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Delprat Carole. Savoirs et déboires d'un juriste, Bernard de La Roche Flavin (1552-1627). In: Histoire, économie et société,
2000, 19ᵉ année, n°2. pp. 163-184;
doi : https://doi.org/10.3406/hes.2000.2113
https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_2000_num_19_2_2113
Abstract
Abstract By studying what Bernard de La Roche Flavin (1552-1627), president of the «chambre des
requêtes » of the Toulouse Parliament, knew, we hope to be able to highlight the changing nature of
the cultural world of the time. When his Treize Livres des parlemens de France where published in
Bordeaux in 1617, they sparked off a scandal in the Toulouse Parliament. The magistrate was
revealing to his readers all the failings, shorteanings and weaknesses of his colleagues; he was
subsequently tried, then excluded from Parliament. This magistrate's misfortunes, wich bear witness to
the upheaval in the world of the judiciary at the turn of 17 th century must be seen against the
background of the times, characterised by the crisis it underwent and a redifinition of its scientific
priorities in which the political stakes where high.
lib
Résumé
En étudiant le savoir de Bernard de La Roche Flavin (1552-1627), président à la chambre
des requêtes du parlement de Toulouse, on voudrait relever les traits de son monde culturel. La
publication à Bordeaux en 1617 de ses Treize Livres des parlemens de France suscita un
scandale au parlement de Toulouse. Le magistrat révélait au public tous les travers, les fautes et les
faiblesses de ses collègues et s'en voyait puni par un procès et une exclusion du parlement.
Témoignage de bouleversements qui touchent l'ensemble des juristes au début du XVIIe siècle,
les déboires de ce magistrat Toulousain sont à replacer dans un contexte de crise et de
définition d'un nouvel ordre des savoirs, dont les enjeux politiques sont primordiaux.
Abstract
By studying what Bernard de La Roche Flavin (1552-1627), president of the «chambre des
requêtes » of the Toulouse Parliament, knew, we hope to be able to highlight the changing
nature of the cultural world of the time. When his Treize Livres des parlemens de France where
published in Bordeaux in 1617, they sparked off a scandal in the Toulouse Parliament. The
magistrate was revealing to his readers all the failings, shorteanings and weaknesses of his
colleagues; he was subsequently tried, then excluded from Parliament. This magistrate's
misfortunes, wich bear witness to the upheaval in the world of the judiciary at the turn of 17 th
century must be seen against the background of the times, characterised by the crisis it
underwent and a redifinition of its scientific priorities in which the political stakes where high.
Selon «Vépistémè» du XVIe siècle, tous les savoirs étaient le produit d'une
proportion quantifiable l. Intellectuels et artistes croyaient que l'harmonie de
l'univers résidait dans le mouvement des planètes. Les sons produits par le
déplacement des sphères n'étaient pas audibles mais, traduisibles par une série
de nombres, ils pouvaient faire l'objet d'une interprétation2. Il en était ainsi
du droit, science majeure, dont la fin est la justice «qui consiste dans les trois
proportions : arithmétique, géométrique et harmonique » selon Jean Bodin 3.
1. Michel Foucault définit la notion «ďépistéme» comme une sorte de soubassement «archéologique»
du savoir scientifique d'une époque. À la Renaissance, le système de pensée se caractérisait par la
recherche de similitudes ou de ressemblances qui permettaient d'établir des analogies. Michel Foucault, Les
mots et les choses, Paris, Gallimard, «Tel», 1966, p. 32-59.
2. Albert Seay, La musique du Moyen Âge, (1975) traduction Philippe Sieca, Paris, Actes Sud, 1988, p. 29-36.
3. Jean Bodin, Les six livres de la République, (1576) Paris, Le Livre de Poche, 1993, chap. VI «De la
justice distributive, commutative et harmonique, et quelle proportion il y a (de celles-ci) à l'état Royal,
Aristocratique et Populaire», p. 563-583 et Exposé du droit universel, (1578) Paris, PUF, «Questions»,
1985, « La fin du droit», p. 79-81.
4. Cité par Pierre Mesnard, «Un rival heureux de Cujas et de Jean Bodin : Etienne Forcadel», Zeit-
schrift der Savigny Stiftung, Romanistische Abteilung, t. 67, 1967, p. 454 et Henri Gilles, Université de
Toulouse et enseignement du droit Xllř-XVř siècles, Toulouse, SEDUSS, 1992, p. 288-292.
5. Archives Départementales de la Haute Garonne (dorénavant ADHG), В 364, f° 204, registre d'arrêts,
Lundi 12 juin 1617.
6. Bernard de La Roche Flavin, Treze Livres des parlemens de France, Bordeaux, Simon Millanges,
1617, in-folio, 900 p., réédité à Genève chez M. Berjon, 1621, in-4°, 1216 p. sous le titre Treize Livres des
parlemens de France. Cette dernière édition est utilisée pour l'indication des pages et du titre.
7. Bernard de La Roche Flavin, Arrests notables du Parlement de Tolose, Toulouse, R. Colomiez,
1617, in-4°, 556 p. dont on dénombre cinq éditions. Il a écrit aussi une histoire de la ville de Toulouse et
du Languedoc : Les Antiquitez, singularitez et autres choses plus mémorables de la ville de Tolose, s.d., s.L,
in-8°, 176 p. Voir Jacques Krynen, «À propos des Treze Livres des parlemens de France» et Jacques Pou-
marède, «Les arrêtistes toulousains», dans Les Parlements de Province, Textes réunis et présentés par
Jacques Poumarède et Jack Thomas, Toulouse, Framespa, 1996, p. 691-699 et p. 369-391
min de Bordeaux où ils étaient édités chez Simon Millanges. Le livre était un
véritable brûlot pour la société parlementaire toulousaine. On y trouvait
dénoncés les travers, les erreurs, les manquements à la discipline des propres
collègues de l'auteur. Dès la sortie de l'ouvrage, le président des requêtes
perdait son office et certainement sa réputation. Il avait oublié que parmi les
savoirs utiles, certains doivent rester secrets.
Parce qu'ils divulguaient des dessous de la justice, les Treize Livres
constituent un document précieux pour l'historien. Mais l'intérêt de l'ouvrage ne
s'arrête pas là. En 550 chapitres environ, il traite de tout ce qu'il est utile de
savoir pour parvenir à la perfection de la magistrature : «de l'origine et
institution des anciens Parlements et modernes, et des Presidents, Conseillers,
Gens du roy, Greffiers, Huissiers, et autres officiers d'iceux, et de leur charge,
devoir, function : ensemble des honneurs, rangs, etc.». Continuellement cité
par les historiens de la justice, du droit ou de la littérature à cause de la
richesse des renseignements qu'il donne sur les anciens parlements de France,
Bernard de La Roche Flavin apporte plus que des détails. Ses Treize Livres ne
sont pas seulement un manuel à usage professionnel, ils contiennent la vision
du monde d'un juriste, âgé de soixante-cinq ans en 1617, un vieil homme,
selon les critères de l'Ancien Régime. Or ce monde vacille : c'est la fin de
l'éloquence du palais, la fin d'une suprématie intellectuelle 8. Rédigé pour
l'essentiel entre les années 1614 et 1617 9, soit entre la préparation des Etats
généraux et l'assemblée des notables, mais composé de matériaux rassemblés
dès les années 1580, l'ouvrage bruit des débats qui agitent les parlementaires
depuis les guerres civiles. Ils concernent le statut de la profession, la science
juridique et le rôle des juristes. Il faut allier l'hérédité et la vénalité des
offices, récemment officialisés, avec la professionnalisation de la justice
réclamée par l'opinion publique. La science juridique, sous les coups de
l'humanisme, a connu un véritable éclatement et les praticiens doivent jongler avec le
droit romain, la législation royale, les arrêts des parlements et les coutumes
locales. Enfin, la place des juristes dans la culture est mise à mal par le
développement de sciences autonomes du droit et la définition de nouvelles élites
intellectuelles. Ces différentes crises d'autorité suscitent des bouleversements
dans l'univers intellectuel des juristes.
C'est dans ce contexte qu'il faut replacer la réflexion de Bernard de La
Roche Flavin sur le savoir utile au magistrat. Elle est menée essentiellement
dans le Livre VI des Treize Livres des parlemens de France. Pour parvenir à
l'idéal de l'officier de justice selon l'auteur, il faut faire un tri dans les
savoirs. Ainsi, les humanités sont nuisibles et le parfait magistrat doit être
avant tout un technicien, un spécialiste du droit, ce qui ne correspond pas au
8. Robert Desciraon, «Juristes, science du droit et pouvoir d'État au temps de Galilée», Atti délie cele-
brazioni galileiane ( 1592-1 992)-IV, Trieste, Edizioni Lint, s.d., p. 103-127 et Marc Fumaroli, L'âge de
l'éloquence, (1980), Paris, Albin Michel, 1994, p. 519-584.
9. Il dit dans son testament en 1614 avoir écrit à cette date seulement trois livres. Il ne s'agit pas des
trois premiers de l'édition car le livre II indique la date de 1615 et le livre VI celle de 1612, l'ensemble fut
donc remanié.
rôle des magistrats dans les cours souveraines. Leurs immenses compétences
dans l'État de l'Ancien Régime recouvraient à la fois les domaines
administratifs, judiciaires et politiques. De plus, la contribution intellectuelle de cette
élite était considérable. Dans le temple de la justice, selon une métaphore
souvent employée, on conviait à côté des jurisconsultes, les grand orateurs, les
historiens, les philosophes, les poètes. Pour preuves, l'usage de la rhétorique
des citations, la richesse des bibliothèques ou la diversité de la production des
juristes. Pour emblèmes, Guillaume Budé, Jean Bodin, Michel de Montaigne,
Christophe et Jacques Auguste de Thou, Etienne Pasquier ou Guillaume Du
Vair. Ces juristes qui ont aussi bien illustré la science du droit et de la
politique, que les lettres, l'histoire ou la rhétorique étaient bien plus que des
spécialistes du droit. Le savoir du parfait magistrat est-il celui de Bernard de La
Roche Flavin ou celui de sa génération ?
En étudiant les savoirs d'un juriste et son idéal, on voudrait relever
quelques traits de son monde culturel. Pour entrer dans cet univers, il est utile
de visiter un cabinet de curiosité (I), de faire une halte dans un ordre des
savoirs (II), avant de conclure sur le savoir comme «jeu de vérité», selon la
formule de Michel Foucault.
10. Horst Bredekamp, Machines et cabinets de curiosité (Berlin, 1993), trad. Nicole Casanova, Paris,
Diderot Éditeur, 1996, p. 51 à 55.
pour apparaître dans son testament n. Faute de l'inventaire après décès, les
«choses curieuses» collectionnées par le magistrat nous sont inconnues. Un
médecin de Castres, grand amateur lui-même, ne cite pas dans son mole des
principaux cabinets et autres raretez de l'Europe, paru en 1649 12, les cabinets
de Bernard de La Roche Flavin. La collection, peut-être dispersée par les
héritiers, reste donc inconnue.
Malgré les lacunes des archives, ces cabinets de curiosité peuvent livrer
leurs secrets. Au détour d'explications savantes sur l'origine des parlements,
ou des chambres qui les composent, les Treize Livres donnent des
renseignements sur les goûts culturels de Bernard de La Roche Flavin. Non qu'il s'y
livre beaucoup mais, en écrivant sur l'officier idéal, en usant de métaphores, il
dit ses préférences et nous renseigne sur son univers intellectuel.
Ami ď Auger Ferrier, le célèbre médecin de Catherine de Médicis 13, il
montre à plusieurs reprises des connaissances dans cette discipline. Comme
nombre de juristes contemporains, il use souvent de métaphores, celle du
médecin et de la maladie pour expliquer le rôle du magistrat dans la guérison
des désordres de la société ou du corps humain pour décrire l'organisation de
l'État. Certaines formules médicales sont similaires à celles des jurisconsultes,
auteurs de «caballe incognue au reste du peuple, que mesmes ils escrivoyent
en notes ou chiffres». L'action du juge est comparable aux bandes et ligatures
des médecins et chirurgiens H. Son intérêt pour le jardin botanique de
Montpellier incite à ajouter des végétaux et des minéraux à ses collections 15. Il est
probablement amateur d'objets antiques comme d'autres magistrats qui
possédaient des vases égyptiens 16 ou des médailles 17. Enfin, il montre des
connaissances en géométrie, architecture, cosmographie, peinture, musique, alchimie
et il a pu collectionner des instruments ou des livres sur ces disciplines 18.
Remplir d'objets probables les cabinets de curiosité de Bernard de La
Roche Flavin, voilà qui relève de la fiction. Cependant le passage par l'analogie
permet non seulement de découvrir les objets d'un savoir ancien, mais aussi la
structure intellectuelle qui l'organise 19. Les collectionneurs étaient fascinés
par les produits de la technique la plus récente, les «modernes», ainsi que par
les «antiques» qui devaient conduire à la révélation de la «nature».
Dans les «modernes», on peut admirer tout ce qui appartient aux
techniques de travail de Bernard de La Roche Flavin. Son ouvrage est une
véritable somme de connaissances. On est bien dans le « siècle des érudits » décrit
par Robert Mandrou 20. Le nombre de références utilisées dans les Treize
Livres souligne en effet une vaste culture. Elle suppose une technique
éprouvée pour rassembler l'information. La manière dont travaillaient les juristes à
partir des adversaria ou remarques et des lieux communs est connue 21. Ces
recueils étaient utiles dès l'université puis à l'examen de réception dans un
office. Ces instruments de travail pouvaient servir dans la rédaction d'un
ouvrage de droit, pour une plaidoirie, dans les délibérations; ils étaient
personnels ou destinés à un large public. Le praticien trouvait à portée de main
des références pour étayer ou fleurir le discours. Leur origine venait des
techniques de comptabilité selon Jean de Coras, juge de la célèbre affaire Martin
Guerre. Les adversaria s'apparentaient au brouillard, un document dans lequel
le marchand inscrivait les entrées et les sorties journalières 22, alors que les
recueils de lieux communs étaient comparables aux registres dans lesquels les
comptes étaient ordonnés. L'importante circulation de ce genre de document
se justifiait par l'ampleur des connaissances rassemblées durant la période
humaniste. Bernard de La Roche Flavin explique leur utilisation au moment
des examens d'entrée au parlement par les difficultés de la mémoire face aux
commentaires de lois. Les examens pouvaient durer plus de trois heures et
malgré le sujet donné quelques jours à l'avance, l'impétrant devait recourir à
ces recueils pour préparer sa soutenance 23.
Les Treize Livres ont la même fonction qu'un recueil de lieux communs
car, sur tout ce que doit savoir un officier des cours souveraines, l'auteur
donne une multitude de références accumulées depuis de longues années. De
plus, à côté des sources imprimées, l'ouvrage intègre certains manuscrits du
parlement difficilement consultables. Il y a bien des greffiers attachés à la
cour, mais leur travail reste secret et Bernard de La Roche Flavin regrette que
19. Sur l'utilisation de l'analogie par les juristes voir Robert Descimon, «Les fonctions de la métaphore
du mariage politique du roi et de la République en France, xve-xvuT siècles», Annales ESC, 1992, n° 6,
p. 1127-1147.
20. Robert Mandrou, Des humanistes aux hommes de science, Histoire de la pensée européenne, vol. 3,
Paris, Le Seuil, p. 133.
21. Voir par exemple les recueils de Pierre Dupuy étudiés par Jérôme Delatour, «De l'art de plaider
doctement. Les notes de lecture de pierre Dupuy, jeune avocat 1605-1606», dans La Justice royale et le
Parlement de Paris xiV-xvíř siècles, Études réunies par Yves-Marie Bercé et Alfred Soman, Bibliothèque
de l'École des Chartes, t. 153, juill.-déc. 1995, p. 319-412.
22. Jean de Coras, Miscellaneorum juris civilis libri six, Lyon, G. Rouillé, 1549, I, 18, cité par Jean-
Marc Châtelain, «Les recueils ď adversaria aux XVIe et XVIIe siècles», Le Livre et l'historien, VI Histoire et
civilisation du Livre, Genève, Droz, 1997, p. 174.
23. Treize Livres, Liv. VI, chap. 28, p. 463.
n'avoir existé que pour créer le Parlement» 33. Ainsi, le présent n'est compris
qu'en fonction du passé. Bernard de La Roche Flavin compare Henri IV à un
nouveau César, et les guerres de religion aux guerres civiles de la République
romaine. La chronologie sert la démonstration, non pour constater des
différences ou montrer une évolution, mais plutôt selon un rapport d'émulation,
c'est-à-dire d'une parenté dans la distance. Par ce rapport, les Antiques sont une
sorte de miroir, un reflet de la nature, visible selon une géométrie des lieux.
Dans les «naturalia», rangeons la nature des choses, l'harmonie du monde
selon le président du parlement de Toulouse. Cette vision, comme pour la
plupart de ses collègues, est enchantée : il y a le diable qui se manifeste par les
esprits malins mais qui ne peut rien car Dieu, aidé par les anges, protège le
magistrat 34. L'illustration se trouve dès le frontispice des Treize Livres des
parlemens de France dans l'édition de 1617. La marque typographique de
l'imprimeur bordelais Simon Millanges montre un Christ en majesté, assis,
reposant les pieds sur une sphère et le soleil, les étoiles et la lune tournant
autour de la terre. Les idées de Copernic étant connues, il est probable que
cette vision géocentrique de l'univers soit ainsi revendiquée35. Dans ce monde
immobile, c'est un fait de nature, mais une nature selon la divine providence,
Bernard de La Roche Flavin pense et se pense comme un magistrat, défini
comme un prêtre de la justice. La recherche de la perfection de la magistrature
est placée sous l'auspice de «la vocation en laquelle chacun est appelé». Dieu
a créé l'homme pour vivre selon la raison, donc selon des états ou professions.
Cette réflexion est emblématique de l'ouvrage puisqu'elle est introduite dès le
premier chapitre du premier livre. La pensée est empruntée à Pierre Laplace
auteur du Traité de la vocation et manière de vivre à laquelle chacun est
appelé paru à Paris en 1561 36. Cette œuvre d'un protestant assassiné lors de la
Saint-Barthélémy appartient peut-être à la genèse de la morale professionnelle
de Bernard de La Roche Flavin, qui avait vingt ans en 1572 et faisait alors ses
études de droit à l'université de Toulouse.
Dans l'univers du magistrat, certes le savoir est constitutif des aptitudes
professionnelles, mais il faut comparer son importance aux autres qualités
33. George Huppert, L'idée de l'histoire parfaite, Paris, Flammarion, 1973, p. 1 15.
34. Treize Livres, Livre VIII, chap. 57, p. 692. Le magistrat Toulousain écrit durant la grande vague de
chasse aux sorcières. Voir Robert Mandrou, Magistrats et Sorciers en France au XV1F siècle, Paris, Pion,
1968, p. 17.
35. On a déjà signalé que Bernard de La Roche Flavin connaissait les ouvrages d'Auger Ferrier qui
discute l'hypothèse de Copernic dans les Advertissemens à M. Jean Bodin, sur le Quatrième livre de sa
république..., A Tolose, chez Arnaud et Jacques Colomiés Frères, 1580.
36. L'ouvrage est réédité en 1574, in-8°, sous le titre Discours politiques sur la voie d'entrer
doucement aux états et la manière de constamment s 'y maintenir et gouverner. Pierre Laplace est avocat du roi
puis premier président à la Cour des Aides nommé par Henri II, surintendant de la maison de Condé. Il a
été plusieurs fois chassé de Paris pour ses idées calvinistes, avant d'être assassiné en 1572. Il est l'auteur
d'un Traité du droit usage de la philosophie morale avec la doctrine chrétienne, Paris, 1562; de
Commentaires de V estât de la religion et de la république sous les rois Henri H, François II et Charles IX, s.l.,
1565; d'un Traité de l'excellence de l'homme chrétien et manière de le connaître, 1575, dédié à Jeanne
d'Albret où il expose ses idées calvinistes. Voir La France protestante, Paris, 1856, t. V, p. 312-314.
37. On trouve toujours dans les écrits des juristes un niveau morphologique et généalogique des vertus
professionnelles. Voir Robert Descimon et Antonio Manuel Hespanha, Instruments de constitution de
l'identité des juristes à l'époque moderne, Programme de Recherche, s.l., s.d.
38. Chez les intellectuels ces idées sont partagées aussi bien par Budé que par Montaigne. Voir Ariette
Jouanna, Ordre social. Mythes et hiérarchies dans la France du XVř siècle, (1977) Paris, Flammarion, 1983.
39. Il a 62 ans à cette date et la famine qui sévit alors à Toulouse avec ses cortèges de mortalités peut
en expliquer la rédaction. ADHG, 3 E 1 1844, n° 5143, Testament de Bernard de Laroche-Flavin.
40. Pour ce dernier ouvrage Les Antiquitez et singularitez et autres choses plus mémorables de la ville
de Toulouse, sans date et sans lieu d'édition, la parution semble posthume et due à la piété filiale. C'est
aussi le cas de l'ouvrage de Guillaume Catel pour les Mémoires de l'Histoire du Languedoc, Toulouse,
1633 qui sont édités par son fils.
41. Jonathan Dewald, The Formation of a Provincial Nobility. The magistrates of the parlement of
Rouen, 1499-1610, Princeton, Princeton University Press, 1980, «Professional identity and professional
attachments», p. 16; Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, L'éducation en France
du xvř au xvnГ siècle, Paris, SEDES, 1976, p. 171-174; Michel Cassan, «Formation, savoirs et identité des
officiers moyens de justice aux xvie-xvne siècles : des exemples limousins et marchois», Les officiers
«moyens» à l'époque moderne, Études réunies par Michel Cassan, Limoges, PULIM, 1998, p. 295-322.
années 1670 et 168042. Il est vrai qu'aucun des deux n'a d'héritier mâle. Le
mélange de considérations financières et intellectuelles dans le testament de
Bernard de La Roche Flavin montre la dépendance entre savoir et héritage,
tant financier que spirituel. Cette association faite par le donateur invite à ne
pas perdre de vue les conditions économiques et sociales qui sous-tendent la
culture. C'est grâce à des privilèges chèrement payés par le reste de la
population, comme le rappelle Fernand Braudel, que les officiers de l'Ancien Régime
ont pu contribuer à la production intellectuelle et exprimer ainsi «une certaine
civilisation française»43. L'insistance du juriste pour les études de ses fils est
aussi à relier au prestige que connurent les universités jusqu'au début du XVIIe
siècle. Par la suite, elles entrent en décadence et ne sont plus que des
pourvoyeuses de diplômes dénués de valeur scientifique. L'obtention de l'office est
alors moins liée aux études comme au XVIe siècle, qu'à la fortune. Les études
universitaires ne sont plus un moyen de promotion sociale. Les magistrats des
cours souveraines du XVIIe siècle se sont agrégés à la noblesse et ne s'en
distinguent plus.
Collectionneur, chercheur infatigable dans les archives du parlement, vivant
selon sa vocation de magistrat, Bernard de La Roche Flavin apparaît comme
un homme obsédé par la transmission du savoir au point de demander à ses
fils de finir l'œuvre commencée. Comme collectionneur, il a le goût du détail,
des choses curieuses ou rares. Peut-être caresse-t-il le rêve prométhéen de
rendre compte et par là de dominer un univers ? Dans les Treize Livres tout est
dit des parlements, même ce qui ne devrait pas l'être, car le lecteur est
prévenu : «mon dessein a este de dire et desensepvelir desdits registres, et plus
fameux et judicieux autheurs, de belles et bonnes choses, et non de belles ou
vaines paroles » 44. Ainsi, Bernard de La Roche Flavin qui connaît bien le
fonctionnement interne du parlement de Toulouse transmet tout ce qu'il sait.
Comme président des requêtes, il a pu être particulièrement sensible aux
fautes des magistrats puisque cette chambre s'occupe des règlements internes
et des délits des privilégiés, donc des affaires concernant ses propres
collègues. Il est bien possible que dans les recueils où il consignait la matière de
son œuvre depuis si longtemps, il ait ajouté quelques notes plus personnelles.
Les Treize Livres transmettent non seulement un savoir théorique mais aussi
un savoir lié à l'expérience : «ceux qui aspireront à tels Estais de Présidents
et Conseillers des Parlements, et d'autres officiers, acquerront la capacité à
peu près des plus anciens esdites compagnies, qui y auront demeuré cinquante
voire soixante ans et plus»45. Le projet du magistrat, dans sa naïveté, correspond
42. ADHG, Testaments 3 E 11844. Pour Pierre-Bernard trois testaments : 7 août 1631, 28 juillet 1633
et 26 janvier 1634. Pour Jacques : 20 janvier 1672, 1er août 1675, 9 mars 1682. Il est vrai qu'ils n'ont pas
de fils. Le premier a des filles qui ne sont pas alors mariées, le second, Jacques, qui est prêtre, lègue ses
biens à des maisons religieuses.
43. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, Économie et capitalisme. XV-XVlll" siècles, Paris,
A. Colin, 1979, t. 2, p. 429.
44. Treize Livres, Préface.
45. Ibid.
Chacun le sait, «il n'y a peuple qui plus s'exerce à la musique, et qui
chante plus doucement : et particulièrement à Toulouse » 48. À la différence
des magistrats de Genève qui composent parfois eux-mêmes la musique des
psaumes, le président Toulousain ne va pas jusqu'à recommander aux officiers
des cours souveraines de composer ou d'exécuter de la musique. Cependant,
la musique suppose un choix tant les modes de la gamme peuvent être variés.
Dans le système musical du XVIe siècle, chaque mode a une couleur
particulière et l'on ne sera pas étonné de la préférence d'un juriste pour le mode
dorien, le plus grave, le plus viril et le plus majestueux, qui seul convient aux
officiers de justice. Bernard de La Roche Flavin ne recommande que les
musiques religieuses et civiques, celles qui accompagnent les grands moments
de la vie de la cité : les processions, les feux de joie, les entrées du roi ou
d'un prince. Comme le système modal fixé par l'invention de la gamme, les
systèmes de raisonnements que l'on peut trouver dans les Treize Livres
donnent des types de logiques qui rendent compte de la cohérence d'un univers
intellectuel. Si la musique est un nombre rendu audible, la logique, quant à
elle, est la science de les disposer. Les modes de raisonnement utilisés par
Bernard de La Roche Flavin le situent dans une époque de transition. Ce juriste
connaît tous les types de raisonnements scientifiques utilisés en France au xvr
siècle : le raisonnement par analogie et le raisonnement dialectique de Pierre
de La Ramée, professeur au Collège royal.
Le premier chapitre du premier livre fait appel à la dialectique : Dieu a
créé l'homme intelligent (défini par la «raison colloquée en l'entendement»),
il participe de deux vies (la contemplation - l'action), qui correspondent aux
« estats » ou « professions » consacrés soit à la spéculation soit à la pratique et
qui renvoient à des offices privés ou publics. Ainsi partant de Dieu, c'est-à-
dire de l'unité, le raisonnement avance selon le rythme dichotomique de la
logique inventée par Pierre de La Ramée (1515-1572). Ce professeur au
Collège royal avait fondé sa réputation sur une thèse révolutionnaire : tout ce qu'a
dit Aristote est faux 49. Sa logique emploie des raisonnements de type
mathématique, Platon et Pythagore sont alors à la mode. C'est la grande nouveauté
de la seconde moitié du XVIe siècle qui consacre le déclin de l'ancienne
logique et dont les idées se retrouvent dans les Treize Livres. Le chapitre VII
du Livre XI, intitulé «Les moindres fautes devoir estre aussitôt corrigées que
les grandes », est un bon exemple : aux détracteurs qui pourraient penser que
les petites fautes ne sont que de «punctiles», Bernard de La Roche Flavin
répond, «que ces punctiles tirent une grande conséquence. Pithagore disoit
que de l'unité venoit la dualité; de la dualité les poincts; des points les lignes;
des lignes les corps planes; des planes les solides : dont venoyent les corps
élémentaires; sans lesquels nous ne pouvons subsister, et qui sont l'une des
48. Treize Livres, Livre VI, chap. 42 «De la musique», p. 485.
49. Il avait commencé sa carrière par une attaque contre la logique d'Aristote en 1543 dans des Dialec-
ticae partiîiones et des Aristotelicae animadversiones. Sa Dialectique (1555) est le premier ouvrage de
logique paru en français. Voir Philippe Desan, Naissance de la méthode (Machiavel, La Ramée, Bodin,
Montaigne, Descartes), Librairie Nizet, Paris, 1987, p. 65-90.
53. Nicole Lemaître, « Les livres et la formation du clergé au xvT siècle » ; Marc Venard, « Les livres
chez les chanoines de Rouen»; Daniel Roche, «Livres et culture, religion et société à l'âge moderne :
quelques réflexions», Revue d'Histoire de l'Église de France, 1997, t. 83.
54. Joseph Bergin, «Pour avoir un évêque à son souhait. Le recrutement de l'épiscopat au temps
d'Henri IV et de Louis XIII», Revue d'Histoire de l'Église de France, 1995, t. 81, p. 413-431.
55. Treize Livres, Liv. VI, chap. 33, § 7, p. 472.
63. Cité par Denis Richet, La France Moderne : L'esprit des institutions, Paris, Flammarion, 1973,
p. 29.
64. Treize Livres, Liv. VI, chap. 28, § 28, p. 463.
65. Jean-Louis Thireau, «Le comparatisme et la naissance du droit français», Revue d'Histoire des
Facultés de Droit et de la Science Juridique, 1990, n° 10-11, p. 153-191.
66. Jean Bodin, Les Six Livres de la République, Liv. VI, chap. 6, p. 573.
67. Treize Livres, Liv. VI, chap. 28, p. 459-460.
68. Ibid., Liv. XL chap. I, p. 842-848.
avoir transmis des détails sur le monde parlementaire et pour son ambition de
transgresser par un livre les limites habituelles de la production du savoir.
Depuis le début des guerres civiles, l'institution parlementaire a gagné des
prérogatives dans l'ordre religieux et intellectuel, au détriment des tribunaux
ecclésiastiques et de l'université. La cour souveraine délivre les licences
d'imprimer et contrôle les écrits qui circulent dans son ressort. C'est au terme de
ce pouvoir que Bernard de La Roche Flavin est exclu du parlement en 1617 et
que Vanini est condamné à mort pour athéisme un an et demi plus tard 69. Les
nominations des professeurs à l'université, dans toutes les disciplines (droit,
théologie, médecine et arts), ainsi que les programmes enseignés sont sous le
contrôle des juges qui s'occupent par ailleurs des examens et des réceptions
des officiers de justice subalternes. De plus, dans le domaine de la culture, les
membres du parlement participent en masse70 au développement de
l'académisme qui définit des règles et promeut le savoir selon des critères précis. Ils
sont nombreux à participer aux Jeux Floraux et certains, comme le président
Antoine de Lestang (1538-1617) œuvrent pour une réforme de l'orthographe
française.
On comprend mieux ainsi la condamnation des Treize Livres et le ton des
critiques qui l'accompagne. Le greffier du parlement, Etienne de Malenfant,
consigne l'événement avec une méchante ironie contre cet auteur qui a «mis
en lumière un grand livre [...] auquel devant que le faire imprimer il donnait
le titre de chaste livre [...] croyant que pour instruire un homme aux affaires
du palais, il ne lui faudrait autre livre» 71. C'est une folle ambition en effet
que de vouloir rendre compte, dans un seul ouvrage, de tous les savoirs utiles
aux officiers des cours souveraines, alors que certains doivent demeurer
secrets et ne pas dépasser le cadre familial ou l'enceinte du palais. La
magistrature au XVIIe siècle est un «métier de famille» selon la formule de
Montesquieu et Bernard de La Roche Flavin n'a pas compris que son propre modèle
de transmission et ses valeurs sont dépassés. La nouvelle génération de juge à
laquelle il s'adresse appartient à celle des héritiers, qui doivent moins leur
ascension sociale aux études universitaires qu'à la fortune et aux positions
qu'elle procure. Les jeunes officiers de justice sont pressés de s'agréger à la
noblesse et les plus beaux esprits s'évadent de la science juridique comme le
célèbre mathématicien Pierre de Fermat (1601-1665), conseiller au parlement
de Toulouse en 1631.
69. Didier Foucault, Un philosophe libertin dans l 'Europe baroque : Giulio Césare Vanini (Taurisano,
1585 -Toulouse, 1619), Thèse de Doctorat, Toulouse, 1997, 2 vol., 867 p.
70. Sur la culture des élites toulousaines à l'époque moderne voir la synthèse de Robert A. Schneider,
Public Life in Toulouse, 1463-1789. From municipal Republic to Cosmopolitan City, Ithaca and London,
Cornell University Press, 1989, XIII-395 p.
71. ADHG, ms. 147, «Collection et remarques du Palais faites par moi Etienne de Malenfant... »,
p. 178. Ce manuscrit est une copie effectuée au XVIIIe siècle, l'original a disparu.
Le goût pour les choses curieuses, le souci des détails, qui sont des qualités
de collectionneur, ont entraîné le président aux requêtes dans des révélations
dangereuses. La logique de Bernard de La Roche Ravin s'exprime dans des
espaces de correspondance entre le microcosme et le macrocosme alors que ce
système de pensée, selon des principes de similitude, ne peut s'appliquer qu'à
un idéal et non au juge ordinaire dont les imperfections sont trop manifestes.
Dans l'univers infini découvert alors par les scientifiques, l'homme n'est plus
la mesure de toute chose. Les problèmes de la morale se distinguent de ceux
de la science et la réalité sociale échappe aux efforts des juristes pour en
rendre compte, selon le mode de classification des corps et des ordres. Est-ce
à dire que le système de pensée de ce juriste est dépassé? Ce n'est pas certain
car «Y épisîémè » glisse vers un nouvel ordre des choses sans que cette
transformation entraîne une véritable révolution de la pensée. Jean Bodin pense le
droit universel sans poser les prémices des liens entre la justice et la morale,
tout en se maintenant dans un système ancien, mêlant mathématique, cabale,
musicologie et astrologie. On l'a vu, la logique utilisée par Bernard de La
Roche Flavin utilise des types de raisonnement qui annoncent des méthodes
nouvelles.
La condamnation de ce juriste doit être ainsi réévaluée. Il survit dix ans à
l'humiliation de son exclusion du parlement. La réédition à Genève des Treize
Livres, en 1621, démontre l'intérêt du livre et peut-être son efficacité politique
au moment de la reprise des guerres de religion dans le sud-ouest de la France.
Pour les protestants, un ouvrage qui critique les officiers de justice du
parlement de Toulouse ne peut que servir. En tant qu'écrivain, Bernard de La
Roche Flavin continue de produire, puisqu'il reçoit une gratification des états
provinciaux du Languedoc pour une histoire de la province, restée cependant
inachevée. Enfin le projet de rénovation de l'État par l'amélioration des
hommes et des techniques de travail, qui est développé dans l'ouvrage, nourrit
le courant politique anti-machiavélien, qui s'oppose à la nouvelle religion de
«la raison d'état».
Bernard de La Roche Flavin avait précisé la forme de sa pensée dès la
préface de l'ouvrage : «je ne me sçaurois assujettir à farder, affecter ou limer les
paroles : ains que toutes telles qu'elles sont sorties de la grosse forge de ma
cervelle. Aussi je les laisse». Ce choix du parler vrai, ce refus de l'éloquence,
parce que la force du droit doit résider dans son seul énoncé, apparente les
Treize Livres au temps des guerres civiles et peut-être à ces temps où la
science juridique se situait dans la sphère de la Lune, comme le croyait Etienne
Forcadel. Après Bernard de La Roche Flavin, il n'est pas sûr que l'on puisse
trouver au xvne siècle, dans le milieu de la noblesse de robe, une critique de
la justice et des juges aussi radicale, sauf peut-être chez Pascal 72. Ce dernier
écrit sur l'injustice des lois : «il y faut obéir parce qu'elles sont lois, comme
72. Je n'ai pas trouvé de liens de parenté entre les deux hommes, contrairement à de précédents
biographes cités par Jacques Krynen, art. cité, note 4, p. 692.
il faut obéir aux supérieurs non pas parce qu'ils sont justes, mais parce qu'ils
sont supérieurs » 73. Voilà résolu en une pensée le problème du mauvais
magistrat. Le contexte politique a changé : dans l'univers de Bernard de La Roche
Flavin, la critique de l'Etat se faisait sur la scène publique; dans celui de
Pascal, cette critique conduit à la retraite du monde. Le contexte intellectuel n'est
pas non plus comparable : avec la révolution astronomique, les principes de
correspondance entre microcosme et macrocosme ne régissent plus la pensée.
Les harmonies sidérales se sont tues...
73. «Injustice. Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il n'y obéit qu'à
cause qu'il les croit justes. C'est pourquoi il lui faut dire en même temps qu'il y faut obéir parce qu'elles
sont lois, comme il faut obéir aux supérieurs non pas parce qu'ils sont justes, mais parce qu'ils sont
supérieurs. Par là voilà toute sédition prévenue, si on peut faire entendre cela et que proprement (c'est) la
définition de la justice». Pascal, Pensées, Éd. Le Guern, Paris, Gallimard, «Folio», 1977, frag. 62 (Laf. 58).
Voir aussi frag. 56 (Laf. 60).