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PROTOCOLE PÉDIATRIQUE N°2

SURVEILLANCE DE L’ICTÈRE
NÉONATAL
CHEZ LE NOUVEAU-NÉ À TERME
OU PROCHE DU TERME

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PROTOCOLE PÉDIATRIQUE N°2
SURVEILLANCE DE L’ICTÈRE NÉONATAL CHEZ LE NOUVEAU-NÉ À TERME
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Suivi des modifications


Date de la
N° version Rédaction Relecture Validation
validation
Anne Cortey,
Rapporteur pédiatre
Dr Anne Marie responsable du
Conseil
1 01/07/2016 Maillotte CNRHP clinique et
Groupe de travail scientifique
coordinatrice du
régional groupe de travail
ictère de la SFN

MENTION RESTRICTIVE : « Ce protocole de soins est proposé à titre indicatif, et ne saurait être
opposable au cas où le praticien en charge du patient estimerait qu’une conduite différente serait
plus appropriée, dans le cas général ou dans un cas particulier »

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L’enjeu de la prise en charge de l’ictère est la prévention des risques neurologiques liés aux
hyperbilirubinémies libres.

Les stratégies de prévention sont :


- Le dépistage universel et organisé avec quantification de l’ictère (BTs ou dosage sanguin
de bilirubine) quotidienne au minimum et cinétique individuelle et recherche des facteurs de
risque.
- Le soutien précoce et cohérent à l’allaitement maternel.
- Information des parents orale et écrite (fiche à donner aux parents).
- Organisation de la surveillance après le retour à domicile.

Hyperbilirubinémie à « risque neurologique » : bilirubinémie totale >340 µmol/L dans les


96 premières heures de vie (nouveau-né à terme) ou 420 µmol/L au-delà des 96 premières
heures.

1. DÉPISTAGE DE L’ICTÈRE

A. Les facteurs de risque d’ictère sévère sont les suivants :

 Âge gestationnel < 38 SA


 Allaitement maternel inefficace et/ou perte de poids >8 %
 Ictère précoce (< 24 premières heures)
 Allo-immunisation maternelle
 Antécédent d’ictère traité dans la fratrie.
 Bosse séro-sanguine ou hématomes significatifs (céphalhématome)
 Groupe à risque de déficit en G6PD (cf. carte)
 Polyglobulie

B. Le dépistage et la surveillance de l’ictère en maternité :

Le dépistage en maternité concerne tous les nouveau-nés.


Utiliser le bilirubinomètre transcutané
Les mesures doivent être faites sur un site tenant compte de la progression céphalo-
caudale de l’ictère (2 mesures sur le front, 2 mesures sur le sternum, la valeur retenue
étant la plus haute) à distance (> 12h) de toute séance de photothérapie.
Attention aux unités de mesure µmol/l ou mg/l : il est recommandé d’utiliser les
micromoles.

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Le contrôle par un dosage de la bilirubine sanguine (BTs) est obligatoire si la valeur
affichée sur le bilirubinomètre (BTc) est supérieure à 250 µmol/l, s’il existe une grande
discordance entre l’aspect clinique et la valeur affichée et pour confirmer l’indication
de photothérapie.

C. Modalités de la surveillance :

 En cas de facteur de risque :


Première mesure en arrivant en suites de couche puis surveillance toutes les
8 heures à partir de la naissance jusqu’à la sortie.

 En l’absence de facteur de risque :


Première mesure en arrivant en suites de couche, puis mesure de la bilirubine
transcutanée une fois par jour.

Les mesures de BTc sont à interpréter en fonction de l’âge post-natal en heures par
comparaison aux valeurs normales de bilirubinémies exprimées en nomogramme.
(Courbes de l’AAP en annexe)

2. PRÉPARATION DE LA SORTIE DE MATERNITÉ

Il est recommandé de faire au cours du séjour et à la sortie de maternité une information


des parents orale et écrite (fiche à donner aux parents) sur l’ictère et ses risques.
Il est également recommandé d’utiliser une courbe nominative pour chaque enfant afin
d’y reporter les résultats des biliflash (meilleure appréciation de la cinétique).

Avant la sortie, si celle-ci a lieu avant les 120 premières heures, reporter le dernier chiffre
de bilirubine sur le bilitool :

http://bilitool.org (application mobile possible)

ou utiliser le nomogramme de Bhutani pour le rythme de surveillance ultérieure après


la sortie (annexe 3).

Si la surveillance recommandée n’est pas possible, il convient de reporter la sortie


(fonction de l’organisation propre à chaque service).

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3. TRAITEMENT

A. Photothérapie (cf. annexe 2 )

 Avant toute photothérapie, confirmer l’intensité de l’ictère par une mesure


plasmatique de la bilirubine. Ceci n’empêche pas de débuter la photothérapie
surtout si l’ictère est précoce et intense.

 Les courbes utilisées sont celles de l’AAP (cf. annexes 3 et 4) ; si suspicion


d’hémolyse, considérer que l’enfant présente une anémie hémolytique avant la
confirmation.

 Les autres facteurs aggravants, faisant changer de courbe sur le nomogramme de


l’AAP, concernent par ailleurs les enfants hospitalisés (sepsis avec instabilité
thermique et/ou hémodynamique, encéphalopathie anoxo ischémique). NE PAS
CONFONDRE FACTEUR DE RISQUE D’ICTÈRE et FACTEUR AGGRAVANT DE L’ICTÈRE.

a. En cas d’ictère peu sévère :

- photothérapie intensive si possible, prescrite par séances de


3 heures (2 ou 3 séances)

- en l’absence de dispositif de photothérapie intensive, débuter le


traitement pour une valeur de dosage de bilirubine sanguine 50 µmol/l
plus bas

- contrôler le taux de bilirubine sanguine 6 heures après l’arrêt de la


photothérapie. Au minimum poursuite des contrôles par voie
transcutanée toutes les 12 heures pendant 24 heures minimum en
maternité (rebond possible)

b. En cas d’ictère précoce et/ou sévère (proche de la zone d’exsanguino-


transfusion) et/ou progression > 8.5 µmol/l /h (soit > 70 µmol en 8 heures)

Photothérapie intensive continue (uniquement courtes poses pour


alimentation).
Contrôle de la bilirubine plasmatique 4 à 6 heures après le début de la mise
en route de la photothérapie (le taux doit avoir diminué d’au moins
34 µmol/l). Discontinuation de la photothérapie possible après contrôle de
la bilirubine selon la rapidité d’efficacité. Le cas échéant, poursuite de la
photothérapie continue (possible de 24 à 72h).

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Si la bilirubine plasmatique de contrôle continue d’augmenter dans la zone
d’EST malgré la photothérapie intensive, poser l’indication d’une
exsanguino-transfusion.

En attendant le sang total reconstitué, bien que le niveau de preuve soit


insuffisant, la perfusion d’albumine 20% 1.5 g/kg sur 20 minutes pourrait
potentialiser l’efficacité de l’EST.

B. Les immunoglobulines polyvalentes

 Indications :
En cas de progression de l’hyperbilirubinémie dans les ictères par immunohémolyse
confirmée malgré une photothérapie intensive bien conduite ou si le taux de
bilirubine est à 35 à 50 µmol/l du seuil d’exsanguinotransfusion.

 Posologie :
1g/kg/j (Rythme de perfusion selon indication du laboratoire), à renouveler 12 heures
après si besoin.

C. Perfusion d’albumine

L’usage de l’albumine à la dose de 1,5 g/kg (perfusion sur 4 heures d’une solution
d’albumine à 20% diluée de moitié avec du Nacl à 9 ‰) peut s’envisager comme
adjuvant thérapeutique à la photothérapie intensive dans les hyperbilirubinémies
indiquant une exsanguino-transfusion (ou 50 µmol/l en dessous du seuil) en attente
de sa réalisation.

D. Exsanguino-transfusion (EST)

Les indications (courbes) et procédures sont en annexes 4 et 5.

E. Traitements NON recommandés :

 Gardénal

 Exposition au soleil

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4. INDICATIONS DE TRANSFERT :

 Exsanguino-transfusion (niveau III)

 Indications de photothérapie intensive continue dans le cadre d’un ictère sévère et/ou
précoce (niveau II)

5. ICTÈRE ET ALLAITEMENT MATERNEL : 2 situations bien distinctes

 Début J2-J4, max J6-J7, mauvaise courbe pondérale : difficultés d’allaitement


(activation du cycle entéro-hépatique) ; facteur aggravant le risque d’ictère sévère.

 Début après J4 avec bonne courbe pondérale et bilirubine < 350 µmol/l : diagnostic
d’élimination (ictère au lait de mère).

6. BILANS

A. Allo-immunisations (50% des ictères sévères)

Si ictère précoce et/ou intense, penser également à l’association avec un déficit en


G6PD (20% des ictères sévères ou prolongés).

B. Ictère sévère ou précoce en l’absence d’allo-immunisation

 NFS, réticulocytes, CRP, groupe sanguin, TDA (ou test direct à l’antiglobuline), si
celui-ci n’a pas été prélevé au sang du cordon.

 DOSAGE G6PD : si ictère de profil hémolytique (précoce ou à rebond ou évolution


brutale vers J3-J4) avec origine géographique familiale (cartographie mondiale en
annexe 6) ou antécédents familiaux de déficit en G6PD (surtout si garçon, mais pas
exclusivement). Un résultat normal à la naissance n’élimine pas le diagnostic si
prélèvement réalisé en crise hémolytique et/ou si le sujet est hétérozygote mais
symptomatique : dans ces cas, contrôle à 3 mois.

 AUTRES DÉFICITS ENZYMATIQUES DU GLOBULE ROUGE :


Si aucune autre cause retrouvée, réaliser un contrôle à 3 mois (ou 4 mois si EST
réalisée) à la recherche d’autres maladies de membrane du globule rouge :
sphérocytose, pycknocytose, elliptocytose (frottis examiné par un hématologue
expérimenté, associé à une ektacytométrie et un test EMA (Laboratoire

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d’Hématologie biologique, Hôpital de la Timone ou au CHU de Nice en service
d’Hématologie biologique Hôpital Pasteur)

 ALPHA-THALASSEMIE : la recherche d’hémoglobine H sur simple électrophorèse de


l’hémoglobine peut être réalisée en période néonatale. Cause exceptionnelle.

C. Ictère prolongé

Au-delà de 10 jours, rechercher un ictère cholestatique (dosage bilirubine totale ET


conjuguée : en cas d’ictère cholestatique, bilirubine conjuguée > 10% de la bilirubine
libre.

Etiologies des ictères prolongés non cholestatiques : anomalies du globule rouge


(enzymes et membranes), incompatibilités, maladie de Gilbert et Criggler Najar,
maladies métaboliques, hypothyroïdie (rarissime en isolé), infection urinaire à E.Coli
(rarissime en isolé).

7. SUIVI A DISTANCE DES HEMOLYSES

- Si ictère intense nécessitant une photothérapie prolongée et anémie retrouvée dans ce


contexte d’hémolyse

 J1 Hb < 13 g/dl

 J1-J3 Hb < 14,5 g/dl

 J7 Hb < 12,5 g/dl

Contrôle du taux d’hémoglobine et de réticulocytes avant la sortie et à J15.

- Sinon contrôle à 1 mois de vie

- Si besoin, traitement par Speciafoldine® 0,4 mg /j pendant 1 mois

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PRINCIPALES RÉFÉRENCES

1. American Academy of Pediatrics; clinical practice guidelines. Subcomittee on


hyperbilirubinemia. Management of hyperbilirubinemia in the newborn infant 35 or more
weeks of gestation. Pediatrics. 2004; 114(1):297–316.

2. Azzuqa A, Watchko JF. Bilirubin Concentrations in Jaundiced Neonates with Conjunctival


Icterus. J Pediatr. 2015 Oct;167(4):840-4.

3. Bental YA, Shiff Y, Dorsht N, Litig E, Tuval L, Mimouni FB. Bhutani-based nomograms for the
prediction of significant hyperbilirubinaemia using transcutaneous measurements of
bilirubin. Acta Paediatr. 2009 Dec;98(12):1902-8.

4. Bhutani VK, Srinivas S, Castillo Cuadrado ME, Aby JL, Wong RJ, Stevenson DK. Identification
of neonatal hemolysis: an approach to pre-discharge management of neonatal
hyperbilirubinemia. Acta Paediatr. 2016 Jan 23.

5. Bhutani VK, Stark AR, Lazzeroni LC, Poland R, Gourley GR, Kazmierczak S, Meloy L, Burgos
AE, Hall JY, Stevenson DK; Initial Clinical Testing Evaluation and Risk Assessment for
Universal Screening for Hyperbilirubinemia Study Group. Predischarge screening for severe
neonatal hyperbilirubinemia identifies infants who need phototherapy. J Pediatr. 2013
Mar;162(3):477-482.e1.

6. Bhutani VK, Wong RJ, Vreman HJ, Stevenson DK; Jaundice Multinational Study Group.
Bilirubin production and hour-specific bilirubin levels. J Perinatol. 2015 Sep;35(9):735-8.

7. Bhutani VK, Wong RJ. Bilirubin neurotoxicity in preterm infants: risk and prevention. J Clin
Neonatol. 2013 Apr;2(2):61-9.

8. Cortey A, Elzaabi M, Waegemans T, Roch B, Aujard Y. [Efficacy and safety of intravenous


immunoglobulins in the management of neonatal hyperbilirubinemia due to ABO
incompatibility: a meta-analysis]. Arch Pediatr. 2014 Sep;21(9):976-83.

9. Cortey A. [Kernicterus: the comeback]. Arch Pediatr. 2012 Sep;19(9):897-9.

10. Kaplan M, Hammerman C, Bhutani VK. Parental education and the WHO neonatal G-6-PD
screening program: a quarter century later. J Perinatol. 2015 Oct;35(10):779-84.

11. Kuzniewicz MW, Escobar GJ, Wi S, Liljestrand P, McCulloch C, Newman TB. Risk factors for
severe hyperbilirubinemia among infants with borderline bilirubin levels: a nested case-
control study. J Pediatr. 2008 Aug;153(2):234-40

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12. Mishra S, Chawla D, Agarwal R, Deorari AK, Paul VK, Bhutani VK. Transcutaneous
bilirubinometry reduces the need for blood sampling in neonates with visible jaundice. Acta
Paediatr. 2009 Dec;98(12):1916-9.

13. Newman TB, Liljestrand P, Jeremy RJ, Ferriero DM, Wu YW, Hudes ES, Escobar GJ; Jaundice
and Infant Feeding Study Team. Outcomes among newborns with total serum bilirubin
levels of 25 mg per deciliter or more. N Engl J Med. 2006 May 4;354(18):1889-900.

14. NICE guidelines 2010: https://www.nice.org.uk/guidance/cg98/evidence/evidence-update-


et https://www.nice.org.uk/guidance/cg98/evidence/full-guideline

15. Smith DW, Inguillo D, Martin D, Vreman HJ, Cohen RS, Stevenson DK. Use of noninvasive
tests to predict significant jaundice in full-term infants: preliminary studies. Pediatrics. 1985
Feb;75(2):278-80.

16. Wallenstein MB, Bhutani VK. Jaundice and kernicterus in the moderately preterm infant.
Clin Perinatol. 2013 Dec;40(4):679-88.

17. Wickremasinghe AC, Kuzniewicz MW, Newman TB. Black race is not protective against
hazardous bilirubin levels. J Pediatr. 2013 May;162(5):1068-9.

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Annexe 1 : courbes d’indication de photothérapie traduites de l’AAP (Pediatrics 2004).

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Annexe 2 : Photothérapie

Le choix d’un dispositif de photothérapie nécessite une évaluation comparée de l’efficacité, de la


sécurité, de la praticité et de la conformité des différents matériels commercialisés (1).

Rappel physiologique : La photothérapie agit en aidant l’élimination de la bilirubine par


élimination de photos dérivées formés directement dans les selles et les urines, court-circuitant
l’étape limitante du foie chez le nouveau-né. Elle ne traite pas l’hémolyse.

L’efficacité de la photothérapie repose sur plusieurs facteurs :

 Une longueur d’onde de 420 et 490 nm (valeur optimale 460 nm)


 Une intensité lumineuse délivrée à la peau (irradiance) entre 2,5 et 5 mW/cm2 (radiomètre
BabyBlue®), qui elle-même dépend de l’intensité lumineuse fournie par le dispositif, de la
distance de la source à la peau et de la surface cutanée exposée et de la durée
d’exposition.

Les sources lumineuses : seuls deux types sont utilisés actuellement

 Les tubes fluorescents : leur spectre lumineux est très étendu (400 à plus de 550 nm), leur
pouvoir calorifique notable et ils perdent en puissance d’éclairement avec le temps
 Les LED : leur spectre lumineux est précis (460 nm), leur éclairement puissant et
homogène, leur dégagement de chaleur négligeable et leur durée de vie prolongée
(environ 10 000 heures)

Les dispositifs de photothérapie

Les dispositifs commercialisés sont très nombreux avec différents types de sources lumineuses, de
puissances et de formes. On peut néanmoins distinguer quatre grands types :

 Photothérapie uni-face
Le dispositif irradie une seule face du corps (35 % de la surface cutanée). Leur simplicité
d’utilisation et leur efficacité (modèles à LED) en font le matériel de référence en service
de néonatalogie

 Photothérapie biface
Le bébé est exposé par le dessus et le dessous doublant ainsi la surface exposée

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 Tunnel
Grâce au nombre de sources lumineuses et leur disposition sur 360°, il procure une forte
irradiance sur une surface cutanée importante (80 %), restant ainsi le seul matériel à
répondre aux critères de la « photothérapie intensive ». Encore équipé de tubes
fluorescents, ce dispositif nécessite une surveillance accrue de la température et des
paramètres cardio-respiratoires

 Photothérapie de contact
Une source LED émet une lumière qui est acheminée par des fibres optiques au contact de
la peau du bébé. Présentées sous formes de panneau lumineux souple, elles permettent
de garder l’enfant dans les bras ou en peau à peau et ainsi de maintenir le lien mère-
enfant. D’apparition récente, ces dispositifs devraient gagner en termes d’efficacité et de
confort et voir leur diffusion augmenter

Les lunettes de protection

La photothérapie impose l’usage de lunettes de protection de l’effet nocif de la lumière sur les
yeux. Leur choix doit prendre en compte l’efficacité de l’occultation, variable selon la nature des
matières employées et la qualité du maintien du positionnement (2).

La surveillance :

La photothérapie, notamment intensive, nécessite un monitorage cardiorespiratoire (risque


d’occlusion des voies respiratoires par les lunettes) ainsi qu’une surveillance de la température
(risque d’hyperthermie).

Référence :

1. Efficacité des dispositifs de photothérapie dans le traitement de l’hyperbilirubinémie du nouveau-né.


A Cortey, H Pernel. IRBM News 2014 ; 35(4), 105-11

2. Lunettes de protection pour nourrissons


A Cortey, H Pernel. IRBM News 2014: 35(4), 103-4

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Annexe 3 : Comment surveiller l’ictère au moment de la sortie de maternité ?
Nomogramme de Bhutani (Pediatrics Vol. 114 No. 1 July 1, 2004 pp. 297 -316)

Proposition de timing de surveillance du taux de bilirubine selon l’âge, le taux de bilirubine et


les facteurs de risque du nouveau-né.

Entre 40 et 75
> 95 Entre 75 et 95 < 40
Percentile Low Intermediate Risk
High Risk Zone High Intermediate Risk Zone Low Risk Zone
Zone

Dans quel délai

AG : 35SA-37SA+6j
avec facteurs de risque Dans les 6-8 h Dans les 6-24h Dans les 24-36h Dans les 48h
(fdr)

AG : 35-37SA + 6j sans fdr


Dans les 6-24h Dans les 24h Dans les 24-36h Dans les 48-72h
≥ 38SA avec fdr

Selon évolution
≥ 38SA sans fdr Dans les 6-24h Dans les 24-36h Dans les 48-72h
clinique

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Annexe 4 : courbes d’indication d’exsanguino-transfusion de l’AAP (Pediatrics 2004)

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Annexe 5 : Exsanguinotransfusion

Elle consiste en un remplacement de la plus grande partie du sang d'un malade par du sang de
donneur.
Ce remplacement s’effectue par échanges fractionnés et successifs volume à volume permettant
une stabilité du volume circulant.
Le volume total échangé est exprimé par rapport à la masse sanguine du sujet (1.5 à 2 fois la
masse sanguine, soit 140 à 160 ml/kg de sang total reconstitué CGR +PFC) :
Volume sanguin circulant = masse sanguine selon le terme :
- prématuré : 90-100 ml/kg
- enfant à terme : 80-90 ml/kg
Cet acte transfusionnel doit se pratiquer de préférence en niveau III (sauf si extrême urgence,
peut être réalisé en niveau IIb en accord avec le niveau III).

 Objectifs

1. Corriger rapidement une hyper bilirubinémie sanguine sévère


2. Éliminer une partie des anticorps et des globules rouges recouverts d’anticorps

 Indications

- Courbes : AAP 2004 pour le nouveau-né de plus de 35SA.


- Hyper bilirubinémie avec signe d’encéphalopathie.

En attendant de débuter une EST : photothérapie intensive continue type « Tunnel » et


perfusion d’albumine 1.5 g/kg.

Discuter traitement adjuvant : immunoglobulines IV si et seulement si contexte d’incompatibilité


érythrocytaire avérée …cela ne marche pas sur les autres hémolyses.

 Technique

- L’échange se fait avec du sang total reconstitué à partir de culot globulaire de groupe O frais
si possible de moins de 8 jours irradié toujours (sauf si retarde l’EST). (Le « CMV neg » n’est
plus requis car cette qualification ne protège pas plus que déleucocyté et irradié), et de
plasma.

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- Le sang total doit avoir un hématocrite de 45%.
- Si les RAI maternelles sont positives, il faudra prévoir une comptabilisation des CGR.
- Le volume échangé est de 140 à 160 ml/kg, soit 1.5 à 2 masses sanguines.
- La technique de référence est celle du « tirer-pousser » en utilisant une voie veineuse simple
de large calibre associée à un robinet à 4 voies (VYGON réf 97900).
- La voie de référence est la veine ombilicale équipée d’un cathéter simple calibre 5 CH
minimum (8 CH chez le bébé à terme) et placé en « central ».
Pas d’indication de cathéter double voie (calibre insuffisant au passage de sang total).
Le KTVO en position périphérique peut être utilisé s’il offre un retour suffisant. Il sera retiré après
l’acte.

Les volumes mobilisés à chaque échange sont au maximum de 5 ml/kg.


Il est conseillé de commencer par des échanges de 2,5 ml/kg et si la tolérance est bonne,
d’augmenter les volumes échangés.
Plus les échanges sont lents, plus l’élimination de la bilirubine est efficace.
PLUS D’INJECTION DE gluconate de calcium nécessaire.
Les PSL doit être utilisée dans les 6 HEURES après réception.

Durée minimum de l’acte 1 h 30 - 2 h 00.

 Pendant le geste

Monitorage cardio respiratoire continu et tensionnel toutes les 15 minutes.


Nouveau-né à jeun.

 A la fin de l’EST

NFS, plaquettes, iono, bili, calcémie, glycémie.


Reprendre la photothérapie intensive continue.
Alimentation à reprendre prudemment par lait maternel/hydrolysat dans les 6 h à 8 h qui suivent.
Surveillance bilirubine sanguine toutes les 6h et contrôle de la NFS 12 heures après.
Noter l’acte transfusionnel dans le carnet de santé.
Prévoir un contrôle de RAI 4 mois après.

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Annexe 5 : Exsanguinotransfusion

 Sous-annexe A

Circuit EST en l’absence de robinet à 4 voies ou de plateau d’EST.


Utilisation de deux robinets à 3 voies en série
(d’après Murki S.et Kumar P.in Seminars in Perinatology, 2011)

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Annexe 5 : Exsanguinotransfusion

 Sous-annexe B

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Annexe 5 : Exsanguinotransfusion

 Sous-annexe C

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Annexe 5 : Exsanguinotransfusion

 Sous-annexe D

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Annexe 6 : Répartition mondiale du déficit en G6PD

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OU PROCHE DU TERME
Références

1. Protocole SFN rédigé par le CNRHP: http://sdp.perinat-france.org/SFN/protocoles.php


(Le fichier : Exsanguino-transfusion (EST) du nouveau-né pour correction d'une
hyperbilibubinémie et/ou anémie.).

2. American Academy of Pediatrics Management of Hyperbilirubinemia in the Newborn


Infant 35 or More Weeks of Gestation. Pediatrics 2004;114;297-316

3. Chen H-N, Lee M-L, Tsao L-Y: Exchange transfusion using peripheral vessels is safe and
effective in newborninfants. Pediatrics, 2008, 122: e905-910.

4. Murki S, Kumar P: Blood exchange transfusion for infants with severe neonatal
hyperbilirubinemia. SeminPerinatol 2011, 35:175-184.

5. Robitaille N, Nuyt A-M, Panagopoulos A, Hume H A : Exchange transfusion in the infant.


Handbook of Pediatric transfusion medicine, 2004, Elsevier Ed, Chapter 15, p159-165.

6. Weng Yh, Chiu YW : Comparison of efficacy and safety of exchange transfusion through
different catheterizations : femoral vein versus umbilical vein versus umbilical artery/vein.
Pediatr Crit Care Med. 2011,12,61-4.

RPM/PR/REA.P/002/A 23/24
PROTOCOLE PÉDIATRIQUE N°2
SURVEILLANCE DE L’ICTÈRE NÉONATAL CHEZ LE NOUVEAU-NÉ À TERME
OU PROCHE DU TERME
Groupe de travail
Rapporteur : Dr Anne-Marie MAILLOTTE, pédiatre CHU Nice
Participants :
Dr Philippe TRUC, pédiatre CH Sainte Musse, Toulon
Dr Anne Sophie MONNIER, pédiatre CHU Nord et Hôpital privé Beauregard, Marseille
Dr Muriel BUSUTIL, pédiatre CHU Nord, Marseille
Dr Marc GUILLAUME, pédiatre CH Manosque
Dr Clotilde Des ROBERT, pédiatre CHU Conception, Marseille
Dr Joël NGUYEN, pédiatre CH Grasse
Dr Olivier SEBAG, pédiatre CH Cannes
Dr Michel MOREIGNE, pédiatre CH Antibes
Dr Alexandra FORTIER, pédiatre CH Antibes
Dr Hélène DUCASSE, pédiatre CH Cannes

Membres de droit du conseil scientifique


Pr Florence BRETELLE (et/ou suppléant) gynécologue obstétricien Gynépôle APHM Marseille
Pr André BONGAIN (et/ou suppléant) gynécologue obstétricien CHU Nice
Pr Bruno CARBONE (et/ou suppléant) gynécologue obstétricien CHPG Monaco
Dr Christian DAGEVILLE (et/ou suppléant) pédiatre réanimation néonatale CHU Nice
(remplacement en cours)
Pr Claude D’ERCOLE (et/ou suppléant) gynécologue obstétricien Gynépôle Marseille site Nord
Dr Farid BOUBRED (et/ou suppléant) pédiatre réanimation néonatale CHU Conception, Marseille
Dr Catherine GIRE (et/ou suppléant) pédiatre néonatologie CHU Nord, Marseille

Membres consultatifs du conseil scientifique


Dr Michel DUGNAT pédopsychiatre CHU Sainte Marguerite, Marseille
Dr Jean VOISIN médecin généraliste, directeur en retraite du CAMSP d’Avignon
Dr François TURK gynécologue obstétricien libéral (Var), représentant des URPSML
Dr Jean-Claude PICAUD pédiatre retraité CHPG Monaco

RPM/PR/REA.P/002/A 24/24

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