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Matière : Alimentation et Nutrition Animales

II. Alimentation énergétique


L’énergie caractérise la capacité à modifier un état, à produire un travail entraînant du mouvement, de la
lumière, ou de la chaleur. Toute action ou changement d’état nécessite que de l’énergie soit échangée. Elle
est obtenue par la combustion de carburants, par l’utilisation de l’électricité ou de forces naturelles comme
le vent ou l’énergie solaire.
Dans le Système International d’Unités, l’énergie s’exprime en joules (J) ou en calorie (cal) (quantité de
chaleur nécessaire pour élever d’un degré Celsius la température d’un kg d’eau : de 14,5°C à 15,5°C)
(Tableau 1).
Tableau 1. Unités de mesure de l’énergie
Unités de mesure Equivalent Observation
Joules (J) / SIU
Calorie (cal) 1 cal = 4,1855 J La plus courante
Grande calorie (Cal ou kcal) 1 Cal = 1 kcal = 103 cal Utilisée principalement en diététique
Thermie (th) 1 th = 106 cal = 4 185,5*103 J Unité ancienne d’énergie
Frigorie (fg) 1 fg = -1 cal Dans la réfrigération
Tonne d’équivalent pétrole (tep) 1 tep = 4,186*1010 J Utilisée par les économistes de l’énergie

Intérêts : l’énergie a un rôle très vital et indispensable dans,


Le métabolisme général et le métabolisme de base (MB),
La couverture des dépenses d'entretien, de croissance, et de production,
Les fonctions de la reproduction (fécondation, ovulation, …),
La synthèse des hormones, des enzymes, …
La régénération cellulaire, …

Troubles de l’apport d’énergie

A. Symptômes d'excès : ils sont responsables de :


Carcasses graisseuses et maigres, ou graisseuses et lourdes,
Viandes difficilement commercialisées,
Baisse de la fertilité des femelles
Coût de revient élevé...
Perte économique,
Acidose qui est responsable de :
- Douleurs abdominales,
- Tachycardie
- Émergence d’une flore pathogène.
B. Symptômes de la carence
Amaigrissement de l'animal,
Faibles performances zootechniques,
Faible taux de fertilité,
Mauvaise régénération des tissus, et
Forte dégradation des tissus qui entraine une Toxémie, responsable de :
- Anorexie,
- Troubles de vision,
- Démarche chancelante (déséquilibré)
- L’animal porte la tête inclinée,
- L’air expiré sent de l’acétone.

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2.1. Notions de bioénergétique

2.1.1. Généralité

La bioénergie issue de l'énergie tirée de la biomasse sylvicole, agricole et des déchets organiques sert
comme une source d'énergie renouvelable grâce à une croissance continue des plantes ou à de nouvelles
plantations. Les plantes captent la lumière du soleil et absorbent du dioxyde de carbone, puis l'énergie est
stockée (énergie solaire) dans la matière organique qu'elles créent.
La bioénergie donne des biocarburants (huiles, …), des biogaz (biodéchets, …) et de la chaleur (bois, …).

En Europe, les pouvoirs publics considèrent que l’énergie tirée des produits de la matière vivante (végétaux,
…) et les biodéchets doivent couvrir 20 % des énergies renouvelables.

2.1.2. Définitions

C’est l’étude des manifestations énergétiques qui se passent dans la matière vivante, transformation de
l'énergie en énergie chimique, travail, chaleur, lumière.
- La matière vivante est l’organisme tout entier (système),
- Les matières vivantes sont des transformateurs thermiques,
- Elles échangent de la matière, de l’énergie… avec l’extérieur.
La matière vivante peut générer de l’énergie sous différentes formes (Figure 1) :
- calorique inhérente à la vie,
- chimique nécessaire à la synthèse des tissus, stockage de lipide dans le tissu adipeux, ou sous
forme de production (lait, viande, œufs, …),
- mécanique dépensée au cours de de l’activité de l’animal (contraction musculaire, …),
- électrique qui est négligeable.

Energie mécanique :
Déplacement, travail,
Varie en fonction de l’activité

E. Chimique Energie électrique : elle


(composantes des est négligeable
produits animaux)
Matière
vivante

E. Calorique : E. Chimique : offerte par


inhérente à la vie les nutriments

Figure 1. Manifestations énergétiques au niveau de la matière vivante.

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2.1.3. Grands principes de la bioénergétique

Les transferts de l’énergie obéissent aux lois générales de la thermodynamique.


a. Notions et principes de la thermodynamique :
Le système thermodynamique est toute portion de l’espace qui contient la matière qu’on veut étudier
(Cellule vivante, organisme, cristal, récipient, …). Le système est limité par une surface réelle, le
reste de l’espace extérieur constitue l’environnement (Figure 2).

Univers

Environnement

E E
M M
Limite

Système

Figure 2. Echanges de la matière et de l’énergie.

b. Types de systèmes thermodynamiques :

- Systèmes isolés dont la limite empêche tout échange avec l’environnement,


- Systèmes fermés dont la limite permet les échanges d’énergie mais non de matières avec
l’environnement,
- Systèmes ouverts : il est entièrement perméable, permet les échanges de la matière et de
l’énergie.

c. Particularités énergétiques des systèmes biologiques (cellules vivantes) :

Les cellules sont des systèmes ouverts qui évoluent loin de l’équilibre. Elles sont capables de
conserver une température > à leur environnement (thermorégulation) et d’utiliser l’énergie
(lumineuse ou chimique) et la matière de leur environnement pour se reproduire, construire et
maintenir leur ordre interne.
Ex1 : synthétisent des macromolécules et édifient des structures ordonnées,
Ex2 : convertissent l’énergie lumineuse ou chimique de leur milieu pour produire de la chaleur, de
la lumière, etc.

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d. Principes de la thermodynamique :

1er Principe : Principe de la conservation de l’énergie et la fonction d’enthalpie (H)


2ème Principe : Principe de dégradation (le désordre) et la fonction de l’entropie (S) et d’enthalpie générale (G).

1er Principe :

I. Principe de la conservation de l’énergie et la fonction de l’enthalpie (H)


Dans n’importe quelle transformation physique ou chimique, la quantité de l’énergie reste constante.
L’énergie ne peut être ni créée ni détruite, elle ne peut que se transformer d’une forme à une autre.

II. La fonction d’enthalpie :


La fonction d’enthalpie est importante dans le cas des réactions biochimiques qui se déroulent à pression
constante.
Elle permet de calculer l’énergie interne d’un composé en mesurant le dégagement de chaleur (enthalpie
libre molaire) associé à sa dégradation complète, C.à.d la quantité de chaleur (Q) échangée à P° constante
(ΔH) :

ΔH = Qp
Si ΔH < 0 : Transformation libère de la chaleur ; c’est une réaction exothermique :

C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O + Qp


ΔH = - 2813 kj / mole

Si ΔH > 0 : Transformation absorbe de la chaleur. C’est une réaction endothermique

NaCl + H2O Na+ ; Cl- ; H2O


Cristal solution aqueuse
ΔH = + 3,8 kJ / mole.

2ème Principe

Principe de dégradation ou le désordre et la fonction de l’entropie (S) et l’enthalpie libre (G).

1) Notion d’irréversibilité :

Sans apport d’énergie de l’extérieur, les phénomènes naturels sont irréversibles (Exemple 1).
T= 0 T>0
60°C 20°C 40°C

Isolant thermique

Les systèmes évoluent spontanément vers une uniformisation : il n’y aura plus de transformation
spontanée, donc pas de travail.

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2) Notion d’entropie (S)

Dans un système isolé, la T°, la pression et la concentration des molécules tendent à devenir
uniformes, c-à-d tendent vers l’état d’équilibre (pas de travail). Donc, l’Entropie est cette forme d’énergie
incapable de permettre la réalisation d’un travail.
Toute transformation provoque la variation d’entropie qui dépend de l’état initial (i) et final (f) :

Sf - Si = ΔS
- Dans un système isolé : ΔS > 0

- Si un système reçoit une certaine quantité d’énergie : Sf - Si = ΔS = ΔQ /T ;

T : température absolue du système, et de ce fait : ΔQ = T ΔS

L’augmentation de l’entropie du système augmente son désordre (Exemple 2).

-1
TΔS = + 12,8Kj.mole

Eau Solution
aqueuse
Cristal de
Na+ ; Cl-
NaCl

Les cations de Na et Cl qui étaient parfaitement ordonnées dans le cristal de sel se répartissent de
manière désordonnée dans l’eau ; lors de la transformation le désordre du système a augmenté et le
retour à l’état de cristallisation est impossible spontanément sans apport d’énergie.

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2.2. Dépenses énergétiques des animaux

Les êtres vivants sont caractérisés par une perpétuelle activité en termes de processus physico-chimiques.
Au niveau de chacune des cellules, se déroulent 280 des réactions chimiques, certaines dégageant de
l'énergie (chaleur), d'autres en consommant (dépenses énergétiques) (Mann et al., 2002).
Les dépenses énergétiques des animaux se sont représentées par la quantité d'énergie consommée par un
animal pour assurer ses besoins énergétiques. Les besoins énergétiques sont fonction de deux types de
dépenses : une dépense inéluctable (dépenses d’entretien) et des dépenses de production (Larousse agricole,
2002).

2.2.1. Dépenses d'entretien

C'est la quantité d'énergie nécessaire qui garde l'animal vivant sans variation du poids et sans production.
Ces dépenses regroupent le métabolisme de base de l'animal, sa thermogenèse et le coût de ses activités
physiques.

2.2.1.1. Métabolisme de base (métabolisme de repos, MB) :

II est mesuré au repos complet, à jeun et dans une atmosphère calme et équilibrée (ZNT). Le MB correspond à
1'énergie nécessaire pour maintenir les fonctions de base de 1'organisme (rythme cardiaque, respiration, température, ...)
et 1'énergie nécessaire pour assurer les dépenses du métabolisme cellulaire (régénération cellulaire...).
Le MB est déterminé à partir du poids vif de l'animal à la puissance 0,75. Le 0,75 représente les deux tiers de la
surface corporelle de l’animal.

En moyenne, les dépenses du MB des animaux domestiques et de l'homme est de 70 Kcal par 1 Kg de poids
métabolique. En général, le MB consomme prés de deux tiers (60 à 70 %) de la dépense énergétique globale
(Tableau 2).
Tableau 2. Energie disponible au repos dans le corps est répartie de la manière suivante :
Organes en fonctionnement Dépenses énergétiques (%) au repos
Cerveau 20
Cœur 15 – 20
Foie 15 – 20
Reins, poumons et autres tissus 10 – 15
Muscles 20 – 25

Le MB varie avec :
* L'âge de l’animal, il diminue avec 1'avancement de 1'âge (MB jeune > MB adulte),
* Le sexe, il est plus important chez le mâle que chez la femelle et le mâle castré (15- 20 %),
* L'espèce, le MB des volailles (80Kc) > bovins (75Kc) > MB des ovins (55Kc),
* La masse des tissus maigres (muscles, foie, cœur, . . .),
* L'individu, il existe une différence de moins de 10 % entre les individus,
* La race, les races à lait ont un MB plus élevé que celui des races à viande de 15 à 20 %.
Les dépenses énergétiques du nouveau-né en hiver, en cas de mise-bas en plein air, sont multiplient par 3 à 5
fois. Le MB peut être influencé par les secrétions hormonales (hormones thyroïdiennes, ...).
Le métabolisme de base est beaucoup plus élevé chez les homéothermes que chez les pœcilothermes de
poids voisin.

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2.2.1.2. Thermogenèse :

Elle correspond à la quantité d'énergie nécessaire pour digérer des aliments, assimiler et stocker leurs
composants nutritifs. Ces besoins augmentent, par rapport au MB, de :
➢ 20 à 25% chez les volailles en ZNT ;
➢ 30% pour la prise du repas à 1'auge, cas du concentré ;
➢ 60% pour la prise du repas à 1'auge, cas du foin ;
➢ 01 % pour la rumination, cas du concentré ;
➢ 5 -8% pour la rumination, cas du foin ;
➢ 3% pour le fonctionnement du tractus digestif.

2.2.1.3. Coût d'activité physique :

C'est 1'énergie dépensée au cours des activités physiques de 1'animal. Le coût de 1'activité physique est
variable selon les individus, la durée, et 1'intensité de 1'activité physique. Les variations augmentent de :
➢ 30 % chez les volailles,
➢ 10 à 30 % chez les animaux en déplacement par rapport aux animaux en stabulation entravée,
➢ 9 % de plus chez les bovins et les ovins pour la station debout.
Les produits terminaux de la digestion sont utilisés en priorité pour couvrir les besoins d'entretien qui sont des
dépenses improductives et inévitables mais il faut les limités, tout en réduisant la déperdition de caloriques
et la thermogenèse, etc.

2.2.2. Dépenses de production

2.2.2.1. Dépenses de croissance :


On distingue deux types de croissance :

- Croissance quantitative des animaux qui est une augmentation avec le temps en taille, en poids, en
surface et en volume des diverses régions du corps, des organes et des tissus.
- Croissance qualitative (développement) qui se traduit par 1'acquisition des propriétés nouvelles
(maturation des appareils qui deviennent fonctionnels, …).
Les dépenses énergétiques de croissance dépendent de la composition chimique du gain de poids vif
(protéines, lipides, minéraux, eau) et de la vitesse de croissance. Cette dernière, varie selon la phase
prénatale (in utéro) ou post-natale.

a) Croissance prénatale (embryonnaire et fœtale) :


En phase embryonnaire, les feuillets embryonnaires donnent naissance aux principaux tissus et organes.
La mise en place des tissus se réalise toujours dans le même ordre : le tissu nerveux, le tissu osseux, le tissu
musculaire et le tissu adipeux. La multiplication cellulaire est intense et le gain de poids est régulièrement
croissant.
En phase fœtale (4ème semaine de gestation à la naissance), le gain de poids passe de l00 g/j au 5ème mois à 500 g/j
au 9ème mois chez les bovins, alors que chez les ovins, il est de 80 g/j au dernier mois de gestation. Pendant
cette phase, le tissu nerveux, la tête et le cou ont un développement prioritaire et atteignent leur maximum
de croissance.

b) Croissance post-natale

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L'intensité de croissance est d'autant plus importante que le poids à la naissance est faible. La croissance
des régions du corps varie avec l'avancement de 1'âge :
- Chez le veau : croissance accélérée du cou et du tronc, les deux atteignent leur taille maximum.
- Au stade adulte : développement du bassin.
La vitesse de croissance est maximale à partir de la puberté (entre 30 et 40 % du poids adulte). L'évolution
du poids vif résulte de 1'interaction entre le type génétique de l’animal et le système d'élevage. Les
animaux en croissance fixent simultanément des protéines et des lipides dans leur organisme.
La formation d'un g de tissu musculaire nécessite en moyenne l0 kJ d’EM, c'est ce qui rend la croix des
jeunes principalement musculaire (riche en protéine).

2.2.2.2. Dépenses d'engraissement

L'excès de l'EM disponible de 1'adulte après la couverture des besoins de l'animal est dévie vers la synthèse
des lipides corporels. La formation d'l g de tissu adipeux nécessite en moyenne 40 kJ d'EM. En général, le
croît des adultes emmagasine surtout de la graisse, ce qui donne des carcasses graisseuses à 1'abattage.
La graisse intramusculaire améliore, en petite quantité, la qualité de la viande. Lorsque le taux de 1'énergie
graisseuse dépasse les 30 %, la qualité de la carcasse est altérée. L'espèce, la ration, 1'âge de 1'animal, la race
et le sexe, ce sont les facteurs qui peuvent influencer 1'engraissement des animaux.

2.2.2.3. Dépenses de la production du lait

C'est 1'énergie nécessaire pour couvrir les besoins de la lactation qui dépendent de la quantité du lait produit et de
sa composition chimique. La circulation de 400 litres du sang à travers la mamelle permet l'élaboration d'un litre
du lait (chèvre et vache). Au cours de ce passage, les acini de la mamelle prélèvent les différents nutriments
(glucose, butyrates, acétate, acides gras, acides aminés, vitamines, minéraux, et 1'eau, …). La lactogenèse est
influencée par différents facteurs : La race, les potentialités génétiques des productrices, le stade de
lactation, le niveau d'alimentation, et la qualité de la ration alimentaire, etc.
Le calcul de 1'énergie brute des constituants du lait (lactose, matières grasses, protéines) permet de déterminer les
dépenses énergétiques et de ce fait les besoins de la production d'un (01) kg du lait standard (Tableau 3).

Tableau 3. Proportion des constituants d’un kg du lait standard en %

Espèces Taux MG Taux de protéine Taux de lactose Energie (kcal)


Bovine 4 3,2 4,8 750
Ovine 6,7 4,7 5,1 1100
Caprine 3,2 03 5,1 670
NB : Le lait non standard est rapporté en lait standard.

Les besoins énergétiques de production du lait progressent avec 1'accroissement de la production, surtout
en début de lactation, et avec 1'amélioration de la qualité du lait.

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2.2.2.4. Dépenses de gestation

Elles correspondent au métabolisme du fœtus et à 1'énergie fixée par le ou les fœtus et ses annexes (les
enveloppes fœtales, le placenta, ...), la paroi utérine, et la glande mammaire.
Ces dépenses sont importantes suivant le nombre de fœtus et leurs tailles. Pendant les dernières semaines de
gestation les dépenses de gestation se multiplient. Ces dépenses sont de l’ordre de :
970 kcal/j ……… ............................................... 1'utérus (veau de 40kg)
270 kcal /j .............................................................. l'utérus (double agneaux)
2500 kcal/j ............................................................ la mamelle.

2.2.2.5. Dépenses de ponte

Les dépenses énergétiques de production des volailles en ponte se décomposent en production de l’œuf et en
croissance tissulaire. Ces dépenses évoluent avec l’intensité de ponte, la taille de l’œuf et la composition de cet
œuf. En moyenne, un œuf de 62 g génère 94,6 Kcal issus de lipide du vitellus (54,6 Kcal), de protéines de
vitellus (17,7Kcal) et de protéines d’Albumen (22,3Kcal).
Le poids de l’œuf augmente avec l’âge des poules, entraînant la baisse de la fraction du vitellus et de ce fait la
baisse de la fraction énergétique.
On peut estimer les dépenses énergétiques journalières de la poule en ponte par l’équation suivante :

EM = 75,8 P + 5,49 ΔP + 2,35 e (à 20°C) ; Avec :

EM : Energie métabolisable (Kcal) ingérée par jour ; P : poids vif (g), ΔP : gain de PV (g) ; e : Poids de l’œuf
exporté par jour (g).

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2.3. Mesure des dépenses énergétiques (Calorimétrie)

2.3.1. Généralités
Calorimétrie : technique de mesure de la chaleur issue de l’oxydation des nutriments dans l’organisme
(métabolisme) et de l’énergie stockée dans les tissus.
Bilan énergétique : Il correspond à la différence entre la quantité des apports caloriques (énergie entrante) et
celle des dépenses (énergie sortante). L’énergie entrante est représentée par les substances nutritives et la
sortante, c’est celle des issues du métabolisme (eau, urée, déchets, CO2, …). Chez l’adulte :

✓ Bilan équilibré : Apports = dépenses (état stationnaire),


✓ Bilan positif : Apports > dépenses (prise de poids),
✓ Bilan négatif : Apports < dépenses (sujet perd du poids).

2.3.2. Principe de la calorimétrie


Il est basé sur l’oxydation complète de la matière organique des aliments (glucides, lipides et protides), et
qui va libérer de la chaleur avec des métabolites (déchets), en présence de dioxygène.

Substances nutritives (MO) + O2 ------> Déchets + chaleur

2.3.3. Méthodes et techniques de mesure

2.3.3.1. Calorimétrie directe

2.3.3.1.1. Méthodes de mesure : elle mesure la production de chaleur issue de différentes formes de
thermolyse (radiation, convection, conduction, …) et de la thermogenèse. La chaleur produite par un animal
se décompose en chaleur sensible (Qs) et insensible (Qi). La chaleur totale (Qt) produite par l’animal est :

Qt = Qs + Q i .

- Chaleur sensible (Qs) : c’est la chaleur émise par radiation, convection et conduction.
a. Conduction : transport de chaleur dans la matière par équilibre progressif.
b. Convection : transport de chaleur dans de la matière en mouvement. Les fluides (eau ou air) réchauffés au
contact de la peau se dilatent et s’élèvent et donc vont être remplacés par des fluides nouveaux (froids).
c. Radiations : La lumière est réfléchie par la peau qui émet des infrarouges (IR) qui seront absorbés.

- Chaleur insensible ou latente (Qi) : c’est la chaleur liée à la vaporisation de l’eau par la surface cutanée et par
l’appareil respiratoire (lutte contre le chaud). Chaque gramme d’eau évaporé entraine 0,586 Kcal (2,4 kJ) de perte.

2.3.3.1.2. Techniques de mesure


- Calorimètre à glace de Lavoisier (qui est très précis) :
La chaleur va atteindre la glace et la faire fondre. On mesure le volume d’eau qui s’écoule
- Calorimètre à eau : On place un organisme dans un milieu liquidien, et on mesure l’élévation
de chaleur.
W = M * s * Δt ; avec : M en kg, et s en kJ/kg
- Calorimètre à air : pour l’homme, c’est la chambre calorimétrique :
Intérêt : Elle permet de réaliser les méthodes de thermochimie alimentaire et également d’étudier l’organisme dans de
nombreux cas. Cependant, elle demande des installations énormes et coûteuses.

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2.3.3.2. Calorimétrie indirecte


2.3.3.2.1. Thermochimie respiratoire
La consommation d’O2 est proportionnelle à la quantité d’aliment oxydée, c’est l’équivalent en O2 utilisé, ou
coefficient thermique de l’O2 (Tableau 4). Détermination de l’équivalent :

C6H12O6 + 6 O2 ------> 6 CO2 + 6 H2O + 2840 kJ


6 x 22,4 L
Tableau 4 : Coefficients thermique de l’O2 et respiratoire.
Substances Coefficient thermique de l’O2 Quotient respiratoire ( r )
(kJ / L d’O2)
Glucides 21 1
Lipides 19,6 0,7
Protides 19,4 0,81

Le coefficient thermique de l’O2 sert à mesurer l’Nu (urinaire) et a nous donné la quantité de protides.
On peut également mesurer le coefficient respiratoire ( r ) :

r = (V de CO2) / (V de O2)
Mesure d’azote par le calcul du carbone protéique, on connaît la quantité de CO2 issue de la combustion des
protides. Le poids de protide permet le calcul de l’O2 nécessaire à la combustion.
Part des glucides et des lipides : Notion de quotient respiratoire. Il faut connaître la valeur des coefficients
respiratoires (r).

2.3.3.2.2. Mesure de la rétention d’énergie


✓ Méthode des ingesta
✓ Méthode des egesta
✓ Méthode des bilans alimentaires

a. Méthode des ingesta (thermochimie alimentaire).

Il y a une proportionnalité entre l’énergie dépensée et les apports alimentaires (équivalent énergétique des
aliments).
On met les aliments pesés dans une bombe calorimétrique de Berthelot ; ils se brûlent et produisent une
chaleur que l’on va mesurer. Connaissant la composition des aliments, on pourra calculer la quantité de
lipides, glucides et protides ingérés.
La bombe calorimétrique est l’équivalent de la combustion in-vitro de l’organisme (Tableau 5).

Tableau 5 : Apports énergétiques des substrats alimentaires


Substances Unités Energie brute Energie brute Energie digestible
(In vitro) In vivo (In vivo)
Glucides Kjoule/g 17 17 17
Kcal/g 4 4 4
Lipides Kjoule/g 40 40 38
Kcal/g 9.4 9.4 9
Protides Kjoule/g 23 20 17
Kcal/g 5.6 4.75 4

Ex : le glucose : C6H12O6 + 6 O2 ------> 6 CO2 + 6 H2O + 2840 kJ


(180 g)
2840/180 = équivalent énergétique du glucose = 15,77 kJ/g

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Pour les protides, il y a un déchet qui est l’urée (forme essentielle du rejet de l’azote). Cette urée contient de
l’énergie.
1 g de protéines ------> 0,34 g d’urée.

1 g d’urée ------> 10 KJ.

Intérêt : la méthode des ingesta suppose des conditions assez précises : il faut que l’énergie apportée soit
égale à l’énergie dépensée (nécessite état stationnaire). Sur plusieurs jours, et dans le cas d’un adulte, c’est
une technique très valable. Elle permet également d’établir des rations alimentaires pour différents groupes
d’animaux.

b. Méthode des egesta :


Les déchets signent automatiquement une combustion. On fait la correspondance entre déchets et
combustion, à condition que le sujet doit être à jeun. Les déchets contiennent de l’azote, du carbone et de
l’hydrogène.
Les déchets des substrats sont récupérés essentiellement dans les urines (urée) et les matières fécales.

➢ Azote des déchets protidiques : la quantité d’énergie libérée par la combustion des protides (Ep) est
évaluée par les méthodes suivantes :
Ep = N (g) * 6,25 * 20 (kJ/g) ;

Les protides renferment 16 % d’azote ; 1 g de Nu est équivalent à 125 kJ puisées dans les réserves.

➢ Carbone des déchets protidiques (Cp) :

Cp = N (g) * 6,25 * 0,53

➢ Carbone des déchets glucido-lipidiques : le carbone de combustion est rejeté en CO2 par la
ventilation.
Carbone glucido-lipidique = Cg,l,p – Cp

Le carbone glucido-lipidique correspond en fait au carbone d’origine lipidique, car les variations des
réserves glucidiques sont très faibles.

E (lip.) = Clip (g) * 1,31 * 40 (kJ/g) ; lipides : 76 % de C.

1 g de Cu est équivalent à 52 kJ puisées dans les réserves.

Intérêts et limites : c’est une méthode très précise, mais comprend deux contraintes :
- il faut que le sujet soit à jeun (mesure sur des périodes pas très longues)
- pour mesurer l’azote, il faut vider la vessie avant et après l’expérience.

c. Technique des bilans :


Elle permet de considérer le métabolisme dans toutes les conditions. On mesure les ingesta et on détermine
des bilans de matière, qui permettent de chiffrer les variations d’énergie de nos réserves.

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1. Mesure de l’énergie apportée par les aliments : c’est la méthodologie des ingesta. Elle permet de
chiffrer l’énergie ingérée avec l’N et le C ingérés (Tableau 6).

Tableau 6. Energie ingérée


Substances Fraction de carbone Fraction d’azote Kjoule/g
(%) (%) In vivo
Glucides 40 / 17
Lipides 76 / 40
Protides 53 16 20

Il suffit de multiplier la quantité de glucide, lipide, et protide par respectivement x 17, x 40, et x 20, ce qui
est égal à l’énergie entrante.

2. Mesure de la matière qui sort : c’est la méthodologie des Egesta. Les déchets sont : Nu (urée) ;
C (CO2, urines, matières fécales).

Bilans de matière et d’énergie : N retenu = N entrant - N sortant.

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2.4. Expression de l’apport énergétique


Les dépenses énergétiques aux différents stades physiologiques de l’animal, exprimées en besoins
énergétiques, sont couvertes par les apports énergétiques exogènes (ration alimentaire, …) et endogènes
(réserves). Dans une ration équilibrée :

Dépenses énergétiques = Besoins énergétiques = Apports énergétiques + (10 à 15 %)* ;


*
: marge de sécurité

Dans l’alimentation des animaux, on s’intéresse à l’énergie chimique (Kcal ou KJ) des apports alimentaires
et des réserves. Lors de son utilisation par l’animal au cours des processus biologiques, cette énergie est
transformée en chaleur. Les apports énergétiques de la ration est la somme des apports énergétiques de
différents aliments composant la ration.

2.4.1. Energie Brute (EB)

En analyse d'aliment, une énergie brute précise une quantité d'énergie en "Kcal" obtenue par
l’oxydation complète d'un échantillon de l'aliment dans une bombe calorimétrique ; autrement dit, c’est
l’énergie potentiel des aliments.
Elle est calculée aussi à travers la détermination de la composition chimique de l’aliment par l’affectation à
chaque principe nutritif, la quantité de chaleur qu’il dégage par 1g.

Principe nutritif Glucide Lipide Protéines Lignine


(Kcal / 1g) 4,1 9,4 5,6 6

L’Energie Brute est fortement liée à la composition chimique de l’aliment (glucides, lipides et protéines) et
notamment à la fraction des lipides ; sur cette base, des équations de prédiction ont été établies.
Les tables de l’INRA (2007) proposent les formules de calcul de la teneur en EB des aliments en fonction de
leur composition chimique.

➢ Cas de Fourrages grossiers : EB(Kcal/kg MO) = 4531+▲ + 1,7735 MAT ;

Avec MAT : matière azotée totale (g / kg MO) ; ▲ : facteur de correction, variable selon le fourrage utilisé.

Fourrages Valeur de ▲
F. vert de prairie permanente 82
Trèfle vert et sain foin -11
F. vert de graminée -71
Le minimum d’énergie que l’on puisse apporter d’EB est le 4531 Kcal/kg MO.

➢ Cas du Concentré : EB = 5,72 MAT + 9,5 MG + 4,79 CB + 4,17 ENA.

➢ Fourrages ensilés : l’EB varie selon le type de fourrage ensilé et de la proportion et la nature des
produits de la fermentation formés lors de la conservation, dont la valeur de la EB est différente :
Produits de fermentations EB (Kcal/kg MO)
C2 3487
C3 3619
C4 5951
CH3OH 7111

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Avantages et inconvénients de la méthode de prédiction : elle est souple et facile, mais la quantité de ENA
n’est pas précise car une partie de la CB est solubilisée au cours des analyses ce qui fausse les résultats de
l’ENA.

➢ Les coproduits : ces des matières créées au cours du même processus de fabrication et en même
temps que le produit principal. On trouve les coproduits de la meunerie (issues de blé, son, remoulage...), les
coproduits de trituration (tourteaux (d'arachide, soja, tournesol, ...), etc.

Il faut noter que, plus le taux de lipide, lignine et protéines est élevé, plus l’EB est importante et plus le taux
de la fraction minérale est important dans la ration est élevée, plus l’EB est faible.

A chaque étape de l’utilisation de l’énergie par l’animal, il y a des pertes d’énergie, l’élimination de ces
dernières permet de calculer l’énergie restante dans le corps (ED, EM, EN) et le rendement de
transformation de l’énergie au cours de cette étape (Figure 3).

L’ED, EM, EN)et le rendement de transformation de l’énergie sont en relation avec le type d’animal
utilisateur et les caractéristiques propres à l’aliment (Figure 4).

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2.4.2. Energie Digestible (ED)

Seule l'ED contenue dans la matière organique digestible est absorbée par l'organisme, le reste est perdu
sous forme de fèces. Elle représente la différence entre l'énergie brute (EB) et l'énergie fécale (EF).

ED = EB - EF

Les pertes fécales varient avec les caractéristiques de l'aliment et de l'animal. La digestibilité de l'énergie
est le rapport qui existe entre l'ED et EB.

2.4.3. Energie métabolisable (EM)


L’énergie digestible (ED) de l’aliment consommé par l’animal n’est pas totalement disponible pour assurer
ses besoins. Ainsi, la fermentation (dans le rumen et le cæcum) d’une partie de l’énergie ingérée induit la
production de gaz (CH4, hydrogène, CO2 …) qui sera perdue sous forme d’énergie gazeuse (Eg). Par ailleurs,
l’excrétion urinaire entraîne des pertes d’énergie liées essentiellement au métabolisme protéique (énergie
urinaire (EU)).

Donc, la valeur de l’EM des matières premières d’aliment est estimée par la formule suivante :

EM (Kcal/Kg MS) = ED - EU – Eg ;
EM (Kcal/Kg MS) = EB - EF - EU – Eg

De ce fait, l’énergie métabolisable (EM) de l’aliment consommé est la fraction de l’énergie consommée
(EB) qui finalement reste disponible théoriquement pour l’animal, et elle peut être utilisée par ses tissus pour
l’entretien et la production (lait, croît (croissance, fœtus, …), œufs, travail, …).

La détermination de l'EM des aliments varie selon l'espèce animale, l'anatomie du tube digestif et le type et
la composition chimique de l'aliment. Ainsi, le niveau alimentaire, la part du concentré dans la ration et le
taux de CB sont autant de facteurs qui modifient l’EM. Cette dernière baisse avec un taux de CB dépassant
les 16 % dans la ration. Ainsi, qu’elle diminue de 1 % au-delà d’un niveau alimentaire de 1,7.

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2.4.3.1. Energie urinaire (Eu)


Elle représente les déchets azotés qui se trouvent sous forme d’acide urique (oiseux) et d’urée (CO(CH3)2)
chez les mammifères. Les pertes urinaires dépendent de la teneur en azote de la ration, de la valeur
biologique des protéines, et de l’état physiologique de l’animal. Elles sont de l’ordre de 5 à 10 %, moins de
5 % et de 5,5 % respectivement chez le ruminant adulte, le jeune et chez les volailles.
- L’Eu est directement liée au bilan d’azote.
- Chez le jeune les pertes sont faibles car le taux de rétention azoté est élevé.
- Chez les monogastriques, les pertes d’EU sont de l’ordre de 7,46 Kcal / gramme d’azote urinaire.
- Chez les volailles, l’EM est corrigée par apport à un bilan azoté nul (EMCN0), le facteur de correction
est estimé à 8,22 Kcal/g Nretenu.
EMCN0 (Kcal/Kg MS) = EB - EF - EU – 8,22 * g Nretenu.

2.4.3.2. Energie gazeuse (Eg)


Elle est très importante chez les ruminants (8 à 10 % / EB), faibles chez les monogastriques (1 à 1,5 %) et
négligeable chez les volailles (~ 0 %).
Les pertes d’Eg est représentée notamment par l’E contenant dans le CH4 éructé (80 % du CH4 formé) et
l’énergie liée à la chaleur de fermentation (3 à 6 % de l’EB).

2.4.3.3. Mesure de l’EM

1) Méthode classique : elle est basée sur la digestibilité de l’énergie des composantes de l’aliment. Il
est à noter que, les glucides sont métabolisés 98 %, les lipides à 95 et les protéines à 92 %.
- Avantages et limites de la méthode classique : méthode simple et facile à appliquer, mais les gaz
ne sont pas pris en considération et elle considère que toutes les protéines sont oxydées. Donc le coefficient
4 est théorique, et il est corrigé selon l’espèce animale (Tableau suivant) :

Espèces Coefficient
Ruminant 3,65
Volailles 4,2
Lapin 4,19
Porc 4,1

Pour les bovins et les ovins on utilise les formules suivantes :


Bovin : EM (Kcal/Kg MS) = 3,65 MOD + 1,76 MGD
Ovin : EM (Kcal/Kg MS) = 3,40 MOD + 1,70 MGD

2) Méthode biologique

Le système d’EM s’adapte parfaitement aux volailles, il facilité la mesure de la valeur énergétique des
aliments. L’énergie métabolisable classique (EMc) est évaluée selon la méthode biologique suivante :

EMc (Kcal/Kg MS) = (EBingérée - Eexcritée) / Qtéingées (kg)

De fait de l’influence de la rétention azotée sur la valeur de l’EMc, il est opportun d’apporter une correction
à un niveau azoté nul (N0) afin de pouvoir comparer les résultats.

EMcN0 = [(EBingérée - Eexcritée) / QIingées (kg)] ± 8,22 (Ningéré – Nexcrété) / QI(kg)

Mais en pratique, un bilan azoté nul (N = 0) ne répond pas aux conditions d’élevage car le taux de rétention
de l’azote (Ningéré – Nexcrété) varie avec le type des volailles et leur âge (Tableau 8).

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Tableau 8. Taux de rétention de l’azote selon le type des volailles et leur âge
Type de volailles Age Taux de rétention de l’N
(semaines) (%)
Poussin <4 40
Poulet de chair ≥ 6 (finition) 30
Poule pondeuse > 22 30
Coq adulte 3 ans 0

EMcNx = EMcN0 + [(P / 6,25) * x % N] * 8,22

3) Energie métabolisable réelle (EMréelle) :


Pour le calcul de l’EMréelle, on prend en considération la fraction de l’énergie endogène (Eend) issue de la
combustion, de desquamation cellulaire et des sucs digestifs.
Pour apprécier l’Nend, on met l’animal dans une cage à métabolisme à jeun et on lui donne juste pour
l’entretien du glucose qui sera absorbé directement.
Nfécal = Nendogène + Nalimentaire

L’EMréelle > EMC ; cette différence st de l’ordre de 5 à 10 %. Celle-ci est d’autant plus importante que les
quantités ingérées sont faibles.
EMréelle (Kcal/Kg MS) = (EBing - Eexc + EBexc end) / Qtéing

EMréelle = EMC + (EBexc end) / Qtéing

2.4.4. Energie Nette (EN)


C'est le produit final de la digestion. L’EN est issue après l'élimination de la portion de l'énergie de
fonctionnement de tube digestif et de l'énergie de synthèse. L'EN représente l'énergie réellement utilisable
par les tissus, elle contribue à satisfaire les besoins d'entretien et de production de l'animal.

EN (kcal/kg MS) = EM - Extra chaleur - ADS

L’énergie nette (EN) est évaluée par l’abattage de la carcasse (corps de l'animal écorché, éviscéré et dont la
viande est prête à être découpée pour la consommation) ou par la méthode de la chambre respiratoire.
* Extra-chaleur (C) : elle correspond au coût énergétique de fonctionnement des tissus de TD.
* ADS : C’est le coût énergétique de l’utilisation métabolique (synthèse des molécules).

Les pertes par ADS sont liées à l’animal et sa fonction physiologique. Ces pertes sont de l’ordre de 30, 12 et
5 % respectivement pour les protéines, les lipides et les glucides.

Les pertes d’EM dues à l’extra-chaleur (C) et l’ADS (Q) sont corrélées à la teneur en MS (S) des aliments.

EN (Kcal/Kg MS) = EM - Q ; Q = K * S

EN(Kcal/Kg MS) = EM - K S.

La MS (S) est exprimée en gramme (g)


Le coefficient K varie selon l’espèce animale (K = 1 : Ruminant ; K = 0,9 : Monogastrique).

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2.4.4.1. Facteurs de variation de l’extra chaleur :

▪ Les quantités ingérées d’aliment et l’espèce animale


▪ L’âge de l’animal
▪ L’intensité de la production
▪ Le type de production.

2.4.4.2. Transformation de l’EM en EN

La transformation de l’EM en EN s’apprécie par le rendement K ; K = EN / EM

Le K est défini à chaque état physiologique : Km à l’entretien (maintenance) et Kp à la production.


Pour la production, on distingue le Kf (production de viande) et KL (production de lait).

Le K varie avec le régime alimentaire de l’animal (95 % pour le glucose et 80 % pour la caséine).
Chez les ruminants, 70 % de l’EM est fournie par les AGV (C2, C3, C4, …). Chaque AGV possède son
propre K. Les pertes de chaleurs sont moindres avec le C3 et C4.

Conclusion :
Il en résulte que la valeur énergétique d’un aliment est exprimée en termes d’ED, d’EM ou d’EN avec, pour
chacune de ces trois étapes, des modes de prédiction différents. En définitive, un système énergétique
correspond à la combinaison d’une étape et d’un mode de prédiction de la valeur énergétique des aliments.

2.5. Systèmes d’expression de la valeur énergétique des aliments


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Ces systèmes permettent d'évaluer le niveau alimentaire nécessaire qui peut couvrir les besoins de l'animal.

2.5.1. Valeur énergétique d’un fourrage


La valeur alimentaire d’un fourrage est définie par trois critères essentiels : la valeur énergétique, la valeur
protéique et la valeur d’encombrement.
La valeur énergétique correspond à la teneur en énergie nette du fourrage. Elle est exprimée dans le système
INRA en unité fourragère (UF).

- Unité Fourragère (UF) : c’est la quantité d'énergie nette de Leroy contenue dans un 1Kg d'orge de
référence (1 kg d’orge = 1883 kcal d’énergie nette = 1 UF), possédant les caractéristiques mentionnées dans
le tableau 9.

Tableau 9. Composition chimique de l'orge de référence de 87,2 % de MS.


Substances (g/kg) MS MO MAT CB ENA MG MM
Brutes 872 646 89 56 676 25 26
Digestibles / 726 62 19 622 23 /

L’énergie nette correspond à la quantité d’énergie qui sera utilisée pour l’entretien et les productions de
l’animal.
Quel que soit la destination de l'aliment (entretien, croissance production, …), la valeur de l'énergie nette est
la même et elle est de :
- Ruminants : … … Kcal pour 1kg d'orge de référence.
- Lapin : … … Kcal pour 1kg d'orge de référence.
- Volailles : … … Kcal pour 1kg d'orge de référence.

1 UF d’un Aliment =

UF = EN de 1kg d'aliment / 1883

– Système des équivalents amidon de Kellner (1905) : Ce système est basé sur l'appréciation de la valeur
énergétique des aliments qui est fondée sur une relation de proportionnalité entre les teneurs en éléments
digestibles des aliments et la quantité d'énergie fixée sous forme de graisse.

EA = EN / 2,36
EA = 0,94 MAD + (1,91 à 2,41) MGD + CBD + END

– Systèmes Scandinaves des équivalents fourragers (SFU) :


Ces systèmes sont proposés pour calculer la valeur de la production laitière et de la croissance des aliments.
SFU = 1,43 MAD + (1,91 à 2,41) MGD + CBD + END

1 UF Scandinave = 0,7 (1,33) UF = 0,93 UF

2.5.2. Systèmes UFL et UFV

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L’EM des aliments est utilisée avec efficacité différente pour l’entretien (Km), la lactation (KL) et
l’engraissement (Kf). Donc un aliment possède plus d’une valeur énergétique selon le rendement de
l’utilisation de l’énergie. On distingue : l’UFL et l’UFV.

Entretien : Km = 0,287 q + 0,554


Lactation : KL = 0,600 q + 0,240, q = EM / EB
Engraissement : Kf = 0,78 q + 0,006.

2.5.2.1. Unité fourragère lait (UFL) :

Ce système s’applique aux femelles : vache, chèvre, brebis, aux femelles d’élevage et aux
jeunes mâles de faibles croissance (< 750 g/j).

1 UFL = EM * KL ; KL = 63,6 %.

NB : Dans le cas de la production du lait, il existe un rapport constant entre Km et KL.


Les dépenses d’entretien (ENm) sont transformées en énergie de lactation suivant le rapport :

Km = 1,2 / KL.

2.5.2.2. Unité fourragère viande (UFV) :

Ce système s’applique aux animaux destinés à la production de viande à vitesse de croissance


élevée (> 750 g/j) et animaux d’engraissement.

1 UFV = EM * Kmf ; Kmf = 68,1 %.

NB : Dans le cas de la production de la viande, il n’existe pas un rapport constant entre Km et Kf.
Le Kmf varie avec le niveau de production.

Kmf = (Km* Kf * NP ) / (Kf + Km (NP-1))


NP = (ENm + ENP ) / ENtotale

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