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Séance 2 : L’individu débiteur d’obligations en droit international :

le droit international pénal


Analyse à travers l’étude de la Cour pénale internationale

Remarques liminaires 

Procédure :

1-Examen préliminaire par le P (saisi par EP / CS / sa propre initiative) pour voir s’il doit enquêter.

2-Si oui, phase d’enquête du P aidé des autorités nationales compétentes. Le P a l’obligation
d’examiner les renseignements qui lui sont fournis mais il peut faire d’autres recherches.

3-Le P décide d’engager ou non des poursuites. Responsabilité partiellement discrétionnaire (liste
exhaustive de critères, art 53-1 du SR).

L’ouverture d’une phase d’enquête ne doit se faire que si :

I-Il existe une base raisonnable pour croire qu’un crime relevant de la compétence de la CPI a été
commis (critère juridique strict)

II-Il y a recevabilité de la ou des potentielles affaires qui pourraient résulter de l’enquête (strict)

III-L ’enquête ne desservirait pas les intérêts de la justice (liberté du P)


I. La base raisonnable pour croire qu’un crime relevant de la compétence de
la Cour a été commis

Affirmation : Mais d’abord il faut vérifier que la Cour est compétente.

Explication : CPI, Chambre d’appel, Le Procureur c. Dyilo, 2006 :

4 angles sont nécessaires :

-compétence matérielle

-compétence à l’égard des personnes

-compétence territoriale

-compétence temporelle
:A. La compétence matérielle

Art 53-1 : base raisonnable = potentialité des crimes à prouver (responsabilité non abordée) =
exigence de preuve faible car bureau du procureur limité.

Précision : Si des documents publics (ONG, ONU…) sont dispos, P peut pas nier la base raisonnable
sauf si docs probants.

Affirmation : La CPI est compétente pour les « crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la
communauté internationale » qui sont listés à l’art 5. Plus précisément :

- Le crime de génocide (article 6)

- Les crimes contre l’humanité (article 7)

- Les crimes de guerre (article 8)

- Le crime d’agression (article 8bis)

L’art 22-2 prévoit que ces crimes doivent être interprétés strictement par la Cour et qu’en cas
d’ambiguïté l’interprétation doit profiter à l’accusé.
Le crime de génocide

Art 6 SR + article 2 Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide reflétant le


droit coutumier (CIJ, avis consultatif, Réserves à la Convention pour la prévention et la répression du
crime de génocide, 1951)

Explication : Elément matériel : destruction physique ou biologique du groupe :

- Meurtre de membres du groupe

- Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe

- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction


physique totale ou partielle

- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe

- Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

Génocide culturel pas pris en compte par la CPI.

Elément intentionnel : vouloir détruire un groupe visé ou une partie substantielle de ce groupe
(intention présente avant ou pendant les faits) pour des raisons discriminatoires (groupe national,
ethnique, racial ou religieux).

Il peut se déduire des faits ou des circonstances avec par exemple le nombre de victimes (TPIR, Le
Procureur c. Kayishema et Ruzindana, 1999)
Les crimes contre l’humanité

Affirmation : Art 7 codifie la coutume : un acte inhumain commis dans le cadre d’une attaque
généralisée ou systématique lancée contre une population civile et en connaissance de cette
attaque.

Explication :

-1er critère : acte inhumain.

-2ème critère : attaque généralisée ou systématique dirigée contre une population civile et en
connaissance de cette attaque.

Explication du 2ème critère :

- L’attaque : poursuite ou réalisation ou d’un programme criminel orchestré par toute entité.
Collective + organisée.

- Généralisée ou systématique. Critères pas exclusifs. Généralisé = grande échelle + nombre de


victimes. Systématique = répétition délibérée et régulière d’actes similaires.

-La population civile : par opposition aux forces armées et autres combattants légitimes. Il faut que
la population civile soit la cible principale de l’attaque donc pas victime incidente.

- La connaissance de l’attaque suffit : pas besoin de l’intention. La connaissance de l’attaque exigée


est faible + présomption large de connaissance de l’attaque.
Les crimes de guerre

Art 8 donne une liste exhaustive de ces crimes.

Définition générale : violation du droit international humanitaire.

2 situations où il n’y a pas de crime de guerre :

- Tensions internes + troubles intérieurs = pas assez grave.

- Actes de maintien de l’ordre légitimes.

Il faut un conflit armé, international ou non.

Remarque : L’ouverture de l’enquête peut se faire indépendamment de la qualification du conflit


armé (CAI ou CANI).

Donc il faut juste savoir si c’est un conflit armé ou non.

Définition : Conflit armé : TPIY, Chambre d’appel, Tadic, 1995 : conflit armé = « recours à la force
armée » et ce, soit entre E / E et groupes armés organisés / entre groupes organisés au sein d’un
Etat.
Remarque : Mais il est intéressant de savoir s’il s’agit d’un conflit armé international (CAI) ou d’un
conflit armé non international (CANI).

Un conflit armé international = 2 E ou plus + intervention de membres des forces armées. Si un E


n’est pas reconnu par ses adversaires  qu’importe s’il satisfait les critères d’un E.

Un conflit armé non international = conflit prolongé sur le territoire d’un Etat entre les autorités
gouvernementales de l’Etat et des groupes armés organisés ou des groupes organisés entre eux.

Lien entre l’acte incriminé et le conflit pour qu’on puisse parler d’un crime de guerre (le conflit l’a
poussé à décider ou lui a permis de commettre le crime), sinon crime de droit commun.

2 grandes catégories de crimes de guerre :

-Crime commis dans le cadre d'un CAI : violations graves des Conventions de Genève de 1949 ou
violations graves des lois et coutumes applicables.

-Crimes commis dans le cadre d’un CANI : violations graves de l'article 3 commun des Conventions
de Genève de 1949 ou autres violations graves des lois et coutumes de la guerre.
Le crime d’agression

Présentation : Définition du crime d’agression en référence à la résolution 3314 de l’Assemblée


générale des Nations Unies.

Le crime d’agression n’est opposable qu’aux Etats qui ont ratifié l’amendement de Kampala, et
uniquement à partir du 17 juillet 2018.

Définition : L’article 8bis définit les critères :

-Acte d’agression

-Violation manifeste de la Charte des Nations Unies (et notamment l'article 2 P4 relatif à l'utilisation
de la force)

-Personne qui commet le crime en mesure de contrôler ou diriger l'action politique ou militaire d'un
Etat.

Remarque : Critère distinctif avec autres crimes il faut d’abord fait internationalement illicite par un
Etat (donc légitime défense ça ne compte pas par exemple).

Le crime a régime particulier. Pour base raisonnable P, il faut que CS ait constaté un acte
d’agression. P informe le Secrétaire général de l’ONU pour voir si c’est le cas. Si pas de rep après 6
mois, P ouvre enquête s'il obtient l’autorisation de la Section préliminaire.
B. La compétence personnelle

Présentation : Art 12 et 26.

Distinguer si renvoi opéré par un EP / si P ouvre l’enquête lui-même / si cas de renvoi par le CS.

Le renvoi par un Etat partie ou par la propre initiative du Procureur

Rattachement territorial ou personnel (art 53-1)

Précision : Si pas EP voir si consentement ponctuel donné par E où y a eu le crime ou E de nationalité


de l’auteur présumé (art 12-3).
C’est la nationalité des auteurs présumés et pas des victimes qui compte (caractère actif du
rattachement personnel)

Donc si crime commis sur le territoire d'un Etat non partie, par des ressortissants d'un Etat non
partie et d’un Etat partie, seuls les ressortissants de l’Etat partie pourront être poursuivis.

Remarque : La Cour ne peut exercer sa compétence qu’à l’égard de personnes âgées d’au moins 18
ans au moment de la commission prétendue du crime (article 26 du Statut).

Si ex-enfant soldat quand même coupable (CPI, Le Procureur c. Dominic Ongwen, 2021)

La situation déférée par le Conseil de sécurité

Qu’importe la compétence personnelle. Compétence universelle. CS peut aussi prendre mesures


répressives.
C. La compétence territoriale

Distinguer si situation déférée par un EP / si P ouvre l’enquête lui-même / si situation déférée par le
CS.

La situation déférée par un Etat ou la propre initiative du Procureur

Le lien de rattachement territorial est établi quand le crime a été commis sur le territoire d’un ou
plusieurs Etats parties au Statut de Rome (article 12)

Remarques :

-Ressortissant ENP peut être attrait devant CPI.

-si dans une même entreprise criminelle, X a tué dans territoire EP et Y dans ENP alors que X
poursuivi.

-L’aéronef d’un E compte comme cet E.


Précision : Problème quand territoire contesté ou existence E contesté, donc P + chambre
préliminaire doivent juger de ça mais ça ne lie que la CPI.

Remarque : La CIP a une conception fonctionnelle de l’E, donc l’E est « une figure à géométrie
variable » (Forteau). C’est-à-dire que le but de la CPI est juste de voir si elle peut exercer sa
compétence. Donc l’entité peut être un E pour la CPI et pas pour d’autres. Exemple d’application :
CPI, 1949, Réparations des dommages subis au service des Nations Unies.

La situation déférée par le CS

Pas de rattachement territorial nécessaire.


D. La compétence temporelle

Principe : Seuls les crimes commis après le 1er juillet 2002 (date d’entrée en vigueur du Statut de
Rome) relèvent en principe de la compétence de la CPI (donc compétence CPI prospective et pas
rétroactive, comme le rappellent les art 11 et 24).

Sauf si :

-Crime d’agression : 17 juillet 2018

-Art 11-2 : E a adhéré après : prise en compte sa date d’entrée en vigueur. (sauf si déclaration
d’acceptation de compétence pour les crimes commis avant la date d'entrée en vigueur du Statut à
son égard en vertu de l’article 12-3).
E. Autres questions pertinentes quant au renvoi d’une situation par un Etat

La qualité de l'autorité opérant le renvoi

P après avoir vu si EP doit voir si autorité nationale qui a déféré la situation peut le faire (donc peut
agir au nom de l’E).

L’absence de résolution du CS

Le P doit vérifier si pas de résolutions du CS demandant de surseoir à statuer (en vertu du Chapitre
VII de la CNU).

Précision : Report max : 1 an. Renouvellement possible dans mm conditions (art 16).

II. La recevabilité de l’affaire

Explication : Pour ouverture enquête il faut recevabilité affaire.

Vérification recevabilité prima facie par le P et véritable vérification par la Chambre préliminaire.

Il faut vérifier 3 choses :

-le respect du principe de complémentarité

-le respect du principe ne bis in idem

-la gravité des crimes


A. Le principe de complémentarité

Art 17 : CPI ne se substitue pas aux juridictions nationales si c’est la même personne et même
comportement criminel  exception : pas de volonté ou de capacité.

Manque de volonté

Objectif : vs fausses enquêtes.

Art 17-2 : pas de volonté retards injustifiés / procédure partiale / soustraire une personne
responsabilité pénale.

Manque de capacité 

Objectif : vs incapacités financières et logistiques

Art 17-3 : « effondrement » ou « indisponibilité » appareil judiciaire


Remarque : si procédure nationale après procédure recevabilité P et avant arrivée devant Cour alors
ça marche donc plainte irrecevable.

CPI, Le Procureur c. Katanga et Ngudjolo, 2009 : il faut « test de complémentarité » donc voir si :

-poursuites ou enquêtes nationales

-sinon voir si manque de volonté ou capacité

Remarque : P a marge d’appréciation importante pour recevabilité

B. Le principe ne bis in idem

Voir si individu jugé par autre juridiction. Si oui, pas recevable.

Exception : art 20-3 : volonté soustraire responsabilité pénale ou procédure partiale


C. La gravité

Art 17-1-d : seuil de gravité nécessaire.

Sur les personnes potentiellement incriminées

Position hiérarchique auteur présumé car limite moyens CPI 

Sur les crimes allégués

Approche quantitative : nombre de victimes

Approche qualitative : circonstances (l’article 145 du Règlement de preuve et de procédure :


ampleur du dommage, nature du comportement, degré de participation…).

Remarque : Donc crime peut être grave même si aucune victime car même atteinte aux biens (CPI,
Chambre préliminaire, Le Procureur c. Ahmad al Faqi al Mahdi, 2015).

Donc liberté P car critère qualitatif.


III. Les intérêts de la justice

Il faut selon bureau du P raisons sérieuses.

Contrôle par la Chambre préliminaire.

Conséquences politiques marchent pas il faut peu de chances de réussite de l’affaire (décision de
2019 de la Chambre préliminaire relative aux crimes sur le territoire afghan)

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