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REPUBLIQUE DU TCHAD

UNIVERSITE DE N’DJAMENA

FACULTÉ DES SCIENCES EXACTES ET APLLIQUÉES

DÉPARTEMENT DE GÉOLOGIE

LABORATOIRE HYDRO-GEOSCIENCES ET RÉSERVOIRS

MASTER GÉOSCIENCES ET RÉSERVOIRS

COURS : DATATION DES EAUX


Master GéoRes & HydroSig

Par
Dr. MAHAMAT NOUR Abdallah

2022-2023
COURS: VOLUME HORAIRE ET OBJECTIFS
Volume horaire
10h de CM, 10h de TD et 10h de TP et 10h de TPE

Objectifs de ce cours

Ce cours permet de comprendre et de maitriser les concepts de base de la datation des


des eaux.

Ces cours seront enseignés en sept parties :

I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES

II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE

III. METHODE TRITIUM - 3H

IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

VI. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6 2


I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES
I.1. Pourquoi dater une eau?

ü La durée de son temps de transfert de son point d’infiltration vers son exutoire naturel ou non

ü L'âge de l'eau souterraine (ou son temps de résidence) correspond à la durée que l'eau a
mis de son point d'infiltration jusqu'au point où elle est prélevée (captage, forage, puits,
source ou rivière).

3
I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES
I.1. Pourquoi dater une eau?

L’estimation de l’âge de l’eau est donc une information de premier ordre pour :
ü connaitre le temps de renouvellement de l’eau dans la nappe;
ü calibrer les modèles hydro- géologiques;
ü prédire la vulnérabilité́ de la nappe aux pollutions et
ü assurer une gestion efficace de l’aquifère.

I.2. Que date t-on?

ü H2O ü Eléments dissous ü Gaz dissous ü Particules


4
I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES

I.3. Outils de datation en hydrogéologie

Il existe deux types d’outils permettant l’estimation de l’âge des eaux souterraines :

ü la modélisation hydrodynamique et

ü les traceurs chimiques et isotopiques.

La datation des eaux par les traceurs isotopiques ou chimiques se base sur deux préceptes :

• l'âge se réfère au temps écoulé depuis que le traceur est introduit dans le système et
isolé de l'atmosphère et,

• on se réfère à la datation de l'eau mais ce qui est daté c'est l'élément chimique ou
isotopique dissous dans l'eau souterraine.

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I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES

1.4. Traceurs géochimiques et isotopique

L'âge de l’eau souterraine


ü Traceurs
ü Les traceurs radioactifs
ü Les traceurs événementiels

Une approche directe à l’aide de traceurs permet l’observation de temps de résidence


Un traceur idéal est une substance qui se comporte dans le système exactement comme
le fluide tracé.
Un traceur idéal de l’âge de l’eau est un composé :
ü inerte vis-à-vis des processus biologiques et chimiques
ü facilement mesurable à des concentrations faibles

6
I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES

1.4. Traceurs géochimiques et isotopique

7
I. ÂGE DES EAUX SOUTERRAINES

1.4. Traceurs géochimiques et isotopique

8
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.1. Classification des temps de résidence des eaux souterraines

Le temps de résidence est estimé selon 3 modelés de circulation des eaux souterraines qui
sont :

ü Le modèle Piston : ce modèle considère que la zone de


recharge de la nappe est localisée et que toutes les lignes
d’eau arrivant au forage ont parcouru la même distance et
qu’elles ont donc le même « âge ».

ü Le modèle Exponentiel : l’ouvrage capte une multitude de


ligne d’eau couvrant l’ensemble des temps de résidence
possible en fonction de la portion de nappe alimentant le
captage.

ü Le modèle Mélange : ce modèle correspond à un


mélange de deux nappes aux temps de résidence
moyens (modèle piston) différents. 9
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE

10
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.2. Âge moyen d’une eau

Un échantillon d’eau souterraine est l’intégration de nombreuses lignes de flux, le résultat de la


datation ne représente pas un âge « unique » mais plutôt une moyenne pondérée d'une
distribution de l’âge des eaux souterraines.
L’âge estimé par les traceurs chimiques est considéré́ et nommé âge « apparent ».

11
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.3. Âge moyen d’une eau

En effet, au niveau des matériaux dans lesquels les eaux circulent, plusieurs types d'eaux
peuvent être rencontrés (eau immobile, eau liée, eau libre) où des mécanismes de diffusion et
12
de dispersion vont troubler le signal d'âge de l'eau.
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.3. Âge moyen d’une eau

La datation des eaux est subjective dans la mesure où, dans un système naturel, le prélèvement
d'eau au niveau d'une source, d'une rivière ou d'un forage, plusieurs lignes de courant sont
mobilisées simultanément. Elle représente en réalité un mélange d'eaux ayant des
caractéristiques différentes dans des proportions données. Par conséquent, l'âge d'une eau n'est
jamais une valeur discrète, mais représente une moyenne des âges des différentes eaux. On
parle alors d' "âge moyen" ou de "temps de résidence moyen" des eaux. 13
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.4. Écoulement en milieux poreux: loi de Darcy

14
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.5. Gradient hydraulique

15
II. APPROCHE HYDRODYNAMIQUE
II.6. Carte piézométrique

16
MÉTHODE DE LA RADIOCHRONOLOGIE:
TRAÇEURS GEOCHIMIQUES ET ISOTOPIQUE

18
III. METHODE TRITIUM – 3H

III.1. Définition

Radio-isotope de l’hydrogène :
ü Traceur intrinsèque de la molécule d’eau
ü Il se désintègre en hélium-3 (3He) avec émission d’un rayonnement beta de faible énergie
ü Sa période ou demi-vie radioactive est de 12,32 ans
ü La teneur en tritium des eaux naturelles est exprimée en unités de tritium (UT). L’unité
tritium (UT) correspond à un atome de tritium pour 1018 atomes d’hydrogène 1 UT = 0.118
Bq/kg = 1.11 10-16 mol/kg = 6.68 107 at/kg 1 Bq/kg = 8,47 UT=10-15 mol 19
III. METHODE TRITIUM – 3H
III.2. Origine du tritium: production naturelle du tritium (3H)

Interaction du rayonnement cosmique sur certains composants de l’atmosphère (d’environ 3.5 kg)

Environ 99 % du tritium ainsi produit, se transforme en eau tritiée et s’intègre au cycle normal de
l’eau:

20
III. METHODE TRITIUM – 3H
III.3. Origine du tritium: production artificielle du tritium (3H)
ü Fabrication des armes thermonucléaires (Bombe H)
ü Émissions par les réacteurs nucléaires: le tritium est formé comme produit de la fission de
l’uranium et du plutonium, et par de réactions sur des éléments du circuit primaire (B, Li)
ü Rejets par les usines de retraitement de combustible irradiés
ü Installations industrielles: agent de scintillation dans les peintures (tubes et montres radio-
luminescents)

Les explosions nucléaires atmosphériques (essais


militaires) ont dissémine jusqu’en 1970 une grande
quantité de tritium estimée a 2,4 1020 Bq (> 650 kg).

21
III. METHODE TRITIUM – 3H
III.4. Cycle hydrologique du Tritium

22
III. METHODE TRITIUM – 3H
III.5. Teneur en tritium avant les tests nucléaires

A partir d’échantillons de vin d’âge connu, Begemann (1959) et Roether (1967) ont
estimé que la teneur en 3H naturel avant le début des séries de tests nucléaires dans
les années 50, étaient d’environ 5 UT.

23
III. METHODE TRITIUM – 3H
III.6. Pic du tritium

Depuis 1963, date du traité limitant


les essais nucléaires en
atmosphère, les activités en tritium
dans l’atmosphère diminuent.

24
III. METHODE TRITIUM – 3H

III.7. Estimation des temps de séjour : principes

25
III. METHODE TRITIUM – 3H

III.7. Estimation des temps de séjour : principes

!! = !!"#!"# 26
III. METHODE TRITIUM – 3H

III.9. Période de référence du 3H

Tritium est un traceur très utile pour l’identification des eaux modernes
ü Pour les aquifères continentaux
• < 0,8 UT: recharge sub-moderne (avant 1952)
• 0,8 à 4 UT probable mélange entre recharge sub-moderme et récente
• 5 à 15 UT: présence de 3Hthermonucléaire
• >30 UT: une large composante de la recharge entre 1960 et 1970
• >50 recharge essentiellement dans les années 60

ü Pour les aquifère côtiers et les basses latitudes


• < 0,8 UT: recharge sub-moderne (avant 1952)
• 0,8 à 2UT probable mélange entre recharge sub-moderme et récente
• 2 à 8 UT: présence de 3Hthermonucléaire
• 8 à 20 UT: une large composante de la recharge entre 1960 et 1970
• > 20 recharge essentiellement dans les années 60

29
III. METHODE TRITIUM – 3H

III.10. Exercice d’application

Des échantillons d’eau souterraines d’un aquifère confiné ont des teneurs
en tritium inférieurs à < 0,1UT en 1996.
En faisant l’hypothèse que le système aquifère se comporte comme un
modèle piston idéal, déterminer quel est l’âge minimum de ces eaux?

30
IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

IV.1. Source d’Hélium 3He

Le tritium est un isotope radioactif de l’hydrogène, se forme dans l’atmosphère suite à une réaction
nucléaire entre des atomes d’azote et les neutrons du rayonnement cosmique, il se désintègre suivant
une désintégration β en 3He:

Le 3He se forme également dans la croûte terrestre (principalement dans les roches cristallines) suivant la
réaction:

Les concentrations en hélium observées dans les eaux souterraines sont de l’ordre de 10−5 à 10−2
mL(STP) d’He/mL d’eau.

Le produit fils résultant 3He est stable et chimiquement inerte. 31


IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

IV.1. Source d’Hélium 3He


La méthode 3H/3He se base sur l’hypothèse que tout le 3He de l’échantillon d’eau est
tritiogénique (provient de la désintégration du 3H). Or une partie du 3He peut être d’origine
terrigène (origine mantellique et crustale), une autre partie peut provenir de l’équilibre initial entre
l’eau et les gaz atmosphériques.
La difficulté de cette méthode réside dans la séparation de l’hélium tritiogénique (issu de la
décroissance radioactive du tritium) des autres sources d’hélium présentes dans l’échantillon
prélevé.
La concentration en hélium tritiogénique est obtenue en soustrayant chacune des autres
composantes à la valeur mesurée :

Avec : Rm : rapport 3He/4He mesuré; Ra : rapport 3He/4He atmosphérique; Rterr : Rapport 3He/4He terrigène : pourrait être
déduit d’une eau où il n’y a pas de tritium et où on attribue l’ensemble de l’hélium à la production par désintégration radioactive.
Pour les roches cristallines ce rapport a habituellement une valeur proche de 2.10-8 avec une gamme de variation pouvant aller
de 5,7.10-9 à 7,1.10-8, α : fractionnement isotopique lié à la solubilisation (0,983), 4Hem: concentration en 4He mesurée en cm3
STP; 4Heeq: concentration en hélium 4 en cm3 STP à l’équilibre avec l’atmosphère (solubilité, à 12°C : 4,606.10-8 cm3/g); 4Heter :
concentration en hélium terrigène en cm3 STP
32
IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

IV.2. Principe de datation par la méthode 3H/3He

L’utilisation du 3H pour déterminer le temps de résidence des eaux souterraines («âges»), dépend
de la bonne connaissance des entrées en 3H à partir des précipitations atmosphériques.

Si la teneur initiale en 3H des


précipitations efficaces est
3H , la teneur après un
0

temps de résidence t, 3H ,
t

est:

!! = !! #!"#
" #

L’étude de la relation entre 3H et 3He permet de déterminer des


âges sans connaître la fonction d’entrée du tritium. 33
IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

IV.2. Principe de datation par la méthode 3H/3He

ü La quantité de 3He produite pendant ce temps équivaut à la quantité du 3H perdue par


désintégration.
ü Si l’eau est isolée de l’atmosphère, l’3He se comporte comme un traceur accumulatif.
ü En mesurant à la fois l’activité du père (3H) et du fils (3He) un âge réel de l’eau peut
être calculé, à condition que les échantillons ne soient pas issus de mélanges et
prélevés dans un aquifère avec un écoulement de type piston.

3He
tri t = 3H 0 − 3H t
Concentration

= 3H 0 . 1 − e!"#
= 3H t . (e"# − 1)

. %34 (-)
&'(
- = 01 . + %
Temps / 3(-)
34
IV. METHODE TRITIUM - HELIUM

IV.3. Unités usuelles du 3H et 3He

ü Pour calculer des âges 3H - 3He, les concentrations de ces 2

isotopes doivent être exprimées dans la même unité

ü Les teneurs en 3H est généralement exprimées en UT (= 3H/1H.1018)

1 UT =2/MH2O.10-18 mol/g = 1.11.10-19 mol/g

ü Les teneurs en 3He sont généralement exprimées en cm3STP/g

STP: « Standard Temperature and Pression »

T = 0°C, P= 1 atm

volume à STP: volume d’une quantité donnée de gaz à STP

1 mol = 22414 cm3STP

(PV = nRT; R = 8,3144621J .K-1.mol-1

ü Conversion 3He en 3H: 1 cm3STP/g = 4.019 1014 UT 35


38
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.1. Abondance

Le carbone est un élément trace à l’échelle de la terre possède 3 isotopes:

39
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE
V.2. Pic de 14C dans l’atmosphère
ü La teneur en 14C du carbone atmosphérique n’a pas toujours été identique à celle observée
aujourd’hui.
ü L’augmentation importante du taux de 14C dans l’atmosphère du fait des explosions
nucléaires est de plus grande importance pour les hydrologues.
ü Dans l’hémisphère Nord, le pic de concentration s’est produit au printemps 1963, atteignant
le double de la concentration naturelle. Dans l’hémisphère sud, une augmentation plus
graduelle a eu lieu.

40
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.3. Production du radiocarbone

Le 14C est produit dans la haute atmosphère par réaction de neutrons cosmiques avec
l'azote ; au cours de cette réaction, l'azote et les neutrons qui interagissent produisent le 14C

et un proton ; soit la réaction :

Le 14C, radioactif se désintègre par radioactivité β en redonnant du 14N selon la réaction :


14C ------> 14N7 + b (T = 5730 ans)
6

Cette désintégration suit la loi :


soit : 14C = 14C0.e-lt .
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.3. Production du radiocarbone

Au travers des échanges avec le carbone dissous océanique (primairement du bicarbonate), la


plupart des molécules de 14CO rejoignent l’océan et entrent dans la composition des
2

organismes marins vivants. Une partie est également assimilée par les plantes terrestres, de
telle sorte que tous les autres organismes vivants, végétaux et animaux, contiennent du 14C en
concentrations à peu près équivalentes à celles du CO2 atmosphérique.
42
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.4. Cycle du radiocarbone

Le 14C est formé constamment dans l'atmosphère et est incorporé dans les molécules de CO2 et est
introduit de cette façon dans le cycle du carbone. Le 14C, au même titre que le 12C (stable), est alors
fixé dans les végétaux ou animaux. Le rapport (14C/12C)0 dans l'atmosphère est une constante et est
connu. Tous les êtres vivants ont ainsi un rapport (14C/12C)0 constant. Pour un être vivant, l'instant t0
coïncide avec sa mort, dès lors qu'il n'y a plus d'échanges avec le CO2 atmosphérique.
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C

On peut voir selon l'équation de la désintégration que connaissant (14C/12C)0 et mesurant


14C/12C, on peut calculer l'âge de la mort de l'organisme.
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C

On peut voir selon l'équation de la désintégration que connaissant (14C/12C)0 et mesurant 14C/12C,

on peut calculer l'âge de la mort de l'organisme.


V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C

Carbone inorganique
dissous: Végétation et sols

Les plus fortes teneurs en 14C ont été progressivement intégrés à la végétation du sol, et sont
devenus détectables dans le CO2 gaz, présent dans le sol, qui joue un rôle majeur dans la
formation du carbone inorganique total dissous des eaux souterraines.
Le CO2 généré dans les sols par la dégradation des restes organiques de plantes et par la
respiration racinaire est relativement jeune et donc, contient à peu près la concentration du 14C

atmosphérique (14a = 100%).


V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C

Représentation schématique de la formation de carbone inorganique dissous dans les eaux


souterraines. Les pourcentages sont des valeurs de 14a indicatives pour la dissolution des
carbonates, qui est le processus le plus fréquent dans la plupart des systèmes
hydrogéologiques. La valeur de 14a du HCO3− des eaux souterraines de 50% implique des
valeurs plus élevées de 14a pour le carbone total dissous, en raison de l’ajout de CO2 et de
l’échange isotopique avec le CO2 du sol.
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C

ü L’activité en 14C d’un échantillon (14Aech) est mesurée et rapportée relativement à un standard
ü Le standard utilisé (usuellement un acide oxalique) est tel qu’il est proche de la teneur actuelle
en 14C des plantes
ü Par définition,
14A = 100 pmC
StandardNorm

pmC = % de carbone moderne


ü On utilise comme référence deux Standards internationaux (Acide Oxalique Ox1 et Ox2) tels
que:
14A = 100 pmC
StandardNorm
14A = 0.95x14AOx1 (1950)
StandardNorm

= 0.7459 x 14AOx2(1950)
= 13.56+-0.07 dpm/gC
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.5. Principe de datation par le 14C


ü Pour les âges 14C, toutes les activités sont reportées à l’année 1950
14A = 14AEch (1950)
Ech(0)

ü Pour que des échantillons de nature différentes (bois vs corail) de même âge est la même
activité 14C, on normalise les activités 14C à la valeur de la biomasse « moyenne » δ13C=-
25% pour corriger du fractionnement entre les différents réservoirs de carbone.

14A
25 + δ13C
EChNorm = 14AEch 1−2 14A
1000 14a = 14
Ech
= 14a(1950)
AStandardNorm
Qui est une approximation de:
14A
EchNorm
1 + δ 13C
Ref
2 14a
Norm = 14
14A
EchNorm = 14.
,-ℎ AStandardNorm
1 + δ13C,-ℎ 2
14A
0.975 2
EchNorm =
14a
14A
0.9752 1 + δ13CEch 2
EchNorm =
14.
,-ℎ
1 + δ13C,-ℎ 2
49
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.6. 14C dans le Carbone Inorganique Dissous (CID)

En général, la formation du CID dans les eaux souterraines

consiste essentiellement en deux processus:

ü la dissolution de carbonates par H+ du H2CO3 à partir du

CO2 atmosphérique ou du CO2 du sol, ou des acides

organiques,

ü l’échange isotopique avec le CO2.

50
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.6. 14C dans le Carbone Inorganique Dissous (CID)

Le radiocarbone entre dans les eaux souterraines par l’intermédiaire du CO2


atmosphérique via le sol . La datation est basée sur la décroissance radioactive de
la teneur en 14C du carbone inorganique dissous (CID ou DIC) . Le temps de séjour
moyen (ts) de l’eau entre la zone de recharge et le lieu de prélèvement est donné
par la formule :

Ts = 8267. Ln (A0/At) en années.

ü A0 = l’activité initiale en 14C du carbone inorganique dissous (CID).


ü At = L’activité résiduelle en 14C de CID mesuré dans des échantillons d’eau de
cette nappe.
ü A0 et At sont exprimés en pour cent de carbone moderne (pcm), avec 100 pcm
=13,56 ± 0,07 désintégration par minute et par gramme de carbone .
51
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.6. 14C dans le Carbone Inorganique Dissous (CID)

Via les processus d’érosion et de re-sédimentation, les carbonates fossiles composent


généralement une partie des sols terrestres. Là, ils peuvent être dissous par l’action du CO2 du
sol qui est dissous par les eaux de pluie qui s’infiltrent. Dans ce processus, le carbone
inorganique total dissous des eaux souterraines contient également du 14C.
Comme le carbonate est vieux et donc dépourvu de 14C (14a = 0%). Le bicarbonate produit par
la réaction:
CO2 + H2O + CaCO3 → Ca2+ + 2HCO3−. L’échange isotopique avec le CO2 du sol ou le CO2
atmosphérique conduira à des concentrations plus élevées en 14C de la fraction du carbone
inorganique des eaux souterraines récentes, en combinaison avec des teneurs en 13δ plus
faibles ou plus élevées respectivement. Le niveau accru en 14C du CO2 atmosphérique depuis
1963 peut marquer les teneurs en 14C de la matière organique des sols et le CO2 du sol, qui
peut parfois excéder la valeur naturelle de l’atmosphère.

52
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.6. 14C dans le Carbone Inorganique Dissous (CID)

Si les 14a sont connues et si aucun carbone n’entre ou ne s’échappe de l’eau


i

souterraine en fonction du temps, l’âge de l’eau (depuis son infiltration) serait de

53
V. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE RADIOCARBONE

V.6. 14C dans le Carbone Inorganique Dissous (CID)

ü Asol est l’activité en 14C du CO2 du sol


A0 = ARecharge = q x Asol ü q: facteur de dilution
Gamme de valeurs de q:
!" !"
A t = A0. e! = q x Asol e! ü système karstique: 0,65 < q <0,75
ü aquifère sédimentaire avec des ciments
1 A(t) carbonatés: 0,75 < q < 0,9
t = − ln
λ q x ASol ü aquifère dans des roches cristallines: : 0,9 < q < 1

Réservoirs utilisés dans les modèles:


• Carbone Total Inorganique dissous (TDIC) mesuré dans l’eau
• Carbone du CO2 (gaz) du sol généralement caractérisé par Asol= 100 pmC et δ13Csol = -25‰
• Carbone des carbonates de calcium de la matrice (e.g. calcite) généralement caractérisé par
Asol = 0 pmC et δ13Csol = 0‰ 54
DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

56
VI. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

VI.1. Abondances

ü Le chlore a 9 isotopes avec des nombres de masse s’étendant de 32 à 40. Seulement trois
de ces isotopes existent à l’état naturel :
ü le 35Cl stable (75,644 %),
ü le 37Cl stable (24,077 %) et
ü le 36Cl radioactif (Trace).

ü Le rapport du nombre de noyaux de 36Cl au nombre total de noyaux de Cl présents dans


l’environnement est de 7,0.10–13 actuellement. Le «chlore 36» (36Cl) se désintègre
essentiellement en « argon 36 » (36Ar).

ü La demi-vie du 36Cl est de 301.103 ans. Cette


valeur le rend approprié pour dater
géologiquement les eaux souterraines sur une
durée de soixante mille à un million d’années.
57
VI. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

VI.2. Production naturelle

ü Dans l’atmosphère et la couche superficielle du globe, la spallation par les rayons


cosmiques de l’argon 40, du potassium et du calcium sont à l’origine d’environ 15 tonnes de
36Cl dont 70 % se trouveraient dans les océans.
ü Dans le sous-sol l’activation du chlore 35, sous l’action des neutrons issus de la
désintégration des éléments des chaînes de décroissance du l’uranium et du thorium,
conduit à la formation de chlore 36. Les estimations des quantités produites par cette
réaction sont très imprécises et fluctuent de 300 à 3 000 tonnes.

58
VI. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

VI.3. Production artificielle


ü Explosions nucléaires atmosphériques
Pendant la période 1945-1962, les essais nucléaires atmosphériques ont libéré dans
l’environnement de faibles quantités de 36Cl issus de l'activation du chlore 35 d’origine marine.
La quasi totalité s’est déposée au sol sur l’ensemble de la planète.

ü Genèse au sein des réacteurs


nucléaires
Le chlore 36 se forme dans le cœur des
réacteurs par activation du chlore stable
présent à l'état d'impuretés dans le
combustible. Ce chlore est susceptible
d'être rejeté dans l'environnement sous
forme d'effluent gazeux lors des opérations
de retraitement et il est donc présent dans
59
les déchets.
VI. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LE CHLORE 36

VI.4. Application et principe

Le 36Cl est adapté pour dater les eaux souterraines anciennes, les eaux vieilles de plus
de 50000 ans. Pour des eaux souterraines profondes, il y a deux sources de 36Cl:
ü la source cosmogènique, représentée 36R0 le rapport 36Cl/Cl et
ü la production souterraine de 35Cl par activation des neutrons, représentée par le
rapport 36Rse.
Le rapport actuel à mesurer dans les échantillons d’eaux est alors:
36R = 36R0 e−λt + 36Rse (1 − e−λt)
A partir de cela, l’âge de l’eau est :
5 898 − 898
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VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6

VII.1. Définition

Le chlorofluorocarbone ou fréon est


un gaz de réfrigérateur

L'hexafluorure de soufre (SF6) est


un gaz qui fut utilisé notamment
comme isolant électrique.

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VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6

VII.2. CFCs et SF6 dans l’atmosphère


Les CFCs et le SF6 sont des traceurs dits évènementiels, leur application directement du fait
qu'ils possèdent des concentrations spécifiques à une date donnée. Par conséquent, la mesure
de la teneur de ces gaz dissous dans une eau souterraine donne une indication sur la période à
laquelle celle-ci a été isolée de l'atmosphère. Plus elle est élevée, plus l'eau est récente.

Contrairement aux concentrations en SF6 qui ne cessent de croître dans l’atmosphère,


l’évolution des concentrations en CFC présente un plateau à la fin des années 1990 puis une
décroissance des concentrations liée à l’application du protocole de Montréal en 1985 visant à
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supprimer les CFC.
VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6

VII.3. Datations pour les eaux récentes

Les CFC sont eux caractéristiques des eaux récentes, infiltrées au cours des 50 dernières
années. Ce sont donc des traceurs contemporains de l’intensification des activités anthropiques
tant au niveau agricole que technologique. 64
VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6

VII.4. Principes de datation des eaux avec les CFCs

Le succès de la datation des eaux souterraines à partir du dosage des CFC repose sur
quatre conditions principales :
1) L’aquifère n’est pas contaminé en CFC par des sources anthropiques (décharges
sauvages où auraient pu être stockés des réfrigérateurs , site situé à proximité d’une
zone industrielle utilisant ou ayant utilisé des CFC dans leurs processus industriels…).
2) Les concentrations en CFC n’ont pas été altérées par des processus biologiques,
géochimiques ou hydrologique ayant conduit par dilution ou dégradation à une baisse
significative des concentrations en CFC dans l’eau.
3) La température moyenne du sol doit pouvoir être estimée pour calculer le facteur de
solubilité.
4) La méthode de prélèvement doit permettre un échantillonnage sans contact
atmosphérique ou avec toute autre source de CFC.

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VII. DATATION DES EAUX SOUTERRAINES PAR LES CFCs et SF6

VII.4. Principes de datation des eaux avec les CFCs


La datation des eaux souterraines au travers de l’analyse des CFC et du SF6 permet de
fournir des éléments de réponses sur la dynamique des aquifères sur les 60 dernières années
(eaux postérieures à 1950).
Cette méthode se base sur le principe de conservation de la signature atmosphérique que
l’eau acquiert au moment où elle pénètre dans la nappe d’eau souterraine. Les traceurs
gazeux présents dans l’atmosphère passent la zone non saturée selon un transport diffusif
avant d’entrer dans l’eau souterraine sous forme de gaz dissous suivant la loi d’Henry.

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Figure 2 : Schéma de principe de la datation par les CFC-SF6

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