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La Faculté de Philologie

de l’Université de Belgrade

organise
la quinzième édition du Colloque international

à la Faculté de Philologie de l’Université de Belgrade (Serbie)


les 4 et 5 novembre 2022

Le colloque a pour but de réunir les enseignants, chercheurs et docto-


rants s’intéressant au français sous toutes ses formes et dans toutes ses
représentations, à l’oral comme à l’écrit. Il s’agit d’un colloque pluri-
disciplinaire en littérature et sciences du langage.
SECTION LINGUISTIQUE

Unités linguistiques et construction du sens

Le volet linguistique de ce colloque invite à repenser les concepts lin-


guistiques fondamentaux que sont les unités de langue et le sens lin-
guistique.
Parler d’unités, c’est impliquer la nature systémique, hiérarchique et
articulée de la langue. Le concept d’unité(s) présuppose à la fois composition
et décomposition : c’est par décomposition qu’on distingue différents niveaux
d’activité langagière, ainsi que les relations hiérarchiques entre unités selon
le principe général de compositionnalité. Qui dit unité linguistique sous-
entend donc un sous-système de langue où cette unité figure et contribue au
sens des unités supérieures. À tout niveau d’analyse linguistique correspon-
dent des unités d’un certain type, ainsi que leurs relations mutuelles ou avec
les unités d’autres niveaux. Ce sont notamment ces relations entre unités —
compositionnelles ou contrastives, horizontales ou transversales, sémantiques
et autres — qui ouvrent un vaste champ de recherche.
La composante qui relie tous ces sous-systèmes est celle du sens, les
unités linguistiques étant essentiellement signifiantes. On parle du niveau
sémantique, mais le sens se trouve-t-il à un seul niveau ? Ou bien les unités
signifient-elles surtout les unes par rapport aux autres et avec les autres ? En
tant que facteur unificateur, le sens est complexe et multiple. Tous les sous-
systèmes — phonétique, morphologie, syntaxe, etc. — interagissent aux ni-
veaux local et global (textuel), de sorte que leurs unités respectives se recou-
pent et dépendent les unes des autres. Le facteur encadrant tous ces para-
mètres d’interprétation des unités est le co(n)texte, qu’il soit verbal ou situa-
tionnel, local ou maximal : la signification d’une unité s’enrichit en co(n)texte
et enrichit le co(n)texte.
Les chercheurs sont invités à étudier la construction du sens dans
ses multiples rapports avec les unités de langue, parmi lesquelles
nous mentionnons :

 Unités en langue écrite — graphème, mot comme unité, phrase, signes


de ponctuation, etc.
 Unités phonétiques et phonologiques — phonème et ses traits distinc-
tifs, syllabe, groupe rythmique, intonème, etc.
 Unités morphosyntaxiques — morphème, classes de mots (catégorisa-
tion et unités polycatégorielles), fonctions syntaxiques, classes de mots et
catégories ontologiques, classes de mots et fonctions syntaxiques, équiva-
lence syntaxique et différences sémantiques entre syntagmes, propositions
et constructions (infinitives, participiales, etc.), propositions subordon-
nées (classifications, syntaxe et équivalents non propositionnels), prédica-
tion seconde, nexus, phrase nominale, etc.
 Unités lexicologiques — lexème (forme et sens), dérivation, composi-
tion, conversion, figement et séquences polylexicales, lexicalisation et
grammaticalisation, etc.

 Unités sémantiques — sème et sémème, typologies de sèmes, compo-


santes du sens linguistique, sens dénotatif et connotatif, co(n)texte, etc.

 Unités textuelles et discursives — phrase et énoncé, séquence tex-


tuelle, échange dialogique et réplique, genres et types de texte, actes de
langage, unités communicatives (thème, rhème, transition), topos, etc.

Les chercheurs en didactique des langues, et particulièrement celle


du français langue étrangère, sont invités à réfléchir et partager leur expé-
rience autour des questions liées aux unités linguistiques et à la construction
du sens dans les activités langagières de réception, production, interaction et
médiation. Nous proposons quelques pistes de recherche possibles : construc-
tion du sens en coopération avec les autres, place et rôle de la langue mater-
nelle et des compétences en langue maternelle dans cette coopération, révi-
sion (collaborative), auto-évaluation, créativité dans l’enseignement/
apprentissage du français, production sur contraintes, apport de nouvelles
technologies, formation des enseignants de langue, terrain professionnel de la
classe, etc.

Tous ces sujets peuvent être explorés par différentes autres disci-
plines linguistiques (et dans divers cadres théoriques) :

 linguistique diachronique,
 neurosciences et sciences cognitives,
 pragmatique,
 psycholinguistique et acquisition du langage,
 rhétorique contrastive,
 sémantique formelle,
 sociolinguistique,
 stylistique,
 traductologie,
 lexicographie,
 traitement automatique des langues,
 terminologie et terminographie,
 français sur objectifs spécifiques,
 langue de spécialité, etc.
SECTION LITTÉRAIRE

Poétique et esthétique du miroir

Le volet littéraire de ce colloque propose d’approfondir les re-


cherches sur des aspects différents du miroir en tant que motif,
thème ou procédé.
La riche symbolique du miroir provient tant de sa capacité de réfléchir
le monde que d’une expérience subjective liée à cet objet, qui peut cacher une
vérité, découvrir ou masquer une illusion ou représenter un idéal. Dans l’An-
tiquité, Ovide voit dans le mythe de Narcisse le miroir comme un instrument
de vanité. Pendant le Moyen Âge, le livre est souvent conçu comme un miroir
où les lecteurs-écouteurs peuvent apprendre à voir le monde et eux-mêmes,
par exemple dans le Roman de Tristan de Thomas et le Roman de la Rose,
ainsi que dans le genre didactique médiéval appelé « miroir ». Dans la littéra-
ture courtoise et pétrarquiste, le miroir est représenté comme un objet fatal
ou illusoire, par exemple dans le recueil Délie, objet de plus haute vertu de
Scève. Si certains auteurs et autrices baroques, s’inscrivant dans la lignée
pétrarquiste, considèrent le miroir comme « le fidèle conseiller de la beauté »
de la femme ou encore comme un témoin fidèle de l’incarnation de la Beauté
idéale que le poète retrouve en elle, nombreux sont les textes où, par le miroir
et le reflet dans l’eau, s’exprime un bouleversement radical de la vision opti-
miste du monde et de l’homme dans cette époque placée sous le signe de Cir-
cée. Sont également exploités les effets de la mise en abyme dans, par
exemple, La tragique histoire de Hamlet prince de Danemark de Shakespeare
ou le Don Quichotte de la Manche de Cervantes pour traduire, entre autres,
les jeux de miroir entre réalité et fiction, la confusion entre le réel et le rêve
ou la folie. Le miroir baroque, dans lequel se reflètent les apparences, est sy-
nonyme d’illusion et de tromperie dans un monde insaisissable.
L’idée ancienne de l’art qui imite la nature se retrouve dans la théorie
néoclassique, plus tard également chez les Romantiques, comme Shelley, qui
considère la poésie comme un miroir qui embellit ce qui est déformé dans la
réalité. La polémique sur le lien entre l’auteur et son livre, ainsi que sur le
rapport entre la réalité et sa forme poétique trouve sa place dans le réalisme
stendhalien aussi, où le miroir reprend de nouveau son rôle important dans la
création poétique, ce dont témoigne le narrateur du Rouge et le noir qui défi-
nit le roman comme « un miroir qui se promène sur une grande route. » Si
l’objet de l’art littéraire est donc de « reproduire la nature par la pensée »,
comme le fait remarquer Balzac dans sa préface à La Peau de chagrin, il n’en
reste pas moins que l’écrivain, fondant son œuvre sur une réalité minutieuse-
ment observée tout en l’enrichissant par l’imagination dans son exigence
d’idéal et d’absolu, se voit « obligé d’avoir en lui je ne sais quel miroir concen-
trique où, suivant sa fantaisie, l’univers vient se réfléchir ». Les métaphores
du miroir ont profondément marqué le symbolisme de Régnier, Baudelaire et
Verhaeren. Le miroir peut souvent être associé au trouble visuel et aux reflets
incertains grâce à son ambivalence et son rapport à l’illusion, surtout dans la
littérature fantastique ou inspirée par le merveilleux, comme dans le Portrait
de Dorian Gray de Wilde.
Dans la littérature contemporaine, les approches interdisciplinaires in-
cluant la philosophie, la psychologie, la psychanalyse, l’anthropologie, l’his-
toire, la sociologie, la politologie etc. font de la problématique de la vision et
du miroir un champ de recherche fertile et intrigant. Ainsi, Michel Foucault
dans « Des espaces autres » interroge-t-il l’effet du miroir lié à la nature frag-
mentaire de l’homme et l’espace postmoderne : « Le miroir, après tout, c’est
une utopie, puisque c’est un lieu sans lieu. Dans le miroir, je me vois là ou je
ne suis pas, dans un espace irréel qui s’ouvre virtuellement derrière la sur-
face ; je suis là-bas, là où je ne suis pas, une sorte d’ombre qui me donne à moi
-même ma propre visibilité, qui me permet de me regarder là où je suis ab-
sent : utopie du miroir. Mais c’est également une hétérotopie, dans la mesure
où le miroir existe réellement, et où il a, sur la place que j’occupe, une sorte
d’effet en retour : c’est à partir du miroir que je me découvre absent à la place
où je suis puisque je me vois là-bas. » L’émergence des études féminines au
siècle dernier a-t-elle permis de mettre au jour des fonctions et symboliques
particulières que le miroir endosse dans « la littérature au féminin », comme
semble le suggérer Béatrice Didier dans L’Ecriture-femme en discutant la
quête identitaire qui chez certaines autrices passe par l’acte d’écrire : « Écrire,
c’est précisément briser le miroir qui enfermait la femme dans une certaine
image de paraître et qui du même coup ne lui laissait jamais voir son propre
visage mais montrait au contraire le visage de l’autre » ?

Ce colloque se propose d’explorer, sans vouloir s’y limiter, les pistes


de réflexion suivantes :

 le motif du miroir,
 le thème du miroir,
 le miroir et les thèmes poétiques,
 le miroir comme instrument de construction/déconstruction identitaire,
 l’écriture en tant que miroir de l’introspection,
 le miroir et la spécularité : le dédoublement du narrateur / de la voix poé-
tique / du point de vue, le dédoublement des personnages ou / et de la
structure de l’œuvre,
 la symbolique du miroir,
 la réécriture et la reprise des mythes dans le miroir,
 l’écriture du merveilleux et du fantastique,
 l’écriture au féminin et le miroir,
 le miroir et la problématique des relations entre l’individu et la société,
entre « nous » et les « autres »,
 l’isotopie / l’hétérotropie / l’utopie du miroir.
APPEL À COMMUNICATIONS

Comité d’organisation Modalités d’inscription


Les propositions de communication se feront
Jelena BRAJOVIĆ ■ Ljubica ĐURIĆ ■ Nađa ĐURIĆ ■ via le formulaire en ligne disponible en cli-
Željka JANKOVIĆ ■ Zorana KRSMANOVIĆ ■ Saša MARJANOVIĆ ■ quant ici.
Dejana MIRKOVIĆ-BIRTAŠIĆ ■ Jana PAVLOVIĆ ■ Branko RAKIĆ ■
Tatjana SAMARDŽIJA ■ Dušica TERZIĆ ■ Milica VINAVER-KOVIĆ.
Dates importantes
Date limite d’inscription : 1 juillet 2022
Notification d’acceptation : 15 juillet 2022
Comité scientifique
Colloque : 4-5 novembre 2022
Programme préliminaire: octobre 2022
Tijana AŠIĆ (Université de Kragujevac, Serbie) ■ Irina BABAMOVA
(Université Saints-Cyrille-et-Méthode de Skopje, Macédoine du Nord) ■
Samir BAJRIĆ (Université de Bourgogne, France) ■ Philippe Lieu du colloque
BONOLAS (AEFE – Universidade Católica Portuguesa, Portugal) ■ Jelena Université de Belgrade, Faculté de Philologie,
BRAJOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Mojca SCHLAMBERGER Studentski trg 3, 11000 Belgrade, Serbie.
BREZAR (Université de Ljubljana, Slovénie) ■ Francis CORBLIN (Université
Paris-Sorbonne, France) ■ Ksenija DJORDJEVIC LÉONARD (Université Paul-
Valéry Montpellier 3, France) ■ Milana DODIG (Université de Kragujevac, Langue du colloque
Serbie) ■ Dragana DROBNJAK (Université de Novi Sad, Serbie) ■ Ljubica
ĐURIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Catherine FUCHS (CNRS, France) ■
Les communications se feront en français.
Snežana GUDURIĆ (Université de Novi Sad, Serbie) ■ Zlatka
GUENTCHÉVA (Université Nouvelle Sorbonne – Paris 3, France) ■ Željka
JANKOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Ivan JOVANOVIĆ (Université
Publication des actes
de Niš, Serbie) ■ Vera JOVANOVIĆ (Université de Kragujevac, Serbie) ■ Les communications seront soumises à un
Zorana KRSMANOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Saša comité de lecture en vue d’une publication
MARJANOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Salah MEJRI (Université en 2023.
Paris XIII, France) ■ Katarina MELIĆ (Université de Kragujevac, Serbie) ■
Vanda MIKŠIĆ (Université de Zadar, Croatie) ■ Aleksandra MILETIC
(Université d’Helsinki, Finlande) ■ Régis MISSIRE (Université Toulouse – Jean Frais d’inscription
Jaurès, France) ■ Olga NÁDVORNÍKOVÁ (Université Charles de Prague,
Les frais d’inscription s’élèvent à 60 euros par
République tchèque) ■ Jelena NOVAKOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■
Antonio PAMIÉS (Université de Grande, Espagne) ■ Marija PANIĆ
participant et sont à régler entre le 15 juillet
(Université de Kragujevac, Serbie) ■ Bogdanka PAVELIN LEŠIĆ (Université de et le 30 septembre 2022. Passé ce délai, les
Zagreb, Croatie) ■ Nataša RADUSIN BARDIĆ (Université de Novi Sad, Serbie) frais d’inscription seront de 80 euros.
■ Branko RAKIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Tatjana SAMARDŽIJA
(Université de Belgrade, Serbie) ■ Nathalie SPANGHERO-GAILLARD
(Université Toulouse – Jean Jaurès, France) ■ Selena STANKOVIĆ (Université Formulaire d’inscription
de Niš, Serbie) ■ Veran STANOJEVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Pour accéder au formulaire d’inscription, cli-
Dejan STOSIC (Université Toulouse – Jean Jaurès, France) ■ Biljana quez ici.
TEŠANOVIĆ (Université de Kragujevac, Serbie) ■ Olga THÉOPHANOUS
(Université Toulouse – Jean Jaurès, France) ■ Frédéric TORTERAT (Université
de Montpellier, France) ■ Juliette THUILIER (Université Toulouse - Jean
Contact
Jaurès, France) ■ Mira TRAJKOVA (Université Saints-Cyrille-et-Méthode de
Skopje, Macédoine du Nord) ■ Tamara VALČIĆ-BULIĆ (Université de Novi Pour toute information complémentaire,
Sad, Serbie) ■ Milica VINAVER-KOVIĆ (Université de Belgrade, Serbie) ■ Eva veuillez nous écrire à l’adresse suivante :
VOLDŘICHOVÁ BERÁNKOVÁ (Université Charles de Prague, République etudes.francaises@fil.bg.ac.rs
tchèque) ■ Nermin VUČELJ (Université de Niš, Serbie) ■ Ana VUJOVIĆ
(Université de Belgrade, Serbie).

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