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Intro:

Instituée par le traité de Rome, adopté le 17 juillet 1998, la Cour Pénal Internationale exerce sa
compétence, selon l’article 1 er du Statut, « à l’égard des personnes pour les crimes les plus graves
ayant une portée internationale ».
Pour se faire il existe plusieurs étapes de procédure. La première, l’examen préliminaire, concerne
le procureur de la CPI. En effet afin d’ouvrir une enquête et ainsi débuter la procédure, il doit
prendre en compte un certain nombre de critères inscrit dans l’article 53-1 du Statut de Rome.
Il s’agira alors aujourd’hui de se mettre dans la peau du procureur de la CPI afin de prouver la
compétence de la cour s’agissant de la situation en Ukraine.
Effectivement l’Ukraine est le terrain de conflits armés depuis 2014 et qui, comme vous le savez, se
sont intensifiés le jeudi 20 février de l’année dernière.
Pour montrer que la CPI peut et doit connaître de cette situation il faut tout d’abord interroger sa
compétence, la recevabilité de l’affaire et enfin s’assurer que l’enquête ne dessert pas les intérêts de
la justice.

S’agissant de la compétence, la CPI dans l’arrêt Le Procureur c. Thomas Lubanga Dyilo en date du
14 décembre 2006 parle de 4 angles de compétences: la compétence territoriale, personnelle,
matérielle et temporelle.

Concernant tout d’abord les compétences exigeant un lien de rattachement entre le crime et un Etat
partie, c’est à dire les compétences personnelles et territoriales, prévues aux articles 12 et 26 du
Statut de Rome. Il existe un lien de rattachement personnel lorsque les personnes soupçonnée de la
commission des crimes sont des nationaux d’un État partie au Statut de Rome. Il existe un lien de
rattachement territorial lorsque des crimes sont commis sur le territoire d’un État partie au Statut.
Ni l’Ukraine ni la Russie ne sont parties au Statut de 1998 mais, selon l’article 12-3 de ce dernier, il
est possible pour un État de remplir cette compétence en donnant son consentement à la CPI de
manière ponctuelle. Ce qu’a fait l’Ukraine à deux reprises le 17 avril 2014 puis le 8 septembre
2015.
La CPI est donc compétente en vertu des compétences personnelle en ce qui concerne les crimes
commis par les ressortissants Ukrainien et territoriale en ce qui concerne les crimes commis par
tous sur le territoire Ukrainien.

Pour ce qui est de la compétence temporelle, selon les articles 11 et 24 du Statut de Rome, seuls les
crimes commis après le 1er juillet 2002 et au 17 juillet 2018 pour le crime d’agression, relèvent de la
compétence de la CPI. Un Etat, dans ses déclarations de compétence peut permettre à la Cour de
connaître des crimes commis précédant sa déclaration au titre de l’article 12-3.
Comme dit précédemment l’Ukraine a fait ces déclarations en reconnaissant la cour compétente
pour les crimes commis depuis le 21 novembre 2013. La cour est donc compétente ratione temporis.

J’ai évoqué le crime d’agression, il s’agit donc de parler de la compétence matérielle qui concerne
les 4 crimes listés à l’article 5 de la convention:
Le crime de génocide, défini à l’article 6 du Statut, comprend deux éléments: l’élément matériel
(une destruction physique ou biologique du groupe) et un élément intentionnel c’est à dire
l’intention de détruire un groupe. C’est ce dernier élément qui manque à priori pour qualifier le
crime de génocide en Ukraine.
Il faut donc se pencher d’avantage sur les trois autres crimes
tout d’abord celui de l’article 7, les crimes contre l’humanité. Cet article codifie le droit
international en stipulant qu’un crime contre l’humanité est un cate inhumain commis dans le cadre
d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre une population civile et en connaissance de
cette attaque.
Non seulement sont reportés des actes listés à l’article 7 comme le meurtre, ou la torture par la
Russie mais ils surviennent bien lors d’une attaque généralisée car elle est menée sur une grande
échelle et fait beaucoup de victimes, et systématique car elle est organisée et délibérée.
Et je ne pense étonner personne quand j’affirme que la Russie, tout le moins son président, a pleine
connaissance de cette attaque.

Le crime contre l’humanité est vraisemblablement bien caractérisé.

Tout comme celui de crimes de guerre, qui est une violation du droit humanitaire. Il serait trop long
de faire la liste des crimes de guerre dont est soupçonné la Russie mais il est cependant possible de
rappeler qu’en août 2022 le procureur général d’Ukraine en signalait 29000.
Et ces actes sont bien en lien avec un conflit armé international puisque c’est bien la Russie qui
commet ces crimes sur le territoire d’un autre Etat, l’Ukraine.

Enfin quand au crime d’agression, l’article 8bis dit qu’il s’agit de la planification, la préparation ou
l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique
ou militaire d’un Etat, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue
une violation manifeste de la Charte des Nations Unies » et évidemment particulièrement de
l’article 2-4 relatif à l’interdiction de l’utilisation de la force.
L’annexion de la Crimée de 2015 et la guerre en Ukraine depuis 2022 constitue un acte d’agression.
Si il n’était pas possible en 2015 que la CPI soit compétente pour ce crime car elle n’en sera
compétente qu’à partir du 17 juillet 2018, il serait possible aujourd’hui, si l’Ukraine ratifie les
amendements adoptés à kampala, que la cour soit compétente pour le crime d’agression.

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