Cas clinique
Journal Marocain des Sciences Médicales 2015, Tome XX ; N
UN CAS RARE DE LOCALISATION DE KYSTE HYDATIQUE : KYSTE
HYDATIQUE UTERIN
G.Attolou, R.Yamoul,N.Djoumi, A.Riany,A.Jalil
Service De Chirurgie Oncologique ‘J, Institut National d’Oncologie de Rabat
RESUME
L’hydatidose utérine est une localisation
particulière du kyste hydatique. Elle pose un
véritable problème diagnostic même en zone
d’endémie. Les auteurs rapportent un cas
exceptionnel de kyste hydatique utérin se
présentant à l’échographie et au scanner comme
une masse ovarienne droite. Ils indiquent les
difficultés diagnostic, discutent l’etiopathogenie
de la localisation du parasite au niveau du pelvis et
les difficultés thérapeutiques mettant en jeu le
pronostic gynécologique et obstétrical des jeunes
patientes.
Mots clés : chirurgie ; kyste hydatique ; primitif ;
utérus
ABSTRACT
Uterine hydatidosis is a particular localization of
hydatid cyst. It is a real problem to diagnose even
in endemic areas.
The authors report a rare case of hydatid cyst
presenting with uterine ultrasound and CT
(Computed Tomography) scan as a right ovarian
mass. They indicate the difficulties to diagnose,
discuss the etiopathogenesis of the localization of
the parasite in the pelvis and therapeutic
difficulties involving gynecological and obstetrical
prognosis of young patients.
Key words: hydatid cyst; primitive; surgery;
womb;
INTRODUCTION
L'hydatidose est une anthropozoonose provoquée
par la forme larvaire d'un cestode de l'espèce
d'Echinococcus granulosus. Outre ses localisations
hépatiques et pulmonaires électives (80 à 90 % des
cas) [1], elle peut se développer dans n’importe
quel organe. Les kystes hydatiques à localisation
pelvigénitale chez la femme font partie de ces cas
rares et trompeurs. Nous proposons de vous
rapporter une localisation exceptionnelle :
l'hydatidose utérine et de discuter les problèmes
diagnostic et étiopathogenique de cette affection.
OBSERVATION
Patiente âgée de 44 ans G2P2 sans antécédents
particuliers a présenté des douleurs pelviennes
isolées. L’examen clinique a été sans particularité.
L’échographie abdomino pelvienne réalisé a
objectivé une formation kystique latero utérine
droite végétante en faveur d’un kyste ovarien droit
probablement tumoral, la TDM réalisée a montré
une masse ovarienne droite de 9,2X 8,2 cm à
contenu liquidien épais et à parois épaissie de
façon régulière et calcifié par endroit. Une
laparotomie a été décidée pour suspicion de tumeur
ovarienne droite. A l’exploration, pas d’ascite, pas
d’adénopathie, pas de métastases (foie
apparemment sain), pas de carcinose péritonéale,
mais présence d’une tumeur englobant l’utérus,
l’ovaire droit et une partie du dôme vésical. Une
colpohysterectomie totale emportant en masse
l’utérus, les ovaires et une partie du dôme vésicale
a été réalisée. Les suites opératoires ont été
simples. L’examen anatomo pathologique de la
pièce opératoire a montré une masse kystique
fermée adhérente au fond utérin indepedendante
de l’ovaire droit siège de deux kyste séreux à
parois fine. L’analyse histologique de nombreux
prélèvement effectués au niveau de la masse
kystique a montré une paroi fibreuse anhiste siège
focalement d’un infiltrat inflammatoire
lymphocytaire, le contenu renferme des
membranes proligères au sein d’un matériel
fibrinoide comportant des cristaux
cholesteroliques.Les prélèvements effectués au
niveau du corps utérin ne montrent pas d’élément
tumoral. La reprise de l’interrogatoire a montré que
la patiente provenait d’un milieu rural, et qu’elle
n’avait aucun antécédent de kyste hydatique. La
patiente a été revue 4 mois après, le bilan clinique,
radiologique et immunologique était sans
particularité
DISCUSSION
Le kyste hydatique est une anthropozoonose
cosmopolite, elle est due à la forme larvaire d'un
Taenia du chien, Echinococcus granulosus, dont
bovins et ovins sont les hôtes intermédiaires.
L'homme est un hôte accidentel. La localisation
hépatique est la plus fréquente, suivie de la
localisation pulmonaire mais, en pratique, tout
organe peut être atteint, avec une localisation
simultanée à un ou plusieurs viscères dans 25% des
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Cas clinique
cas [2] .L’hydatidose pelvienne est rare, sa
fréquence varie de 0,30% à 4,27% des localisations
hydatiques, 1,6% pour Wani et al [4] ,l’âge de
prédilection de l’atteinte genito pelvienne est de 20
a 40ans la localisation utérine primitive est
exceptionnelle et trompeuse. Bickers [4] a recensé
6 cas sur 532 kystes hydatiques. L’atteinte
pelvienne se fait soit exceptionnellement par voie
sanguine dans la forme primitive, c’est le cas de
notre observation, ou par voie péritonéale, après
fissuration ou rupture d’un kyste hépatique ou
splénique dans la forme secondaire [3,5].
La voie digestive constitue le mode habituel de
contamination de l'homme qui est l'hôte
intermédiaire. L'embryon hexacanthe est libéré de
sa coque par les sécrétions gastriques et grâce à sa
petite taille il passe dans la veine porte : 6 fois sur
10 il se localise au niveau du foie, 3 fois sur 10 au
niveau du poumon et une fois sur 10 il traverse les
deux filtres et se localise ailleurs [6]. Ceci peut se
faire malgré la taille de l'hexacanthe de 20 à
25 micromètre plus large que la lumière de la
majorité des capillaires grâce à l'élasticité de
L’embryon. Il est admis que la rareté des
localisations génitales est attribuée à la densité des
capillaires au niveau de ces organes [6]. L'embryon
peut aussi être entraîné par le bol alimentaire et
arrive au niveau de la région recto-sigmoïdienne.
De là, il traverse la paroi digestive et atteint le
pelvis par le courant sanguin ou lymphatique des
plexus hémorroïdaires [6]. Pour certains auteurs la
localisation génitale et pelvienne est toujours
secondaire à la rupture ou à la fissuration
d'un kyste hydatique hépatique ou splénique
succédant à une intervention chirurgicale, une
ponction ou un traumatisme, ou même à une
rupture asymptomatique d'un kyste suivi de sa
guérison spontanée.
Sur le plan clinique, l’interrogatoire recherche la
notion de contact avec les chiens, la notion
d’intervention antérieure sur une hydatidose
hépatique et l’existence d’un accident aigu
évoquant la rupture ou la fissuration d’un kyste
hydatique [6]. Notre patient a la notion de contact
avec les chiens mais ne présente aucun antécédent
de maladie hydatique. Il n’existe pas de signe
clinique spécifique du kyste hydatique pelvien,
l’hydatidose pelvienne est souvent révélée par une
masse pelvienne associée à des douleurs
pelviennes [8], c’est le cas de notre patiente.
L'échographie est capitale dans le bilan
du kyste hydatique, elle montre le kyste, ses
dimensions et son contenu. Les aspects réalisés
sont variables .Outres les aspects typiques de kyste
hydatique a localisation abdomino pelvienne
classés en 5 types selon GARBI[7] les kystes de
grande taille sont difficiles à rattacher à un organe,
kyste hépato-splénique ou génitale et parfois
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trompeurs surtout dans les localisations pelviennes
et le diagnostic est fait a l’examen anatomo
pathologique de la pièce opératoire cas de notre
observation. Le traitement des kystes hydatiques
pelvien est chirurgical. La voie d'abord doit être
large la meilleure est la laparotomie médiane sous
ombilicale, la stérilisation du kyste et la protection
du champ opératoire est assurée par de l'eau
oxygénée. Il faut faire une kystectomie pour les
kystes accessibles ou exérèse partielle ou totale des
organes envahis par l’hydatidose [9], comme cela
été le cas chez notre patiente. L'exploration du
reste de la cavité abdominale est indispensable à la
recherche d'autres localisations notamment
hépatiques. Le traitement médical est peu efficace
et est utilisé en cas de contre-indication opératoire
ou de localisations multiples ou encore si la
résection est incomplète [10]. Plusieurs
antiparasitaires sont utilisés, parmi eux
l'albendazole. Une surveillance clinique
échographique et immunologique en
postopératoire est indispensable pour dépister les
récidives.
CONCLUSION
Bien que rare, le kyste hydatique pelvien doit être
évoqué devant toute tumeur pelvienne chez un
patient provenant d’une région endémique avec ou
sans antécédents hydatiques.
Le kyste hydatique pelvien et en particulier
utérin est une affection rarissime.
Le diagnostic est parfois difficile et déroutant. La
clinique l’échographie et la biologie sont d'un très
grand secours pour le diagnostic. La localisation
génitale touche des jeunes femmes et soulèvent
essentiellement trois problèmes :
éthiopathogénique, diagnostique (aspects
échographiques atypiques), et thérapeutique,
lequel traitement peut compromettre la fertilité.
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