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Cette limite de teneur en solide correspond au moment où les boules d’hydrates ont
segmenté, par leur expansion, tous les chemins qui existaient initialement entre les
grains de ciment et permettaient de relier deux points donnés dans l’espace
capillaire. Le tableau 3.I indique, en fonction du rapport pondéral E/C, le temps
d’hydratation nécessaire pour que le réseau de capillaire soit segmenté par les
hydrates (pour un ciment portland ordinaire à 20°c, d’après Powers).
Ce tableau montre que, pour les ciments portlands ordinaires, il existe un rapport E/C
au-delà duquel le réseau des capillaires reste toujours interconnecté, même après
une hydratation complète du ciment. Ce rapport E/C, dont la valeur est voisine de
0.70 est appelé premier rapport critique. Il dépend de la nature du ciment car le
volume des hydrates formés dépend de la nature chimique du ciment anhydre. Il a
une grande importance en pratique: en ne dépassent pas ce rapport E/C(ce qui est
généralement facile est réaliser), on tire pleinement partie des propriétés des
hydrates du ciment. On obtint ainsi, par rapport à un béton qui aurait un rapport E/C
un peu supérieur, une très forte réduction de la perméabilité du béton durci.
Tableau 3.I – Relation entre le rapport E/C de gâchage et le temps de
segmentation du réseau capillaire des pâtes de ciment portland
0.45 7 jours
0.50 14 jours
0.60 6 mois
0.70 1 an
>0.70 impossible
Nous montrerons plus loin que cette valeur est diminuée lorsque le ciment s’hydrate
en ayant la possibilité de prélever de l’eau au milieu extérieur.
Un premier rapport critique (E/C=0.70) peut être mis en évidence. Pour des rapports
E/C plus élevés, le réseau capillaire reste toujours interconnecté : la perméabilité des
pâtes augmente rapidement avec le rapport E/C au voisinage de ce premier rapport
critique. En dessous de ce deuxième rapport critique, quel que soit le temps
durcissement, l’hydratation ne peut pas être totale : la quantité d’eau disponible
initialement est insuffisante pour hydrater entièrement le ciment. De plus, il subsiste
une porosité capillaire qui ne diminue que lentement avec le rapport E/C et qui est
uniquement constituée de vides gazeux. Les vides gazeux. Les vides gazeux
proviennent du fait que l’hydratation s’accompagne d’une contraction importante en
volume absolue : le volume des hydrates formés est inférieur d’environ 10% à la
somme des volumes des constituants (ciment anhydre+ eau) consommés au cours
des réactions d’hydratations. Cette contraction chimique est aussi appelée
contraction le Chatelier. La variation de volume apparent de la pâte de ciment
durcissante étant faible devant la diminution de volume absolu, il apparaît dans la
pâte un volume gazeux de l’ordre de grandeur de la contraction chimique.
Les pâtes de ciment gâchées avec des teneurs en eau correspondant à des rapports
E/C inférieurs à0.42 ne sont jamais complètement hydratées et, après un temps très
long, il ne reste plus de pores capillaires à l’exception de ceux dus à la contraction Le
Chetelier. Quand le rapport E/C est supérieur à0.42, l’hydratation peut être
complète ; l’augmentation du rapport E/C se traduit alors par l’accroissement du
volume des capillaires.
Pour des rapports E/C inférieurs à cette deuxième limite de E/C=0.42, la perméabilité
et la diffusivité diminuent moins rapidement : on peut donc penser que l’intérêt de
descendre en dessous de cette valeur est plus faible. On peut néanmoins envisager
de mettre en œuvre des rapports E/C un peu inférieurs à 0.42 afin que le réseau de
capillaire soit plus rapidement segmenté, ce qui permettrait d’atteindre plus
rapidement la perméabilité minimale. L’emploi de bétons à rapports E/C nettement
inférieurs à 0.42 est principalement réservé à la recherche de bétons de hautes et
très hautes performances mécaniques.
Les pores capillaires correspondent aux espaces entre grains de ciment non
comblés par les hydrates. Les pores du gel hydraté constituent la structure
microporeuse des C-S-H ; le volume total de cette microporosité, qui dépend peu des
conditions d’hydratation, est égal à environ 26% du volume du gel.
5 4000
6 1000
8 400
13 50
24 10
Pâte âgée 6
Les transferts de gaz dans les bétons se produisent en général par diffusion.
Lawrence a mesuré des coefficients de diffusion de l’oxygène dans des bétons
satures (entre 1 et 50*10^-13 m²/s) qui sont de l’ordre de grandeur de la diffusivité
des ions dans les pâtes de ciment saturées. Ce résultat s’explique par le fait que les
coefficients de diffusion des gaz en solution dans l’eau sont du même ordre de
grandeur que les coefficients de diffusion des ions en solution dans l’eau
(environ10^-9 m²/s).
Dans le cas où le béton en service est exposé pendant une longue durée à une
source d’eau non agressive et si l’on recherche une imperméabilité élevée, il paraît
intéressant de réduire le rapport E/C en dessous d’un troisième rapport critique :
E/C=0.36 .
En effet, dans ces conditions, l’apport d’eau externe permet une poursuite de
l’hydratation jusqu’au remplissage de la porosité capillaire. En pratique, en raison de
la faible perméabilité du béton qui est proche de la surface. Cette possibilité
d’hydratation complémentaire est néanmoins bénéfique puisqu’elle renforce
justement la zone du béton la plus exposée aux attaques externes.
En laboratoire, on montre ainsi que la porosité d’un béton peut passer de 9% à 20%
si, après un jour, il est démoulé et conservé à une hygrométrie de 80% au lieu d’une
atmosphère humide. Sur les ouvrages, heureusement, l’influence est moins marquée
en raison de l’importance des dimensions qui retarde la dessiccation à cœur.
La protection de la surface du béton jeune est d’autant plus nécessaire que, par effet
de paroi, la peau du béton est une zone plus riche en pâte de ciment que le cœur.
Les temps nécessaires pour parvenir à la segmentation des capillaires étant plus
importantes pour les fortes teneurs en eau, la qualité et la durée de la cure auront
d’autant plus d’influence sur les propriétés de transfert, donc sur la durabilité, que le
rapport E/C sera élevé.
Petit mémento de chimie des ciments :
Une petite quantité de sulfate de calcium (environ5%) est ajoutée lors du broyage,
comme régulateur de prise (gypse, hémihydrate, anhydrite).
La figure 3.31 montre les variations des concentrations en calcium et silicate de l’eau
de gâchage, et la courbe de flux thermique, qui donne une mesure de la vitesse
globale des réactions. Le schéma (page100 de livre) montrant l’évolution
correspondante de la microstructure.
Au bout de quelques secondes, la solution est très sursaturée par rapport au silicate
de calcium hydrate, qui précipite rapidement:
L’hydrate ainsi obtenu est appelé C-S-H dans la terminologie cimentaire, bien que sa
stoechiométrie soit plutôt C1.5-S-H2.5.
Dans un premier temps, ces ions vont s’accumuler dans la solution, qui va devenir
sursaturée par rapport à la portlandite Ca(OH) 2. Le PH va alors rapidement atteindre
des valeurs élevées, de l’ordre de 12.8. D’après H.F.W Taylor, c’est la compétition
entre les germinations de Ca(OH)2 et des C-S-H qui explique cette situation : les
germes des deux espèces ont des structures très voisines, et tant que la teneur en
ions silicate de la solution se maintient au-dessus d’un certain niveau, c’est la
germination des C-S-H qui l’emporte.
Sur la figure 3.31, on peut facilement repérer la fin de la période dormante, qui se
traduit par une diminution brutale de la concentration en calcium et OH-, ainsi que
par l’augmentation du flux chimique.
Au bout d’une dizaine d’heures, la couche d’hydrates qui enrobe les grains de silicate
anhydre devient assez épaisse pour diminuer la diffusion des ions et de l’eau.
Bien que l’hydratation ralentisse de plus en plus, elle peut se poursuivre pendant des
années, tant qu’il reste du ciment anhydre et de l’eau dans les pores capillaires.
Les réactions chimiques (1) et (2) précédentes se font avec diminution du volume
molaire, ce qui produit une contraction de la pâte proportionnelle au taux
d’hydratation (contraction le Chatelier, découverte au début du siècle). On peut
prévoir qu’une augmentation de pression va conduire à l’augmentation du taux de
réaction (cas de la cimentation des forages pétroliers).
La consommation de l’eau des pores capillaires par les réactions d’hydratation
produit l’auto dessiccation de la pâte, ce qui conduit à une contraction. Celle-ci peut
être évitée si l’on immerge le béton dans l’eau. Elle est amplifiée lorsque le béton est
soumis à une déshydratation précoce (par exemple au décoffrage), ce qui peut
conduire à de grave fissurations.
La croissance cristalline d’hydrates massifs comme la portlandite Ca(OH) 2 exerce
une pression sur les parois des pores capillaires, et agit comme un ensemble de
<<micro vérins>> en augmentant le volume des micropores. Ceci produit un
gonflement qui compense en partie les processus de contraction (ce mécanisme est
utilisé dans certains ciments expansifs).
à ces variations se superposent des variations d’origine thermique, liées à la
chaleur d’hydratation et à sa dissipation selon la résultante de tous les effets
précédents et agissent sur ses performances mécaniques.
En présence de sulfate, cette réaction est remplacée par une réaction plus lente qui
comme celle du silicate tricalcique : la figure 3.32 montre un diagramme cinétique
simplifié pour les réactions du C3A en présence de gypse et de chaux.
Ce système reproduit le milieu chimique que rencontre l’aluminate tricalcique dans
un ciment.
Les ions ainsi formés se combinent pour former instantanément des cristaux
d’ettringite ou sel de Candlot (trisulfoaluminate de calcium hydraté, noté TSA) :
Vient ensuite une période de réaction lente, au cours de laquelle l’ettringite continue
à se former. Dans les ciments riches en C3A, l’enchevêtrement des aiguilles peut
amener un raidissement de la pâte, comme c’est le cas pour la prise du plâtre. Ces
ciments ont donc, en général, un temps de prise (mesuré à l’aiguille de Vicat) plus
court que les ciments à faible teneur en C3A. On conçoit que ce phénomène se
distingue fondamentalement de la prise normale due à la formation de la <<colle>>
de C-S-H que nous avons décrite plus haut. L’aluminate C3A possède une
<<période dormante>> qui ressemble un peu à celle du silicate tricalcique. Il faut
cependant remarquer que la vitesse de réaction est augmentée de façon significative
dans les ciments, au cours de la période de prise du silicate. Ceci est dû à des
processus d’activation thermique, mais aussi à la formation de composés mixtes
(silico-aluminates de calcium).
Cette réaction provoque une dissolution rapide de l’aluminate anhydre qui alimente la
solution en ions aluminate. Dans les ciments, on observe également une réaction
rapide de l’aluminoferrite durant cette période.
Dans le cas habituel, les ciments portland contiennent 8 à 12% d’aluminate et 5%de
gypse, soit un rapport molaire gypse/aluminate voisin de 0.8. Ce rapport correspond
à un mélange de monosulfoaluminate et d’aluminate tétra calcique hydraté
[Ca2Al(OH)6]2 (OH)2, 12H2O, ou à une solution solide du même type contenant des
sulfates en substitution des ions OH-.
Pour les classes CPJ. Elles peuvent s’élever à plus de 80% dans les CLK.
Les adjuvants des bétons sont des produits organiques ou minéraux ajoutés en
faible teneur (à la dose du pour cent environ). Certains d’entre eux permettent de
modifier le temps de prise (accélérateurs et retardateurs), d’autre la fluidité du béton
(tensioactifs, plastifiants, fluidifiants), ou encore permettent de réduire la proportion
d’eau de gâchage (réducteurs d’eau). Les adjuvants sont donc d’une grande utilité
pratique.