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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
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MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS MINISTRY OF PUBLICS WORKS
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ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES NATIONAL ADVANCED SCHOOL OF
TRAVAUX PUBLICS PUBLICS WORKS
******** ********

THEME :

DECONCENTRATION ET
DECENTRALISATON

Sous la supervision de : Dr BEKOLO


Plan de l’exposé

Introduction ................................................................................................................................................... 3
I. Mise en œuvre juridique ........................................................................................................................ 3
A. Déconcentration ............................................................................................................................... 3
1. Fonctionnelle ................................................................................................................................ 3
2. Territoriale ................................................................................................................................... 4
B. Décentralisation ............................................................................................................................... 8
1. Commune ..................................................................................................................................... 8
2. Région ......................................................................................................................................... 10
II. Mise en œuvre pratique ....................................................................................................................... 13
A. Déconcentration ............................................................................................................................. 13
1. Sur le plan horizontal ................................................................................................................ 14
2. Sur le plan vertical .................................................................................................................... 15
B. Décentralisation ............................................................................................................................. 16
1. Mode de coopération des collectivités territoriales avec l’Etat ............................................. 16
2. Les risques associés à la mise en œuvre de la décentralisation .............................................. 18
Conclusion ................................................................................................................................................... 19
Bibliographie ............................................................................................................................................... 19

THEME: Déconcentration et Décentralisation


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Introduction

L’organisation administrative actuelle du Cameroun comporte des autorités administratives


centrales, déconcentrées, et décentralisées. La déconcentration consiste à déléguer aux représentants de
l’Etat dans les circonscriptions administratives, le droit de prendre des décisions relevant précédemment
du pouvoir central. Tandis que la décentralisation quant à elle est un processus qui consiste à transférer
des compétences de l’Etat vers des collectivités locales distinctes de lui. Dès lors que ces deux politiques
d’administration de l’Etat coexistent au Cameroun, les bases d’une répartition des compétences entre
l’État et les collectivités territoriales sont posées. C’est ce qui justifie notre réflexion autour de la
dimension opérationnelle de ce mouvement dans notre pays. Peut-on réellement dire que le Cameroun
est un Etat unitaire déconcentré et décentralisé ? Notre étude s’articulera autour de deux principaux axes.
Tout d’abord la déconcentration et la décentralisation selon les textes juridiques et ensuite leur mise en
œuvre pratique sur le territoire camerounais.

I. Mise en œuvre juridique


Les principes de déconcentration et de décentralisation sont régis par des textes. Dans un premier
temps il sera question d’avoir une approche juridique de la déconcentration et de la décentralisation au
Cameroun. Celle-ci intègrera l’ensemble du cadre législatif et réglementaire et nous permettra dans la
suite d’évaluer la mise en œuvre pratique.

A. Déconcentration
La déconcentration est en fait un aménagement de la centralisation : elle permet de réduire les
lenteurs et les lourdeurs liés à l’obligation, dans tout système centralisé, d’attendre la décision de l’échelon
suprême. Elle permet ainsi de décongestionner l’administration centrale en permettant une prise de
décision au niveau local. Ces autorités déconcentrées sont soumises au pouvoir hiérarchique des autorités
centrales. Elles ne sont que des relais des autorités centrales desquelles elles prennent leurs instructions et
leurs ordres. Il existe deux formes de déconcentration : la déconcentration territoriale et la déconcentration
fonctionnelle (déconcentration par service ou technique).

1. Fonctionnelle
Par déconcentration fonctionnelle, nous faisons allusion à la déconcentration organique des services
des différents ministères. Il s’agit de la situation où les différents départements ministériels délèguent à
des échelons infranationaux une partie de leurs compétences. C’est en réalité la situation actuellement en
vigueur avec l’institution des délégués régionaux et des délégués départementaux représentant leur
ministère respectif.

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Ici, les services déconcentrés, placés auprès des gouverneurs et des préfets, constituent le relais
nécessaire à l’action de l’État dans la région et dans le département. Il s’agit de déléguer les attributions
centrales sur la base du périmètre de compétences de chaque ministère pour être plus efficacement prises
en charge par les échelons de proximité. Cette action s’inscrit naturellement dans le mouvement qui
consiste à rapprocher l’État des collectivités et à travers elles du citoyen destinataire de l’action publique.
Ainsi, les services extérieurs des ministères sont placés auprès des autorités administratives à
l’échelle de la région, du département et de l’arrondissement (en application du décret n° 78/485 du 09
novembre 1978 fixant les attributions des chefs de circonscriptions administratives et les organismes et
personnels chargés de les assister dans l’exercice de leurs fonctions, modifié par le décret n° 79/024 du
18 janvier 1979). Les différentes activités de ces services déconcentrés de l’Etat sont coordonnées par les
représentants de l’Etat dans les différentes circonscriptions selon les dispositions des lois du 22 Juillet
2004.
Le gouvernement Camerounais comporte en son sein 63 membres dont 31 ministres. Chaque
ministère doit être représenté sur l’ensemble du territoire à un triple niveau d’administration territoriale à
savoir des délégations régionales, départementales et d’arrondissement. Toutefois, ce principe subit
parfois quelques aménagements, et certains ministères ne sont pas toujours représentés à chacun de ces
trois niveaux d’administration. C’est le cas des ministères chargés de la Justice, des Finances, et de la
Défense.
- A titre d’illustration prenons le cas du Ministère de la Justice. L’administration pénitentiaire est
représentée au niveau de la région par un délégué régional, qui jusqu’à une date récente, était aussi le
régisseur du pénitencier du chef-lieu de la région. L’administration pénitentiaire ne comprend pas de
délégations départementales ou d’arrondissement. Avant la modification des structures gouvernementales
intervenue en décembre 2004, celle-ci était rattachée au Ministère de l’Administration territoriale, et les
régisseurs des pénitenciers relevaient hiérarchiquement du Préfet territorialement compétent. C’est dire
qu’à l’exception de l’administration pénitentiaire, l’organisation judiciaire est calquée sur l’organisation
territoriale, avec les cours d’appel et les tribunaux. De la même manière, les juridictions judiciaires,
administratives et des comptes ne relèvent pas de l’autorité des Gouverneurs et Préfets. (En vertu du
principe de séparation des pouvoirs posé à l’article 37 (2) de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996)

- Le Ministère de la Défense présente également une organisation particulière. Pour des raisons
opérationnelles, l’organisation de certaines armes (air, terre, mer…) ne correspond pas toujours au
découpage issu de l’organisation administrative du territoire. Toutefois, ces armes sont placées pour
emploi auprès des chefs de circonscriptions administratives qui les réquisitionnent si besoin est. La
gendarmerie nationale présente, au sein du Ministère de la Défense, un cas singulier. Historiquement, sa
représentation sur le territoire de l’Etat a respecté à la lettre et épousé les contours de l’organisation
administrative camerounaise. Ainsi, celle-ci était représentée sur le territoire par la légion de gendarmerie,
qui correspond au ressort territorial de la région, par la compagnie de gendarmerie, qui correspond au
ressort territorial du département, et par la brigade de gendarmerie, qui correspond au ressort territorial de
l’arrondissement. Aujourd’hui, si le découpage historique reste maintenu, il n’en reste pas moins que sur
le ressort du département peuvent exister plusieurs compagnies de gendarmerie, de même que plusieurs
brigades de gendarmerie peuvent exister sur le territoire de l’arrondissement, au regard des nécessités de
service.

2. Territoriale
Elle est la représentation même du pouvoir central. Contrairement à la décentralisation où les

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pouvoirs que possèdent les organes décentralisés leurs sont conférés par les textes prévus par la
constitution et la loi, mais aussi par consentement majoritaire du peuple, la déconcentration émane
directement du pouvoir central et de l'exécutif. Elle vise à octroyer à des particuliers des pouvoirs de
gestion et de décisions représentant le pouvoir exécutif dans des circonscriptions administratives telles
que la région, les départements, et les arrondissements.

a. La région

C’est un territoire d'un pays dont l'étendue variable est déterminée par une unité administrative ou
économique. Selon le décret n°2008/377 du 12 novembre 2008, se trouve à la tête d'une région le
gouverneur. Il est le représentant du président de la république dans sa circonscription et est sous l'autorité
hiérarchique du ministre chargé de l'administration territoriale. Les articles de 4 à 34 de cet arrêté nous
permettent de citer quelques attributions du gouverneur et ses différents services.

i. Les attributions

Il est le premier chargé de missions de l'Etat dans sa circonscription. De ce fait, il est celui qui doit
et peut faire respecter les lois et les décisions du gouvernement dans sa zone de compétences. Il assure
sous l'autorité compétente des ministères le contrôle et la supervision des services déconcentrés de l'Etat
dans sa région à l'exception de ceux relevant de la justice. Il peut prendre en outre les actes de gestions
comme octroyer des congés et des permissions au personnel des services déconcentrés de sa région.

Exemple de compétences du gouverneur dans sa localité : la décision du gouverneur de la région


du centre Naséri Paul Bea qui a sorti un arrêté interdisant pendant la période intense de Covid-21 tout
rassemblement abondant de personnes dans sa circonscription à l'instar des veillées funèbres ce pour éviter
une forte propagation de la pandémie à ce moment-là. C’est là l'exemple visible que le gouverneur a pleins
pouvoirs dans sa localité. On comprend donc que les attributions du gouverneur sont une extension même
de ceux du pouvoir exécutif dans sa localité.

ii. Les services du gouverneur


Pour l'accomplissement de sa mission et le bon exercice de ses fonctions, le service du gouverneur
dispose de 4 organes à savoir :

•Un secrétariat particulier : chargé de l'enregistrement, du traitement, du classement, de la diffusion


et du suivi du courriel confidentiel, de l'entretien et du fonctionnement des moyens de communication.

•Un cabinet : chargé de l'organisation des missions et déplacements du gouverneur, des problèmes
de sécurité de l'ordre public et des relations avec l'autorité militaire, les forces de police, la gendarmerie
et de la justice. Retenons que le gouverneur a le droit de demander l’intervention de la justice dans le
cadre de maintien de la paix et du respect des lois dans sa circonscription bien que n'ayant pas d'autorité
sur les services déconcentrés de la justice.

•L’inspection générale des services régionaux : elle est chargée du contrôle interne et de l'évaluation

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du fonctionnement des services du gouverneur, des préfectures et des sous-préfectures. L'information sur
le rendement et la qualité des services, de l'inspection et de l'évaluation des services publics de la région,
etc. Cet organe est assisté de 2 inspecteurs chargés respectivement des services de l'administration
préfectorale et des services techniques déconcentrés.

•Le secrétariat général du service du gouverneur : il est dirigé par un haut fonctionnaire de l'Etat
nommé par décret du président de la république. Il assure l'instruction des affaires et l'exécution des
décisions prises par le gouverneur. Il reçoit du gouverneur les délégations de signature nécessaires. Cet
organe est aussi apte à gérer les questions relatives à la nationalité et de l'état civil (de l'article 26 à 34 du
présent arrêté)

Aux vues de la description de la région en tant qu’entité administrative, il ressort clairement le


concept de déconcentration énoncé plus haut. Concept qui sera tout aussi ressorti dans les entités
déconcentrées que sont les départements et les arrondissements.

b. Les départements :

C'est l'unité territoriale directement inférieure à la région. Le Cameroun en compte 58 ce qui entraîne
l'équivalent de 58 préfets nommés eux aussi par décret du président de la république. Le préfet est donc
le chef de cette circonscription et représente l'Etat à ce niveau. Exemple : Djerem, Mfoundi, Kadey,
Diamaré... Le préfet est placé sous l'autorité du gouverneur. Sa mission est l'information et la coordination
permanente et générale sur les plans sécuritaire, social, économique et culturel à l'échelon du département.

i. Ses attributions :

Toujours en s'appuyant sur le décret n°2008/377 du 12 novembre 2012, le préfet a le droit et pouvoir
de contrôler les services civils déconcentrés de l'Etat dans le département (les délégations
départementales) dans ce sens que les ampliations des correspondances adressées par les ministres aux
responsables des services déconcentrés de l'Etat dans le département doivent lui être communiquées. Il
est chargé de la gestion des fonctionnaires et agents de l'Etat en poste dans son département (à l’exception
de ceux relevant de la justice, des forces armées et de la sureté nationale) en ce sens qu'il peut procéder à
des nominations dans ses propres services et ceux des sous-préfectures et peut évaluer tout le personnel
préfectoral et sous-préfectoral de son département. Il a aussi des actions de gestions comme octroyer des
permissions d'absence, de congés, la constatation des absences régulières du personnel dans le
département. Il peut en outre saisir les autorités compétentes en cas d'atteinte à la sureté et la paix de son
département. Il exerce le pouvoir de tutelle de l'Etat sur les communes et les établissements publics
communaux conformément à la législation et à la réglementation en vigueur.

Le préfet est assisté d'adjoints préfectoraux qui accomplissent toutes les études ou missions qui leurs
sont confiées par le préfet. Ils assurent sous son autorité, la direction des services de la préfecture et la
coordination de l'action des sous-préfets ainsi que celle de l'ensemble des services déconcentrés de l’Etat.
Le 1er adjoint préfectoral remplace de plein droit le préfet en cas d'absence ou d'empêchement temporaire

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de ce dernier.

ii. Les services de la préfecture :

•Un secrétariat particulier chargé du courrier, des archives, de la traduction, du protocole, de la


sécurité et de l'accueil du préfet, des relations avec les médias, des questions relatives aux armes et
munitions et de toutes les autres missions qui lui sont confiées par le préfet.

•Un service des affaires générales chargé du budget et de la gestion des crédits de la préfecture, de
l'approvisionnement et de l'intendance, de la comptabilité matières, de l'entretien des locaux et des
équipements, de la gestion et de la maintenance des moyens de communication et de transport.

•Un service des affaires administratives et juridiques chargé des questions relatives à la défense, à
la sécurité, au maintien de l'ordre, au contrôle de l'activité des partis politiques et des associations, à la
coordination des activités des sous-préfets, des affaires domaniales et foncières...

•Un service des affaires économiques et financières chargé de l'exploitation et de l'élaboration des
rapports économiques, des problèmes concernant la production et la commercialisation des produits, des
prix et les mercuriales, du recensement fiscal, de la confection des rôles en matière d'impôts libératoires,
des taxes sur les armes et le bétail...

•Un service des affaires sociales et culturelles chargé de la protection civile, de la protection sociale
et familiale, de l'emploi et de la main d'œuvre, de l'urbanisme et de l'habitat, de l'animation urbaine et
rurale, et du tourisme...

•Un service du développement local chargé d'assister le préfet dans l'exercice de la tutelle de l'Etat
sur les communes, du contrôle budgétaire et du contrôle de la légalité des actes des communes et de leurs
établissements ainsi que des relations avec les organismes d'aménagement du territoire...

c. Les arrondissements

L'arrondissement est une subdivision du département. Le Cameroun en compte 360. Il est dirigé par
un sous-préfet nommé lui aussi par le président de la république. Il est dépositaire de l'autorité de l'Etat
dans l'arrondissement.

i. Ses attributions :
Sous l'autorité directe du préfet, il est chargé du maintien de l'ordre, de l'exécution des lois et
décisions du gouvernement ainsi que de la supervision, de l'animation, de la coordination et du contrôle
de l'activité des services publics civils installés dans l'arrondissement à l'exception de ceux de la justice. Il
est chargé du personnel des services publics installés dans sa circonscription de compétence. Pour
l'accomplissement de sa mission, il dispose des forces de maintien de l'ordre, dans le cadre des textes
fixant les modalités d'exercice de ces forces. Il exerce son pouvoir réglementaire par voie de décision. Il

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est assisté d'un adjoint qui assure l'intérim en cas d'empêchement.

ii. Les services de la sous-préfecture

•Un secrétariat particulier chargé de la gestion du courrier confidentiel, du protocole, de l'accueil


et de la sécurité du sous-préfet, des relations avec les médias, des distinctions honorifiques et des
récompenses...

•Un bureau des affaires générales chargé du courrier, des archives, des transmissions, de
l'enregistrement et la conservation des actes signés par le sous-préfet, des marchés publics, des logements
administratifs, de la comptabilité matière...

•Un bureau d'appui au développement local chargé de l'élaboration des rapports économiques, du
suivi de l'activité des associations et comité de développement, de la santé et hygiène publique, et de la
protection civile...

•Un bureau des affaires administratives, juridiques et politiques.

Au regard de ce qui précède, nous voyons que la déconcentration vise à étendre le pouvoir et
l'administration aux petites collectivités aidant aussi le pouvoir central qui ne peut pas être partout à la
fois. Mais toujours dans le souci d'une bonne gestion du territoire le pouvoir central a jugé bon de donner
à ces collectivités des pouvoirs pour permettre leur développement d'où le concept de décentralisation.

B. Décentralisation
Il existe plusieurs types de décentralisation telles que la décentralisation financière, la
décentralisation politique et la décentralisation territoriale. Dans le cadre de cet exposé nous nous
appesantirons sur la décentralisation territoriale.
Pour répondre aux attentes de ses concitoyens, le Président de la République du Cameroun a
promulgué, le 18 janvier 1996, une loi portant révision de la Constitution du 02 juin 1972, laquelle,
consacre un titre entier aux collectivités territoriales de la République. Ainsi, la constitution camerounaise
protège la décentralisation par la reconnaissance de la commune et de la région. Elle repose ainsi sur trois
principes à savoir la subsidiarité, l’égalité et l’équilibre.

1. Commune
La commune est la collectivité territoriale de base au Cameroun. Elle est créée par décret
présidentiel. Ce décret fixe la dénomination, le ressort territorial et le chef-lieu de celle-ci ; nous stipule
la loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées.
Comme toute entité, la commune a son mode de fonctionnement clairement détaillé dans cette même
loi au titre IV du troisième livre : la commune est dirigée par le maire, un élu du peuple ; elle a deux
organes : le conseil municipal et l’exécutif communal.

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Le conseil municipal est composé de conseillers municipaux élus selon les critères énoncés à
l’article 165 de cette loi. Il siège à l’hôtel de ville de la commune. Ce corps est présidé par le maire ou son
adjoint. Le conseil se retrouve une fois l’an en séance ordinaire ; cependant, le maire ou l’exécutif de
l’Etat par la voie du maire peut convoquer une séance extraordinaire. Au cours d’une session annuelle des
commissions sont créées et comprennent un président et un secrétaire. Il faut noter que le président de la
république a un pouvoir exclusif sur la commune.
L’exécutif communal est dirigé par le maire ; les adjoints ici sont déterminés en fonction du nombre
de conseillers municipaux ; il faut noter que « le maire est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux
tours ; l’élection est acquise au premier tour à la majorité exclusive des suffrages exprimés. Lorsqu’une
majorité absolue n’est pas obtenu à l’issu du premier tour, il est organisé un deuxième tour ; le candidat
ayant obtenu la majorité relative des voies est alors proclamé élu. En cas d’égalité, l’élection est acquise
au plus âgé des candidats » selon l’article 200 (1).
Les attributions du maire sont citées de l’article 206 à l’article 224 tels que de conserver, entretenir,
administrer les propriétés et les biens de la commune, de diriger les travaux communaux… Le maire prend
des arrêtés à l’effet d’ordonner les mesures locales sur les objets confiés par la législation en vigueur à sa
vigilance et à son autorité ; d’assurer l’application des lois et des règlements de police.
Etant une collectivité décentralisée, la commune reçoit des compétences sur plusieurs plans selon
la loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées
il s’agit :
• Des compétences liées au développement économique comme la mise en valeur des sites
touristiques, l’appui aux micro-projets générateurs de revenus et d’emplois, l’alimentation en eau potable,
la lutte contre l’insalubrité, les pollutions et les nuisances, l’éclairage des voies publiques, l’organisation
et la gestion des transports urbains ;
• Des compétences liées à la sante et l’action sociale comme l’assistance aux formations
sanitaires et établissements sociaux ;
• Des compétences liées au développement éducatif sportif et culturel comme la participation à
la mise en place, à l’entretient et à l’administration des centres de formations, l’appui aux associations
sportives culturelles.
Cette loi prévoit un régime spécial applicable aux agglomérations urbaines ; certaines
agglomérations urbaines en raison de leur particularité, peuvent être érigées en communauté urbaine par
décret présidentiel, lequel en fixe le siège et le ressort territorial nous stipule l’article 240(1) de cette loi.
Il existe deux types d’agglomération urbaines :
1. La communauté urbaine : composée d’au moins deux communes, elle est dirigée par le
maire de la ville, en plus des compétences transférées au commune elle en reçoit d’autres
qui lui sont propre à l’instar des plans urbains ;
2. La commune d’arrondissement : elle exerce toutes les compétences transférées aux
communes et à sa tête le maire de la communauté d’arrondissement. Elle s’organise et
fonctionne conformément aux articles 255, 256, 257 et 258 : dans le sens de la bonne gestion
à la proximité et à la vie quotidienne des habitants

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2. Région
La loi N° 2019/024 du 24 décembre 2019 définit la région comme une collectivité territoriale
décentralisée constituée de plusieurs départements. Elle n’est cependant pas à confondre à la
région, circonscription administrative avec laquelle elle partage les mêmes délimitations géographiques
et la même capitale.
En tant que collectivité territoriale décentralisée la région possède une personnalité morale et
jouit de l’autonomie administrative et financière pour la gestion de ses intérêts et des affaires de sa
compétence. Elle dispose d'un patrimoine, du personnel, des domaines public et privé et de services
propres, distincts de ceux de l'Etat et des autres organismes publics : Elle peut engager des actions
complémentaires de celles de l'Etat et proposer aux communes de son ressort toutes mesures tendant à
favoriser la coordination des actions de développement et des investissements locaux.
a) Organisation
Pour renforcer la démocratie et optimiser le processus de développement, la région s’administre
librement par deux organes élus. Ces organes sont :
i) Le conseil régional :
Le conseil régional est l’organe délibérant de la région. Il est constitué de 90 conseillers régionaux
se réunissant trimestriellement sur convocation du président du conseil et il règle par ses délibérations les
affaires de la région. Il est assisté dans ses travaux à titre consultatif par les parlementaires de la région.

Le conseil régional comprend une chambre constituée des délégués des départements élus au
suffrage universel indirect et une autre constituée des représentants du commandement traditionnel élus
par leurs pairs.
Il donne son avis toutes les fois que celui-ci est requis par les lois et règlements ou à la demande du
représentant de l'Etat, Il peut formuler des vœux par résolutions sur toutes les questions ayant un intérêt
régional, Il est tenu informé de l’état d’avancement des travaux et actions financés par la région et il est
obligatoirement consulté pour la réalisation, sur le territoire de la région, de tout projet d’aménagement
ou d’équipement de l’Etat, des communes ou de tous organismes publics, parapublics ou privés
- Le conseil régional délibère sur les plans et programmes de développement, la création et le mode
de gestion des services publics régionaux, les emprunts et les garanties d’emprunt ou avals et sur toutes
les autres matières exclusivement citées dans l’article 278 de la loi N° 2019/024 du 24 décembre 2019
portant code général des collectivités territoriales décentralisées. Le conseil régional ne peut cependant
délibérer que lorsque la majorité absolue de ses membres en exercice est présente. Toutefois, si le conseil
régional ne se réunit pas au jour fixé par la convocation en nombre suffisant pour délibérer, la réunion est
reconvoquée de plein droit huit jours plus tard et les délibérations sont alors valables si le quart au moins
des membres du conseil est présent.
Le conseil régional dispose de quatre commissions, présidées chacune par un commissaire :
- la commission des affaires administratives, juridiques et du règlement intérieur ;

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- la commission de l'éducation, de la santé, de la population, des affaires sociales et culturelles, de
la jeunesse et des sports ;
- la commission des finances, des infrastructures, du plan et du développement économique ;
- la commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire, des domaines, de l'urbanisme
et de l’habitat.
Les conseillers régionaux participent, de plein droit, aux travaux du conseil municipal de leur
commune de rattachement, avec voix consultative
ii) Le président du conseil régional :
Il est l’exécutif de la région et à ce titre il est l'interlocuteur du représentant de l'Etat, représente la
région dans les actes de la vie civile et en justice, prépare et exécute les délibérations du conseil régional,
ordonnance les recettes et les dépenses de la région, sous réserve des dispositions particulières prévues
par la législation en vigueur et gère le domaine de la Région et exerce les pouvoirs de police afférents à
cette gestion, notamment en ce qui concerne la circulation sur ce domaine, sous réserve des attributions
dévolues au représentant de l'Etat et aux maires.
Il est assisté du bureau régional élu en même temps que lui au sein du conseil régional. Ce bureau
est composé d'un premier vice-président, d'un vice-président, de deux questeurs et deux secrétaires. Le
président du conseil régional est une personnalité autochtone de la région, élue en son sein pour la durée
du mandat du conseil. Il prête serment devant la cour d’appel compétente avant son entrée en fonction.
Le président du conseil régional bénéficie également de l’assistance d’un service déconcentré de
l’Etat : le secrétaire général de la région nommé par le président de la république sur proposition du
MINATD. Il est un haut cadre disposant d’une bonne expérience en matière de management du
développement local, anime les services de l'administration régionale. Il assure, sous l’autorité du
président du conseil régional dont il est le principal collaborateur, l’instruction des affaires et l’exécution
des décisions prises par celui-ci. Il reçoit à cet effet les délégations de signature nécessaires.
b) Elections
Les membres du conseil régional sont élus par leurs pairs au suffrage universel et indirect pour un
mandat de 5 ans.
Les membres de l’exécutif régional sont élus en interne par le conseil régional.
c) Les compétences transférées
La région exerce à titre exclusif les compétences qui lui sont transférées par l’Etat. On compte parmi
ces compétences :
• Des compétences liées au développement économique telles que la promotion des petites et
moyennes entreprises ; l’encouragement à la création de regroupements régionaux pour les opérateurs
économiques ; la gestion, la protection et l'entretien des zones protégées et des sites naturels relevant de
la compétence de la région et la passation, en relation avec l'Etat, de contrats de plans pour la réalisation
d'objectifs de développement ;

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• Des compétences liées au développement sanitaire et social telles que la création,
conformément à la carte sanitaire, l'équipement, la gestion et l'entretien des formations sanitaires de la
région et l'organisation et la gestion de l'assistance au profit des nécessiteux ;
• Des compétences liées au développement éducatif, sportif et culturel telles que la création,
l'équipement, la gestion, l'entretien, la maintenance des lycées et collèges de la région ; la réalisation,
l'administration et la gestion des infrastructures sportives et socio-éducatives à statut régional et la création
et la gestion d'orchestres, d'ensembles lyriques traditionnels, de corps de ballets et de troupes de théâtres
d'intérêt régional.
L’Etat dévoue les ressources financières et les moyens matériels nécessaires à la région pour
l’exercice de ses compétences ; les ressources lui sont dévolues soit par transfert de fiscalité, soit par
dotation, soit par les deux à la fois. Pour ce qui est des moyens humains, la région recrute et gère également
librement le personnel nécessaire à l'accomplissement de sa mission et peut également à sa demande
bénéficier d’une mise à disposition d’agents de l’Etat pour ce même but.
La région peut également coopérer avec une autre région camerounaise ou étrangère en vue de
réaliser des objectifs communs. Ceci se fait dans le cadre de coopération et de la solidarité interrégionale
d) Statut spécial des régions du nord-ouest et du sud-ouest
Les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest bénéficient d’un statut spécial fondé sur leur spécificité
linguistique et leur héritage historique. Les organes dirigeant des régions du nord-ouest et du sud-ouest
sont l’Assemblé régionale qui comprend la House of chiefs et la House of divisional representatives et le
conseil exécutif régional composé d’un président, d’un vice-président, d’un commissaire chargé du
développement économique, d’un commissaire chargé du développement sanitaire et social, d’un
commissaire chargé du développement éducatif, sportif et culturel ; de deux secrétaires et d’un questeur.
En plus de l’exercice de la totalité des compétences dévolues aux autres régions, les régions du
Nord-Ouest et du Sud-Ouest bénéficient de compétences additionnelles. Il s’agit de trois groupes de
compétences, tel qu’il ressort de l’article 328 de la loi n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code
Général des Collectivités Territoriales Décentralisées. Ces compétences additionnelles portent sur :
• La participation à l’élaboration des politiques publiques nationales relatives au sous-système
éducatif anglophone ;
• La création et la gestion des missions régionales de développement ;
• La participation à l’élaboration du statut de la chefferie traditionnelle.
Ces compétences additionnelles visent à promouvoir la participation effective de ces Régions à la
vie politique de la nation sur le plan éducatif, notamment dans le sous-système anglophone.
Par ailleurs, ces régions peuvent être consultées sur les questions liées à l’élaboration de politiques
publiques de la justice dans le sous-système de la Common Law. Il s’agit de prendre en compte les
particularités de ces régions basées sur l’héritage historique rappelé à l’article 3 du Code. Cette
consultation est facultative parce que la justice ne constitue pas une compétence transférable
conformément à l’article 56 (1) de la Constitution.

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Enfin, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuvent être associées à la gestion des services
publics de l’Etat implantés dans leurs territoires respectifs. Ainsi, la possibilité de siéger au sein des
instances décisionnelles desdits services peut leur être ouverte à la diligence de l’Etat. A titre d’illustration,
l’administration régionale pourra être associée à la gestion des lycées et collèges créés par l’Etat. Au
surplus, l’Etat ne peut intervenir dans le fonctionnement ou la gestion de l’administration régionale, en
dehors des cas expressément prévus par la loi.
Le transfert des compétences prévues par la loi aux collectivités est un processus qui s'inscrit dans
la durée et dans le but d'encadrer ce processus, une stratégie de décentralisation a été élaborée en 2015 et
un Ministère de la Décentralisation et du Développement local (MINDDEVEL) a été créé à la faveur du
Décret Présidentiel N°2018/190 du 02 mars 2018. Ce ministère est responsable de l’élaboration, du suivi,
de la mise en œuvre et de l’évaluation de la politique du Gouvernement en matière de décentralisation
ainsi que de la promotion du développement local. Il exerce la tutelle sur les organismes publics de mise
en œuvre de la décentralisation, que sont :
• Le Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM) ;
• Le Centre de Formation pour l’Administration Municipales (CEFAM) ;
• Le Bureau National de l’Etat Civil (BUNEC)
Il exerce également la tutelle sur les conseils, comités et commissions ou missions suivantes :
• Conseil National de la Décentralisation (CND) ;
• Comité Interministériel des Services Locaux (CISL) ;
• Programme d’Appui à la Décentralisation et au Développement Local (PADDL) ;
• PACDU : Programme d’appui à la décentralisation et au développement urbain ;
• PRADEC - Programme d’Appui au Développement Communal
En résumé c’est ce ministère qui s'assure que les transferts de compétences s'opèrent dans des
conditions où celles-ci peuvent être exercées. On entend par là qu’à présent que la première étape à savoir
la création de ces collectivités n’est plus un enjeu, il s’agira à présent d’avancer dans le processus de
transfert des compétences à ces dernières.

II. Mise en œuvre pratique

Si l’approche théorique de la déconcentration et de la décentralisation au Cameroun semble


séduisante, dans les faits elle se heurte parfois à des difficultés.

A. Déconcentration
Nous parlerons ici des rapports tant sur un plan vertical, entre les services centraux et déconcentrés
que sur un plan horizontal, entre les services déconcentrés à l’échelon local.

THEME: Déconcentration et Décentralisation


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1. Sur le plan horizontal

➢ Les chefs de circonscription administratives sont dépositaires de l’autorité de l’Etat dans leur
circonscription et représentent à ce titre le gouvernement et chacun des ministres. Toutefois, l’autorité des
chefs de circonscriptions administratives face aux responsables de services déconcentrés des différents
ministères situés dans leur circonscription s’affaiblit singulièrement. Les ministres ont de plus en plus
tendance à ignorer la fonction "délégué de l'Etat" et de représentant "du Gouvernement et de chacun des
ministres.". Cette attribution conférée aux chefs de circonscription, par des textes toujours en vigueur, est
peu considérée par les services ministériels qui passent outre le fait que "le Gouverneur a autorité sur les
services déconcentrés" et ne reconnaissent pas toujours sa mission de direction générale et de coordination
de tous les services de l’Etat dans la circonscription. En effet, la circulaire n° 001/CAB/PM du 09 février
2007 relative à la coordination locale des services déconcentrés de l’État, constate que les ministres
« contournent au quotidien les autorités administratives pour privilégier les relations directes et
verticales avec leurs collaborateurs locaux », ainsi qu’une « tendance à l’autonomisation de certains
services techniques régionaux, départementaux ou d’arrondissement ».

➢ On constate un manque général de concertation entre les différents services de l’Etat. D’une région à
l’autre, la fréquence des réunions de coordination des services déconcentrés varie selon les chefs de
circonscription ; certains pratiquent des réunions mensuelles, d’autres trimestrielles ou semestrielles.
Aujourd’hui les délégués ignorent la plupart du temps les projets menés par leurs collègues. Or il est
parfois nécessaire de faire collaborer plusieurs ministères. A titre d’illustration, la mise en œuvre, la
réalisation et l’évaluation d’un programme visant la construction et la réhabilitation des centres de santé.
Dans un cas pareil il faudrait que les différents programmes qui interviennent sur le social se coordonnent
et échangent leurs informations notamment en matière d’aide et de soutien aux populations vulnérables.
Une plus grande transversalité des actions accroîtrait donc l’efficacité en vue de l’amélioration des
conditions de vie des populations.

➢ L’évolution des structures ministérielles ne s’accompagne pas d’une reconfiguration suffisamment


claire du périmètre d’intervention de certains services déconcentrés, ce qui génère des doublons, des
chevauchements ou des conflits de compétences entre quelques-uns d’entre eux par exemple le partage
des responsabilités entre le MINDUH et le MINTP en matière de constructions civiles. Plusieurs raisons
sont avancées pour expliquer cette situation entre autres des divergences d’interprétation voire des
contradictions sur les prérogatives revendiquées par certains services.

➢ On note également l’insuffisance de ressources humaines. En effet il y a nombre d’agents peu qualifiés
et une concentration des agents qualifiés à Yaoundé. En effet, la logique de carrière implique souvent pour
les fonctionnaires d’aller en centrale, à Yaoundé, pour obtenir des promotions. La plupart des gouverneurs
sont par exemple entourés de jeunes diplômés de l’ENAM qui sont certes volontaires mais se retrouvent
à des postes pour lesquels ils n’ont pas toujours l’expérience nécessaire. De ce fait, Le manque général de
qualification des agents et leur concentration dans les administrations centrales entraînent une surcharge
de travail du personnel le plus qualifié dans les services déconcentrés.

THEME: Déconcentration et Décentralisation


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➢ Le grand nombre des ministères et les principes actuels d’organisation des services affectent également
l’efficacité de l’administration déconcentrée en multipliant des coûts de gestion. Il faut rappeler que la
création de nouveaux services déconcentrés ne s’accompagne pas d’une mise en place de moyens
conséquents, en raison des limitations financières de l’État.

➢ On note aussi des difficultés à respecter les procédures de marchés publics. En effet les Gouverneurs
et les Préfets en tant que maîtres d’ouvrage délégués des services de l’Etat, les services déconcentrés en
particulier des ministères techniques sont amenés à participer aux procédures de marchés publics.
Cependant des difficultés relatives à la préparation, à la passation ou à l’exécution des marchés publics
sont à noter. On relève notamment la faiblesse des études préalables et un chiffrage incertain du projet,
l’insuffisance des moyens humains et financiers, une préparation insuffisante des dossiers d’appels
d’offres, et des critères de jugement peu transparents.

2. Sur le plan vertical


Il s’agit ici de la gestion ministérielle des services déconcentrés.
➢ La politique de déconcentration se heurte à des résistances de la part de certaines administrations
centrales. On note tout d’abord la concentration des fonctions opérationnelles. En effet, il existe encore
de nombreux cas où, dans l’exercice des fonctions les services déconcentrés doivent solliciter et attendre
les instructions de la hiérarchie dans certaines décisions administratives individuelles, le principe de
l’autorisation préalable du Ministre ou le droit d’évocation des services centraux font que l’instruction de
certains dossiers remonte jusqu’aux administrations centrales. Prenons le cas de la gestion des carrières
des agents de l’État, ainsi que la quasi-totalité des procédures disciplinaires qui sont encore concentrées
au niveau des administrations centrales. Par ailleurs, on relève la concentration stratégique dans les
services centraux en ce sens-là que bien qu’ils prennent part aux réunions annuelles avec les membres du
ministère et qu’ils participent à la préparation des stratégies ministérielles, les délégués régionaux, n’ont
pas de rôle clair au sujet de la validation finale des décisions à cet égard on peut prendre l’exemple des
choix budgétaires. En résumé, le partage des pouvoirs entre les deux a des contours imprécis généralement
au détriment des services déconcentrés.

➢ Une définition imprécise des objectifs territoriaux des services déconcentrés. Il appartient au pouvoir
central de planifier l’action gouvernementale et de définir les politiques publiques cependant il n’assure
pas le rôle de planification de l’action de l’Etat que les services déconcentrés attendent. En effet il revient
à chaque ministère la charge de décliner à l’échelon déconcentré, les orientations nationales. Les services
centraux n’assurent pas le rôle de planification, d’impulsion que les services déconcentrés attendent. Le
défaut de planification et de programmation par les services centraux à court comme à moyen terme est
largement souligné au plan local. Certains services déconcentrés se plaignent du manque de visibilité sur
les actions qu’ils doivent mener, ils n’ont pas toujours d’objectifs clairs ou quantifiables.

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➢ Une concertation insuffisante entre les services centraux et les échelons déconcentrés. Les services
déconcentrés déplorent le manque de collaboration avec les directions centrales. les projets
instruits ou des propositions techniques émises au niveau local ne sont pas ou que trop peu pris en compte
par les ministères ce qui induit un sentiment général de découragement des services déconcentrés de
l’Etat. A cela s’ajoutent des interventions directes de l’administration centrale dans les affaires locales qui
démotivent encore un peu plus les services déconcentrés.

➢ Un dimensionnement des moyens de fonctionnement souvent symétrique dans les régions. Les objectifs
nationaux ont très rarement été adaptés à la diversité des situations régionales et départementales. De
ce fait, la façon d’allouer des moyens en personnels et en crédits de fonctionnement prend en compte
au mieux les besoins recensés mais rarement les objectifs assignés et les résultats précédemment
obtenus. C’est-à-dire que les objectifs de rééquilibrage des disparités régionales et locales ne sont pas
explicitement exprimés et traduits dans l’allocation des moyens.

➢ Une implication limitée des services déconcentrés dans la préparation budgétaire. C’est un processus
dans lequel les services déconcentrés sont fortement impliqués que ce soit dans l’identification des
opérations ou pour les projets à proposer. Les services centraux leur demandent systématiquement
d’identifier les projets susceptibles d’être inscrits au budget
d’investissement public. Toutefois ils ne savent pas ce que deviennent leurs propositions. La plupart sont
refusées, car les projets d’administration centrale sont fondés sur des considérations politiques. On note
beaucoup de problèmes dans la préparation budgétaire : de nouveaux projets sont inscrits sans que certains
de ceux qui étaient en cours de réalisation aient été achevés ; l’on assiste à des chevauchements entre des
projets inscrits par différents départements ministériels, des opérations déjà réalisées sur le terrain qui sont
à nouveau inscrits.

B. Décentralisation
En pratique, les collectivités territoriales décentralisées sont confrontées à des difficultés qui
constituent une entorse à leur mise en œuvre créant ainsi un fossé entre les résultats escomptés suite à
l’implémentation du processus de décentralisation et les réalités que présente le terrain.

1. Mode de coopération des collectivités territoriales avec l’Etat

-Faible prise en compte des lois de décentralisation au niveau des ministères. Les documents de
stratégie sectorielle des ministères montrent d’une part que l’effectivité des transferts de
compétences est encore très limitée et d’autre part que les CTD ne sont que rarement associés à
l’élaboration et la conduite des politiques publiques. Cela est d’autant plus dommageable que les
projets élaborés, et parfois « imposés », par les administrations centrales, ne semblent pas toujours
pertinents par rapport aux besoins des territoires.
Par exemple, les ministères financent, pour l’essentiel, des projets d’investissement, alors qu’il
suffirait souvent de réparer les équipements existants. Ceci témoigne du non-respect du principe de

THEME: Déconcentration et Décentralisation


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subsidiarité : les administrations centrales ne sont pas les mieux placées pour apprécier la pertinence
des demandes qui émanent des CTD. La planification et la budgétisation des investissements dans les
collectivités, effectuées en dernière instance par les services centraux, induiraient un certain nombre
de dysfonctionnements.
- La marginalisation des CTD dans les politiques publiques sectorielles
Les politiques publiques définies par les ministères touchent la plupart des domaines de
compétence transférés aux collectivités locales : la santé, l’éducation, l’eau, l’environnement, etc.
L’observation donne cependant à constater, sauf exception, que la territorialisation de ces politiques
ignore les cadres de la décentralisation. Les ministères continuent de piloter, depuis les capitales, la
mise en œuvre des politiques publiques sectorielles dans les domaines qui relèvent de la compétence
des collectivités locales...
-La faible considération des CTD dans leur rôle de maîtrise d’ouvrage
Selon le MINFI, une grande partie des projets d’investissement seraient encore initiés et mis en
œuvre par les administrations centrales. Celles-ci n’ont donc pas pris en compte la conséquence
première des lois de décentralisation, qui transfèrent la maîtrise d’ouvrage aux communes et dans les
domaines financier, social…
-Les réticences de certains services déconcentrés
Cette réserve est liée à :
• Les risques de perdre certains de leurs privilèges par le processus de décentralisation.
• Les agents des services déconcentrés risquent de refuser d’intervenir au service des
collectivités locales si celles-ci ne les paient plus personnellement.
• Les rapports entre services déconcentrés et collectivités territoriales décentralisées se
heurtent en effet à de multiples difficultés : absence de définition claire des rôles, manque de moyens,
déficit de ressources humaines... Ce faisceau de causes entraîne une méfiance et une incompréhension
mutuelle, source d’obstacles à la bonne coopération entre les deux parties.
-Les réticences de certains responsables des services centraux
Les administrations centrales laissent poindre trois grands courants : les conservateurs, les
progressistes et les indécis.
Les luttes de pouvoirs
Une partie des agents des administrations centrales sont réticents à la réforme de la
décentralisation, car ils ont peur de perdre certains pans de leurs compétences au profit des
Collectivités territoriales et redoutent à titre personnel les changements à venir suite à la réforme de
la décentralisation comme les avantages économiques dans le cadre des projets à traiter et à facturer.
On note aussi la crainte de certains agents de voir leurs ministères dépossédés de certaines
prérogatives. Enfin, les ministères émettant de sérieux doutes sur les capacités humaines, financières

THEME: Déconcentration et Décentralisation


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et matérielles des collectivités et des maires à prendre en charge les compétences transférées, ne
souhaitent pas s’engager trop rapidement dans un processus qu’ils considèrent à risques.
Cependant, il faut souligner quelques exemples de coopération réussie tels que le cas du contrat
de ville de Yaoundé 2006-2011, la gestion des gares routières, la mise à disposition du personnel du
génie sanitaire aux communes, ou encore le cas du ministère des travaux publics et des Communes.
A titre illustratif, le ministère des travaux et les maires se sont concertés le 20 janvier 2020 à l’ENSTP
pour des interventions efficaces. Les concertations qui se sont tenues à l’amphithéâtre 500 ont permis
d’édifier les Maires sur les nouvelles responsabilités qui leur incombent d’une part ; et d’autre part,
d’aboutir conjointement avec eux, au choix final des routes communales à prendre en compte dans le
programme 2020. Les échanges avec les magistrats municipaux ont permis de relever certaines
difficultés rencontrées dans le processus de décentralisation les principales étant : les lenteurs dans
l’exécution des projets et les lenteurs dans la mise à disposition des ressources.
2. Les risques associés à la mise en œuvre de la décentralisation
Il s’agit ici d’identifier les principaux risques associés à la mise en œuvre de la décentralisation, afin
de les appréhender et de les maîtriser, pour mettre en œuvre la réforme dans des conditions optimales.

-Le manque de personnel à transférer des administrations centrales. Les ministères souffrent
actuellement d'un déficit quantitatif d’agents. Ce déficit se double d’ailleurs d’un risque qualitatif
important, qui menace la pérennité et la qualité des services publics camerounais. En effet, les agents qui
partent à la retraite n’ont pas l’opportunité de transférer leurs savoir-faire vers les nouveaux arrivants.
-Les incapacités des CTD, l’argument principal derrière lequel s’abritent les services
centraux. Les services centraux se sont fréquemment appuyés sur les multiples difficultés structurelles
des collectivités locales
-Déficit de ressources humaines, manque de moyens financiers, fiscaux et patrimoniaux. Les
carences techniques et matérielles démontrent l’incapacité des collectivités locales à mettre en œuvre les
transferts de compétence dont elles bénéficient. Bon nombre de responsables expliquent ainsi
l’ineffectivité des transferts aux collectivités territoriales décentralisées.

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Conclusion

Au terme de notre étude on remarque que l’Etat camerounais reste fortement centralisé. En
effet l’organisation du pouvoir freine les initiatives locales et en compromet le libre
développement. On peut donc conclure que la décentralisation au Cameroun reste un processus en
cours de réalisation. Par ailleurs, étant donné que l’un des objectifs que cherche à atteindre la
politique de décentralisation est de faire prévaloir les choix nationaux, pouvons-nous dire aux vues
des marges de manœuvres que possèdent les collectivités de nos jours que le Cameroun et dirigé
par le peuple autrement dit la démocratie est-elle effective au Cameroun ?

Bibliographie
o Loi 22 juillet 2004
o Loi 24 décembre 2019
o Etude portant sur l’organisation déconcentrée de l’Etat du Cameroun, AXES MANAGEMENT
o www.minddeve.lgov.com
o www.prc.com
o www.vie-publique.fr
o www.cvuc-uccc.com
o www.mintp.com
o www.osidimbea.com

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