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Forte hausse des taux

d'intérêt sur les crédits


hypothécaires,
conséquence de l'inflation
www.rtbf.be

Les taux d'intérêt sur les crédits


hypothécaires repartent fort à la hausse. Ça
coûte donc plus cher qu'il y a quelques
semaines d'emprunter pour s'acheter une
maison ou un appartement : conséquence
directe de l'inflation. Et cette hausse est
assez impressionnante.

Une augmentation non-négligeable

En deux mois, les taux d'intérêt des crédits


hypothécaires ont augmenté de 0,5 point de
pourcentage, c'est beaucoup. Ça veut dire
que quelqu'un qui s'est renseigné pour avoir
un crédit auprès de sa banque il y a deux
mois, à ce moment-là, on lui annonçait un
taux d'intérêt probablement autour de 1,5 -
1,6%, et aujourd'hui, on est plutôt autour de
2%. Pour vous donner un ordre de grandeur,
ça veut dire que sur un emprunt, disons, de
300.000 € sur 20 ans à un taux fixe, ça fait
une augmentation de 80-90 € par mois. Les
mensualités augmentent de 80-90 € par
mois, donc vous voyez que ce n'est pas
négligeable.

Vincent Bada, le patron de la Centrale du


crédit hypothécaire nous dit que oui, ça
grimpe vite pour le moment, notamment
avec la guerre en Ukraine. "On a des
annonces de hausse sans cesse depuis le
début du conflit, donc voilà, c'est reparti de
manière violente et on arrive à un pic en ce
mois d'avril. De mémoire, c'était aux attentats
des tours jumelles que j'avais eu des hausses
comme ça."

Mais les taux restent très bas

Si on relativise un petit peu et qu'on


dézoome, malgré ces hausses
"violentes", les taux restent historiquement
très bas, même s'ils sont en train de
remonter. Pour se rappeler, il y a 10 ans, on
empruntait quand même à 5-6%, donc les
conditions restent malgré tout favorables.

Si les taux remontent ainsi, ça a plus à voir


avec l'inflation en réalité, qui est elle-même
une des conséquences de la guerre en
Ukraine. On le sait, le coût de la vie
augmente très fort pour l'instant, il y a trop
d'inflation aujourd'hui et ça peut être
dangereux, parce qu'à la longue, ça pèse sur
le pouvoir d'achat des ménages. On a plus
de mal à acheter des choses, et donc les
revenus des entreprises diminuent.

La banque centrale veut à tout prix éviter ça.


C'est même le but ultime d'une banque
centrale, c'est la stabilité, la prévisibilité des
prix. C'est la raison d'être de la banque
centrale, particulièrement l'européenne, avec
un objectif, même presque un Graal qu'on
répète à l'envi, c'est 2% d'inflation.
Aujourd'hui, on est à 8% d'inflation. On est
donc bien au-delà de cet objectif.

Que peut faire la Banque centrale


européenne pour calmer cette inflation
qu'on connaît aujourd'hui ? Un des outils
dont elle dispose, c'est brider la
consommation, faire en sorte que les gens
achètent moins et que les entreprises
investissent moins... en leur prêtant pour
plus cher. Si la banque centrale augmente
ses taux d'intérêt, les banques
commerciales chez qui on emprunte vont
répercuter cette augmentation des taux
d'intérêt. Et comme ça coûte plus cher
d'emprunter, on sera moins tentés
d'emprunter pour s'acheter une maison, une
voiture, un ordinateur, pour consommer. Les
entreprises seront moins tentées
d'emprunter pour investir, acheter des
machines, construire des bâtiments.

Ce qui permettra, comme l'explique Bernard


Keppenne, chef économiste chez CBC, de
reprendre le contrôle de l'inflation. "L'objectif
est clairement d'éviter d'avoir un dérapage
inflationniste, c'est-à-dire une inflation qui
devient hors de contrôle, avec comme
objectif clairement de ralentir
l'investissement, de ralentir un peu la
consommation en disant que la remontée
des taux sera favorable aux placements. Et
donc, on veut éviter d'avoir des tensions trop
importantes dans l'économie en agissant sur
les taux d'intérêt."

Encourager à ne pas dépenser

Encourager le placement, encourager à


mettre son argent de côté plutôt que de le
dépenser pour le moment, parce que s'il y a
moins de consommation, moins de
demande, les prix vont diminuer. La boucle
est bouclée. C'est une manière de réguler
l'inflation. En fait, les taux d'intérêt, c'est le
principal outil dont dispose la banque
centrale pour retrouver une certaine stabilité
et prévisibilité des prix.
Pour autant, les taux d'intérêt restent
historiquement bas, donc il ne faut pas
exagérer cette augmentation non plus. Par
ailleurs, cette remontée des taux décidée
par les banques centrales, elle vient
seulement d'avoir lieu aux États-Unis, et
encore, de manière très légère pour le
moment. C'est le début seulement d'une
tendance. Chez nous, la Banque centrale
européenne ne le fera pas avant la fin de
l'année. Donc, les taux restent avantageux,
mais c'est clair, il faut se mettre ça dans la
tête, on sort d'une période où l'inflation a été
très faible pendant plusieurs années. Et
donc, oui, on change de période,
inévitablement, les taux vont remonter.
Même si ça va être progressif et léger, les
taux d'intérêt vont remonter dans les
prochains mois et les prochaines années.

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