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Schirmer Henri. La géographie de l'Afrique en 1880 et en 1890. I. Le relief et l'hydrographie en 1880. In: Annales de
Géographie, t. 1, n°1, 1892. pp. 57-67 ;
doi : https://doi.org/10.3406/geo.1892.18049
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1892_num_1_1_18049
cette manière de voir. Ces deux ('normes masses étaient en quelque sorte
perdues dans le vide : au sud, (U^ montagnes purement hypothétiques
les reliaient sur les fartes aux. monts de l'Ousagara: au nord, le pays des
Masaï gardait son secret. On n'était pas plus fixé sur leur hauteur : les
évaluations variaient pour le Kilimandjaro de 5500 à(5i)00 mètres.
Les problèmes hydrographiques n'étaient pas moins nombreux. Le
voyage de Stanley en 1875 avait ressuscité l'éternelle question des sources
du Nil. Le Kaguera ou Nil-AIexandra avait remplacé le Chimiyou comme
affluent le plus important du lac Victoria. Mais le lac Alexandra d'où il
sortait recevait lui-même, des affluents mal connus; lequel était la source
du Nil?
La question du lac Baringo, pendante depuis 18(57, n'était pas résolue.
D'après une information de Wakeiield et New (18157), adoptée par
Cha vanne '. c'est de ce lac mystérieux situé1 au nord-est du lac Victoria,
que sortait l'Assoua, l'affluent qui rejoint le Nil en aval de Douille,. La
mission Antinori, partie de Berbera dans l'intention de résoudre le
problème 1 1875), n'avait pas dépassé le Choa. On avait fini par mettre
en doute l'existence du lac, et par l'identifier avec le golfe qui termine
au nord-est le lac Victoria 2.
Dans l'ouest, la forme, l'étendue, le système hydrographique du lac
Albert n'étaient rien moins (pie, certains. Les deux voyages de Gessi et de
Gordon (187(5) avaient définitivement prouvé sa connexion avec le Nil,
mais ni Ges>i, ni Mason-bey n'avaient pu le relever dans son entier.
Gessi, qui avait suivi la rive orientale, avait été arrêté dans le sud par
une forêt de grands roseaux pressés, sans voir comment se terminait le
lac. A son tour, Stanley, apercevant le golfe Béatrice et la presqu'île
d'Ousongora 1 187(5), s'était cru sur le lac, Albert, et sa découverte avait
eu pour résultat de prolonger démesurément le lac sur les cartes jusqu'au
delà de l'Equateur.
Le rattachement du Tanganyka au système hydrographique du Congo,
fait accompli après le voyage de Cameron (1874), avait été remis eu
question par Stanley (187(5), Stanley avait trouvé le Loukougade Cameron
à l'état de cul-de-sac terminé par un terrain de vase et de roseaux: plus
loin, seulement, dans les terres, un ruisseau nommé; Loukouga, coulait
vers l'ouest 3.
Les lacs Moi'ro et Bangouélo, qu'on n'avait pas revus depuis
Livingstone ( 18715), n'avaient sur les cartes qu'une forme indécise. Enfin
on ne savait [tas si le lac Chiroua, au sud-est du Nyassa, ('tait un bassin
fermé, ou s'il donnait naissance à la Loudjenda.
Au nord-est du plateau des grands lacs, l'ignorance était bien pire
encore. De la pointe nord-est du lac Victoria et du Kénia à l'Abyssinie,
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