retrouver parmi les aides proposées un projet mûrement réfléchi. adaptés. 2 000
aux entrepreneurs, par les pouvoirs publics en « Heureusement que mon associé s’occupait dispositifs identifiés.
particulier, l’idéal est de se rapprocher d’un réseau de faire tourner la boutique pendant que je Gratuit, puis payant.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Trouver les bons
financements
préparais les dossiers », plaisante Frédéric
Guibet. C’est pourquoi, au départ, il est conseil-
lé de se concentrer sur les aides les plus faciles à
obtenir, comme les prêts d’honneur. Il sera tou-
jours temps, après une année d’activité, de solli-
citer une subvention auprès du Conseil régional,
voire en participant à un concours à la création
d’entreprise.
Soignez la présentation
de vos dossiers de candidature
Toutes les demandes d’aide passent obli-
gatoirement par la rédaction minutieuse d’un
dossier de candidature. Il est capital de fournir
le plus précisément possible les informations
demandées et de rendre un dossier complet et
CHRONOLOGIE DE VOTRE FINANCEMENT
Trois à six mois avant la création. Aides pour financer une étude
de marché, un prototype, de la R&D… : Bourse French Tech de
Bpifrance, subventions régionales, concours comme Graines de boss
(pour les jeunes) ou I-Lab.
Au moment de la création. Aide financière de Pôle emploi (ARE
ou Arce), prêts d’honneur des réseaux d’accompagnement (Réseau
Entreprendre, Initiative France…).
Dans les semaines et mois qui suivent la création. Campagne
de crowdfunding, levée de fonds auprès de business angels,
puis de fonds d’entrepreneurs et enfin de fonds d’investissement.
68
soigné. Il n’y a là rien d’insurmontable, d’autant
que les organismes réclament presque toujours
les mêmes éléments : une présentation claire
et concise du projet avec un budget détaillé, les
perspectives de développement, etc. Pour une
demande de garantie, la plupart du temps, les
banques s’occupent de compléter les formulaires
et de les transmettre aux organismes prêteurs. En
revanche, pour une subvention, un prêt d’hon-
neur ou un concours, c’est au créateur d’entre-
prise de s’atteler à la tâche.
Soyez prêt à défendre votre projet
devant des experts
Bien que la majorité des demandes soient
formulées par écrit, certaines s’accompagnent
d’une présentation orale ; c’est le cas pour les
concours et les demandes de prêt d’honneur.
Séduire un jury d’experts est aussi un passage
obligé pour être soutenu par des organismes
comme Bpifrance. Besoin d’argent pour lancer
une start-up innovante ? La banque des entre-
preneurs propose diverses solutions de finan-
ANDERW PONS/UNSPLASH
cement, comme la Bourse French Tech qui peut
couvrir jusqu’à 70 % des dépenses éligibles dans
la limite de 30 000 euros (formule classique)
et le prêt d’amorçage, compris entre 50 000 et
100 000 euros, destiné aux entreprises de moins
de cinq ans en amont d’une levée de fonds. Pour
une demande supérieure à 100 000 euros de
prêt garanti, le créateur d’entreprise est invité à pour me verser l’argent. » C’est l’inconvénient des
présenter son projet et exposer ses motivations. aides à la création d’entreprise : leur versement
Il s’agit de le tester, mais de s’assurer surtout du peut être tardif. Mieux vaut donc ne pas les in-
bon usage des fonds pour une meilleure renta- tégrer trop tôt dans les prévisions financières. Et
bilité. Bien « pitcher » son projet, être incollable garder à l’esprit que ces soutiens ne sont qu’une
sur ses tableaux financiers, ses ratios et ses prévi- bouée de sauvetage temporaire. En régime de
sionnels est donc capital ; la moindre hésitation croisière, vous ne devrez compter que sur vous-
peut avoir de lourdes conséquences. même, et sur la capacité de votre entreprise à
générer du cash.
Entraînez-vous avant
vos interventions orales
Benjamin Chemla, cofondateur en 2012 de
Citycake (livraison de gâteaux et chocolats, 4 CONCOURS POUR EMPOCHER
racheté par Resto-In en 2014), a particulière- DE 4 000 À 450 000 EUROS
ment soigné ses interventions. « J’avais préparé
deux formats, un court de cinq minutes avec De plus en plus de économie sociale et Les Mousquetaires,
réseaux, d’associations solidaire, services, ce concours s’adresse
trois ou quatre arguments-chocs et un plus transmission,
ou de fondations à tous les micro-
long de dix minutes avec des slides chiffrés », d’entreprise organisent développement entrepreneurs en
raconte le jeune entrepreneur qui s’est entraîné des concours dont (entreprise en activité activité depuis au
l’objectif est de depuis plus de trois moins un an et ayant au
plusieurs semaines à l’avance. Résultat : pas de ans) et encouragement
récompenser les minimum deux clients,
blabla ni de flottements, mais un discours ultra- meilleurs projets. Il en pour les entrepreneurs à l’origine d’un projet
rodé, presque théâtral. « J’avais un rituel d’en- existe une cinquantaine handicapés. qui favorise la
trée. Je demandais au jury : “Avez-vous faim ? et chacun cible des concours-talents.com dynamique
Ça tombe bien, nous allons parler chocolat !”»
Si vous êtes deux associés, ne pas hésiter pas à
publics ou des projets
différents. La plupart
du temps, les lauréats
2. i-LAB (ex-concours
national d’aide à la
création d’entreprises
économique du
territoire. En 2018,
treize lauréats (un par
alterner les prises de parole et à attribuer un reçoivent une aide de technologies région) ont remporté
rôle à chacun, selon ses points forts : l’un peut financière (de 3 000 à innovantes). Organisé chacun 4 000 euros.
développer les aspects marketing et l’autre se 450 000 euros dans par le ministère prix-audace-auto
notre sélection) et/ou de l’Enseignement entrepreneurs.com
concentre sur les aspects financiers, par exemple des dons de matériel, supérieur et de la
(lire page 100). des conseils, de
l’accompagnement,
Recherche et Bpifrance,
il récompense les
4. Total Edhec
Entreprendre.
Inauguré en 1994, ce
voire un hébergement… créateurs de projets
Soyez patient… l’attente Voici quatre concours de technologies
concours récompense
les entreprises en
peut être longue reconnus. innovantes (64 lauréats cours de création,
« En tant que demandeur d’emploi, j’ai eu en 2018). Les
la possibilité de percevoir une partie de mes 1. Concours Talents
BGE de la création
d’entreprise. Organisé
subventions peuvent
atteindre de
les entreprises créées
depuis moins de dix-
huit mois, les
indemnités chômage sous la forme d’une aide 45 000 euros
par le réseau associatif entreprises FinTech et
financière pour mon entreprise. J’avais besoin BGE (ex-Boutiques de (catégorie émergence) les entreprises sociales
de cet argent pour redémarrer l’activité, mais il gestion), il récompense à 450 000 euros et solidaires.
neuf lauréats au niveau (catégorie création- Les récompenses vont
m’a fallu attendre plusieurs semaines avant de développement).
le voir arriver », se souvient Fabien Schrimm, national. Plusieurs prix de l’accompagnement
de 1 000 à 7 000 euros enseignementsup- au prêt d’honneur
repreneur de la société Moulalp Mécanique. Un sont remis dans les recherche.gouv.fr à taux zéro jusqu’à
autre créateur a dû patienter neuf mois avant catégories suivantes : ou bpifrance.fr 100 000 euros
de toucher les 25 000 euros de son prêt d’hon-
neur : « Mon activité concernant les enfants, l’or-
innovation, artisanat,
commerce,
dynamiques rurales,
3. Prix Audace. Créé
à l’initiative de
la Fondation Le Roch-
et au versement de
6 000 euros.
concourstee.fr
ganisme attendait que j’obtienne les agréments

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Trouver les bons
financements
AIDES DE L’ÉTAT ET DES RÉGIONS
Accre
AIDE (Aide aux chômeurs créateurs
ou repreneurs d’entreprise)
Exonération des charges sociales totale
ou partielles pendant les 12 premiers
mois de création ou de reprise d’entreprise.
DESCRIPTION
Variable selon les revenus du créateur d’entreprise :
• exonération totale des charges si les revenus
du demandeur n’excèdent pas 75% du Pass
(29 799 euros en 2018) ;
• exonération dégressive si les revenus sont
compris entre 75% et 100% du Pass (entre 29 799
MONTANT et 39 732 euros en 2018) ;
• pas d’exonération si les revenus dépassent 1 Pass.
Le microentrepreneur éligible peut profiter d’un
taux de cotisations sociales réduits pendant 3 ans.
Pour un entrepreneur qui percevrait 30 000 euros
de revenu net la première année, l’économie
est évaluée à 9 500 euros.
La demande doit être adressé au CFE
(centre de formalités des entreprises)
compétent lors de la déclaration de création
ou de reprise d’entreprise, ou dans les 45 jours
CONDITIONS suivants.
D’ATTRIBUTION
CFE compétent :
chambre de commerce et d'industrie (CCI)
pour les activités commerciales ; chambre des
CONTACTS métiers et de l'artisanat (CMA) pour les activités
artisanales ; l'Urssaf ou la caisse générale de
Sécurité sociale pour les professions libérales...
Le bénéficiaire doit exercer le contrôle effectif
de l’entreprise (détention de 33 à 50% du capital,
sous condition) au moins 2 ans à compter
de la création ou de la reprise de l'entreprise.
COMMENTAIRES Le projet de loi de financement de la Sécurité
sociale pour 2018 prévoit la généralisation
du dispositif à tous les créateurs et repreneurs
d'entreprise dès le 1er janvier 2019.
RESSOURCES EN LIGNES : Pour trouver les aides - publiques - qui correspondent le mieux à votre projet, le gouvernement et le réseau des CCI proposent deux moteurs de recherche
pratiques et bien conçus : aides-entreprises.fr et les-aides
70
Notre sélection d’aides
Arce
(Aide à la reprise
ou à la création d’entreprise)
Versement sous forme de capital
des allocations chômage du
demandeur d’emploi bénéficiaire
à la fois de l’ARE (allocation d’aide
au retour à l’emploi) et de l’Accre.
Variable selon le montant de
l’allocation chômage du demandeur
et des droits à l'ARE restant à verser :
la somme équivaut à 45 % du reliquat
au début de l'activité.
A noter : une déduction de 3 %
(correspondant au financement
des retraites complémentaires)
s'applique.
Le versement s'effectue en deux
fois : le premier à la date à laquelle
le demandeur d'emploi réunit
les conditions d'attribution de l'Arce,
et le second six mois après la date
de création ou de reprise d'entreprise
(sous réserve que l'intéressé exerce
toujours l'activité au titre de laquelle
l'aide a été accordée).
Pôle emploi
(pole-emploi.fr).
En 2017, le dispositif a soutenu
près de 40 000 projets, soit
493 millions d’euros versés.
Garantie création
de Bpifrance (Banque publique
d'investissement)
Garantie en complément d’un prêt
bancaire pour les TPE/PME créées
depuis moins de 3 ans.
Prêt bancaire garanti à hauteur
de 60% pour une création ex-nihilo
(si l'entrepreneur ne contrôle
pas déjà une autre entreprise),
à 50 % dans les autres cas.
Pour une création, une première
installation par reprise de fonds
de commerce, ou une création par
une entreprise ou un entrepreneur
existant qui développe des activités
ou des produits nouveaux.
Bpifrance
(bpifrance.fr).
Garantie éligible dans le cadre d’un
financement couvrant des investissements
matériels et immatériels, un achat de fonds
de commerce, le fonds de roulement
(la trésorerie permettant d’investir et de
développer l'entreprise), un découvert
notifié comme tel, des cautions pour l’export.
La garantie rassure les banquiers
qui acceptent plus facilement d’ouvrir
une ligne de crédit à l'entrepreneur.
Bourse French Tech
de Bpifrance (Banque
publique d'investissement)
Subvention accordée à
l’entrepreneur (y compris constitué
en EI) soutenu par une structure
(publique ou privée) dédiée à
l’accompagnement de projets
innovants ou de start-up (incubateur,
accélérateur, réseau
d’accompagnement…), et à toute
entreprise à réel potentiel de
croissance lancée il y a moins d’un an
dans le secteur de l’innovation
(technologique, organisationnelle,
managériale, etc.).
Aide pouvant couvrir jusqu’à 70 %
des dépenses éligibles
prévisionnelles dans la limite
de 30 000 euros (Bourse French
Tech), voire de 45 000 euros
(Bourse French Tech Emergence).
Création d’entreprise à partir d’une
innovation, quelle que soit sa forme
(Bourse French Tech), ou d’une
innovation de rupture à fort contenu
technologique (Bourse French Tech
Emergence).
Bpifrance
(bpifrance.fr).
Les dépenses éligibles, internes
et externes, sont directement
liées aux études de conception,
de définition et de faisabilité du projet.
A noter : Bpifrance propose d'autres
solutions ciblées avec certaines régions,
comme les Partenariats régionaux
d’innovation (PRI) qui soutiennent
les PME innovantes en cours
de création jusqu'à 200 000 euros.
à la création d’entreprise
DISPOSITIFS GÉRÉS PAR DES ORGANISMES
INDÉPENDANTS
Nacre
(Nouvel accompagnement pour la création ou la reprise Prêt d'honneur
d’entreprise)
Important : depuis le 1er janvier 2017, ce dispositif est une Prêt à la personne à taux
compétence des régions. zéro, d’une durée d’un à cinq
Aide au montage du projet de création ou de reprise d’entreprise, ans maximum (lire page 72),
à la structuration financière et au démarrage de l’activité d’une sans garantie ni caution
durée de 4 ans maximum. personnelle, accordé par
L’aide à la structuration financière permet notamment d’obtenir de nombreux réseaux d’aide
des financements adaptés, par exemple, un prêt à taux zéro à la création d’entreprise.
financé par la région (prêt obligatoirement couplé avec un prêt
complémentaire d’un montant et d’une durée supérieurs ou
égaux à ceux du prêt à taux zéro).
Prêt à taux zéro de 1 000 à 8000 euros De 2 000 à 50 000 euros
sur cinq ans maximum. (100 000 euros pour les projets
innovants) selon les réseaux.
Pour 1 euro perçu au titre du
prêt d’honneur, on estime que
le banquier accorde 7 à 13 euros
de finacement coplémentaire.
En 2017, le montant moyen des
prêts accordés par Initiative
France et le Réseau Entreprendre
s’élevait respectivement à 9 700
et 30 000 euros.
Comme pour l'Accre, le créateur/repreneur éligible est Le dossier est à présenter
demandeur d'emploi, bénéficiaire de minima sociaux (ASS, RSA), et à défendre devant
salarié repreneur de son entreprise, etc. un comité d'agrément.
Il a le libre choix de l'organisme conventionné qui l'accompagne, Composé de chefs
dans sa région de domicile. d'entreprises et de
professionnels, ce comité
décide, après délibération,
de l'octroi du prêt
et de son montant.
Se rapprocher du Conseil régional pour obtenir la liste Initiative France
des organismes conventionnés. (initiative- france.fr) ; Réseau
Entreprendre(reseau-
entreprendre.org) ; France
Active (franceactive.org) ;
Association pour le droit
à l'initiative (adie.org) ;
BGE (bge.asso.fr).
Ce dispositif offre un accompagnement personnalisé complet. Ce dispositif très prisé permet
Attention, il n'inclut pas d'aide à l'émergence du projet à l'entrepreneur sans apport
(il faut avoir une idée précise du projet au préalable). personnel suffisant de
Il suppose la signature d'un contrat d'engagement souscrire un emprunt bancaire
avec un organisme conventionné. pour boucler le financement de
Chaque année, le Nacre profite à plus de 20 000 porteurs de projet. son projet ; son obtention
Dans le cadre de leur stratégie, les régions proposent de nombreux crédibilise grandement le
dispositifs d'aide à la création ou la reprise d'activité. En Bretagne, projet auprès des banques.
par exemple, le Phar (prêt d'honneur amorçage régional) Le prêt peut faire l'objet d'un
soutient le porteur de projet (personne physique) en phase différé de remboursement
de création d'une entreprise innovante sur le territoire breton. de 12 mois maximum.
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Garanties bancaires
de France Active
Garantie bancaire destinée aux
personnes sans emploi ou en
situation de précarité économique
souhaitant créer leur entreprise,
particulièrement les femmes, les
entrepreneurs des territoires fragiles
(quartiers prioritaires et zones de
revitalisation rurale), les créateurs en
difficulté d’accès à l’emploi (jeunes
précaires, demandeurs de longue
durée), ainsi que les entreprises
de l’économie sociale et solidaire
ouavec un impact social, territorial
ou environnemental fort.
Couverture jusqu'à 80% du
montant du prêt bancaire (montant
garanti limité à 50 000, 100 000 ou
200 000 euros selon le projet).
A noter : la durée de la garantie
est de 5 ans maximum et son coût
fixé à 2 % du montant garanti
(payable en une seule fois à la mise
en place de la garantie).
Demande auprès d’une association
territoriale du réseau, puis décision
du comité d’agrément.
France Active
(franceactive.org).
Pour les les entrepreneurs de
moins de 26 ans demandeurs
d’emploi et dotés de ressources
personnelles limitées, France Active
propose le programme Cap'Jeunes
qui permet de bénéficier d’un
accompagnement renforcé, d’une
prime de démarrage de 2 000 euros
et d’un prêt bancaire garanti
par le réseau.
Garantie Egalité Femmes
de France Active
Seul dispositif national dédié
aux femmes entrepreneures.
Son objectif est de leur faciliter
l’accès au crédit bancaire
pour financer la création, la
reprise ou le développement
d’une entreprise.
Couverture jusqu'à 80%
du montant du prêt bancaire
(jusqu'à 50 000 euros).
A noter : la durée minimum de
la garantie est de 24 mois et son
coût s'élève à 2,5% du montant
garanti (payable en une seule
fois à la mise en place de la
garantie).
La responsabilité de
l’entreprise doit être assumée
en titre et en fait par une
femme. L'entreprise
bénéficiaire doit avoir été créée
ou reprise depuis moins de
3 ans. Demande auprès d’une
association territoriale du
réseau, puis décision du comité
d’agrément.
France Active
(franceactive.org).
Le dispositif permet l'exclusion
des cautions personnelles
(il est néanmoins possible
pour la banque de prendre
des garanties réelles sur les
biens financés par le prêt).
La garantie Egalité Femmes
favorise l’entrepreneuriat
féminin depuis 2006 (plus
de 2 300 femmes bénéficiaires
en 2016).
AUTRES
DISPOSITIFS
Régimes fiscaux
spécifiques et crédits
d’impôt, aides
européennes...
Outre les aides et les
subventions publiques et
privées, le créateur ou
repreneur d’entreprise
peut prétendre à diverses
exonérations et autres
allégements fiscaux. Ceux-
ci dépendent de la nature
du projet.
Quelques exemples :
le régime spécifique de la
Jeune entreprise innovante
(JEI) et de la Jeune
entreprise universitaire
(JEU), pour une création
avant le 31 décembre 2019
dans le secteur de la
recherche et du
développement ;
exonération d’impôt
locaux pour les créations
dans les QPPV (quartiers
prioritaires de la politique
de la ville) ; le crédit
d’impôt pour la création
de jeux vidéo (crédit
d’impôt de 30 % des
dépenses éligibles pour
toute entreprise qui réalise
ou produit des jeux vidéo
avec un coût de
développement supérieur
ou égal à 100 000 euros)…
Renseignements sur
les sites Service-public.fr
et Economie.gouv.fr
(rubrique Financements
des entreprises : aides
et crédits d’impôt).
Du prêt au microcrédit
et à la garantie, l’Union
européenne cofinance
aussi des projets quels que
soient la structure (type,
taille…) et le secteur
d’activité.
Renseignements sur
le site Europa.eu
(rubrique Financement :
aide financière).
71
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
4 Trouver les bons
financements
Augmentez votre
capital de départ
POUR ACCROÎTRE VOTRE CAPACITÉ
D’EMPRUNT, SOLLICITEZ VOS PROCHES,
RECOUREZ AU CROWDFUNDING
OU DEMANDEZ UN PRÊT D’HONNEUR.
L
e capital social (qui fait partie des capi-
taux propres en comptabilité) « corres-
pond au montant total des biens ou valeurs
(sommes d’argent, parts sociales ou actions
d’autres sociétés, immeubles, fonds de com-
merce, marques, brevets…) “apportés” à
une société » par son fondateur,
voire ses actionnaires ou associés
(infogreffe.fr). Ces ressources servent à financer le
cycle d’exploitation de l’entreprise, mais aussi de
garantie des tiers créanciers et de clé de répartition
des droits et pouvoirs au sein de la structure le cas
échéant. Un capital social élevé rassure les banques
et autres partenaires financiers. L’argent provient
le plus souvent d’économies personnelles, de pla-
cements sur des comptes rémunérés (PEL, PEE…)
ou du patrimoine immobilier. « Avec mon asso-
ciée, nous avons vendu nos appartements respec-
tifs et investi cette somme dans notre entreprise »,
explique Mikaël Aubertin, cofondateur, en 2010,
de Good Goût (aliments bio pour bébés). Si vous
n’êtes pas dans ce cas, voici comment procéder.
1. Intéressez famille et amis
Vous pouvez convaincre vos proches d’inves-
tir dans votre société, ce que les experts qualifient
« d’épargne affective de proximité ». Ce soutien peut
prendre la forme de donation (avec des avantages
fiscaux à la clé), d’un prêt entre particuliers ou d’une
participation au capital de l’entreprise créée. Dans
72
ce dernier cas, les investisseurs parlent alternative-
ment de l’argent des « 3C » (pour « cousins, copains,
cinglés », traduction de l’anglais « friends, family
and fools ») ou de love money. « [Le love money]
est un bon moyen pour réunir jusqu’à 25 000 ou
30 000 euros. Le ticket d’entrée étant faible, il faut
souvent solliciter une dizaine de proches pour par-
venir à des sommes intéressantes », indique Laure
Thiebault, juriste à l’Agence France entrepreneur
(AFE). Attention, si la pratique se répand, elle a
ses inconvénients : les proches risquent de perdre
l’argent et doivent en être conscients. De même,
le love money confronte l’entrepreneur à diverses
problématiques : quelles perspectives offrir aux ac-
tionnaires ? comment partager le capital ?… Mieux
vaut être très clair sur les règles du jeu dès le départ.
La souscription au capital (lors d’une création
d’entreprise ou d’une augmentation de son capi-
tal) donne droit à une réduction d’impôt sur le re-
venu, dans le cadre de la loi Madelin. Celle-ci est
de 18 % du montant des versements (la loi de fi-
nances pour 2018 a rehaussé ce taux à 25 % pour
les versements effectués jusqu’au 31 décembre
2018). A noter : les versements sont plafonnés
annuellement à 50 000 euros pour un célibataire
et au double pour un couple. En contrepartie,
l’investisseur s’engage à conserver les titres re-
çus en échange pendant cinq ans.
2. Recourez aux sites participatifs
Pour un don, un prêt ou un investissement, il
est également possible de solliciter ses proches
et « la foule » (crowd en anglais) via une plate-
forme de crowdfunding (financement participa-
tif), voire de crowdlending (centrée sur le prêt)
ou de crowdequity (axée sur la prise de partici-
pation au capital). A l’argent de la famille et des
amis (le premier cercle) peut venir s’ajouter ce-
lui de l’entourage et du voisinage, mais encore
de n’importe quel particulier intéressé. L’an pas-
sé en France, 178 plateformes de crowdfunding
 Les proches
risquent
de perdre l’argent
et doivent en être
conscients  ceptées les PME rentables, peu ou pas endettées,
ont récolté au total 336 millions d’euros qui ont
financé 24 126 projets, selon le baromètre du
crowdfunding en France 2017-KPMG. « Le mar-
ché évolue de 50 % tous les ans. Il n’y a pas beau-
coup d’acteurs qui connaissent ce taux de crois-
sance, confiait Stéphanie Savel, présidente de
l’association professionnelle Financement par-
ticipatif France (FPF, financeparticipative.org),
sur Europe 1 en juin 2018. Si on fait le cumul de
tout ce qui a été collecté depuis quatre ou cinq
ans, on arrive presque au milliard d’euros. » Vous
êtes entrepreneur ? Il suffit de déposer un dossier
sur le site visé et d’attendre. Si le projet séduit,
les internautes sont libres de donner ou de prê-
ter de l’argent, voire d’entrer au capital.
Le crowdlending a également le vent en poupe.
D’après l’association FPF, le principe a attiré 195 mil-
lions d’euros en 2017, deux fois plus qu’en 2016.
Lendix, Credit.fr, Bolden… Une quinzaine de pla-
teformes de prêt participatif permettent d’obtenir
les fonds après une attente réduite. Mieux, elles
ne demandent aucune caution ni hypothèque
à l’entreprise emprunteuse. « Pour financer la
commercialisation de nos prothèses auditives à
bas coût pour les pays émergents, il nous fallait
la caution de Bpifrance. Or celle-ci nous a été re-
fusée, car le projet n’était pas industriel, raconte
Bertrand Benoit, fondateur des laboratoires épo-
nymes. Alors, nous avons collecté 100 000 euros
à rembourser en cinq ans sur Lendopolis. » Lancé
par KissKissBankBank, le leader européen du
crowdfunding dédié à la création et l’innovation
internationale, Lendopolis, tout comme les plate-
formes concurrentes, opère pourtant une sélec-
tion des dossiers aussi drastique qu’une banque.
Si vos comptes sont dans le rouge, n’espérez pas
passer le premier filtre. Les start-up débutantes
ne sont pas bienvenues non plus. Seules sont ac-
qui justifient de deux ans d’activité. « Ces précau-
tions s’expliquent, car si l’entreprise fait défaut, en
l’absence de garanties, les prêteurs perdent tout »,
rappelle Mathieu George, fondateur du réseau de
courtage en financement Creditprofessionnel.com.
Environ 3 % des postulants sont donc retenus : les
plus fiables. Corollaire, les emprunteurs reversent
à l’intermédiaire une commission de 3 à 5 % de la
somme collectée (l’argent finance aussi la gestion LE
des remboursements mensuels). Ensuite, puisque CROWDFUNDING
les créanciers n’ont aucune garantie en cas de dé- EN CHIFFRES
faillance de la PME, ce risque supplémentaire est
rémunéré : les taux de rendement fixés par les plate- 55 financeurs
par projet (don
formes – de 4 à 10 % ! – sont nettement supérieurs sans récompense)
à ceux des banques. Mais le système montre aussi en moyenne.
ses limites : pionnier en la matière, le site Unilend 69 euros de
a annoncé sa fermeture en octobre 2018. Car les contribution (don
banques ont réagi à cette nouvelle concurrence sans récompense)
en moyenne.
et, aidées par des taux particulièrement bas, ré-
78 financeurs par
pondent désormais plus vite et plus positivement projet (investissement
aux demandes des TPE et PME. en capital) en moyenne.
7 745 euros
3. Empruntez à taux zéro de contribution
Un autre moyen d’augmenter son capital : le (investissement en
prêt d’honneur. Ce prêt à la personne à taux zéro capital) en moyenne.
1 655 603 financeurs.
est accordé au porteur de projet pour une durée
336 millions
de un à cinq ans. Il n’exige ni garantie ni caution d’euros de fonds
personnelle, et plusieurs associés peuvent sollici- collectés (261 millions
ter chacun un prêt pour le même projet. Les mon- dans le secteur
tants varient selon les réseaux d’aide à la création conomique, 45 dans
d’entreprise qui les octroient. L’an passé, le mon- le secteur culturel et 30
dans le secteur social).
tant moyen des prêts consentis par Initiative France
24 126 projets
(initiative-france.fr) et le Réseau Entreprendre financés. 65 % de
(reseau-entreprendre.org) s’élevait respective- TPE-PME et ETI parmi
ment à 9 700 et 30 000 euros. Et pour 1 euro perçu, les porteurs de projet.
on estime qu’un établissement bancaire accorde Source : Baromètre
du crowdfunding en France
7 à 13 euros de financement complémentaire. 2017/KPMG.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 73
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

3 Trouver les bons

financements

Séduisez votre banquier

TATILLONS ET PRUDENTS, LES BANQUIERS N’ACCORDENT PAS DES
PRÊTS FACILEMENT. MAIS GARDEZ À L’ESPRIT QUE CES PROFESSIONNELS
ONT, EUX AUSSI, BESOIN DE TROUVER DES CLIENTS.

L
es banques limitent mécaniquement la au plan de financement. « Il veut savoir à quoi
prise de risque, et les règles prudentielles sont destinés les investissements et s’assurer de
fixées par la réforme bancaire « Bâle III » financer du concret. Les banques accordent plus
ont encore accentué cet état de fait – éla- volontiers des crédits pour l’achat d’immobilisa-
borés en tirant les leçons de la crise fi- tions corporelles ou de fonds de commerce. A l’in-
nancière de 2008, ces accords encadrent verse, elles n’acceptent que rarement de financer
l’activité des banques à travers le le besoin en fonds de roulement », précise Jean-
UN PRÊT monde et prévoient notamment Philippe Deltour, cofondateur du courtier en fi-
REFUSÉ ? de renforcer leur solidité afin qu’elles disposent nancement Créditrelax.
suffisamment de fonds propres pour éviter de
Les entrepreneurs solliciter le renfort de l’argent du contribuable Anticipez les questions pièges
auxquels un emprunt est
refusé (normalement,
en cas de nouvelle crise. De fait, seulement un La crise a fait naître de nouveaux comporte-
tout refus doit être créateur d’entreprise sur quatre fait appel à une ments chez les banquiers. « Ils sont plus attachés
motivé et argumenté banque pour démarrer. Il serait pourtant absurde à la cohérence homme-projet, car ils savent que,
par la banque) peuvent de renoncer à les démarcher. D’abord, parce que par les temps qui courent, les documents prévi-
commencer par se ce contact permet de tester la validité d’un pro- sionnels sont aléatoires », note une consultante
rapprocher d’un jet. Ensuite, parce que le banquier est un par- en financement à l’Agence France entrepreneur
organisme
tenaire sur le long terme : un jour, vous aurez (AFE). Les conseillers sont peut-être moins à che-
d’accompagnement,
comme un club des peut-être besoin de lui pour combler un trou de val sur les chiffres, mais, comme dans tout éta-
entrepreneurs ou la trésorerie, obtenir un crédit ou demander un blissement de crédit, ils veulent savoir à qui ils
chambre de commerce découvert. Autant vous frotter à cet interlocu- ont affaire. « Nous étudions l’homme plus que
de d’industrie, afin de teur dès le départ. ses tableaux prévisionnels. Nous l’interrogeons
valider les hypothèses sur ses compétences, sa capacité à réagir et son
financières et vérifier la Fignolez votre plan de financement envie de réussir, explique Florent Lamoureux, di-
viabilité du projet. Ils
peuvent aussi faire appel
Votre business plan est évidemment le docu- recteur du marché des professionnels à la Caisse
à la Médiation du crédit : ment de base, et il sera scruté par le banquier. d’épargne. Certaines de nos questions peuvent
créé en 2008, cet Inutile cependant d’arriver avec la totalité du paraître déstabilisantes, mais elles nous per-
organisme public défend dossier sous le bras. Faites gagner du temps à mettent de déterminer ce qui pourrait mettre
gratuitement les intérêts votre interlocuteur en lui apportant votre exe- en péril un projet. » Pour éviter d’avoir l’air de
des chefs d’entreprise et cutive summary (ou résumé opérationnel) – ce tomber des nues, préparez soigneusement l’en-
négocie des accords condensé de deux pages qui présente de façon tretien en listant les points forts et les points
avec les banques. Pour
saisir le médiateur, claire et précise votre projet (lire page 52) – sans faibles de votre future entreprise. Anticipez les
un dossier est à remplir oublier d’y adjoindre les tableaux prévisionnels éventuelles objections et prévoyez les arguments
sur le site : Mediateur- (lire page 60). Le banquier épluchera vos prévi- pour les contrer. Enfin, restez égal à vous-même :
credit.banque-france.fr. sions, mais il portera une attention particulière le banquier n’est là ni pour vous rendre service

74
ni pour vous enfoncer. C’est avant tout un par-
tenaire professionnel qui a lui aussi besoin de
trouver de nouveaux clients.
Offrez de solides garanties
Le respect de certains usages vous évitera de
passer pour un doux rêveur : ainsi, le montant du
prêt réclamé doit être en rapport avec vos fonds
propres. Un banquier examine avec attention le
ratio de solvabilité (la capacité d’une entreprise
à rembourser ses dettes). « Aujourd’hui, un ap-
port compris entre 20 et 30 % est exigé contre
30 à 40 % il y a encore peu », prévient un cour-
tier. Ce pourcentage peut atteindre 50 % pour
une entreprise de services ou, à l’inverse, avoisi-
ner 20 % pour certaines activités, comme la res-
tauration, jugées moins risquées, car la banque
peut se garantir sur le matériel.
Avec la crise, les banquiers sont devenus ultra-
précautionneux. « Ils exigent de manière qua-
si systématique une garantie », souligne Laure
Thiebault, de l’AFE. Ces fameuses garanties va-
rient en fonction de la nature de l’actif financé.
Si le nantissement s’applique sur les biens incor-
porels (le fonds de commerce, par exemple) et
l’hypothèque sur les biens immobiliers, le créa-
teur doit souvent fournir en plus une caution
personnelle. Il peut alors se tourner vers des
organismes comme Bpifrance et France Active
(ce réseau d’aide à la création propose même
un dispositif réservé aux entrepreneures, la ga-
rantie Egalité femmes). Ceux-ci peuvent garan-
tir jusqu’à 80 % du montant emprunté, pour
un coût moyen de 2 % du montant garanti (lire
Le respect
de certains
usages vous évitera
de passer pour
un doux rêveur.   sans doute plus favorable.
tableau page 70). Le Groupe BPCE, le deuxième
groupe bancaire de France (Banque populaire et
Caisse d’épargne) et première banque des PME,
cautionne même à 100 % le prêt bancaire, via
sa filiale CEGC, pour l’acquisition d’un fonds de
commerce ou artisanal, il se substitue ainsi à la
garantie hypothécaire. Enfin, le fait que ces or-
ganismes entretiennent des liens étroits avec
les banques facilite grandement les démarches.
Négociez le coût de l’emprunt
Les taux d’intérêt pratiqués sur les emprunts
(d’une durée comprise entre deux et sept ans
pour une création) varient actuellement de 0,5
à 2 % selon les montants, l’expérience du por-
teur de projet, l’activité de l’entreprise et la na-
ture des investissements. Le taux n’est toutefois
pas la seule variable à négocier. Le coût de l’em-
prunt sera aussi fonction de
la durée du prêt (souvent
égale à celle de l’amortisse- ILS NE PASSENT PAS
ment des biens financés),
du coût de la garantie ou de
PAR LA CASE BANQUE…
celui de l’assurance. Sur ce Les banques sont frileuses ? Qu’à cela ne
dernier point, la banque pro- tienne. De plus en plus souvent, les jeunes
pose en général de souscrire créateurs d’entreprise, œuvrant dans les
secteurs du numérique ou de l’innovation,
une assurance de groupe. ne prennent même plus la peine de
Son prix est peu ou prou le les consulter. Ils frappent à d’autres portes,
même pour tous les assurés notamment celle des business angels,
pour se financer et lever des fonds.
d’une même banque, mais si « Nous ne rentrons pas dans les critères
vous avez un bon profil, au- de financement des banques car
cun problème de santé et êtes notre business est trop risqué. Nous avons
commencé par du love money, des
âgé de moins de 45 ans, une
délégation d’assurance (qui
concours puis des levées de fonds
successives, tous les douze à dix-huit mois.
vous donne la possibilité de Et seulement après, une fois nos affaires
vous assurer ailleurs que dans
l’établissement prêteur) sera
stabilisées, nous avons demandé un
crédit bancaire », résume Florent Longa,
cofondateur du système d’éclairage Echy.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 75
 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
3 Trouver les bons
financements
Apprivoisez
les business angels
LA FRANCE COMPTE PLUS DE CINQ MILLE
BUSINESS ANGELS ACTIFS, PRÊTS À INVESTIR
DANS DES START-UP INNOVANTES. MAIS
SEULS LES DOSSIERS LES PLUS PROMETTEURS
TROUVENT GRÂCE À LEURS YEUX.
LES BUSINESS
ANGELS
EN CHIFFRES
63 millions d’euros
investis (33 %
en refinancement).
509 opérations.
350 000 euros le
tour de table type.
3 000 emplois
créés ou maintenus.
Le digital est le 1er secteur
d’investissement (38 %),
loin devant la santé
et les biotechnologies
(19 %) et les biens
de consommation (17 %).
Source : « L’investissement
des business angels en 2017 »
de France Angels, Fédération
nationale des business angels.
76
L
eur objectif ? Gagner de l’argent, bien sûr !
Mais pas seulement : « La majorité des bu-
siness angels ont eux-mêmes une expé-
rience de création d’entreprise. Revivre
cette aventure avec le nouveau venu qu’ils
envisagent de soutenir, c’est dans
leur ADN », explique Philippe
Gluntz, président de Business Angels Europe.
Mais cette part d’affect ne doit pas laisser croire
qu’on peut les convaincre en misant sur le seul
enthousiasme. Les « anges » restent pragma-
tiques : à peine plus de 5 % des dossiers présen-
tés trouvent preneur.
Des investisseurs extrêmement sollicités
Les montants investis varient grandement d’un
secteur à l’autre ; ils s’échelonnent de quelques
dizaines à plusieurs centaines de milliers d’eu-
ros. L’an passé, par exemple, le tour de table type
s’élevait à 350 000 euros selon France Angels,
la fédération des réseaux de business angels.
Et le ticket d’entrée moyen (somme annuelle
avancée) dans le digital était de 582 000 euros.
Bien que la somme dépasse rarement le million
d’euros, cela arrive. En 2015, Louis Kerveillant
et ses associés ont convaincu deux business an-
gels issus de leur sphère professionnelle d’in-
vestir un million d’euros dans Les Piaules, un
concept d’auberge de jeunesse avec boutique à
Paris très gourmand en capitaux.
« Les business angels sont de plus en sollicités
pour des deuxièmes et des troisièmes tours de
table, qui sont en général espacés de deux ans »,
constate Philippe Gluntz. C’est pourquoi ils ont
du mal à absorber la demande. Résultat, ils sont
devenus super sélectifs. Pour les séduire, il faut
avoir une idée novatrice certes, mais aussi affi-
cher un fort potentiel de développement. « Les
business angels ne financent que des projets en
phase d’amorçage, l’étape la plus risquée de la
vie d’une entreprise. Il vaut donc mieux leur
présenter des perspectives de croissance à deux
chiffres », poursuit Philippe Gluntz.
Des réseaux spécialisés
Chaque année, France Angels reçoit quelque
10 000 dossiers. Tous sont ensuite transmis au ré-
seau adéquat (on en dénombre 70) en fonction
de différents critères. La proximité géographique,
notamment, est d’importance : les premiers temps,
le business angel se déplace jusqu’à deux fois par
mois dans la start-up qu’il a pris sous son aile.
L’activité de l’entreprise entre également en ligne
de compte. Certains réseaux sont spécialisés dans
des secteurs spécifiques, comme IT angels (tran-
sition numérique) ou Angels Santé (santé, bio-
technologies…). D’autres regroupent d’anciens
élèves : Ensae Business Angels & Entrepreneurs,
Essec Business Angels ou Edhec Business Angels…
Si leur dossier est retenu, les entrepreneurs
passent devant un comité de sélection. « A ce
stade, c’est dans 60 % des cas la personnalité
des dirigeants qui fait la différence », assure
Philippe Gluntz. Le délai de réponse ? Comptez
de trois à quatre mois.
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4 Trouver les bons
financements
Faites monter les enchères
avec le capital-risque
LES FONDS DE CAPITAL-RISQUE INVESTISSENT
DANS DES ENTREPRISES DONT LE POTENTIEL
DE CROISSANCE PARAÎT ÉLEVÉ À MOYEN TERME.
L
e capital-risque est un type de capital-in-
vestissement réservé à des fonds d’inves-
tissement professionnels. Par définition,
l’activité désigne le fait d’entrer au capi-
tal d’une entreprise (on parle aussi de pri-
vate equity, par opposition au crowdequi-
ty) afin de financer son lancement
ou son développement. Un capi-
tal-risqueur, tout comme une société de capital-
risque (SCR), dispose de moyens importants. Les
sommes en jeu sont considérables et les élus peu
nombreux. En 2017, selon France Invest (l’asso-
ciation des investisseurs pour la croissance), les
quelque 300 acteurs français du secteur, Partech
Ventures, Cathay Innovation et Alven Capital
en tête, ont levé 16,5 milliards d’euros, contre
14,7 milliards en 2016, dont près des deux tiers
(63 %) auprès d’investisseurs hexagonaux – du
jamais vu. Parallèlement, ils ont investi 14,3 mil-
liards d’euros (+15 %) dans 2 142 start-up, PME
et ETI (+13 %) – un autre record. Dans le détail,
plus de 1 700 entreprises ont reçu 2 milliards d’eu-
ros (tickets inférieurs à 5 millions) et près de 400
d’entre elles 12,3 milliards (tickets supérieurs à
5 millions) avec à la clé un développement pro-
metteur, à l’international pourquoi pas, et des
centaines de créations d’emplois.
La condition pour bénéficier du soutien d’une
SCR : être une jeune entreprise à fort poten-
tiel, avec un capital d’innovation important.
« Concrètement, pour sécuriser le retour sur in-
vestissement attendu par les investisseurs en
78
capital-risque, il faut que le projet apporte une
vraie réponse très innovante à une probléma-
tique critique d’un marché de taille très impor-
tante, le tout avec un modèle économique “sca-
lable” [ndlr : en forte croissance] et rentable »,
dit Georges Gambarini, responsable national
du marché des entreprises de croissance chez
KPMG*. Puisque les investisseurs sortent trois à
sept ans après leur arrivée, « il faut avoir atteint
un niveau de valorisation ou de chiffre d’affaires
au moins égal à 10 millions d’euros », convient
Guillaume Aubin, Managing partner et cofon-
dateur d’Alven Capital.
Les projet high-tech très prisés
L’innovation revêt des formes diverses selon
les domaines. Si les projets des secteurs des ad-
tech (publicité digitale), proptech (immobilier),
cleantech et e-RH (entre autres) sont très prisés,
l’industrie reste le premier secteur en montants
investis. L’été dernier en France, l’explosion des
financements a profité au service de streaming
musical Deezer : avec 160 millions d’euros levés
pour se développer à l’international, notamment
au Moyen-Orient, Deezer a rejoint le club très fer-
mé des start-up hexagonales valorisées à plus d’un
milliard d’euros. A la rentrée, l’agence de voyages
en ligne Evaneos a obtenu 70 millions d’euros au-
près de Partech Ventures, Level Equity, Quadrille
Capital, XAnge, Serena Capital et Bpifrance.
Les professionnels du capital-risque reçoivent
des centaines de dossiers chaque année. Ils
privilégient les projets où la raison d’être de l’en-
treprise est explicite et conseillent vivement la
transparence, la base de la confiance, vis-à-vis
des investisseurs potentiels. « Le pitch qui sert
à prendre contact doit insister sur l’opportunité
et moins sur les risques expliqués plus tard », dit
Jean-Pierre Rosat, fondateur du fonds de capi-
tal-risque suisse 4FO. « Il faut commencer par la
vision, ne pas parler de l’équipe trop tôt et finir
par le côté rationnel de l’investissement », pour-
suit un autre. Les projets « me too », calqués sur
des start-up californiennes, sont en général reje-
tés d’emblée. En revanche, comme partout, être
recommandé par une relation d’affaires consti-
tue un plus appréciable.
Un « leveur de fonds » pour démarcher
Les SCR investissent généralement en même
temps ou juste après les business angels. Une ving-
taine de SCR sont d’ailleurs membres de l’asso-
ciation France Angels. Toutefois, contrairement
aux business angels, les SCR ne sont pas organi-
sées en réseau et ne disposent pas d’un guichet
d’entrée unique. Pour éviter de les solliciter une
par une, il est possible de faire appel à un « le-
veur de fonds ». Cet intermédiaire présente plu-
sieurs avantages : il aide à l’amélioration du bu-
siness plan et, par sa connaissance des réseaux,
il fait gagner un temps précieux et négocie des
financements plus élevés. En revanche, sa pres-
tation coûte cher ; le leveur de fonds est rétribué
sous forme de retainer fees (rémunération versée
quelle que soit l’issue de l’opération), d’une part,
et de success fees (ou « commission de succès »)
de l’ordre de 3 à 6 %, d’autre part.
Un apport personnel exigé
Environ un quart des demandes débouchent
sur un grand oral face à un jury de capital-ris-
queurs. La sélection se fait essentiellement sur
la qualité de l’équipe qui défend le projet. « Le
background compte, mais il faut surtout montrer
qu’on a un plan, dit un expert. Il faut dire pour-
quoi et pourquoi “nous”. » Il est également im-
pératif d’exposer les risques : « Un entrepreneur
qui n’est pas capable d’expliquer tous les risques
d’échec allume tous les signaux d’alerte, affirme
Jean-Pierre Rosat. La rétention d’information se
paie cash. » Bref, mieux vaut que le courant passe
bien entre les deux parties, car l’investisseur pro-
met de jouer un rôle important dans la définition
de la stratégie de l’entreprise.
Enfin, un apport personnel significatif est
toujours exigé. Ce n’est pas tant le montant qui
importe, mais la part de patrimoine du créateur
que représente cet apport. Reste le plus délicat :
fixer avec les futurs associés leur niveau de par-
ticipation dans l’affaire. L’investissement de la
SCR se traduit par une entrée au capital de 25 %
à 30 % au premier tour, en moyenne. « En cas
de blocage, les créateurs ne doivent pas hésiter
à mettre les capital-risqueurs en concurrence »,
conclut Guillaume Aubin.
* Source : « Trois clefs pour lever des fonds en capital-risque », LesEchos.fr (26/02/2018).

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qu’ils vous prêtent de l’argent
ou investissent dans votre
projet. Vous pouvez passer
par des réseaux comme
les associations love money
qui mettent en relation des
entreprises et des particuliers
investisseurs (love-money.org).
CROWDFUNDING.
Les montants varient de
quelques milliers d’euros, pour
les financements sous forme
de dons, à plusieurs centaines
de milliers d’euros pour les
prises de participation. En 2017,
Nenufar, start-up qui
commercialise des pantoufles, a
levé 405 000 euros sur Raizers.
Jusqu’à 600 000 euros
BUSINESS ANGELS.
S’ils estiment que votre projet
présente de belles perspectives
de développement, ces
investisseurs à la recherche
de «pépites» n’hésiteront
pas à vous apporter un
soutien plus que confortable :
jusqu’à 1 000 000 euros dans
certains cas.
Jusqu’à 5 millions d’euros
CAPITAL-RISQUE.
Après plusieurs tours de table
auprès des business angels,
le capital-risque est la suite
logique. Attention, pour espérer
lever plusieurs millions d’euros,
vous devez afficher des
résultats tangibles et réaliser
au moins un million d’euros
de chiffre d’affaires.

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
4 Trouver les bons
financements
ICO, la levée de fonds 4.0
LES CRYPTOMONNAIES PERMETTENT DE TROUVER
DES MILLIONS SANS OUVRIR SON CAPITAL ET EN UN TEMPS
RECORD. MAIS COMMENT ÇA MARCHE ? Par Constance de Cambiaire
M
oins de trois heures pour ré-
colter 12,5 millions de dol-
lars. C’est la performance ré-
alisée en avril 2017 par iExec.
Le plus fort est que cette start-
up lyonnaise, qui propose une
plateforme de location de puis-
sance de calcul fondée sur la « blockchain », n’a pour
EN CHIFFRES l’heure réalisé aucun chiffre d’affaires ! Bienvenue
dans le monde étonnant des ICO, l’acronyme d’Ini-
3,9
tial Coin Offering, ces levées de fonds en monnaie
virtuelle qui font fureur outre-Atlantique. Apparu
en 2013, ce mode de financement connaît une
croissance exponentielle : en 2017, 211 start-
up ont ainsi récolté près de 3,9 milliards de dol-
MILLIARDS
DE DOLLARS. lars, selon le site CoinSchedule. Et voilà que cette
C’est le montant manne arrive en France. Pikcio (développé par
récolté avec des MatchUpBox) est la cinquième start-up de l’Hexa-
levées de fonds ICO gone à se lancer dans l’aventure. Cette plateforme
par 211 start-up spécialisée dans l’optimisation et la sécurisation
américaines en 2017,
des données personnelles a émis, fin février 2018,
selon le site
CoinSchedule. 25 millions de Pikcio Coins pour récolter l’équiva-
lent de 25 millions d’euros. « Nous n’aurions ja-
mais pu lever cette somme avec du financement
participatif ou une levée de fonds classiques »,
s’enthousiasme Didier Collin de Casaubon, le
fondateur de la start-up montpelliéraine qui em-
ploie une quinzaine de personnes. Avec les ICO,
tout semble possible. Mais est-ce vraiment le cas ?
Une ICO n’est pas une levée de fonds tradi-
tionnelle mais un moyen de financement partici-
patif ouvert au public et fondé sur la technologie
blockchain. Elle permet à une start-up de récol-
ter des fonds en émettant et en vendant des jetons
80
virtuels (appelés tokens, en anglais). Les investis-
seurs achètent cet actif numérique le plus souvent
en cryptomonnaie (bitcoin, ether, etc.), même
si les euros ou les dollars sont parfois acceptés.
Une fois l’ICO terminée, la société peut échanger
les bitcoins qu’elle a reçus contre des euros son-
nants et trébuchants. Voilà pour l’explication de
base. Mais, en l’absence de tout cadre juridique,
chaque start-up est libre de fixer ses propres règles.
Des jetons pour quoi faire ?
Attention, il ne s’agit pas de parts de capital,
comme dans une levée de fonds. « Dans la majorité
des cas, les jetons donnent juste à leur détenteur
le droit d’utiliser les services de la start-up », sou-
ligne Emilien Dutang, cofondateur de Blockchain
Partner, une entreprise spécialisée dans le conseil
sur les technologies blockchain. Ils sont achetés
par des internautes séduits par un projet, un ser-
vice ou un produit : ce sont ses futurs utilisateurs.
Sauf exception, ils ne confèrent aucun droit, ni
dans le capital ni sur les dividendes de la start-
up. Ainsi, les jetons émis en septembre 2017 par
DomRaider serviront de monnaie d’échange sur
le site de vente aux enchères que la start-up est en
train de lancer. Mais il arrive que des acheteurs
spéculent, par exemple lorsqu’une start-up pro-
pose de préacheter à un prix attractif un produit
qui fait le buzz… en espérant le revendre plus cher.
Adieu due diligence, pitch et valorisation : dans
le monde des ICO, l’entreprise choisit elle-même la
valeur de son jeton et la quantité qu’elle souhaite
mettre en circulation, tout en en garantissant la
liquidité afin qu’il puisse être revendu comme une
action en Bourse ! Pour cela, la start-up paie un
tribut à des plateformes – telles Bittrex, Binance
ou Kraken – pour que ses jetons y soient cotés.
Afin de s’informer sur le projet, les investisseurs
doivent, eux, consulter le livre blanc publié par
la start-up. « Un document essentiel qui ne doit
pas être négligé », précise Tristan Colombet, fon-
dateur et PDG de DomRaider, dont le livre blanc
comptait 130 pages. Il sert en effet de document
de référence et contient des informations pré-
cises sur l’équipe de la start-up, son projet, un
plan de développement détaillé et les modalités
de l’ICO. A l’inverse, réaliser une ICO demande
de prendre des précautions quant à l’identité des
investisseurs : dans le protocole blockchain, les
utilisateurs restent quasi anonymes.
Des règles très strictes
Les start-up ont donc adopté des règles très
strictes pour connaître l’origine des fonds récol-
tés. « Lors de notre ICO, chaque personne sou-
haitant acheter des Pikcio Coins a dû décliner
ses nom, prénom, date de naissance, pays d’ori-
gine et télécharger une pièce d’identité, détaille
Didier Collin de Casaubon. Un algorithme a croi-
sé ces données avec des fichiers internationaux
pour voir si les investisseurs n’étaient pas listés
dans des dossiers de blanchiment d’argent. »
Au total, l’ICO est « une opération compliquée
et coûteuse », prévient Tristan Colombet. Entre
l’audit de sécurité, l’assistance juridique et fis-
cale et la campagne marketing, l’ICO réalisée
par sa start-up a mobilisé une trentaine de per-
sonnes à temps plein pendant six mois pour un
coût estimé à 1 million d’euros, soit 3 % environ
des fonds visés. Et l’entrepreneur n’est pas au
bout de ses peines, car, d’un point de vue fiscal et
comptable, une ICO n’est pas une mince affaire.
L’entreprise (500 000 euros de chiffre d’affaires
en 2016) a écoulé 560 millions de DomRaider
Tokens (DRT), qu’il espérait valoriser 35 millions
d’euros. Mais Tristan Colombet attend le feu vert
de l’administration fiscale pour communiquer
sur le montant définitif : « Selon que les DRT
sont considérés comme un moyen de paiement
ou comme une prestation de service, ce ne sont
pas les mêmes règles d’imposition ni de TVA qui
s’appliqueront », explique-t-il.
Des investisseurs sélectifs
« En théorie, rien n’empêche une entreprise
n’utilisant pas la blockchain de réaliser une ICO…
Pourtant, aujourd’hui, 100 % des projets finan-
cés par ICO s’appuient sur cette technologie »,
rappelle Laurent Leloup, fondateur et directeur
général de Chaineum, le cabinet qui a conseillé
DomRaider. Mais blockchain ou pas, il semble que
l’euphorie autour des ICO commence à marquer
le pas. « Même si la tendance reste très positive
[...], les investisseurs sont plus sélectifs », note
dans une étude le cabinet américain Architect
Partners. Si, en juin 2017, 93 % des ICO parve-
naient à être bouclées, quatre mois plus tard, elles
n’étaient plus que 34 % à aboutir. Les auteurs de
l’étude y voient l’effet conjugué d’une offre plé-
thorique et d’une méfiance accrue des investis-
seurs. Non seulement ils prennent des risques en
misant sur des projets encore inexistants, mais ils
doivent se méfier des arnaques : ainsi, après avoir
levé 375 000 dollars (environ 329 000 euros) en
novembre 2017, la start-up Confido a disparu des
écrans et l’argent s’est envolé. « Pour l’instant, c’est
le Far West », tranche Tristan Colombet. Pour évi-
ter ce genre de fraude et encadrer ces nouvelles
levées de fonds, les régulateurs du monde en-
tier planchent sur les ICO. Après leur interdic-
tion en Chine et en Corée du Sud, l’Autorité
des marchés financiers (AMF) a lancé fin
2017 une consultation sur le sujet. Guide
de bonnes pratiques ou législation nou-
velle, plusieurs options sont envisagées.
« Les ICO doivent être réservées à un
public ayant une bonne connaissance
des protocoles blockchain, car il s’agit
d’un investissement risqué », met en
garde Franck Guiader, directeur de la
division Fintech, innovation et compétiti-
vité à l’AMF. « Le secteur a besoin de règles
pour rassurer les investisseurs et pouvoir
se développer », conclut Tristan Colombet.
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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

5
Réussir
ses premiers pas
d’entrepreneur
VOTRE PROJET A PRIS FORME,
BRAVO ! IL S’AGIT À PRÉSENT DE
CHOISIR LA BONNE STRATÉGIE POUR
FAIRE SAVOIR QUE VOUS EXISTEZ.
CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
5 Réussir ses premiers pas
d’entrepreneur
Sept repères essentiels
sur la route du succès
VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE SAUTER LE PAS ET DE CRÉER
VOTRE ENTREPRISE. IL FAUT DÉSORMAIS ADAPTER VOTRE
STRATÉGIE À CETTE NOUVELLE SITUATION. RÉCAPITULATIF
DES RÉFLEXES À ACQUÉRIR AU PLUS VITE. Par Marie-Madeleine Sève
E
nviron 49 % des cadres songent
à créer leur entreprise (enquête
OpinionWay, janvier 2016). Que
l’on veuille gravir les échelons d’une
entreprise ou que l’on décide de se
mettre à son compte, les ingrédients
du succès restent les mêmes : dispo-
ser d’un excellent relationnel, avoir assez de flair
pour détecter les tendances et savoir prendre
des risques calculés. « Il faut aussi être conscient
de sa valeur ajoutée et être capable de la faire
connaître », renchérit Yves Maire du Poset, auteur
de L’Art de parler de soi (Leduc.s). Bref, le créa-
teur d’entreprise doit savoir vendre son projet.
1
Choisissez bien votre associé
« Il vaut mieux démarrer en duo qu’en
solo », souligne Catherine Léger-Jarniou,
auteure du Grand Livre de l’entrepreneu-
riat (Dunod). Mais gare à ne pas se lancer les
yeux fermés avec un camarade de promo. Pour
savoir si votre tandem peut résister, faites-lui pas-
ser un crash test. « Pour cela, recommande Alain
Bosetti, président du Salon SME (Solutions pour
Soyez généreux avec vos
premiers clients : ce sont
vos meilleurs ambassadeurs.  Bosetti. Vous pourrez ainsi vous concentrer sur
84
mon entreprise, ex-Salon des microentreprises),
posez-lui les questions qui fâchent : “On ne peut
pas se payer pendant dix mois, comment réagis-
tu ?”, “Un journaliste veut m’interviewer seul,
comment le vis-tu ?”»
Privilégiez la rentabilité
Penser produits et marchés promet-
teurs, c’est bien, mais gare aux coûts
fixes ! Ne raisonnez pas seulement en
termes de chiffre d’affaires. « Il est préférable de
se lancer avec 4 000 euros sur une niche où l’on
pourra dégager 25 % de marge plutôt que d’es-
sayer de lever des fonds pour des projets trop am-
bitieux », observe Matthieu Poirot, coach et psy-
chologue social, fondateur de Midori Consulting.
3
Soignez vos clients
Soyez généreux avec vos premiers clients :
ce sont vos meilleurs ambassadeurs.
« Accordez-leur un tarif préférentiel, en leur
expliquant bien qu’il s’agit là d’un prix de lance-
ment », préconise Romain Joly, consultant auprès
des jeunes entreprises chez Advise for Change.
4
Sachez être fainéant au bon
moment !
« Déléguez ce qui vous pèse le plus ou ce
que vous ne savez pas bien faire, reprend Alain
 Alice Zagury,
confondatrice de
The Family, créée
en 2013 avec
Nicolas Colin et
Oussama Ammar.

l’essentiel. » Trouver des parrains peut se révéler

fort utile. En plus de vous donner des conseils,
ces contacts pourront vous soutenir en cas de
baisse de moral, voire même vous donner accès
à leur carnet d’adresses. Outre les généralistes
(reseau-entreprendre.org), vous pourrez trou-
ver un parrain via des réseaux plus ciblés : il en

LÉA CRESPI POUR MANAGEMENT

existe dédiés aux femmes (actionelles.org, fede-
rationpionnieres.org) ; aux intrapreneurs (diese-
essaimage.org) ; aux étudiants (moovjee.fr) ; aux
personnes issues de quartiers populaires (planet-
finance-france.org, lanouvellepme.fr)… Certains
cadres à la retraite offrent facilement leur temps
(ecti.org, egee.asso.fr).

5
Préparez-vous des reporting
Couchez noir sur blanc vos idées, pro-
jets et bilans des opérations en cours.
Fastidieux ? Certes, mais ô combien
« Il ne faut pas se lancer
payant : vous aurez un véritable outil de pilotage
qui vous permettra d’anticiper. Chaque matin,
parce qu’entreprendre,
interrogez-vous sur les actions à accomplir pen-
dant la journée.
c’est “stylé” ! »
Alice Zagury est la confondatrice de The Family, structure hybride,

6
Tenez un carnet de confiance à mi-chemin entre incubateur, fonds d’investissement et
Un créateur passe son temps à encais- accélérateur qui, depuis 2013, accompagne près d’une centaine
ser des refus : de la banque, des fournis- de start-up chaque année. Son point de vue sur l’entrepreneuriat.
seurs… Pour rester constructif, notez chaque soir

C
les points positifs de la journée. « Ces preuves de
’est vrai, on sait que beaucoup c’est très dur d’être à
confiance sont indispensables pour garder votre il y a une de start-up se cassent fond. Nous ne sommes
énergie intacte », souligne Alain Bosetti. “hype” de la gueule au bout pas là pour faire du
la start-up de deux, trois ans… Et prosélytisme. Il ne s’agit

7
Évitez l’arrogance aujourd’hui. puis, c’est très difficile pas que tout le monde
Attention à ne pas jouer les vedettes. Mais il ne financièrement, tout crée sa start-up coûte
A force de répéter : « Avant, je gérais tant faut surtout pas se le monde n’a pas des que coûte. Au contraire,
de collaborateurs, je disposais d’un budget de lancer parce que c’est parents pour aider. Le nous conseillons aux
tant », vous risquez d’irriter vos partenaires. « Vous à la mode. Ce n’est vrai frein à l’innovation, entrepreneurs qui
pas “stylé” d’être c’est la difficulté à galèrent d’aller chercher
devez montrer que vous avez de l’expérience
entrepreneur ! C’est payer son loyer ! Chez la sécurité financière
tout en restant humble », conseille Hervé Ludin, énormément de The Family, on pense dans une boîte qui
associé du cabinet de conseil EOS Dirigeant. Dites responsabilités, de que tant qu’on n’est marche. Et quand ils se
par exemple : « Sur ce projet, je suis légitime car pression, de sacrifices. pas libéré de ces sont remis à flot, alors
j’ai déjà piloté tant de personnes. » Surtout quand contraintes matérielles, on peut discuter. »

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 85

CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
5 Réussir ses premiers pas
d’entrepreneur
Faites savoir
que vous existez
POUR QUE VOS CLIENTS POTENTIELS
DÉCOUVRENT VOTRE EXISTENCE,
VOUS ALLEZ DEVOIR ACTIVER VOS
RÉSEAUX ET FAIRE PARLER DE VOUS.
ous avez le nez dans le guidon et la pu-
blicité ne fait pas partie de vos priorités.
Pourtant, sans un petit coup de projec-
teur, votre activité aura du mal à décoller.
Il est donc indispensable d’intégrer dès le
départ le volet communication dans votre
plan d’action. D’autant qu’aujourd’hui il est
tout à fait possible de faire parler de soi sans dé-
penser des fortunes.
Commencez près de chez vous. C’est la solu-
tion la plus facile à mettre en œuvre et la moins
onéreuse : confectionnez vous-même des flyers
ou des cartes de visite (de 0,01 à 0,05 euro l’uni-
té) et inondez-en votre quartier : commerçants,
boîtes aux lettres, pare-brise de voiture… Assurez-
vous que vos documents sont explicites sur votre
activité et mentionnent bien comment vous
contacter. Pour être efficace, ce genre d’opération
doit s’inscrire dans la durée. Prévoyez large. Des
imprimeries en ligne, comme Copifac, Copy-Top
ou Vistaprint, proposent des tarifs dégressifs.
Signalez-vous aux médias
Un article dans la presse est toujours très effi-
cace pour augmenter votre notoriété. Commencez
par contacter les rédactions de votre région et le
magazine municipal. Envoyez-leur un commu-
niqué présentant votre activité. Vous pouvez le
réaliser vous-même ou passer par une agence
86
de relations presse qui, en plus, s’occupera de
prendre contact avec les journalistes. Leur carnet
d’adresses justifie l’investissement. « En quatre
mois de collaboration, j’ai obtenu pas moins de
60 articles dans la presse et quatre reportages
télévisés », confirme Jérôme Tricault, créateur
de MagicBed (lit autopliant pour bébé), désor-
mais installé aux Etats-Unis. Dans tous les cas,
peaufinez votre storytelling pour mériter les hon-
neurs des médias.
Soyez visible sur Internet
Vous devez pouvoir être trouvé sur la Toile
rapidement et simplement. Soignez le référen-
cement de vos pages Internet. Pensez aux mots-
clés qui dirigeront les internautes vers votre site.
Multipliez-les afin qu’ils soient repérés par les mo-
teurs de recherche. Ensuite, publiez des « news »
sur votre secteur d’activité, informez les inter-
nautes des nouveautés concernant les produits,
commentez les nouvelles lois… Vous y gagnerez
en visibilité et en crédibilité.
Créez une communauté sur facebook
Pensez, enfin, aux réseaux sociaux. Une
présence active sur Facebook permet de créer
une communauté d’utilisateurs-prescripteurs.
Sébastien Specht, cofondateur des jus de fruits
Borderline, fédère ainsi plusieurs milliers de fans.
« Nous communiquons sur notre activité, organi-
sons des concours, des dégustations… C’est un
excellent moyen de créer de la notoriété quand
on démarre », explique le créateur. Et, détail non
négligeable, c’est gratuit !
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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
5 Réussir ses premiers pas
d’entrepreneur
Adoptez
l’esprit start-up
INNOVATION, CRÉATIVITÉ, PARTAGE,
MANAGEMENT TRANSVERSAL…
LES CRÉATEURS DE START-UP CASSENT
LES CODES DE L’ENTREPRENEURIAT À
LA PAPA. ET ÇA MARCHE !  N’HÉSITEZ PAS
À VOUS INSPIRER DE LEURS MÉTHODES.
H
abitués dès leurs premiers pas à
travailler via les couveuses, les
incubateurs ou les accélérateurs,
rodés aux réseaux sociaux, les
créateurs de start-up n’hésitent
pas à se regrouper pour démar-
cher et décrocher de nouveaux
contrats, à mutualiser des compétences pour
plus d’efficacité, à partager bons plans et… bons
clients. Un nouvel état d’esprit qui a largement
fait ses preuves et se répand à la vitesse grand V.
N’hésitez donc pas à y piocher quelques idées.
Osez le « test and learn »
C’est sans doute le principal enseignement à
tirer du fonctionnement de start-up : faire, quitte
à mal faire ou à rater. Tester, essayer et apprendre
au fur et à mesure. Les start-up ont proscrit le
règne de l’idée gravée dans le marbre. L’heure
est plutôt à l’empirisme anglo-saxon, au faire et
à l’hypothèse. On a une idée ? On la teste. On la
garde si elle est bonne, on l’abandonne si elle est
mauvaise. C’est le fameux test and learn.
Visez l’international dès le départ
A peine créées, de nombreuses start-up font
du monde leur jardin. Nées mondiales de par leur
88
activité, elles visent l’international sans attendre,
jugeant le marché français trop étroit pour leurs
ambitions. Pour ces jeunes pousses born global,
l’enjeu est d’aller vite et d’attaquer immédiatement
de gros marchés comme les Etats-Unis, l’Asie ou
l’Afrique. Avec les nouvelles technologies, il n’y a
plus de frontières et il est plus facile – et surtout
plus rapide – d’appréhender les clientèles étran-
gères. C’est le cas d’Aurélien De Meaux, cofonda-
teur de Cheerz, un service en ligne d’impression
de photos à partir des images postées sur les ré-
seaux sociaux ou stockées dans son smartphone.
« Nous nous sommes lancés en 2012 sous le nom
de Polabox, mais il n’était pas adapté à l’interna-
tional car Pola ne veut rien dire en anglais. C’est
pourquoi très vite nous avons choisi de nous re-
baptiser pour aborder plus facilement le marché
international. » Avec entre 2000 à 3 000 com-
mandes par jour et plus de 10 millions d’euros
de chiffre d’affaires, Cheerz espère désormais
devenir la première application d’impression
d’Europe depuis mobile.
Autre exemple, Corinne Versini a fondé
Genes’Ink, une société qui fabrique et distribue
des matériaux, notamment des encres à base de
nanoparticules, pour l’industrie. « Aujourd’hui, le
marché est international. A moins de lancer une
petite activité artisanale, c’est obligatoire d’aller
à l’étranger si on veut créer une société qui tienne
la route. Je n’ai jamais imaginé ne vendre qu’en
France car qu’il n’y a plus beaucoup d’industries
technologiques ici. Nous cherchons donc à nous
implanter partout. » Basée dans le sud de la France,
la start-up a même commencé par réaliser 100 %
de son chiffre d’affaires à l’étranger, notamment
en Asie, avant de décrocher ses premiers clients
hexagonaux, après plusieurs années d’existence.
 ÉTUDIANT-
ENTREPRENEUR,
Souvent jeunes et issus des mêmes écoles, UN STATUT À PART décalées, infographies, podcasts : Merci Handy ne
les créateurs de start-up se serrent naturelle- ménage pas ses efforts pour accrocher ses cyber-
ment les coudes. Une question de génération. Tout étudiant ou jeune fans. Son compte Instagram (200 000 followers)
Ils se connectent, échangent, se nourrissent de diplômé qui souhaite présente les produits, les procédés de fabrica-
créer son entreprise
leurs expériences respectives. Parmi les place to peut bénéficier tion, etc., tandis que Facebook est utilisé « pour
be des start-uppeurs : les incubateurs, les accé- du statut d’étudiant- faire rire et créer des vidéos virales ». Exemple de
lérateurs, les apéros entrepreneurs, les concours entrepreneur. Lancé en film mis en ligne : un tutoriel pour apprendre à se
de pitch… Bref, tous les spots qui permettent de septembre 2014, il coiffer comme une licorne ! « Nous avons décidé
permet d’être encadré
réseauter et de multiplier les contacts qualifiés. de réinventer ce produit délaissé par les grandes
au sein d’un
Pôle étudiant pour marques et de le rendre sexy en y ajoutant de l’aloe
Cultivez l’esprit de famille l’innovation, vera, de la vitamine E et une touche parfumée »,
Fondée en 2013, The Family accompagne près le transfert et explique Louis. Le tout agrémenté d’un packaging
d’une centaine de start-up. Ce n’est ni un incu- l’entreprenariat (Pépite) rétro et coloré. La start-up (27 salariés) a doublé
par des enseignants
bateur, ni un fonds d’investissement, ni même et un professionnel de
son chiffre d’affaires en 2017.
encore un accélérateur de croissance, mais une la création d’entreprise.
structure hybride, à mi-chemin entre tout ça. A ce jour, il existe 29 Managez à la coule
Contre 1 % de leur capital, les entrepreneurs en Pépite répartis dans les Le « no management » a pris le pouvoir dans
herbe intègrent un programme intensif de for- universités et certaines les start-up. Loin des grands groupes, de leurs
grandes écoles. Au-delà
mations personnalisées, pour réussir à donner d’un accompagnement réunions interminables, de leur hiérarchie pesante,
corps à leurs innovations. Et ça marche. Sur les renforcé, les étudiants- les jeunes pousses revendiquent un management
quelque 500 jeunes pousses passées par ces lo- entrepreneurs ont accès où chacun trouve sa place. La hiérarchie est le plus
caux, 220 sont entrées sur le marché. « On a créé à des locaux et des flat (« plate ») possible. Mais attention, prévient
un espace pour permettre à des gens venus de espaces de coworking Quentin Vacher, le cofondateur de Frichti (site
et conservent les
tous horizons de concrétiser leurs idées », détaille avantages de leur statut de préparation et livraison de repas à domicile),
Alice Zagury, cofondatrice de The Family. « Ici, étudiant. Ils peuvent « beaucoup considèrent que les start-up sont plus
on est une famille et comme toutes les bonnes également obtenir un cool que les grandes boîtes… C’est l’opposé ! Dans
familles, on protège, on éduque et on participe diplôme à la fin de leur un grand groupe, il est plus facile de comprendre
cursus : le D2E (diplôme
au financement des enfants, nos start-up. » les codes et de réussir. Dans une start-up, c’est
d’établissement
étudiant-entrepreneur). moins évident : il faut énormément travailler et
Testez la méthode « guérilla marketing » Pour obtenir le statut : savoir se remettre en question, s’exposer, donner
Pour se faire connaître, les start-up n’y vont remplir un dossier et son opinion. C’est une aventure plus exigeante. En
pas par quatre chemins. Loin des outils tradition- l’envoyer au Pépite dont revanche, la circulation de l’information y est bien
vous dépendez
nels (relations presse, événementiel, publicité), (enseignementsup-
plus rapide et bien plus transparente. L’agilité est
elles mettent en place des stratégies rapides et recherche.gouv.fr). indispensable à une start-up si elle veut gagner du
agressives, qui leur permettent de se faire voir Frais d’inscription : temps et donc diminuer la probabilité de sa dis-
et de se faire entendre auprès d’un public ciblé. 500 euros. En 2017, parition. Or cette agilité passe, d’après moi, par
C’est ce que l’on appelle la « guérilla marketing ». 3 500 étudiants ont le partage et la diffusion des prises de décisions
bénéficié de ce statut.
Une communication à petit budget qui s’appuie parmi les collaborateurs. L’objectif d’un dirigeant
sur la créativité, l’opportunisme et le marketing consiste à maximiser l’engagement du collectif en
viral. C’est la recette appliquée par Louis Marty minimisant les risques d’incompréhension : on ne
et Roland Jais-Nielsen pour faire connaître leur peut pas adhérer à un projet sans savoir et com-
marque de gel antibactérien Merci Handy. Vidéos prendre pourquoi on fait les choses. »

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CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019
5 Réussir ses premiers pas
d’entrepreneur
Soyez au clair
avec la paperasse
FAIRE EXISTER VOTRE ACTIVITÉ SUPPOSE DE NOMBREUSES
DÉMARCHES ADMINISTRATIVES. UNE ÉTAPE GRANDEMENT
FACILITÉE PAR LES CENTRES DE FORMALITÉS DES ENTREPRISES.
Q
uelle que soit la forme juridique
choisie, passer par la case admi-
nistrative s’impose. D’une part,
pour déclarer votre activité au-
près des organismes publics
et des administrations (Insee,
Urssaf, centres des finances pu-
bliques, caisses sociales…) ; d’autre part, pour
immatriculer votre entreprise et obtenir son nu-
méro Siren qui sert d’identifiant unique.
Fort heureusement, les démarches s’effec-
tuent simplement grâce au centre de formalités
des entreprises (CFE). Par définition, ce « gui-
chet unique de la création et de la gestion d’en-
treprise » est « chargé à la fois d’informer sur
la réglementation relative à la création d’acti-
vité et d’assurer la centralisation, le contrôle
formel et la transmission des demandes d’au-
torisations pour les activités réglementées,
nécessitant une démarche particulière ». Il dif-
fère selon la nature de l’activité. Par exemple,
pour une société commerciale (sauf en cas
Il est possible de débuter
l’activité sans numéro Siren,
en mentionnant sur vos devis
et factures « numéro Siren-Siret :
en cours d’attribution »  professionnels libéraux, artistes… – et M0 pour
90
d’inscription obligatoire au répertoire des mé-
tiers), il s’agit de la chambre de commerce
et d’industrie (CCI) tandis que l’Urssaf ou la
caisse générale de Sécurité sociale s’occupe des
professions libérales. Sans surprise, ces démarches
aussi fastidieuses qu’indispensables exigent de
fournir une multitude de documents.
N’oubliez rien, vous risquez d’être recalé
Si vous créez une entreprise individuelle et
décidez de mettre une partie de vos biens per-
sonnels à l’abri des créanciers, une copie de la
déclaration d’insaisissabilité est demandée. Pour
une EURL, une SARL ou une SA, il faut produire
les statuts de l’entreprise ainsi qu’une copie de
l’attestation de parution dans le journal d’an-
nonces légales où ont été publiés l’avis de consti-
tution de la société et l’acte de nomination du ou
des gérants. Vous vous lancez dans l’artisanat ?
Pensez à transmettre l’attestation de suivi d’un
stage de préparation à l’installation – il prouve
que vous avez les qualifications pour exercer – ou
une dispense, si vous remplissez les conditions de
diplôme requises. N’omettez aucun justificatif,
sinon votre dossier sera recalé et vous serez bon
pour un deuxième tour. Pour une liste détaillée
des documents requis, adressez-vous au CFE.
Lors du dépôt de la déclaration d’existence (P0
pour les personnes physiques – exploitants indi-
viduels, artisans, commerçants indépendants,

les sociétés), si le dossier d’immatriculation est
complet, le CFE délivre au porteur de projet, im-
médiatement et gratuitement, un récépissé de
dépôt de création d’entreprise (RDDCE). Valable
jusqu’à la notification de l’immatriculation par
le greffe (dans un délai d’un mois maximum), le
RDDCE peut se révéler utile pour votre courrier
postal et vos demandes de branchements télépho-
nique ou électrique, car le contrat peut être éta-
bli au nom de l’entreprise. Quand il est accepté,
votre dossier est envoyé aux organismes collec-
teurs (Urssaf, SSI, services fiscaux…) ainsi qu’à
l’Insee qui vous attribue alors un numéro Siren.
Ce numéro à neuf chiffres identifie l’entreprise.
A noter : si vous avez déjà des prospects ou des
clients, il est possible de débuter l’activité sans
numéro Siren, en mentionnant sur vos devis et
factures « numéro Siren-Siret : en cours d’attri-
bution » (composé de 14 chiffres, le numéro Siret
identifie de façon unique chaque établissement
de la même entreprise). Le numéro reçu, n’ou-
bliez pas de faire part de votre immatriculation à
vos clients, ou d’éditer une facture corrigée avec
votre immatriculation.
Déposez votre demande d’Accre au CFE
A priori, une fois réglées ces formalités, vous
n’avez pas à retourner au CFE. Sauf change-
ments majeurs : de dirigeants, d’associés, de statut
COMBIEN COÛTE
UNE IMMATRICULATION
Entreprise individuelle dont l’activité est commerciale :
25,34 euros pour une inscription au registre du commerce et des
sociétés (RCS).
Entreprise individuelle dont l’activité est artisanale : en moyenne
130 euros pour l’immatriculation au répertoire des métiers (RM), plus
250 euros pour le stage de préparation à l’installation (Spi).
SARL ou EURL : en moyenne 200 euros* de frais de publication
dans un journal d’annonces légales, plus 39,42 euros d’immatriculation
au RCS (activité commerciale) ou 130 euros* environ pour
l’immatriculation au RM.
SA ou SAS : en moyenne 230 euros de frais de publication dans un
journal d’annonces légales, plus 39,42 euros d’immatriculation au RCS
(activité commerciale) ou 130 euros* pour l’immatriculation au RM.
*Ces montants varient selon les départements.
juridique, d’adresse et de fonctionnement (si votre
conjoint rejoint l’entreprise, par exemple) ou en
cas de cessation d’activité. Attention, il doit s’agir
de modifications de mentions qui apparaissent
sur l’extrait Kbis, autrement le CFE n’est pas ha-
bilité. Une cession de parts sociales entre asso-
ciés de SARL ne relève pas de ses compétences.
Enfin, pour profiter des avantages de l’Aide
aux chômeurs créant ou reprenant une entre-
prise (Accre), désormais étendue à tous les en-
trepreneurs, déposez la demande au CFE lors
du dépôt de déclaration de création, ou dans les
quarante-cinq jours suivants.

DE QUEL CENTRE DÉPENDEZ-VOUS ?

Microentrepreneur
(ex-autoentrepreneur) : inscription
sur le site Lautoentrepreneur.fr.
Entrepreneur individuel exerçant une
activité commerciale, entreprise
commerciale (SARL, SA, EURL, SNC… sauf
en cas d’inscription obligatoire au répertoire
des métiers) : chambre de commerce et
d’industrie.
Entrepreneur individuel et entreprise
artisanale ou entreprise commerciale qui
doit s’inscrire au répertoire des métiers :
chambre des métiers et de l’artisanat.
Société civile ou non commerciale (SCI,
SCM, SCP, société d’exercice libéral – Selarl,
Elarl, Selafa, Selas, Selca), agent commercial
(personne physique), groupement d’intérêt
économique (GIE) : greffe du tribunal de
commerce.
Profession libérale (réglementée
ou non), artiste-auteur, qui exerce à titre
indépendant une activité de création
d’œuvres littéraires et dramatiques,
musicales et chorégraphiques, audiovisuelles
et cinématographiques, photographiques,
graphiques et plastiques : Urssaf ou caisse
générale de Sécurité sociale.
Entreprise ou entrepreneur individuel
exerçant à titre principal une activité
agricole : chambre d’agriculture.
Entreprise ou organisme ne relevant pas
d’un autre CFE et n’ayant pas d’obligations
autres que statistiques et fiscales : centre
des impôts.

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 CRÉER SON ENTREPRISE EN 2019

EN
PRATIQUE 18
CONSEILS

L E S F I C H E S D U C R É AT E U R

93 CONSEIL 1 Lancer 98 CONSEIL 6 102 CONSEIL 10 106 CONSEIL 14 Intégrer

son activité en tant Se verser son Contraindre un un accélérateur pour
que microentrepreneur premier salaire débiteur réticent booster sa start-up
94 CONSEIL 2 Bénéficier en toute sérénité à vous payer
107 CONSEIL 15 Préserver
de la réforme de l’Accre 99 CONSEIL 7 103 CONSEIL 11 son patrimoine
95 CONSEIL 3 De la Trouver un nom Choisir le bon en cas de coup dur
microentreprise court et percutant moment pour clore
pour sa société son premier bilan 108 CONSEIL 16 Lever
à la vraie société : des fonds grâce
le grand saut 100 CONSEIL 8 104 CONSEIL 12 aux business angels
96 CONSEIL 4 Réussir son pitch Recruter son
L’indispensable pour le lancement premier salarié : 109 CONSEIL 17 Fermer
premier compte en de sa start-up un vrai marathon son entreprise coûte
banque professionnel au moins 2 500 euros
101 CONSEIL 9 105 CONSEIL 13
97 CONSEIL 5 Fixer Une bonne stratégie Pivoter à temps 110 CONSEIL 18 Etablir
un tarif journalier égal pour son besoin en pour éviter d’aller un rétroplanning pour
à son ancien salaire fonds de roulement dans le mur être prêt le jour J

92
 L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

1
Lancer son
des autoentrepreneurs (l’ancien nom des
microentrepreneurs). Une fois l’activité lan-
cée, pas de surprise ! Le montant des char-

activité en tant ges est connu d’avance : 13,1 % du CA pour

une activité commerciale, 22,5 % pour une
activité libérale et 22,7 % pour une activité

que micro- artisanale. Ces taxes sont à payer, au choix,

de façon mensuelle ou trimestrielle. Au mo-

entrepreneur ment de la déclaration de paiement, il faut

aussi s’acquitter de la contribution à la for-
mation professionnelle (de 0,1 à 0,3 % du
5 ÉTAPES
À RESPECTER
CA) et de la taxe pour frais de chambre (de
0,007 à 0,48 % du CA). Mais le principe fon- S’inscrire en
dateur du régime ne change pas : s’il ne ré- 1 remplissant les
alise pas de CA, le microentrepreneur ne rè- formulaires de déclaration en
Le régime de ligne sur Guichet-entreprises.fr
gle aucune cotisation. Il ne peut toutefois
microentrepreneur est un pas se dérober à l’obligation de remplir une
ou Lautoentrepreneur.fr.
tremplin idéal pour les déclaration sur le site Lautoentrepreneur.fr. 2
Faire des choix
concernant la
créateurs voulant tester En cas d’oubli ou de retard, une pénalité de périodicité (mensuelle ou
50 euros est exigée.
leur activité avant de passer trimestrielle) du paiement des
cotisations sociales et le
à la vitesse supérieure. OPTION LIBÉRATOIRE. Du côté du fisc, versement libératoire (ou pas)
deux formules sont possibles : soit on reporte de l’impôt sur le revenu.
le montant de son chiffre d’affaires sur sa S’immatriculer
déclaration de revenus, soit on opte pour le
3 au registre du
commerce et des sociétés

B
onne nouvelle, les plafonds
annuels de chiffre d’affaires per-
mettant de bénéficier du régime
fiscal et social de la microentre-
prise viennent d’être doublés !
A partir du 1er janvier 2019, il suffira de ne pas
dépasser 70 000 euros pour une activité de
services et 170 000 euros pour une activité
commerciale. Au-delà, l’entrepreneur passera
sous le régime des entreprises individuelles.
PAS DE CA, PAS DE COTISATIONS. « Des
formalités simples et des charges sociales
calculées en fonction du chiffre d’affaires,
voilà l’ADN de la microentreprise », souligne
Grégoire Leclercq, président de la Fédération
versement libératoire de l’impôt (de 1 à 2,2 %
du CA). « Ce dernier est plus favorable, mais
il est soumis à un plafond de 26 791 euros de
revenus par an », prévient Grégoire Leclercq.
TVA FLOTTANTE. Jusqu’ici totalement
exonérés de la TVA, les microentrepreneurs
n’en sont, depuis l’instauration des nouveaux
plafonds, dispensés que sur une partie de
leur activité. Au-delà de 33 200 euros facturés
(pour une activité de services) et de
82 800 euros (vente), ils sont tenus de
l’acquitter. Et risquent de devoir facturer
pendant une partie de l’année des montants
de 20 % plus élevés à leurs clients ! Une
posture intenable.
(RCS) pour une activité
commerciale, au répertoire
des métiers (RM) pour
une activité artisanale.
S’acquitter de ses
4 cotisations en réglant,
une fois l’activité lancée, les
charges sociales et les taxes
sur Lautoentrepreneur.fr.
Respecter ses
5 obligations en ouvrant
un compte bancaire, en
tenant un livre de recettes
et en établissant des factures
(avec la mention « TVA
non applicable, art. 293 B
du CGI »).

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E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
Comment bénéficier
de la réforme de l’Accre
En 2019, l’Etat instaure une « année blanche » de cotisations
sociales pour les créateurs et repreneurs d’entreprises. Cette
aide restera cependant soumise à conditions de ressources.
S
acré coup de pouce pour les patrons
en devenir. À compter du 1er jan-
vier 2019, tout créateur ou repre-
neur d’entreprise bénéficiera d’une
« année blanche » de cotisations
sociales, s’ils respecte certaines conditions de
ressources. La mesure a été instaurée dans le
budget 2018 de la Sécurité sociale, pour entrer
en vigueur en 2019. Jusqu’ici, cette aide aux
créateurs ou repreneurs d’entreprise (Accre)
était réservée aux particuliers inscrits à Pôle
emploi, aux allocataires du RSA ou bien aux
jeunes âgés de 18 à 25 ans.
Les conditions pour toucher cette allocation
restent identiques à celles instaurées au 1er jan-
vier 2017. Ainsi, afin de pouvoir prétendre à
l’Accre, les revenus d’activité de la personne
au titre de l’année précédente doivent être in-
férieurs au plafond annuel de la sécurité so-
ciale (Pass). Soit probablement 40 524 euros
en 2019 (3 377 euros par mois). L’exonération
est totale si les revenus annuels de l’entrepre-
neur sont inférieurs à 75 % du Pass, soit a priori
30 393 euros en 2019. Elle est dégressive si les
revenus sont compris entre 75 % et 100 %. Pour
les microentrepreneurs, l’Accre permet même
de bénéficier de taux de cotisations sociales
réduits pendant trois ans.
94
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
2
LES
DÉMARCHES
À EFFECTUER
Remplir le
 1
Afin d’éviter les abus, le bénéficiaire doit tou- formulaire Cerfa
jours exercer le « contrôle effectif de l’entre- 13584*02 (à télécharger
prise ». C’est-à-dire, pour les créateurs, soit sur service-public.fr/
détenir plus de 50 % du capital, soit en déte- particuliers/vosdroits/R17122).
nir au moins 33 % et en être le dirigeant (sous Déposer le
 2 formulaire de
réserve qu’un autre associé ne détienne pas
demande avec les pièces
plus de la moitié du capital). Les repreneurs
jointes auprès du Centre
d’une entreprise ont, eux, l’obligation d’être de formalités des entreprises
dirigeant de l’affaire. (CFE) compétent dans les
45 jours suivant le dépôt
CERTAINES COTISATIONS DEMEURENT. de la déclaration de création
Si l’aide sera évidemment utile aux petits ou de reprise de l’entreprise
patrons – ils sont exonérés des cotisations (guichet-entreprises.fr).
maladie, maternité, invalidité, décès, famille Le mieux étant de faire la
demande dès la création ou
et vieillesse de base –, elle ne les exonère
la reprise de l’entreprise afin
cependant pas de certaines cotisations. Il d’en bénéficier rapidement.
leur faudra toujours payer la contribution Si le dossier
sociale généralisée (CSG), financer le risque  3 est complet, le CFE
accident du travail, la retraite complémen- informe les organismes
taire, le Fonds national d’aide au logement, sociaux et transmet la
la formation professionnelle ainsi que le demande dans les vingt-quatre
versement transport. Cette réforme, selon heures à l’Urssaf.
L’Urssaf dispose
le gouvernement, devrait profiter en 2019  4 d’un délai d’un
à 350 000 personnes, soit 100 000 de plus
mois pour statuer sur la
qu’aujourd’hui. Pour un entrepreneur réalisant demande. Bon à savoir :
30 000 euros de revenu net la première an- l’absence de réponse dans le
née, l’économie est évaluée par l’exécutif à délai d’un mois vaut décision
9 500 euros. implicite d’acceptation.
 L E S F I C H E S
De la micro-
entreprise à la
vraie société :
le grand saut
La microentreprise est
une bonne solution pour
se lancer rapidement.
Mais si l’activité décolle,
mieux vaut se transformer
en société. Mode d’emploi.
S
i le statut de microentrepreneur
(ex-autoentrepreneur) est pratique
car il permet de se lancer en indé-
pendant avec des formalités très
restreintes, il montre ses limites dès
que l’activité décolle ou que l’on songe à se
développer. En effet, bien qu’ils aient été
récemment augmentés, les plafonds de chiffre
d’affaires imposés peuvent être vite atteints
selon le type d’activité dans lequel on se lance.
Si l’on a l’ambition de croître et, surtout, de
recruter, il peut être judicieux de songer à se
transformer en société.
CHARGES DÉDUCTIBLES. D’autant qu’en
microentrepreneur vous ne pouvez pas déduire
de votre chiffre d’affaires les charges réelles, y
compris l’amortissement des immobilisations
(informatique, mobilier, véhicule utilitaire…).
Une source d’économie toujours bienvenue
pour une petite entreprise, qui a besoin
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
d’investir pour se développer. Autre limite :
impossible de facturer la TVA ou de la récu-
3
pérer sur les achats : cela devient vite un han-
dicap face à la concurrence. Enfin, à la diffé-
rence d’une microentreprise, une société peut
se financer en ouvrant son capital à des
investisseurs privés ou à des fonds.
EXPERT INDISPENSABLE. Avant de devenir
patron de société, il faut se livrer à une étude
chiffrée en tenant compte de la rémunération
que l’on envisage de se verser, du futur statut
du dirigeant, de la forme juridique retenue, 5 ÉTAPES
des charges sociales et fiscales, etc. « Le À RESPECTER
recours à un expert-comptable et/ou à un
avocat est alors indispensable, prévient Préparez la
Grégoire Leclerq, président de la Fédération 1 transition vers le
des autoentrepreneurs. La transformation en passage en société : choix de
la forme juridique (SARL, SAS,
société doit respecter des mécanismes for-
SA…), rédaction des statuts,
mels. » L’entrepreneur peut en effet créer une valorisation des actifs et/ou du
société et apporter au capital de celle-ci les fonds de commerce, ouverture
« actifs » de sa microentreprise (fonds de d’un compte bancaire
commerce, stocks, solde bancaire créditeur…). professionnel.
Il s’agit alors d’un apport en nature. Ou alors Résiliez l’activité
vendre son fonds de commerce (ou son fonds 2 de la microentreprise
artisanal) à la société qu’il vient de créer. A sur le site Lautoentrepreneur.fr
trancher, donc, avec l’aide d’un spécialiste. (rubrique « Modifier » puis
« Cesser son activité »).
ANTICIPER LES DÉLAIS. Si la radiation du Déposez les statuts
3 de la nouvelle société au
régime microentrepreneur s’effectue en ligne
registre du commerce et des
en quelques minutes, il en va autrement des sociétés (auprès de votre
formalités de création de la nouvelle société : tribunal de commerce) et faites
rédaction des statuts, immatriculation au publier une annonce légale
greffe, annonce légale… Prévoyez entre un et (coût : entre 250 et 280 euros).
trois mois de délai. Et, une fois votre société Attendez
créée, préparez-vous à vous astreindre à une 4 l’attribution du
gestion plus pointue et quotidienne. « Avant, nouveau numéro de Siret
(différent de celui de votre
il me suffisait de trois clics pour déclarer mes
ancienne microentreprise)
cotisations sociales. Aujourd’hui, les volets pour commencer l’activité
administratif et gestion sont plus compliqués de la nouvelle société.
et prennent plus de temps », admet ainsi Mettez les factures,
Philippe Carrez, fondateur de Suboceana, 5 devis, contrats
start-up spécialisée dans la réalité augmen- d’assurance, etc., au nom
tée. La rançon du succès ! de votre nouvelle société.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 95
E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
L’indispensable premier compte
en banque professionnel
Les services et tarifs variant beaucoup d’un établissement
bancaire à l’autre, les créateurs seraient bien inspirés
d’accorder à cette étape toute l’attention qu’elle mérite.
P
eu de créateurs le savent, mais
l’ouverture d’un compte bancaire
professionnel est une obliga-
tion quand on lance une société.
Seules les entreprises indivi-
duelles échappent à cette obligation, mais
elles doivent, depuis janvier 2015, posséder un
compte propre à leur activité, afin de séparer
clairement les transactions privées des opéra-
tions professionnelles, et d’éviter toute confu-
sion fiscale et comptable.
DES PACKAGES ADAPTÉS. «Quelle que
soit la forme juridique de l’entreprise, il est
conseillé d’ouvrir un compte professionnel
car les banques ont des services adaptés à
la gestion d’une entreprise », souligne Cica
Pedro, manager du réseau d’accompagnement
Initiative Plaine Commune, en Seine-Saint-
Denis. En général, elles proposent ainsi des
packages comprenant moyens de paiement
(carte Bleue, chéquiers, RIB), services de ges-
tion (consultation des comptes en ligne, rele-
vés bancaires, assurances…) et autorisations de
découvert adaptées aux créateurs d’entreprise.
Pour ces offres standards, les tarifs oscillent
entre 25 et 40 euros par mois selon les établis-
sements bancaires. D’une banque à l’autre, les
services varient également et répondent à des
besoins spécifiques : paiement en ligne sécu-
risé si vous montez un site de e-commerce,
96
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
4
5 ÉTAPES
À RESPECTER
Choisir une banque
cartes bancaires internationales et virements 1 après avoir pris soin de
à l’étranger si vous travaillez avec des clients
comparer les services proposés
ou fournisseurs dans le monde entier, etc. Il et les tarifs.
est donc indispensable de bien comparer les
Verser le monnt
différentes offres et de consulter la grille tari- 2 du capital social sur
faire de ce type d’opérations… qui peuvent se un compte de dépôt de capital.
révéler très onéreuses si elles n’ont pas été Il restera bloqué jusqu’à la
correctement anticipées. création effective de
l’entreprise. La banque vous
BIEN CHOISIR SON CONSEILLER. Au-delà remettra alors une attestation
des tarifs, le choix de l’agence en elle-même de dépôt de capital,
indispensable pour la suite.
est, lui aussi, essentiel. Si votre projet nécessite
un emprunt, il n’y a pas d’autre solution que de Immatriculer
3 la société auprès du
domicilier les comptes de la société dans l’éta-
Centre de formalités des
blissement bancaire prêteur. Sinon, libre à vous
entreprises (CFE) compétent :
de choisir l’agence de votre choix. Privilégiez la CCI pour un commerçant,
proximité géographique (un avantage de poids chambre de métiers pour un
si vous devez fréquemment y déposer des artisan, Urssaf pour une
chèques) et choisissez l’établissement dans profession libérale.
lequel le contact avec le conseiller est le meil- Attendre l’extrait
leur. « Le relationnel est capital, souligne Cica 4 Kbis, qui vous sera
Pedro. En cas de difficultés passagères, le délivré par le tribunal
conseiller peut aider le créateur en lui propo- de commerce après votre
sant des solutions de financement. » Mais une immatriculation.
banque peut aussi refuser l’ouverture d’un Débloquer le capital
5 en présentant à la
compte à un créateur et rien ne l’oblige à en
banque un dossier complet
motiver les raisons. Elle doit en revanche lui
(avec Kbis, statuts, bail
envoyer par écrit une attestation de refus. Dans commercial, etc.). L’argent est
ce cas, le créateur doit aller à la Banque de transféré sur le compte
France, qui lui indiquera une agence où un professionnel. Vous pouvez
compte lui sera ouvert d’office. commencer à l’utiliser.
 L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

Fixer un tarif
prenait en charge par le nombre de jours
travaillés dans le mois », résume Estelle
Zeliszewski, responsable éditoriale de Shine,
5
une banque mobile destinée aux travailleurs

journalier égal indépendants. Ne prenez pas en compte les

impôts et les taxes. Partez du salaire brut
mensuel augmenté des charges patronales

à son ancien (le « coût global employeur »). Et ajoutez-

y le coût d’une mutuelle, d’une assurance

salaire chômage, un prorata de treizième mois dont

vous bénéficiiez lorsque vous étiez salarié.
LES
5 CRITÈRES
À CONSIDÉRER
150 EUROS POUR LES LOISIRS. N’oubliez
pas une somme correspondant aux avantages Le salaire global.
La tarification est le casse- en nature (chèques-vacances, restaurant,  1 C’est votre chiffre
tête du free-lance. Voici etc.) et les petits « plus » offerts par le comité de référence. Pour le calculer,
d’entreprise. Si vous gagniez 3 500 euros net, prenez votre ancien salaire
comment estimer le prix et multipliez-le par 1,8.
le coût global payé par votre entreprise pour
de ses prestations pour Mutuelle et
votre salaire était de 6 350 euros. Comptez  2 chômage. Deux postes
gagner l’équivalent de sa 200 euros de plus pour une bonne mutuelle ; à ne pas négliger car, en étant
rémunération précédente. 100 euros pour une assurance perte d’em- indépendant, vous serez
ploi et « au moins 150 euros pour le cinéma, très peu couvert et indemnisé.
le sport, les vacances, etc., sponsorisés en CE et autres
partie par le CE », évalue Estelle Zeliszewski.  3 avantages.

P
as facile, lorsqu’on est cadre et
que l’on quitte le confort d’une
grosse boîte pour se mettre à son
compte comme consultant, de
trouver la grille tarifaire permet-
tant de conserver un train de vie acceptable.
On a tendance à dévaluer ses prestations et,
faute d’expérience, à sous-évaluer ses charges
mensuelles. Résultat, on se retrouve en fin d’an-
née avec moitié moins de revenus que prévu.
Voici une méthode qui vous permettra de
calculer le prix d’une journée de travail afin de
gagner l’équivalent de ce que vous touchiez
en tant que salarié.
PARTIR DU BRUT. «Pour établir un taux jour-
nalier correspondant à votre ancien salaire,
il faut diviser les coûts que votre employeur
Ajoutez à la somme obtenue 350 euros de
treizième mois. Soit un total de 7 150 euros.
HORS TAXES. A présent, retranchez du
nombre de jours ouvrés dans le mois (20),
vos congés (par exemple, 2,5 jours) ainsi
que le nombre de jours travaillés mais non
payés, ceux pendant lesquels vous effec-
tuez les tâches administratives et la pros-
pection commerciale (2,5). Divisez ensuite
la première somme (7 150) par le nombre
de jours (15). Vous arrivez à un montant de
475 euros par jour. C’est ce qu’il vous faudra
facturer, hors taxes, pour gagner l’équivalent
de vos anciens revenus. Pour parvenir à un
tarif horaire, divisez ce montant par 8 (une
journée de travail compte huit heures), soit
60 euros de l’heure. Par Sébastien Pierrot
On y pense peu mais ils font
partie du revenu d’un salarié
et disparaîtront lorsque vous
deviendrez free-lance. Autant
de dépenses en plus pour
maintenir votre train de vie.
Les jours travaillés.
 4 Distinguez bien les jours
rémunérés de ceux où vous
travaillez sans rien gagner
(comptabilité, prospection,
etc.). Vos prix doivent
les prendre tous en compte.
Les vacances. En tant
 5 qu’indépendant, vous
ne gagnez rien pendant les
jours où vous ne travaillez pas.
Il est donc normal d’inclure
vos congés dans votre tarif
journalier.

HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 97

E N P R A T I Q U E

L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

Se verser son premier

salaire en toute sérénité
6
S’il est tout à fait légitime de songer à gagner de l’argent, il
faut toutefois s’assurer au préalable de la pérennité de son
entreprise et, surtout, penser à bien provisionner les charges. LES 5 ÉTAPES
À RESPECTER
Estimez vos besoins
 1

C
’est sans doute LA question qui
taraude le plus les entrepreneurs
en herbe : mais quand vais-je enfin
pouvoir me verser un salaire ? « Un
créateur peut se rémunérer si les
revenus de l’entreprise permettent de régler
ses charges fixes et qu’il reste du bénéfice »,
répond Stéphane Gaschet, responsable natio-
nal de Point C, le service de conseil aux créa-
teurs d’entreprise fondé par In Extenso (agence
d’expertise comptable). Il faut donc déjà que
la société enregistre ses premières ventes.
UN AN DE PATIENCE. Si vous ouvrez une
boulangerie, par exemple, vous commencerez
à vendre presque immédiatement, mais les
charges, elles, seront très lourdes (loyer,
matières premières, électricité, etc.). Dans le
cas d’une activité de conseil, ces dernières
seront beaucoup moins élevées (surtout si vous
travaillez à domicile). En revanche, il vous fau-
dra un certain temps pour décrocher vos pre-
mières missions et vous les faire régler. Dans
ce cas, tabler sur des rentrées d’argent rares
pendant les neuf premiers mois semble raison-
nable. De façon générale, et si vous le pouvez
bien sûr – parce que vous avez mis de l’argent
de côté ou que vous percevez l’Allocation d’aide
au retour à l’emploi –, attendez au moins une
année d’activité avant de vous verser un salaire.
Cela vous permettra de vérifier que votre
bénéfice réel correspond à ce que vous aviez
escompté dans votre bilan prévisionnel.
CA ET BÉNÉFICE. Pour calculer le béné-
fice de votre société, déduisez du produit des
ventes le loyer du local, le règlement des four-
nisseurs, éventuellement l’essence de votre
véhicule, l’achat de matériel, etc. Une fois tout
cela payé, s’il reste de l’argent, versez-vous
un salaire. La procédure est très légère : si
vous êtes non salarié – à la tête d’une entre-
prise individuelle (EI) –, il s’agit d’un simple
virement du compte bancaire de l’entreprise
vers votre compte personnel. Si vous êtes
« assimilé salarié » – dans le cas d’une société
par actions simplifiée unipersonnelle (Sasu),
par exemple –, il suffit d’émettre une fiche de
paie et d’effectuer une déclaration à l’Urssaf.
REMPLIR LES CAISSES. Dernier point
important : calculez les charges que l’entre-
prise devra payer sur votre paie. Elles dépendent
de votre statut : elles seront de 45 % du salaire
pour une EI (si vous vous versez 1 000 euros
net, l’entreprise paiera 1 450 euros au total) et
de 82 % pour une Sasu (elle déboursera
1 820 euros pour un salaire de 1 000 euros).
Prenez bien ces charges en compte, elles ne
vous seront réclamées par l’Urssaf que deux
ans plus tard : pas question que les caisses
soient vides à ce moment-là.
personnels.
Calculez avec votre conjoint(e)
le montant des revenus qu’il
vous faut chaque mois pour
maintenir votre train de vie.
Établissez
 2 le bilan prévisionnel
de l’entreprise.
Celui-ci prévoit la date des
premières rentrées d’argent,
leur montant, leur progression,
etc., mois après mois.
Calculez les charges
 3 fixes de la société.
Loyer, matières premières,
factures, salaires des
employés… le chiffre d’affaires
de l’entreprise doit d’abord
servir à honorer ces dépenses.
Garnir votre
 4 trésorerie.
Si l’entreprise dispose
de l’équivalent de trois mois
de dépenses sur son compte
en banque, elle pourra
encaisser des baisses
passagères d’activité.
Versez-vous un
 5 salaire dès que votre
chiffre d’affaires couvre toutes
les dépenses de la société
et permet de reconstituer
sa trésorerie.

98
 L E S F I C H E S
Trouver un
nom court
et percutant
pour
sa société
Le nom de votre entreprise
marquera à jamais son
destin. Sachez l’imposer
comme une évidence dans
la conscience collective.
B
aptiser sa société est un peu
comme décider du prénom d’un
enfant. Un exercice compliqué
dans lequel on n’a qu’une chance.
Pas question de se tromper. Le
choix est vaste, les tentations sont multiples et
la responsabilité est très lourde. « Le nom de
votre société, c’est l’élément qui va durer le plus
longtemps, prévient Cyril Gaillard, fondateur de
l’agence de naming Bénéfik. Le logo ou la stra-
tégie peuvent changer, mais le nom sera presque
immuable. » Nos conseils pour viser juste.
INTEMPOREL. Plusieurs critères doivent être
pris en compte. Il est préférable de faire court
(quatre syllabes au maximum) et de choisir un
nom facilement prononçable et mémorisable.
Evitez les répétitions de « h » et de « t », ainsi
que les sonorités compliquées. Les petits pains
suédois Krisprolls ont traîné pendant des années
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
leur nom comme un boulet, avant de prendre
habilement le parti de jouer sur cette difficulté
de prononciation dans leur publicité. Veillez
aussi à rester dans votre univers de marque
7
et de marché : si votre activité est alimentaire,
inspirez-vous d’une région ou d’une spécificité
locale. Ne vous interdisez pas les clins d’œil
historiques, comme Auchan, dont le nom UN BAPTÊME
provient du quartier des Hauts Champs, à
Roubaix, où a été implanté son premier maga-
EN 6 ÉTAPES
Délimitez.
sin. Et fuyez les effets de mode : les sonori-  1 Définissez votre
tés en « oo » (Wanadoo, Kelkoo, Oodoc…) et positionnement, votre cible,
le préfixe « e » (eBay, e-loue, e-logis…) sont votre valeur ajoutée, votre
déjà largement datés. Plutôt que de surfer offre, etc.
sur des vagues éphémères, différenciez-vous Brainstormez.
en faisant preuve d’originalité, de créativité…  2 Réunissez-vous à
plusieurs et laissez libre cours à
INTERNATIONAL. Ce n’est pas parce que votre imagination. Trouvez une
multitude de noms, jusqu’à
votre boîte démarre qu’il ne faut pas viser loin
en anticipant un développement à l’internatio-
une centaine. A ce stade, soyez
créatif et sans limites.
nal. Préférez un nom déclinable à l’étranger et
Sélectionnez.
vérifiez sa traduction dans plusieurs langues.  3 Faites des
Les plus avertis n’y songent pas toujours : la regroupements et des
Scam (Société civile des auteurs multimé- combinaisons pour aboutir
dias) n’a sans doute pas pensé qu’en anglais à une dizaine de noms.
son nom signifiait… « arnaque » ! Pensez à la sonorité,
à la prononciation, à
des mots-clés ainsi qu’à
INVIOLABLE. Votre budget est limité ?
d’éventuels prolongements
Sollicitez votre entourage et faites-le réagir à l’international.
à vos propositions. Mais si vous en avez les
Testez. Sondez vos
moyens, le recours à une agence de naming 4 proches et votre réseau.
vous assurera le concours de vrais créatifs, Eliminez les noms qui
tout en vous permettant de vous blinder sur le n’évoquent pas vraiment votre
plan juridique. Pour un coût variant de 4 000 à univers.
10 000 euros, elle cherchera un nom original Contrôlez. Vérifiez
et adapté tout en accompagnant la protec-  5 la disponibilité du nom
tion de la marque. Une fois le nom trouvé, il sur le site de l’Inpi (inpi.fr).
est en effet impératif de le déposer auprès Pensez aussi au nom de
domaine de votre site Internet
de l’Institut national de la propriété indus-
en consultant celui de l’Afnic
trielle (Inpi). Un garde-fou qui vous évitera (afnic.fr).
bien des déboires. Mais attention : protéger
Protégez. Déposez
une marque dans le monde entier coûte cher  6 le nom de votre société
et se renouvelle chaque année. auprès de l’Inpi.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 99
E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
Réussir son pitch pour
le lancement de sa start-up
Vendre son projet en quelques minutes. Tel est l’objectif
du pitch, une technique de présentation orale qui ouvre
de nombreuses portes aux créateurs d’entreprise.
P
itch, elevator pitch, pitch fire…
Quel que soit le terme utilisé, le
pitch est désormais une étape in-
contournable pour les créateurs.
Et cela, qu’ils souhaitent intégrer
un accélérateur, obtenir un prêt d’honneur au-
près d’un réseau, nouer des partenariats, se
faire remarquer par la presse ou convaincre
des investisseurs. Chaque fois, ils devront se
plier à cet exercice, qui consiste à résumer son
projet en phrases simples et en dix minutes au
maximum. Avec ces deux objectifs : éveiller la
curiosité de l’auditoire mais aussi le convaincre.
Autrement dit : faire rêver tout en gardant les
pieds sur terre. Un art qui ne supporte absolu-
ment pas l’improvisation.
SOYEZ CLAIR ET BREF… C’est toute la dif-
ficulté de l’exercice. La durée d’un pitch variant
d’une à dix minutes, « il faut montrer en cinq
points l’essentiel du projet », insiste Michel de
Guilhermier, cofondateur de l’Accélérateur et
spécialiste de la question. La structure idéale
d’un bon résumé : poser le problème (« Vous
avez sans doute remarqué que… »), apporter la
solution (« Mon idée permet de… »), présenter
une vision chiffrée du marché (« Le secteur
connaît X % de croissance »), prouver la renta-
bilité du modèle (« Si je vends 100, mes marges
seront de 50 ») et rassurer sur l’exécution du
projet (« J’ai fait une école de commerce, je suis
100
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
8
CONCOURS
SÉLECTION
 100 jours pour
entreprendre.
De janvier à avril.
100jourspourentreprendre.fr
capable de… »). Voilà la trame. Mais, pour que
 Agreen Startup. Secteur
la magie opère pleinement, il va falloir mus- agricole. techelevage.fr
cler votre discours grâce à des techniques de  Adopte une start-up
prises de parole éprouvées. Le jour J, soyez Alsace. Finale en mars à
souriant, détendu, inspirez confiance et ma- Strasbourg. bizzandbuzz.fr
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Secteur de l’aéronautique.
projet. Trouvez les paroles justes et les for- challengeenacavico.com
mules chocs qui marqueront les esprits. En  Concours d’innovation
moyenne, le nombre de mots que l’on pro- numérique. Trois finales
nonce distinctement par minute est de 150. par an. bpifrance.fr
Si votre présentation doit durer cinq minutes,  Concours Total Edhec
prévoyez un texte de 750 mots maximum. Entreprendre. Finale à Lille.
concourstee.fr
Prévoyez aussi une présentation de longueur  Créatrices d’avenir.
variable, avec des passages que vous pour- Pour les entrepreneuses.
rez sauter, si vous débordez ou que le temps creatricesdavenir.com
est finalement plus limité.  France Digitale Tour.
Finale en juin à Paris, salon
Vivatech. francedigitale.org
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 French IoT. Secteur des
jet, lisez-le à haute voix, retravaillez-le jusqu’à objets connectés. concours-
le rendre efficace. Plus vous répéterez votre french-iot.laposte.fr
propos, mieux vous pourrez vérifier l’impact  Global Challenge. Finale
de chaque mot et tester la clarté de vos phrases. en juin, à Nantes. web2day.co
Sollicitez vos amis pour qu’ils vous livrent leurs  Innovons ensemble.
Le concours du Moovjee.
impressions. Si vous « pitchez » à plusieurs,
moovjee.fr
imaginez une mise en scène et réglez les prises  Pitch333. Finale en juin,
de parole successives pour éviter d’empiéter à Lyon. leclustr.org
sur vos temps respectifs. Mettez en avant votre  Start-up de l’année.
complémentarité. Les jurys de concours et les Organisé par le site Startup
investisseurs sont sensibles à la qualité des Info et PwC. startup.info.fr
 Talents BGE.
équipes. Dans 60 % des cas, ce sont les per- Le concours du réseau BGE.
sonnalités qui font la différence. concours-talents.com
 L E S F I C H E S
Une bonne
stratégie pour
son besoin
en fonds
de roulement
BFR : trois lettres qui
donnent des sueurs froides
aux porteurs de projets !
Les conseils des experts
pour l’évaluer, le financer
et le maîtriser.
R
atio financier stratégique, le be­
soin en fonds de roulement (BFR)
est un indicateur primordial, que
vous devez avoir en tête en per­
manence : il correspond à l’argent
disponible de l’entreprise, entre ses dépenses et
ses encaissements de chiffre d’affaires. Autre­
ment dit, à son besoin de trésorerie pendant le
cycle d’exploitation normal. En effet, quelle que
soit son activité, une entreprise doit dépenser
des liquidités avant de pouvoir encaisser les
recettes issues des ventes ou des prestations
effectuées. Si vous vendez du vin sur Internet,
vous allez acheter un stock avant de le mettre
en vente sur votre site. Si vous faites du conseil,
vos interventions engendreront des frais fixes
(téléphone, déplacements, etc.) avant que vous
n’adressiez votre note d’honoraires à vos clients.
Pour calculer le montant de ce décalage en
trésorerie, on utilise la formule suivante : BFR =
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
stocks HT + créances clients TTC – crédit four­
nisseurs TTC. «Bien sûr, plus le BFR est élevé,
plus il nécessite de ressources. Il faut donc
essayer de le réduire autant que possible »,
précise Muriel Dutrieux, présidente du cabi­
9
net D Expertise­Comptable. Comment réduire
ce besoin au maximum ? En agissant sur
l’ensemble de ses composantes : taille des
stocks (le minimum possible), délais de paie­
ment des fournisseurs (le plus long possible)
et échéances clients (à anticiper au maximum
et à faire respecter scrupuleusement).
5 ASTUCES
POUR RÉDUIRE
VOTRE BFR
Actionner ces trois leviers vous permettra
Optimisez la
d’encaisser plus rapidement les créances de  1 gestion des stocks.
vos clients, de régler plus tard les factures vos Il s’agit d’éviter les surplus, les
fournisseurs et d’accéder ainsi au graal : un stocks dormants, les produits
BFR peu élevé, voire négatif. obsolètes pour tendre vers un
fonctionnement en flux tendu.
Facturez vite les
UN BESOIN VARIABLE Mais le besoin en
 2 clients. Demandez-
fonds de roulement varie parfois beaucoup.
Par exemple, si votre activité est saisonnière leur des acomptes. Pour les
nouveaux contrats, inscrivez
ou que vous connaissez une forte croissance. des délais de règlement
C’est ainsi que certaines entreprises au carnet plus courts, voire immédiats,
de commandes bien rempli ont fait faillite, dans les conditions de vente.
faute de disposer du cash nécessaire. L’idéal, Réduisez le
pour éviter ces trous de trésorerie, est donc  3 volume
de « surfinancer » d’emblée le projet. « En des créances clients.
phase de création, conseille Muriel Dutrieux, Proposez un escompte
il faut prévoir l’équivalent de deux ou trois mois attrayant (des réductions)
en cas de règlement anticipé.
de chiffre d’affaires supplémentaires. » A ce
Organisez un
stade, seuls vos fonds propres (apport per­  4 système de relance
sonnel, love money, prêt d’honneur) peuvent
efficace. Et appuyez-le sur
financer ce décalage de trésorerie. un suivi rigoureux des
échéances de règlement.
BANQUES FRILEUSES Attention, les ban­ Affectez une personne à cette
ques refusent de financer le BFR en début d’ac­ tâche ou chargez-vous-en.
tivité. En revanche, elles proposent des outils Et pour ne pas vous laisser
déborder, effectuez les
payants comme des crédits de campagne, des
relances tous les quinze jours.
facilités de caisse ou de l’affacturage. Si vous
Négociez les
êtes en société, préférez « l’apport en compte  5 délais de paiement
courant » de la part de vos associés : l’un d’entre avec vos fournisseurs
eux prête de l’argent à l’entreprise. Une solu­ importants. Pour les
tion rapide, efficace et réglementée qui néces­ convaincre, engagez-vous sur
site l’intervention d’experts. du long terme.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 101
E N P R A T I Q U E

L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

Contraindre un débiteur
réticent à vous payer
10
4
Six entreprises sur dix règlent leurs fournisseurs avec retard.
Ayez les bons réflexes pour obtenir le paiement de vos factures LES ÉTAPES
en temps et en heure ! À RESPECTER
Calculer le coût
 1 des impayés.

L
es factures impayées sont respon-
sables de la faillite de 15 000 en-
treprises chaque année, selon le
cabinet Altares. Si vos clients ne
vous règlent pas alors que vous
avez effectué votre part du travail, réagissez
rapidement. « Plus vous attendez, moins vous
avez de chance de revoir votre argent : passé
dix-huit mois, le risque est grand que le débi-
teur ait mis la clé sous la porte ou se soit rendu
insolvable », prévient Didier Dalin, du cabinet
In Extenso Avocats.
PRÉVENIR. Avant toute chose, contractuali-
sez vos relations avec vos clients : assurez-vous
que les bons de commande sur lesquels figurent
vos conditions générales de vente (CGV) sont
signés, ainsi que vos bons de livraison. En cas
de souci ultérieur, ces documents vous aide-
ront à prouver les « éléments évidents de la
créance » devant la justice. Dès le lendemain de
la date prévue de règlement, si aucune somme
ne vous a été versée, relancez le débiteur. S’il
reste muet, envoyez-lui une lettre recomman-
dée avec accusé de réception le mettant en
demeure de régler votre dû, plus les intérêts
prévus dans les CGV.
SAISIR LA JUSTICE. Faute de réponse, et si le
montant de la créance est important (plusieurs
milliers d’euros), demandez à votre avocat de
saisir le juge pour que celui-ci autorise des
« mesures conservatoires » en votre faveur
(saisie sur compte bancaire, nantissement sur
fonds de commerce, etc.). Si le juge refuse,
assignez votre débiteur en référé pour obtenir
un « titre exécutoire » grâce auquel un huissier
ira directement saisir chez votre client ce qu’il
vous doit. Prévoyez un délai de six semaines.
Si vous n’obtenez pas le titre exécutoire par
cette voie, vous devez attaquer sur le fond.
Il s’agit alors d’un procès classique et les dé-
lais seront bien plus longs. Si le montant de
la créance est faible (moins de 1 000 euros),
demandez à un huissier d’obtenir auprès du
tribunal concerné une injonction de payer (la
démarche vous coûtera une centaine d’euros).
A compter de la signification de l’injonction,
votre client dispose d’un mois pour vous payer
ou pour contester la somme qu’il vous doit
devant un tribunal. « Comme cela devient une
procédure lourde, la plupart des débiteurs de
mauvaise foi préfèrent régler leur facture à ce
moment-là », assure Didier Dalin.
RECOURIR À DES PROS. Enfin, si vous
avez beaucoup de petites factures impayées,
adressez-vous à une société de recouvrement,
qui agira à votre place pour récupérer l’argent
auprès de vos clients indélicats. Mais atten-
tion, la commission peut atteindre 40 % des
montants récupérés.
Si la rentabilité de votre
entreprise est de 5 %, vous
devrez vendre l’équivalent de
20 fois l’impayé pour le
compenser. (Source : AFE.)
Evaluer la
 2 solvabilité des
clients. Demandez-leur 30 %
d’acompte et faites-leur signer
des bons de commande et de
livraison.
Envoyer une mise
 3 en demeure.
Après une première relance, ne
perdez pas de temps : envoyez,
par courrier recommandé avec
accusé de réception, une mise
en demeure de payer.
Mobiliser un
 4 huissier. Il obtiendra
auprès du tribunal une
ordonnance d’injonction de
payer qu’il ira présenter à votre
débiteur. Celui-ci a alors un
mois pour vous régler (coût :
100 euros).
Assigner le débiteur
 5 en référé. Demandez
à votre avocat d’obtenir
du tribunal un titre exécutoire
de paiement. Avec ce document,
l’huissier pourra saisir votre
débiteur (comptez environ six
semaines).

102
 L E S F I C H E S
Choisir le bon
moment pour
clore son
premier bilan
Le bilan reflète l’état de santé
d’une entreprise à un ins-
tant T. Le choix de la date de
clôture est donc capital pour
séduire des investisseurs.
A
l’exception des microentre-
prises, toutes les entreprises
doivent produire chaque an-
née leurs comptes, parmi les-
quels figure le bilan annuel. Il
existe toutefois une tolérance concernant la
première année d’activité : pour avoir le temps
de se lancer plus sereinement, les jeunes so-
ciétés peuvent allonger leur premier exercice
et attendre vingt-trois mois avant d’établir
leur bilan.
Ainsi, une entreprise créée en avril 2016 peut
choisir de clôturer ses comptes en février 2018
si cela lui semble plus pertinent. « Au démar-
rage, il est judicieux d’allonger au maximum la
durée du premier exercice, conseille Jérôme
Ledig, expert-comptable chez In Extenso. L’idée
est d’absorber les pertes de lancement et de
pouvoir ainsi présenter l’entreprise sous son
meilleur jour. » Cela peut l’aider à décrocher
des financements. Le bilan est en effet une
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
photographie du patrimoine de l’entreprise
et de son état de santé.
UN OUTIL TRÈS REGARDÉ « C’est un outil
regardé de près par les banquiers et les in-
vestisseurs, car il montre la solvabilité de l’en-
11
treprise à un instant T », poursuit Jérôme
Ledig. D’où l’importance de savoir interpré-
ter ce document qui se présente sous forme
d’un tableau comprenant deux colonnes.
LES ÉTAPES
D’un côté, l’actif de la société (ses stocks,
créances et disponibilités financières) ; de
l’autre, son passif (ses capitaux propres, ses
À RESPECTER
1
S’abonner
à un logiciel
dettes, etc.). L’objectif est que le total de l’ac- hébergé chez un expert-
tif soit égal à celui du passif. Autrement dit, comptable.
Une solution moins coûteuse
que la totalité de ce que possède l’entreprise
corresponde à ce qu’elle doit.
et plus pratique que l’achat
d’une licence, car c’est
le cabinet qui télédéclare vos
UN EXERCICE COMPLEXE. Clôturer le comptes auprès du greffe
bilan n’est pas à la portée de tous. Les erreurs du tribunal de commerce.
sont fréquentes, lors de la saisie des écri- Saisir les écritures
tures notamment. « Les subtilités sont nom-  2 de façon régulière.
breuses, prévient Jérôme Ledig. Il faut faire Tous les mois ou tous les
la différence entre le HT et le TTC, savoir ar- trimestres, astreignez-vous
à saisir dans vos tableurs
rêter un certain nombre de valeurs, comme les achats, les ventes,
le stock ou les encours, le jour de la clôture, les investissements réalisés,
etc. » L’entrepreneur a donc tout intérêt à les salaires versés, etc.
s’imposer une discipline de fer et s’obliger Réviser les comptes
à entrer les écritures comptables de façon  3 en fin d’exercice.
régulière. Le deuxième vendredi du mois par Certaines opérations doivent
exemple, pour les dépenses et les rentrées être régularisées, comme
d’argent ; le troisième mardi pour le suivi des les charges constatées
d’avance (CCA), déjà
impayés, etc.
enregistrées en comptabilité,
mais qui n’appartiennent pas
DES LOGICIELS ONÉREUX. Les logiciels à l’exercice en cours.
de gestion comptable facilitent ces tâches, Envoyer le bilan
mais ils sont loin d’être infaillibles (notam- 4 aux services fiscaux.
ment sur les questions de TVA). Et, surtout, Par voie électronique
ils sont onéreux. Préférez l’abonnement à un (procédure EDI-TDFC) et dans
logiciel (Sage, EBP, etc.) hébergé chez un les trois mois suivant la clôture
expert-comptable. Cela ne vous dispensera des comptes. Bon à savoir : si
vous clôturez un 31 décembre,
pas de la saisie des écritures, mais votre vous avez un mois
porte-monnaie vous remerciera : comptez supplémentaire (donc jusqu’à
alors 50 euros par mois contre plusieurs mil- la fin du mois d’avril de l’année
liers d’euros pour l’achat d’un logiciel. suivante) pour le faire.
HORS-SÉRIE MANAGEMENT ABONNEZ-VOUS SUR MANMAG.CLUB 103
E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
Recruter son premier salarié :
un vrai marathon
Embaucher le salarié idéal tout en se pliant aux contraintes
réglementaires est toujours un exercice on ne peut plus
délicat. Voici comment le mener à bien.
V
otre entreprise grandit et vous
ne pouvez plus faire face en solo
à la croissance de l’activité ? Le
moment est venu de recruter
votre premier salarié. Attention,
cette étape est jalonnée d’écueils, d’ordre à la
fois humain, financier et réglementaire. Le pre-
mier d’entre eux serait de se tromper de can-
didat, car une jeune entreprise de deux ou trois
personnes ne vaut que par la qualité de l’équipe
qui la constitue.
RESTER RÉALISTE. Analysez bien vos
besoins et ne cherchez pas le mouton à cinq
pattes. Le rôle de cette première recrue est
avant tout de vous libérer des tâches opéra-
tionnelles. Contrairement à vous, qui êtes sur
tous les fronts, elle doit donc occuper un poste
précis (commercial, web-développeur, com-
munity manager, etc.). Lors de l’entretien, vé-
rifiez que le candidat saura faire preuve d’auto-
nomie : à moyen terme, il sera conduit à prendre
des responsabilités, voire à former de nouveaux
arrivants.
FAIRE SES COMPTES. A combien cela va-t-il
se chiffrer ? Le gouvernement a mis en place
un outil de simulation du coût d’un salaire sur
Embauche.beta.gouv.fr. Ainsi, pour un salaire
brut mensuel de 1 500 euros, le coût total pour
l’employeur sera de 1 718 euros. N’oubliez pas
104
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
12
5 ÉTAPES
À RESPECTER
Définissez
 1 vos besoins.
Quelles compétences
d’intégrer ces charges à vos prévisionnels recherchez-vous, quelles
financiers et d’y ajouter le coût de traite- missions souhaitez-vous
ment des bulletins de salaire si vous l’exter- confier à une future recrue ?
nalisez auprès d’un cabinet (compter 30 eu- Evaluez le coût lié
ros en moyenne par bulletin), la mutuelle et  2 à l’embauche.
autres frais. Additionnez le salaire et les
charges, après avoir consulté
RESPECTER LA LOI. « Non contente d’être les minima prévus par la
convention collective qui régit
complexe, la loi est très évolutive », pré-
éventuellement votre
vient Ingrid Yebenes, avocate au cabinet entreprise.
Alcance. Les obligations réglementaires Choisissez
sont en effet ce qu’il y a de plus contraignant  3 le contrat adapté.
dans l’embauche. Et il ne faut rien oublier : CDI, CDD, contrat
rédiger le contrat de travail, envoyer une d’apprentissage ? La nature
déclaration préalable à l’embauche (DPAE) du contrat doit correspondre
à l’Urssaf, et cela au plus tard la veille de à la mission. S’il s’agit d’un
emploi durable, vous devez
l’embauche.
opter pour un CDI.
Vous devrez également vous affilier à un
Recrutez.
organisme de retraite complémentaire (l’Arrco  4 Diffusez votre annonce
pour les employés, l’Agirc pour les cadres), (auprès de Pôle emploi, des
établir un registre unique du personnel (avec sites spécialisés, sur LinkedIn),
l’identification du salarié, ses qualifications, préparez les entretiens et
sa date d’entrée dans l’entreprise, etc.), tenir recevez les candidats.
un livre de paie (ou conserver un double des Régularisez.
bulletins de salaire pendant cinq ans), signa-  5 Adressez à l’Urssaf une
ler l’embauche à l’inspection du travail et, déclaration préalable à
enfin, organiser la visite médicale avant la l’embauche (DPAE), établissez
le contrat, adhérez à un centre
fin de la période d’essai. Bref, un vrai mara-
de médecine du travail,
thon… qu’il ne faut pas hésiter à déléguer à affiliez-vous à une mutuelle
un expert-comptable ou à un avocat spécia- et ouvrez un registre du
lisé en droit du travail. personnel.
 L E S F I C H E S
Pivoter
à temps
pour éviter
d’aller
dans le mur
Le principe du pivot, très
en vogue dans les start-up,
consiste à faire évoluer son
business model de départ
pour repartir du bon pied.
P
ivoter, c’est le nouveau buzz word
qui cartonne dans les start-up.
Le principe est simple, sur le pa-
pier : il s’agit de changer tout ou
partie de son business model en
cours de route, après l’avoir testé auprès d’uti-
lisateurs. En clair : si on constate que l’idée ou
le business plan de départ ne fonctionne pas,
ne rencontre pas le succès escompté ou ne
permet finalement pas d’atteindre la rentabi-
lité, l’objectif est de faire évoluer sa stratégie
en l’adaptant le plus vite possible aux réalités
économiques de son marché.
À LA PORTÉE DE TOUS. «Une méthode
vieille comme le monde, concède Guilhem
Bertholet, cofondateur d’Invox et formateur en
création d’entreprise. Mais aujourd’hui le Web
a inversé les séquences. Les créateurs mettent
leurs produits ou leurs services très rapidement
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
sur le marché, même si ces derniers ne sont
pas parfaits. Ils testent, attendent le feed-
back et comptent sur les vertus de l’appren-
tissage pour s’adapter. » Si elle est particu-
lièrement prisée des start-up et qu’elle exige
une bonne dose de souplesse et de réactivité,
la technique est en réalité à la portée de tous
13
les entrepreneurs. Il convient cependant de
respecter plusieurs règles.
RÉAGIR À TEMPS. Il faut d’abord accepter
de changer son fusil d’épaule en cours de
route. Et faire le deuil de son idée de départ.
LE PIVOT
Car plus vous attendrez, plus il vous sera
difficile de sortir du gué et de convaincre
les partenaires financiers (banques et/ou
EN 5 ÉTAPES
Mettre son ego
investisseurs) de vous recapitaliser. « Trop  1 de côté.
d’entrepreneurs pensent qu’ils ont raison Inutile de s’entêter sur une idée
et que le marché a tort », prévient Guilhem qui ne fonctionne pas.
Bertholet. Si vous sentez que vous faites Acceptez la critique et jetez
certaines modalités de votre
fausse route (dix fans à peine adorent votre
projet à la poubelle.
produit, les utilisateurs fuient lorsque vous
Choisir le bon
essayez de rendre votre offre payante…),  2 moment.
il faut réagir dans les deux à quatre mois. Soumettez votre concept
à la clientèle et servez-vous
OUVRIR GRAND SES OREILLES ! La so- du feed-back pour le corriger
lution : ouvrir grand vos oreilles et recueillir et pour décider de la bonne
les avis de votre cible sur les défauts d’utili- fenêtre de tir.
sation de votre produit ou sur ses problèmes Rallier ses équipes.
de prix. Cette expérience initiale doit vous
 3 Difficile pour les salariés
permettre de faire le tri : « Ça on garde, ça de travailler dans une entreprise
qui a la bougeotte. Un
on change. » Un pivot est souvent partiel.
pivot impose une explication
Il peut s’agir d’un changement de clientèle argumentée.
(passer du B to C au B to B, par exemple),
Evoluer sans
de mode de rémunération (abandonner le   4 révolutionner.
gratuit pour l’abonnement…) ou de techno- Il ne s’agit pas de tout casser,
logie (se resserrer sur une seule fonctionna- mais d’ajuster. Par exemple :
lité d’un logiciel…). Il n’est pas question de passer du B to B au B to C
tout révolutionner, mais de modifier le cap (ou inversement), diminuer
son prix, etc.
pour arriver à bon port. A vous d’être vision-
naire, agile, à l’écoute, et de vous montrer Ne pas passer pour
 5 une girouette.
patient. Une fois le pivot effectué, donnez-
Un pivot ou deux, ça va encore.
vous du temps. Pour vous encourager, n’ou- Les partenaires de l’entreprise
bliez jamais que la plateforme de covoitu- apprécient l’agilité.
rage BlaBlaCar a mis plus de neuf ans avant Mais changer trop souvent nuit
de rencontrer le succès ! à la crédibilité.
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E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
Intégrer un accélérateur
pour booster sa start-up
Une croissance à trois chiffres, telle est la promesse des
accélérateurs et de leurs programmes de développement.
N’hésitez pas à tenter votre chance.
E
vaneos (voyages sur mesure),
Tilkee (relance commerciale),
Califrais (approvisionnement de
restaurants)… Ces start-up à suc-
cès ont un point commun : toutes
sont passées par un accélérateur, comme
Techstars, Wilco, Numa ou 50 Partners. Ces
structures, organisées comme des machines
de guerre, proposent des programmes d’ac-
compagnement de trois à six mois pour aider
les entrepreneurs à gérer leur croissance et à
changer de dimension.
PLEIN TEMPS. A la différence des incuba-
teurs, les accélérateurs sélectionnent des pro-
jets bien avancés, ayant déjà conquis des clients
et réalisant un chiffre d’affaires de 5 000 à
10 000 euros par mois au minimum. « Nous ne
sommes pas là pour lancer l’entreprise, mais
pour lui montrer comment améliorer ses ré-
sultats et lui faire gagner de la valeur », pré-
cise Romain Cochet, directeur du programme
d’accélération de Numa Paris. L’entraînement,
chronophage, est quasi militaire : objectifs quo-
tidiens, feuilles de route hebdomadaires,
séances de pitchs, entretiens avec des men-
tors, sessions de networking, ateliers de tech-
niques de vente… Le tout, « nourri, logé,
blanchi » ou presque. Bien sûr, n’entre pas qui
106
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
14
POSTULER
EN 5 ÉTAPES
Agenda.
1 Les accélérateurs
recrutent de nouvelles
veut. Les accélérateurs ne font pas payer leurs « promos » deux ou trois fois
conseils et se rémunèrent en prenant des par an. Consultez les rubriques
participations, de 2 à 6 % en moyenne, au ca- Agenda de sites spécialisés,
pital des start-up. Il s’agit donc bien d’une comme Maddyness ou
FrenchWeb.
sélection.
Inscription.
2 Vous devez remplir
ÉLITISME. Le processus est long (comptez
un formulaire en ligne
de deux à quatre mois entre le dépôt de la qui comprend de 20
candidature et le verdict final) et élitiste : à 30 questions sur votre
moins de 3 % des candidats sont retenus. marché, votre produit, vos
« Nous recevons 500 dossiers par an et n’en concurrents…
gardons qu’une quinzaine », confirme Romain Présentation.
Cochet. Pour mettre toutes les chances de
3 Dans la partie
votre côté, pensez à contacter d’anciens Présentation de votre dossier
en ligne, mettez en avant vos
« élèves » et à les interroger sur les attentes
objectifs à long terme et les
du jury et sur le fonctionnement de l’accélé- ressources nécessaires à votre
rateur. Repérez, sur le site de la structure, les croissance.
financiers faisant partie du comité d’investis- Prise de contact.
sement et obtenez d’eux une recommanda- 4 Si votre dossier retient
tion. Un coup de pouce de leur part vous fera l’attention, vous serez invité
gagner du temps lors de la présélection. à participer à une conférence
téléphonique ou à un premier
AU CHOIX. Enfin, il existe des dizaines entretien physique.
d’accélérateurs dans l’Hexagone (une simple Pitch.
5 Les créateurs doivent
recherche sur Google vous permettra d’en
présenter oralement leur
faire la liste). N’hésitez pas à multiplier les
entreprise, en général face
candidatures. Les entreprises « accélérées » à des investisseurs. Seuls 2
réussissent à lever entre 500 000 et 1 million à 3 % des candidats passent
d’euros dans l’année suivant leur stage. cet ultime cap.
 L E S F I C H E S
Préserver son
patrimoine
en cas
de coup dur
Mieux vaut prévenir
que guérir… Certaines
dispositions permettent
de ne pas faire subir
à sa famille d’éventuels
soucis financiers.
L
’optimisme est de mise lorsqu’on
crée une entreprise, et l’on pré-
fère souvent éviter de penser à
d’éventuelles difficultés financières.
Elles peuvent pourtant survenir,
et mieux vaut s’assurer en amont que le pa-
trimoine familial n’en souffrira pas. Le statut
juridique de la structure doit intégrer cette
logique. « Nous conseillons à la quasi-totali-
té des créateurs que nous accompagnons de
choisir le statut de SARL (société à responsa-
bilité limitée) ou de SAS (société par actions
simplifiée). La SA (société anonyme), égale-
ment envisageable, nécessite un minimum de
sept actionnaires et impose plus d’obligations
juridiques », détaille Jacques Parent, dirigeant
du cabinet d’expertise comptable Accomplys.
Ces statuts permettent au créateur d’avoir la
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
certitude que ses biens personnels ne seront
pas saisis… à moins d’une erreur de gestion 15
avérée : dans ce cas, la justice est en droit de
tout confisquer. Si vous avez quelques doutes
sur vos qualités de gestionnaire – et aucune
hésitation quant à l’amour éternel de votre
conjoint(e) –, peut-être vaut-il mieux mettre
l’ensemble de vos possessions à son nom !
SÉPARATION DE BIENS. Une fois le sta-
PROTÉGER
SA FAMILLE
tut de la société choisi, il faut songer au
contrat à établir avec son ou sa conjoint(e) :
mariage ou pacs. « Les couples ont tout in-
EN 4 ÉTAPES
 1
Opter pour le bon
statut.
térêt à opter pour le régime de la séparation Avant de contacter un expert-
de biens, explique Bénédicte de La Porte du comptable, rendez-vous sur le
Theil, notaire. Chacun conserve ainsi la pro- site Internet de l’Agence France
priété de ce qu’il avait avant l’union et de ce entrepreneur (afecreation.fr).
qu’il acquiert pendant. Pour un jeune couple, Un quiz permet de déterminer
le meilleur statut pour votre
il est préférable d’adopter cette formule dès
le départ, car le statut ne peut être modifié
entreprise selon votre situation
patrimoniale.
qu’après deux ans d’union. » Changer de
Passer devant
contrat coûte au moins 150 euros. Le prix  2 le notaire.
varie ensuite en fonction des biens détenus Il vous aidera à choisir le
par chacun. régime matrimonial le plus
protecteur. Il y a de fortes
GARANTIE PERTE D’EMPLOI. Enfin, il est chances pour qu’il vous
recommandé de contracter une assurance conseille la séparation de
biens.
perte d’emploi (quelques dizaines d’euros
par mois). « Les créateurs d’entreprise s’y Choisir
 3 une assurance
sont longtemps refusés, la considérant
chômage.
comme un aveu de faiblesse ou la preuve du Une solution facultative mais
peu de foi qu’ils avaient en leur projet, conseillée. Plusieurs offres
remarque Elodie Warnery, directrice géné- sont disponibles : Aviva, April…
rale de l’association GSC (Garantie sociale La GSC propose une formule
des chefs d’entreprise). à 39 euros par mois.
Mais les mentalités changent. En 2005, 16 % Souscrire une
des travailleurs non salariés craignaient pour
 4 responsabilité civile
leur emploi. En 2013, ils étaient 30 %. » pour votre entreprise.
Obligatoire pour les
Attention : souscrire une assurance perte
professions réglementées
d’emploi n’est possible que si l’entreprise est (santé, bâtiment…).
saine (pas de déficit, pertes légères…). Et Cette assurance couvrira
l’indemnisation débute, au mieux, après un les dommages éventuels
an de cotisation. Par Henri de Lestapis causés à un tiers.
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E N P R A T I Q U E

L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

Lever des fonds grâce

aux business angels
16
Vous cherchez un financement de 150 000 à 700 000 euros ?
L’investisseur particulier peut être votre solution. Mais pas de
n’importe quelle façon.
5 ÉTAPES
À RESPECTER

U
n business angel est un parti-
culier, souvent un ancien entre-
preneur, qui investit son argent
dans une start-up. Au total, selon
la fédération France Angels
(franceangels.org), qui regroupe 72 réseaux,
ils seraient 8 500 en France, indépendants ou
faisant partie d’un réseau comme Investessor
(300 membres), Femmes Business Angels
(150) ou Paris Business Angels (125).
DES CONSEILS ET DES CONNEXIONS. Le
principe : « l’ange » investit de 150 000 à
700 000 euros dans le lancement ou le déve-
loppement de votre activité et, en contrepar-
tie, entre au capital de votre start-up. « Pour la
première levée de fonds, nous nous tenons
sous une minorité de blocage de 33 %, indique
Benjamin Bréhin, délégué général de France
Angels. Le créateur reste maître de sa socié-
té. » Non contents de les financer, les business
angels offrent aux créateurs leurs conseils et
leurs connexions. Vingt-cinq d’entre eux ont
été persuadés par Pierre Guiu d’investir dans
Orosound, son entreprise de casques audio
antibruit. « Trois font partie du comité straté-
gique, précise-t-il. Ce sont d’anciens chefs d’en-
treprise, leur aide est précieuse. En ce moment,
nous contactons des fonds d’investissement.
Plusieurs de nos actionnaires les connaissent,
et ils nous donnent de bons conseils. »
Mais attention : 6 % seulement des candidats
reçoivent des fonds.
TRAVAIL D’ÉQUIPE. Pour attirer un inves-
tisseur, mieux vaut lui présenter une équipe
séduisante. « Un porteur de projet en solo a
peu de chances de réussir. Nous préférons
une complémentarité de compétences et
de personnalités », explique Patrick Cantelli,
président d’Arts et métiers Business Angels.
Jérôme Galerne, fondateur de Running
Care (une appli de coaching sportif) a ainsi
convaincu cinq réseaux grâce à son équipe
bien structurée : « Je suis ingénieur de for-
mation, et mes deux associés sont doc-
teurs en intelligence artificielle et méde-
cin du sport. »
VISION D’AVENIR. Autres points clés : le
caractère innovant de votre produit ou ser-
vice, et votre vision de l’avenir. « Nous reven-
dons nos parts au bout de cinq à sept ans,
précise Alain Ihle, président d’Investessor.
Pour voir si cela sera simple, nous interro-
geons les dirigeants sur leurs projets : sou-
haitent-ils revendre, rester, s’adosser à un
autre acteur du marché ? » Enfin, n’hésitez
pas à contacter plusieurs réseaux. L’intérêt
des uns éveillera celui des autres. Autant de
chances de repartir avec un chèque !
Par Laura Makary
Le dossier.
 1 Les créateurs déposent,
auprès d’un réseau, un dossier
où ils détaillent leur projet.
Le premier tri.
 2 Le réseau effectue une
première sélection parmi les
projets et les équipes qui
retiennent son attention.
A ce stade, plus des deux tiers
des demandes sont rejetées.
L’instruction.
 3 Le fondateur dispose
de cinq à dix minutes devant
les investisseurs potentiels
pour expliquer son projet.
S’ensuit un temps de discussion
et de questions-réponses.
La décision.
 4 Les business angels
se positionnent. Ils confirment
(ou non) s’ils investissent
et quelles sont les modalités
adoptées pour
leur contribution.
Le closing.
 5 La valorisation de
la société est négociée
et le pacte d’associé, élaboré.
Les fonds sont versés.
Depuis le dépôt du dossier,
il s’est écoulé de trois à six
mois au minimum.

108
 L E S F I C H E S D U C R É A T E U R CONSEIL N°

Fermer son 17
entreprise ANNONCES LÉGALES. Il faut en publier
deux. La première, après la dissolution de la

coûte
société. La seconde après avoir approuvé le
dernier bilan comptable et s’être prononcé
pour la liquidation. Les annonces se paient

au moins à la ligne. Leur tarif varie d’un département

à l’autre : de 4,16 euros la ligne, dans l’Orne

2 500 euros
ou dans l’Ain, à 5,50 euros à Paris. En gros,
FERMER
comptez 200 euros par annonce, soit 400 eu-
UNE SAS
ros, sauf en Ile-de-France où, assure Philippe
EN 5 ÉTAPES
Wagner, de Captain Contrat, « on ne paie
qu’une seule fois, les greffes acceptant d’uti- Dissoudre.
liser la même annonce pour les deux 1 Les associés, réunis en
Faire radier son ex-boîte parutions ». assemblée générale, prennent
du registre du commerce la décision de dissoudre la
société.
a un coût. Mais c’est un GREFFE DU TRIBUNAL DE COMMERCE..
C’est lui qui enregistre le dossier de dissolu- Liquider.
passage obligé pour 2 Ils nomment un
tion et prononce la radiation. Coût : 198,64 eu-
relancer sa start-up l’esprit ros. Ajoutez à cette somme l’enregistrement
liquidateur (cela peut être
le PDG) chargé de clore
serein. du PV de liquidation par le Trésor public les comptes de l’entreprise.
(25 euros) puis par le tribunal de commerce Publier.
(14,79 euros). Soit un total de 1 013 euros. 3 Après la dissolution,

S
i, après quelques mois d’activité,
votre chiffre d’affaires ne décolle
pas, pensez à fermer votre société.
Si vous voulez retenter l’aventure
par la suite, il est préférable d’être
au clair avec l’administration ! Pour cela, enta-
mez une procédure de dissolution-liquidation
(ou de dissolution volontaire) auprès du tribu-
nal de commerce. Seule condition : être en me-
sure d’honorer toutes vos dettes. Si vous fermez
une SAS, une Sasu, une SARL ou une EURL, les
frais d’enregistrement et de procédure se
montent au minimum à 2 500 euros.
PROCÈS-VERBAL. Après être convenus
de dissoudre la société, vous devrez faire
enregistrer le procès-verbal actant votre déci-
sion au service des impôts des entreprises.
Coût : 375 euros.
DROIT DE PARTAGE. S’il reste de l’argent
à l’entreprise lors de la clôture des comptes
(on appelle ce reliquat le « boni de liquida-
tion »), vous devrez verser aux impôts un
« droit de partage entre les associés ». Son
montant : 2,5 % du boni. « Si vous êtes seul, il
n’y a pas de partage à effectuer. Vous pou-
vez donc écrire au fisc pour en être dispen-
sé », souligne Muriel Forest, associée juridique
chez In Extenso.
FRAIS DIVERS. Pour les honoraires de l’avo-
cat et ceux de l’expert-comptable, prévoyez
au moins 1 500 euros. Les tarifs de Captain
Contrat et des autres sites de legaltech avoi-
sinent 400 euros, mais tout se passe en ligne.
Et gare aux coquilles qui peuvent faire perdre
du temps et de l’argent ! Par Sébastien Pierrot
la parution d’une annonce
est obligatoire. Une seconde
annonce devra être publiée
après la liquidation.
Liquider (bis).
4 Une nouvelle fois réunis
en assemblée générale, les
associés approuvent le dernier
bilan comptable de la société
et prononcent sa liquidation.
Radier.
5 Une demande de
radiation est déposée au
Centre de formalités des
entreprises (CFE) ou au greffe
du tribunal de commerce.
Quelques semaines plus tard,
celui-ci prononce la radiation
de l’entreprise du registre
du commerce et des sociétés
(RCS).

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E N P R A T I Q U E
L E S F I C H E S
Etablir un rétroplanning
pour être prêt le jour J
Qui va piano va sano ! Une création d’entreprise se prépare
plusieurs mois à l’avance. Etape par étape, voici le calendrier
des démarches et actions à mener.
C
réer sa boîte en quarante-huit
heures ! De nombreux néophytes
ont été trompés par cette pro-
messe qui correspond en fait à la
dernière étape du processus, celle
qui va de l’immatriculation au Centre de for-
malités des entreprises (CFE) à la réception
par le créateur de l’extrait Kbis et du récépissé
de création. Mais, avant d’en arriver là, atten-
dez-vous à un très long parcours pour réussir
à mettre sur pied un projet solide, structuré et
bien financé.
FINANCEMENT. Si la partie étude de marché
peut être bouclée en quelques semaines seule-
ment, vous devez commencer à envisager la
question du financement environ six mois avant
la création officielle de votre entreprise. Cela
englobe la rédaction du business plan (in-
dispensable pour chiffrer les besoins financiers
et convaincre les banquiers de vous suivre) et
la recherche de fonds ou d’aides. Pour ce der-
nier point, le montage des dossiers est chrono-
phage. Comptez de quatre à six mois entre l’en-
voi d’une candidature et le versement des fonds.
EMPLACEMENT. Cette phase peut être longue
si vous vous installez dans un local commer-
cial. Prévoyez cinq mois entre la recherche de
l’emplacement, la signature du bail, les travaux
éventuels et l’entrée dans les locaux. Ne
110
D U C R É A T E U R CONSEIL N°
18
PLAN
D’ACTION
SUR 6 MOIS
J – 6 MOIS
traînez pas non plus si vous souhaitez obte-
nir une place dans les espaces de coworking Rédigez le business plan.
Rapprochez-vous des réseaux
ou dans des structures d’hébergement (pé-
spécialisés (Réseau
pinières, incubateurs, accélérateurs). Il s’en Entreprendre, Initiative France,
ouvre de plus en plus, mais la sélection est BGE…).
rude, surtout dans les grandes villes. Et
J – 5 MOIS
notamment si vous cherchez un lieu avec des Cherchez un toit : espaces
entrepreneurs dans le même univers que vous de coworking, pépinières,
ou aux projets complémentaires au vôtre. incubateurs.
J – 4 MOIS
QUEL STATUT ? Ces deux grands chantiers Peaufinez votre financement :
lancés, il faut entrer un peu plus dans le détail. multipliez les dossiers de
Deux ou trois mois avant le lancement, demande d’aides. Présentez
peaufinez le volet juridique : choix du statut, le projet aux banques.
des options sociales et fiscales les plus J – 3 MOIS
avantageuses. N’hésitez pas à vous faire Trouvez un nom : vérifiez sa
conseiller par un expert-comptable ou par un disponibilité auprès de l’Inpi
avocat. Pensez aussi à choisir un nom et à le et de l’Afnic (pour les sites
Internet).
tester auprès de votre entourage.
J – 2 MOIS
SPRINT FINAL. Tout s’accélère dans les Choisissez un statut juridique
(SARL, SA, SAS…).
deux mois précédant le lancement commer-
cial de votre activité : démarchez les premiers J – 1 MOIS
clients, enclenchez la phase de communica- Préparez votre lancement
(flyers, réseaux sociaux,
tion, finalisez la rédaction des statuts si vous
site Web) et choisissez une
êtes en société et constituez vos stocks. Le banque.
dernier mois est sans doute l’un des plus den-
JOUR J
ses et des plus excitants… mais ne vous pré-
Immatriculez l’entreprise
cipitez pas : établissez un miniplanning quo- au CFE dont vous dépendez
tidien (telles tâches en matinée, telles autres (CCI, chambre de métiers,
l’après-midi) pour être fin prêt le jour J. Urssaf, etc.).
 L E 1 ER S I N G L E M A LT
AFFINÉ EN FÛTS DE
BIÈRE ARTISANALE

#01 IPA EXPERIMENT

L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R AT I O N.
Conception et réalisation : R2 Agence Digitale
#ChangerDeVie

Devenez entrepreneur, choisissez de

#ChangerDeVie
Barbara et Arnaud ont changé de vie en 2015.
Ils ont rejoint le Groupement Les Mousquetaires
en devenant chefs d’entreprise Poivre Rouge.

Du cadre convivial à la conception de leur carte, les restaurants Poivre Rouge ont tout pour
plaire à une large clientèle. Avec un objectif de devenir la 4e chaîne française de restauration
à table, l’enseigne propose de la cuisine au grill, des plats traditionnels et un large choix de
formules pour tous les budgets, dans près de 90 restaurants en France.

Prêt à tenter l’aventure ? Rendez-vous sur devenez.mousquetaires.com