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Cours de Céline Marenne

CINEB510 2021-2022
Cinéma de Belgique : histoires

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Cours n°1 du 8 octobre 2021

I. INTRODUCTION
Extrait #1 Frans (1972)
à Qu’est-ce que c’est un film belge ? Comment définir le cinéma de Belgique ?
Jacques Brel qui est aussi une personnalité qui a été scénariste (toujours un peu polémiste contre
le flamingantisme). Est-ce vraiment un film belge ?

Extrait #2 Les plages d’Agnès (2008) d’Agnès Varda


Agnès Varda, nationalisée française mais née en Belgique ; origines de la Nouvelle Vague, la
seule femme. Elle représente une grande diversité au sein du cinéma (fictions, films essais, film
docu, etc.). Elle a filmé en France mais aussi à Hollywood (avec Jacques Demy).
Jeu d’autoréflexion et autodérision, toujours entouré de jeunes.
Comme il n’y avait pas de cinéma en Belgique, bcp de gens partaient en France pour faire du
cinéma. Aussi, France, terre du cinéma primitif mais le cinéma reste au cœur de la vie culturelle
française. Ça n’a jamais été le cas en Belgique.

Évaluation par un travail écrit (14/01/2021)


Titre original !
Tout sur l’UV

Extrait #3 La Kermesse Héroïque (1935) de Jacques Feyder

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Feyder qui est un cinéaste belge mais nationalisé français. Il a réalisé plusieurs films dans le
« style » du réalisme poétique (// Jean Renoir, Marcel Carné). Il a aussi fait des films à
Hollywood.
Ce n’est qu’au début des années 20 qu’on voit des cinéastes belges : c’est le début du vrai
cinéma de Belgique. Il y a sans doute des films antérieurs mais sans doute perdus ou de
mauvaise qualité.
Le film est basé sur une nouvelle de Charles Spaak (aussi belge, c’est lui qui a écrit les dialogues
de La Grande Illusion par exemple). Il a reçu le Grand Prix du Cinéma Français et la meilleure
réalisation au Festival de Venise. C’est une production franco-allemande.

[Ouvrage La Kermesse Héroïque du cinéma belge de Frédéric Sojcher]

Référence à la peinture flamande, film farce héroï-comique qui a un rapport à la réalité des
Pays-Bas espagnol. Tout se passe dans une ville flamande de Boom (près d’Anvers).
à C’est un film mythique sur l’occupation des Espagnols des Pays-Bas (et donc de la Flandre
aussi). Style très français mais sur l’imaginaire des atrocités de l’occupation espagnole en
Flandre.

Extrait #4 Hector (1987) de Stijn Coninx

Film très populaire en Flandre, il est n°3 des films flamands.


Film important dans le cinéma flamand : c’est un film qui est sorti juste avant la télévision
flamande (deux ans plus tard, vtm a débuté). L’idée des vedettes comiques comme dans Hector
a influencé la télévision flamande (acteur Urbanus).
On voit dans les années 20-30 une grande popularité des farces avec des grands comiques de
ce temps. Plus tard, dans les années 70, aussi deux comiques flamands. L’idée d’un personnage
comique est encore contemporaine : c’est une idée qu’on retrouve encore aujourd’hui, c’est une
idée qui fonctionne encore bcp en Flandre (comique flamand pour la Flandre)

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Extrait #5 Eldorado (2008) de Bouli Lanners

D’abord peintre et comédien, puis est devenu cinéaste de courts et de longs métrages.
Roadmovie tragicomique (la tragicomédie est caractéristique du cinéma de Lanners)
Fascination pour les westerns : utilisations format scoop et travelling pour décrire l’aventure de
deux hommes qui vont se rencontrer. Lanners est scénariste, réalisateur mais aussi acteur de
son propre film.
On a le paysage de plat pays, et une multiplicité des longs plans fixes. Il fait ce roadmovie avec
deux anti-héros qui se croisent avec une histoire d’amitié qui naît.

II. FILMS BELGES


• Sélection d’un corpus de films de cinéastes belges au travers des livres et
encyclopédies de références, des rapports de la Fédération Wallonie Bruxelles et du
Vlaams Audiovisuel Fonds. C’est une sélection quasi-majoritairement de fiction mais
il y a aussi des films docu.
• Définition d’un film belge : production majoritairement belge, réalisateur belge ou
vivant en Belgique, film tournée au moins partiellement en Belgique, etc. Vision
inclusive du cinéma belge.
• Sujets, questions thèmes et genres différents : paysages belges, réalisme (Dardenne),
réalisme magique (autre chose que le surréalisme, André Delvaux ou Jaco Van
Dormael, qui a été étudiant d’A. Delvaux à l’INSAS), surréalisme (tradition d’art et
sur l’art belge ; avant qu’il y ait un cinéma belge, il y a la peinture belge avec la
peinture baroque, les primitifs flamands jusqu’au surréalisme avec Magritte ou Paul
Delvaux), huis clos/espace ouvert/l’écart (on va le découvrir par la suite), errances,
recherche de/crise identitaire individuelle, identité collective/culturelle (c’est qqchose
de très central dans le cinéma belge, qu’on retrouve dans Toto Le Héros, ou C’est
arrivé près de chez vous, ou encore L’homme au crâne rasé),
frontières/transgressions, arts belges comme sources d’inspiration (littérature comme
scénario, musique belge, ou encore la danse contemporaine avec Teresa De
Keersmaeker), clichés/stéréotypes belges, etc.
Cours n°2 du 15 octobre

2.1. Situation de la Belgique


Le banquet des fraudeurs (1951) de Henri Storck

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Pionnier du cinéma belge (le banquet étant le seul film de fiction). Il a surtout réalisé des films
docu, d’art, sur la mer, sur la plage d’Ostende et aussi un docu social et politique très connu.
Ce film est la seule fiction de Storck (sur une soixantaine de films en tout). C’était une
commande, qui porte sur la naissance du Benelux (film de promotion du Benelux), basée sur
un scénario de Charles Spaak (à nouveau, voir La Kermesse Héroïque). Film qui discute sur les
situations politiques après-guerre, sur la question des frontières (frontière aussi au sens figuré,
avec transgressions de celles-ci).

2.2. Petit résumé historique

La Belgique = rencontre des cultures germaniques et latines. La Belgique sera un pays occupé
très longtemps (depuis le 14ème siècle, par les Pays-Bas, puis la France jusqu’à l’indépendance).
// André Delvaux qui parlera de richesses par rapport à cette rencontre de cultures. Il adaptera
des romans flamands, aussi des romans français ou francophones. Il brassera les cultures
flamandes et wallonnes tout au long de sa vie, de sa carrière professionnelle. Delvaux introduit
avec L’homme au crâne rasé le réalisme magique (qui existait déjà en littérature). Il sera aussi
le premier prof de réalisation de l’INSAS/RITCS.
Réalisme magique : images mentales qui sont montrées, on ne sait pas si ce que l’on voit est
imaginaire ou réel.

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Jaco Van Dormael continuera cette ligne du réalisme magique, mais avec des références
populaires (il était l’étudiant de Delvaux). Delvaux fera bcp plus références à la « grande »
culture comme la peinture, la musique classique.

2.3. Aspects linguistiques


Problématiques des lois linguistiques à partir de 1873 à promotion de la pluralité culturelle et
linguistique.
Toute cette problématique des langues et des problèmes communautaires va donner lieu au film
Un soir, un train (1968) d’André Delvaux, qui s’inspirera de la scission de l’Université
Catholique de Leuven/Louvain. Cette problématique est très explicite dans ce film.

Extrait #1 Le mur (1998) d’Alain Berliner


(Réalisateur de Ma vie en rose)
Fiction réalisée juste avant l’an 2000. Vis-à-vis des tensions communautaires et la volonté de
la part de la Flandre d’une indépendance/de plus de pouvoirs (nationalisme flamand)
à La belgitude, état d’esprit ? Construction idéologique ?
Divers ouvrages qui traitent de ce concept comme De la difficulté d’être belge de Pierre Mertens
et Claude Javeau. Citation de Claude Javeau « la Belgique c’est le pays de l’imaginaire »

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Cette idée de belgitude a aussi été moqué par le réalisateur de Jan
Bucquoy

Extrait #2 Camping Cosmos de Jan Bucquoy

2.4. Production et financement du cinéma belge


Avant 1952, surtout des financements privés.
En 1938 : création de la cinémathèque royale de Belgique (une des
cinémathèques les plus riches et les grandes du monde). Au début, elle
était sans subsides, sans aides publiques.
Un an plus tard, fondation de l’école de cinéma INRACI/NARAFI.

Jacques Leloux : premier conservateur (1948-1988) de la cinémathèque royale de Belgique, et


a créé le musée du Cinéma (en 1962). Il va aussi créer un festival Exprmntl dont il y aura 5
éditions à Knokke-Le-Zoute, qui aura été le lieu de rencontre international pour les cinéastes
d’avant-garde

Extrait #3 : Film hommage Exprmntl (2016) de Brecht Debackere


Dans les années 60, il commence à avoir une réelle volonté de promouvoir les réalisations
flamandes. En 1964, l’idée de création d’un « institut belge du film ». On voit le cinéma, surtout
du côté flamand, qui se doit de porter et supporter l’identité culturelle de la Flandre (surtout
années 60 et 70).

Prix de films belges : Les Magritte du cinéma >< De Ensors in filmfestival van Oostende.

III. PANORAMA HISTORIQUE DU CINEMA DE BELGIQUE


3.1. Les Belges et le pré-cinéma
Etienne-Gaspard Robert (1763-1837) avec son fantascope (héritier de la lanterne magique).
Projections fantasmagoriques, spectacles magiques et terrifiants.

Joseph Plateau (1801-1883) : prof de physique à l’université de Gand et il effectuait des


recherches sur la persistance rétienne humaine. Il va créer un instrument, le Phénakistiscope,
qui créer une illusion du mvt.

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3.2. Lumière en Belgique : Alexandre Promio
Les deux premières décennies sont dominées par le cinéma français, la quasi-totalité est
française à l’époque (1893-1914, Hollywood prendra le relais à partir du début de la 1GM). En
Belgique, le cinéma belge sera comme une colonie de la France. Ce sont surtout des Français
qui viennent et qui font du cinéma en Belgique. Les premières prises de vue, les premiers one-
shot films (+- 50 sec) qui sont créer par des assistants des Frères Lumières.

Alexandre Promio, assistant des Frères Lumières, réalisa les premières (considérées comme
les premières du moins ; ce sont en tout cas les plus anciennes conservées grâce aux Frères
Lumières) prises de vue en Belgique (Anvers et Bruxelles) en 1897. A cette époque-là, une
maison de production belge existait déjà mais était là uniquement pour prendre des images du
Condo (on est en plein dans l’époque colonialiste de la Belgique). Ces petits documentaires
racontent aussi comment la vie bouge à cette époque-là.

Extraits #4 : 7 prises de vue à Bruxelles et à Anvers (dont un presque-travelling sur un bateau)

3.3. Charles Pathé en Belgique : Alfred Machin

Machin est français ; les premiers grands pionniers du cinéma belge sont tous français.
Personnalité importante du cinéma belge, qui sera aussi envoyé en Afrique. Il va fonder le
Hollandsche Film au début du 20ème siècle et deviendra le directeur de la filiale belge du Pathé
(Belge Cinéma Film).

Extrait #5 Saïda a enlevé Manneken-Pis (1912) : cinéma totalement burlesque, on retrouve des
éléments de la culture bruxelloise. On retrouve comme dans tous bons films burlesques : se
moquer de la police, du corps dirigeant.

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Cours n°3 du 22 octobre

Extrait #1 Maudite soit la guerre (1914) de A. Machin

Machin va faire des films dans diff genres. Considéré comme son grand chef-d’œuvre, Maudite
soit la guerre est un film mélodrame et anti-guerre qui a donc été réalisé juste avant la 1GM
(sortie une semaine plus ou moins avant la 1ère GM). Film épique, très spectaculaire, dans la
lignée des films de Griffith ou grands films italiens, avec bcp d’effets spéciaux et de trucages
utilisés pour renforcer l’effet spectaculaire du film. Film réalisé avec l’aide de l’armée belge.
Toutes les images sont peintes à la maison. Après et pendant la 1ère GM, plusieurs films
patriotiques et coloniaux qui sont réalisés. Alfred Machin repartira faire la suite de sa carrière
en France, après avoir faire plus de 200 films en Belgique.

3.4. Pionniers belges (belgo-belges, on peut même dire) : cinéma poétique et cinéma
expérimental
3.4.1. Charles Dekeukeleire

Pionnier dans l’art poétique et expérimental. Il est de base critique de cinéma pour un magasin
nommé 7arts (surréalisme belge). Il est beaucoup inspiré par l’impressionnisme (là où
l’atmosphère et l’expression des sentiments sont très importante // cours esthétique), le cinéma-
œil de Vertov et l’idée du « cinéma pur » (cinéma d’avant-garde : jeu sur le reflet, la vitesse,
etc. ; H. Comette étant un des représentants de ce cinéma).

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Extrait #2 Combat de boxe (1927) premier film de Dekeukeleire
Premier film de l’avant-garde belge. Il le réalise à l’âge de 22 ans, d’après un poème d’un ami
à lui, Paul Werrie. Tension/opposition entre le public (tiré de films d’actualité) et le ring, jeu de
surimpression, jeu de gros plans/très gros plans qui sont montrés en contrepoint de plans plus
larges, avec le public, mouvement très important.
Impatience (1928) film qui tend encore davantage vers le cinéma pur, aller plus loin dans la
recherche d’abstraction et de pureté.
Dekeukeleire a aussi fait des films sur l’art belge, la Belgique ayant une grande histoire dans
l’art et notamment, et surtout, la peinture.

Extrait #3 Thèmes d’inspiration (1938) : film sur l’art, il va à la découverte des visages typiques
et des paysages typiques qui sont montrés dans les tableaux. Ce film est le début d’un
développement de cinéma sur l’art (qui se fait toujours à l’heure actuel). C’est un film qui sera
récompensé au festival de Venise. Petit film (8-9 minutes) : commande faite par les
autorités/ministère lié à la culture. Malgré le manque de couleurs, beau jeu entre la réalité et
l’imaginaire (la peinture)

3.4.2. Henri Storck

Grand réalisateur et cinégraphiste de la ville d’Ostende. Il est ami avec tous les grands peintres
de la côte tels que Ensor ou Spilliaert. Storck sera le co-fondateur de la cinémathèque de
Belgique, la première école bilingue de cinéma de Belgique. C’est un homme très important
dans le développement et la reconnaissance du cinéma belge. Storck est bcp moins expérimental
que Dekeukeleire.

Extrait #4 Images d’Ostende (1929)


Premier film du réalisateur. Ode lyrique à la ville d’Ostende, dans toutes ses dimensions (avec
diff chapitres)

Extrait #5 Pour vos beaux yeux (1929)


Un peu le Chien Andalou, version belge. Film bcp plus expérimental qu’Images d’Ostende.
Association d’images mais l’œil est toujours omniprésent. (Attention : Compositions pour les
deux films qu’on a entendues sont des compositions contemporaines faites par un compositeur
ostendais)

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3.5. Documentaire social et politique
Extrait #6 Misère au borinage (1934) de Henri Storck et Joris Ivens

Film clé dans le cinéma documentaire, au niveau mondial. Film docu social et politique, qui
parle de la crise mondial (post-1929) et qui touche le cœur noir, le borinage, de la Belgique –
entre Charleroi et Mons. En 1932, grande grève qui paralyse la Belgique et qui se montre, et le
patronat et la police va réagir de façon très violente à cette grève. Les familles minières se
retrouvent en effet dans de grandes difficultés financières qui marquent la décennie.
Documentaire idéologique, le film se tourne en semi-clandestinité car grande pression des
autorités à ce moment donné.
Originellement, c’est un film muet avec des intertitres par manque de budget. Le film a été
sonorisé en 63 et les intertitres ont été repris dans le commentaire qu’on entend au visionnage.
Qu’est-ce qui est présent dans ce film ? Que remarquons-nous pdt le visionnage du film ?
Commentaires sur la forme et le fond (pour la semaine prochaine)
- Pas de trucages, pas de surimpression à renfort du côté de vérité (docu)
- Montage entre plans « scénarisés » et d’actualité (?)

Cours n°4 du 5 novembre

Suite : Misère au borinage (1934)


Touché par la crise, la grève. Film idéologique politique et social au cœur du berceau du parti
socialiste. Storck critique les conditions de vie misérables des mineurs. Le budget du film était
limité. On est dans le cinéma parlant malgré le fait qu’il ait été réalisé en 1933. Il y a de la mise
en scène (éléments de reconstitution) + des éléments du réel. La scène de la manifestation est
une mise en scène par exemple.
Storck et Ivens utilisent des images d’archives pour montrer la répression. Les images du début :
pour élargir les perspectives, dimensions internationales (« c’est une crise internationale ») et
puis on se concentre sur le borinage.
Rhétorique audio : on montre et répète des images. On souligne la dictature.
Idéologique : problématique qui n’est pas seulement locale mais internationale et la solution est
le socialisme. Misère au Borinage est de base un film muet ; la deuxième version est une version
sonorisée, 30 ans plus tard. Ce sont les intertitres qui ont été sonorisés.
Il y a aussi des oppositions sur lesquelles joue le film : on voit des maisons misérables, manque
d’électricité et puis juste après le bâtiment d’hygiène et les patrons qui habitent dans de belles
maisons, l’église en construction qui a couté 3 millions.

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Les Enfants du Borinage : Lettre à Henri Storck (1999) de Patric Jean
Patric Jean critique la société dans ses films : La domination masculine (2009) parle des
violences conjugales ; La mesures des choses (2021) dépeint une critique du capitalisme et
aborde les problèmes environnementaux.
Dans Les Enfants du Borinage, la voix off est celle du réalisateur. On voit le cynisme politique
avec le bourgmestre qui est dans le déni. Le combat contre les hommes politiques a disparu
depuis 70 ans de ministère de l’institution publique.

Déjà s’envole la fleur maigre (1960) de Paul Meyer


C’est une commande qui a été demandé à Paul Meyer : il devait faire un reportage au Borinage
sur le succès de l’intégration des enfants étrangers au Borinage. Sur le travail des mineurs, il y
avait du racisme, de la discrimination.
Dans le film, on voit des éléments docufictifs. Il y a de la mise en scène, un travail sur l’ombre
et la lumière qui fait de ce film un réel film poétique. Il y a le chômage, mais à côté reste la
fête : les souffrances et les joies cohabitent. Le ministère n’avait pas demandé ce film-là, donc
le réalisateur a dû rembourser l’argent qu’on lui avait donné pour la réalisation du film.
Le film montre le chômage : on voit une critique envers la politique mais ce n’est pas un film
qui dénonce comme Misère au Borinage. Le film est montré en Italie : les cinéastes néoréalistes
ont bcp apprécié celui-ci le qualifiant de « chef-d’œuvre politique ».

Marina (2013) de Stijn Coninx


Film qui s’inspire d’un chanteur italien dont le père a travaillé dans les mines du Limbourg.
Film classique avec une musique qui accentue le mélodrame.

3.6. L’arrivée du film parlant – Les amuseurs populaires (films patoisants) les années
30-40-50

De Witte (1934) de Jan Vanderheyden et Edith Kiels


Film qui parle des aventures et des souffrances d’un garçon. C’est le 1er film flamand parlant
qui inspirera nombreux films dans les années 70. C’est le film le plus populaire du cinéma
flamand : film de propagande.
à Le film a eu un remake fait dans les années 80 mais dans celui-ci on trouve les aspects
sociaux qu’on ne retrouvait pas dans le film de 1933

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Cours n°5 du 12 novembre

Extrait #1 Le quartier des marins (1953) de Jan Vanderheyden et Edith Kiels


Farce mis en scène dans un café existant dans le port d’Anvers. Très peu de subventions, d’où
ce genre de productions très peu couteuses.
On joue avec les caricatures des personnages. Cinématographiquement, on voit que ce n’est pas
un grand film mais un film avec un budget local.

3.7. Film noir flamand : Les Mouettes meurent au port (1955)

Extrait #2 Les mouettes meurent au port (1955) de R. Verhavert, I. Michiels et R. Kuypers


Drame très important pour le cinéma belge/flamand. C’était un projet très ambitieux réalisé par
trois hommes. Rik était le seul des trois avec un bagage pratique de « faire du cinéma » : mais
tous trois voulaient faire un film noir tel que The Third Man, Jeux Interdits et On The
Waterfront. On remarque aussi l’influence du réalisme poétique français. Film pas du tout local
mais très cosmopolite et multilingue. On a une sorte d’anti-héros, qui veut s’enfuir d’Anvers.
Le personnage principal était interprété par le grand comédien flamand de l’époque, J.
Schoenaerts. Dans le film, on suit l’errance de l’anti-héros dans le port d’Anvers et les quartiers
autour, très typiques d’Anvers. Le jeu du noir et blanc donne une expression très expressionniste
au film. C’est un film réalisé sans subventions, ce sont surtout des hommes d’affaires flamands
qui ont donné de l’argent pour la production du film.
Ça sera la première fois qu’un film flamand sera sélectionné à Cannes.
On retrouve le low key/high key comme dans les grands films noirs. C’est un film clé dans
l’histoire du cinéma belge : premier grand drame de fiction flamand. Niveau scénario encore
trop littéraire mais on voit que le cinéma de fiction commence en Belgique. Verhavert sera un
producteur important en Belgique tout au long de sa vie : il sera le producteur de nombreux
films « ruraux » flamands. Michiels, en tant que scénariste, va aussi travailler sur deux films de
Delvaux. Kuypers réalisa encore par la suite de nombreux films expérimentaux. Verhavert et
Michiels seront tous deux professeurs au RITS et contribueront au cinéma belge flamand.

3.8. Années 60 : à la recherche d’un cinéma d’auteur belge

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Emile Degelin : inspiration de Bresson et de Resnais. Il veut amener un cinéma d’auteur en
Belgique. Il fait partie des cinéastes belges qui regardent bcp le cinéma de France (il y étudia
en France).

Extrait #3 Si le vent te fait peur (1960) de Degelin


Traite d’un sujet tabou : impulsion incestueuse entre une sœur et un frère. Le film ressemble à
un film de Bresson : sobre, détaillé, qui prend de la distance avec les acteurs et les répliques.
L’esthétique est importante : grand contrôle des images et des séquences. On a qq liens avec À
Bout de Souffle. La musique est de Martial Solal, qui créa aussi la musique du film de Godard.
Le film est aussi en compétition avec À Bout de Souffle. Film assez ambitieux mais Degelin ne
pourra pas continuer son parcours cinématographique et fera plutôt des romans.
Film qu’on peut mettre en parallèle avec Il y a un train toutes les heures (1962) de Cavens dont
on trouve très difficilement des copies.

3.9. 1965 : Cinéma d’auteur – Réalisme magique


3.9.1. André Delvaux

Film favori de Delvaux : Nosferatu de Murnau, film qui « pose les bases » du réalisme magique
qu’on retrouvera chez Delvaux. Réalisateur profondément belge, inspiré de la culture
germanique et latine/romane. Jusqu’à la fin de sa vie, il habitait sur cette frontière linguistique
belge.
Filmographie :

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Extrait #4 Rendez-vous à Bray (1971)
Film assez énigmatique où on est dans l’attente et le souvenir ressuscité. Au lieu d’un rendez-
vous, Julien va plonger dans ses souvenirs et va rencontrer une servante (jouée par Anna
Karina). Extrait où il accompagne un film muet Fantomas. C’est le film le plus musical de
Delvaux : c’est un film profondément mélomane, qui rend hommage à la musique classique et
qui est une ode à la peinture. Tous les arts sont présents dans ce film. Il est toujours dans une
conversation avec les auteurs littéraires, dans tous ses films : la source littéraire est toujours très
importante (idem pour la musique). Le compositeur du film est celui avec qui il a travaillé toute
sa carrière, Frédéric Devreese.

Extrait #5 L’homme au crâne rasé (1965)

Le film qui ouvre le réalisme magique, réalité intériorisée qui semble réelle mais qui est
imaginée. C’est le roman de Johan Daisne (que Delvaux considérait comme son mentor) qui
ouvre ce courant. Le roman est comme une longue confession d’un homme qui est en hôpital
psychiatrique, c’est comme une auto-confession sans chapitre, sans pause. Dans le film de
Delvaux, on retrouve vraiment une adaptation : le film commence tout à fait autrement, on ne
parle pas de l’hôpital psychiatrique, la crise identitaire se montre autrement dans l’histoire du
film. Ce film va être le premier film belge moderne qui suit les traces d’Ingmar Bergman (avec
Monika), Rossellini (avec Voyage en Italie), JL Godard (avec À bout de Souffle) et Resnais

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(avec Hiroshima mon Amour). L’homme au crâne rasé c’est une participation belge à la
modernité cinématographique.
Au début, c’était un film destiné à la télévision (téléfilm) mais finalement a reçu les subsides +
a fait collaborer tous les élèves de l’INSAS pour la production du film et des professionnels du
cinéma (français).

On découvre le protagoniste complètement endormi dans ses pensées malgré un décor tout à
fait réaliste. On est dans l’intériorité, l’âme et la fantaisie du protagoniste. En tant que
spectateur, on est toujours dans le doute du réel et de l’imaginaire. Ici, Delvaux évite aussi toute
une analyse psychologique. Musique toujours de Frédéric Devreese.

On ne sait pas si l’homme parle à la femme ou si tout est imaginé dans sa tête. On entre dans la
modernité avec ce film ; c’est une grande rupture pour le cinéma belge. Lorsque le film est sorti
à la télévision, la critique était très négative : trop artificiel, trop littéraire. Par la suite, le film a
reçu des prix internationaux et a fait une grande carrière internationale. Le film est ressorti dans
les salles de cinéma en Belgique.

3.9.2. Réalisme vs fantastique


Le conscrit (1974) de R. Verhavert vs Malpertuis (1972-73) d’H. Kümel
Film d’adaptation littéraires classiques très réaliste (film qui reprend l’esthétique des paysages
agricoles flamands : motif que l’on retrouvera dans d’autres nombreux films) vs film
fantastique, d’après un roman fantastique avec un budget très large, film flamboyant et
grotesque.

Cours n°6 du 26 novembre

3.9.3. Jaco Van Dormael


Dans son œuvre, on retrouve un réalisme magique, qui a une autre signature que celui de
Delvaux. Delvaux fait l’ode et l’éloge à la peinture et à la littérature classique. Jaco ne fait que
des allusions à la culture populaire (magie, télévision, bd, le film noir etc.). Il s’influence de
l’œuvre de Delvaux mais s’en sert d’une toute autre manière.
(Voir biblio sur ppt)
On a cette connexion avec la Belgique, avec des influences multi culturelles. Son premier long
métrage sera un co-production allemande-belge-française ; il aime ce carrefour des cultures. Il
a une obsession sur tout ce qui appartient au monde de l’enfance.

3.9.4. Toto le héros (1991)

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Narration non linéaire et magico-réaliste. Son premier long métrage, qui est le plus abouti (selon
Hessels). Premier film subversif, un peu expérimental et audacieux.
Il a gagné la caméra d’or à Cannes et aussi a eu un grand succès commercial. C’était la première
co-prod internationale européenne (France-Allemagne-Belgique, soutenue par Eurimages et
Media) qui est devenu un succès. Toto Le héros est tjs mis en avant comme un exemple à suivre,
qui a gagné la critique et le public.
Narration : il s’agit d’un jeune garçon qui pense avoir été changé à la naissance avec son voisin.
Idée commune avec L’homme au crâne rasé : la crise identitaire // qu’on peut lier à la pensée
de l’identité belge qui est nébuleuse. Ce film a été le début de la grande reconnaissance
internationale du cinéma belge francophone. Car juste après vient C’est arrivé près de chez
vous jusqu’à La Promesse des frères Dardenne : on a une grande percée d’un « groupe » (sans
compter les carrières individuelles de Chantal Akerman ou Marion Hansel).

Extrait #1 début du film de Toto le Héros


On remarque toutes les influences qui sont des obsessions de Jaco.
On remarque en Belgique : deux lignées avec une lignée traditionnelle documentaire + avec
une lignée imaginaire qui va dans toutes les directions. Jaco va apporter sa pierre à cette
tradition magico-réaliste.

Autres films :
- Le huitième jour : grand succès : éloge à l’imagine pure, sans la pensée rationnelle.
Comme dans Toto Le Héros, c’est une musique composée par son frère, avec qui il a
travaillé jusqu’à Mr Nobody.
- Mr Nobody : le film le plus cher d’une co-production belge.
- Le Tout Nouveau Testament : film comédie, pure sang, qui a été montré à la quinzaine
des réalisateurs à Cannes.
Il fait aussi des projets de théâtre très poétique, avec sa femme qui est chorégraphe (qui travaille
avec Teresa De Keersmaeker)

3.9.5. La magie au cinéma d’animation auteuriste : Raoul Servais


La Belgique est connue par sa grande tradition picturale (des primitifs flamands à Magritte).
Servais a connu une reconnaissance tardive à l’internationale : il a fait une douzaine de courts
métrages et un long métrage dont il n’est pas vraiment fier. On l’appelle le magicien d’Ostende,
il a des liens avec Stork. Il sera influencé par la 2GM qui a été un grand traumatisme étant

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enfant (il a dû quitter Ostende pour rejoindre la France) ; il en devient allergique à tous régimes
totalitaires (sera au cœur de ses réalisations). Il est aussi très influencé par la peinture : il a,
entre autres, travaillé avec Magritte comme un assistant. Il a été ami avec Paul Delvaux (femme
nue aux yeux grands ouverts), qui parlait aussi de réalisme magique.
Papillons de nuit (1997) : Grand prix d’Annecy, film qui est un hommage à son ami Paul
Delvaux. On retrouve l’animation papier et en dessin, il a développé sa propre technique de
combinaison d’animation (entre film d’animation, avant l’animation numérique).
Chromophobia (1965) : premier film qui a reçu un grand prix à Venise. C’est à propos du
régime totalitaire, qui dans le film, ne veut pas de couleurs. Tout est en noir et blanc.
Harpya (1979) : Palme d’Or à Cannes, influence de René Magritte. Critique à la sortie du film
par de nombreuses féministes car le film montre une image très négative de la femme.

Paul Servais n’est pas le seul réalisateur belge d’animation : Court métrage La tragédie Grecque
de Nicole Van Goethem : reçu un Oscar (c’est le film belge à avoir reçu un oscar).

Raoul Servais s’est toujours montré cosmopolite (d’où certainement une reconnaissance très
tardive en Flandre)

3.10. Les années 90 : reconnaissance internationale du cinéma belge francophone


Après Toto Le Héros, c’est la reconnaissance internationale du cinéma belge francophone. Dans
cette reconnaissance, il y a bien sûr C’est arrivé près de chez vous.

3.10.1. C’est arrivé près de chez vous (1992)

C’était de base l’idée de Remy Belvaux. Le scénario de ce film a été écrit pour un projet de fin
d’études à l’INSAS. On fait le portrait d’un tueur en série capitaliste : il tue pour gagner de
l’argent. C’est seulement l’obsession pour l’argent qui le fait faire ces meurtres.
C’est un film à très petit budget mais qui a eu un énorme succès à Cannes. C’est un film très
noir, qui parle de la violence (// New Violence avec Tarantino qui a vu le film de Remy
Belvaux). Dans le film, on a une critique sur les émissions des télé réalités (Striptease - RTBF)
et de la représentation de la violence à la télévision. Il y a des transgressions : on a un film dans
le film, on mélange les genres cinématographies (de fiction, documentaires, etc.). Au niveau de
la représentation de la violence, ça a été bouleversant : le film a bcp connu la censure. Le film
a gagné trois prix à Cannes mais ça a vraiment été le film de scandale.

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3.10.2. La Promesse (1996)

3.11. Cinéma spectaculaire


Gérard Corbiau avec Le Maitre de musique (1941), Le roi danse (2000) et Farinelli (1994) :
super co-production européenne, très flamboyante. C’était un film qui ne fait pas du tout
référence à la culture belge, qui est totalement en dehors.

3.12. Cinéma de révolte, films protestataires, cinéma iconoclaste, …


Fugitive cinema = collectif anversois de cinéastes indépendants et anti commerciaux avec Le
filet Américain (1981) qui est une critique de la société capitaliste.
Roland Lethem avec Bandes de cons (1970) – extrait : l’homme qui parle directement aux
spectateurs
Thierry Zéno avec Vase de noces (1974) – extrait : film très très transgressif (zoophilie, etc.)

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3.13. Cinéma personnel, expérimental, radical : Chantal Akerman
Dans les années 70, c’était la première grande réforme qui va amener à une représentation d’une
Flandre mythique/du passé. On est face à un cinéma très bourgeois, très traditionnelle et on a à
côté ce cinéma de révolte, mvt anti-bourgeois qui se fait en cinéma.
Dans les années 70, on a aussi Chantal Akerman (1950-2015)

Cinéma personnel et radical, féministe. Elle vient d’une famille polonaise, qui a toujours vécu
en Belgique, à Bruxelles. Le film qui a suscité son envie à faire du cinéma est Pierrot le Fou
(1965) de Godard. A travers son cinéma, elle se libère de sa famille bourgeoise, du cinéma
hollywoodien.
Elle fera trois mois à l’INSAS avant de quitter. Elle sera totalement autodidacte. Elle s’inspire
bcp de la littérature, de Proust, Robbe-Grillet à Duras, etc. Influence de Ozu, idée de tableau
vivant.
Son premier film est tourné en 1968 Saute ma Ville : c’est un film de 12min, qui a déjà un grand
lien avec Jeanne Dielman.

Cours n°7 du 3 décembre

3.13.1. Premier court-métrage : Saute ma ville (1968)

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Saute ma ville (1968) : court métrage avec une caméra familiale, budget très limité. C’est un
peu le premier volet du diptyque sur la représentation de la féminité (femme au foyer) avec
Jeanne Dielman. Il y a un lien évident avec le long métrage à explosion à la fin comme sorte
de libération avec un travail sur le son. Ce n’est pas un travail parallèle mais un travail à côté
(reprise de Godard)

3.13.2. Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975)

Extrait #1 Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles


- Sujet/fond du film : inspiration de Deux ou trois choses que je sais d’elle de Godard ;
c’est trois jours dans la vie de Jeanne Dielman. La mère est un thème par excellence
dans l’œuvre filmique mais aussi littéraire d’Akerman. C’était une femme qui était une
femme de ménage, qui ne parlait jamais de ses souvenirs et de sa vie intérieure. Elle n’a
jamais parlé de son expérience dans les camps de concentration. Comme l’image de la
mère d’Akerman, Jeanne est une femme au foyer, une mère, une veuve mais aussi une
prostituée ménagère. Le premier homme/client que l’on voit au début du film est joué
par Henri Storck ; elle parle aussi de la représentation du cinéma belge.
- La caméra est statique, basse, frontale, … : c’est comme si la protagoniste est déjà
cadrée comme dans un huis clos, alors qu’elle-même est coincée dans cet appartement.
Huis clos dans un huis clos // la même caméra d’Ozu
- Représentation du temps : on a le temps réel et le temps étiré. Akerman laisse du temps
mort/une non-action, qui augmente la sensation anxiogène et de répétition

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- Représentation du lien comme un lieu intime, un lieu caché mais aussi une prison, un
huis clos
- Pas de son direct, tout est postsynchronisé : tous les sons sont retravaillés et très
explicites des actes qui sont prononcés.
- Au niveau du sujet de cette femme qui contrôle tout, qui essaie de gérer les angoisses et
les traumatismes, qui veut se protéger des souvenirs et des sentiments jusqu’au
dérèglement.
- Le montage renforce le rituel : utilisation de plans séquences, cut dans l’obscurité, etc.
- Image de Delphine Seyrig en total opposition à l’image de Jeanne Dielman : mais Seyrig
était une femme très engagée au niveau de la lutte féministe.

Cours n°8 du 10 décembre

3.14. Cinéma belge réalisé à l’étranger (Marion Hänsel (1949-2020))


Réalisatrice qui est née à Bordeaux, avec des origines anversoises. Elle partage la double
appartenance linguistique (ndls et français).

3.14.1. Le Lit (1982)


Premier film Le Lit réalisé de Hänsel qui date de 1982, qui est aussi une adaptation :
contrairement à Delvaux, elle n’adapte et ne s’inspire pas uniquement de la littérature belge
mais de toute horizon. Film qui parle de la mort : toute l’action se passe en Flandre, filmer la
mort d’une façon sobre et intimiste.

3.14.2. Dust (1985)


Adaptation de J.M. Coetzee. Film tourné en Espagne mais l’action se situe en Afrique du Sud.
Rapport très problématique entre le père et sa fille.
Pour Dust (1985), le film commence à la John Ford qui ouvre sur le grand domaine qui est la
propriété d’un homme. Bcp de violence et d’agressivité dans son rapport avec sa fille et dans le
film. Dans ce paysage ouvert, on voit Magda qui se renferme qui va amener à la folie. Malgré
la grandeur des paysages désertiques, on a une sorte de huis clos entre le père et le fils, mais
aussi les travailleurs noirs qui travaillent pour le patriarche du domaine.
C’est un peu l’opposé du huis clos à la Chantal Akerman avec Jeanne Dielman, mais on retrouve
cet huis clos oppressant qui sera au cœur du film de Hänsel.

Mais est-ce bien un film belge ? De premier abord, rien de ce film ne le lie à la Belgique. Hänsel
fera des films un peu partout mais on retrouvera toujours l’élément de huis clos.

3.15. Les années 70-80 : cinéma d’identité culturelle flamande

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Dans les années 80, du côté flamand, il y a vraiment un grand nombre de films qui sont réalisés.
On a un cinéma d’identité flamande qui est propagé. On a des romans qui donnent une
représentation d’une Flandre mythique (par exemple, Daens de Coninx)

3.16. Cinéma fantastique – road movie poétique

Aussi, à côté de ce cinéma, on retrouve un cinéma « punk », fantastique avec Harry Kümel avec
Les Lèvres Rouges (1971) et Malpertuis (1973) et aussi Marc Didden avec Brussels By Night
(1983), qui est un film d’errance et de rencontre dans la métropole multiculturelle.

3.17. Suite des années 90 : Les Frères Dardenne


Renaissance des frères Dardenne avec La Promesse (1996) : petite coproduction entre la
Belgique, du Luxembourg et de la France. L’histoire d’un adolescent Igor, qui s’initie à la vie,
à la recherche d’une identité.

3.17.1. Biographie des Frères Dardenne


Les Frères Dardenne ont un peu près le même âge que Chantal Akerman et Marion Hänsel.
Avant qu’ils aient produit La Promesse et Rosetta, ils ont commencé par le film documentaire.
Jean-Pierre Dardenne : formation à l’IAD. Luc Dardenne : formation de philosophie à l’UCL.
Avant qu’ils réalisent leur premier documentaire, ils ont été en contact avec Armand Gatti
(auteur, metteur en scène, ancien résistant antinazi et humaniste). Lors de sa formation, Jean-
Pierre va rencontrer Gatti : il va emmener son frère dans l’atelier que propose Gatti et réalisent
lors de cet atelier des témoignages et des interviews. A partir de cela, ils créent leur atelier de
production Collectif Dérives (1975).

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3.17.2. Films Documentaires
Dans les années 70 et 80, ils réalisent leurs propres films documentaires dont le titre est presque
un manifeste (longues phrases, voir ci-dessous) à ils voulaient réunir toute la résistance
antinazie. Importance du militantisme de la mémoire.

Extrait #1 Lorsque le bateau de Léon M. descendit la Meuse pour la première fois


(documentaire sur la grève nationale en Belgique, 1960-1961) (1979)
Idée de faire démarrer le film ou le portrait de trois manières différentes : on obtient une
réflexion critique mais aussi l’histoire de ce qui s’est passé à Seraing. C’est aussi la vision
subjective de cet homme, qui va éditer un journal de révolution, qui trouvera sa place par cet
acte de révolution. On retrouve ce focus sur un seul personnage dans leurs films de fiction.

3.17.3. Films de fiction


Extrait #2 Falsch (1986)
Passage à la fiction Falsch (1986) : adaptation d’une pièce de théâtre de René Kalisky, belge
juif. Grande mise en scène, travail esthétisant avec un accent sur les couleurs, l’effet
symbolique (sens symbolique des couleurs), bcp de musique instrumentale, jazz. Il va y avoir
une sorte de théâtre, jeu de théâtre et chorégraphie qui s’installe dans ce hall d’aéroport.
Grand contraste avec les films qui suivront (La Promesse, par exemple). Grand échec
commercial mais ça sera un succès critique : pour eux, Falsch était important à faire mais ça
sera la dernière fois qu’ils feront une adaptation théâtrale.

Ensuite, ils feront un court métrage, suivi de Je pense à Vous (idée d’Henri Storck) (1992) :
scénario écrit par les frères et également un grand scénariste français. Le film ne sera à nouveau
pas un succès : ils le disent de manière explicite. Ils veulent à partir de ce film devenir leurs
propres producteurs : ils ne veulent plus être produis en France. Ils se retirent et fondent leurs
maisons de production Les Films du Fleuve. A partir de ce 1996, avec La Promesse, ils feront
un film tous les trois ans (ou presque) (voir filmographie « films de fiction » ci-joint)

Ils ne sont pas des cinéphiles d’enfance (pas comme Truffaut, Chabrol, etc.) mais ils découvrent
le cinéma grâce aux documentaires qu’ils commencent à faire. Ils s’inspirent de bcp d’auteurs
comme Rossellini, Pasolini, Bresson, Loach, Kieslowki, etc.

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// Extrait #3 Fin de Mouchette (1967) de Bresson
Comme les Frères Dardenne, nouveau visage chez Bresson. Film qui finit mal, avec la mort :
fin absolue, Mouchette se donne la mort. La musique qui signe la mort mais est une consolation
pour le public. Ce genre de procédé, on le retrouve dans les autres films des autres réalisateurs.

Chez les Frères Dardenne, ils veulent qu’il y ait une ouverture afin que nous, en tant que
spectateur, puissions voir.

3.17.4. Inspiration philosophie : Emmanuel Levinas


Philosophe qui a surtout bcp écrit sur l’éthique avec Totalité et Infini (1961) et Éthique et infini
(1982)
à L’éthique est la philosophie première.

3.17.5. La Promesse (1996)


Extrait #4 Ouverture de La Promesse (1996)
// 7 commandements qu’ils ont eux-mêmes théorisés.
1. Tout seul, tu te formeras à ce sont des autodidactes, qui ont commencé grâce à Gatti
2. De la technique, tu te fouteras à c’est toujours les mêmes technicien.ne.s qui travaillent
avec eux, ils peuvent donc dire cela. Mais il y a bien des technicien.ne.s qui se trouvent
autour d’eux.
3. Casting sauvage, tu peaufineras à ils essaient de trouver des jeunes acteur.rice.s mais
travailleront aussi avec des vedettes (Marion Cotillard et Cécile De France, par
exemple)

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4. Les acteurs, tu contrediras à acteurs toujours alertes, il faut qu’ils soient en instabilité
pour avoir de l’inspiration
5. Peu d’indications, tu donneras à c’est aux acteurs à raconter le présent, leurs histoires :
pas d’indications des émotions dans leurs scénarios mais bien des indications très
détaillées des gestes et des actions. La façon d’agir et de réagir est très explicite (sur le
corps du coup). C’est au public de donner une vie et un futur aux personnages
6. Le travail d’équipe, tu chériras à c’est un peu comme une famille car ils travaillent
toujours avec le même groupe
7. Et la lumière et le son, tu laisseras à son et lumière sont synchrones et naturels.

Extrait #5 Scène de l’accident d’Hamidou dans La Promesse


Initiation de la loi à un adolescent de 15 ans. On voit le garçon Igo qui est entre l’enfance et
l’âge adulte qui est tiraillé entre les deux : il est mixte. Il est aussi fasciné par la mère africaine :
lui qui n’a pas de mère (on ne la voit jamais). Il va y avoir cet accident et il y a aura la promesse
que fera Igo le garçon : ça sera le début d’une éthique personnelle // Levinas.

Extrait #6 Révélation d’Igor dans La Promesse


= Fin. Quand on voit la fin de Mouchette, ici, on a le contraire. On a la libération violente avec
le père puis il accompagne la femme. Il révèle la mort d’Hamidou, pas en face à face, et vous
tous les deux dans le couloir et disparaissent dans la réalité. La révélation n’est pas directe mais
la fin est totalement ouverte et c’est à nous de réfléchir sur ce qui peut se passer par la suite.

Cours du 17 décembre 21

3.18. La Vague flamande : focus sur les films de Fien Troch


Vague qui a débuté à partir de 2002-2003, et nombre qui va augmenter au fur et à mesure
des années et permettre à une reconnaissance des films flamands à l’international.

3.18.1. Les succès du cinéma flamand actuel


à Vlaams Audiovisueel Fonds, créé en 2002 (avant pas de fonds, les films se faisaient de
manière indépendante) est un soutien aux créations audiovisuelles. 6 missions de la VAF :
formation, création, communication/promotion, expertise, diffusion de la culture
cinématographique, mesures économiques. Soutien aux jeunes talents.
A partir de 2003, grand nombre de films flamands qui se développent à deux niveaux : cinéma
grand public + cinéma d’auteur qui est reconnu dans les festivals internationaux.
Ex : De Zaak Alzheimer/La Mémoire du tueur (2003) de Erik Van Looy et Any Way The Wind
Blows (2003) de Tom Barman

Extrait #1 La Mémoire du tueur (2003)


Film « hollywoodien » avec une musique qui renforce le spectaculaire. Il fait appel à des
technicien.ne.s pour créer un film avec une belle réalisation (film subventionné par la VAF)

Extrait #2 Any Way The Wind Blows (2003)


Film mosaïque/chorale, on suit huit personnages dans la ville d’Anvers en été, qui vont se réunir
à une soirée. Chronique polyphonique avec de la musique diversifiée. C’est un film d’auteur,
d’artiste, qui ne veut pas raconter une histoire classique (contrairement à Erik Van Looy) ; tout
autre genre de film subventionné par la VAF.

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à Tax Shelter belge (2003) : mesure économique qui permet aux sociétés d’investir dans le
cinéma belge et participe au développement du cinéma en Belgique et donc en Flandre

à Fait Divers (VTM + VAF) (2003) : coopération pour stimuler de jeunes talents à faire des
télé films (max 1h30, basés sur des histoires vraies). C’est le développement de films à petits
budgets qui seront diffusés à la télévision mais une grande moitié sera aussi diffusé au cinéma
(dont Aanrijding in Moscou (2008) de Christophe Van Rompaey). Ce sont vraiment des films
qui font le point entre les films à grand budget et les films d’auteurs flamands.

à Reconnaissance internationale des films flamands grâce aux festivals en Flandre : dont
le Film Fest Gent, le Festival de film à Ostende, etc.)

à Dév des formations dans les écoles flamandes

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3.18.2. Fien Troch
Formation à St Lucas à Bruxelles, son père est un monteur connu dans le cinéma belge des
années 80. Elle fera 4 court-métrages et 4 long métrages.

Extrait #3 Le bonheur de l’autre (2005)


Premier long-métrage de la réalisatrice. Un peu l’autre versant de Any Way The Wind Blows ;
grand silence entre les personnages, l’impuissance des gens à communiquer. Le film se passe à
la campagne, dans un paysage assez riche en Flandre et raconte le drame d’un garçon de 10 ans
qui est renversé par une voiture. L’enfance est au cœur de ce film et de la plupart de ses films.

Extrait #4 Unspoken (2008)


Double portrait d’un couple qui ne vive plus ensemble après la disparition de leur fille dans un
accident de voiture.

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