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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-220-A-10

17-220-A-10

Tumeurs cérébrales et grossesse


M Chatel
C Lebrun
S Litrico
Résumé. – La survenue d’une grossesse chez une patiente porteuse d’une tumeur cérébrale, ou le diagnostic
M Lonjon
de novo d’une tumeur cérébrale lors d’une grossesse sont deux circonstances rares. Cependant, les problèmes
que posent ces éventualités sont multiples et difficiles. Ils peuvent se classer en plusieurs chapitres : le premier
est théorique, et porte sur les conséquences oncobiologiques de l’état gravide : œdème périlésionnel,
immunotolérance de l’état gravide levant les défenses de l’hôte vis-à-vis du développement tumoral,
induction de la prolifération ou de la transformation de lésions stables ; le second est praticien : quels sont les
pièges diagnostiques, par excès ou par défaut, que la grossesse peut comporter, et en quoi cette situation
clinique change-t-elle la conduite du diagnostic et la prise en charge des manifestations symptomatiques des
lésions tumorales ? Le troisième chapitre rassemble les pathologies oncologiques spécifiquement imputables à
la période gravide : métastases de tumeurs trophoblastiques, tumeurs cérébrales du fœtus, tableaux
d’hypertension intracrânienne bénigne ; enfin, le quatrième concerne les conséquences de l’état gravide sur
les thérapeutiques neuro-oncologiques, et celles des tumeurs intracrâniennes sur la conduite des
accouchements.
Dans ces circonstances cliniques difficiles, les problèmes se règlent « cas par cas ». De nombreuses décisions
graves sont à prendre : décision d’une interruption thérapeutique de grossesse, de l’initiation d’un traitement
neurochirurgical ou radiothérapique, l’un et l’autre possiblement iatrogènes pour le fœtus, ou au contraire
décision d’un accouchement prématuré, avec toutes les conséquences pour l’enfant de cette prématurité, etc.
Ces décisions impliquent des risques vitaux, des problèmes existentiels et des questions d’éthique. C’est la
prise en compte de ces trois composantes qui permettra au clinicien d’assurer une prise en charge optimale de
ses patientes.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : tumeurs cérébrales, grossesse, gliomes.

Introduction – thérapeutique : quelles sont les conséquences sur la prise en


charge de la tumeur, la surveillance de la grossesse, la conduite de
La grossesse est un état physiologique qui confère à toute pathologie l’accouchement et de ses suites ?
des aspects spécifiques qui interviennent dans la prise en charge des Ces questions ont pour la plupart des réponses empiriques, basées
patientes. sur des cas ponctuels ou de petites séries rétrospectives.
En neuro-oncologie, les questions posées par l’état gravide sont de Quatre aspects complémentaires doivent aussi être abordés, en
plusieurs ordres : raison de leurs liens avec l’état gravide :
– épidémiologique : l’état gravide a-t-il, en soi, un rôle révélateur
– les métastases cérébrales des tumeurs trophoblastiques, incidence,
de tumeurs cérébrales jusque-là asymptomatiques, ou aggravant de
attitude ;
lésions déjà traitées et stabilisées ?
– oncobiologique : l’état gravide modifie-t-il l’oncobiologie des – les tumeurs cérébrales du fœtus, diagnostic et conséquences ;
lésions, favorise-t-il l’évolution vers l’anaplasie de lésions bénignes – les facteurs de risque, encourus durant la grossesse, de
ou de bas grade ? Si oui, comment ? Quel en est le niveau de développement postnatal de tumeurs neuroépithéliales ;
preuve ? Quelles en sont les conséquences ?
– la procréation assistée chez les patientes porteuses de lésions
– diagnostique : les manifestations symptomatiques cliniques dues hypophysaires.
à l’état gravide peuvent-elles conduire à des diagnostics retardés ?
L’élargissement à ces questions a pour objectif de ne pas laisser dans
Ou simplement à des diagnostics différentiels difficiles ? Les
l’ombre des aspects rapportés dans la littérature, et d’ouvrir des
explorations habituelles sont-elles accessibles, peuvent-elles être
discussions d’ordre nouveau concernant le diagnostic prénatal en
répétées ?
particulier.

Marcel Chatel : Professeur des Universités, médecin des Hôpitaux.


Christine Lebrun : Médecin des Hôpitaux.
Incidence et fréquence
Stéphane Litrico : DES Neurochirurgie.
Michel Lonjon : Chirurgien des Hôpitaux.
Service de neurologie, centre hospitalier universitaire, hôpital Pasteur, pavillon D, avenue de la Voie Romaine,
La fréquence de l’association tumeur cérébrale et grossesse est
BP 69, 06002 Nice cedex 1, France. difficile à établir. L’étude des quelques séries et des cas isolés que

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chatel M, Lebrun C, Litrico S et Lonjon M. Tumeurs cérébrales et grossesse. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Neurologie, 17-220-A-10, 2003, 8 p.

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17-220-A-10 Tumeurs cérébrales et grossesse Neurologie

l’on trouve dans la littérature permet seulement de savoir que, – la majoration de l’œdème cérébral vasogénique ;
même si cette fréquence est sous-estimée car beaucoup de cas ne – l’immunotolérance liée à l’état gravide.
sont pas rapportés, cette association est rare. Depuis une décennie,
les publications de cas ponctuels se font plus nombreuses, mais une ¶ Accélération de la croissance tumorale
seule publication [16] a apporté des données chiffrées nouvelles.
Les modifications hormonales de la grossesse et la présence de
– 1960 : Tarnow [48] réunit 97 cas, en rassemblant quelques cas
facteurs de croissance circulants pourraient théoriquement rendre
personnels et ceux documentés dans la littérature.
compte d’une accélération de la croissance tumorale, mais, en dehors
– Kempers et Miller [20] signalent 16 cas survenus de 1950 à 1963 à la des adénomes à prolactine, aucun travail ne documente cette
Mayo Clinic. affirmation : aucune étude de cinétique tumorale, aucune imagerie
– 1965 : Toakley [50] trouve six tumeurs cérébrales sur 13 000 femmes métabolique ou de résonance magnétique, aucune étude prospective
ayant accouché au cours des quatre années précédentes. sur cellules gliales in vitro de l’influence du sérum de femmes
gravides, aucun cas confirmé de transformation anaplasique d’une
– 1974 : Carmel [3] évalue à environ 200 le nombre de cas publiés lésion gliale bénigne.
dans la littérature.
Dans les méningiomes, la découverte des récepteurs aux stéroïdes
– 1978 : Faguer et al [8] relèvent 10 femmes enceintes ayant une avait ouvert des perspectives physiopathogéniques qui paraissaient
tumeur cérébrale sur 10 710 ayant accouché de 1970 à 1977, soit pouvoir expliquer à la fois la prédominance de survenue chez les
0,9 ‰. femmes, les cas associés à des néoplasies mammaires et lors de la
– 1984 : Haas et al [11] rapportent 10 cas enregistrés au National grossesse, les poussées évolutives de lésions préalablement
Cancer Registry pour 359 cancers diagnostiqués chez la femme quiescentes. De nombreux travaux ont montré que les taux de
enceinte, sur plus de 2 millions de naissances, pour un nombre récepteurs aux œstrogènes étaient trouvés dans un faible
attendu de 26 tumeurs cérébrales. pourcentage de tumeurs, et que ceux à la progestérone l’étaient dans
50 %, mais leur rôle oncogénique n’a pas été établi.
– 1997 : Isla et al [16] publient sept cas de tumeurs cérébrales (six avec
La littérature récente rapporte encore des cas isolés, qui font
confirmation histologique : deux méningiomes, deux épendymomes,
itérativement évoquer un lien de causalité possible entre l’expression
deux astrocytomes de bas grade), entre 1983 et 1995 sur 126 413
clinique de la lésion et l’état gravide :
grossesses, ce qui pourrait être rapproché de la prévalence générale
des tumeurs du système nerveux de 5 à 8/100 000, toutes histologies – Saitoh [40] décrit un cas de croissance rapide au cours de deux
confondues. grossesses, et lie cette croissance à la présence de récepteurs
Depuis 1997, la base de données Medline ne permet pas de trouver hormonaux ;
d’autres séries, mais plusieurs observations isolées ont été publiées – Juarez Azpilcueta [18] rapporte un cas isolé et fait les mêmes
dans les revues liées aux méthodes de diagnostic échographique ou commentaires ;
en résonance magnétique [1, 6, 14, 15, 19, 24, 25, 26, 30, 32, 42, 44, 53].
– Ismail [17] fait état de la révélation au troisième mois de grossesse
d’un méningiome de la faulx avec récepteurs positifs à la
progestérone ;
Interactions entre grossesse
et tumeur cérébrale – Cioffi [5] signale, sur 122 méningiomes spinaux diagnostiqués entre
1962 et 1994, deux cas révélés au moment de la grossesse ; il suggère
le rôle possible d’un mécanisme hormonal dans le développement
EFFETS DE LA GROSSESSE de ces lésions, mais il n’écarte pas non plus, en raison de la
SUR LES TUMEURS CÉRÉBRALES localisation intrarachidienne, la possibilité d’une décompensation
Étant donné la faible incidence de cette situation clinique, il est peu par mécanismes hydrodynamiques liés à l’hyperpression veineuse
étonnant de constater l’absence de données établies sur les abdominale.
conséquences d’un état gravide sur une tumeur déjà développée, Roelvink [39], sur les données de la littérature, et Lambe [23], sur une
quiescente ou non. La plupart des publications sont des étude cas-témoins portant sur 2 745 femmes atteintes d’une tumeur
commentaires spéculatifs, et en aucun cas elles ne font état de faits cérébrale, ont remis en cause le rôle des hormones stéroïdes dans la
statistiquement ou scientifiquement établis. On demeure toujours au croissance des méningiomes. Les essais thérapeutiques par
niveau du conditionnel, du vraisemblable, du possible. antagonistes hormonaux tels la mifépristone ou le RU 486 [10, 28] n’ont
Il semble bien que la grossesse n’ait en elle-même aucun rôle dans pas été concluants.
la genèse d’une tumeur cérébrale primitive ; la fréquence relative
des différentes variétés histologiques des tumeurs rapportées, hors ¶ Majoration de l’œdème cérébral vasogénique
les métastases de tumeurs trophoblastiques, demeure la même que La majoration de l’œdème cérébral péritumoral et de l’infiltration
chez les femmes d’une même tranche d’âge, qu’il y ait ou non œdémateuse tumorale est une explication alternative, qui pourrait
grossesse en évolution. rendre compte de ces variations du « volume tumoral » en cours de
En revanche, tous les auteurs s’accordent pour reconnaître le rôle de grossesse et de l’expression symptomatique transitoire des lésions.
l’état gravide sur l’expression clinique des tumeurs cérébrales. De Cet œdème a été confirmé histologiquement, mais les mécanismes à
nombreuses observations font état, chez des femmes présentant une l’origine restent à préciser : engorgement des vaisseaux sanguins et
tumeur intracrânienne, essentiellement des méningiomes, de « hypervascularisation gravidique », rétention hydrosodée et
l’installation de troubles neurologiques au cours d’une grossesse, inflation hydrique au niveau de la tumeur, modifications de la
souvent au début du troisième trimestre. Leur régression, parfois perméabilité membranaire maximum au troisième trimestre de
complète, survient au décours de l’accouchement, et, en cas de grossesse.
lésions laissées en place pour des raisons de non-opérabilité, la
réapparition des symptômes lors de grossesses ultérieures a aussi ¶ État d’immunotolérance lié à la grossesse
été rapportée.
Le troisième facteur théorique qui pourrait conduire à attribuer à
Le mécanisme de ces aggravations symptomatiques liées à l’état
l’état gravide l’aggravation évolutive d’une tumeur intracrânienne,
gravide n’est pas scientifiquement établi, mais trois facteurs
est l’état d’immunotolérance aux antigènes tissulaires étrangers qui
principaux sont régulièrement incriminés ou au moins discutés de
caractérisent la grossesse. Cette immunotolérance dont bénéficie le
façon hypothétique :
fœtus est bien établie, et les études d’hétérogreffes de tumeurs ont
– l’accélération de la croissance tumorale ; montré l’influence favorisante de facteurs sériques

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Neurologie Tumeurs cérébrales et grossesse 17-220-A-10

immunomodulateurs présents en cours de grossesse sur la « prise TABLEAUX CLINIQUES


tumorale ». Le rôle favorable de la grossesse sur les manifestations Une tumeur cérébrale peut s’exprimer cliniquement par trois
cliniques des maladies auto-immunes est une donnée empirique mécanismes :
maintenant bien établie. Les observations, exceptionnelles,
d’apparition de métastases systémiques et placentaires de lésions – soit par des symptômes liés à l’hypertension intracrânienne
neuroépithéliales primitives, comme dans l’observation de induite par le volume tumoral, et à l’œdème périlésionnel ;
médulloblastome rapportée par Bellezza [2], font aussi soulever la – soit par une souffrance focale de l’encéphale, de nature déficitaire
question du risque potentiel d’une immunotolérance gravidique, ou critique épileptique, d’expression dépendant de la topographie
libérant les mécanismes supposés de veille immunologique. de la lésion ;
A contrario de ces cas remarquables mais ponctuels, les études
– soit par un syndrome général d’asthénie majeure, lenteur
épidémiologiques apportent le constat que la fréquence de survenue
idéatoire.
d’une tumeur cérébrale dans une population de femmes enceintes
est inférieure à l’incidence attendue dans une population du même Une grossesse à son début peut comporter un ou plusieurs de ces
âge. L’hypothèse d’une immunotolérance induite par la grossesse et symptômes, et leur interprétation comme signes révélateurs de
facilitant la croissance tumorale demeure donc théorique, et sans tumeur intracrânienne peut occasionnellement être faite avec un
conséquence pratique actuelle. certain retard.
– Les vomissements sont très fréquents en début de grossesse. S’ils
EFFET DES TUMEURS DU SYSTÈME NERVEUX sont isolés, au cours du premier trimestre, ils égareront constamment
SUR LA GROSSESSE ET SUR LE FŒTUS
le diagnostic : leur prolongation au-delà du premier trimestre, leur
Bien que la tumeur cérébrale n’ait, en elle-même, aucun résistance aux traitements symptomatiques, leur association, en
retentissement direct sur le déroulement de la grossesse, ni sur la règle, à d’autres signes neurologiques feront rechercher une cause
qualité, cliniquement décelable, du produit de conception, il n’en figurée. Van Calenbergh [52] rapporte une telle situation de
reste pas moins que le pronostic maternel et fœtal est directement « hyperemesis in pregnancy ».
lié à la gravité de la tumeur cérébrale.
– La céphalée est le signe clinique initial le plus fréquemment
Ainsi, Tarnow [48] et de nombreux autres auteurs depuis, retiennent
retrouvé dans les tumeurs intracrâniennes. En début de grossesse,
comme facteur pronostique péjoratif l’existence d’une tumeur
elle sera parfois trop rapidement banalisée ou rapportée à une
maligne, ou d’une tumeur infratentorielle, du fait du risque de
pathologie migraineuse, éventuellement connue chez la patiente, et
développement rapide d’une hypertension intracrânienne, mettant
dont l’évolution peut être aggravée au cours du premier trimestre
en jeu le pronostic vital de la mère, et justifiant des décisions
de grossesse. Sa persistance, son intensité, son aggravation
d’interruption de la grossesse.
progressive et sa bilatéralité feront redresser l’orientation
diagnostique.
CAS PARTICULIERS DES TUMEURS HYPOPHYSAIRES
Les interactions grossesse-tumeur hypophysaire sont particulières, – Des modifications du caractère, des troubles psychiques et de la
du fait de leurs influences hormonales réciproques : vigilance peuvent survenir au cours des états gravides, mais ils
restent habituellement minimes. Plus marqués ou persistant, ils ne
– d’une part, les tumeurs de la région sellaire peuvent être source doivent pas être sous-estimés.
de stérilité par insuffisance hormonale directe (adénome
hypophysaire) ou indirecte (effet compressif) ; – Les altérations du champ visuel ne devront pas non plus être trop
– d’autre part, les modifications hormonales de la grossesse, en facilement attribuées à l’augmentation de volume hypophysaire lié
particulier l’élévation des œstrogènes, sont ici responsables d’une à la grossesse, mais bien faire rechercher une tumeur de la région
hypertrophie fonctionnelle de l’hypophyse, plus marquée lors de sellaire.
grossesses renouvelées, par multiplication des cellules à prolactine – La survenue de crises épileptiques au cours du troisième trimestre
et hypervascularisation. posera le problème diagnostique de crises d’éclampsie. L’absence
Ainsi, la survenue d’un syndrome chiasmatique au cours de la des autres signes de toxémie gravidique (hypertension artérielle,
grossesse, sa régression après l’accouchement, puis sa réapparition œdème, albuminurie) fera redresser le diagnostic.
lors de grossesses ultérieures (phénomène retrouvé dans de – Enfin, certains auteurs soulignent la fréquence relative du
nombreuses publications), ont pu être attribuées à cette hypertrophie syndrome d’hypertension intracrânienne bénigne au cours de la
fonctionnelle réversible de l’hypophyse. grossesse, mais, que ce soit au cours ou en dehors de toute grossesse,
En fait, il semble maintenant bien établi que cette hypertrophie ce diagnostic ne sera retenu qu’après avoir éliminé par IRM une
fonctionnelle ne puisse entraîner, à elle seule, une compression du thrombophlébite cérébrale.
chiasma, en dehors de conditions anatomiques exceptionnelles ;
Au total, le problème du diagnostic de tumeur cérébrale lors d’une
même si l’évolution est régressive au décours de l’accouchement, la
grossesse est celui du diagnostic différentiel de symptômes auxquels
survenue d’un syndrome chiasmatique au cours de la grossesse doit
il convient de donner toute leur valeur et de ne pas banaliser au
faire rechercher une tumeur de la région sellaire. Des cas
titre de l’état gravide.
d’hypophysite lymphocytaire ont été décrits dans ces circonstances ;
ils sont caractérisés par la nature inflammatoire des lésions en
histologie, et par leur remarquable régression sous stéroïdes [46]. MOYENS DIAGNOSTIQUES
D’une façon analogue, chez des femmes porteuses d’un adénome à L’IRM constitue l’examen de référence en pathologie cérébrale
prolactine méconnu (source classique de stérilité), l’élévation du taux tumorale, et est parfaitement réalisable durant la grossesse.
des œstrogènes, liée à la survenue d’une grossesse après induction
de l’ovulation par gonadotrophine d’origine humaine (HMG), peut Actuellement, quel que soit l’âge de la grossesse, tout tableau
être responsable d’une décompensation aiguë de l’adénome clinique faisant suspecter une lésion intracrânienne doit conduire à
jusque-là quiescent. la réalisation rapide d’une IRM.
Cet examen, sans danger connu pour la mère et le fœtus, sera répété
à quelques semaines d’intervalle, si le premier était normal, alors
Problèmes du diagnostic que le tableau clinique persiste et fait craindre un processus expansif
La conduite diagnostique d’une possible tumeur cérébrale chez une intracrânien.
femme enceinte s’est notablement simplifiée au cours des dernières En règle, l’IRM écarte ou confirme le diagnostic, et donne des
années, grâce à l’imagerie par tomodensitométrie (TDM) et surtout indications importantes quant à la nature parenchymateuse ou
par résonance magnétique (IRM). extracérébrale, bénigne ou maligne, de la tumeur, sur sa topographie

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et son retentissement sur les structures avoisinantes (effet de masse nouveau-né de mère traitée par barbituriques ou hydantoïnes, sera
avec déplacement ou non des structures médianes, dilatation prévenu par la prescription de vitamine K1 en fin de grossesse et
éventuelle des cavités ventriculaires par compression par une lors du travail.
tumeur de fosse postérieure). Les données IRM sont essentielles Un état de mal épileptique focal devra être traité selon le protocole
pour la planification neurochirurgicale. habituel, en gardant à l’esprit la plus grande dangerosité de la
La TDM cérébrale est également réalisable chez la femme enceinte, prolongation des crises, par rapport aux faibles risques de
avec protection abdominopelvienne par tablier plombé. Elle complications fœtales liées aux traitements médicamenteux
constitue un outil diagnostique rapidement disponible dans le cadre ponctuels. Non contrôlé par les thérapeutiques habituelles mises en
de l’urgence. route en urgence, l’état de mal pourra conduire à une interruption
Le fond d’œil, qui devrait être systématiquement pratiqué lors de thérapeutique de grossesse.
tout examen neurologique, a perdu la place qu’il tenait en
neurologie, en raison des difficultés d’interprétation qu’il comporte. • Hypertension intracrânienne
Il pourrait confirmer le syndrome d’hypertension intracrânienne, et
révéler des hémorragies rétiniennes dans les tableaux d’éclampsie. Le mécanisme de l’hypertension intracrânienne devra être reconnu
en urgence par l’imagerie : hydrocéphalie par blocage sur les voies
L’électroencéphalogramme (EEG) ne comporte aucun risque, mais il du liquide céphalorachidien (LCR), dont le tableau ne répond pas
ne conserve que peu d’indications en dehors de la documentation aux antiœdémateux et qui impose la mise en place d’une dérivation
objective de crises focales itératives, de leur contrôle ventriculaire externe, avant éventuelle résection ; ou, effet de masse
médicamenteux, et du diagnostic différentiel entre processus lié directement à la tumeur et à l’œdème vasogénique, qui doit
tumoral et lésions encéphalitiques ou encéphalopathiques, si le conduire rapidement à un geste décompressif direct sur la lésion
contexte clinique oriente vers de telles éventualités. chaque fois que cela est réalisable, et à l’instauration des
thérapeutiques antiœdémateuses cérébrales classiques : corticoïdes
à doses suffisantes (méthylprednisolone intraveineuse 60-120 mg 1
Prise en charge jour sur 2 ou Médrolt 16 per os).
Devant un tableau d’hypertension intracrânienne sévère traduisant
Elle comporte deux aspects, neuro-oncologique et obstétrical, et les
une évolution rapide de la tumeur, la conduite à tenir vis-à-vis de la
décisions concernant l’un et l’autre seront guidées par la recherche
grossesse sera fonction de son stade d’avancement.
du meilleur compromis entre deux objectifs : traiter de façon
adéquate la tumeur qui conditionne le pronostic maternel, et assurer
Traitement de la tumeur
une suite favorable à la grossesse jusqu’à la délivrance d’un enfant
viable et vis-à-vis duquel les traitements prescrits durant la grossesse
n’auront pas eu d’effets iatrogènes compromettant son devenir. • Attitudes générales
Un algorithme décisionnel complexe peut être proposé, basé sur le En théorie, les indications thérapeutiques vis-à-vis de la tumeur
stade de la grossesse lors du diagnostic de tumeur, sur la nature et cérébrale sont les mêmes que celles posées en dehors de toute
la topographie lésionnelle, sur les conséquences cliniques des grossesse : les progrès réalisés en neurochirurgie et en anesthésie
symptômes liés à la tumeur, et sur la place de la grossesse dans le rendent possible une intervention neurochirurgicale quel que soit
processus existentiel de la mère et du couple. Aussi, l’application de l’âge de la grossesse, sans effet nocif sur son déroulement ou sur le
cet algorithme dépendra-t-elle pour une grande part des options fœtus. Les indications seront nuancées par le siège, et l’histologie
parentales, de ce que la patiente et son entourage auront saisi des suggérée par l’IRM. La tendance est de différer la neurochirurgie à
divers aspects du problème médical et de son pronostic. la période du post-partum si cela est possible, ou au moins jusqu’à
la possibilité d’accouchement naturel d’un fœtus viable (24
semaines). De même, une radiothérapie cérébrale peut être conduite
RÈGLES GÉNÉRALES au cours de la grossesse, sans risque fœtal notable. Le retentissement
fœtal d’une irradiation encéphalique chez la femme enceinte peut
¶ Prise en charge de la tumeur être inférieur à 0,10 Gy (0,03 à 0,06 Gy). Une telle irradiation
Elle sera double : symptomatique et oncologique. pratiquée après la quatrième semaine entraîne une augmentation
minime du risque ultérieur de leucémie chez l’enfant. Une méthode
Traitements symptomatiques d’estimation de la dose d’irradiation fœtale lors d’une irradiation de
l’encéphale a été proposée [29] et un protocole d’irradiation
• Crises comitiales encéphalique a été rapporté, permettant de réduire l’irradiation
fœtale à moins de 0,03 Gy, dose totale [27].
La survenue de crises comitiales justifie la mise en route d’un
traitement antiépileptique au long cours. Les médicaments En pratique, chaque cas pose un problème particulier, mais dans
antiépileptiques ont été incriminés dans la survenue de l’ensemble, les attitudes actuelles sont plutôt interventionnistes vis-
malformations chez le nouveau-né, en particulier syndromes à-vis de la tumeur cérébrale, et plutôt conservatrices quant à la
dysraphiques étendus ou limités : fentes labiales et/ou palatines, grossesse.
malformations cardiaques, malformations du tube neural. Le niveau
de risque d’un état de mal ou de crises répétées est plus élevé pour • Orientations dues à l’histologie suspectée radiologiquement
l’enfant que celui lié au traitement antiépileptique. Il convient donc – Méningiomes supratentoriels.
de prescrire chez la femme enceinte le traitement nécessaire et Pour les tumeurs extraparenchymateuses supratentorielles évoquant
suffisant, de préférence en monothérapie, aux doses minimales une lésion histologiquement bénigne, bien limitée comme un
efficaces en s’aidant des dosages plasmatiques des molécules qui le
méningiome, certains auteurs préconisent, sous réserve d’une
permettent. Le recours à des médicaments sans conséquences
surveillance rigoureuse, l’abstention jusqu’à l’accouchement. Ce
tératogènes connues est préférable et actuellement possible, étant
n’est qu’après et dans un délai variable (de 1 à 6 semaines) que
donné l’élargissement de la pharmacopée antiépileptique.
l’intervention pourrait être au mieux réalisée, lorsque
Les molécules le plus souvent utilisées seront le clobazam l’hypervascularisation et l’œdème liés à la grossesse auront régressé.
(Urbanylt), la carbamazépine (Tégrétolt), l’oxcarbazépine Toutefois, la survenue d’une poussée évolutive, marquée par
(Trileptalt), la lamotrigine (Lamictalt), le topiramate (Epitomaxt). l’installation d’un tableau d’hypertension intracrânienne aiguë ou
Une supplémentation en acide folique est conseillée de façon par l’aggravation rapide d’un tableau neurologique focal, peut
systématique. Par ailleurs, le risque de syndrome hémorragique du précipiter le moment de cette intervention neurochirurgicale.

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Aussi, pour certains auteurs, le caractère imprévisible de l’évolution, Ces tumeurs évoquent radiologiquement un gliome de bas grade :
les risques majorés que comporterait une chirurgie réalisée en l’IRM et la spectrographie IRM permettent une approche suffisante
urgence, le risque opératoire actuellement devenu faible pour la de la nature de la lésion pour surseoir tout geste biopsique durant
mère et quasiment nul pour l’enfant, plaident en faveur d’une la grossesse. Une simple surveillance sera nécessaire, habituellement
intervention neurochirurgicale d’emblée, comme chez une patiente associée à un traitement de prévention des crises. Dans ces
non gravide. pathologies de bas grade, il est possible que la survenue des crises
– Neurinomes ou méningiomes de la fosse postérieure. qui conduisent au diagnostic soit le résultat d’un abaissement du
Pour les tumeurs extraparenchymateuses sous-tentorielles seuil épileptogène lié à la grossesse, sans que cela ait la signification
(neurinomes le plus souvent, méningiomes parfois), l’indication d’une progression lésionnelle. Une simple surveillance est donc de
opératoire paraît ici formelle, à partir du moment où l’état gravide mise.
est retenu comme l’agent pathogénique de l’expression clinique de – Adénomes hypophysaires.
la lésion, et comporte le risque évolutif d’une hypertension Les adénomes à prolactine méconnus peuvent se décompenser de
intracrânienne de haute gravité au niveau de la fosse postérieure. façon parfois aiguë, lorsque survient une grossesse induite par
S’il existe une hydrocéphalie par blocage, le geste opératoire sur la stimulation de l’ovulation. Cette décompensation peut conduire en
tumeur sera parfois précédé d’une dérivation externe du LCR. En urgence à la réalisation d’une hypophysectomie, qui ne paraît pas
dehors de cette situation d’urgence, l’intervention sera différée après avoir d’influence néfaste ni sur le cours de la grossesse, ni sur sa
l’accouchement. Dans la maladie de Recklinghausen, la grossesse conclusion, sauf peut-être par la survenue de problèmes
peut entraîner l’apparition de nouvelles tumeurs ou une poussée hémorragiques au moment de la délivrance.
évolutive de lésions déjà connues. Les auteurs insistent surtout sur la nécessité d’une surveillance
– Hémangioblastomes et tumeurs vasculaires. radiologique étroite de la selle turcique en cas d’aménorrhée
Plusieurs publications font état d’une augmentation de la taille de la secondaire et, après échec des inducteurs à mécanisme d’action
tumeur, documentée en radiologie et sur la symptomatologie centrale, avant toute tentative thérapeutique par les
clinique en cours de grossesse [7, 33, 51]. gonadotrophines humaines.
– Tumeurs gliales malignes primitives. Par ailleurs, des grossesses ont été rapportées [31, 36, 37, 45] chez des
Le pronostic de ces tumeurs est dans tous les cas très réservé, et patientes sous traitement par bromocriptine pour adénome à
peut être aggravé par la grossesse. prolactine, en dehors de toute induction de l’ovulation ; ces cas
Les décisions sont d’autant plus difficiles qu’elles doivent souvent nécessitent une surveillance radiologique de la région hypophysaire.
se prendre sur les seules données radiologiques qui, bien que Aucun effet tératogène n’a été rapporté à la bromocriptine.
fortement évocatrices, ne permettent pas de diagnostic de certitude. Quoique rares, quelques observations ont étudié les risques
encourus pour la lésion cérébrale et pour l’enfant chez une femme
– Au cours du premier trimestre, tous les auteurs s’accordent pour
traitée par octréotide pour adénome avec acromégalie. Les éléments
conseiller l’interruption de grossesse ; l’attitude thérapeutique vis-à-
de réponse semblent rassurants, quoiqu’il ne s’agisse que de cas
vis de la tumeur elle-même devient alors identique à celle prise en
ponctuels [9, 12, 34, 47].
dehors de toute grossesse : si possible, exérèse neurochirurgicale
optimale ou au moins partielle ; sinon, biopsie stéréotaxique pour
confirmation histologique. PROBLÈME OBSTÉTRICAL
Le temps neurochirurgical sera suivi de radiothérapie ou de
traitements combinés avec chimiothérapie adjuvante ou ¶ Indications des interruptions thérapeutiques
néoadjuvante suivant les protocoles en cours dans l’institution.
de grossesse
Si la patiente et son entourage désirent maintenir la grossesse en
dépit des informations objectives qui leur auront été fournies sur le Pour la plupart des auteurs, les indications d’une interruption
haut grade de la lésion et son histoire naturelle, seules les thérapeutique de grossesse sont rares en raison de l’amélioration des
thérapeutiques symptomatiques seront utilisées. anesthésies, des traitements neurochirurgicaux durant la grossesse,
Un suivi très régulier du développement fœtal sera assuré. Toute et de la prise en charge des prématurés.
chimiothérapie sera proscrite ; et la radiothérapie sera, dans la L’arrêt de la grossesse durant le premier semestre pourra être
mesure du possible, différée jusqu’au second trimestre. proposé dans les circonstances suivantes :
– Lorsque le diagnostic intervient au début ou en cours du
deuxième trimestre, ce qui est le cas le plus fréquent, les difficultés – en cas de tumeur maligne découverte au premier trimestre, en
posées par l’interruption de grossesse à ce stade font suggérer une particulier si elle est jugée inopérable. En effet, non opérées, non
attitude conservatrice vis-à-vis de la grossesse (mais cette attitude traitées, ces tumeurs entraînent habituellement la mort de la mère
doit être discutée en fonction de chaque cas). Les interventions avant que l’enfant soit viable. L’interruption de grossesse ne modifie
neurochirurgicales ou les protocoles de radiothérapie pourront être pas réellement le pronostic mais autorise le traitement « optimal »
pratiqués en les adaptant à l’état gravide ; la chimiothérapie pourra de la mère ;
être discutée en fonction du bénéfice objectif attendu et des risques – en cas d’hypertension intracrânienne installée dès le premier
pour l’enfant, qui dépendent des agents utilisés et de leurs trimestre, qu’elle soit en rapport avec une tumeur maligne, ou bien
coefficients de passage placentaire (les questions de la responsabilité avec une tumeur bénigne particulièrement expansive non opérable
décisionnelle du maintien de la grossesse devront être abordées dans ou située dans la fosse postérieure ;
le contexte des récentes jurisprudences concernant les droits de
l’enfant et les éventuels préjudices subis durant sa période – devant un état de mal comitial prolongé ou répétitif qui ne répond
prénatale). pas rapidement aux thérapeutiques spécifiques mises en route en
urgence et se prolonge, avec risque d’anoxie fœtale.
– Dès que les critères de maturité fœtale sont présents (lorsque le
stade de maturité du parenchyme pulmonaire peut assurer une
viabilité du fœtus, vers la 24e semaine), l’accouchement par voie ¶ Modalités de l’accouchement
basse ou par césarienne devra être réalisé avant tout traitement de Il est établi que les contractions utérines lors du travail ne
la tumeur. L’accouchement spontané par voie naturelle reste retentissent pas sur la pression du LCR, et donc sur la pression
préférable, en l’absence de signes de souffrance fœtale, mais une intracrânienne. En revanche, cette dernière est majorée par les
césarienne première peut être conseillée, suivie rapidement du contractions des muscles squelettiques en rapport avec la douleur et
traitement habituel de la tumeur. l’agitation ; elle est également augmentée par les efforts expulsifs de
– Tumeurs de bas grade non chirurgicales, du fait de leur caractère la deuxième partie du travail. Pour toutes ces raisons, chaque fois
infiltrant et/ou de leur topographie, mais sans prise de contraste au scanner. que possible, l’accouchement spontané se fera par les voies

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17-220-A-10 Tumeurs cérébrales et grossesse Neurologie

naturelles, forceps bas sur tête engagée pour éviter les efforts adriamycine). Une survie à 5 ans de l’ordre de 90 % est rapportée, à
expulsifs, aidé d’une anesthésie régionale péridurale de niveau D la condition que les lésions extracrâniennes soient contrôlées.
10. Des cas de grossesse viable associée à un choriocarcinome avec
En dehors des indications purement obstétricales, la césarienne ne métastases cérébrales ont été décrits. Dans ce cadre, la
conserve que peu d’indications (sauvetage fœtal en cas d’état chimiothérapie peut permettre la survie de la mère et de l’enfant [22].
maternel gravissime ; survenue d’une complication aiguë telle
qu’une hypertension intracrânienne, près du terme, si les critères de
maturité pulmonaire fœtale sont présents [49]. L’extraction de l’enfant TUMEURS CÉRÉBRALES CONGÉNITALES
CHEZ LE FŒTUS
par césarienne précède immédiatement le geste neurochirurgical.
Certains auteurs conservent à la césarienne des indications plus La survenue d’une tumeur cérébrale chez le fœtus durant la
larges : primiparité, intervention neurochirurgicale datant de moins grossesse est une éventualité rare et particulièrement sombre. Dans
de 2 mois ou tumeur maligne. ce secteur très étroit de la pathologie (celui des tumeurs fœtales du
Au total, les problèmes diagnostiques et thérapeutiques de système nerveux), une avancée importante a été faite, en raison des
l’association tumeur cérébrale et grossesse se posent en des termes progrès des diagnostics échographiques prénataux depuis deux
très différents de ce qu’ils étaient avant l’imagerie IRM, les progrès décennies.
récents de l’anesthésiologie et des techniques neurochirurgicales, et La publication de Rickert [38] fait le point sur cette question, et
le développement des méthodes d’accouchement avec anesthésie envisage les diverses histologies possibles. Elle se fonde sur l’analyse
locorégionale. des cas publiés dans la littérature et rassemblés par analyse Medline
Ces modifications sont suffisamment radicales pour constater que, dans les journaux d’obstétrique et d’échographie de 1979 à 1998, et
mis à part certains cas exceptionnels, les stratégies diagnostiques et n’en retrouve que 89. De nombreux cas ne sont manifestement pas
thérapeutiques adoptées en cas d’association tumeur cérébrale et rapportés, qu’ils aient donné lieu à une interruption de grossesse ou
grossesse, ne sont pas très différentes de celles qui seraient de mise à un mort-né.
vis-à-vis d’une tumeur cérébrale et d’une grossesse, prises Ces cas de tumeurs congénitales ont essentiellement un intérêt
séparément. théorique qu’aucun auteur n’a pu conduire au-delà de la simple
description histopathologique.
La moitié de ces tumeurs (53,9 %) sont des tératomes qui peuvent
Pathologies neuro-oncologiques aller jusqu’à une organisation organoïde de type fœtus in fœtu.
liées à l’état gravide Les autres tumeurs se répartissent selon la classification OMS :
glioblastomes (14,6 %), papillomes des plexus choroïdes (7,9 %),
Dans le souci d’aborder de façon exhaustive les problèmes de neuro- craniopharyngiomes (5,6 %), lipomes (9 %).
oncologie en rapport avec l’état gravide, il convient de traiter quatre Les nouvelles techniques d’analyse du génome devraient être
aspects particuliers : appliquées sur ces cas, dont la dispersion entre les diverses
spécialités médicales rend une analyse systématique aléatoire, en
– les métastases intracrâniennes des tumeurs trophoblastiques ; dehors d’une action concertée.
– les tumeurs du système nerveux fœtal diagnostiquées en cours de
grossesse : tumeurs congénitales ;
FACTEURS DE RISQUE DE DÉVELOPPEMENT PRÉCOCE
– les facteurs de risque de développement de tumeur chez l’enfant DE TUMEUR CÉRÉBRALE LIÉS À DES ÉVÉNEMENTS
en raison d’événements survenus durant sa vie embryonnaire et SURVENUS PENDANT LA GROSSESSE
fœtale ; Une préoccupation actuelle des épidémiologistes et des responsables
– la prise en charge des tableaux d’hypertension intracrânienne non de santé publique est l’individualisation des facteurs de risque
tumorale ou « pseudo tumor cerebri ». susceptibles d’intervenir dans le déterminisme d’une pathologie du
fœtus ou du nouveau-né.
La recherche de tels facteurs à l’origine de tumeurs cérébrales du
MÉTASTASES DES TUMEURS TROPHOBLASTIQUES fœtus ou du nouveau-né dans les semaines, mois ou années suivant
Les tumeurs trophoblastiques se développent à partir des tissus la naissance, a conduit à incriminer successivement le rôle possible
placentaires ; elles sont rares (1/40 000 grossesses) et se classent sur du tabac, des taux de nitrite et nitrates alimentaires, et l’exposition à
le plan cellulaire en mode hydatiforme, chorioadénome, des champs électromagnétiques.
choriocarcinome ; les deux premiers demeurant des pathologies La variabilité des méthodologies utilisées et surtout des questions
locales intra-utérines de bon pronostic. Les choriocarcinomes, en posées rend l’interprétation de la littérature difficile, mais dans
revanche, se classent sur le plan carcinologique sur la base de leur l’ensemble rassurante. Le risque lié à l’exposition à des champs
extension locale et métastatique (20 % de métastases cérébrales). Les magnétiques avant la conception ou durant la grossesse a été
taux de bêta-hCG (human chorionic gonadotrophin) sanguins et récemment largement étudié. La méta-analyse de Kheifets [21]
urinaires servent au diagnostic et à l’évaluation de la réponse confirme qu’aucune association n’a été retrouvée entre le
thérapeutique ; ils sont corrélés au pronostic. La survenue de développement d’une tumeur cérébrale et l’exposition maternelle.
métastases cérébrales place les patientes dans le groupe de mauvais
Le rôle du tabac, qu’il soit le fait d’un tabagisme actif de la mère ou
pronostic « ultra high risk » selon le système de score pronostique de
passif de l’environnement, a été incriminé dans de nombreux effets
l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) (1983). Leur prise en
négatifs sur le développement fœtal ; Sasco et al [41] ont fait une
charge s’apparente alors à celle des tumeurs malignes primitives du
analyse exhaustive de la littérature et concluaient par des conseils
système nerveux. L’irradiation encéphalique globale avec surdosage
de prudence, plus sur le principe que sur des données
conformationnel, associée à une polychimiothérapie systémique et
scientifiquement établies.
aux traitements des autres localisations lésionnelles, permet
d’obtenir des taux de réponses élevés, de durée variable. Les L’étude de Hu et al [13] cherchant à prouver l’effet possible des
protocoles de polychimiothérapie nécessitent une prise en charge en habitudes parentales dans l’étiologie de tumeurs cérébrales a été
milieu cancérologique spécialisé : ifosfamide + carboplatine négative.
+ étoposide + greffe de moelle autologue ; EMA-CO (alternance Concernant le rôle de la consommation d’aliments contenant des
hebdomadaire de : étoposide + méthotrexate + dactinomycine/ taux élevés de nitrites et nitrates (viandes fumées) Pogoda [35] établit
cyclophosphamide + vincristine), APE (dactinomycine + cisplatine + une augmentation du risque de développement de tumeurs du
étoposide), PEBA (cisplatine + étoposide + bléomycine + système nerveux, liée à la consommation de viande fumée contenant

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Neurologie Tumeurs cérébrales et grossesse 17-220-A-10

des taux élevés de nitrites. Une étude semblable a été conduite sur Des gestes de décompression des voies visuelles par ouverture de la
les eaux de puits mais n’a pas été concluante en raison de biais gaine du nerf optique peuvent être la seule solution de sauvetage
méthodologiques, et en particulier le délai entre la grossesse et le de la fonction visuelle, mais dans l’ensemble, le pronostic des
moment de l’analyse de l’eau. syndrômes d’hypertension intracrânienne bénigne durant la
Au total, de tous les risques pré- et néonataux suspectés, aucune grossesse est bon.
étude ne vient apporter des données épidémiologiquement solides.
Au contraire, elles confortent les conclusions de l’étude cas-témoins
de Schuz et al [43] qui, de 1993 à 1997, a porté sur 466 tumeurs Conclusion
cérébrales de l’enfant et 2 458 témoins ; elle conclut que les facteurs
de risque de la période prénatale et néonatale ne jouent qu’un rôle
Les données rapportées dans la littérature sont concordantes : la
mineur dans le développement de tumeurs du système nerveux.
survenue de tumeurs cérébrales durant la grossesse est une
circonstance rare ; la grossesse n’est pas un facteur de risque de
développement de tumeurs cérébrales.
Prise en charge des tableaux Quand cette coïncidence survient, sa gravité est variable et dépend de
de « pseudo tumor cerebri » nombreux facteurs : le moment de survenue de l’expression clinique de
la lésion cérébrale : début ou fin de grossesse ; la nature de la tumeur,
Ces circonstances sont rares. bénigne ou maligne, suspectée sur les données neuroradiologiques ; sa
Le diagnostic est un diagnostic d’élimination sur la base des critères localisation parenchymateuse ou extraparenchymateuse, supra- ou
de Dandy : tableau clinique d’hypertension intracrânienne, pas infratentorielle ; son opérabilité.
d’anomalies radiologiques en dehors d’une selle turcique vide, une La prise en charge de la patiente devra donc prendre en compte
pression de LCR supérieure à 250 mm d’eau, pas d’anomalies l’ensemble des aspects concernant la mère et le fœtus : maintien de la
cytochimiques du LCR. grossesse ou interruption thérapeutique ? Résection neurochirurgicale
ou maintien in situ ? Traitement radiothérapique de la tumeur avec
Une IRM devra être pratiquée pour éliminer une thrombophlébite
protection fœtale ou attente jusqu’à la possibilité d’une naissance d’un
cérébrale.
prématuré viable ?
Ce tableau survient plus fréquemment chez la femme, et a été Au-delà de l’adaptation à la femme enceinte des traitements
associé à l’obésité, à des traitements antibiotiques (tétracyclines), symptomatiques habituels des tumeurs, le clinicien est ainsi confronté à
hormonaux, vitaminiques A, à des anémies ferriprives, ou à la prise des décisions difficiles. La littérature permet d’esquisser des attitudes
de traitements antalgiques au long cours. Dans de nombreux cas, la générales appropriées aux principales situations cliniques tout en
pathogénie précise demeurera méconnue. soulignant le caractère « cas par cas » et éminemment partagé que
En cas de grossesse, le traitement est purement symptomatique, et doivent avoir ces décisions qui impliquent des questions existentielles et
n’est entrepris que si la symptomatologie est menaçante, en juridiques majeures, et dans lesquelles il peut s’avérer approprié de faire
particulier sur le plan visuel : méthylprednisolone (60-180 mg/j). intervenir les comités d’éthique institutionnels.

Références ➤

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17-220-A-10 Tumeurs cérébrales et grossesse Neurologie

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