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Le système terrestre
Le système terrestre est d’une part un petit élément du système
solaire qui lui impose sa structure et son comportement propres, et
d’autre part un ensemble particulièrement complexe, structuré en Éruption de l’Eyjafjallajökull (Islande)
continents, inlandsis, océan et atmosphère qui ont des – 29/03/2010.
comportements spécifiques, tout en interagissant d’innombrables
façons à d’innombrables niveaux. Depuis l’origine, des reliefs se
créent et se détruisent incessamment à la surface du globe ; l’eau
s’évapore de l’océan pour tomber sur les continents et retourner à
l’océan par les fleuves ; à un endroit donné, le temps varie plus ou
moins d’un jour à l’autre : système dynamique instable, le système
terrestre évolue sans cesse sous l’action d’innombrables
phénomènes naturels dont les phénomènes géodynamiques font Sismisité de la Turquie NW ; séisme
partie. d’Izmit - 11/12/1999.
Le cycle géologique
Les phénomènes géodynamiques sont les manifestations observables du comportement du système
terrestre ; depuis toujours, la surface terrestre est le siège ou l’élément d’actions gravitaires,
électromagnétiques, radioactives... dont les effets sont de plus ou moins la modifier sans cesse à toutes les
échelles d’espace et de temps : depuis la nuit des temps, des reliefs se créent et se détruisent à sa surface par
les effets cumulés de chutes de météorites, d’éruptions volcaniques, de séismes, de mouvements de terrain,
de cyclones, de crues, de tsunamis... qui sont des événements intempestifs mais normaux de phénomènes
géodynamiques pérennes.
L’enchaînement de phénomènes internes d’orogenèse/surrection et
de phénomènes externes d’érosion/sédimentation/diagenèse
constitue un cycle géologique dont la durée se mesure en dizaines
voire centaines de millions d’années. Les nombreux cycles qui se
sont succédé depuis l’origine n’ont pas eu la même durée ni la
même histoire, mais incessamment, au cours de chaque cycle des
reliefs ont surgi à la surface du globe, puis ont été érodés jusqu’à
être aplanis.
Un cycle géologique est une suite fluctuante de phases semblables Mouvements de terrain en montagne
de durée variable au cours desquelles se produisent irrégulièrement - écroulement de versant, lave
des événements plus ou moins analogues, surrections, érosions…, torrentielle, cône de déjection… -
qui modifient l’état de la Terre, toujours différent à la fin d’un cycle Sant'Antonio Morignone - Valdisotto
de ce qu’il était au début. Pas strictement distinctes et enchaînées, (Lombardie) - (28/07/1987).
les phases d’un même cycle se recouvrent en partie : le relief
commence à être éroder avant que sa surrection soit terminée et le
cycle suivant débute avant que le précédent soit achevé. Nous assistons à l’achèvement de la surrection des
Alpes et au début de leur érosion, première phase du cycle en cours.
À l’échelle de temps de la Terre, le cours d’un phénomène géodynamique paraît continu et plus ou moins
monotone, mais il ne l’est pas à l’échelle du temps humain, car la plupart du temps, on observe une
tendance moyenne plus ou moins proche de la stase, et de loin en loin, incidemment, quelques événements
spécifiques et contingents de très courte durée, à partir d’un certain seuil d’intensité qui dépend à la fois de
la nature du phénomène considéré et de nos sens ou de nos instruments ; la tendance ne renseigne donc pas
sur l’éventualité de leur manifestation. La fonction intensité/temps de n’importe quel phénomène est
continue, mais à n’importe quelle échelle de durée, elle est apparemment désordonnée voire chaotique, avec
successivement des tendances à la hausse, à la baisse ou à la stabilité durant des périodes plus ou moins
longues et plus ou moins espacées, avec des minimums et des maximums relatifs plus ou moins
individualisés et parfois des paroxysmes ; même à très court terme, on ne peut discerner au mieux que des
tendances d’évolution et parfois des renversements de tendances ; au départ, ces renversements ne sont
jamais très caractéristiques ; par la suite, ils peuvent s’amplifier ou s’annihiler, rendant toute prévision
incertaine voire impossible. Un tel cours dépend en effet d’un nombre plus ou moins grand de facteurs que
l’on est généralement loin de connaître tous et dont on ignore souvent l’importance relative ; ils sont
spécifiques de phénomènes secondaires distincts, moins complexes que lui, mais néanmoins très rarement
simples ; ils évoluent indépendamment les uns des autres ; ils ont des hauts et des bas, des paliers, leurs
intervalles de monotonie sont plus ou moins longs, leurs changements de tendances sont brusques ou
lents… S’il était strictement déterminé, le phénomène devrait être en stase, maximum ou minimum quand
tous ses facteurs le sont aussi, ce qui est très peu fréquent, plus ou moins variable dans un sens comme dans
l’autre quand au moins l’un d’entre eux varie de la même façon ou quand plusieurs varient de façon plus ou
moins désordonnée, ce qui est le plus courant et à son paroxysme quand ils sont à peu près tous à leur
maximum, ce qui n’arrive que très rarement.
Mais, une fois qu’il s'est produit, on peut expliquer l’événement, caractériser ce qui l’a provoqué et
éventuellement annoncé sans que l’on s’en soit rendu compte. On peut ainsi espérer en comprendre le
processus et s’en prémunir ultérieurement par des actions de prévention et de protection. Ce n’est peut-être
pas grand-chose et on est loin d’en être certain d’y parvenir ; c’est déjà beaucoup et on ne peut pas faire
mieux.
En effet, la connaissance de n’importe quel phénomène géodynamique a été d’abord indirecte par
l’observation passive de ses effets puis empirique par l’extrapolation souvent hasardeuse de ces
observations et par la conjecture ; elle est devenue pratique par des observations systématiques raisonnées,
par la détermination de ses facteurs les plus influents, l’analyse de leurs rôles et de leurs influences
respectives ; elle ne serait théorique par l’expression paramétrique de chacun d’eux, la combinaison
mathématique de leurs influences et de leurs variations que pour les phénomènes simples traités par la
physique élémentaire ; malgré les moyens de la géomécanique, on en est loin ; les relations déterminées
directes de cause à effet sont extrêmement rares sinon inexistantes dans la nature.
A. Foucault & J.-F. Raoult, Dictionnaire de géologie, 6e éd., Dunod, Paris, 2005.
L. Moret, Précis de géologie, 4e éd., Masson et Cie., Paris, 1962.
Aubouin, Brousse et Lehman, Précis de géologie, tome 3 Tectonique et morphologie,
Dunod, Paris, 1975.
Campy et Macaire, Géologie des formations superficielles, Masson, Paris, 1994.
J.Y Daniel et al., Sciences de la Terre et de l’univers, Vuibert, Paris, 1999.
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