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Annales de Géographie

La géographie de l'Afrique en 1880 et en 1890. I. Le relief et


l'hydrographie en 1880
Henri Schirmer

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Schirmer Henri. La géographie de l'Afrique en 1880 et en 1890. I. Le relief et l'hydrographie en 1880. In: Annales de
Géographie, t. 1, n°1, 1892. pp. 57-67 ;

doi : https://doi.org/10.3406/geo.1892.18049

https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1892_num_1_1_18049

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LA GÉOGRAPHIE DE L'AFRIQUE EN 1880 ET 1890. 57
Г Autriche-Hongrie, de Joseph Chavanne, sont une source précieuse de
renseignements dignes de foi. Viennent enfin les grandes encyclopédies,
comme celle de M. llerlus, comme celle qu'a entreprise le Dr Kirchhoff,
émule de la précédente, et où se trouve condensé le travail de chercheurs
innombrables.
Ainsi, tout se ramène, dans cette activité multiple des géographes de
l'Europe, à un certain nombre de préoccupations et de tendances faciles
à dégager. A travers le désordre apparent, il y a toujours le désir marqué
de savoir davantage atin de connaître mieux, et l'incohérence n'est qu'à
la surface. Aussi chercherons-nous toujours, dans l'examen des
publications successives qui intéresseront la géographie de l'Europe, à établir
la liliation des travaux, à remonter à l'origine îles questions, à discerner
leurs rapports réciproques, convaincus que celte étude sera ainsi plus
profitable, et que, dans l'intérêt de la science, elle ne doit pas être un
simple compte rendu critique, mais l'exposé méthodique do recherches
qui tendent à la même fin.
P. Came-na d' Almeida.

LA GÉOGRAPHIE DE L'AFRIQUE EN 1880 ET 1890

Depuis dix ans, la géographie a fíiit des progrès remarquables en


Afrique. Une crise économique générale en Europe a eu pour résultat
l'activité fébrile de tous les peuples à s'ouvrir des débouchés nouveaux.
Le continent africain, si proche, et encore si peu connu par suite de sa
forme particulière, a été le but principal de ces efforts. Des pays dont le
nom était à peine connu des géographes, il y a dix ans, sont entrés dans
le courant du commerce international; quelques années de concurrence
entre les nations ont fait presque autant pour la connaissance de l'Afrique
intérieure qu'un siècle d'efforts individuels.
Pour mesurer l'importance du progrès accompli, reportons-nous à
dix ans en arrière. Comparons ce qu'on pensait alors du continent
africain, et ce qu'on en dit aujourd'hui.

LE RELIEF ET L'HYDROGRAPHIE EN 1880.

C'est généralement par l'hydrographie que la connaissance, d'un pays


neuf commence. Mais les fleuves africains se prêtent si peu à
l'exploration, ils sont coupés de tant de cataractes que les grandes découvertes
Л8 ANNALES DE GÉOGRAPHIE.
n'ont pas toujours été faites sur leurs bords. (le n'est pas en remontant
le Nil que Speke est arrivé au plateau de ses sources; ce n'e>t pas en
suivant b1 Congo que Cameron a fait «l'est en ouest la première traversée
île l'Afrique. La plupart des problèmes du relief se doublent encore
maintenant d'une question hydrographique; aussi les étudierons- nous
ensemble.

Des deux moitiés de l'Afrique, celle du nord (pays méditerranéens,


Sahara et Soudan) ('tait, en 1880, de beaucoup la mieux, connue.
L'exploration préliminaire ('-tait plus avancée, sinon par la quantité de
terrain exploré, du niuins par le petit nombre de questions restant à
ré>oudre.
Les grandes lignes du relief saharien se dessinaient dans leur forme
définitive. Des expéditions retentissantes, celles de Roh Ifs. dans le désert
libyque i l.XTï et 187Í1), de Nachtigal, au Tibesti (1870), du colonel
Flatters dans le Tasili et l'Ahaggar ( 1879-18N0), de. Lenz à travers le Sahara
occidental ( 1880), des missions comme, celle des (Iholts au sud de
l'Algérie, avaient détruit les illusions de ceux qui croyaient à de grandes
dépressions africaines, prouvé la prédominance de la. forme de plateau,
complété nos renseignements sur la ligne de HJiilèvemenls volcaniques
([ni traversent le désert. Le Soudan était relativement connu. Depuis
171).'{, dale ;\ laquelle Browne y pénétrait pour la première fois, il avait
été le but d'incessants ell'orts. IJarth, ce prodigieux voyageur dont le
talent d'information est resté sans ('irai, et dont les itinéraires tracés avec
un soin extrême comptent près de -20 f)00 kilomètres, avait parcouru tout
le nord entre Tiniboiictoil et le Tchad ( 18ГН-18."ы). Les plateaux llaoussa
(4aient à peu près connus par les voyages de (jappcrlon ( l8^5-lH^8j,
Vo.^el (I8.")."i, Rohlfs (18()7): le pays entre Tchad et Dénoué atlnnl par
Iiarth, Overweg ^LS.'iiz), Vogel et Nachtigal (1872). (le dernier avait
précisé I'altitudfî et les contours du Tchad, déterminé la depression qui le
continue au nord-est, ('tudii? le ri'.ïiiiu! des eaux du (lhari et du Loiinoiie,
ai'rêté le îclief du Ouadaï >nv deux routes, l'une d'ouest en est, l'autre du
nord au sud. Enlin, les officiers de l'armée égyptienne, compbHaut ces
travaux, avaient dressé, avec une exactitude approximative, la carte du
Kurd (Лап et du Dar-For. Jiref, dans toute cette partie de l'Afrique, il ne
semblait pas qu'il y eût place encore,, sauf peut-être dans le >ш1-оие>{,
pour la découverte de quelque grand accident «le relief, haute chaîne de
muntairnes, vaste dépression ou grand lleuve ignoré'.
l'ourtant, les desiderata ne maiujuaient [jas. Dans le nord, on >avait
bien à quoi s'en tenir sur la direction générale du plissement de l'Atlas,
mais on n'avait vu qu'une petite parti*1 des chaînes du .Maroc. Deux
hommes seulement, Caillié (18:28) et Rohlfs (18(3-4), avaient traversé le
grand Atlas dana tout l'immense espace situé à l'est du col deTagherout,
reconnu en 187,'ï par Hooker et Bail. Personne, n'avait franchi les hautes
LA (ÎÉOfillÀPIIIE DE L'AFRIQUE EN 1880 ET ISHO. ."'.»
chaînes «[ni s'étendent de l'autre côté iln Sous et en travers Ли murs
supérieur flu Dràa, et que, ťaulc de les connaître mieux, un marquait
\ agilement sur les cartes du nom d'Anti-Atlas. Lenz, en 1<S<S(), les avait
tournées par l'ouest; Rohlfs, sur le Dràa, ne les avait vue> que de loin.
Sur la .Méditerranée même, se trouvait un pays inconnu. (Tétaient, ces
montagnes du Rîf, repaire des derniers pirates liarbare^ipies, ijiii, s'ils
ne vont plus sur mer, pillent toujours encore les navires мц-pris -air
leur cote.
Dans le Sahara, les vides laissés par les itinéraires étaient
naturellement grands encore. Entre Koufra, point extrême de lînhlt's en 1ST1.), le
Bardai", atteint par Narhtigal à l'est du Tibesti, la. roule de Nuchfjgal
par le Ouadaï, au sud, et celle de Bro\vne(17!)Si, à l'est, le dé>ert lihvque
rotait inexploré. Aucun Eur(t[»éeu n'avait parcouru les plateaux qui
séparent les routes de Hilma et de l'Aïr: un seul, le major Lainir, avait
pénétré dans le grand i.'spa.ď .— í 1 1 1 « * au sud du Touat et de l'Ahair^ar,
entre la route de Caillié [IH'lH) et de LeUZ (1K80) à l'ouest, et celles de
Mart h et von Dary par l'Aïr : mais celui-là n'était pas revenu. Toutefois.
le> informations recueillies par liait b, Duveyn'er, Rolili's. Sabatier,
Flatters, etc., SUp[)lé;iiellt [)llis OU moins à l'exploration directe : oil
savait déjà que ni ]e Tanezroùft, ni le IJnfen-Aheiiet, comme on l'appe-
Iait alors, ni l'Adrar des Aouellimidên, ni aucun autre plateau du sud ne
constituait un accident orographique considérable.
Dans le Soudan uni' question plus importante. occupait les géographes :
celle des pays de la boude du Niger. Par Mungo-Park, .Mollien, Rall'enel,
Ilei-quard, Lambert, Маис i lřSliíMií', (lallieni i l.XTih et autres, on
ronnaissa.it mal le relief entre (iambie, Sénégal et Niger: au delà du
grand lleiive, sur !)00 000 kilomètres carrés, les notions se réduiraient
pre-que à rien, l Tll itinéraire ail lionl, celui de Bartll entre Saï et
TimboiKÍou: un ailtn1, bien incomplet, à l'ouest ; celui de Ciillié par
Kankán, Tinu', Tengrera et Djenné; eiilin, le [K-tit trajet de .Mage et
(Juintin jusi[ii'à Ségoii i LSOO-lll'i, et c"i'tait tout. Les voyageurs venus du
sud n'étaient pas arrivés loin. Dans le Libéria., un seul, le nègre
Anderson l IS(')S') avait poussé un»1 pointe jusqu'à Mousardoii. à 280
kilomètres de la côte, mais >n\i vo\aire avait été peu utile à la :.pén ^rapine.
Plus loin, c'est à peine ^i Boiiiiat et (îouldsbiH'V, dans leurs voyages à
Salaga ( liS~(»'i, et Skertcldey dans le Dahomey avaient pénétré à 2.">0
kilomètres dans l'intérieur: .-ur la côte d'Ivoire, on s'était arrêté à. cimjuante
^exploration du (lavally par Schonleiu, 18оГ)). Duncan ( ISifii pri'tendait
avoir le 10e degré de latitude, mais Bailli déjà l'avait poliment convaincu
ď « erreur » l. MM. Zweifel et Molistier i 1ST1.)) n'avaient pas dépassé le
Tenibi-Koundou, la montagne qui marque à l'est du Loina la source du
Niger. Au delà, c'était Писощш, le [lays des Maudingues et des mysté-

1. Reisen uiij, Entdeckungen in Nord und Cealral-Afrika, IV, p. uTO.


60 ANNALES DE GÉOGRAPHIE.".
rieux Mossi. Comme les cartographes ont' horreur du. vicie,, cet -espace
était généralement rempli par une immense chaîne de montagnes allant
en demi-cercle du Fouta-Djallonau Dahomey, et qu'on avait baptisée du
nom de Kong. Ces monts de Kong éveillaient bien quelques doutes chez
certains géographes, Barth, dont les informations sont *■- généralement
si sûres, citait bien \ ce nom, mais comme ' celui d'un grand marché
mandingue, et n'avait pas entendu parler d'une chaîne de montagnes 1.
A son tour, M. Duveyrier écrivait en 18S0 : « L'existence mime d'une
longue chaîne continue de montagnes de l'ouest à l'est, donnée par toutes
les anciennes cartes et par beaucoup de nouvelles, est encore à prouver » 2.
Mais rien n'est plus tenace qu'une erreur, surtout qu'une erreur
géographique/ Les monts de Kong continuèrent à régner sur les cartes, par la
force de l'habitude d'abord, ensuite parce qu'on n'avait rien à mettre à
leur place.
Le problème se compliquait ■ d'une question hydrographique. Sur
bien: des cartes, la courbe des monts de Kong se doublait au nord de
celle d'un Niger non moins mythologique; le fleuve « Ahmar », né bien
loin dans l'est au nord de la côte d'Ivoire, à peu près par le travers du
fleuve Lahou s. La découverte des sources du Dioliba pur MM. Zweifel et
Moustier (septembre 1879) venait de trancher. la question pour- le Niger
proprement dit, mais rien ne prouvait que -les affluents de -droite, ces
Baouléet Bagoé que Caillié appelait de grands fleuves *; ne fussent pas
plus longs et plus considérables que le Niger de l'ouest.
L'Afrique équatoriale soulevait de bien autres problèmes. Les trois
quarts en étaient complètement inconnus.
Au sud de Goundi; point. extrême de Nachtigal dans le Baghirmi
(187a), et de Daoua, point extrême de Vogel' dans l'Adamaoua -(1854),
entre la cote ouest et le Nil, une lacune énorme s'étendait jusqu'au Congo,
récemment descendu par Stanley (1877). A l'est et à l'ouest, elle était à
peine entamée. Schweinfurth n'avait pas dépassé Deni-Goudiou du côté
duDar-Fertist(1871). NiPurdy dansle sud du Dar- For (JIofrah-en-Nahas,
187Г)), ni Junker (1878), ni Lupton-bey n'étaient encore allés plus loin. Un
médecin grec, le Dr Potagos (1876-77),. avait bien pénétré1 à l'ouest de
!

IIofrah-en-Nahas jusque vers le 21° degré de longitude est de Paris, mais


son itinéraire et son récit manquaient de précision. De l'autre côté, l'inconnu
commençait à quelques journées de marche de la côte.. C'est à peine si
Allen (1842), Burton et Mann (180 1), Comber et Grenfell étaient parvenus
à 100 kilomètres du rivage de Kamero un/ Ni>DuiChaillm (18i56-t)í)V ni
l'expédition allemande deLoango(187'.ï), ni Giissfeldt(1874), ni le DrLenz
(1874) n'avaient franchi les chaînes bordières de la Guinée méridionale.

■1. Reisen uni Entdeckungen, IV, p. S76.


± Bull. Soc. Gêogr., 1880, p. 352/
Й. Atlas ilr- Stieler, 1879, planche 69, etc.
4. Voyage à Timbouctou et à Djenné.
LA GÉOGRAPHIE DE L'AFRIQUE EN 1880 ET 1800. 61

Seules, les explorations de l'Ogooué (Marche et Compiègne. 1874-7Г>;


Lenz, 1875) et le voyage de, MM. de Brazza et Ballay dp l'Ogooué ;\
l'Alirna (1875-71)) coupaient la carte d'un itinéraire jusque dans le
voisinage du Congo.
Qu'y avait-il dans cette page blanche? Là se heurtaient les domaines
du Congo, du Nil, du Chari, de la Bérmué. .Mais où et comment? Le
Congo drainait-il un second vaste bassin hydrographique au Nord?
Stanley, à qui la rive droite du fleuve n'était apparue, que de temps à
autre, Stanley lui-même ne pouvait pas répondre. Il n'avait reconnu à
droite qu'une grande rivière, l'Arouwimi, venue de l'est: il en avait
soupçonné d'autres en aval, mais sans les voir. Dès 1818 pourtant,
Tuekey avait conclu de la crue du Congo pendant la saison sèche de
l'hémisphère austral à l'existence d'un affluent important au nord
de l'Equateur ', mais cette remarque si juste, ('tait tombée d;ms l'oubli.
Comment étaient faits les seuils qui partageaient les eauxť On ne
savait même pas si le versant du Nil, entre le pays des Niam-Niam et le
Dar-For, se terminait par un plateau ou i\^ montagnes; Srhweinfurth
parlait de « terrasses en gradins » â, Potagos, au contraire, d'une « chaîne
importante » 3.
La découverte parSchweinfmth (1870) d'un large fleuve, TOiiëllé, « qui
envoyait au couchant ses flots sombres et profonds » et qui lui « rappela
le Nil Bleu à Khartoum » 4, surexcitait encore la curiosité des géographes.
Depuis dix ans, la « question de l'OuiMlé » avait fait couler des îlots
d'encre, s'accumuler des montagnes d'hypothèses : tous les fleuves
susceptibles de lui servir de déversoir avaient été passés en revue et
comptaient chacun des partisans, d'autant plus irréductibles que les
informations recueillies étaient des plus vagues, et pouvaient ^'appliquer
indistinctement à tous. Barth avait noté au Baghirmi, de la bouche d'un
Peul très instruit, le récit d'une expédition arrivée du Dar-For, «jusqu'au
bord d'un grand fleuve roulant vers l'ouest, et qui peut acquérir une
extrême importance dans les explorations de l'avenir » 3. A son tour,
Nachtigal avait entendu parler, pendant son séjour au Baghirmi, d'un
grand fleuve nommé Bahr Kouta et coulant d'est en ouest au >ud du
Ouadaï. с Je ne doute pas, écrivait-il, que le Bahr Kouta de mes
informateurs ne soit identique au Kabanda de Barth et à l'OuëlIé de Schwein-
furth, mais je laisse à décider si c'est le cours supérieur du Chari6. »
Schweinfurth était plus afiirmatif. Les Mombouttou lui avaient raconté
« que rOuellé gardait pendant bien des jours sa direction ouest-nord-
ouest, et (pie finalement il s'élargissait au point qu'on ne voyait plus les
1. Narrative of an Expedition to explore the River Zaïre, Londres, 1818, p. 33U-44.
2. Au cœur de l'Afrique, II, p. 29o.
3. Voyage à l'ouest du Haut-Nil, Bull. Soc. Géog., 1880, II, p. 31.
A. Ли cœur de l'Afrique, I, p. 4-96.
5. Barth, Reisen und Entdeckungcn in Nord Central- Afrika, III, p. 331.
6. Zeitschrifl der Ges.fiir Erdkunde, 1873, p. lit).
02 ANNALES DE ПКОПИЛРШЕ.
arbres de se4 rives... que les li;ibil.;i.nls en aval s'habillaient d'étoffes
blain-lio c! se prosternaient pour fain* leur prière. Ce sont donc, des
nialiuij'i'tans, concluait S^hweiuťurih. et la distance de :>() fortes
journée- de marche indique les pays au Mid du Un trhinni l. » On
sait aujourd'hui ее que valaient res «'valuations des nèirres. et ce
quV'aieut. t-r< malioniétans, chasseurs d'esclaves que Junker devait
trouver sur rouelle (à la Zériha d'Ahdallahi. hien [dus près que
Schweinfurih ne le croyait. Mais alors ct^ declarations avaient une
irramle valeur.
M. Duveyrier, se, fondant sur le fait que le Chari ayant, ses crues en
mars doit \eiiir d'i\u pays où il pleut eu lévrier, se rangeait à l'avis de
Schwejnfurlh. Mais il y avait ú^< opinions contraires. Le Сопцо, à.
peine découvert par Stanley, avait en son fougueux avorat. Le savant
Peterinaiiu. avec cette hardie--e d'hypothèse- qui lui faisait commettre
des erreur- «'normes, — quand elle ne le conduisait pas tout près de la
vi'rité. — -'était empressé d'identilier tout à la fois le fleuve de lïarth,
le Bahr Koilta. de NachUaal et le cours intérieur «le l'Ouëllé avec le fleuve
de Sta и ley. l'uni' lui, c-tOurllé « élargi au point (ju'ini n'en voyait plus
les rives ■. ll'etait autre ([lie le Coliiro Illi-inciue. «[lie |e> musulmans du
Dar-Kor e! du Ouadaï auraient de*, lou.ulernfjs connu-. Sur sa carte,
l'Ollëllé ri'joiuiiait dolIC le (](iliiro a[H'è> Ull trajet très court, 1111 peu en
aval de l'Aroinvimi 3. D'autn's se rap|iroidiaieut de \;i v<tH<* en faisant
d('houclnjr l'< luëlle par le M(»-Nirala * . Stanley, lui, tenait pour l'Arou-
WÎini. (jll'il i'.iisait Venir dli Iionl-est ". l'ers«iHl"ie u'aurait/iinai;il](' ([ll'nil
second iM'aud lleuve acconqta^uait Ь' (jinuo dans >a course ;\ l'oiie>t, à.
deux «le^r«'> «le distance 6.
Mai- ce n'i'lait [ias tout. Le voyage du Henri Venu, ce vapeur de la
Church Mi>-ioiiary Society, «pii avait remonté le Benoué sur (S00 milles
de distance i 1.S7!) \. avait ranieiK-la «lisi;u»ioii vers ce «b-rnier fleuve. Car
il y avait ans>i une « «[iie-tion de la. Bénoue ... Un se demandait si le
marais de Touhouri, vu [>ar Bar! h et Voi^el ( lSoî-'i et d'où sortait un
liras de la Benoiié. le Mayo Kehlu'. ne communiquait [>as aus>i avec la
branche ouest du Chari, coustitiiant aiu-i une hit'urcation, сошпк; celle
de l'On'noijiie à l'Amazone par le Ca.ssiquiar«*. Jîarth et \"оце! n'avaient
rien affirmé, mais considf'raient le fait comme [irohahle ". A Londres, on
aimait à y croire, et déjà des imaginations hardies voyaient les haleaux
an.niai^ remonter non Mjulemenl le Chari, mais, l'Ouëllé jus«[iie chez h;s
1. Im Herzen von Afrika, I, p. ."!Uî.
-2. « Schou >cit JjihrhunderU'n ihre llandcls- und llaubzuge bis an «l«-'ii Conyo
ausgeib'iikt » i Pftfniiann, Mitth., 1877, p. 470.)
3. Ibid., plain-he "2-2.
4. Atlas (bj Sf.irK;i\ 1879, pi. 70.
a. Carte de Stanley, Mitth., 1877, pi. -23.
ft. « An die МодНсЬкеЛ ibt wohl nicht zu «lcrikf-ri. » (РеЬттапп, Ibid., p. 47ÎÏ.)
7. « 1-jiie l'ilôt imuiiterbroeheiiL! Verbiinliin^... Werin von hier ans nicht wirklich
uinc Bifurcation existiwt, was sher wahrschuinlich ist... » (Darlh, Reisen, III, p. 199.)
LA GÉOGRAPHIE DE L'AFllIQUE EN 1880 ET 1890. M
Momhouf.tnii *'t I'1 roi Mounza1. D'autres Hinplitiaient encore, et s<*
demandaient si l'Ouëllé inférieur n'était pas tout simplement la Никни'»
elle-même, qu'on ava.it trouvée coulant du sinl-fst <uv une disfance-
inconnue. Xaclltiiral n'était pas ennemi (le Cette manière de \oil\
D'autres enliri l'cliafaudaicnt >nr une hypothèse de Koelle une nouvelle
hypothèse, et conduisaient l'Ouëllé à un irrand lac Liba vers .">' de
latitude, d'où il serait sorti suus le nom de Hauiol et de (]hari vers le lac
Tchad2! Ainsi, rumine il arrive lorsqu'on disent'1 sans lninièn's 4ii'li-
sanl.es. la. situation était, plus embrouillée qu'éclaircie. Depuis dix ans,
la solution n'était pas avancée d'un pas.
Au sinl du (loiiLTo, l'incertitude recommençait, l'on г se faire une idée
de l'immense espace drainé par le irrand lleuve. on avait : au nord, la
navigation de Stanley ( liSTT), reliée à. l'est aux itinéraires de Livingstone
dans le Manyéina i ISTO-Tlli, et de Cameron ( LST.Ti: au sud. ûuneron
avait suivi les plateaux de faite entre (loiiiru et /ainbèze: Ladislas
Magyar ( LS.-J.")!. Livingstone ( \K'i'\\ dans sa marche du Zamhèze à
Luanda, l'oirirc i iiST(J), (lapello et Ivens i LSTD) avaient r umu sur le
plateau des Lounda le cours supérieur «I « ipielijiies tleuves, Koiiatitro,
i

Kas-abi ou Ivas-aï, Louloiia. mais aucun n'avait pu ni dépasser Kahébé


Vf'l's l'e<t, ni descendre les rivières vers le nord. De là jusqu'au (loll^o,
SUL1 près de S degrés (Ml latitude, et Slir près de 1() degrés d'est en uue>t.
(tri ne -avait alisoliinient rien. Stanley lui-même n'avait rien appris en
dehors de ce qu'il avait VU : les rives du .irrand lleuve et quelques
embouchures de rivières. Son itinéraire nous menait comme un lil à
travel's l'inconnu. « Toute l'Afrique équatoriale, écrivait-il de Xyaiiiruué,
est encore une terri; vieruc sur laquelle on n'a pas le plus petit
renseignement: ici même, on ne peut rien m'en dire: toute cette région est
enveloppée d'une nuit mystérieuse, et la superstition indigène lui a fait
une légende d'horreur 3. » Aus-i riuia.irination pouvait-elle m» donner
libre carrière pour réunir les embouchures \-\ie> par Stanley aux tètes
de tleuves reconnues dans le sud. La carte de Stanley en 1ST" donnait
aux affluents une direction générale du sud au nord. A l'endroit où
débouche maintenant le Tchouapa, elle plaçait le continent du Kassaï,
tandis que la véritable embouchure du Ivassaï était réservée au Kouaniro,
supposé íleuve indépendant. Le nom du Sankourou île ja-and allluent du
Ka>>aïi avait servi à construire un troisième lleuve courant du sud au
nord, avec un iu'aud lac Sankorro sur son pan-ours. Enfin, chose
curieuse, le seul affluent du (louiro qui Coule en réalitf- du sud au nord,
le Loiiiami ou Loubilach, liirurait bien sur la carte de Stanley sous le
i. « N a <>nly would have acci-s- to tliat ííreat lake, but they roulcd probably
.'isci-nd the Shary and WVI1" aliii'»>f up tin» ti4THurios of Mimza. » (ilutchinsori,
Proceed iiHjs of the II. (îeog. Suc, 1S80, p. 30a.)
~2. (Ilia.vannti, Central- Afrika nach dan yeyeairdrtif/en Siaride der цсод. Kenntnisse,
Vit-nue, lbTo, S", p. ti(>.
.'!. Lultre Uu 3U ortobre ISTG, Mittheil., 1877, p. ÍG7.
64 ANNALES DE GEOGRAPHIE.
nutn de Roumaini, mais rogné, écourté d'une bonne partie de son cours,
rattaché au Congo en amont des Stanley-falls '. Tant le hasard met de
malice à déjouer les savantes combinaisons des cartographes ! Petermann
aussi avait fait son petit dessin. Chose plus curieuse encore, de
l'explorateur et du géographe en chambre, c'est le dernier qui avait I*1 plus
approché de la vérité. Dans sa carte provisoire de l'expédition rie
Stanley2, Petermann avait réuni le Kassaï au Kouango (débouchant il
est vrai beaucoup trop bas vers le Stanleypool), et devine;
l'infléchissement général ries fleuves vers l'ouest. Il est vrai qu'ensuite il s'était
incliné, devant l'autorité de Stanley : dans sa carte de l'Afrique
méridionale de 1878, les fleuves coulant vers l'ouest avaient disparu.
Le plateau îles grands lacs, but de tant d'explorations depuis 18.^7,
était lui-тйте encore bien mal connu. Quelques parties seulement du
relief étaient à peu près déterminées : le sud, c'est-à-dire la région du
Nyassa, connue par les travaux de Livingstone, des missionnaires, par
les levés île Stewart, par la pointe d'Elton et Cotterill, du Nyassa à
l'Ougogo (1877); le sud-ouest, c'est-à-dire le pays entre Tanganyka et
Bangouélo, parcouru en tous sens par Livingstone (18Ш>-73), et le
Tanganyka lui-même, alors complètement exploré- grâce au dernier
voyage de Stanley (1877); le centre, c'est-à-dire cette bande de terrain
cpie suivait la grande route des caravanes à Zanzibar, l'Ousairara,
l'Ougogo, l'Ounyamouézi, d'où elle bifurquait sur Oujiji et sur le l.-ie-
Victoria; enfin, à l'ouest du lac, le Karagoué et l'Ouganda (travaux
de Speke, 18(50; Chaillé-Long, 1874; E. Linant de Bellefonds, 187."î;
Stanley, 187."); etc.). Mais entre ces divers pays, (pie de lacunes! Tout le
pays situé entre le Nyassa et l'Ougogo d'une part, le Tanganyka de l'autre,
attendait encore les explorateurs. Un jeune géologue, M. .T. Thomson,
venait il est vrai de partir du nord du Nyassa dans la direction de l'ouest
(octobre 1871)), mais on ne connaissait pas encore les résultats de мт
voyage. A l'ouest, la connaissance du relief s'arrêtait aux hautes
montagnes du Mfoumbiro et du Gambaragara (mont Gordon Bennett),
découvertes par Stanley en 187.J. Personne ne pouvait dire ce qu'il y
avait au nord du Tanganyka, ni comment le plateau finissait du côté
du Congo.
On n'était guère plus avancé à l'est. Les géants de l'Afrique, aperçus
par Rebmann et Krapf en 1848, le Kénia et le Kilimandjaro, avaient dès
longtemps attiré les explorateurs. Mais malgré les expéditions de von
der Decken et Kersten, de Thornton (ЩМ-Ь'2'), de New (1871), on était
très loin d'avoir démêlé le système orographique dont ils font partie.
On croyait volontiers que c'étaient les cimes d'une ligne de partage fies
eaux entre le lac Victoria et l'océan Indien 3, mais aucun fait ne justifiait

1. Carte rie Stanley, Mitlh., 1877, pi. 23.


2. Ibid., pi. 22.
3. Chavaime, Central-Afrika nach dem gegenwárligen stande, etc., p. 42.
LA GÉOGRAPHIE DE- L'AFRIQUE EN 1880 ET 1890. 65

cette manière de voir. Ces deux ('normes masses étaient en quelque sorte
perdues dans le vide : au sud, (U^ montagnes purement hypothétiques
les reliaient sur les fartes aux. monts de l'Ousagara: au nord, le pays des
Masaï gardait son secret. On n'était pas plus fixé sur leur hauteur : les
évaluations variaient pour le Kilimandjaro de 5500 à(5i)00 mètres.
Les problèmes hydrographiques n'étaient pas moins nombreux. Le
voyage de Stanley en 1875 avait ressuscité l'éternelle question des sources
du Nil. Le Kaguera ou Nil-AIexandra avait remplacé le Chimiyou comme
affluent le plus important du lac Victoria. Mais le lac Alexandra d'où il
sortait recevait lui-même, des affluents mal connus; lequel était la source
du Nil?
La question du lac Baringo, pendante depuis 18(57, n'était pas résolue.
D'après une information de Wakeiield et New (18157), adoptée par
Cha vanne '. c'est de ce lac mystérieux situé1 au nord-est du lac Victoria,
que sortait l'Assoua, l'affluent qui rejoint le Nil en aval de Douille,. La
mission Antinori, partie de Berbera dans l'intention de résoudre le
problème 1 1875), n'avait pas dépassé le Choa. On avait fini par mettre
en doute l'existence du lac, et par l'identifier avec le golfe qui termine
au nord-est le lac Victoria 2.
Dans l'ouest, la forme, l'étendue, le système hydrographique du lac
Albert n'étaient rien moins (pie, certains. Les deux voyages de Gessi et de
Gordon (187(5) avaient définitivement prouvé sa connexion avec le Nil,
mais ni Ges>i, ni Mason-bey n'avaient pu le relever dans son entier.
Gessi, qui avait suivi la rive orientale, avait été arrêté dans le sud par
une forêt de grands roseaux pressés, sans voir comment se terminait le
lac. A son tour, Stanley, apercevant le golfe Béatrice et la presqu'île
d'Ousongora 1 187(5), s'était cru sur le lac, Albert, et sa découverte avait
eu pour résultat de prolonger démesurément le lac sur les cartes jusqu'au
delà de l'Equateur.
Le rattachement du Tanganyka au système hydrographique du Congo,
fait accompli après le voyage de Cameron (1874), avait été remis eu
question par Stanley (187(5), Stanley avait trouvé le Loukougade Cameron
à l'état de cul-de-sac terminé par un terrain de vase et de roseaux: plus
loin, seulement, dans les terres, un ruisseau nommé; Loukouga, coulait
vers l'ouest 3.
Les lacs Moi'ro et Bangouélo, qu'on n'avait pas revus depuis
Livingstone ( 18715), n'avaient sur les cartes qu'une forme indécise. Enfin
on ne savait [tas si le lac Chiroua, au sud-est du Nyassa, ('tait un bassin
fermé, ou s'il donnait naissance à la Loudjenda.
Au nord-est du plateau des grands lacs, l'ignorance était bien pire
encore. De la pointe nord-est du lac Victoria et du Kénia à l'Abyssinie,

1. «• Dor nus dcm Baringoseï1 ťritspringende Âssua, » Central-Afrika, p. îîi.


± Atlas de Slider, -iSTiJ, pi. 71.
3. Milh., 1S77, p. ICI».
ANX. DE GÉOii. îi
(')("> ANNALES DE GÉOGRAPHIE.
des montagnes du Nil blanc à la rote Somal, s'étendait une des parlies les
plus inconnues de l'Afrique. Von der Decken, tué à lîerdera sur le fleuve
Djouba d8oT>), Chaillé-Long, mis en i'uiteavec sa flottille (1874\ n'avaient
pas pénétré loin de la côte orientale; Miles (1871) n'avait fait que'
reconnaître l'ouàdi Djad, au sud du Guardafui, llevoil Í 1880) qu'en couper
l'extrême péninsule: Ifaggeiunacher (187-î), le plus heureux des
voyageurs partis du nord, n'avait atteint que 8° \[-± de latitude dans le pays
«les Ogàden.
Le seul pays connu qui échancràt cette solitude était l'appendice
méridional du plateau abyssin, ce pays de lva lia, dont l'altitude considerable
nous était révélée par M. d'Abbadie, dès LSili, et que l'expédition de
(lecfhi parcourait alors à nouveau (187(5-81). Mais M. d'Abbadie s'était
arrêté à Dorigo, Cecchi à quelques minutes plus au sud. (Ju'y avait-il
au delà? Entre le Kaffa et ses hautes cimes, et le Kém'a, n'y avait-il pas
d'autres grandes montagnes, formant ainsi une Ii^rie continue, de
hauteurs, quelque chose comme- l'épine dorsale de cette partie de l'Afrique.?
Des questions hydrographiques se mêlaient à tout cela. D'où venait le
Sobat? Où finissait le versant du Nil? M. Antoine d'Abbadie avait vu
dans le Kaffa une rivière considérable, ГОишо ou Oimia, se perdre, dans
|e >\ul. Il l'avait [>rise alors [tour mu' branche du Nil. Dus tard. les
rapports de Wakeliebl, de Léon des Avariehers avaient fait croire que
l'Oimio rejoignait le Djoub et appartenait au versant de l'océan Indien1.
(Juant an reste, les cartes restaient à peu près blanches. Des terrasses
hypothétiques, un lac. Samboiiroii, indécis comme un souvenir
mythologique, s'y montraient quelquefois.
L'Afrique australe, mieux connue, avait aus-i ses problèmes. Le
désert de Kalahari, effleuré par Livingstone à l'est, par 15air.es (18(11)
au nord, n'élait traversé; que par deux itinéraires, Mec-(];ibe et Shelley
et Open (18Г52). Au nord, le régime du lac Ngami demandait à être
éclairci. Livingstone (1819) lui avait trouvé un affluent, laZouga, allant
se perdre dans la lagune de Makarikari. Daines (18UI) soutenait avoir
vu la Zouga couler eu sens inverse. Serpa Pinto (187!)) leur donnait
raison à tous deux, et prétendait que le Zouga, affluent du Makarikari en
temps ordinaire, devenait un affluent du cliott débordant après les pluies.
La question du Koubango n'était pas moins obscure. Serpa Pinto (187!))
avait constaté l'importance de ce grand fleuve, descendu du plateau de
Bihé et grossi d'un aflluent.de 800 kilomètres, leKouito. Maison allait-il?
au Ngami, à la lagune d'Etocha, au (louuène ou au Zambèze? Serpa
Pinto n'avait suivi que son cours supérieur. L'opinion courante (Anderson,
Duperré, Serpa Pinto) était que le Koubaiigo se jetait dans le Ngami sous
le nom de Tiogé, pour se perdre en définitive dans 1<; Makarikari. Mais
restait, à expliquer ce fait légèrement invraisemblable : la disparition

1. Carte de Lannoy de Bi?sy, n« :J7.


AMÉRIQUE. Íi7
par ("evaporation seul p. d'un lleuve <[iii draine peut-être (iOOOOO
kilomètres carrés.
Enlin, la source, du Zambèze même n'était pas déterminée aver
certitude. On ne savait laquelle des deux rivières, Kabornpo îiu Liba,
devait être considérée comme le Zambèze supérieur. Livingstone, qui
a.vait remonté la Liba (1<S(ÍO), penchait pour l'autre; ruais personne
encore n'en avait suivi le cours.
Tels étaient les principaux desiderata de la géographie africaine m
•1880. C'était une somme de travail prodigieuse à fournir. Il nous reste
à dire ce (jui est fait aujourd'hui.
IL Schiumer.
(.1 si dn- в.)

AMÉRIQUE

On me permettra, au moins dans les premières ('Indes que je


consacrerai ici à. la géographie du nouveau continent, de ne. [tas m'occuper
exclusivement des livres ou des articles les pins récemment parus, niais
de chercher plutôt adonner une idée exacte de ce ([lie nous savons
aujourd'hui de la géographie de l'Amérique, des moyens d'information
mis à notre disposition pour l'étudier et aussi de l'esprit qui inspire les
recherches des géographes américains. Les plus importants des travaux
qui s'accomplissent annuellement dans ce domaine l'ont, en effet, partie
d'un ensemble dont ou ne saurait sans inconvénient les détacher.
Si les deux continents américains sont aujourd'hui connus dans leurs
grandes lignes, si la première période d'exploration est à peu près
terminée [jour ces deux pays, il s'en faut que l'étude attentive et
minutieuse du sol, quo sa reconnaissance scientifique, soit aussi avancée. Il
importe toutefois de constater que. dans cette ичиге longue et difiirile le
Xord a [iris les devants sur le Sud. Certaines parties des Etals-Unis et du
Canada sont déjà presque aussi bien connues que les mieux étudiées de
nos contrées d'Europe, et l'on peut prévoirie moment où nous aurons,
pour les Etats-Unis surtout, non seulement des cartes à grande échelle,
mais encore tous les renseignements nécessaires à l'enquête, géographique.
la plus étendue.. Il convient donc de s'occuper d'abord de l'Amérique
Septentrionale.
Une des nécessités qui s'imposent aujourd'hui à tout pays civilisé, ne
fût-ce que dans l'intérêt de sa propre défense, c>\ celle de connaître son
propre sol, d'en pouvoir évaluer l'étendue, la nature, les ressources, la
population. De là l'existence dans mis Etats européens de certains

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