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Nous voici enfin arrivés

Peter Gabriel à la troisième et dernière


partie de la Belle Histoire
consacrée à Peter Gabriel.
Resituons le contexte une

Flotsam and Jetsam - Part 3


dernière fois (pour ceux
qui viendraient de nous re-
joindre ou ceux qui ont la
mémoire courte)

Il y a quelques mois maintenant, en des temps moins agités (AVANT, en


majuscules, comme on dit dans la SF post-apocalyptique des années
50), Peter s’est fendu d’une compilation fleuve (de près de six heures),
Flotsam and Jetsam, une archive faite de plages introuvables (ou en tout
cas difficilement trouvables), couvrant l’ensemble de sa carrière ; bref,
une occasion comme une autre pour reparler de ce grand monsieur.

Dans un premier temps, nous avons vu Dans un deuxième temps, nous avons suivi sa mé-
comment l’ex-chanteur de Genesis était tamorphose en « superstar » (avec So), statut qui
devenu, en quatre albums mémorables, un lui a bien rempli les poches (lui garantissant un
des papes de la musique intelligente (en avenir libre de soucis financiers et lui permettant,
compagnie de Eno, Fripp et autres Bowie), au passage, de créer le studio Real World) mais
comment il s’était engagé dans l’humani- qui avait également ruiné son couple et l’avait me-
taire et comment il s’était imposé comme un né tout droit en thérapie ; thérapie « réussie » qui
des grands promoteurs de la World Music. fut d’ailleurs une des sources principales de son

album suivant, Us, nouvelle Car, alors qu’il aurait pu surfer sur la vague du succès en sortant
réussite commerciale (moins régulièrement une nouvelle galette «grand public», il va dispa-
spectaculaire que celle raître des charts et mettre dix ans pour sortir le successeur de
connue par son prédéces- Us. Ce qui ne veut pas dire qu’il est resté oisif durant cette pé-
seur mais confortable quand riode. C’est même le contraire puisqu’on le retrouve sur tous les
même). Bref, pour Peter, la fronts en même temps. Dans l’humanitaire d’abord : en 1992,
voie semble toute tracée il préside à la fondation du programme WITNESS, plateforme
mais ce serait mal connaître documentaire sur le non-respect des droits de l’homme. On le
le bonhomme… verra également se rapprocher de plus en plus de Nelson Man-

dela, tout en continuant sa collabo- Musicalement, il ne reste pas non plus


ration avec Amnesty et j’en passe. totalement inactif  : c’est l’époque des
A noter que cette démarche reste collaborations (avec Robbie Robertson,
toujours d’actualité pour un Peter par exemple), des tributes (genre Léo-
qui a été de tous les combats dans nard Cohen ou George Gershwin) et des
les années 2000  ; point d’orgue, apparitions sur des soundtracks (sou-
sa nomination comme «  Homme vent, un morceau isolé sauf Long Walk
de la Paix  » par l’association des Home : music from the Rabbit-Proof Fence,
titulaires du Nobel de la Paix en bande-originale complète pour laquelle
2006 ; distinction amplement mé- il a été récompensé par une nomination
ritée. aux Golden Globe Awards). De nou-

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veau, Peter restera toujours actif dans le domaine On trouvera un beau témoignage de ce
avec quelques belles réussites comme Down to Earth travail dans l’album Big Blue Ball, compi-
sur la BO du petit chef-d’œuvre de Pixar, Wall-E. lation de collaborations orchestrées par
Pour rappel, il y a une petite compilation bien faite le maître, sortie en 2006.
sur le sujet qui est sortie récemment, Rated PG.
Plus important, il sera commandité pour créer une
œuvre multimédia destinée à fêter le passage à
l’an 2000 au Millenium Dome de Londres : ce sera
OvO, un excellent travail pour lequel il est entouré
d’une pléiade d’artistes (les fidèles comme Levin
ou Evans mais aussi des pointures genre Shankar,
Elisabeth Frazer, Paul Buchanan, le leader de Blue
Nile ou bien encore Neneh Cherry)  ; une réussite
exemplaire. Il investit également beaucoup de
temps dans son studio pour promouvoir cette Wor-
ld Music qu’il fut un des premiers à mettre en avant.

Ce qui nous amène en l’an de grâce 2002 pour le


tant attendu nouvel opus studio : ce sera Up, un petit
bijou dont on se dit d’emblée qu’il méritait bien l’at-
tente. Up, c’est l’œuvre synthèse d’un créateur qui
assume à la fois son côté culte et son côté commer-
cial. On y trouve en effet des œuvres complexes,
proches de la quadrilogie des débuts, comme
Darkness et Signal to Noise (fabuleuse prestation de
Nusrat Fateh Ali Khan) mais aussi des plages résolu-
ment commerciales comme l’incisif The Barry William
Show ou Growing Up, un morceau de dance music

intelligent, au beat im- tester les limites de votre à fait innovants  : scène tournante,
parable ; tout ça, sans matériel hi-fi. Cette sortie Peter la tête en bas, Peter dans sa
oublier la World Mu- sera suivie d’une longue walking ball ou bien encore Peter sur
sic (Sky Blue avec les tournée triomphale (alors son vélo. Vous trouverez d’ailleurs té-
Blind Boys of Alaba- que Peter craignait être moignage de ce Growing Up Tour sur
ma), bien entendu. tombé dans l’oubli, il a deux blu-rays remarquablement bien
Ajoutons encore à ça fait salles combles et bon filmés. Pour l’anecdote, rappelons
une production impres- nombre de festivals pres- qu’il était accompagné par sa fille
sionnante, propre à tigieux) aux concepts tout Mélanie et signalons au passage

que son autre fille,


Anna-Marie, avec
qui il était en froid
depuis des années
était aussi de l’aven-
ture (c’est elle qui
est en partie respon-
sable de la réalisa-
tion des films).

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