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Analyses sectorielles
LA DOCUMENTATION FRANÇAISE
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MINISTERE DE LE
' NVIRONNEMENT ET DU CADRE DE VIE
Service de l'Information
AVANT-PROPOS
Les études conduites dans le cadre de la Mission RCB sur l'habitat individuel péri-urbain sont loin d'être toutes
reprises voire seulement évoquées dans le rapport de synthèse intitulé «Demain, l'espace».
Le partie pris pour ce dernier a en effet été de sélectionner ce qui dans le phénomène péri-urbain a paru fonda-
mental aux responsables de la mission d'étude, quitte à renvoyer, pour les autres aspects du problème, aux
analyses sectorielles qui constituent l'objet du présent ouvrage. Ces analyses constituent le complément indis-
pensable du rapport «demain l'espace» : elles éclairent le jugement, parfois en le tempérant, elles mettent en
relief la diversité et la complexité de ce phénomène de société ; elles seront, avec les documents annexes qui
seront prochainement publiés (enquête nationale auprès des ménages, traitements du RGP 1975, études de cas
locales,... etc) un outil de travail utile pour tous ceux, administrations, gestionnaires, experts et techniciens que
concerne l'habitat individuel péri-urbain.
Le présent ouvrage a été réalisé par Michel Burdeau, Rapporteur Général de la mission d'étude sur l'habitat
individuel péri-urbain, à partir des rapports des groupes sectoriels constitués au sein de cette mission. Anima-
teurs et membres de ces groupes sont mentionnés dans les introductions des différentes parties. C'est à eux
qu'il conviendrait de s'adresser pour obtenir les explications et compléments nécessaires. C'est également à eux
que revient l'essentiel du mérite d'un travail livré ici dans un état semi-fini, et assurément susceptible d'être
amélioré par l'expérience et la réflexion de chacun.
Ce document a pour principal intérêt d'offrir une vue d'ensemble sur un phénomène que chaque spécialiste a
trop souvent tendance à considérer sous le seul angle qui l'intéresse directement. Les informations qu'il contient
doivent être considérées comme à jour à la fin du premier semestre 1978.
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SOMMAIRE GENERAL
Introduction générale 9
—Développementde l'habitat individuel et politiques de l'urbanisme
Première partie —L'offre d'habitat individuel péri-urbain 23
Chapitre 1: Lestransformations affectant l'usage des sois : Leproblème foncier 26
1. Lesdiagnostics
2. Lesstratégies
3. Lesconditions de mise sur le marché foncier de terrains à bâtir
4. Lesvoies de solution
Chapitre 2 : La production de l'habitat péri-urbain : les intervenants et leurs problèmes d'adap-
tation. 45
1. Des filières de production multiples, des problèmes d'adaptation essentiellement
d'ordre qualitatif
2. Un appareil de production en pleine évolution, dans ses structures, comme sous
l'effet de la concurrence
3. Lesproblèmes propres aux différents intervenants
Chapitre 3: Lesprix de la maison individuelle. 70
1. Laquestion du prix des logements
2. Lesspécificités de la maison individuelle
3. L'importance du coût de construction selon le type de filière
4. Lacomparaison des prix de vente, terrain compris
Conclusion
Chapitre 4 : L'incidence de la réforme des aidesaulogementssurl'offre demaisonsindividuelles. 80
1. Incidence des nouvelles règles de prix sur l'équilibre entre construction individuelle
et collective
2. Lesconditions de financement et l'équilibre financier des opérations
Conclusion
Chapitre 4 : L'incidence de la réforme des aides au logements sur la demande des maisons
individuelles. 123
1. Lasolvabilisation desménagespar la réforme
2. L'équilibre location/accession à la propriété
Conclusion
INTRODUCTION
1. DÉVELOPPEMENT DELH ' ABITAT INDIVIDUEL
ET POLITIQUES DEL'URBANISME
Il. DEMAIN L'ESPACE : LA' RTICULATION DUPROJET
D'ENSEMBLE ETDES ANALYSES SECTORIELLES
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INTRODUCTION
Ce survol rapide permet de souligner le rôle prépondérant du processus d'urbanisation et le caractère dépendant
des types d'habitat : en dehors des immeubles bourgeois des centres urbains, l'habitat collectif ne nait que de la
contrainte foncière, de la nécessité de construire vite et en quantités massives, ou encore de l'exigence de renta-
bilité des capitaux qui s'investissent dans ce secteur. Les progrès technologiques accomplis dans le domaine de
l'acier et du béton n'ont fait que favoriser ce mouvement. Quant à l'idéologie moderniste d 'un Le Corbusier
par exemple, elle apparaît à la fois comme le relais des courant utopistes les plus anciens et comme Iesquisse
d'une conception futuriste. Elle est inséparable d'une époque si elle marque encore profondément les esprits.
Les courants utopistes ou l'opposition aux formes individuelles d'habitat :
S'il a fallu attendre ce siècle pour que projets et plans appliqués à des agglomérations et à des régions entières
passent dans les pratiques de gouvernement et d'administration, les cités idéales ont de tout temps germé dans
l'esprit des penseurs. Mais, libérés des contraintes de la réalité, les constructeurs d'utopies pouvaient se per-
mettre à la fois l'ambition et une imagination sans limite. Quel SDAU, quel POSenvisagent d'emblée de réaliser
ces Icaries, ces Harmonies, ces communautés idylliques ou ces phalanstères dont rêvaient des Thomas More, des
Rabelais ou des Jean-Jacques Rousseau ? Et pourtant jamais, du moins jusqu'aux années récentes, les moyens
n'ont été aussi grands pour donner vie à ces idéaux.
Parmi les conceptions des utopistes il en est cependant - et non forcément des meilleures, ironie de l'histoire —
qui se sont trouvées réalisées : ainsi de la division fonctionnelle de l'espace dont la Charte d'Athènes de 1933 est
la manifestation la plus éclatante. Ainsi des Cités Radieuses du Corbusier qui ne sont passi éloignées de leurs vues.
Ces réflexions appellent deux questions majeures :
1 - Pourquoi la vie des conurbations modernes s'écarte-t-elle tant de l'image que l'on pouvait s'en faire tant
qu'elle n'était que vue de l'esprit ?
2 - Pourquoi les courants de pensée ont-ils si souvent écarté les formes d'habitat à dominante individuelle.
Ya-t-il place pour de nouveaux courants utopiques ?
• La première question est trop vaste pour qu'il en soit fait le tour. Elle ne perd à aucune époque de l'histoire
de son actualité puisqu'il s'agit en définitive des rapports qu'entretiennent projets et réalisations, pratiques
sociales et vécu individuel.
Les remarques qu'elle inspire se situent d'abord au niveau du processus même par lequel se réalise le projet
social : qu'il soit d'un rythme trop rapide, qu'il bouleverse à l'excès les équilibres préexistants, qu'il apparaisse
comme l'exercice d'une domination et il sera rejeté, ou en tout cas mal approprié. Et cela, même si les chan-
gements qui en résultent apportent des bienfaits objectifs. Il y a toujours un peu de tyrannie chez les penseurs
sociaux, et les individus confusément le sentent.
Ce n'est pas l'utopie qu'il faut incriminer : elle ouvre des perspectives, fussent-elles difficilement réalisables.
C'est bien plutôt l'utopiste dévoyé qui voudrait, pour forcer le destin, forcer les hommes. Or ce glissement bien
souvent se produit : isolé dans son rêve, le penseur a tendance à ignorer l'évolution de l'homme dans le temps,
des besoins et des désirs que chaque époque imprime en lui. Et si un Pouvoir éclairé trouve intérêt à l'écouter,
cela ne le dispense en aucun cas du débat.
La question que pose le processus de décision l'emporte donc sur celle du contenu du projet lui-même. Celui-ci,
celui de la ville fonctionnelle, hiérarchisée selon les tâches et les lieux, et désormais inscrit dans nombre de nos
grandes villes, a suffisamment montré ses limites pour qu'on n'y insiste : c'est l'uniformité du modèle qui fait
peu de cas de la diversité des individus ; c'est la mobilité fébrile qui résulte du morcellement de l'espace ; c'est
l'immuabilité des rythmes et l'accélération du temps ; ce sont les secteurs résidentiels déserts le jour, peu animés
le soir ; c'est en définitive une indifférence anxieuse et que rien ne semble pouvoir rompre.
• Rien sans doute, ne permettait aux grands maîtres de l'Utopie de percevoir ces formes modernes d'échec de
leur système. Il faut d'ailleurs reconnaître que leurs projets s'écartaient en de nombreux points de ce que nous
connaissons, ne serait-ce que par l'autonomie relative qui devait caractériser leurs cités idéales, et par les principes
de production et de répartition sur lesquelles ils les fondaient. Mais pourquoi leurs modèles s'écartent-ils tant
de ce que nous pouvons savoir des aspirations les plus répandues en matière d'habitat ? Al'exception sans doute
de Jean-Jacques Rousseau qui condamne résolument «l'entassement par multitude des hommes dans les mêmes
lieux», estime que «les hommes ne sont pas faits pour être entassés en fourmilière —mais épars sur la terre qu'ils
doivent cultiver» et prône «l'urbaine nature», la plupart des grands penseurs de la ville ont semblé exclure a
priori les formes d'habitat principalement individuelles. Sans doute un tel choix aurait-il rendu moins prévisible
le fonctionnement du système social préconçu et pu mettre en échec sa rationalité sous-jacente. Plus profon-
dément, il y a dans l'idée de communauté celles d'une participation de chacun aux tâches collectives et d'une
grande similitude de sentiments et de valeurs. L'utopie sociale, c'est souvent le mythe de la multiplication de
I'identique, parfois la négation de la différence (Fourier a toutefois réservé une place à ceux qui sont atteints de
«manies» et pensé à des formes particulières d'intégration sociale).
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Dans la mesure où les formes d'habitat plus dispersé ne se prêtent guère à un tel partage des tâches ni à un tel
modelage des comportements, elles ont été assez naturellement écartées par les penseurs. On a vu qu'un
Corbusier par exemple s'en était résolument éloigné.
Aujourd'hui des éléments nouveaux —énergies nouvelles, idéal communautaire fondé non plus sur la production
mais limité à l'habitat et au cadre de vie, aspirations vers la nature et critique du progrès technologique —laissent
escompter un retournement de cet état d'esprit. «L'urbaine nature» est peut-être une forme modernede l'utopie.
Mais sans doute est-ce parce qu'elle est en partie devenue possible.
2) Les années 60 voient le début d'opérations de plus grande envergure devant permettre d'adjoindre des équi-
pements qui faisaient gravement défaut dans les premiers grands ensembles : c'est l'avènement des Zup et des
Zac.. On voit des villes même de petite taille (Blois, Alençon) se doter de Zup imposantes (5.000 à 10.000 lo-
gements). Ce sont toujours les constructions en collectifs, de grande taille, qui prévalent.
3) Apartir du début des années 70, ces tours et barres apparaissent insatisfaisantes, non seulement aux habitants,
mais aussi aux «décideurs». C'est le début d'une politique de l'habitat axée non plus sur la quantité, mais sur la
qualité :dans le secteur social, on promulgue l'idée d'innovation architecturale, on cherche des formes nouvelles.
Parallèlement à la promotion privée, le secteur social tente de développer «l'habitat intermédiaire» (collectif de
faible hauteur et individualisation des logements) et met en chantier des lotissements de pavillons (concours
Chalandon) qui vont rapidement connaître un grand succès.
On constate simultanément un phénomène général de fuite des grands ensembles et d'accélération de l'accession
à la Maison individuelle.
Extrapolant à partir de la constatation de ce phénomène, le G.S.U., chargé d'une étude sur les nouveaux accé-
dants au pavillonnaire, émet l'hypothèse d'un passage massif en pavillon dans les années 80, faisant boule de
neige pour les catégories sociales qu'il est convenu d'appeler moyennes (ouvriers qualifiés, employés, cadres
moyens). Le pavillon deviendrait l'habitat «normal», comme le collectif social le fut pendant plusieurs décennies.
Une nouvelle utopie ? Les modèles de l'urbaine nature :
On a beaucoup insisté sur les mythes dont la maison individuelle serait porteuse. Nous n'y reviendrons pas ;
faut-il d'ailleurs tant le regretter ?
L'esprit humain travaille par modèles, y compris quand il s'en défend. Implicites, ils ne sont que plus vagues. Et
dans le rejet de ceux qui nous viennent d'ailleurs, c'est encore la recherche d'autres modèles qui se manifeste.
Comme en témoigne la littérature sur le sujet, l'imagination n'a pas fait défaut aux inventeurs de modèles
urbains, modèles explicatifs visant à la représentation —intentionnellement construite et sciemment simplifiée -
des objets urbains ; modèles normatifs aussi, plus ou moins ambitieux, plus ou moins réalistes.
Certains ont voulu prendre en compte les aspirations ou nécessités qu'exprime le phénomène périurbain :c'est
déjà le cas du modèle de Fritsch qui prévoit l'insertion dans le tissu urbain concentrique de «coins» de verdure
s'enfonçant de la périphérie industrielle jusqu'au centre de services ; c'est le cas surtout de la «cité-jardin» de
Howard, avouant délibérément chercher à réunir les avantages de la ville et ceux de la campagne, par la création
de satellites équipés d'industries et bordés d'espaces verts : le plan de développement du grand Londres s'en
inspirera étroitement, avec sa «Greenbelt» et ses villes nouvelles satellites ; le modèle de Wright poursuit le
même objectif en l'exprimant différemment : il repose sur une forme extrême de dispersion de l'habitant sur de
vastes zones et entérine définitivement la séparation des secteurs de résidence et de travail ; il correspond en cela
aux conditions spécifiques de la société américaine, avec prédominance des maisons et voitures particulières.
On sait aujourd'hui l'erreur que constituent de telles approches trop fonctionnalistes. Il serait d'ailleurs plus
exact d'affirmer qu'un système véritablement fonctionnel, soumis à des multiples sollicitations internes et
externes, n'est jamais simple : il lui faut le même degré de complexité qu'en comporte l'environnement où il
baigne. Un modèle simple ne peut qu'appuyer un raisonnement, et non constituer une maquette. En ce sens
limité, se rapproche-t-on d'un modèle de «l'Urbaine Nature» ?
S'il faut entendre par là un modèle unique, appelé à devenir dominant , et à s'incarner —à de nombreuses
nuances et modalités près —sur l'ensemble du territoire national, la réponse est assurément négative.
S'il s'agit au contraire d'une forme nouvelle d'organisation de l'espace et des rapports qui s'y nouent, forme
en devenir et appelée à coexister longtemps encore avec celles qui sont issues de l'histoire, avant d'être elle-
même supplantée, il en va autrement : les actions visant à maitriser ou seulement à encadrer la dynamique
urbaine devront en tenir compte au risque d'être vaines. Elles devraient même, par une planification ouverte
et rigoureuse, anticiper sur le phénomène pour gagner en efficacité. La force de la conviction sur laquelle ces
actions reposent désormais, sera mesurée à l'aune des aspirations qu'elles auront su rencontrer et des néces-
sités qu'elles auront su reconnaître. De nouveaux modèles se dessinent donc, qu'il n'est pas opportun de préciser
davantage. Ils n'ont d'intérêt que parleur multiplicté et les débats qu'ils enrichissent. Il s'agit en fait d'apprendre
à parler l'urbanisme ou plus exactement l'organisation de l'espace. La nécessaire complexité des plans devrait
être le résultat de l'expression de points de vue différents et non le fruit de la réflexion d'un seul cerveau,
comme ce fut trop souvent le cas pour les villes nouvelles. Mais pour avoir envie de parler, il faut avoir quelque
chose à communiquer, à échanger ou à mettre ensemble : les idées bien sûr, mais aussi des intérêts et des droits.
Dût-on le regretter, la communication ne peut s'établir exclusivement sur des questions d'intérêt général, ou sur
des problèmes à très long terme. Dépossédé ou peu concerné, l'homme est silencieux. Lui donner la parole, c'est
d'abord lui reconnaître la plénitude de son droit, ou mieux de son être : c'est affaire de démocratie, locale et
nationale. L'énoncé est plus simple que la réalisation.
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Dans une perspective à douze ans, ces nouveaux espaces représentent près d'un cinquième du patrimoine bâti ;
cet accroissement de 20 %apportera des changements rapides et profonds dans notre paysage urbain ; c'est
pourquoi, il devrait mobiliser une grande partie des efforts de sauvegarde, de promotion et d'organisation du
fait urbain.
Mais quelles en sont les conséquences prévisibles ?
Conséquences économiques
Comme par le passé, on lui oppose un certain nombre de «rationalités économiques» : la consommation d'es-
paces, l'économie d'énergie, les coûts de développement et de gestion, qui obligeraient à renvoyer à des temps
meilleurs la réalisation d'un habitat souhaité par la majorité des Français. Or, les argumentations avancées
reposent sur une identification abusive et d'ailleurs contradictoire :
—s'agissant de la consommation d'espace et de réseaux, on identifie abusivement habitat collectif et urbanisme
organisé, habitat individuel et urbanisme dispersé...
—s'agissant de la consommation d'énergie et des coûts de gestion, on applique à la maison individuelle les
normes et les niveaux de services des ensembles collectifs...
Ainsi, il n'existe pas aujourd'hui de comparaison objective permettant d'affirmer que tel ou tel mode d'organi-
sation urbaine est significativement plus coûteux. Le chemin des économies n'implique pas telle ou telle formule
d'habitat : il est dans la maîtrise du développement, dans la cohérence entre les formes urbaines et l'organisation
de services collectifs, dans la recherche patiente et obstinée des réductions possibles. Dans ce domaine, le rôle de
l'Etat est de veiller à ce que le jeu économique ne soit pas biaisé : s'il fallait un jour rationner quelque chose, ne
vaudrait-il pas mieux rationner le gazole que de rationner l'habitat ?
—Elargir la planification dans son espace et son contenu, intégrer le champ du péri-urbain dans une politique
d'ensemble de protection et d'aménagement couvrant les «aires de développement et d'échanges» et pas
seulement des agglomérations urbaines ; mieux ancrer les études et les prévisions sur les moyens d'action
quotidiens et leurs effets induits.
—Planifier l'essentiel, exclure l'inacceptable en laissant pour le reste une liberté contrôlée : les protections
essentielles des espaces à mettre en valeur à l'échelle de l'aire urbaine ; les équipements essentiels à notam-
ment les couloirs de transports pour canaliser la pression urbaine dans des zones ayant des disponibilités
foncières appropriées ; les équilibres essentiels, par la fixation de seuils limites de développement à travers
une véritable planification volumétrique.
—Se rapprocher des réalités, intégrer les chaînes économiques de transformation de l'espace naturel en espace
urbanisé : définir la règle du jeu d'une négociation permanente entre les Pouvoirs Publics, les propriétaires
fonciers et les producteurs de terrains équipés ; organiser le marché foncier de l'aire de développement péri-
urbain.
Ainsi, est apparu un vaste champ ouvert aux Pouvoirs Publics et aux techniciens de la planification urbaine,
pour reconnaître un nouveau mode de vie, inventer et organiser le cadre de vie correspondant, à travers :
—La mise en œuvre des documents de planification urbaine : comment adapter les SDAU à la nature et aux
aléas du développement péri-urbain, introduire dans la démarche le facteur temps, la conjoncture écono-
mique, le financement des grands équipements...
—L'offre foncière, la production de terrain à bâtir compatible avec les besoins du marché et la nécessité de
protection des espaces naturels : comment fluidifier le processus de fabrication des terrains, éviter la réten-
tion, faciliter le remembrement, financer la viabilité...
—Les moyens des collectivités locales pour maîtriser leur croissance urbaine : comment les communes souvent
de taille très modestes, qui accueillent le développement péri-urbain, vont-elle financer leurs études préalables,
leurs équipements, leurs interventions directes (réserves foncières, lotissements communaux), et bénéficier
des concours et de l'assistance technique indispensables...
Au-delà de ces travaux, il restera à trancher le grand débat sur les organismes intercommunaux, sans l'existence
desquels il n'y a pas de planification urbaine possible.
Quant à la stratégie, celle de l'action concertée a paru sans véritable alternative. Elle est indissociable d'une
action régulatrice des Pouvoirs Publics, par le biais d'institutions qui pourraient tirer parti de l'expérience
acquise, ainsi que d'une puissante information sur l'offre et la demande foncière mettant fin au cloisonnement
excessif de ce marché.
entretenir conceptions et doctrines qui ne trouveront pas le terrain de leur réalisation et creuseront l'écart entre
ce qui se fait et ce qui «aurait dû» se faire. La marge de manœuvre, l'éventail de choix ne sont d'ailleurs pas si
larges qu'il n'y paraît lorsque l'on s'enferme dans les débats doctrinaux. Sauf à envisager l'effondrement de
l'appareil de production ou un retour en force, plus qu'improbable, de la construction d'immeubles collectifs
neufs, c'est de 3 à 5 millions d'habitations individuelles nouvelles qu'il faudra accueillir d'ici la fin du siècle.
Cela dit, bien des questions subsistent que le groupe mode de vie a examiné : la séparation renforcée habitat-
travail, le repli sur la cellule familiale, un individualisme dont on n'ose pressentir les effets, les contraintes liées
à des services réduits, les restrictions de toutes sortes que doivent consentir les accédants. Pour certains, le rêve
de la maison individuelle aura été un piège et ils ne retrouveront ni en patrimoine, ni en vécu, ce qu'ils en
A attendaient. Pour d'autres, ce sera une étape importante de leur filière —logement, ménageant pour l'avenir
d'autres choix possibles —Mais les choix en matière d'habitat suffisent-ils à expliquer de telles divergences dans
les destins individuels ?
PREMIÈRE PARTIE
L'OFFRE D'HABITAT INDIVIDUEL PÉRI-URBAIN
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Groupe «Foncier»
Président Olivier-Paul Dubois-Taine
DAFU -Service des Opérations d'Aménagement
Groupe «Constructeurs»
Président Patrick Jeanjean
DBTPC —Service des Statistiques et des Etudes Economiques
Première partie
L'OFFRE D'HABITAT INDIVIDUEL PERI-URBAIN
Introduction
Le phénomène péri-urbain, c'est d'abord la prolifération d'un habitat à dominante individuelle aux confins
et de plus en plus loin des agglomérations existantes, sous forme de maisons isolées, de petits lotissements ou
d'opérations groupées du type «nouveau village» ou autres.
Une telle mutation ne se fait pas toute seule : comme dans tout changement, il y a les forces qui poussent et
celles qui résistent ; les facteurs permissifs et les facteurs limitatifs ; il y a enfin un système productif qui s'a-
dapte tant bien que mal aux conditions nouvelles de son activité.
Le problème foncier, qui fait l'objet du 1er chapitre de cette partie, appartient un peu à toutes ces catégories
à la fois. Les plus-values qui s'attachent aux transformations dans l'usage des sols —et d'abord au passage du
rural vers l'urbain —sont de puissants leviers pour les favoriser :quand les perspectives agricoles sont incertaines,
que l'endettement se fait trop lourd, que des enfants sont à installer, la tentation est forte de se déssaisir d'un
peu de terre à bon prix. Mais une fois le terrain déclaré constructible, est-il pour autant offert à la construction ?
de multiples raisons conduisent son nouveau propriétaire à le conserver en l'état, et c'est la rétention foncière :
le terrain disponible se fait rare, les prix montent, les futurs habitants doivent aller de plus en plus loin. Face à ce
problème, les pouvoirs publics peuvent s'efforcer d'avoir une stratégie claire : les conditions locales de mise en
œuvre seront toujours frappées au sceau de la diversité. Et bien des solutions, esquissées ici et là, restent à
étudier.
Pour les producteurs de l'habitat péri-urbain, la question foncière est essentielle. C'est pourquoi le chapitre 2
qui leur est consacré ne fait pas ressortir de problèmes spécifiques insurmontables. Il s'attache plutôt à mieux
décrire les différentes filières de la production des maisons individuelles, à déceler les modifications de structure
qui tendent à s'opérer, à identifier les atouts et les faiblesses de chacun devant un marché sinon en expansion,
du moins assez stable, au moins tant que la clientèle solvable ne s'épuise pas.
C'est la question des prix des logements individuels que traite le chapitre 3. Comme on le verra, un important
travail de recherche théorique reste à faire, car la logique de leur formation semble différer de celle de l'habitat
collectif, notamment dans la détermination de la charge foncière. Celle-ci est plus autonome que dans lecollectif,
mais constitue une sorte de ticket d'entrée pour l'accession individuelle. La réforme des aides au logement,
étudiée dans le quatrième chapitre, n'a pas prévu d'aide spécifique pour l'acquisition du terrain. Mais le carac-
tère forfaitaire des prêts aidés permet dans certains cas d'en couvrir une part, et donc de lever un blocage lourde-
ment ressenti par les constructeurs spécialisés.
Le premier chapitre de cette partie reproduit le rapport du groupe «foncier» présidé par Olivier Paul-Dubois-
Taine et animé par Jean-Pierre Portefait, ainsi que des contributions de Marie-Elisabeth Chassagne (du labora-
toire d'économétrie de l'Ecole Polytechnique) et du CETE de Bordeaux.
Le deuxième chapitre est le rapport sectoriel «intervenants dans la construction de maisons individuelles»
présidé par Patrick JeanJean et animé par Marie-France Gueyffier et Jacques Roussille.
Le troisième chapitre a été rédigé à partir de contributions de Jacques Roussille et Jean Carassus. Le dernier
résume le rapport «incidence de la réforme des aides au logement» de Jean du Rusquec et Paul Platon.
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Chapitre 1
LESTRANSFORMATIONSAFFECTANT L'USAGE DESSOLS
L'OUVERTURE DE L'ESPACE AUNENOUVELLE FORME D'URBANISATION
1. LES DIAGNOSTICS
L'interrogation générale sur la spécificité du problème foncier en zone péri-urbaine suscite de la part des acteurs
de l'urbanisation une multiplicité de réactions éparpillées. Cependant, à travers la richesse un peu désordonnée
des résultats d'analyse, un examen attentif permet de regrouper les observations des experts autour de trois
grands thèmes :
—la rareté des terrains à bâtir.
—la formation de leurs prix.
—l'agriculture péri-urbaine et les problèmes fonciers.
Dans ces conditions, le problème essentiel d'une politique du développement de l'urbanisation dans le péri-
urbain est —une fois déterminées (si possible par les usages eux-mêmes) les performances souhaitables des
terrains-supports (localisation, configuration, taille, équipement) - de dégager les conditions de fabrication et
de mise sur le marché de terrains à prix raisonnables. Toute solution miracle d'accroissement de l'offre (renvoi
sur les petits villages par exemple) ne peut être appréciée qu'en prenant en compte les conséquences qu'elle a
sur les performances des terrains. Les interrogations sur la rareté et leurs réponses possibles ne prennent de sens
que si elles sont informées par la double question : quels terrains (où, comment, à quelle taille, avec quelle
desserte et quels services) et à quel prix ?
LES DEGRES DE RARETE
La rareté s'apprécie de manière différente selon le type de terrain en cause, la taille de l'agglomération concernée,
le terme envisagé pour le projet d'urbanisation.
• La rareté selon les types de terrains. En raison des controverses doctrinales en matière d'urbanisme auxquelles
il a été fait allusion dans l'introduction du présent rapport, les diverses formes urbaines possibles n'ont
généralement pas été dans le passé prises en compte de manière neutre dans les choix d'urbanisation qui ont
été opérés ici ou là à travers les documents d'urbanisme et les politiques foncières. Certaines ont été tenues
pour hautement souhaitables (collectif concerté), d'autres ont été quasi systématiquement bannies (le pavil-
lonnaire classique), d'autres enfin envisagées presque à regret (l'individuel en général). Les conséquences de
ces attitudes, inspirées par la bonne volonté mais largement a priori, se retrouvent aujourd'hui dans les
disponibilités en sol, ce qui fait qu'il n'est presque jamais possible, sauf bien sûr dans les agglomérations qui
n'ont pas de politique d'aménagement, de perler de rareté foncière en soi, mais que de très grandes disparités
de situation peuvent être constatées selon le type de terrain-support envisagé. L'examen dans quelques
situations significatives de zones ouvertes (U) ou ouvrables sans problèmes (NA) à l'urbanisation semble
montrer en effet que le plus souvent :
—la situation est satisfaisante pour les collectifs organisés denses ;
—une place variable mais non négligeable est faite à l'habitat individuel groupé ;
—les terrains relativement grands (600/1000 m2) aptes à recevoir une maison individuelle en milieu de par-
celle sont fort peu nombreux ou manquent complètement, encore que cette appréciation assez largement
partagée devrait faire l'objet d'une vérification qui supposerait de croiser deux éléments :
—les zones d'urbanisation ayant un COS proche de 0,1,
—les parcelles de 600/1000m2 disponibles dans les dites zones.
Si cette pyramide de la rareté résulte d'un choix renseigné et explicite des Pouvoirs Publics responsables,
contrairement à l'avis de certains constructeurs, elle n'appelle pas d'autres réactions que l'enregistrement du
constat : une collectivité locale a parfaitement le droit de prendre la responsabilité d'exclure de son territoire
certaines formes urbaines. Mais il est évident qu'il faut à cela de bonnes raisons et l'observation de la situation
décrite plus haut doit être l'occasion d'une salutaire interrogation : face à l'indéniable demande (fabriquée
par les médias, ou spontanée, ce n'est pas le problème) de terrains-supports pour maison individuelle isolée en
cœur de parcelle, la rareté actuelle correspond-elle vraiment à une option délibérée et bien fondée ?
• La rareté selon les tailles d'agglomération. Il ne s'agit pas là d'une remarque bien originale, mais il convient
cependant de la rappeler. Il s'agit d'abord d'un constat «topologique» : la quantité de terrain en limite im-
médiate d'une agglomération (dans une bande d'un kilomètre, par exemple) décroît en valeur relative avec
la taille de l'agglomération ; cette rareté «physique» entraîne généralement l'augmentation du prix des
terrains, et jusqu'à une date récente (PLD), la «solution» au renchérissement était recherchée dans la crois-
sance des densités. Mécanisme de boucle infernale auto-entretenue... dont la conséquence la plus évidente est
d'organiser la raréfaction des terrains-supports de construction à basse densité. De ce fait, plus l'agglomé-
ration est importante, plus la rareté des terrains pour la maison individuelle classique est forte. Surtout si des
traditions culturelles (Nord/Pas-de-Calais) ou des volontés clairement affirmées dans les documents d'ur-
banisme n'ont pas fait obstacle aux mécanismes de spéculation foncière.
• La rareté selon le temps. Il semble que compte tenu du tournant pris récemment en faveur de la maison indi-
viduelle et des procédures d'aménagement foncier qui lui sont particulièrement favorables (les lotissements),
et si les déclarations de principe actuelles se transforment en décisions concrètes dans le même sens, l'avenir
à moyen et long terme (au-delà de 2/3 ans) se présentera plutôt bien, avec probablement une offre satisfai-
sante de terrains-supports, mais l'aujourd'hui et le court terme, fortement influencés par les choix priori-
taires pour le collectif de la période antécédente, poseront selon certains constructeurs de maisons
individuelles quasiment partout, et selon des observateurs moins polémiques dans des portions significatives
du territoire, des problèmes difficiles à résoudre. Il faut donc au mieux s'attendre à des phénomènes de
sensible déséquilibre offre/demande dans certaines régions urbaines. Ces difficultés devront être gérées, mais
il convient en l'absence de statistiques véritablement sérieuses et démonstratives de ne pas les exagérer et
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surtout de n'en pas déduire de pseudo-stratégies d'urgence (par exemple, un imprudent moratoire de la police
de l'urbanisation dans le péri-urbain ou le rural) qui créeraient plus d'inconvénients durables qu'elles ne résou-
draient de gênes passagères.
LES CAUSES DE LA RARETE DES TERRAINS A BATIR DANS LE PERI-URBAIN SONTMULTIPLES ET
VARIEES. En un lieu donné la rareté résulte d'une combinaison de facteurs différents qui se combinent de
manières diverses. Six catégories de causes principales peuvent être dénombrées.
LeMinistère de l'Equipement
Quatre types d'actions du Ministère de l'Equipement sont réputées génératrices de rareté : les documents d'ur-
banisme, les conditions de délivrance des certificats d'urbanisme, les Z.A.D., et enfin les diverses recomman-
dations contre lemitage.
Il convient de rappeler que ces actions ne relèvent pas uniquement de directives ou de processus administratifs,
mais qu'elles résultent de la volonté plus ou moins affirmée ou de la capacité plus ou moins grande des collec-
tivités locales à laisser leur territoire s'urbaniser.
• Les documents d'urbanisme. Un double reproche leur est adressé, d'une part organiser dans l'absolu la pénurie
de tous les terrains à bâtir, d'autre part être particulièrement imprévoyants et défavorables en ce qui concerne
les terrains-supports de maisons individuelles en général et de maisons individuelles classiques en particulier.
Il ne peut pas être répondu de la même façon à ces deux griefs. La raréfaction de terrain opérée par un plan
d'urbanisme est «consubstantielle» à l'acte règlementaire de planification physique. C'est la nature de la
«police de l'urbanisation» de provoquer la constitution d'un stock limité de terrains à bâtir : c'est d'abord
l'effet d'un choix direct d'affectation du sol ; c'est aussi la contrepartie de l'économie d'équipement qui
résulte de l'aménagement coordonné. N'en déplaise aux propriétaires fonciers et aux promoteurs qui souhai-
teraient la liberté totale pour leurs entreprises de mise en valeur, il n'y a pas de planification urbaine de
qualité sans détermination de ce qui est constructible et de ce qui ne l'est pas. La seule exigence que res-
ponsables et professionnels puisse avoir vis-à-vis de cette réalité technique est que les documents d'urbanisme
ne fabriquent pas artificiellement de la rareté, c'est que tout le terrain qu'il est urbanistiquement et écono-
miquement (notamment du point de vue des possibilités financières des collectivités locales) possible de
mettre à la disposition des candidats à la construction le soit effectivement.
A l'inverse, sauf dans des situations géographiques (site très accidenté) ou économiques (prix fonciers très
élevés) bien particulières, il n'existe aucune fatalité qui induise la rareté des terrains-supports de maison
individuelle classique. Néanmoins, bien des documents d'urbanisme, vraisemblablement marqués par la
défaveur doctrinale qui a frappé entre 1945 et 1970 la maison individuelle, prévoient peu ou pas de terrains
pour l'accueillir, surtout lorsqu'elle prétend à la classique implantation en milieu de parcelle. Sous réserve
d'une vérification plus approfondie, il conviendrait que de tels choix ne soient arrêtés que de manière très
consciente, très argumentée et très explicitée vis-à-vis de la population concernée.
• Les conditions de délivrance des certificats d'urbanisme. Il est bien évident que pour un candidat cons-
tructeur, un terrain support n'est véritablement présent sur le marché que lorsque sa constructibilité est
affirmée sans ambiguité par l'autorité publique responsable. Le certificat d'urbanisme trouve là sa raison
d'être, puisqu'il est censé d'une part être délivré très rapidement sur demande, d'autre part définir pour les
six mois suivants ce qui peut ou ce qui ne peut pas être construit sur un terrain. Mais, les conditions de
fonctionnement actuelles de la police de l'urbanisation, caractérisées par à la fois l'absence de documents
d'urbanisme opposables aux tiers sur une portion significative du territoire et le sous-équipement en moyens
de services chargés de fournir matériellement les certificats, font souvent de ce dispositif théorique favorable
à l'ouverture de l'offre une cause de rareté. En effet, dans bien des agglomérations il faut actuellement près
de six mois pour obtenir un certificat d'urbanisme ; pendant ce délai il n'est pas rare que ou le vendeur ou
l'acheteur se lasse et la difficile conjonction entre un bien et un client se trouve rompue. Il n'est pas douteux
qu'ainsi l'absence, en temps utile, de renseignements administratifs fiables immobilise tout un stock de
terrains qui pourraient être utilisés.
• Les Z.A.D. Conçues souvent à l'époque des grandes procédures opérationnelles publiques, les réservations
foncières assises sur l'institution de zones d'aménagement différé couvrent parfois de très larges fractions des
territoires prévues urbanisables par les documents d'urbanisme. Il n'y a là rien que de très naturel et cette
conjonction classement règlementaire/réservation foncière est dans le droit fil de l'orthodoxie de la plani-
fication urbaine. Mais pour que le système fonctionne sans accroc, faut-il encore que les procédures opéra-
tionnelles suivent : prise de possession des espaces, équipements, construction directe ou mise sur le marché
des terrains-supports. Par rapport à ce schéma idéal et en ce qui concerne le propos du présent rapport, deux
«glissements» peuvent se produire. L'un absurde mais hélas fréquent qui est le maintien du double «corset»
de la règlementation et de la ZAD sans enchaînement opérationnel ; dans ce cas, loin de libérer l'offre le
système crée la pénurie en retirant sans compensation du marché d'importances quantités de sol. L'autre,
plus discret, apparaît lorsque les opérations publiques succédant aux ZAD sont quasi exclusivement consa-
crées - par déformation institutionnelle - à la fabrication de zones d'accueil d'habitat collectif. Certes, la
ZAD conduit alors à une véritable ouverture foncière, mais sélective.
• Les diverses recommandations contre «le mitage». La légitime émotion des diverses administrations et asso-
ciations responsables du paysage français devant son envahissement par les «points blancs» de la diffusion
de I habitat et les menaces particulières qu'elle constituait pour l'avenir de l'économie agricole, pour les
finances communales et pour la préservation des espaces libres, s'est traduite par la publication de documents
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LACONJONCTURE ECONOMIQUE
Il s'agit d'une cause extrêmement banale, mais qu'il n'était pas possible de passer sous silence : il existe en
France une incontestable rétention du patrimoine immobilier, celle-ci s'exacerbe en période d'inflation où les
biens fonciers sont en quelque sorte indexés par nature et se réévaluent quasi automatiquement. Certes, cette
affirmation n'est pas universellement démontrée et une étude minutieuse mettrait vraisemblablement en évidence
nombre de contre-exemples : dans un marché de crise, la sur-évaluation des biens immobiliers est souvent une
anticipation de propriétaire, sans référence véritable avec des transactions réelles, puisque celles-ci sont rares,
mais peu importe que la proposition soit vraie ou fausse à partir du moment où elle passe dans la majorité du
public pour une recette éprouvée de bonne gestion et que, de ce fait, dans ces moments de régression de l'éco-
nomie et de dévalorisation de la monnaie, les détenteurs du sol se «cramponnent» à leurs biens et refusent de
les vendre.
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UNE «CERTAINE OPACITE» DU MARCHE, au moins en ce qui concerne certains des produits de l'assor-
timent —par exemple les terrains isolés équipés, dans le diffus —est elle aussi une cause de rareté.
Devant la difficulté de trouver de tels terrains, de pouvoir rapidement les proposer «en état de constructibilité»
aux éventuels clients (cf. supra la délivrance des certificats d'urbanisme) et de tirer de la fourniture de ce service
une rémunération convenable, certains professionnels préfèrent renoncer. Dans une agglomération comme
Bordeaux, les spécialistes de la vente de terrain dans le diffus, c'est-à-dire les agences immobilières et les notaires
se détournent de ce type de transactions jugées trop aléatoires pour être intéressantes. Il est certain qu'en règle
générale, si le marché de chaque lotissement est au moins au début, vivement animé par le lotisseur, il y a un
problème pour ce que l'on pourrait appeler les «terrains d'occasion» (queues de lotissement, terrains diffus,
etc.). Une bonne organisation de la confrontation offre/demande est pourtant une arme indispensable dans la
à lutte contre la rareté.
Au terme de ces diagnostics sur la nature et les causes de la rareté des terrains à bâtir dans l'espace péri-urbain,
une conclusion provisoire s'impose : la nécessaire politique publique d'action sur la rareté devra, pour d'adapter
9 à la réalité complexe et variée décrite dans les développements précédents, être très différenciée en ce qui
concerne ses ambitions, ses horizons et ses champs d'action.
Tout d'abord, il doit s'agir d'une lutte contre la rareté qui s'applique à tous les «compartiments» du marché et
qui, de ce fait, se propose (si bien sûr les circonstances locales «objectives» le permettent) d'ouvrir l'offre de
toutes les sortes de terrains-supports. L'ostracisme vis-à-vis de certaines formes urbanistiques et architecturales
du développement péri-urbain n'est admissible que s'il est démocratiquement approuvé par les représentants
élus des usagers et des citoyens.
Ensuite, il ne suffira pas de résoudre les problèmes d'après-demain. S'il se confirme que là ou ailleurs existent
à court terme d'authentiques «goulots d'étranglement» fonciers, des mesures d'urgence devront être prises
dans le respect d'un dessein cohérent de l'aménagement global, mais l'opinion ne s'accomoderait pas, par
exemple, d'une politique de relance de la maison individuelle, qui dans les deux premières années resterait dans
les discours, faute de terrain-support pou les constructions. L'action foncière va obligatoirement d'aujourd'hui
au long terme.
Enfin, il est douteux que des recettes générales et nationales soient à elles seules véritablement efficaces en la
matière. Le terrain n'est pas un bien ordinaire puisque, par essence, chaque terrain a sa localisation propre et
n'est donc pas strictement interchangeable avec un autre. Toute politique d'action foncière sur le péri-urbain
devra donc être fortement influencée par chaque réalité géographique locale et ne se réalisera effectivement
qu'en s'y incarnant profondément.
L'action contre la rareté des terrains-supports dans le péri-urbain devra donc :
—d'une part être tous azimuts, c'est-à-dire s'attaquer simultanément à toutes les causes de cette rareté : il est
en effet préférable d'entreprendre sur chaque blocage repéré une petite action modeste de réduction, plutôt
que de rechercher un hypothétique remède global ;
—d'autre part, se démultiplier pour agir à tous les échelons géographiques concernés ; et il est certain qu'une
véritable action foncière comportera à la fois :
e des mesures générales (législatives, règlementaires, méthodologiques) prises à l'échelon national ;
e des dispositions d'ensemble (planification physique et financière, moyens d'études et d'actions, etc.) prises
à l'échelon de l'unité de coordination adéquate : l'agglomération ou le pays ;
e des décisions opérationnelles (procédure, acquisition, etc.) prises à l'échelon de la commune ;
e des interventions spécialisées (restructuration) mises en œuvre au niveau de la zone d'aménagement.
Seule la combinaison judicieuse de toutes ces actions peut ouvrir le marché foncier du péri-urbain.
«biotope» naturel de la maison individuelle, il est possible de décrire ainsi une spécificité foncière. Mais il ne
faut pas oublier que pour les autres formes urbaines comme les immeubles collectifs, le système de formation du
prix reste le même que dans les autres parties de l'agglomération. En résumé, la spécificité du problème foncier
en péri-urbain est liée à la proportion de maisons individuelles qui y sont réalisées. C'est bien entendu cet aspect
particulier qui va être maintenant développé.
Le système de formation du prix du terrain-support d'une maison individuelle paraît pouvoir, selon les experts,
être décrit à partir de cinq constats successifs qui tous appelleraient des vérifications plus rigoureuses.
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