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Domus pudici pectoris

Templum repente fit Dei

Le siège de ce cœur vertueux


Devint aussitôt le temple de Dieu

The mansion of this modest breast


At once became the temple of God

Gilles Binchois

Gilles Binchois
(1400-1460)
Français

L'argument de beauté Comme la plupart des compositeurs de son temps,


Gilles de Bins, dit Binchois (c. 1400–1460) fait une
Dans ces polyphonies du xve siècle, la carrière ecclésiastique qui, bien que modeste (il
musica ficta ou « musique feinte » – n’est que sous-diacre), est exceptionnellement
stable. Pendant une trentaine d’années, de la
altérations accidentelles non notées dans
fin des années 1420 à la date de sa retraite à
les manuscrits mais qui devaient être Soignies en 1453, Binchois est chapelain du duc
ajoutées dans la ligne mélodique – est de Bourgogne. Les membres de la chapelle ducale
laissée à l’art de l’interprète. chantent aux offices et accompagnent Philippe le
Le musicologue Charles van den Borren, Bon dans tous ses déplacements afin qu’il puisse
en 1941, soulignait la liberté, et même « la entendre quotidiennement la messe. Quelques
fantaisie » qui, selon lui, régnaient en cette œuvres polyphoniques viennent embellir la
matière : « Ce qu’il y a de remarquable, liturgie chantée principalement en plain-chant
monodique. Malheureusement, aucun des
ce sont les altérations expressément
livres de chœur utilisés dans la chapelle ducale
marquées et les divergences qu’elles offrent ne nous est parvenu, aussi bien des doutes
de manuscrit à manuscrit... Mises à part subsistent concernant le répertoire de cette
certaines éventualités prévues par la théorie prestigieuse maîtrise. La majorité des œuvres
[causa necessitatis], l’accident était considéré sacrées de Binchois sont conservées dans des
comme une sorte d’ornement, dont l’emploi manuscrits compilés dans le nord de l’Italie
ou le non-emploi était laissé à l’initiative alors que, contrairement à Guillaume Dufay, le
du chef de chœur ou de l’interprète : causa chapelain bourguignon n’a jamais séjourné dans la
péninsule. Ce paradoxe apparent prouve que ses
pulchritudinis, l’argument de beauté, tel était
compositions ne sont pas confinées au domaine
le mot d’ordre… » bourguignon mais au contraire qu’elles alimentent
un corpus polyphonique européen en plein essor.
Binchois, chapelain du duc de Bourgogne La production sacrée de Binchois paraît singulière
L’œuvre profane de Binchois, le « père de joyeuseté » car elle ne comprend aucun cycle de messe complet
célébré dans la déploration composée à sa mémoire et seulement un motet isorythmique. En outre, le
chapelain privilégie la texture à trois voix (superius,
Photo  : Alain Genuys

par Johannes Ockeghem, est bien connue : une


soixantaine de chansons représente l’expression contretenor, tenor) au lieu de l’effectif à quatre voix
lyrique appréciée à la cour de Bourgogne. Au le plus souvent utilisé par ses contemporains.
contraire, sa production sacrée demeure méconnue Certains copistes sources regroupent les pièces
en dépit de l’édition intégrale publiée par Philippe deux à deux — Gloria-Credo, Sanctus-Agnus Dei
Kaye en 1993. Elle est pourtant considérable. —formant sept paires de mouvements de messe.
Ensemble Discantus
5
Les Sanctus et Agnus Dei [6 et 7] dits « feriale » Il est dit dans Le Champion des dames de Martin le présente de très fortes ressemblances avec une totalement indépendants de la version d’origine.
sont par exemple notés à la suite dans le manuscrit Franc (c. 1440) que Dufay et Binchois ont inventé un Missa feriale anonyme notée dans un manuscrit Dans une source germanique conservée à Munich,
d’Aoste et leurs mélodies originelles respectives nouveau style en suivant l’exemple de Dunstable anglais, où se trouvent également de nombreux deux contrafacta sacrés— Ave corpus et Virgo rosa
appartiennent au même cycle liturgique destiné aux et en adoptant la « contenance angloise ». Ce carols [3 et 17]. [1 et 13] — se substituent aux paroles des rondeaux
jours de la semaine (le Kyriale XVIII). La mélodie du passage, souvent commenté, ne permet pourtant Le carol demeure un genre typiquement Adieu mes tresbelles mestresse et C’est assez pour
plain-chant liturgique n’est jamais traitée en cantus pas de connaître la nature exacte de l’influence insulaire composé dans un style polyphonique morir de dueil. Ainsi, la musique des chansons
firmus (notes longues au tenor), mais paraphrasée à anglaise sur les compositeurs bourguignons. reconnaissable par l’abondance de ses courtoises de Binchois soutient parfois de pieuses
la voix supérieure qui chante des phrases souples et Il est indéniable que les contacts entre la France et consonances de sixtes et de tierces. De forme paroles.
légèrement ornées. Le Gloria [4], qui se distingue par l’Angleterre sont nombreux à une époque où une strophique, il comporte un refrain (burden) et des Isabelle Ragnard
son effectif à deux voix égales évoluant en imitation grande partie du royaume de France est soumise au couplets (verses). Son texte en latin ou en langue
sur un tenor intermittent, n’est probablement gouvernement anglais. Binchois, sans doute plus vernaculaire traite souvent de sujets religieux — en Le plain-chant au xve siècle
pas une composition de Binchois en dépit de que Dufay, a des liens précoces et fréquents avec particulier pour la fête de Noël (Omnes gaudeamus Dans le mouvement de redécouverte de
l’attribution inscrite dans le manuscrit de Bologne. les occupants. Ainsi, dès 1424, le comte de Suffolk [3], Ecce quod natura [8]) et en l’honneur de la l’interprétation de la musique ancienne, le plain-
Il présente des similitudes avec un Credo attribué à William de la Pole, l’un des grands capitaines de Vierge (Salve sancta parens [11]) — mais célèbre chant est étonnamment l’un des derniers genres à
un certain Jo Bodoil et dans une autre source à un la guerre de Cent Ans, le récompense pour avoir aussi des évènements glorieux de l’histoire de la avoir suscité des recherches. Entre la conception
« Anglicus » énigmatique. mis en musique un rondeau malheureusement Grande-Bretagne. Le carol Princeps serenissime [17] du xxe siècle et les témoignages du Moyen Âge,
A ces pièces de l’ordinaire de la messe, s’ajoutent perdu. Pour Binchois, les occasions d’entendre la est une chanson d’étrennes à la gloire d’un prince les points de divergence sur l’interprétation du
des compositions propres à certaines célébrations musique anglaise se multiplient lorsqu’il devient anglais non identifié. On y entend distinctement le plain-chant concernent la vitesse du chant, la
spécifiques. L’introït Salve sancta parens [9] est chapelain du duc de Bourgogne car Philippe le timbre de la fameuse chanson anonyme L’homme prononciation et la conception rythmique du mot
chanté pour la messe de l’Assomption et d’autres Bon est l’allié des Anglais contre les Armagnacs armé qui est à la base de nombreuses œuvres latin.
fêtes de la Bienheureuse Vierge Marie dans de qui soutiennent le dauphin et futur roi de France polyphoniques — messes et chansons — du xve Parmi les préceptes qui gouvernent les chantres,
nombreux établissements ecclésiastiques et Charles VII. Sa sœur, Anne de Bourgogne (1404– au xviie siècle. citons une recommandation qui va à contre-
notamment à la Sainte chapelle de Dijon fondée 1432), épouse Jean de Lancastre (1389–1435), duc Le graduel anonyme Priusquam [14] présente courant de notre perception du temps, elle
par Philippe le Bon en 1433. Dans les parties de Bedford et régent du royaume de France au nom une alternance entre des sections polyphoniques concerne la vitesse du chant. Celle-ci doit être très
polyphoniques de cette composition, ainsi que de son frère Henri V puis de son neveu mineur le habituellement confiées à deux solistes lente pour faire sentir la solennité et plus rapide
dans d’autres antiennes (Da pacem [12]) et roi Henri VI. La liturgie anglaise et les musiques (intonation du répons et quasi totalité du verset) pour ce qui est moins important : on chantera plus
hymnes (Ut queant laxis [16]) aux dimensions plus courtoises insulaires retentissent dans tout Paris ; et des monodies chorales issues du rite Sarum lentement une fête ou un dimanche et plus vite en
modestes, Binchois utilise la technique du « faux- les musiciens échangent leurs répertoires et leurs utilisé dans îles Britanniques avant la Réforme semaine. Cette mesure de la gravité va de pair avec
bourdon ». A l’époque, ce procédé d’harmonisation modes d’interprétation. protestante. Cette structure rappelle étrangement la volonté de bien dire le texte, on le voit aussi dans
improvisée, qui consiste pour les deux voix graves à Certaines compositions profanes et sacrées celle des organa composés par les maîtres de l’écriture de Binchois lorsqu’il met en musique
dupliquer la mélodie supérieure, est nouveau. Cette de Binchois sont transcrites dans des sources l’Ecole de Notre-Dame de Paris au xiiie siècle. certains mots de manière très élargie, malgré le
polyphonie verticale privilégie les consonances britanniques alors que des œuvres composées Les chansons de Binchois sont également diffusées contexte polyphonique.
« imparfaites » de sixtes et de tierces, au point que semble-t-il par des musiciens anglais lui sont dans toute l’Europe mais leur poème français est On sait que le mouvement humaniste de
le faux-bourdon en vient à caractériser la musique attribuées. Les influences semblent donc parfois supprimé ou remplacé par un texte en latin la Renaissance a permis de revenir à une
de la Renaissance au xve siècle. réciproques. Ainsi son cycle « feriale » déjà évoqué dont le sujet religieux et la structure métrique sont prononciation plus romaine du latin : Erasme
6 7
critique ses contemporains de manière très dans le plain-chant du xve et dans la musique Sources Discantus / Brigitte Lesne
précise. Ses propositions n’ont pas été acceptées de Binchois, on le voit, ce goût n’est pas encore  
Depuis sa création au tout début des années quatre-
immédiatement, tant était fort le goût d’un autre systématique. Néanmoins, dans la psalmodie c’est 1 : Munich, Bayerische Staatsbibl., codex lat.
vingt-dix, l’ensemble Discantus poursuit son travail
latin. Témoin tardif de cette ancienne pratique, une tendance qui s’affirme, de même que celle de monacensis 14274 et Blume-Bannister,»Thesauri
sous la direction de Brigitte Lesne. Se consacrant
Etienne Tabourot, notaire dijonnais, publie en 1588 montrer la solennité du jour par un grand arrêt à Hymnologici Prosarium» II, n°167, reconstitution
aux musiques sacrées médiévales, et en particulier
un livre étonnant : Les bigarrures du Seigneur des la médiante, ce que l’on remarque aussi sous la des str. 2 et 3
à la période de l’ars antiqua, l’ensemble a travaillé
Accords. On y trouve des plaisanteries faites sur plume de Binchois qui insère des silences à ces 2 : Trente, Museo del Castello del Buon Consiglio,
sur les premières sources de la musique sacrée
des « équivoques » entre latin et français. Même endroits. 90
occidentale – le chant grégorien – et la naissance
si la prudence est de rigueur en ce domaine, Parmi les prescriptions aux chantres il y a aussi 3 et 17 : Londres, British Museum, Ms Egerton
de la polyphonie, en s’appuyant sur les recherches
elles nous mettent sur la voie puisqu’en voyant celle qui demande de faire des demi-tons là où 3307
de la musicologue Marie-Noël Colette, conseillère
« Requiescant in pace » il lit « Ré, qui est-ce ? l’oreille les trouve agréables, en particulier dans 4 : Bologne, Civico Museo, Q 15
régulière de l’ensemble. Plus récemment ce projet
Quentin passez » et quand il entend prononcer les formules de broderies au grave des mélodies, 5, 10 et 18 : Cantatorium de Saint Pierre de Lille,
artistique s’est élargi vers des répertoires plus tardifs
« Omnia tentate » il comprend « On y a tant tasté. » et là où ces accidents permettent de fuir des tritons Bibl. municipale, 26
en avançant vers les prémisses de la Renaissance. Le
Mais cela ne suffit pas, nous avons pu bénéficier mélodiques. Voici un nouveau sujet de dissension 6, 7, 9 et 19 : Aoste, Bibl. del Seminario maggiore,
savoir-faire acquis au contact des siècles précédents
des conseils d’Olivier Bettens dont les recherches avec la conception romantique du plain-chant qui A1 D19
y fait merveille et forme comme une suite naturelle
sur la prononciation française font autorité (on peut avait finit par croire que la modalité grégorienne se 8 : Oxford, Bodleian Library, Ms Selden b 26
à ceux-ci. Ce CD, treizième enregistrement de
les suivre sur son site www.virga.org). On entendra distinguait par l’absence d’altérations, mais c’est 11 : Londres, British Museum, Ms Ritson, add.
l’ensemble, en est l’aboutissement.
dans cet enregistrement les « u », les « o » et les un nouveau point commun avec les usages de la 5665
Discantus est régulièrement invité dans le monde
« é » fermés, les « oun » et les « an » nasalisés, polyphonie. 12 : Modène, Bibl. Estense, A.X.1.11
entier et dans les plus grands festivals internationaux
même pour les mots comme « patrem » ; un legato Le résultat montre un grand équilibre entre les 13 : Munich, Bayerische Staatsbibl., 14274
de musiques anciennes et de musiques sacrées.
assez général fait des liaisons entre les mots, fond goûts et les pratiques des chantres et ceux des 14 : Cambridge, Magdalena College, Ms Pepys
Outre son travail avec Discantus, Brigitte
les doubles consonnes en une seule et simplifie polyphonistes du xve siècle. 1236 et Graduale Salisburiense
Lesne, poursuit également toute une recherche
« excelsis » en « ésselsi ». Le résultat en est une Jean-Yves Haymoz 15 : Antiphonaire de Cambrai, Bibl. municipale, 38
d’interprétation sur les musiques médiévales
langue douce et coulante. 16 : Venise, Bibl.nazionale Marciana, 7554
profanes (chansons, pièces instrumentales), en récital
On se trouve ici à un moment charnière entre 16 et 19 : Psaultier Hymnaire de Cambrai, Bibl.
solo, ou au sein d’Alla francesca, ensemble qu’elle
la conception d’un accent dynamique du mot municipale, 30
codirige avec Pierre Hamon et où elle joue également
latin et sa traduction rythmique. En particulier 20 : Trente, Museo del Castelle del Buon
harpes anciennes et percussions. Fortement investie
dans les mots de trois syllabes et plus il devient Consiglio, 92 
dans les activités du Centre de musique médiévale
fréquent de marquer, le cas échéant, la brièveté
de Paris, elle y propose régulièrement des ateliers
de l’avant-dernière syllabe. Ceci deviendra une Edition : Philip Kaye, «The sacred music of Gilles
pratiques à destination des professionnels et des
norme à l’époque du Concile de Trente, comme Binchois»,  Oxford University Press
amateurs éclairés. Elle est également régulièrement
le montre Zarlino en critiquant les compositeurs
invitée à animer des masterclasses, à participer à
qui commettent des « barbarismes » en mettant
des jurys, ou à concevoir et diriger des concerts aux
en musique des mots comme Dominus ou comme
effectifs plus ambitieux (récemment à la cité de la
gloria sans raccourcir la deuxième syllabe. Mais
musique ou à la cathédrale Notre-Dame, à Paris)
8 9
English

The argument of beauty retirement to Soignies in 1453, Binchois was a


chaplain of the Duke of Burgundy. The members
In these 15th-century polyphonies, musica ficta of the ducal chapel sang at the offices and
or ‘feigned music’—accidentals not noted in the accompanied Philip the Good on all his travels
manuscripts but which have to be added in the so that he could hear Mass every day. A few
melodic line—is left to the art of the performer. polyphonic works embellished the liturgy, which
In 1941, musicologist Charles van den Borren was principally sung in monophonic plainchant.
underscored the freedom and even the ‘whim’, Unfortunately none of the choirbooks used in the
which, according to him, held sway in this ducal chapel has survived, and so doubts persist
matter: ‘What are noteworthy are the alterations as to the repertory of this prestigious choir-school.
expressly marked and the divergences that they The majority of the sacred works of Binchois are
offer from manuscript to manuscript... Putting preserved in manuscripts compiled in the north of
aside certain eventualities provided for by theory Italy, despite the fact that, unlike Guillaume Dufay,
[causa necessitatis], the accident was considered he never travelled to the peninsula. This apparent
a sort of ornament whose use or non-use was paradox proves that his compositions were not
left to the initiative of the choral director or the restricted to the Burgundian sphere of influence,
performer: causa pulchritudinis, the argument of but on the contrary fed into a rapidly growing
beauty, such was the watchword…’ European polyphonic corpus.
The sacred output of Binchois seems unusual in
Binchois, chaplain of the Duke of Burgundy that it contains no complete mass cycle and only
one isorhythmic motet. Moreover, he favours a
The secular output of Binchois, the ‘père de three-voice texture (superius, contratenor, tenor)
joyeuseté’ (father of joyfulness) celebrated in the rather than the four-part scoring more often used
Deploration composed in his memory by Johannes by his contemporaries. Certain copyists group
Ockeghem, is well known: some sixty songs the pieces in twos – Gloria-Credo, Sanctus-Agnus
represent the forms of lyric expression appreciated Dei – to form seven pairs of mass movements. The
at the court of Burgundy. His sacred oeuvre, on so-called ‘ferial’ Sanctus and Agnus Dei [6-7], for
the other hand, remains neglected, despite the example, are consigned one after the other in the
complete edition published by Philip Kaye in 1993. Aosta manuscript, and their respective original
Yet it is substantial. melodies belong to the same liturgical cycle for
Photo  : Alain Genuys

Like most composers of his time, Gilles de Bins, weekdays (Kyriale XVIII). The liturgical plainchant
known as Binchois (c.1400-60) pursued an melody is never treated as a cantus firmus (long
ecclesiastical career, in his case modest (he was notes in the tenor), but paraphrased in the top
only a subdeacon) but exceptionally stable. For line, which sings flexible, slightly ornamented
around thirty years, from the late 1420s until his phrases. The Gloria [4], which is distinguished by
11
its scoring for two equal voices in imitation over an than Dufay, had early and frequent connections (Salve sancta parens [11]), but may also celebrate Plainchant in the fifteenth century
intermittent tenor, is probably not a composition with the occupiers. In 1424, for example, the Earl glorious events in the history of England. The carol
Astonishingly enough, plainchant has been one of
of Binchois in spite of the attribution found in of Suffolk William de la Pole, one of the great Princeps serenissime [17] is a song associated with
the last genres to have prompted research within
the Bologna manuscript. It shows similarities to generals of the Hundred Years War, rewarded him gift-giving, extolling an unidentified English prince.
the movement of rediscovery of early musical
a Credo attributed to a certain Jo Bodoil and in for his setting of a rondeau, now unfortunately lost. One can distinctly hear in this piece the theme of
interpretation. The points of divergence between
another source to an enigmatic ‘Anglicus’. Binchois’s opportunities of hearing English music the famous anonymous chanson L’Homme armé
twentieth-century conceptions and the medieval
To these pieces from the Ordinary of the Mass we multiplied when he became a chaplain of the Duke which formed the basis of numerous polyphonic
evidence for the interpretation of plainchant
may add Propers for certain specific celebrations. of Burgundy, for Philip the Good was allied with works – masses and chansons – between the
concern the speed at which the music should
The introit Salve sancta parens was sung for the English against the Armagnacs who supported fifteenth and seventeenth centuries.
be sung, and the pronunciation and rhythmic
the Mass of the Assumption and other feasts of the dauphin and future king of France Charles VII. The anonymous gradual Priusquam [14] alternates
conception of Latin words.
the Blessed Virgin Mary in many ecclesiastical Philip’s sister Anne of Burgundy (1404-32) married between polyphonic sections generally assigned
Among the precepts which governed performances
establishments, notably at the Sainte Chapelle in John of Lancaster (1389-1435), Duke of Bedford to two soloists (the intonation of the response and
by medieval singers was a recommendation which
Dijon founded by Philip the Good in 1433. In the and regent of the kingdom of France in the name virtually all the versicle) and monophonic choral
goes entirely against our perception of time; it
polyphonic sections of this composition, as in of his brother Henry V and subsequently during sections taken from the Sarum Rite used in the
concerns the tempo of the chant. This should be
other antiphons (Da pacem [12]) and hymns (Ut the minority of his nephew King Henry VI. English British Isles before the Reformation. This structure
very slow when one wishes to emphasise a solemn
queant laxis [16]) of more modest dimensions, liturgical and court music was to be heard all over curiously recalls that of the organa composed by
occasion, and faster for what is less important: the
Binchois utilises the technique of ‘faux-bourdon’. Paris; the musicians exchanged their repertoires the masters of the Notre Dame School of Paris in
choir will sing more slowly on a Sunday or feast-
This device of improvised harmonisation in which and their modes of interpretation. the thirteenth century.
day and more quickly on weekdays. This measure
the two lower voices duplicate the melody in the Some sacred and secular compositions by Binchois The songs of Binchois were also diffused
of gravity goes hand in hand with the desire for
top line was new at the time. Its vertical polyphony are transcribed in English sources, while works throughout Europe, but their French poem was
clear enunciation of the text, as may also be seen in
favours the ‘imperfect’ consonances of sixths and apparently composed by insular musicians are sometimes removed or replaced by a text in Latin
Binchois’s compositional style when he sets certain
thirds to such an extent that the faux-bourdon has attributed to him. The influences therefore seem whose religious subject and metrical structure
words in extremely expansive fashion despite their
come to characterise the fifteenth-century era in to have been reciprocal. For instance, his ‘ferial’ are totally independent of the original setting. In
polyphonic context.
Renaissance music. cycle mentioned above presents very strong a German source preserved in Munich, two sacred
It is well known that the humanist movement of the
Martin le Franc’s Le Champion des dames (c.1440) resemblances to an anonymous Missa feriale contrafacta – Ave corpus and Virgo rosa [1, 13]
Renaissance made it possible to return to a Latin
states that Dufay and Binchois invented a new found in an English manuscript which also contains – are substituted for the words of the rondeaux
pronunciation closer to that of the Romans: Erasmus
style by following the example of Dunstable and numerous carols [3, 17]. Adieu mes tresbelles mestresse and C’est assez
criticised his contemporaries’ pronunciation in very
adopting the ‘contenance angloise’. Although it is The carol is a typically insular genre composed in pour morir de dueil. Hence the music of Binchois’s
precise terms. His proposals were not accepted
often commented on, this passage does not tell a polyphonic style recognisable by its abundant courtly chansons was sometimes underlaid by
immediately, for the taste for another type of Latin
us the precise nature of English influence on the consonances of sixths and thirds. It is strophic in devotional words.
was tenacious. Late evidence for this older practice
Burgundian composers. form, with a refrain (‘burden’) and verses. The text, Isabelle Ragnard
is provided by an astonishing book published in
It is undeniable that there were numerous whether in Latin or the vernacular, often deals with Translated by Charles Johnston
1588 by Étienne Tabourot, a notary in Dijon: Les
contacts between France and England at a time religious subjects, particularly those associated
bigarrures du Seigneur des Accords. Here we find
when a large part of the kingdom of France was with the festival of Christmas (Omnes gaudeamus
joking wordplay on ambiguities between Latin
under English rule. Binchois, doubtless more [3], Ecce quod natura [8]) and honouring the Virgin
and French. Even if it is essential to exercise great
12 13
prudence in this domain, these are important clues rests at these points. Sources: Discantus / Brigitte Lesne
to pronunciation at the time. For example, when Another of the prescriptions for singers was the  
Since its founding in the early 1990s, the ensemble
Tabourot sees ‘Requiescant in pace’ he reads requirement to perform semitones where they 1: München, Bayerische Staatsbibl., codex lat.
Discantus continues under the direction of Brigitte
‘Ré, qui est-ce? Quentin passez’, and when he fall easily on the ear, particularly in passing-note monacensis 14274; Blume-Bannister, Thesauri
Lesne. Devoting itself to mediaeval sacred music
hears the words ‘Omnia tentate’ he understands formulas in the lower reaches of melodies, and Hymnologici Prosarium II, no.167; reconstruction
and, in particular, to the ars antiqua period, the
‘On y a tant tasté’. But these indications are not where these accidents permit one to avoid melodic of strophes 2/3
ensemble has worked on the earliest sources of
sufficient in themselves, and we have benefited tritones. Here is new cause for disagreement with 2: Trento, Museo del Castello del Buon Consiglio,
western sacred music—Gregorian chant—and
from the advice of Olivier Bettens, whose research the Romantic conception of plainchant, which 90
the birth of polyphony, based on the research
on French pronunciation is generally accepted as ended up believing that Gregorian modality was 3, 17: London, British Museum, Ms Egerton 3307
of musicologist Marie-Noël Colette, the group’s
authoritative (his work may be followed on his site distinguished by its absence of alterations; but it 4: Bologna, Civico Museo, Q 15
regular advisor. More recently, this artistic
www.virga.org). On this recording you will hear is a further point in common with the usages of 5, 10, 18: Cantatorium de Saint Pierre de Lille, Bibl.
project has been expanded to include later
closed ‘u’, ‘o’ and ‘e’ and nasal ‘oun’ and ‘an’ 1, even polyphony. municipale, 26
repertoires, advancing towards the premises of
for words like ‘patrem’, while a fairly generalised The application of these guidelines results in a fine 6, 7, 9, 19: Aosta, Bibl. del Seminario maggiore,
the Renaissance. Here, the know-how acquired
legato creates liaisons between the words, blends balance between the tastes and practice of the A1 D19
through contact with the previous centuries works
double consonants into a single one, and simplifies singers of the fifteenth century and those of the 8: Oxford, Bodleian Library, Ms Selden b 26
wonders and forms a natural continuation of them.
‘excelsis’ into ‘ésselsi’. This produces a gentle, polyphonic composers. 11: London, British Museum, Ms Ritson, add. 5665
This CD, the ensemble’s thirteenth recording, is the
flowing language. Jean-Yves Haymoz 12: Modena, Bibl. Estense, A.X.1.11
outcome of that.
We find ourselves here at a pivotal moment Translated by Charles Johnston 13: München, Bayerische Staatsbibl., 14274
Discantus is regularly invited the world over and
between the conception of a dynamic accent of 14: Cambridge, Magdalene College, Ms Pepys
performs at the major international festivals of
the Latin word and its translation into rhythm. 1236; Graduale Salisburiense
early and sacred music.
Especially in the case of words of three syllables 15: Antiphonaire de Cambrai, Bibl. municipale, 38
In addition to her work with Discantus, Brigitte
and more, it became common to mark the brevity 16: Venezia, Bibl. nazionale Marciana, 7554
Lesne, also conducts research on the interpretation
of the penultimate syllable when appropriate. 16 ,1 : Psautier-Hymnaire de Cambrai, Bibl.
of secular mediaeval music (songs, instrumental
This was to become the norm at the time of municipale, 30
pieces), in solo recital or with Alla francesca, an
the Council of Trent, as Zarlino shows when he 20: Trento, Museo del Castello del Buon Consiglio,
ensemble she co-directs with Pierre Hamon and
criticises composers who commit ‘barbarisms’ by 92 
in which she also plays mediaeval harps and
setting words like ‘Dominus’ or ‘gloria’ to music
percussion. Quite active in the Centre de musique
without shortening the second syllable. But in Edition: Philip Kaye, The Sacred Music of Gilles
médiévale de Paris, she regularly runs practical
fifteenth-century plainchant and the music of Binchois (Oxford: Oxford University Press, 1992)
workshops there, aimed at professionals and
Binchois, as we can see here, this fashion was not
enlightened amateurs. She is also frequently
yet systematic. Nonetheless, it is a tendency that
invited to give master classes, participate in juries
was already becoming established in psalmody,
1. Translator’s note: All these changes will sound to a or to conceive and conduct concerts with larger
like that of underlining the solemnity of the day
non-French listener much more like modern French forces (recently at the Cité de la Musique and at
by a long pause on the mediant, something also than ‘standard’, i.e. Italianate, pronunciation of Latin. Notre-Dame, in Paris).
noticeable in the style of Binchois, who inserts
14 15
Polyphonies sacrées
Plain-chant
& Carols anonymes
1 Gilles Binchois 1 Gilles Binchois 1 Gilles Binchois
Ave corpus Christi Je te salue, corps aimé du Christ Hail, dear Body of Christ
Contrafactum (chanson “Adieu mes tres belles”) Contrafactum (chanson “Adieu mes tres belles”) Contrafactum (chanson “Adieu mes tres belles”)
Ave corpus Christi carum Je te salue, corps aimé du Christ Hail, dear Body of Christ,
Meum munda cor amarum Purifie mon cœur rempli d’amertumes Purify my bitter heart
Quoque plenum viciis Et plein de vices Full of vices,
Et fac videri lumen clarum in tuis deliciis Et laisse entrevoir au milieu de tes délices And reveal to me your dazzling radiance
[l’éclatante lumière. [In your delights.
Salva, Iesu, me signatum Sauve-moi, Jésus, qui suis désigné Save me, Jesus, who am marked
Vultus tui lumine, Par la lumière de ta Face, By the light of thy Countenance;
A peccatis reformatum Que ton souffle Let thy breath
Tuo fac spiramine. Me lave de mes péchés. Set me free from my sins.
Post hunc mundi incolatum Après le passage en ce monde After my time in this world,
Sublato purgamine Une fois endurée l’expiation Once my purgation has been accomplished,
Iunge tuis me beatum Accepte-moi parmi les tiens, bienheureux Take me among thy people, blest
In celesti culmine. Dans le paradis céleste. In the heavenly temple.

2 Gilles Binchois 2 Gilles Binchois 2 Gilles Binchois


Kyrie Kyrie Kyrie
“apostolorum” ou “de martiribus” “apostolorum” ou “de martiribus” “apostolorum” ou “de martiribus”
Kyrie eleison Seigneur, prends pitié Lord, have mercy.
Christe eleison Christ, prends pitié Christ, have mercy.
Kyrie eleison Seigneur, prends pitié Lord, have mercy.

16 17
3 Carol 3 Carol 3 Carol
Omnes una gaudeamus Réjouissons-nous tous ensemble Let us all rejoice together
Omnes una gaudeamus  Réjouissons-nous tous ensemble Let us all rejoice together;
Christo laudes referamus  Rendons louanges au Christ Let us give praises to Christ
Qui natus est de virgine Lui qui est né d’une vierge Who was born of a Virgin
Illuxit nobis hodie. S’est mis à briller pour nous aujourd’hui. And has shone His light on us today.
Christus volens incarnari Le Christ, qui veut s’incarner Christ, who wished to be made flesh
Nosque sibi copulari  Et nous unir à lui And be joined with us,
Qui natus est… Lui qui est né d’une vierge… Who was born of a Virgin...
In presepi inclinatur Dans la crèche il est tout petit In the manger He lies low
Qui cunctorum dominator  Lui qui est maître souverain de tous Who is the Master of all,
Qui natus est… Lui qui est né… Who was born of a Virgin...
Hec est spes redempcionis Voilà l’espoir de la rédemption Here is the Hope of redemption,
Iram non vult ulcionis : Il refuse la colère de la vengeance : Who rejects the rage of vengeance,
Qui natus est… Lui qui est né… Who was born of a Virgin...

4 Gilles Binchois 4 Gilles Binchois 4 Gilles Binchois


Gloria Gloria Gloria
Gloria in excelsis Deo Gloire à Dieu aux plus haut des cieux Glory to God in the highest
Et in terra pax hominibus bone voluntatis. Et paix sur terre aux hommes de bonne volonté. And on earth peace to men of good will.
Laudamus te. Nous te louons. We praise thee,
Benedicimus te. Nous te bénissons. We bless thee,
Adoramus te. Nous t’adorons. We worship thee,
Glorificamus te Nous te glorifions We glorify thee,
Gracias agimus tibi propter magnam gloriam tuam. Nous te rendons grâce pour ton immense gloire. We give thee thanks for thy great glory,
Domine Deus, rex celestis, Deus, Pater omnipotens. Seigneur Dieu, roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. O Lord God, heavenly King, God the Father Almighty.
Domine Fili unigenite, Jesu Christe. Seigneur, Fils unique, Jésus Christ. O Lord, the only-begotten Jesus Christ;
Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris. Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père. O Lord God, Lamb of God, Son of the Father,
Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Toi qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous. That takest away the sins of the world, have mercy upon us.
Qui tollis peccata mundi, Toi qui enlèves les péchés du monde, Thou that takest away the sins of the world,
[suscipe deprecationem nostram. [reçois notre prière. [receive our prayer.
Qui sedes ad dexteram Patris, Toi qui es assis à la droite du Père, Thou that sittest at the right hand of God the Father,
[miserere nobis. [prends pitié de nous. [have mercy upon us.
18 19
Quoniam tu solus sanctus, to solus Dominus, Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, For thou only art holy; thou only art the Lord;
[tu solus altissimus, Jesu Christe. [toi seul es le très-haut, Jésus-Christ. [Thou only, O Christ,
Cum Sancto spiritu in gloria Dei Patris. Avec le Saint Esprit dans la gloire de Dieu le Père. With the Holy Spirit, art most high in the glory of God the Father.
Amen. Amen. Amen.

5 Graduel 5 Graduel 5 Graduel


Diffusa est La grâce est répandue Grace is poured abroad
Diffusa est gracia in labiis tuis : La grâce est répandue sur tes lèvres : Grace is poured abroad in thy lips:
Propterea benedixit te Deus in eternum. C’est pourquoi Dieu t’a bénie pour l’éternité. Therefore hath God blessed thee for ever.
V/ Propter veritatem, et mansuetudinem, et iusticiam: V/ Par la vérité, la bonté et la justice : V/ Because of truth and meekness and justice:
Et deducet te mirabiliter dextera tua. Ta main droite te guidera merveilleusement. And thy right hand shall conduct thee wonderfully.

6 Gilles Binchois 6 Gilles Binchois 6 Gilles Binchois


Sanctus Sanctus Sanctus
Sanctus, sanctus, sanctus, Saint, saint, saint Holy, holy, holy,
Dominus Deus Sabaoth Seigneur Dieu Sabaoth Lord God of Hosts,
Pleni sunt celi et terra gloria tua Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire Heaven and earth are full of thy glory.
Hosanna in excelsis Hosanna au plus haut des cieux Hosanna in the highest.
Benedictus qui venit in nomine Domini Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur Blessed is he that cometh in the Name of the Lord.
Hosanna in excelsis Hosanna au plus haut des cieux Hosanna in the highest.

7 Gilles Binchois 7 Gilles Binchois 7 Gilles Binchois


Agnus Agnus Agnus
Agnus Dei qui tollis peccata mundi Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde Lamb of God that takest away the sins of the world,
Miserere nobis Prends pitié de nous Have mercy upon us.
Agnus Dei qui tollis peccata mundi Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde Lamb of God that takest away the sins of the world,
Miserere nobis Prends pitié de nous Have mercy upon us.
Agnus Dei qui tollis peccata mundi Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde Lamb of God that takest away the sins of the world,
Dona nobis pacem Donne-nous la paix Grant us thy peace.

20 21
8 Carol 8 Carol 8 Carol
Ecce Quod Natura Ecce Quod Natura Ecce Quod Natura
Cloches à mains Cloches à mains Cloches à mains

9 Introït . Gilles Binchois 9 Introït . Gilles Binchois 9 Introït . Gilles Binchois


Salve sancta parens Je te salue, sainte mère Hail, holy Parent
Salve sancta parens, Je te salue, sainte mère, Hail, holy Parent,
Enixa puerpera regem, Jeune accouchée qui a enfanté un roi, That didst bring forth the King
Qui celum terramque regit Qui règne sur le ciel et la terre Who rules heaven and earth
In secula seculorum. Pour les siècles des siècles. For ever and ever.
Ps : Sentiant omnes tuum juvamen Qu’ils ressentent tous ton aide May all those feel thine aid
Quicumque celebrant tuam comemorationem. Ceux-là qui célèbrent ta mémoire. Who celebrate thy holy commemoration.
Ps : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit Glory be to the Father, and to the Son, and to the Holy Spirit
Sicut erat in principio et nunc et semper, Comme il était au commencement, maintenant et toujours, As it was in the beginning, is now, and ever shall be,
Et in secula seculorum. Amen. Pour les siècles des siècles. Amen. World without end. Amen.
Salve sancta parens… Je te salue, sainte mère… Hail, holy Parent...

10 Alleluia 10 Alleluia 10 Alleluia


Salve mundi gaudium Je te salue joie du monde Hail, joy of the world
Alleluya Alléluia Alleluia
V/ Salve mundi gaudium V/ Je te salue, joie du monde V/ Hail, joy of the world
Virgo spes fidelium Vierge espoir des fidèles Virgin, hope of the faithful,
Puella sine patre, Jeune fille sans père, Maiden without a father,
Rosa flos convallium, Rose fleur des vallées, Rose, flower of the valleys,
Tu nardus, tu lilium, Toi nard, toi lys, Thou spikenard, thou lily,
Nobis auxiliare Viens à notre secours. Come to our aid.

22 23
11 Carol 11 Carol 11 Carol
Salve, sancta parens Je te salue, sainte mère Hail, holy Parent
Salve, sancta parens, Je te salue, sainte mère, Hail, holy Parent,
Enixa puerpera regem. Jeune accouchée qui a enfanté un roi. That didst bring forth a King.
Salve, porta paradisi, Je te salue, porte du paradis, Hail, Gate of heaven,
Felix atque fixa, Heureuse et inaltérable, Auspicious and immutable,
Stella fulgens in sublimi Etoile étincelante dans le firmament Shining Star in the firmament,
Sidus enixa. Astre qui a enfanté. Constellation that hast given birth.
Salve sancta parens ... Je te salue, sainte mère… Hail, holy Parent...
Salve, virgo benedicta, Je te salue, vierge bénie, Hail, blessed Virgin,
Mater orphanorum ; Mère des orphelins ; Mother of orphans;
Deprecamur ut delicta Nous te prions d’effacer We pray thee, cleanse
Tergas peccatorum. Les fautes des pécheurs. The faults of sinners.
Salve sancta parens ... Je te salue, sainte mère… Hail, holy Parent...

12 Antienne . Gilles Binchois 12 Antienne . Gilles Binchois 12 Antienne . Gilles Binchois


Da pacem Domine Donne la paix Seigneur Give peace in our time, O Lord
Da pacem Domine in diebus nostris, Donne la paix, Seigneur, à nos jours, Give peace in our time, O Lord,
quia non est alius qui pugnet pro nobis, Parce qu’il n’en est pas d’autre qui combatte pour Because there is none other that fighteth for us,
nisi tu, Deus noster. nous, Si ce n’est toi, notre Dieu. But only thou, O God.

13 Gilles Binchois 13 Gilles Binchois 13 Gilles Binchois


Virgo rosa venustatis La Vierge, rose de beauté The Virgin, rose of beauty
Contrafactum (chanson “C’est assez”) Contrafactum (chanson “C’est assez”) Contrafactum (chanson “C’est assez”)
Virgo rosa venustatis La Vierge, rose de beauté The Virgin, rose of beauty,
Que producta floride Croît avec luxuriance Having brought forth a flower,
Tenet decus castitatis Parée de la chasteté Retains the honour of chastity,
Et in partu sanctiore Et dans un enfantement plus sacré And, in holier childbirth,
Exultet privilegis Elle est transportée de joie par ces faveurs May rejoice in her privilege.
Salve virgo virginum Je te salue, vierge d’entre les vierges Hail, Virgin among Virgins;

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Salve vena venie Je te salue, source de pardon Hail, source of pardon,
O purgatrix criminum Ô toi qui effaces les fautes O cleanser of sins,
Virgo plena gracie Vierge pleine de grâce Virgin full of grace,
Peperisti dominum Tu as enfanté le seigneur Thou didst give birth to the Lord
Celeste milicie. Qui du ciel dirige les armées. Of the heavenly host.

14 Graduel 14 Graduel 14 Graduel


Priusquam te formarem Avant que je ne te donne chair Before I formed thee
Priusquam te formarem in utero, Avant que je ne te donne chair dans le sein de ta mère, Before I formed thee in the bowels of thy mother,
[novi te : [je t’ai reconnu : [I knew thee:
et antequam exires de ventre, sanctificavi te Et avant que tu ne sortes de son ventre, je t’ai sanctifié And before thou camest forth out of the womb, I sanctified thee
V/ Misit dominus manum suam, V/ Le Seigneur a étendu la main, V/ The Lord put forth his hand,
et tetigit os meum, et dixit michi. Et touché ma bouche, puis il m’a parlé. And touched my mouth, and spake to me.

15 Repons 15 Repons 15 Repons


Inter natos mulierum Parmi les enfants des femmes Among them that are born of woman
Inter natos mulierum non surrexit Parmi les enfants des femmes il n’en s’en éleva pas un There hath not risen among them that are born of woman
[maior Iohanne baptista, [plus grand que Jean le baptiste, [one greater than John the Baptist,
qui viam domino preparavit in heremo. Qui a ouvert la voie au Seigneur dans le désert. Who prepared the way of the Lord in the desert.
V/ Fuit homo missus a Deo cui nomen Iohannes erat. Un homme dont le nom était Jean fut envoyé par Dieu. There was a man sent from God, whose name was John.

16 Hymne, Gilles Binchois 16 Hymne, Gilles Binchois 16 Hymne, Gilles Binchois


Ut queant laxis Afin que tes serviteurs puissent faire résonner That your servants may proclaim
Ut queant laxis resonare fibris Afin que tes serviteurs puissent faire résonner That your servants may proclaim
Mira gestorum famuli tuorum, De toute leur âme les merveilles de tes exploits, Your wondrous acts with loosened tongues,
Solve polluti labii reatum, Absous le péché de leurs lèvres souillées, Dissolve the sin on their impure lips,
Sancte Johannes. Ô saint Jean. O blessed John.
Nuntius celso veniens olimpo Le messager venant de l’Olympe céleste A messenger come from high heaven
Te patri magnum fore nasciturum Dévoile d’abord à ton père que tu naîtras grand, Revealed to your father the birth of an illustrious son,
Nomen, et vite seriem gerende Ce que sera ton nom, What his name would be,
Ordine promit. Et le cours de ta vie à venir. And his future destiny.
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Ille promissi dubius superni Celui-là, doutant de la promesse venue d’en haut He, doubting the divine promises,
Perdidit prompte modulos loquele A vite perdu les rythmes mélodieux de la parole Lost the power of speech;
Sed reformasti genitus perempte Mais par ta naissance tu as rendu But by your birth you restored to him
Organa vocis. Le son de la voix disparue. The use of his broken voice.
Ventris abstruso positus cubili Dans le nid invisible du ventre de ta mère Enclosed in the hidden nest of the womb
Senseras regem thalamo manentem, Tu avais reconnu le Roi reposant en sa couche, You perceived the King resting in His chamber;
Hinc parens nati meritis uterque De là, les mystères se dévoilèrent aux parents And thereafter, through their child’s merits, both parents
Abdita pandit. Grâce aux mérites de leur nouveau-né. Poured forth hidden mysteries.
Antra deserti teneris sub annis Dans tes tendres années, tu as cherché les cavernes du désert In your tender years, you sought the desert caves,
Civium turmas fugiens petisti, Fuyant les foules habitant les cités, Fleeing the crowds of cities,
Ne levi saltim maculare vitam Afin de ne pas souiller ta vie So as not to stain your life
Famine posses. D’une parole qui serait malheureuse. With false words.
Non fuit vasti spatium per orbis Dans l’espace du vaste globe In the space of the vast globe
Sanctior quisquam genitus Johanne, Il ne fut pas un homme plus saint que Jean There was never a holier man than John,
Qui nephas secli meruit lavantem Qui a mérité le baptême Who was worthy of giving baptism
Tingere limphis. En lavant l’impiété du siècle. To wash away the wickedness of the world.
Laudibus cives celebrant superni Les citoyens du Ciel célèbrent tes louanges The citizens of heaven celebrate thee in songs of praise,
Te, Deus simplex pariterque trine, Dieu unique et en même temps trine, One God yet Three-in-One;
Supplices at nos veniam precamur Et nous, nous implorons, suppliants, ton pardon And we, thy supplicants, beseech thy pardon:
Parce redemptis. Epargne-nous, nous qui nous sommes rachetés. Spare us, thy redeemed.
Amen. Amen. Amen.

17 Carol 17 Carol 17 Carol


Princeps serenissime Prince sérénissime Princeps serenissime
Princeps serenissime, Prince sérénissime, Most serene prince,
Te laudamus carmine. Nous te louons en chantant. We praise you in song.
Anni donum, domine, Tu as hautement mérité, Seigneur, You have most wondrously deserved, Lord,
Pro bono regimine L’offrande de l’année The gift of the year
Mereris mirifice Pour ton bon gouvernement. For your good government.
Princeps serenissime… Prince sérénissime… Most serene prince...

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Quod lumen de lumine Que, lumière de la lumière Which gift may He give you today,
Donet tibi hodie, Il te gratifie aujourd’hui, The Light of Light
Qui natus est de virgine  Lui qui est né d’une vierge He who was born of the Virgin.
Princeps serenissime… Prince sérénissime… Most serene prince...
In palma victorie, Dans la palme de la victoire, In the victor’s palm,
Corona justicie, La couronne de la justice, The crown of justice,
Et amore Anglie  Et l’amour de l’Angleterre And the love of England.
Princeps serenissime… Prince sérénissime… Most serene prince...

18 Alleluia 18 Alleluia 18 Alleluia


Gaude dei genitrix Réjouis-toi mère de Dieu Rejoice, Mother of God
Alleluya Alléluia Alleluia
V/ Gaude dei genitrix et gaude Réjouis-toi, mère de Dieu, réjouis-toi, Rejoice, Mother of God, and rejoice,
[gaudium maria omnium fidelium [Marie, de la joie de tous les fidèles [Mary, in the joy of all the faithful;
gaudeat ecclesia in tuis laudibus assidua Que l’Eglise, zélée dans les prières qu’elle t’adresse, Let the Church rejoice, assiduous in praising thee;
[et pia domina gaudere [se réjouisse ; pieuse dame, [And, merciful Lady, make us
fac nos tecum ante dominum Donne-nous auprès de toi la joie devant le Seigneur. To rejoice with thee before the Lord.

19 Hymne . Gilles Binchois 19 Hymne . Gilles Binchois 19 Hymne . Gilles Binchois


A solis ortus cardine Du lever du soleil From the point where the sun rises
A solis ortus cardine Du lever du soleil From the point where the sun rises
Et usque terre limitem Jusqu’aux confins de la terre To the ends of the earth,
Christum canamus principem Chantons le Christ roi Let us sing of Christ the King,
Natum Maria virgine. Né de la Vierge Marie. Born of the Virgin Mary.
Beatus auctor seculi Le bienheureux créateur du monde The blessed Creator of the world
Servile corpus induit A revêtu un corps d’esclave Put on a servant’s body,
Ut carne carnem liberans, De sorte que, libérant la chair par la chair, So that, liberating flesh through flesh,
Ne perderet quos condidit. Ne soit pas ruiné ce qu’il a fondé. He might not lose what He had made.

30 31
Caste parentis viscera La grâce céleste pénètre les entrailles Into the bowels of the chaste mother
Celestis intrat gratia, De la chaste mère, There enters heavenly grace;
Venter puelle bajulat La jeune fille porte en son sein The maiden’s womb bears
Secreta, que non noverat. Des secrets, qu’elle ignorait. Secrets of which she knew nothing.
Domus pudici pectoris Le siège de ce cœur vertueux The mansion of this modest breast
Templum repente fit Dei Devint aussitôt le temple de Dieu At once became the temple of God:
Intacta nesciens virum Intacte, sans connaître d’homme Undefiled and without knowing a man
Verbo concepit filium Elle conçut un fils par le Verbe. She conceived a Son through the Word.
Enixa est puerpera, La jeune accouchée a enfanté, In her labour she gave birth
Quem Gabriel predixerat, Celui que Gabriel avait annoncé, To Him whom Gabriel had foretold,
Quem matris alvo gestiens Celui que Jean, tressaillant d’allégresse Whom John had recognised, leaping for joy
Clausus Johannes senserat. Dans le sein de sa mère, avait reconnu. While still concealed in his mother’s womb.
Gloria tibi Domine Gloire à Toi Seigneur Glory to thee, Lord,
Qui natus est de virgine Qui est né d’une vierge Who wast born of the Virgin,
Cum patre et Sancto Spiritu Avec le Père et l’Esprit Saint With the Father and the Holy Spirit
In sempiterna secula. Dans les siècles éternels. In everlasting ages.
Amen Amen. Amen.

20 Gilles Binchois 20 Gilles Binchois 20 Gilles Binchois


Benedicamus Benedicamus Benedicamus
Benedicamus Domino Bénissons le Seigneur Let us bless the Lord.
Deo gracias Rendons grâce à Dieu Let us give thanks to God.

Traduction : Aurélie Prévot Translation: Charles Johnston

32 33
Gilles Binchois L’Argument de beauté
Polyphonies sacrées, Plain-chant & Carols anonymes

1 Ave corpus Christi – contrafactum : chanson de Gilles Binchois – hd ag • tutti 2’41


2 Kyrie – Gilles Binchois – tutti 3’41
3 Omnes una gaudeamus – Carol – blb cb cm sch • tutti 2’09
4 Gloria – attribué à Gilles Binchois – sch • tutti 3’46
Photo  : Etienne Genuys

5 Diffusa est gracia • Propter veritatem – Graduel – cs ag bl cb lj • verset : cs 4’07


6 Sanctus – Gilles Binchois – hd / cb / blb • tutti 2’02
7 Agnus Dei – Gilles Binchois – hd / cb / blb 1’32
8 Ecce quod natura – Carol – cloches à mains tutti 4’01
9 Salve sancta parens – Introït, Gilles Binchois – tutti 3’08
Ensemble Discantus 10 Alleluia • Salve mundi – tutti • Verset : bl 3’23
11 Salve sancta parens – Carol – tutti • hd lj / blb cm 6’23
12 Da pacem Domine – Antienne, Gilles Binchois – tutti 1’07
13 Virgo rosa venustatis – contrafactum : chanson de Gilles Binchois – hd /cm / blb • tutti 3’11
Discantus . Brigitte Lesne, direction 14 Priusquam te formaret • Misit Dominus – Graduel – tutti • verset : lj / cs 4’43
15 Inter natos mulierum • Fuit homo – Répons – blb sch • verset sch 1’21
Chant et cloches à main (handbells) : 16 Ut queant laxis – Hymne, Gilles Binchois – cb / bl / cm • tutti 2’07
17 Princeps serenissime – Carol – tutti • ag hd / cb cm 3’29
Christel Boiron (cb), Hélène Decarpignies (hd), Anne Guidet (ag),
18 Alleluia • Gaude dei genitrix – lj ag hd cs • verset : lj 1’05
Lucie Jolivet (lj), Brigitte Le Baron (blb), Brigitte Lesne (bl), 19 A solis ortus cardine – Hymne, Gilles Binchois – tutti • hd / cm / blb 2’33
Caroline Magalhaes (cm), Catherine Schroeder (sch), Catherine Sergent (cs). 20 Benedicamus domino • Deo gracias – Répons, Gilles Binchois – tutti 3’12

discantus@wanadoo.fr . http://assoc.orange.fr/cmmp Producteur : Zig-Zag Territoires • Coproducteur : Centre de musique médiévale de Paris.
Cet enregistrement a bénéficié du soutien du FCM.
Recherche musicologique : Brigitte Lesne, Isabelle Ragnard et Marie-Noël Colette
Producteurs exécutif / Executive producers: Sylvie Brély & Franck Jaffrès.
Conception du programme et arrangements : Brigitte Lesne Direction artistique / Artistic supervision: Franck Jaffrès. Prise de son / Sound recording: Alban Moraud.
Conseiller restitution plain-chant et latin xve : Jean-Yves Haymoz Recording/enregistrement : 2-5/02/2010, Eglise évangélique allemande de Paris.
Programme créé en la chapelle de Ronchamp (Le Corbusier) Direction artistique æon/æon artistic supervision: Damien Pousset. Production æon /Producer : Kaisa Pousset.
dans le cadre d’une résidence accueillie par le festival “Musique et mémoire” en 2008. Photo : Dolorès Marat. æon 56, rue Traversière - F-75012 Paris. C 2010 Imprimé en Autriche.
www.æon.fr

AECD 1096
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