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Séance 2
Séance 2
Remarques liminaires
Procédure :
1-Examen préliminaire par le P (saisi par EP / CS / sa propre initiative) pour voir s’il doit enquêter.
2-Si oui, phase d’enquête du P aidé des autorités nationales compétentes. Le P a l’obligation
d’examiner les renseignements qui lui sont fournis mais il peut faire d’autres recherches.
3-Le P décide d’engager ou non des poursuites. Responsabilité partiellement discrétionnaire (liste
exhaustive de critères, art 53-1 du SR).
I-Il existe une base raisonnable pour croire qu’un crime relevant de la compétence de la CPI a été
commis (critère juridique strict)
II-Il y a recevabilité de la ou des potentielles affaires qui pourraient résulter de l’enquête (strict)
-compétence matérielle
-compétence territoriale
-compétence temporelle
:A. La compétence matérielle
Art 53-1 : base raisonnable = potentialité des crimes à prouver (responsabilité non abordée) =
exigence de preuve faible car bureau du procureur limité.
Précision : Si des documents publics (ONG, ONU…) sont dispos, P peut pas nier la base raisonnable
sauf si docs probants.
Affirmation : La CPI est compétente pour les « crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la
communauté internationale » qui sont listés à l’art 5. Plus précisément :
L’art 22-2 prévoit que ces crimes doivent être interprétés strictement par la Cour et qu’en cas
d’ambiguïté l’interprétation doit profiter à l’accusé.
Le crime de génocide
Elément intentionnel : vouloir détruire un groupe visé ou une partie substantielle de ce groupe
(intention présente avant ou pendant les faits) pour des raisons discriminatoires (groupe national,
ethnique, racial ou religieux).
Il peut se déduire des faits ou des circonstances avec par exemple le nombre de victimes (TPIR, Le
Procureur c. Kayishema et Ruzindana, 1999)
Les crimes contre l’humanité
Affirmation : Art 7 codifie la coutume : un acte inhumain commis dans le cadre d’une attaque
généralisée ou systématique lancée contre une population civile et en connaissance de cette
attaque.
Explication :
-2ème critère : attaque généralisée ou systématique dirigée contre une population civile et en
connaissance de cette attaque.
- L’attaque : poursuite ou réalisation ou d’un programme criminel orchestré par toute entité.
Collective + organisée.
-La population civile : par opposition aux forces armées et autres combattants légitimes. Il faut que
la population civile soit la cible principale de l’attaque donc pas victime incidente.
Définition : Conflit armé : TPIY, Chambre d’appel, Tadic, 1995 : conflit armé = « recours à la force
armée » et ce, soit entre E / E et groupes armés organisés / entre groupes organisés au sein d’un
Etat.
Remarque : Mais il est intéressant de savoir s’il s’agit d’un conflit armé international (CAI) ou d’un
conflit armé non international (CANI).
Un conflit armé non international = conflit prolongé sur le territoire d’un Etat entre les autorités
gouvernementales de l’Etat et des groupes armés organisés ou des groupes organisés entre eux.
Lien entre l’acte incriminé et le conflit pour qu’on puisse parler d’un crime de guerre (le conflit l’a
poussé à décider ou lui a permis de commettre le crime), sinon crime de droit commun.
-Crime commis dans le cadre d'un CAI : violations graves des Conventions de Genève de 1949 ou
violations graves des lois et coutumes applicables.
-Crimes commis dans le cadre d’un CANI : violations graves de l'article 3 commun des Conventions
de Genève de 1949 ou autres violations graves des lois et coutumes de la guerre.
Le crime d’agression
Le crime d’agression n’est opposable qu’aux Etats qui ont ratifié l’amendement de Kampala, et
uniquement à partir du 17 juillet 2018.
-Acte d’agression
-Violation manifeste de la Charte des Nations Unies (et notamment l'article 2 P4 relatif à l'utilisation
de la force)
-Personne qui commet le crime en mesure de contrôler ou diriger l'action politique ou militaire d'un
Etat.
Remarque : Critère distinctif avec autres crimes il faut d’abord fait internationalement illicite par un
Etat (donc légitime défense ça ne compte pas par exemple).
Le crime a régime particulier. Pour base raisonnable P, il faut que CS ait constaté un acte
d’agression. P informe le Secrétaire général de l’ONU pour voir si c’est le cas. Si pas de rep après 6
mois, P ouvre enquête s'il obtient l’autorisation de la Section préliminaire.
B. La compétence personnelle
Distinguer si renvoi opéré par un EP / si P ouvre l’enquête lui-même / si cas de renvoi par le CS.
Donc si crime commis sur le territoire d'un Etat non partie, par des ressortissants d'un Etat non
partie et d’un Etat partie, seuls les ressortissants de l’Etat partie pourront être poursuivis.
Remarque : La Cour ne peut exercer sa compétence qu’à l’égard de personnes âgées d’au moins 18
ans au moment de la commission prétendue du crime (article 26 du Statut).
Si ex-enfant soldat quand même coupable (CPI, Le Procureur c. Dominic Ongwen, 2021)
Distinguer si situation déférée par un EP / si P ouvre l’enquête lui-même / si situation déférée par le
CS.
Le lien de rattachement territorial est établi quand le crime a été commis sur le territoire d’un ou
plusieurs Etats parties au Statut de Rome (article 12)
Remarques :
-si dans une même entreprise criminelle, X a tué dans territoire EP et Y dans ENP alors que X
poursuivi.
Remarque : La CIP a une conception fonctionnelle de l’E, donc l’E est « une figure à géométrie
variable » (Forteau). C’est-à-dire que le but de la CPI est juste de voir si elle peut exercer sa
compétence. Donc l’entité peut être un E pour la CPI et pas pour d’autres. Exemple d’application :
CPI, 1949, Réparations des dommages subis au service des Nations Unies.
Principe : Seuls les crimes commis après le 1er juillet 2002 (date d’entrée en vigueur du Statut de
Rome) relèvent en principe de la compétence de la CPI (donc compétence CPI prospective et pas
rétroactive, comme le rappellent les art 11 et 24).
Sauf si :
-Art 11-2 : E a adhéré après : prise en compte sa date d’entrée en vigueur. (sauf si déclaration
d’acceptation de compétence pour les crimes commis avant la date d'entrée en vigueur du Statut à
son égard en vertu de l’article 12-3).
E. Autres questions pertinentes quant au renvoi d’une situation par un Etat
P après avoir vu si EP doit voir si autorité nationale qui a déféré la situation peut le faire (donc peut
agir au nom de l’E).
L’absence de résolution du CS
Le P doit vérifier si pas de résolutions du CS demandant de surseoir à statuer (en vertu du Chapitre
VII de la CNU).
Précision : Report max : 1 an. Renouvellement possible dans mm conditions (art 16).
Vérification recevabilité prima facie par le P et véritable vérification par la Chambre préliminaire.
Art 17 : CPI ne se substitue pas aux juridictions nationales si c’est la même personne et même
comportement criminel exception : pas de volonté ou de capacité.
Manque de volonté
Art 17-2 : pas de volonté retards injustifiés / procédure partiale / soustraire une personne
responsabilité pénale.
Manque de capacité
CPI, Le Procureur c. Katanga et Ngudjolo, 2009 : il faut « test de complémentarité » donc voir si :
Remarque : Donc crime peut être grave même si aucune victime car même atteinte aux biens (CPI,
Chambre préliminaire, Le Procureur c. Ahmad al Faqi al Mahdi, 2015).
Conséquences politiques marchent pas il faut peu de chances de réussite de l’affaire (décision de
2019 de la Chambre préliminaire relative aux crimes sur le territoire afghan)