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PAUL ROMER

LEARNING BY DOING

Master Spécialisé : Économie et Évaluation des Politiques Publiques


Module : Les Modèles De Croissance Économique
Année Universitaire : 2022-2023

Élaboré par : Encadrant :


Nadia GHAZAL Pr.Abdellatif CHATRI
Amina NEFID
Plan

Introduction

Partie I : Description du modèle

1-Apprentissage Par La Pratique


2. Externalités & Croissance Auto-Entretenue
3-La Non Rivalité Des Connaissances Et La Non Exclusivité
4- La Sous-Optimalité De L’équilibre Décentralisé

Partie II : Présentation du Modèle

1- Hypothèses Du Modèle
2- Les Equations Du Modèle
3- Postulats Du Modèle
4-Dynamique De L’économie
5-Rendements D’échelle Croissants

Conclusion
Introduction
Après une longue période d'assoupissement, les théories de la croissance ont connu, à la fin des années
quatre-vingt, un profond renouvellement avec l'apparition des théories de la « croissance endogène ».
Ce renouvellement eut les mêmes origines et les mêmes effets que celui qui affecta, à la fin des années
soixante-dix, la théorie du commerce international : l'application des hypothèses de rendements
croissants et de concurrence imparfaite issues de la recherche en économie industrielle à une branche
de la théorie macroéconomique.
Pour tirer pleinement parti des modèles de croissance endogène, il faut prendre en compte le
comportement du consommateur sous une forme moins fruste que l'hypothèse d'un taux d'épargne
constant. Toutefois, en partant du modèle de Solow et en étudiant les raisons qui conduisent à
l'impossibilité d'une croissance auto-entretenue du produit par tête, on peut mettre en évidence très
simplement à quelle condition l'accumulation du capital peut engendrer une croissance endogène.
Ce modèle canonique de la croissance néo-classique, Solow [1956], évacuait la question des sources de
la croissance à long terme pour se concentrer sur le mécanisme d’accumulation du capital et la
convergence vers l’état stationnaire, les nouvelles théories ont cherché à réintégrer une analyse
explicite des déterminants de long terme de l’augmentation de la productivité.
Cette démarche a conduit à élargir la gamme des facteurs de production traditionnellement pris en
compte dans les formalisations, quitte à aller chercher l’inspiration auprès de certains auteurs dont les
contributions étaient plus ou moins tombées dans l’oubli : effet d’apprentissage, capital humain,
infrastructures publiques, ... Elle a aussi conduit à s’interroger sur les conditions ”techniques”
d’obtention d’une croissance véritablement endogène : les rendements constants sur les facteurs de
production accumulables.
Cette recherche a conduit à s’interroger sur les effets externes positifs liés à l’investissement dans tel ou
tel facteur de production et sur le rôle de la connaissance dans la croissance de la productivité par
extension, les modèles de croissance endogène ont été amené à prendre explicitement en compte
l’innovation et par voie de conséquence la concurrence imparfaite. La plupart des modèles de croissance
endogène intègrent donc des externalités positives et/ou négatives liées à l’accumulation des
connaissances et à l’innovation ainsi que des imperfections liées au pouvoir de marché procuré par la
protection des innovations, avec pour résultat prévisible que l’équilibre décentralisé est sous-optimal.
Ceci a donc ouvert la possibilité pour des interventions publiques correctrices en vue de modifier le taux
de croissance.
Alors dans le modèle fondateur de la croissance endogène Paul Romer (1986) repose sur des
externalités entre firmes : l’investissement de chacune a non seulement pour effet d’accroître sa
production, mais aussi d’accroître la productivité des autres firmes du fait de l’existence d’externalités
technologiques. L’investissement est une source d’apprentissage par la pratique, et ce savoir ne peut
être approprié par la firme qui le produit : il se diffuse inévitablement aux autres firmes.
L’investissement cause la croissance directement et par ses effets sur le progrès technique. Parmi les
formes d’apprentissage, citons : l’amélioration des équipements en place, les travaux d’ingénierie
(agencement de technologies existantes), l’augmentation de la compétence des travailleurs.
Dans ce modèle, chaque unité de produit investi dans le capital physique augmente l’avancement
technologique au moyen d’un effet externe. Le comportement d’épargne des ménages a donc une
influence déterminante sur la technologie, sans que cet effet ne soit internalisé par des mécanismes
marchands.
Apprendre par la pratique, n’est pas un concept nouveau, déjà dès l’antiquité, Aristote disait que « ce
que nous devons apprendre à faire, nous l’apprenons en le faisant et au fil des évolutions et révolutions
industrielles et technologiques, l’Homme a construit et a innové par la pratique, les tests, les échecs …
sont ainsi nés beaucoup d’innovations et de produits de notre quotidien. Il désigne le gain de
productivité réalisé dans une entreprise grâce à l'expérience et à l'habitude acquises par les travailleurs.
Il désigne leur capacité à améliorer leur productivité en répétant régulièrement le même type d'action.
L'augmentation de la productivité est obtenue par l'auto-perfection et des innovations mineures. Le fait
de reprendre, lors d'un processus de fabrication, les mêmes opérations et de résoudre les mêmes
difficultés ou des difficultés voisines, crée des habitudes rendant la production plus efficace et de
meilleure qualité, et les salariés de plus en plus qualifiés.
Dans "The economic implications of learning by doing" (1962), Kenneth Arrow montre que
l'efficacité des facteurs de production dépend de l'apprentissage : la combinaison productive devient de
plus en plus efficace au fur et à mesure qu'elle est mise en pratique par les travailleurs. Il a donc été le
premier à essayer « d'endogénéiser » le progrès technique dans le modèle de Robert Solow (''A
Contribution to the Theory of Economic Growth'', 1956), en montrant qu'une part de ce progrès
technique, « tombé du ciel » selon Solow, provenait de l'apprentissage.
En 1986, Paul Romer publie son article célèbre ''Increasing Returns and Long-run Growth'' sur la
théorie de la croissance endogène, il reprend cette idée de l'effet de l'accumulation du savoir-faire
comme source de la croissance. Le modèle de croissance endogène de Romer (1986) critique
l’hypothèse des rendements marginaux décroissants des facteurs de production qui est la base de tous
les modèles de croissance exogènes. Romer dit qu’il n'est pas raisonnable d'arrêter la production à un
certain niveau (état stationnaire) à cause des rendements marginaux décroissants des facteurs de
production notamment le capital et par conséquent tous les pays vont converger vers le même équilibre
(état stationnaire). On néglige tous les conditions initiales et les perturbations actuelles et on dit que ces
dernières n'ont pas d'effet sur la production et la consommation dans le long terme.
Donc Paul Romer dit que dans un équilibre concurrentiel et sur le long terme la production par tête
peut croître sans limite, éventuellement à un taux qui augmente de façon monotone au fil du temps. Le
taux d'investissement c’est à dire d'épargne et le taux de rendement du capital peuvent augmenter
plutôt que diminuer avec l’augmentation du capital c'est à dire il n’y a pas de rendement marginal
décroissant ainsi il rejette l’idée de convergence des productions par têtes de différentes économies.
La croissance peut être durablement plus lente dans les pays moins développés et peut même ne pas
avoir lieu du tout, ces résultats ne dépendent pas d'un quelconque changement technique spécifié de
manière exogène ou des différences entre les pays.
Les préférences et la technologie sont stationnaires et identiques, même la taille de la population peut
être maintenue constante. Ce qui est crucial pour tous ces résultats est un écart par rapport à l'hypothèse
habituelle des rendements décroissants des facteurs de production.
Donc bien que ľ hypothèses des rendements marginaux décroissante soit rejeter, le modèle de Paul
Romer peut être considérer comme un modèle d’équilibre de l’évolution économique endogène
dans lequel la croissance est principalement déterminer par l’accumulation des connaissances par les
agents privés (les entreprises) tournés vers l'avenir et maximisant les profits. Cette focalisation sur les
connaissances comme forme de base du capital suggère des modifications sur les modèles de
croissances agrégée standard.

Partie I : Description du modèle


1-Apprentissage par la pratique
Le premier modèle de croissance endogène est le modèle de Paul Romer [1986] qui repose sur
l’accumulation de connaissances. En supposant que les connaissances et le capital physique sont
assimilables l’un à l’autre, on peut aussi parler de croissance fondée sur l’accumulation d’équipements
productifs incorporant les dernières connaissances techniques découvertes.
Le dernier déterminant de l'accumulation des connaissances est quelque peu différent en caractère.
L'idée centrale est que, à mesure que les individus produisent des biens, ils inévitablement penser à des
moyens d'améliorer le processus de production. Par exemple, Arrow (1962) cite la régularité
empirique selon laquelle après une nouvelle conception d'avion est introduit, le temps nécessaire pour
construire le châssis de l'avion marginal est inversement proportionnel à la racine cubique du nombre
d'avions de ce modèle déjà produit ; cette amélioration de la productivité se produit sans aucune
innovation évidente dans le processus de production. Ainsi l'accumulation de connaissances se produit
en partie non pas à la suite d’un effort, mais comme un effet secondaire de l'activité économique
conventionnelle. Ce type de L'accumulation de connaissances est connue sous le nom d'apprentissage
par la pratique.
Lorsque l'apprentissage par la pratique est la source du progrès technologique, le taux de l'accumulation
des connaissances ne dépend pas de la fraction de l'économie ressources engagées dans la R&D, mais
sur la quantité de nouvelles connaissances générées par l'activité économique conventionnelle.
Analyser l'apprentissage par la pratique donc nécessite quelques modifications de notre modèle. Tous
les intrants sont désormais engagés dans des biens de production.
2. Externalités & Croissance auto-entretenue
Dans le modèle de Paul Romer [1986] consacré au capital privé, l’existence d’externalités est une
condition nécessaire à l’obtention d’une croissance auto-entretenue. Pour que la croissance puisse
être auto-entretenue, il faut que le rendement marginal du facteur de production accumulable dans sa
propre production soit constant. Dans ce modèle, comme dans la théorie traditionnelle, le capital
physique est homogène au bien.
Une condition nécessaire à l’existence d’une croissance autoentretenue est donc que l’élasticité de la
production au capital physique soit égale à l’unité. Si le capital était le seul facteur de production, les
rendements seraient donc constants, mais il existe d’autres facteurs de production. Aussi, les
rendements de l’ensemble des facteurs sont croissants. Cependant, si une entreprise a des rendements
croissants, aucun équilibre de concurrence parfaite n’est possible.
Il y a donc une contradiction au niveau macroéconomique, dès lors qu’il existe des facteurs de
production non-accumulables, il faut, pour que la croissance soit auto-entretenue, que les rendements
soient croissants au niveau microéconomique, pour que l’équilibre existe, il faut que les rendements
ne soient pas croissants. Pour résoudre cette contradiction tout en conservant la conclusion que la
croissance est auto-entretenue (ou au moins que son caractère auto-entretenu provient du capital
physique) et en restant dans un cadre de concurrence parfaite, Romer fait appel à des effets externes.
Son modèle est cependant fragile car le caractère autoentretenu de la croissance provient d’une
hypothèse très particulière quant à la valeur des paramètres il faut que les rendements soient
globalement constants, c’est-à-dire que l’élasticité de la production au capital soit unitaire au niveau
macroéconomique il faut donc que la somme de l’élasticité microéconomique et des effets externes soit
exactement égale à 1.
Le modèle de Paul Romer est donc peu robuste. Par ailleurs, les valeurs des paramètres que l’on
pourrait plausiblement retenir conduisent à un écart entre l’équilibre concurrentiel (où les entreprises
ne prennent pas en compte l’externalité) et l’optimum social (où l’externalité est prise en compte) très
élevé [Hénin et Ralle, 1994].

3-La non rivalité des connaissances et la non exclusivité :


La connaissance a un caractère non rival : si une entreprise utilise une idée, elle n'empêche pas les autres
de l'utiliser. À un autre niveau, les entreprises sont incitées à garder le secret sur leurs découvertes et à
protéger leurs inventions par des brevets. La connaissance des améliorations de la productivité ne
s'échapperait donc que progressivement, et les innovateurs conserveraient des avantages
concurrentiels pendant un certain temps. En fait, dans une configuration décentralisée, cet avantage
individuel est essentiel pour motiver les investissements, tels que les dépenses en R&D de Griliches
(1979), qui sont spécifiquement destinés à faire des découvertes.
4- La sous-optimalité de l’équilibre décentralisé
La sous-optimalité de l’équilibre décentralisé résulte de la différence entre la productivité marginale
privée du capital, α · A, et la productivité marginale sociale, A, qui prend en compte l’effet externe positif
exercée par l’accumulation de capital (et donc de connaissances) de chacune des firmes sur la
productivité de toutes. Par conséquent, le taux de croissance optimal g* = (A-ρ)/σ est supérieur au taux
de croissance résultant de l’équilibre décentralisé donné par g =(𝜶.A-ρ)/σ. Cette différence ouvre la
possibilité d’une intervention publique optimale. Comme les firmes laissées à elles-mêmes sous-
investissent dans le facteur responsable de la croissance à long-terme, il est nécessaire d’encourager cet
investissement. C’est d’ailleurs une politique qui pourra trouver à s’appliquer dans la plupart des
modèles de croissance endogène avec externalités positives associées à un ou plusieurs des facteurs de
production. Dans le cadre du modèle de Paul Romer [1986], une subvention à l’investissement
permettra de faire en sorte que les firmes investissent plus et rapprochera l’économie de son taux de
croissance optimal.

Partie II : Présentation du Modèle


1-Hypothèses du modèle :

1. L'économie est fermée 𝒀𝒕 = 𝑪𝒕 + 𝑰𝒕


2. Les marchés de travail, de capital et des prêts sont en concurrence
pure et parfaite, et donc sont à l'équilibre.
3. Le progrès technique est endogène.
4. Le taux d'épargne est exogène.
5. Le temps est continu, et indicé par t.
𝑳̇(𝒕)
6. La population croît à taux constant 𝒏 = 𝑳(𝒕)

7. Stricte proportionnalité de la croissance par rapport au stock de


capital (élasticité unitaire).
2- Les équations du modèle

1.Fonction de production néoclassiques de types Cobb-douglas à


rendements d’échelle constants : Y=𝑲(𝒕)𝜶 (𝑨(𝒕)𝑳(𝑻))𝟏𝜶
2. Equation d’allocation de Y (économie fermé) : 𝒀𝒕 = 𝑪𝒕 + 𝑺𝒕 = 𝑪𝒕 + 𝑰𝒕
3. Equation de l’épargne : 𝑺𝒕 = 𝒔𝒀𝒕
4. Equation de la consommation : 𝑪𝒕 = (𝟏 − 𝒔)𝒀
5. variation du stock de capital : Δ K = s Y

3-Postulats du modèle
On suppose que tous les facteurs de productions sont utilisés dans la production des biens et services.
Et que la fonction de production est de type Cobb Douglas à rendement d’échelle constant et avec un
progrès technique neutre au sens de Harrod.

Y=𝑲(𝒕)𝜶 (𝑨(𝒕)𝑳(𝑻))𝟏𝜶 avec α > 0

Paul Romer suppose que le progrès technique est le résultat de l’apprentissage par la pratique
(Learning by Doing) et que cet apprentissage par la pratique à son tour le résultat de la production de
nouveau bien d’équipements. On exprime donc le progrès technique (le stock de connaissance) comme
une fonction puissance en fonction du stock de capital de type :

𝑨 = 𝑩𝑲𝜷 Avec B>0 et β > 0

Le modèle suppose qu'il n'y a pas de dépréciation de stock de capital et que le taux d’investissement
c'est à dire d’épargne est constant et exogène. L'évolution du capital est donnée par l’expression
suivante.

ΔK=sY

Le taux de croissance de la population est exogène et constant, donc compte tenu de la définition du
progrès technique la fonction de production peut s'exprimer comme suite :
𝟏−𝜶
𝒀 = 𝑲𝜶 (𝑩𝑲𝜷 𝑳)

𝒀 = 𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝜶 𝑲𝜷(𝟏−𝜶) 𝑳𝟏−𝜶

Cette équation montre que le capital joue un double rôle dans le processus de production, premièrement
il contribué directement à la croissance économique et deuxièmement il contribué indirectement dans
l’accumulation des connaissances, alors en effet l’accumulation du capital peut accroître la production
de façon directe, mais il a aussi un deuxième effet via le développement de nouvelles idées par la non
rivalité et la non exclusivité qui permet de rendre le capital plus productif.

4-Dynamique de l’économie
Puisque ce modèle suppose qu'il n'y a pas d’appréciation de stock de capital, donc la dynamique de stock
de capital est donnée par la formule suivante :

𝒀 = 𝒔𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝜶 𝑲𝜷(𝟏−𝜶) 𝑳𝟏−𝜶

L’évolution de l’économie est commandée par le facteur capital qui joue un rôle plus large que le rôle lui
est assigné dans le modèle de Solow. Il est important toutefois de noter que les caractéristiques de la
dynamique de l’économie dépendent de la valeur prise par le paramètre β.
Si β < 1 le taux de croissance à long terme de l'économie est en fonction du taux de croissance de la
population, n.
Si β > 1, il y a une croissance explosive.
Si β = 1, il y a une croissance explosive si n est positif et une croissance régulière si n est égal à 0.
 Si n > 0 la croissance sera explosive
 Si n = 0 la croissance sera constante
Paul Romer considère le cas où (β =1 et n=0) La fonction de production s’écrit :
𝑌 = 𝐵1−𝛼 𝐾 𝛼 𝐾𝛽(1−𝛼) 𝐿1−𝛼
𝑌 = 𝐵1−𝛼 𝐾 𝛼 𝐾 1−𝛼 𝐿1−𝛼
𝑌 = 𝐾 𝐵1−𝜶 𝐿1−𝜶
𝒀=𝑨𝑲 avec 𝑨 = 𝑩𝟏−𝜶 𝑳𝟏−𝜶

Donc l’équation de la dynamique de capital s’écrit :

∆𝑲
∆𝑲 = 𝒔𝑨𝑲 => = 𝒔𝑨
𝑲

La dernière équation démontre que le stock de capital physique croît au taux constant sA et puisque la
fonction de production est linéaire en fonction de capital donc PIB de l’économie va croître aussi au
même taux.

5-Rendements d’échelle croissants


Paul Romer (1986) introduit la notion des rendements d’échelle croissants dans l’accumulation du
capital physique. Il explique cela en considérant l’accumulation du savoir A comme un « produit joint »
de l’activité économique des firmes. Cette notion de « produit joint » nous renvoie à l’hypothèse de la
non rivalité des idées qui estime que l’utilisation d’une idée par un producteur pour accroître son
efficacité productive n’empêche pas les autres producteurs à utiliser la même idée. Si la même unité de
travail ou de capital est unique à chaque producteur et ne peut être utilisée par de multiples
producteurs, la même idée peut être utilisée par plusieurs, ce qui potentiellement va engendrer un
accroissement de la productivité de chacun.
La fonction de production F(K,L,A) fait traditionnellement apparaître des rendements d’échelle
constants pour le capital et le travail (K et L). Paul Romer (1986) affirme que lorsqu’on endogenèse le
progrès technique A, cela induit à des rendements d’échelle croissants pour les trois facteurs K, L et A
du fait de la non rivalité. Dans ce sens, les rendements d’échelle sont constants si on suppose que A
représente le progrès technique exogène, mais ils seront croissant si A représente la prise en compte
des externalités positives.
Supposons une économie de N firmes identiques (indicées par i) ayant chacune une fonction de
production à rendement d’échelle constant.
Toutes les firmes sont identiques et possèdent le même stock de capital Ki(t) constant. On a alors A(t)=
NKi(t). Comme la production Y(t) est la somme des productions Yi(t) réalisées par l’ensemble des
firmes, ces dernières utilisent NLi(t) = L(t) et NKi(t) = K(t), c’est ce stock de capital qui introduit
l’externalité K(t)=A(t), chaque firme profitant du stock de capital accumulé par la non rivalité des idées.
Le progrès technique qui est neutre au sens de Harrod égal à la somme de tout le savoir dérivé de
l’investissement commun pour l’ensemble des entreprises Arrow [1962].

A(t) = ∑𝑵
𝒊=𝟏 𝑲𝒊 (𝒕)

𝒊=𝟏 𝑲𝒊 (𝒕) = K(t) Le stock de capital agrégée


Avec ∑𝑵

La production 𝒀𝒊 (𝒕) égal à la somme de production de toutes les firmes ainsi les facteurs de production
égale :
𝒀𝒊 (𝒕) = (𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 ( 𝑨(𝒕) 𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶

Fonction de production agrégée :

Y(t) = NYi(t) = 𝑵(𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑨(𝒕)𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶


= 𝑵(𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶 (𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶
𝑲(𝒕) 𝜶 𝑳
=N( ) (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶 (𝑵)𝟏−𝜶
𝑵

(𝑲(𝒕))𝜶 𝑳𝟏−𝜶
=N (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶 𝑵𝟏−𝜶
𝑵𝜶

(𝑲(𝒕))𝜶 𝑳𝟏−𝜶
=N (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶
𝑵𝜶 𝑵𝟏−𝜶

(𝑲(𝒕))𝜶 𝑳𝟏−𝜶
=N (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶
𝑵

= (𝑲(𝒕))𝜶 (𝑲(𝒕))𝟏−𝜶 𝑳𝟏−𝜶


= 𝑲(𝒕)𝑳𝟏−𝜶

Y(t) = 𝑲(𝒕)𝑳𝟏−𝜶
 Au niveau microéconomique :

F ( 𝝀𝑲 , 𝝀𝑨𝑳 ) = (𝝀𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝝀𝑨𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶


= 𝝀𝜶 (𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 𝝀𝟏−𝜶 (𝑨𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶
= 𝝀𝜶+𝟏−𝜶 (𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑨𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶
=𝝀 (𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑨𝑳𝒊 (𝒕))𝟏−𝜶

La fonction de production est homogène de degré 1 donc les rendements d’échelle sont constants au
niveau microéconomique
 Au niveau macroéconomique :

F ( 𝝀𝑲, 𝝀𝑳 ) = (𝝀𝑲(𝒕))𝟏 (𝝀𝑳)𝟏−𝜶


= 𝝀𝟏 (𝑲(𝒕))𝟏 𝝀𝟏−𝜶 𝑳𝟏−𝜶
= 𝝀𝟏+𝟏−𝜶 𝑲(𝒕)𝟏 𝑳𝟏−𝜶

La fonction de production est homogène de degré 1+1α supérieur à 1 donc les rendements d’échelle
sont constants au niveau macroéconomique.
Ce modèle fait distinction entre :
 Les rendements privés du capital, strictement décroissants
 Les rendements sociaux du capital, constants
La constance des rendements sociaux du capital va :
 Générer de la croissance à long terme
 Entraîner l’absence de convergence conditionnelle
On a

𝒀𝒊 (𝒕) = (𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑨(𝒕)𝑳𝒊 )𝟏−𝜶


La productivité marginale du capital privé est :

𝝏𝒀𝒊 𝒕
= 𝜶(𝑲𝒊 (𝒕))𝜶 (𝑨(𝒕)𝑳𝒊 )𝟏−𝜶
𝝏𝑲𝒊𝒕

Sachant que A = BK(t) les connaissances sont proportionnelles au stock du capital :

𝛛𝐘𝐢 (𝐭)
= 𝜶(𝑲𝒊 (𝒕))𝜶−𝟏 (BK(t) 𝑳𝒊 )𝟏−𝜶
𝛛𝐊𝐢 (𝐭)

= 𝜶𝑲𝒊 (𝒕)𝜶−𝟏 𝑩𝟏−𝜶 𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 𝑳𝒊 𝟏−𝜶


𝟏−𝜶
= 𝜶𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝒊 (𝒕)𝜶−𝟏 𝑳𝒊
𝟏−𝜶
= 𝜶𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝒊 (𝒕)−𝟏+𝜶 𝑳𝒊
𝟏−𝜶
= 𝜶𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝒊 (𝒕)−(𝟏−𝜶) 𝑳𝒊
𝟏
= 𝜶𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝒊 (𝒕)−(𝟏−𝜶)
𝑳𝒊 −(𝟏−𝜶)

𝑲𝒊 (𝒕) −(𝟏−𝜶)
= 𝜶𝑩𝟏−𝜶 𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 ( )
𝑳𝒊

= r(t)
𝑲𝒊
Chaque firme définit son de sorte que la productivité marginale du capital privé (PmKp) soit égale
𝑳𝒊
𝑲𝒊
au taux d’intérêt r dans l’ensemble de l’économie, cela signifie que toutes les firmes ont le même 𝑳𝒊
𝑲
qui est égale à l’agrégat 𝑳

On a
𝑲 (𝒕)
r(t) = 𝜶𝑩𝟏−𝜶 𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 ( 𝑳 𝒊(𝒕) )−(𝟏−𝜶)
𝒊

𝑲𝒊 𝑲
Posons =
𝑳𝒊 𝑳

𝑲(𝒕) −(𝟏−𝜶)
On obtient r(t) = 𝜶𝑩𝟏−𝜶 𝑲(𝒕)𝟏−𝜶 ( )
𝑳(𝒕)

= 𝜶𝑩𝟏−𝜶 𝑲𝒕−(𝟏−𝜶) 𝑲𝒕𝟏−𝜶 𝑳𝟏−𝜶


= 𝜶𝑩𝟏−𝜶 𝑳𝟏−𝜶
= 𝜶(𝑩𝑳)𝟏−𝜶
= 𝒓̅

Ce taux de rendement 𝒓̅ est constant dans le temps (avec n = 0) et dépend du taux d’accumulation des
connaissances grâce à l’investissement B, 𝜶 et de la taille de la population active.
Notons que la productivité marginale du capital social (PmKsocial) (variant de K à Ki) est plus grande
que la productivité marginale du capital privé (PmKprivé).

𝝏𝒀
PmKsocial = 𝝏𝑲𝒊 ( 𝒗𝒂𝒓𝒊𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝑲 à 𝑲𝒊 ) = (𝑩𝑳)𝟏−𝜶 > PmKprivé
𝒊

Les entreprises individuelles ils ne prennent pas en compte l’externalité sociale positive et que le taux
de croissance généré par le secteur privé sera inférieur que le taux de croissance socialement optimal .
Conclusion

Nous avons dérivé l'effet d'échelle d'un modèle qui suppose l'apprentissage par la
pratique et les retombées des connaissances. Ces éléments génèrent un effet
d'échelle sur les taux de croissance car ils impliquent des rendements constants
pour K et des rendements croissants pour K et L au niveau social. Un effet d'échelle
similaire se produirait si ce modèle de rendement des facteurs prévalait pour
d'autres raisons. Le modèle d'apprentissage par l'action et les retombées est
toutefois particulier en ce qu'il implique également des rendements d'échelle
constants pour les facteurs Ki et Li, qui sont choisis par une entreprise individuelle.
Si les rendements croissants s'appliquaient au niveau d'une entreprise, le modèle
serait incompatible avec la concurrence parfaite, car les entreprises seraient
incitées à croître arbitrairement afin de bénéficier de l'économie d'échelle. Nous
avons évité ce résultat en supposant que la technologie d'une entreprise dépend du
stock de capital agrégé, K, et que chaque entreprise néglige sa propre contribution
à cet agrégat. Cette spécification nous permet de maintenir l'hypothèse de
concurrence parfaite, mais elle implique également que l'équilibre concurrentiel
n'est pas Pareto optimal.
Références

Macroéconomie approfondie : croissance endogène (Jérôme GLACHANT)/page(1-3)


Un survol des théories de la croissance endogène Bruno Amable (Université de Paris X et
CEPREMAP) Novembre 2002/ page 4-5.
Arrow, Kenneth Joseph. "The economic implications of learning by doing." Readings in the Theory of
Growth. Palgrave Macmillan, London, 1971. 131-149.
Les théories contemporaines de la croissance, Pierre-Alain Muet /page 38
Romer, Paul M. "Increasing returns and long-run growth." Journal of political economy 94.5 (1986):
1002-1037.
BarroSalaIMartin2004/ page 211-217
Advanced macroeconomics (DAVID ROMER) page 119-121
Les nouvelles théories de la croissance, Dominique Guellec Pierre Ralle/page 47/92-97
Advanced Macroeconomics David Romer/page 119

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