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CHAPITRE 10 : CARACTERISTIQUES DU BETON DURCI

10.1. Masse volumique apparente


La masse volumique apparente du béton durci est donnée par le rapport entre la masse
et le volume apparent d’un échantillon du béton en question.

Concernant la masse - déterminée par pesée - il faut préciser dans quel état se trouve
l’échantillon :

état naturel (humidité non-connue à priori) ;


état après séchage jusqu’à masse constante (105°c) ;
état saturé d’eau.
Il faut noter que pour un béton ordinaire bien compacté, l’écart entre les valeurs
extrêmes est de 3 à 6% environ.

En ce qui concerne le volume, on distingue les 2 cas suivants :

L’échantillon est une éprouvette de forme régulière (cube, prisme, cylindre) : le volume
se calcul sur la base des dimensions.
L’échantillon a une forme irrégulière : le volume se détermine par une pesée
hydrostatique de l’éprouvette saturée d’eau ou enduite d’un produit d’étanchéité.
Il est à noter que pour le calcul du poids propre des constructions en béton, on admet
en général la valeur moyenne de 2400Kg/m3 comme masse volumique apparente du béton
durci. Lorsqu’il s’agit de béton armé (pourcentage de ferraillage normal), on prend 2500Kg/m3.

10.2. Porosité - Absorption d’eau - Perméabilité


10.2.1. Porosité
La porosité du béton est le rapport entre le volume des pores et le volume apparent.
Elle est donnée par la relation suivante :
𝑣𝑝 𝜌𝑎𝑝𝑝
𝑝𝑣 = 𝑉 =1−𝜌 (10.1)
𝑎𝑝𝑝 𝑎𝑏𝑠

Dans laquelle :

𝑣𝑝 , est le volume des pores ;


𝑉𝑎𝑝𝑝 est le volume apparent du béton durci ;
𝜌𝑎𝑝𝑝 est la masse volumique apparente du béton durci ;
𝜌𝑎𝑏𝑠 , est la masse volumique absolue du béton durci.
2

10.2.2. Absorption d’eau


Comme la détermination de la masse volumique absolue est une opération assez
laborieuse, on préfère en général, procéder à la détermination de l’absorption d’eau. Elle est le
rapport entre la masse d’eau absorbée et la masse de l’échantillon sec.

Elle est donnée par la relation suivante :


𝑚𝑒𝑎𝑢
𝑝𝑚 = (10.2)
𝑚é𝑐ℎ

En règle générale, tous les pores ne sont pas également accessibles à l’eau de sorte
𝑝
que la règle 𝑝𝑚 = 𝜌 𝑣 ne se vérifie donc pas normalement. Ceci implique aussi qu‘il faut
𝑔𝑟

préciser de quelle façon l’imbibition des éprouvettes se fait : par simple immersion, par
ébullition ou sous vide. La 1ère méthode - la moins poussée des trois – est la plus simple et la
plus utilisée.

10.2.3. Perméabilité
La perméabilité n’est pas directement liée à la porosité mais dépend plutôt de la
répartition des pores et de la continuité des capillaires.

Pour obtenir un béton imperméable, il importe de respecter par exemple les deux règles
suivantes :

𝐸
1°) Adopter un rapport eau-ciment (𝐶 ) faible, tout en respectant une maniabilité

compatible avec les conditions de mise en œuvre. Toute quantité d’eau excédentaire donne lieu
en effet, à des vides capillaires qui accroissent la perméabilité. Le code modèle FIP-CEB 78
conseille :

de ne pas dépasser 0,5 à 0,6 : cas d’éléments structuraux dont l’épaisseur est de 100 à
400 mm, et ;
de ne pas dépasser 0,6 à 0,7 : cas d’éléments structuraux plus épais.
2°) Prévoir une période de conservation optimale suffisamment longue pour permettre
à l’hydratation de progresser normalement et de diminuer de ce fait la perméabilité.

Remarque
3

Les problèmes de perméabilité qui se posent en pratique sont très souvent dus à des
fautes macroscopiques comme par exemple un mauvais serrage, des joints de reprise mal
soignés, une fissuration suite au retrait, …

10.3. Résistance à la compression


On détermine la résistance à la compression du béton par un essai d’écrasement (fig.
10-1) sur une éprouvette de forme géométrique régulière (éprouvette normalement moulée lors
du bétonnage, exceptionnellement prélevée dans la construction même après durcissement).

Elle est donnée par la relation :

𝑃𝑢
𝑓𝑐 = (10.3)
𝐴

Dans laquelle :

- 𝑓𝑐 , est la résistance à la compression du béton [N/m²]


- Pu, est la charge de rupture [N]
- A, est la superficie de la section transversale [mm²].

Figure 10-1: Test de compression d'un échantillon de béton durci

La résistance à la compression dépend évidemment de la composition du béton (nature


des matériaux, rapport ciment –eau) mais également de la forme des éprouvettes (élancement,
volume), et de la maturité du béton (effet combiné de l’âge et des conditions de conservation).

Pour estimer la qualité intrinsèque du béton, il faut fixer les modalités de l’essai en
choisissant le type d’éprouvette et en définissant, les conditions de conservation et l’âge d’essai.

10.3.1. Types d’éprouvette


4

Le rapport hauteur-diamètre ou largeur (h-d) des éprouvettes a une incidence


considérable sur les phénomènes de rupture, ainsi que sur la valeur mesurée de la résistance à
la compression.

Le frottement - qui existe entre l’éprouvette et le plateau de la presse- freine en effet,


la dilatation transversale (phénomène de poisson) dans la zone proche du plateau. Ceci crée un
état de contrainte triaxial auquel correspond une résistance à la compression majorée.

Pour que cette majoration se reflète dans les résultats d’essai, il faut que les zones en
question se chevauchent : c’est le cas pour les éprouvettes dont le rapport h-d est faible (Cas
des cubes). Pour les éprouvettes élancées par contre (h ≥ + d√3), il existe une zone centrale
caractérisée par un état de contrainte uni axial qui donne par conséquent la résistance de base.

La tendance actuelle est de se référer à l’éprouvette cylindrique (∅ 150mm- h =


300mm) proposée par le CEB. Les éprouvettes cylindriques présentent toutefois le désavantage
d’exiger une finition particulière de la face supérieure : rectification par meulage au disque à
diamant ou surfaçage à l’aide d’un mortier ou d’un mélange à la base de souffre.

Les éprouvettes cubiques par contre sont soumises à l’essai de compression sur les
faces latérales de moulage et ne demandent en principe aucune préparation. Cette raison
pratique explique le fait que plusieurs pays (Belgique, Allemagne, Hollande, GB) ont adopté
l’éprouvette cubique comme éprouvette standard.

Quel que soit le type d’éprouvette prescrit par les règlements nationaux, il existe des
coefficients de conversion qui permettent de transposer, avec approximation, les valeurs d’un
type d’éprouvette à la valeur correspondante du cylindre 150/300.

𝒇𝒄𝒚𝒍
Eprouvette X Rapport 𝒇𝑿

Type Dimensions Min Moyenne Max


150 x 150 x 150 0,70 0,80 0,90
Cube 200 x 200 x 200 0,75 0,83 0,90
300 x 300 x 300 0,80 0,90 1,00

150 x 150 x 150 0,90 1,05 1,20


Prisme
200 x 200 x 600 0,90 1,05 1,20
Tableau 10-1 : coefficients de conversion cylindre-éprouvette X (cube ou prisme)
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Une formule approchée – dérivée de celle donnée par l’addendum I à la norme NBN
B15-220 - permet de traduire la résistance d’une éprouvette quelconque - section S [mm²],

hauteur h [mm], rapport compris entre 1 et 3 - en résistance sur cylindre 150/300 :
√𝑆

𝑓𝑋 0,825
= 0,780 + 1 1 (10.4)
𝑓𝑐𝑦𝑙 ℎ( + )
200 √𝑆

𝑓𝑋 1
≅ 0,80 [1 + 1 1 ] (10.5)
𝑓𝑐𝑦𝑙 ℎ ( + )
200 √𝑆

10.3.2. Conditions de conservations – âge – maturité


La température et l’humidité relative ont une importante dans l’évolution de la
résistance du béton. Pour estimer valablement la qualité intrinsèque d’un béton, il faut par
conséquent éliminer ces facteurs d’influence en adoptant des conditions de conservation
normalisé à savoir :

- Température 20° ± 2° C
- Humidité relative ≥ 90%
Compte tenu du fait que l’hydratation est un phénomène qui évolue dans le temps, il
faut de plus fixer l’âge de l’essai pour lequel on adopte vingt-huit jours (28 jours), âge de
référence.

10.3.2.1. Influence d’une variation par rapport aux conditions de base : Age

Pour un âge différent de 28 jours, on obtient une résistance fc,j dont on peut déduire
une valeur estimée de fc,28 en utilisant des coefficient du tableau 10-2. Ce tableau donne
l’évolution moyenne de la résistance du béton dans les conditions normalisées de conservation
pour différents types de ciment selon la norme NBN B15-202.
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Age en jours
Ciment
3 7 14 28 90 180
P30 0,50 0,75 0,85 1 1,15 1,20
P40 0,60 0,80 0,90 1 1,10 1,15
P50 0,70 0,85 0,95 1 1,05 1,10
HL 30 0,40 0,60 0,85 1 1,20 1,25
HK 40 0,45 0,70 0,85 1 1,25 1,20
Tableau 10-2: Evolution moyenne de la résistance du béton dans les conditions normalisée de conservations pour différents
types de ciment selon la norme NBN B15-202

Des essais effectués par KUCZYNSKI avec un ciment portland normal (P30) d’origine
zaïroise (R.D.C), donnent les coefficients moyens (cfr tableau 10-3) suivants obtenus dans les
conditions de conservation du laboratoire (température moyenne 24° C – humidité relative
comprise entre 80% et 90% - conditions assez proche des conditions normalisées).

Age en
3 7 14 21 28
jours
Ciment
0,55 0,72 0,86 0,94 1
P30
Tableau 10-3: coefficients moyens du ciment Portland normal P30, RDC

Les valeurs du tableau 10-3 correspondent bien à celles données par la norme Belge
pour le même type de ciment (cfr. tableau 10-2).

10.3.2.2. Influence d’une variation par rapport aux conditions de base : Température
Pour tenir compte d’une variation de la température, certains chercheurs (NURSE et
SAUL) ont introduit la notion de maturité.
La maturité d’un béton est donnée par la relation :
maturité = ∑ 𝐽𝑇 (𝑇 − 𝑇0 ) (10.6)
Dans laquelle :

- JT, est le nombre de jours à T°C


- T, est la température moyenne sur 24heures
- T0, est la température de référence au-dessous de laquelle il n’y a plus de progression
de l’hydratation (To ≅ 10°C).
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Pour un même béton une même maturité donnerait la même résistance. Cette notion
ne tient toutefois pas compte de la chronologie des différentes périodes de conservations : elle
ne peut donc être valable que dans les limites assez étroites.

Notons encore que la formule susmentionnée et d’autres formules semblables – telles


que les formules de RASTRUP et CSTC/SECO – ont été établies pour des condition de
température modérée, voire froide, il serait par conséquent dangereux de les extrapoler aux
conditions climatiques caractériser par des températures élevées pour lesquelles les
renseignements sont plutôt rares et fragmentaires.

10.3.2.3. Influence d’une variation par rapport aux conditions de base : humidité relative
Une dessiccation (asséchement) du béton a une influence d’autant plus défavorable sur
l’évolution de la résistance qu’elle se produit à un jeune âge (plus jeune, plus faible).

Il faut donc éviter que l’eau dans le béton s’évapore trop vite, conserver le béton frais.
Selon Mr HUMMEL, on peut arriver à une chute de résistance de l’ordre de 20% après un an.

10.3.3. Types d’essais de compression


On distingue deux types d’essais de compression lors de l’étude de résistance d’un
échantillon de béton :

1°) Essais de contrôle

Ils sont destinés à contrôler la qualité intrinsèque du béton dans les conditions de
fabrication de celui-ci.

Les éprouvettes sont- par conséquent- conservées dans des conditions normalisées et
soumises à l’essai à un âge déterminé.

Quand on n’est pas en mesure de réaliser les conditions normalisées (20° ± 2°C et HR
≥ 90%) on conserve les éprouvettes dans le sable humide pendant 28 jours.

2°) Essais de chantier

Ils sont destinés à suivre l’évolution de la résistance dans les conditions réelles des
conservations et de mise en œuvre. Ceci pour vérifier à quel moment on peut mettre l’élément
en question sous charge (décoffrage).

10.3.4. Interprétation des résultats


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Lorsqu’on effectue pendant une certaine période des essais de compression sur un
même type de béton, on obtient une série des résultats qui présentent- malgré tous les soins
qu’on peut apporter à la confection et à l’exécution de l’essai- toujours une certaine dispersion.

Les facteurs qui sont à la base de cette dispersion sont :

 les variations possibles ;


 une ségrégation possible et ;
 les conditions d’essais.
1°) Cas des variations possibles

Elles sont dues aux variations :


des propriétés des constituants ;
du dosage ;
du malaxage ;
du serrage et ;
des conditions de conservation.
2°) Cas d’une ségrégation possible

Lors de la vidange du malaxeur peut y avoir une ségrégation possible de granulats.

3°) Cas des conditions d’essais

Elles peuvent aussi varier : étalonnage de la machine d’essai, la planéité des faces de
compression…

En pratique, lorsqu’on a plusieurs résultats d’essais, on va les classer de deux façons :

1°) Classement suivant l’ordre chronologique.

2°) Classement selon la résistance(ou selon la classe de résistance : 1 à 2 N/mm2).

Cette façon de procéder donne deux informations très importantes et utiles :

 le report des résultats en fonction du temps permet de voir que la variation des résultats
est un phénomène aléatoire ou plutôt systématique ;
 le report des valeurs selon leur fréquence visualise la répartition des résultats autour de
la valeur moyenne (dispersion faible ou importante – travail soigné ou non).
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Pour une série de n résultats, considérée comme une série autonome, on peut
également représenter, au lieu du nombre effectif ni de résultat par intervalle, la fréquence
relative ni/n : on obtient ainsi l’histogramme des fréquences relatives.

Figure 10-2 : L'histogramme de fréquence relative

Ainsi on définit la fréquence relative [%] qui est le rapport –entre le nombre effectif ni
des résultats par intervalle et le nombre total n de résultats:
𝑛𝑖
Fréquence relative = (10.7)
𝑛

En étudiant cet histogramme, Mr RÜSCH avait constaté qu’à 90% des cas,
l’histogramme peut être remplacé par une distribution normale (voir fig. 10-2).

Le modèle mathématique employé pour l’interprétation normale résultat est :

−(𝑥−𝜇)²
1 [ ]
y=𝜑(𝑥) = 𝜎√2𝜋 𝑒 2𝛾2 (10.8)

Dans la relation (10.8) :

y est la densité de probabilité ;


x est une valeur quelconque (−∞ < 𝑥 < +∞) ;
𝜇 est la valeur moyenne (sommet de la courbe) ;
𝜎 est l’écart type (distance du sommet aux points d’inflexion).
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Dans la grande majorité de cas (plus de 80% selon RUSCH), l’histogramme présente
une allure semblable à celle de la fonction mathématique connue en statistique sous
l’appellation de distribution normale donnée par l’expression (10.8).

La moyenne et l’écart type sont calculés comme suit :

∑𝑥
𝜇~𝑥̅ = (10.10)
𝑛

∑(𝑥̅ −𝑥)² ∑ 𝑥 2 −(∑ 𝑥)²/𝑛


𝜎~𝑆 = √ =√ (10.11)
𝑛−1 𝑛−1

Le coefficient de dispersion, en pourcentage, est alors calculé, par la relation suivante :


𝜎
𝛿=𝑥̅ (10.12)

Une distribution normale est caractérisée par son écart-type (et la moyenne de cette
population) et, celle-ci nous donne une indication sur l’étalement de valeurs.

Ainsi, l’écart-type 𝜎 est une mesure de la dispersion et de la qualité du béton :

Une grande valeur de sigma témoigne une dispersion étalée fortement dispersée.
Une petite valeur de sigma atteste d’une distribution centralisée faiblement étalée.
La valeur caractéristique

Du point de vue de stabilité des constructions, il est logique de baser la contrainte de


calcul sur la résistance minimale du béton. En effet, c’est la résistance la plus faible qui
conditionne la sécurité de l’élément considéré.

Pour le modèle mathématique adopté, il est impossible de parler d’une valeur minimale
étant donné que la courbe de GAUSS s’étend de -∞ à + ∞, on définit alors une valeur dite
caractéristique qui correspond au fractile inferieur de 5%.

Pour pouvoir fixer la composition du béton, il est important de connaitre- en plus de


la résistance caractéristique (imposée par l’auteur du projet)- la dispersion probable des
résultats, fonction de la qualité du travail fourni par l’entrepreneur.

En pratique, on a trouvé des relations du type 𝑥̅ +k𝜎 en fonction de k et des fréquences


relatives dans l’intervalle donné. Alors la loi de Gauss est traduite dans le tableau ci-dessous.
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𝑥̅ ± ks % des valeurs
k=0,68 50%
k=1 68%
k=1,28 80%
k=1,64 90%
k=1,96 95%
k=2,73 98%
k=3,09 99,8%
Table 10-3: La loi de GAUSS

En prenant x1= -∞ et x2=x on représente en fonction de x, la probabilité qui va donner


une courbe en s (en cloche), partant de la relation (10.8). Avec cette courbe , on a la probabilité
d’avoir une valeur en dessous d’une valeur donnée.

Figure 10-3 Courbe en s (en cloche)

En pratique, on fait le polygone des fréquences cumulées (voir fig. 10.2 - courbe en
noir), lorsque celle-ci à la forme « s » on se rapproche de la distribution théorique. Il faut
remarquer qu’on obtient la probabilité de trouver une valeur inférieure ou égale à l’abscisse
correspondante grâce à la surface située sous la courbe limitée par l’intervalle en question.

Interprétation par la méthode graphique

Le principe de la méthode repose sur la transformation de la courbe de probabilités en


une droite appelée droite de HENRY par une transformation adéquate des ordonnées.
12

Dans ce diagramme Gauss-arithmétique, on reporte les fréquences cumulées


expérimentales et on trace- à vue- la droite qui s’écarte le moins possible des points
expérimentaux.

La valeur moyenne de la population correspond à une probabilité de 50%. Et l’écart-


type correspond à la moitié de l’intervalle 16-84%.

Figure 10-4 : Droit d’HENRY

Il est à remarquer que cette représentation graphique permet également de voir si les
fréquences cumulées s’alignent bien, ce qui constitue un critère de normalité pour la distribution
réelle.

10.3.5. La résistance caractéristique


En considérant les valeurs statistiques, on définit la résistance caractéristique comme
celle qui correspond au fractile inférieur à 5% c.à.d que dans la distribution théorique 5%
seulement de valeurs sont inférieures à la valeur en question.
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Figure 10-4 : résistance caractéristique

Ainsi, on définit la résistance caractéristique par la relation :

fck=fcm – 1,64 𝜎 = fcm(1-1,64 𝛿) (10.13)

Dans cette relation 𝛿[%] est le coefficient de variation ou de dispersion définit comme suit :
𝜎
𝛿=𝑓 (10.14)
𝑐𝑚

Par conséquent, il existe une relation entre la qualité du travail et la dispersion des
valeurs. La dispersion des résultats dépend de soins qu’on apporte à l’exécution du bétonnage.

Pour exprimer la relation entre la dispersion et la qualité du travail, on se base soit sur
le coefficient de variation en %, soit sur l’écart – type en N/mm².

Le tableau 10-4 ci-dessous, nous permet de fixer les idées sur la relation entre la qualité
du travail et la dispersion des résultats.

Appréciation Coefficient de variation % Ecart type [N/mm]


Chantier et nombre d’essais
Chantier Laboratoire Petit Moyen Grand
3 à 10 ≥30
Excellent ≤10 % ≤ 5% 5 4 3
Bon 10 à 15% 5 à 7% 6 5 4
Acceptable 15 à 20 % 7 à 10% 8 6,5 5
Mauvais 20% ≤ 10% ≤ 9 8 7
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Figure 10-4 : tableau donnant la relation entre la qualité de travail et la dispersion des résultats selon ACI

Des relations (5.13) (formule de BOLOMEY) et (10.14) nous donne en définitive


le rapport C/E:

∁ 𝑓𝑐𝑘
=𝐾 + 𝐾′𝐵 (10.15)
𝐸 𝐵 (1−1,64𝛿)

De l’expression (10.15) nous pouvons remarquer que la quantité de ciment d’un béton
ne dépend pas uniquement de fck mais également de 𝛿 (pour une même consistance).

10.3.6. Contrôle de la qualité de béton


Le but du contrôle de qualité est de vérifier si le béton répond aux exigences imposées
par l’auteur du projet.

On s’intéressera qu’au cas courant de la vérification de la résistance à la compression


du béton.

10.3.6.1. Définitions du lot et de fréquences de prélèvement


Un lot correspond à une quantité de béton produite dans les mêmes conditions et
soumise à un jugement individuel.

La taille du lot qui est fixée d’avance conditionne la fréquence du prélèvement et le


nombre d’essais requis pour une décision.

Pour définir le lot et la fréquence de prélèvement, on se base sur les conditions


énoncées ci-après :

1°) Pour chaque type de béton, on doit effectuer au moins un prélèvement par jour.

2°) Aucun prélèvement individuel ne peut représenter plus de 100 gâchées ou de 100 m3
(le volume le plus faible est déterminant).

3°) Pour chaque type de béton, il faut définir au moins deux lots.

4°) Le béton d’un lot doit correspondre à des éléments similaires du point de vue structural.

10.3.6.2. Echantillonnage
Normalement, il suffit d’une seule éprouvette par prélèvement représentatif d’une
même gâchée choisie au hasard. Tous les résultats entrent en ligne de compte pour le jugement
de la résistance. Seule la preuve d’une erreur manifeste commise lors du prélèvement, du
compactage, de la conservation ou de l’essai permet d’écarter le résultat en question.
15

La procédure -proposée par la norme Belge NBN B15-102- recommande que l’on
prélève jusqu’à 6 éprouvettes :

 Essais de contrôle
Ces essais permettent de vérifier les qualités intrinsèques du béton (1 à 3 éprouvettes) :

 Eprouvette n°1, utilisée pour l’essai à 7 jours (à titre indicatif).


 Eprouvette n°2, utilisée pour l’essai à 28 jours : essai de contrôle
 Eprouvette n°3, éprouvette de réserve: en cas de contestation

 Essais de chantier
Ces essais permettent de suivre l’évolution de la résistance du béton sur le chantier (2
à 3 éprouvettes) :

 Eprouvette n°1 et n°2, pour la vérification de la résistance minimale après 10 jours,


avant le décoffrage.
 Eprouvette n°3, éprouvette de réserve.
10.3.6.3. Critères de contrôle
Les critères de contrôle de la qualité du béton sont :

Critère de conformité
Critère de non-conformité
10.3.6.3.1. Critère de conformité
L’élaboration des critères de conformité constitue le point délicat du contrôle. Il faut
en effet, rechercher un compromis entre deux risques opposés à savoir :

celui de l’acheteur : risque d’acceptation d’un lot qui en réalité n’est pas conforme
(problème de sécurité) ;
celui du producteur : risque de rejet d’un lot qui est conforme (problème économique).
Plus le nombre d’essais est élevé, plus la fiabilité du contrôle augmente et moindres
sont les risques susmentionnés.

Nous nous intéresserons au code modèle du CEB/FIP 1978 qui prévoit deux critères
valables sur la résistance à la compression sur cylindre.

 Critère n°1
Ce critère convient pour un échantillonnage restreint.
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Chaque lot est représenté par trois éprouvettes qui donnent les résistances suivantes,
classées dans l’ordre de résistance croissante :

x1 < x2 < x3 (10.16)

Le lot est accepté si les deux conditions suivantes sont satisfaites simultanément :

1ère condition : condition de la moyenne

La moyenne des résistances 𝓍̅ est donnée par la relation :

𝑥1 +𝑥2 +𝑥3
𝑥3 =
̅̅̅ (10.17)
3

La condition de la moyenne est remplie si :

𝑥3 ≥ 𝑓𝑐𝑘 + 𝑘1
̅̅̅ (10.18)

2ème condition : condition de la valeur minimale

Conformément à la relation (10.16), la condition de la valeur minimale est remplie si


x1 est telle que :

𝑥1 ≥ 𝑓𝑐𝑘 − 𝑘1′ (10.19)

Dans les relations (10.18) et (10.19), fck est la résistance imposée par l’auteur du projet
et les valeurs de 𝑘1 et 𝑘1′ sont données dans le tableau suivant :

Lot 𝑘1 [N/mm²] 𝑘1′ [N/mm²]


1e et 2ème lot 5 1
3e et 4e lot 4 2
5e lot et plus 3 3

Tableau 10-5: valeur de 𝑘1 et 𝑘1 selon le code modèle du CEB/FIP 1978

 Critère n°2
Ce critère convient pour les lots importants. Chaque lot est représenté par au moins 15
éprouvettes :
x1<x2< … < xn (10.20)

Le lot est accepté lorsque les 2 conditions des relations (10.18) et (10.19) sont satisfaites
simultanément. En d’autre terme lorsque :
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Condition de la moyenne
𝑥𝑛 ≥ 𝑓𝑐𝑘 + 𝑘2
̅̅̅ (10.21)
Condition de la valeur minimale
x1 ≥ fck –𝑘2′ (10.22)
Dans les relations (10.21) et (10.22) k2 et 𝑘2′ sont :

k2= 𝜆Sn avec Sn l’écart type des n valeurs et 𝜆=1,4 ;


𝑒𝑡 𝑘2′ = 4 N/mm²

10.3.6.3.2. Critère de non-conformité


En cas de non-conformité des résultats, on peut envisager successivement les actions
suivantes :

1°) Vérifier la validité des résultats.

2°) Délimiter la zone accusée par le béton défectueux.

3°) Vérifier la sécurité structurale sur la base des résultats d’essais.

4°) Procéder aux besoins à des essais sur les éprouvettes prélevées par carottage ou à des
essais non destructifs.

5°) Sur la base des résultats des éprouvettes moulées ou prélevées dans la construction, on
peut soit accepter, soit réparer ou renforcer, ou soit enfin démolir.

10.4. Résistance à la traction


La résistance à la traction du béton est nettement plus faible que la résistance à la
compression.

En règle générale, le rapport entre la résistance à la traction fct et la résistance à la


compression fc est de 1 à 10 telle que :

𝑓𝑐𝑡 1
≃ (10.23)
𝑓𝑐 10

Elle peut être mesurée de plusieurs façons :

Par essai de traction direct.


Par essai de flexion.
Par essai de fendage.
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10.4.1. Essai de traction directe (ou de résistance à la traction axiale)


Une éprouvette cylindrique est soumise à un essai de traction directe par intermédiaire
de plaques métalliques collées aux faces supérieure et inférieure du cylindre et reliées par
rotules aux tiges de traction (voir fig. 10-5) jusqu’à la rupture par l’effet de traction 𝑃⃗ .

Figure 10-5 Principe de l’essai de traction direct

La résistance à la traction est donnée par la relation (10.24) :

𝑃𝑢
𝑓𝑐𝑡,𝑎𝑥 = (10.24)
𝐵

Dans cette relation :

B, est la section de l’éprouvette ;


Pu, est la charge de rupture.
Nota Bene :

Le collage est assez délicat, il faudrait faire attention parce qu’une faible excentricité donnerait
des valeurs calculées inférieures à la résistance réelle. Comme conséquence dans la pratique,
l’essai n’est pas beaucoup utilisé.

10.4.2. Essai de flexion (ou de résistance à la traction par flexion)


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Soit une éprouvette prismatique sur deux appuis, soumise à une action P (voir fig. 10-6).

Figure 10-6 : principe de l’essai de flexion

La résistance à la traction par flexion est donnée par :

6𝑀𝑢
𝑓𝑐𝑚𝑚 = (10-25)
𝑏ℎ2

Dans cette relation :

- 𝑀𝑢 , est le moment de rupture


- b et h, sont les dimensions rectangulaires de l’éprouvette prismatique.
Pour les calculs de la résistance à la traction par flexion, on admet conventionnellement
que la répartition de contrainte définie en phase élastique est inchangée jusqu’à la rupture de
l’éprouvette. En réalité, il s’est produit une certaine plastification du béton tendu de sorte que
l’application de la formule (10.25) mène à une surestimation de la contrainte réelle de rupture.

En moyenne on admet que le rapport entre la résistance à la traction (axiale) et la


résistance à la traction par flexion dépend entre autre de la hauteur de l’éprouvette (effet de
plastification est plus importante pour l’éprouvette de faible hauteur), ainsi :

𝑓𝑐𝑡,𝑎𝑥 ≃ 0,60. 𝑓𝑐𝑚𝑚 (10.26)

10.4.3. Essai de fendage (Résistance à la traction par fendage)


Prenons un cylindre (prisme) qu’on soumet à un essai de compression (voir fig. 10-7),
on constate que les contraintes évolue comme indiqué sur la figure 10-7(b).
20

Figure 10-7(a) : principe de l’essai de fendage Figure 10-7(b) : Diagramme de contrainte (fendage)

La résistance à la traction par fendage, exprimée en N/mm², est donnée par :

2. 𝑃𝑢
𝑓𝑐,𝑠𝑝𝑙 = (10.27)
𝜋.𝑑.𝑙

Dans cette formule :

d et l, sont les dimensions du cylindre ;


Pu, est la charge de rupture ;
En absence de résultats d’essai de traction, les relations ci-dessous peuvent être
utilisées pour estimer la valeur de la résistance à la traction :

𝑓𝑐𝑡,𝑎𝑥 ≃ 0,85 𝑓𝑐,𝑠𝑝𝑙 (10.28)

2
𝑓𝑐𝑡,𝑎𝑥 ≃ 0,25 𝑓𝑐,𝑐𝑢𝑏 3 (10.29)

fct,ax=0,8+0,05.fc,cub (10.30)

Dans ces relations :

𝑓𝑐,𝑠𝑝𝑙 , est la résistance à la traction par fendage ;


𝑓𝑐,𝑐𝑢𝑏 , est la résistance à caractéristique du béton.

10.5. Résistance au cisaillement

La résistance au cisaillement fcis est de l’ordre de 0,20 à 0,30 de la résistance à la


compression de béton fc c’est-à-dire :
fcis≃ (0,20 à 0,30).fc (10.31)
Elle n’intervient pratiquement jamais dans la résistance des éléments (du béton de
construction).
La démonstration faite par Mohr (le cercle de Mohr) conduit à :
21

fct < fcis < fc (10.32)

10.6. Déformation
Même lorsque le béton n’est pas soumis à une charge, il connait des déformations.

10.6.1. Déformation sous charge nulle


Sous charge nulle, le béton se dilate ou se rétrécit. Ainsi on parlera :

de la dilatation thermique du béton ;


et/ou de son retrait.
1°) Dilatation thermique

Le coefficient de dilatation thermique du béton est ∝ ≃ 10 ∗ 10−6 /°𝐶

C’est ce qui justifie l’utilisation des joints- dans le bâtiment, le pont,…- si la longueur est
grande : pas d’élément de béton ayant plus de 50m. Il faut si possible prévoir les joints de
dilatation pour permettre la variation du béton sous charge nulle. Parce que le béton dépend
toujours de matériaux inertes qui sont prépondérants en volume dans celui-ci.

2°) Retrait

Le béton étant- un matériau complexe- constitué de différents éléments ou phases


(matériaux inertes, pâtes de ciment en cours d’hydratation, l’eau libre et une faible quantité
d’air), après la fin de la prise, on voit son comportement être influencé par les conditions de
conservation. Ainsi une atmosphère sèche entraînera une évaporation de l’eau libre qui entraine
à son tour une contraction du béton appelée retrait.

Les principaux facteurs d’influence du retrait sont :

- les conditions des conservations ;


- la teneur en eau du béton ;
- les dimensions transversales de l’élément ; et
- le temps écoulé depuis la confection.
Ces déformations peuvent être calculées par une formule proposée par le code modèle
du CEB FIP 1978.

𝜀𝑐𝑠 (𝑡, 𝑡0 ) = 𝜀𝑐𝑠0 [𝛽𝑠 (𝑡) − 𝛽𝑠 (𝑡0 )] (10.33)

Dans la relation (10.33) :

- 𝜀𝑐𝑠0 , est le coefficient de base du retrait ; il est donné par l’expression :


22

𝜀𝑐𝑠0 = 𝜀𝑐1 , 𝜀𝑐2 . 𝜀𝑐2 (10.34)


- 𝜀𝑐𝑠1 , est la valeur qui dépend du milieu ambiant.
- 𝜀𝑐𝑠2 , 𝑒𝑠𝑡 le coefficient qui dépend de l’épaisseur fictive de l’élément (h0) C’est-à-dire
des dimensions transversales.
- 𝜀𝑐𝑠3 , est le coefficient qui dépend de la consistance du béton.
- 𝛽𝑠 (𝑡), est une fonction qui correspond au développement du retrait dans le temps
(dépendant de h0).
- t0 = 28 jours
- t = temps considéré.
Le tableau (10-6) donne des ordres de grandeurs des éléments qui permettent
d’estimer la déformation. Dans ce tableau, Ac est la surface et u, est le périmètre de l’élément
considéré.

ℇ𝑐𝑠 (t0, t0) retrait forfaitaire


Atmosphère humide à l’extérieur Atmosphère riche à l’intérieur
HR ∼ 75% HR ∼ 55%
Dimensions fictives
2𝐴𝑐 Petite ≤200mm Grande ≥ 600mm Petite ≤ 200mm Grande ≥ 600mm
𝑢

Jeune : 1 à 7 j 260.10-6 210. 10-6 430. 10-6 310. 10-6


Age
Moyen : 7 à 60j 230. 10-6 210. 10-6 320. 10-6 300. 10-6
t0
Elevé > 60j 160. 10-6 200. 10-6 190. 10-6 280. 10-6
Tableau 10-6 : Ordres de grandeurs permettant d’estimer la déformation

10.6.2. Déformation sous charges


10.6.2.1. Déformation sous charge de courte durée
Nous allons distinguer deux directions de déformation :

- déformation longitudinale ;
- déformation transversale.
1°) Déformation longitudinale

Considérons un prisme auquel nous faisons subir une charge (voir fig. 10-8).
23

Figure 10-8 : Principe de déformation longitudinal d’un élément prismatique

L’élément prismatique subit un allongement

△ 𝑙 = 𝑙0 − 𝑙𝑓 (10.35)

Alors une déformation ℇ et une contrainte 𝜎 (théorie linéaire) donnent par la relation (10.36) :

△𝑙 𝑃
ℇ= et 𝜎 = 𝐴 (10.36)
𝑙

Si nous faisons un graphique où l’on met en ordonnée les contraintes et à l’abscisse ℇ𝑐 ,


nous obtenons un diagramme de la figure (10-9):

Figure 10-9 : Diagramme 𝜎 −ℇ


Considérant l’hypothèse de la linéarité, la contrainte dans un tel élément sera donnée
par :

𝜎 = ℇ. 𝐸 (10.37)
24

Dans cette relation E est le module d’élasticité ou module de déformation longitudinale.

Nous remarquons que la courbe de variation de 𝜎c en fonction ℇc, n’est pas une droite
d’où beaucoup de E pour un même élément. Ce qui nous amène à définir deux modules
d’élasticité pour le béton :

- Ec,0, est le module d’élasticité tangent à l’origine (l’inclinaison de la tangente à la courbe


𝜎 − ℇ à l’origine)
- Ec,m, est le module d’élasticité sécant (c’est l’inclinaison de la corde reliant l’origine au
point 𝜎 − 𝜀 considéré).
Les formules que propose la norme Belge sont données ci-dessous.

Ec,o=5600√𝑓𝑐𝑚,𝑐𝑢𝑏 [N/mm²] (10.38)

Ec=5200√𝑓𝑐𝑚,𝑐𝑢𝑏 [N/mm²] (10.39)

Et le code-modèle de CEB FIP (1978) donne pour le module sécant :

Ec,m=9500 (fck+𝛿)1/3 (10.40)

C’est le module d’élasticité sécant qu’on utilise le plus en pratique. On le définit


habituellement pour une contrainte égale au tiers de la contrainte de rupture.

2°) Déformation transversale

Les déformations transversales sont proportionnelles aux déformations longitudinales


mais de sens opposé et le coefficient de proportionnalité est le coefficient de poisson, noté 𝜈 .

ℇ𝑡 = −𝜈. ℇ𝑙 (10.41)

Chaque matériau a son coefficient de poisson. Pour le béton, il varie entre 0,15 et 0,25.

La valeur préconisée en règle générale est la moyenne c’est-à-dire 𝜈𝑏é𝑡𝑜𝑛 = 0,20.

10.6.2.2. Mise en charge de longue durée


Considérons un prisme de béton que nous soumettons à une charge et en suite nous
maintenons la charge constante jusqu’à un certain temps t, on constante que la déformation
augmente (voir fig. 10-10).
25

Figure 10-10 : Diagramme 𝜎 − 𝜖 de l’élément considéré

Si après une mise en charge de courte durée jusqu’à ℇ𝑐 on maintient la charge à ce


niveau pendant un certain temps t, on constate que la déformation croît. Cet accroissement de
la déformation sous charge constante s’appelle fluage. Il s’est noté ℇ𝑐𝑐 .

Faisons un diagramme 𝜎𝑐 /𝑓𝑐 en fonction de la déformationℇ𝑐 , pour une contrainte


inférieure à la charge de rupture l’éprouvette se comprime.

𝜎𝑐
Figure10-11 : Diagramme −𝜀
𝑓𝑐

Lorsqu’on prolonge la durée de l’application de la charge deux phénomènes peuvent


se produire selon que (voir fig. 10-12):
26

1) 𝜎𝑐 ≥ 0,8 fc : il s’est produit un accroissement de déformation suivie de la rupture de


l’éprouvette après un temps qui est autant plus court que le niveau de la contrainte est
élevé.
2) 𝜎𝑐 ≤ 0,8 fc : il s’est produit un accroissement de la déformation jusqu’à une valeur limite
ℇ𝑐,𝑚𝑎𝑥 atteinte après un temps théoriquement infini (limite de fluage sous charge
constante).
Les expressions ci –dessous, proposées par le code-modèle CEB FIP (1978),
permettent à titre indicatif de calculer la déformation due au fluage.
𝜎𝑐,0
𝜀𝑐𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) = . 𝜑(𝑡, 𝑡0 ) (10.42)
𝐸𝑐,28

Et 𝜑 (t, t0), coefficient de fluage, est donné par la relation (10.43).

𝜑(𝑡, 𝑡0 ) = 𝜑𝑑 𝛽𝑑 (𝑡 − 𝑡0 ) + 𝜑𝑓 [𝛽𝑓 (𝑡) − 𝛽𝑓 (𝑡0 )] (10.43)

Dans ces relations :

- t0, est l’instant de l’application de la contrainte 𝜎𝑐,0, dite contrainte initiale ;


- t, est un instant quelconque ;
- 𝛽𝑓 (t), est une fonction de la température ;
- 𝜑𝑑 , est un coefficient ;
- 𝜑𝑓 , est un coefficient de fluage de base donné par :
𝜑𝑓 = 𝜑𝑓1 𝜑𝑓2 𝜑𝑓3
A titre indicatif le tableau (10-7) donne le coefficient de fluage forfaitaire. Dans celui-
ci Ac est la surface et u est le périmètre de l’élément considéré.

Coefficient de fluage forfaitaire 𝜑(𝑡∞ , 𝑡0 )


Atmosphère humide à l’extérieur Atmosphère riche à l’intérieur
HR ~75% HR ~ 55%
2𝐴𝑐
Dimensions fictives Petit ≤ 200mm Grand ≥ 600mm Petite ≤ 200mm Grande ≥ 600mm
𝑢

âge t0 à la Jeune : 1 à 7 j 2,7 2,1 3,8 2,9


mise en Moyen : 7 à 60 j 2,2 1,9 3,0 2,5
charge Elevé : > 60 j 1,4 1,7 1,7 2,0
Tableau 10-7: Coefficient de fluage forfaitaire
27

10.6.2.3. Mise en charge répétée


Sous une charge répétée de nombre des cycles n, la résistance à la fatigue doit être
rapportée au nombre n des cycles de mise en charge ainsi qu’au niveau de contraintes
𝜎𝑚𝑎𝑥 𝑒𝑡 𝜎𝑚𝑖𝑛 . L’étude la résistance à la fatigue peut être faite grâce au diagramme de
WOHLER.

Figure 10-12 : Diagramme𝜎 − 𝑛 (𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒)

10.7.Contrôle non-destructif de la qualité du béton


10.7.1. Scléromètre
Le scléromètre est un appareil qui permet de mesurer la dureté en surface d’un béton
soit par la valeur du rebondissement, soit par la mesure de l’empreinte d’une masse métallique
percutant la surface d’un béton avec une force donnée.

Le type le plus couramment utilisé est le scléromètre à ressort, basé sur le


rebondissement. Plus le béton est résistant plus la surface est dure et plus le rebondissement est
important (cas du Scléromètre de SCHMIDT).
28

Figure10-13 (a) : scléromètre de SCHMIDT Figure10-13 (b) : scléromètre de SCHMIDT (Numérique)

La valeur moyenne du rebondissement (en pratique on prend la moyenne d’une dizaine


de mesures s’appelle indice du scléromètre (I.S).

Figure10-14 : essai de scléromètre

Au départ de cet indice (I.S), on peut estimer la résistance à la compression du béton


par un des moyens ci-après :

1°) le tableau de conversion donné par le constructeur de l’appareil, avec correction éventuelle
pour l’inclinaison de l’appareil ;

2°) la courbe d’étalonnage particulière établie pour le béton en question (fc – I.S).

L’avantage de ce genre d’appareil est qu’il permet de faire sans problème et de façon
non – destructive, un grand nombre de mesures comparatives en différents endroits de la
construction même.

10.7.2. Les ultrasons


La mesure de la vitesse de propagation des ondes sonores dans le béton permet
également d’apprécier la qualité du béton.
29

Figure 10-15(a) : Principe de l'essai à ultrason Figure 10-15(b) : Photo d’un appareil ultrason

Partant du module d’élasticité dynamique du béton, nous avons :

Edyn=kv. 𝜌. 𝑣 2 (10.44)

Dans cette relation nous avons :

v, est la vitesse du son [km/s]


𝜌 , est la Masse volumique du béton [kg/m3]
(1+𝜈)(1−2𝜈)
𝑘𝑣 = avec 𝜈, coefficient de poisson
1−𝜈

Les calculs ont montré que :

Edyn ≃ 𝐸𝑐,𝑜 (10.45)

Partant de la relation 𝐸𝑐,𝑜 = 5600√𝑓𝑐𝑚,𝑐𝑢𝑏 , la relation (10.45) devient :

𝜌 2
𝑓𝑐𝑚,𝑐𝑢𝑏 = (𝑘𝑣 . 5600) . 𝑣 4 (10.46)

Pour un béton courant, la masse volumique est telle que 2350 < 𝜌 ≤ 2400 kg/m3 et le
coefficient de poisson est 𝜈= 0,20 ; alors la relation entre la vitesse des ultrasons et la résistance
du béton devient :

𝑓𝑐𝑚,𝑐𝑢𝑏 =0,145.v4 (10.47)


30

Figure 10-16: END à ultrason

Le tableau (10-8) donne les ordres de grandeurs pour apprécier la qualité du béton
proposé par Neville (chercheur anglais).

Vitesse du son [m/s] Qualité du béton


4500 < v Excellent
3500 < v < 4500 Bon
3000 < v < 3500 Douteuse
2000 < v < 3000 Faible
v < 2000 Très faible
Tableau 10-8 : Ordre de grandeur pour l’appréciation du béton (NEVILLE)

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