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 10-360-F-10

Métabolisme des protéines


in vivo chez l’homme
D. Darmaun

Le corps humain renferme des milliers de protéines différentes, qui jouent le rôle de « machines » dans une
multitude de fonctions physiologiques, allant de la contraction musculaire (actine, myosine) au transport
des nutriments dans le sang (hémoglobine) ou au travers des membranes, en passant par la catalyse des
réactions chimiques (enzymes), l’immunité (immunoglobulines), et la fonction endocrinienne, puisque
plusieurs hormones, leurs transporteurs et récepteurs, sont des protéines. Ces rôles multiples font que
la perte de masse protéique a des effets dévastateurs : au cours de la dénutrition, la préservation de la
masse protéique conditionne la survie. Le muscle est la principale réserve protéique du corps humain.
L’ensemble de ces protéines (10 kg chez un homme adulte) subit un remodelage incessant (300 grammes
par jour chez un adulte jeune), et régulé avant tout par l’insuline et les nutriments : au niveau du corps
entier, l’insuline freine la protéolyse, et les acides aminés stimulent la synthèse protéique. Le cortisol joue
un rôle clé dans l’hypercatabolisme protéique qui fait partie de la réponse aux situations d’agression. Les
acides aminés ne sont pas seulement des matériaux destinés à construire des protéines, mais sont, pour
plusieurs d’entre eux, des régulateurs métaboliques ou « pharmaconutriments ».
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Nutrition ; Acides aminés ; Régulation ; Renouvellement protéique ; Hormones ; Nutriments

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Sans gain de masse protéique, ni la croissance, ni la cicatrisation
■ Pools de protéines et d’acides aminés dans l’organisme 1 des tissus ne sont possibles, et l’érosion des réserves protéiques pré-
Réserves protéiques de l’organisme 1 cipite la mort lors du vieillissement et des maladies graves. Aussi
Pourquoi s’intéresser au métabolisme protéique ? 2 est-il essentiel de comprendre les mécanismes qui sous-tendent le
Réserves d’acides aminés de l’organisme 2 maintien de la masse protéique de l’organisme.
■ Principales méthodes d’étude du métabolisme protéique
in vivo chez l’homme 3

 Pools de protéines et d’acides


Bilan azoté 3
Modèle L-[1-13 C] leucine 3
Flux des acides aminés non essentiels
Étude du métabolisme splanchnique des acides aminés
5
5
aminés dans l’organisme
■ Échanges interorganes d’acides aminés et métabolisme Réserves protéiques de l’organisme
protéique au cours du nycthémère 6
Métabolisme protéique en phase de jeûne 6 Le corps humain renferme plusieurs milliers de protéines diffé-
Métabolisme protéique en phase nourrie 8 rentes, qui représentent au total environ 10 kg : en masse, c’est la
seconde réserve de macronutriments après les lipides (Tableau 1).
■ Rôle des nutriments dans la régulation du métabolisme
Si les protéines étaient destinées à être brûlées comme de simples
protéique 9
« carburants », ce stock représenterait, à raison de 4 kcal/g de pro-
Rôle des substrats énergétiques non protéiques 9
téines, une réserve de 40 000 kcal, suffisante pour survivre plus
Rôle des acides aminés 9
de trois semaines, sans autre source d’énergie. Le muscle (40 %
■ Rôle des hormones dans la régulation du métabolisme du poids corporel, 8 kg de protéines, 100 g d’acides aminés libres)
protéique 10 est le principal stock d’acides aminés, sous forme libre ou liée, de
Insuline et métabolisme protéique 10 l’organisme.
Hormone de croissance et insulin-like growth factor 1 10 Les protéines sont comme de longs trains formés de wagons de
Hormones sexuelles et métabolisme protéique 10 20 modèles différents, les acides aminés, enchaînés les uns aux
Hormones du stress et métabolisme protéique 11 autres par des liaisons peptidiques (-CO-NH-) dans les oligopep-
Vieillissement et métabolisme protéique 11 tides (petits peptides < 4 acides aminés), les polypeptides et les
■ Conclusion 11 protéines. La séquence des acides aminés dans la protéine définit
sa structure primaire, elle est spécifique d’une protéine donnée

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 14 > n◦ 1 > janvier 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(16)69562-8

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10-360-F-10  Métabolisme des protéines in vivo chez l’homme

Tableau 1.
Réserves en macronutriments de l’organisme chez un adulte sain de 70 kg (adapté d’après [1] ).
Tissu de stockage Substrat Grammes Kcal Durée théorique de jeûne a
Glucides Sang circulant Glucose 5g 20 20 min
Foie Glycogène 100 g 400 6,5 h
Lipides Tissu adipeux Triglycérides 15 000 g 135 000 93 jours
Protéines Muscle, etc. Protéines 9000 g 3600 25 jours
a
En supposant que la totalité des réserves est « brûlée », et que la dépense énergétique de repos est de 1 kcal/min, soit 1440 kcal/24 h.

et déterminée génétiquement puisqu’elle est inscrite dans le gène Tableau 2.


qui gouverne la synthèse de cette protéine. Concentration de quelques acides aminés dans le muscle et le plasma
La chaîne polypeptidique va prendre ensuite une forme (d’après [3] ).
spécifique (par exemple forme hélicoïdale, ou globulaire, ou Acide aminé Muscle (␮mol/l Plasma Muscle/
en « feuillets ») qui définit sa structure secondaire, et subir d’eau intracellulaire) (␮mol/l) plasma
diverses modifications dites « post-traductionnelles » : fixa-
tion d’éléments glucidiques (glycosylation) dans le système de Leucine 150 120 1,2
Golgi, modifications d’acides aminés (hydroxylation de la proline Phénylalanine 70 50 1,3
pour le collagène, méthylation de l’histidine), etc. La struc- Alanine 2340 330 7,3
ture tertiaire résulte du repliement dans l’espace de la structure Glutamine 19 450 570 33
secondaire. Enfin, l’association à d’autres monomères pour for-
Glutamate 4380 60 73,2
mer des polymères, dans le cas de protéines polymériques
comme l’hémoglobine, définit la structure quaternaire de la Taurine a 15 440 70 220
protéine. a
Bien qu’étant une sulfoamine, la taurine est souvent classée parmi les acides
aminés.

Pourquoi s’intéresser au métabolisme • le besoin de réguler les voies métaboliques : les enzymes clés
protéique ? d’une voie métabolique sont celles dont la demi-vie est la plus
courte : une façon d’augmenter l’activité d’une voie métabo-
D’un point de vue finaliste, le fait que la séquence des acides
lique donnée est d’accroître la synthèse de son enzyme clé ;
aminés des protéines soit inscrite dans le code génétique témoigne
• un flux permanent de protéolyse permet de réapprovisionner
de l’importance vitale des protéines pour la plupart des fonctions
les pools de certains acides aminés libres aux fonctions impor-
physiologiques. À la différence des triglycérides de réserve, la « rai- tantes ;
son d’être » des protéines n’est pas de servir de carburant. Les • enfin, dans des situations d’agression sévère avec dénutrition
protéines servent (liste non exhaustive) : aiguë, l’organisme peut puiser dans ses réserves d’acides ami-
• de « navires de transport » pour l’oxygène (hémoglobine), les nés et les brûler comme des carburants, et ainsi survivre en
lipides (apolipoprotéines) ou le fer (sidérophiline) dans le sang ; recourant à une sorte d’« autocannibalisme ».
• de « passeurs » qui aident des ions (pompe à sodium, canaux
ioniques), ou des substrats (famille GLUT) à traverser les mem-
branes cellulaires ;
• de catalyseurs de réactions chimiques (enzymes) ;
Réserves d’acides aminés de l’organisme
• de « charpente » des membranes des cellules et organites intra- Les acides aminés, petites molécules de masse moléculaire
cellulaires ; comprise entre 75 (glycine) et 204 (tryptophane), sont définis par
• de « fantassins » de la défense immunitaire, en tant que consti- la présence d’un groupe ␣-aminé (NH2 ) et d’un groupe carboxy-
tuants des anticorps ; lique (COOH).
• de « moteurs », tels l’actine et la myosine, qui assurent la Les 20 acides aminés présents dans l’organisme, tous lévogyres
contraction musculaire ; (L), sont classés soit selon la structure de leur chaîne carbonée
• de régulateurs endocriniens et d’agents de signalisation, (Fig. 1), soit en fonction de leur caractère indispensable ou non.
puisque de multiples peptides et hormones, et tous leurs récep- Sont définis comme indispensables (ou essentiels) les acides ami-
teurs cellulaires, sont des protéines, de même que des centaines nés dont l’organisme humain est incapable de faire la synthèse :
de facteurs de signalisation intracellulaire ; l’absence du régime d’un seul d’entre eux entraîne un bilan azoté
• de source d’acides aminés qui ont eux-mêmes des fonctions négatif chez un adulte sain. Ce concept classique a été remis en
multiples. cause au cours des deux dernières décennies, car il correspond à
L’importance cruciale du maintien de la masse protéique est un critère unique et étroit. Certains acides aminés, non essentiels
attestée par le fait que c’est l’érosion des réserves protéiques de chez l’adulte en bonne santé, le deviennent dans des situations
l’organisme qui règle le pronostic des états de dénutrition, la mort (croissance, cicatrisation, agression, infection, nutrition paren-
survenant lorsque l’organisme a perdu 50 % de ses réserves pro- térale, etc.). D’autres sont essentiels non pas pour l’équilibre
téiques. azoté, mais pour d’autres fonctions comme l’hématopoïèse (histi-
L’organisme consacre à la synthèse des protéines 15 % de la dine), l’immunité (arginine), la cicatrisation (proline, glycine), la
dépense énergétique totale chez l’adulte, et respectivement 30 et défense antioxydante (cystéine), ou les fonctions intestinales (glu-
40 % chez le nourrisson et le nouveau-né prématuré. Le turnover tamine). Cette évolution « relativiste » du concept d’acide aminé
protéique d’un adulte sain atteint 300 g/j, soit trois fois plus que essentiel a conduit à la notion d’acides aminés « conditionnelle-
la quantité ingérée de protéines (70–100 g/j). Ce renouvellement, ment essentiels » ou semi-essentiels [2] .
qui ressemble à première vue à un gaspillage coûteux en énergie, Bien qu’ils ne représentent que 2 % de l’ensemble des acides
se justifie aisément : aminés présents dans l’organisme, les acides aminés libres jouent
• la complexité de la synthèse protéique – transcription de la un rôle clé dans le métabolisme protéique. Ils sont répartis inégale-
séquence des codons de l’acide désoxyribonucléique (ADN) en ment entre milieu intra- et extracellulaire, le pool d’acides aminés
acide ribonucléique messager (ARNm), puis traduction du mes- libres étant majoritairement intracellulaire (Tableau 2) [3] .
sage ARNm en séquence d’acides aminés – rend inévitables des Ce pool intracellulaire est constamment réapprovisionné, à la
erreurs ; l’une des façons de corriger les protéines de structure fois par des acides aminés libres importés du plasma, et par des
erronée consiste à « jeter le brouillon » et réécrire sa copie, acides aminés libérés par la dégradation des protéines cellulaires,
c’est-à-dire dégrader une protéine et la resynthétiser ; ainsi que, pour ce qui concerne les acides aminés non essentiels,

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par une synthèse endogène de novo. Ce pool sert de réservoir de • le bilan N est souvent faussement positif, faute de mesurer ces
matière première pour la synthèse protéique. Pour la plupart des pertes « invisibles » ;
acides aminés essentiels, il n’existe pas de gradient de concentra- • la biodisponibilité des acides aminés des différentes sources de
tion de part et d’autre de la membrane cellulaire. En revanche, protéines n’est pas prise en compte ;
la glutamine, acide aminé « non essentiel », est 20 à 30 fois plus • on considère généralement que les protéines contiennent 16 %
concentrée dans les cellules que dans le plasma : sa concentration d’azote (ou que 1 g d’azote correspond à 6,25 g de protéines),
approche 20 mmol/kg dans le muscle, contre 0,6 mmol/l dans le mais ce contenu varie selon la composition en acides aminés
plasma. Le pool de glutamine libre représente les deux tiers du des protéines ingérées, par exemple entre protéines végétales et
pool intracellulaire d’acides aminés libres, et le contenu en gluta- animales ;
mine libre de l’organisme est estimé à 80 g. Le rôle des globules • la rétention transitoire d’un composé azoté, non incorporé dans
rouges dans la « livraison » interorganes d’acides aminés est dis- les protéines, dans l’organisme peut aboutir à un bilan azoté
cuté, puisque l’échange des acides aminés non essentiels entre faussement positif ;
plasma et globules rouges est lent ou incomplet [4, 5] . • pour atténuer les variations interjournalières, un bilan azoté
doit en théorie être fait sur trois jours, et il faut supposer que
le patient reste dans un état stationnaire, ce qui est rarement le
cas ;
 Principales méthodes d’étude • on ignore si l’azote de certains composés azotés ingérés (par
exemple l’urée du lait) doit être pris en compte ;
du métabolisme protéique • enfin, si le bilan azoté est négatif, comment identifier le méca-
in vivo chez l’homme nisme en cause ? S’agit-il d’une réduction de la synthèse
protéique, d’une accélération de la protéolyse, ou d’une combi-
Bilan azoté naison des deux ? Le bilan azoté ne le dit pas, or les implications
physiologiques et thérapeutiques sont différentes.
Il consiste à calculer le solde entre les entrées et les sorties
d’azote (N) de l’organisme (c’est-à-dire N ingéré et N excrété).
Lorsque les entrées et les sorties s’équilibrent, le solde du « compte
N » de l’organisme est stable, et cela traduit le fait que le contenu
Modèle L-[1-13 C] leucine
en N de l’organisme – censé représenter la masse protéique du La perfusion d’acides aminés marqués à l’aide d’isotopes
corps entier – est constant. Si le bilan azoté est négatif, les sor- stables sans danger pour la santé a permis une percée dans
ties d’azote dépassent les entrées, et la masse protéique est donc l’exploration du métabolisme protéique au cours des trois der-
érodée : cela s’observe dans les situations d’agression ou les mala- nières décennies [6, 7] . La perfusion intraveineuse pendant 3 à
dies graves (traumatismes, infections sévères, etc.). À l’inverse, 12 heures de L-[1-13 C] leucine, devenue méthode de référence
un solde positif traduit une accrétion protéique, comme cela se pour l’exploration du métabolisme protéique (Fig. 2), repose sur
produit durant la croissance chez l’enfant, ou lors des phases de un modèle validé par des années d’examen scrupuleux. À l’état
convalescence chez l’adulte. stationnaire, la concentration de leucine naturelle du plasma est
Même si le dosage de l’azote est robuste, le bilan azoté a des stable : les flux de leucine entrant (Ra, ␮mol/kg par heure) et sor-
limites multiples : tant (Rd) du plasma s’équilibrent : Ra = Rd. La leucine, acide aminé
• un recueil exhaustif des entrées et sorties est impossible : on essentiel, n’est pas synthétisée dans l’organisme, les seules sources
se contente souvent de mesurer l’excrétion d’azote sous forme de leucine sont donc la leucine ingérée (I) sous forme de pro-
d’urée dans les urines (qui représente 87 % de l’azote urinaire téines ou de mélanges d’acides aminés par la nutrition artificielle,
en situation basale, 61 % lors d’un régime pauvre en protéines), et la leucine libérée par la protéolyse des protéines corporelles (B) ;
mais comment quantifier les pertes de N par la sueur, les selles, ainsi Ra = I + B. Les seules sorties de leucine se font vers la synthèse
les cheveux, la desquamation cutanée ? protéique (S) et l’oxydation (Ox) sous forme de CO2 (Rd = Ox + S).

1 - Acides aminés ramifiés


CH3 COOH CH3 CH2 COOH CH3 COOH
CH2-CH2-CH CH2 CH CH2 CH
CH3 NH2 CH3 NH2 CH3 NH2
Leucine Isoleucine Valine

2 - Acides aminés aromatiques


COOH COOH
CH2 CH CH2 CH
NH2 NH2
NH
Phénylalanine Tryptophane

3 - Autres acides aminés essentiels


COOH COOH COOH
CH3-CHOH CH CH3-S-CH3 CH NH2-CH2-CH2-CH2 CH
NH2 NH2 NH2
Hydroxylé : thréonine Soufré : méthionine Basique : lysine

A
Figure 1. Structure des principaux acides aminés présents chez l’homme.
A. Acides aminés essentiels.

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1 - Neutres
COOH COOH COOH
H CH CH3 CH HO CH2 CH
NH2 NH2 NH2
Glycine Alanine Sérine

2 - Basiques

COOH COOH COOH


HN O
NH2-CH2-CH2-CH2 CH CH-NH-CH2-CH2 CH CH-NH-CH2-CH2 CH
NH2 H2N NH2 H2N NH2
Ornithine Arginine Citrulline

3 - Diacides et leurs amides


COOH COOH
HOOC-CH2-CH2 CH NH2-OC-CH2-CH2 CH
NH2 NH2
Glutamate Glutamine
COOH COOH
HOOC-CH2 CH NH2-OC-CH2 CH
NH2 NH2
Aspartate Asparagine

4 - Aromatiques

COOH COOH
CH2 CH N CH2 CH
NH2 NH2
NH
HO
Tyrosine Histidine

5 - Autres acides aminés non-essentiels


COOH
HS-CH2 CH
COOH
NH NH2
Cyclique : proline Soufré : cystéine

B
Figure 1. (suite) Structure des principaux acides aminés présents chez l’homme.
B. Acides aminés classiquement considérés comme non essentiels.

Si l’on perfuse par voie veineuse de la 13 C-leucine pure à débit Le recueil de l’air expiré, pour mesurer l’excrétion de 13 CO2 ,
constant f (␮mol kg−1 h−1 ), la teneur isotopique (enrichissement suffit pour estimer l’oxydation de leucine (Ox), et en déduire
en 13 C) de la leucine plasmatique EpLEU – c’est-à-dire le rapport l’utilisation non oxydative de leucine (NOLD = Rd − Ox), index
[13 C-leucine]/([12 C-leucine] + [13 C-leucine]), exprimé en moles % de la synthèse protéique (S) au niveau du corps entier, à condi-
en excès (MPE) par rapport à l’abondance naturelle de la 13 C- tion d’utiliser la calorimétrie indirecte pour connaître d’une part
leucine à l’état basal – atteint un plateau qui reflète la dilution de la la production totale de gaz carbonique ou CO2 (VCO2 ), et analy-
leucine marquée par le débit de leucine non marquée apparaissant ser d’autre part, en spectrométrie de masse isotopique (IRMS), la
dans le plasma (Ra) : Ra = f × [(EpLEU /EiLEU ) – 1]. teneur en 13 C du CO2 sur des échantillons d’air expiré.
Connaissant f et EiLEU (l’enrichissement isotopique du traceur La mesure de l’oxydation de la leucine suppose que la fraction
perfusé), il suffit de mesurer l’enrichissement EpLEU dans le plasma de 13 CO2 expirée dans un laps de temps de quelques heures soit
par la chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de connue. Cette fraction est le plus souvent inférieure à 100 %, car
masse (gas chromatography mass spectrometry [GCMS]) pour cal- une partie du 13 CO2 produit est « perdue » dans des pools à renou-
culer Ra. L’enrichissement en 13 C est en fait mesuré non sur la vellement lent, comme les bicarbonates osseux, et devrait en toute
leucine, mais sur l’␣-céto-isocaproate (KIC), son ␣-cétoacide, qui rigueur être mesurée dans les mêmes conditions à l’aide d’une
provient exclusivement de la transamination de la leucine intra- perfusion de bicarbonate marqué au 13 C [9] .
cellulaire, et circule dans le sang systémique : le KIC reflète la Une autre méthode pour quantifier à la fois la fraction expirée
teneur en 13 C dans le vrai pool précurseur de la synthèse pro- de 13 CO2 et la VCO2 sans appareil de calorimétrie consiste à faire
téique qui est la leucine intracellulaire liée à son ARN de transfert précéder la perfusion de 13 C-leucine de deux heures de perfusion
(ARNt) [8] . Alors, B s’en déduit par : B = Ra − I. de bicarbonate marqué au 13 C [10] .

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L-[1−13C] leucine

Protéines 1
corporelles
Pool de B
leucine
2
libre

S ou « NOLD »

L-[1−13C] leucine 13CO


OX 2

CO2
A B
Ra = I + B = OX + S = Rd
Figure 2. Modèle d’exploration du métabolisme par la perfusion intraveineuse de 13 C-leucine.

A. Principe du modèle.
B. Protocole de perfusion et prélèvements. 1. Calorimétrie indirecte : mesure du VCO2 . Enrichissement 13 C du CO2 (spectrométrie de masse isotopique
[IRMS]) ; 2. prélèvements sanguins : enrichissement plasmatique en 13 C-céto-leucine (KIC).

Gln
Protéines corporelles 350
(g/100g : leu : 8,0 ; gln : 4,5) Synthèse de novo de gln
300

Ala
15N-glutamine

Ra, µmol/kg par heure

Gly
D, gln 250
Protéolyse
200
13C-leucine

B, leu 150

Leu
Glutamine

Lys
Glu
Ra
100

Arg
Val

Pro
Thr
lleu
Phe
Tyr
Met
50
Leucine
Ra, gln = (k*B, leu) + D, gln
Ra
0
A B
Figure 3. Flux plasmatiques de 14 acides aminés in vivo chez l’homme adulte sain, mesurés par des traceurs isotopiques. Leu : leucine ; gln : glutamine.
A. Principe de mesure du flux de synthèse de novo de la glutamine par perfusion combinée de 13 C-leucine et 15 N-glutamine.
B. Flux plasmatiques de quelques acides aminés mesurés chez l’adulte sain à jeun, par dilution isotopique (données personnelles et compilation de données
de la littérature).

Une fois les flux de leucine quantifiés, on peut « convertir »


ces paramètres en flux de protéines, sachant que 1 g de protéines
Étude du métabolisme splanchnique
corporelles contient en moyenne 610 ␮mol de leucine [11] . des acides aminés
La perfusion simultanée d’un traceur de leucine (par exemple :
13
C-leucine) par voie veineuse, et d’un second traceur (par
exemple : 2 H3 -leucine) par voie digestive permet d’estimer la frac-
Flux des acides aminés non essentiels tion de la leucine ingérée captée au premier passage dans l’intestin
et le foie (Fig. 4) [12, 13] . La combinaison des acides aminés mar-
Les flux plasmatiques (Ra) des acides aminés non essentiels sont qués à des méthodes de cathétérisme artérioveineux [14] permet
mesurables sur le même principe. La seule différence est que le également d’analyser les paramètres cinétiques du métabolisme
flux endogène (à jeun) d’un acide aminé non essentiel provient protéique au niveau d’un membre. Enfin, la synthèse de pro-
non seulement de la protéolyse des protéines corporelles, mais téines spécifiques est mesurable si l’on quantifie l’incorporation
aussi de la synthèse endogène de novo de cet acide aminé, si bien de 13 C-leucine ou d’un autre acide aminé marqué dans des
que les flux des acides aminés non essentiels sont en général plus protéines ou peptides spécifiques circulants, ou de protéines tis-
élevés que ceux des acides aminés essentiels (Fig. 3). La libéra- sulaires obtenues par biopsie. La Figure 5 illustre la mesure de la
tion des acides aminés par la protéolyse est proportionnelle à leur synthèse in vivo du glutathion (tripeptide : glutamyl-cystéinyl-
abondance (connue) dans les protéines de l’organisme. Si l’on glycine) des globules rouges, par la perfusion de 2 H2 -cystéine.
perfuse simultanément deux traceurs, un acide aminé non essen- La vitesse de synthèse fractionnelle (FSR, en % par jour) est
tiel marqué d’une part, et de la 13 C-leucine d’autre part, on peut le pourcentage d’une protéine ou d’un peptide renouvelé par
estimer la protéolyse au niveau du corps entier, donc la fraction unité de temps : si l’on suppose que l’incorporation du tra-
du flux de l’acide aminé non essentiel libérée par la protéolyse. ceur dans la protéine est linéaire (du moins dans les premières
La fraction du flux total de l’acide aminé non essentiel qui ne heures), FSR = 100 × [Eprotéine /(t × Eprécurseur )] × 24, où Eprotéine
peut être expliquée par la protéolyse est attribuée à la synthèse de représente l’augmentation de l’enrichissement dans la leucine liée
novo [11] . dans cette protéine entre le début de la perfusion de traceur et

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Figure 4. Principe de mesure de l’extraction splanchnique de


la glutamine par perfusion simultanée de 13 C-glutamine par
2 13 voie entérale, et de 2 H5 -glutamine par voie intraveineuse.
H5-glutamine C-glutamine

Production
Plasma
endogène

Foie
Intestin
Oxydation
13CO expiré
2

1,2 Figure 5. Principe de mesure de la synthèse


fractionnelle du glutathion (tripeptide ␥-glutamyl-
Glutathion cystéinyl-glycine) par perfusion continue de
2 H -cystéine.
0,8 2
Enrichissement en 2H2-
(en moles % en excès)

0,4

10
5
Cystéine
0
0 1 2 3 4 5

Temps (h)

le temps de prélèvement, t le temps de perfusion en heure, et des protéines circulant dans le plasma par électrophorèse, puis
Eprécurseur l’enrichissement dans le pool précurseur à l’état station- l’analyse protéomique (analyse en spectrométrie de masse cou-
naire. Si l’on connaît la quantité totale de cette protéine (pool) plée à la chromatographie liquide) ont permis de mesurer la FSR
présente dans l’organisme, on peut calculer sa vitesse absolue de de protéines qui circulent dans le plasma mais qui sont presque
synthèse (APR) : [APR = FSR × pool] de la protéine [15–20] . L’une des exclusivement d’origine musculaire, comme la créatine-kinase de
difficultés tient au choix du pool précurseur utilisé dans ce cal- type musculaire ou l’anhydrase carbonique de type 3 [23] .
cul, puisque la mesure du vrai pool précurseur, la 13 C-leucine liée
à son ARN de transfert, est techniquement très difficile : aussi,
la plupart des auteurs utilisent-ils soit le KIC, soit le pool de leu-
cine intracellulaire. Se pose alors la question de savoir si le traceur  Échanges interorganes d’acides
s’équilibre entre les différents pools. La réponse étant probable-
ment non, il faut attacher une valeur relative aux FSR publiées
aminés et métabolisme protéique
dans la littérature. au cours du nycthémère
Certains auteurs tournent la difficulté en « noyant » les diffé-
rents pools d’acides aminés avec une flooding dose (dose massive) Le métabolisme protéique est rythmé par l’alternance des
de traceur : l’enrichissement s’équilibre alors très vite entre les phases d’anabolisme qui suivent les repas, et des phases de cata-
pools d’acides aminés, mais la dose massive n’est plus assimilable bolisme lors du jeûne physiologique.
à une dose traceuse, et risque de perturber le métabolisme pro-
téique, notamment lorsque de la leucine marquée est utilisée [18] ,
puisque la leucine, à dose nutritionnelle, stimule la synthèse Métabolisme protéique en phase de jeûne
protéique via mTOR [21] . Lorsque la méthode de la large dose
est utilisée, il faut donc choisir comme traceur un acide aminé La période de jeûne physiologique est désignée par le
« inerte », dépourvu de propriétés régulatrices, comme la valine. terme de phase postabsorptive : ce terme trompeur désigne la
Les méthodes décrites ici étant invasives, il a été récemment pro- période qui démarre lorsque l’absorption intestinale du repas est
posé de les alléger en utilisant l’apport prolongé d’eau marquée au complètement terminée – par exemple lors du jeûne nocturne.
deutérium per os pendant plusieurs jours. Le deutérium apparaît L’intestin étant alors quasiment vide de nutriments, la principale
rapidement dans un acide aminé non essentiel comme l’alanine, source d’acides aminés circulants est le muscle squelettique, qui
et l’incorporation de l’alanine deutérée dans la protéine d’intérêt déverse dans le torrent circulatoire de grandes quantités d’acides
permet de quantifier la FSR de cette protéine. Cette méthode a aminés, à destination des autres tissus qui les captent. En d’autres
été appliquée à la synthèse d’apolipoprotéines d’origine hépa- termes, le muscle s’appauvrit pour subvenir aux besoins en azote
tique [22] . Plus récemment, l’apport de 2 H2 O, couplé à la séparation de tous les autres tissus de l’organisme.

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Métabolisme des protéines in vivo chez l’homme  10-360-F-10

Acides nucléiques

Synthèse
Bases puriques et protéique
Glutamine
pyrimidiques
↓IL6, TNF-α
Glutathion
Cycle
α-cétoglutarate Glutamate
de Krebs
Foie Cys, Gly
Intestin

Citrulline
Alanine
CO2 Arginine
Muscle Glutamine
Autres acides ATP
NO
aminés
Figure 8. Principaux rôles physiologiques de la glutamine dans
l’intestin. IL6 : interleukine 6 ; TNF-␣ : tumour necrosis factor alpha ; ATP :
Sang adénosine triphosphate ; CO2 : gaz carbonique ; Cys : cystéine ; Gly :
glycine ; NO : monoxyde d’azote.
Rein

NH4+
glutamine semblent être captés par l’intestin grêle chez l’homme
Figure 6. Échanges interorganes d’acides aminés en phase de jeûne
à jeun [28] . Dans l’intestin, le squelette carboné de la glutamine sert
(phase postabsorptive).
de carburant : les deux tiers de la glutamine captée sont oxydés
en CO2 , et l’oxydation de la glutamine couvre plus du tiers des
besoins énergétiques de l’intestin grêle, ce qui en fait le premier
Glucose carburant de ce tissu [29] . Loin d’être un simple fuel intestinal, la
glutamine assure d’autres fonctions (Fig. 8) parmi lesquelles [30]
celles de :
Glucose Glucose
• donneur d’azote pour la synthèse des bases puriques et pyri-
midiques, donc d’acides nucléiques, tant pour l’épithélium
Pyruvate Pyruvate
intestinal que pour le tissu immunitaire associé à l’intestin,
Alanine Alanine deux tissus à multiplication cellulaire rapide ;
• stimulus de la synthèse protéique : la simple privation de gluta-
mine au pôle luminal de cellules intestinales Caco-2 en culture
réduit la synthèse protéique dans ces cellules [31] ;
Alanine • précurseur du glutamate pour la synthèse du glutathion, tri-
Figure 7. Cycle alanine-glucose. peptide qui représente la première ligne de défense contre
l’agression oxydante ;
• enfin, précurseur de citrulline et d’arginine. En effet, une partie
Cependant, le muscle est loin de libérer un simple hydrolysat de la glutamine est convertie en citrulline, via le glutamate et
de protéines. En effet, bien qu’elles constituent à elles deux moins le pyrroline-5-carboxylate synthase.
de 12 % des résidus aminoacides dans les protéines, glutamine et Le glutamate d’origine entérale est utilisé préférentiellement
alanine représentent plus de 60 % du total des acides aminés libé- pour la synthèse du glutathion [32] . La vitesse de renouvellement
rés par le muscle [24] . Les flux (Ra) de la glutamine et de l’alanine, de ce tripeptide (␥-glutamyl-cystéinyl-glycine), qui joue un rôle
mesurés par les méthodes de dilution isotopique décrites supra, central dans la défense contre le stress oxydant, atteint, voire
dépassent largement ceux de tous les autres acides aminés mesurés dépasse, 100 % par 24 heures dans le jéjunum du chien et du
à ce jour. La libération de telles quantités d’alanine et glutamine ne porc [32, 33] . La glutamine pourrait jouer un rôle antioxydant dans
peut donc provenir que d’une synthèse de novo, en grande partie l’intestin, soit en stimulant la synthèse de glutathion, soit en
dans le tissu musculaire. Les acides aminés ramifiés (leucine, iso- réduisant son utilisation [33, 34] .
leucine et valine) fournissent près du tiers de l’azote nécessaire à la La citrulline produite par l’intestin à partir de la glutamine est
synthèse de novo de la glutamine et de l’alanine [25] . Cette libéra- libérée dans la veine porte, et échappe à la captation hépatique,
tion accrue d’acides aminés au cours du jeûne est rendue possible à l’inverse de nombreux acides aminés comme l’arginine. Tant
par un ralentissement de la synthèse protéique, une augmenta- l’utilisation de glutamine par le corps entier – mesurée par la per-
tion de la dégradation protéique au niveau du muscle. Puisque le fusion de glutamine marquée – que la concentration circulante de
muscle est exportateur net d’acides aminés, le « bilan d’azote » du citrulline dans le sang systémique sont abaissées chez les patients
muscle est donc largement négatif en phase de jeûne. C’est une ayant subi une résection intestinale étendue [35, 36] , la concentra-
phase de catabolisme net. tion de citrulline plasmatique est corrélée à la longueur de grêle
La plus grande part des acides aminés libérés par le muscle est résiduel tant chez l’adulte que chez l’enfant [37, 38] . La concen-
captée dans le territoire splanchnique (Fig. 6). L’alanine gagne le tration plasmatique de citrulline est abaissée lors d’interruption
foie où, après transamination en pyruvate, elle rejoint la néoglu- transitoire du circuit intestinal [39] , elle est corrélée avec la fonc-
cogenèse [26] . Puisque le squelette carboné de l’alanine est issu en tion du greffon après transplantation intestinale [40] , est abaissée
grande partie du pyruvate produit par le métabolisme du glucose, en phase active de la maladie cœliaque [38] , et elle est corrélée néga-
il s’agit là d’un cycle alanine-glucose, décrit par Felig [27] (Fig. 7). tivement avec les lésions induites par l’irradiation intestinale [41] .
Pour ce qui est de la glutamine, 5 à 10 % de son flux sont cap- Aussi la concentration plasmatique de citrulline est-elle devenue
tés dans le rein, où la glutamine fournit 80 % de l’azote utilisé un index de la masse tissulaire intestinale, voire de fonction intes-
pour l’ammoniogenèse. Selon les besoins, le foie est capable soit tinale [42] . La citrulline produite par l’intestin rejoint le rein où elle
de capter la glutamine, jouant le rôle de donneur d’azote pour est convertie en arginine (Fig. 9).
l’uréogenèse, grâce à la forte activité glutaminase au pôle péri- L’arginine peut à son tour être soit clivée dans le foie en
portal, soit de la resynthétiser (l’activité glutamine-synthétase est ornithine et urée, sous l’effet de l’arginase, soit métabolisée en
forte au pôle périveineux). Mais l’intestin grêle est le premier citrulline et oxyde nitrique (NO), sous l’effet d’une nitric oxide
« tissu cible » de la glutamine : environ 20 % du flux interorgane de synthase (NOS). L’arginine est en effet dans l’organisme humain le

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Glutamine Arginine

Foie
Intestin
Citrulline
Leucine
Figure 9. Cycle interorgane glutamine-citrulline-arginine. Muscle Isoleucine
Valine

seul précurseur de NO, médiateur ubiquitaire, qui intervient dans


de multiples fonctions. À l’état basal, la production de NO par les Sang
NOS constitutives représente moins de 2 % de l’utilisation totale Rein
de l’arginine [43] . Cette proportion s’accroît vraisemblablement
lors de l’activation de la NOS inductible dans les états inflamma-
toires ou infectieux. On estime qu’en conditions basales, 90 % du Figure 10. Flux interorganes d’acides aminés en phase nourrie.
flux de citrulline provient de la conversion de glutamine en citrul-
line (dans l’intestin), et environ 10 % de la conversion d’arginine
en NO et citrulline, dans l’endothélium vasculaire [44] .
La glutamine est également un donneur majeur de carbone jeûne, la glutamine fournit 8 % du carbone nécessaire à la néoglu-
pour la néoglucogenèse [45] . Une partie de la glutamine captée cogenèse au niveau du corps entier, cette proportion s’accroissant
par l’intestin est en effet convertie en alanine, qui rejoint le à 16 % après deux jours de jeûne [45] .
foie, où elle représente un substrat majeur pour la néogluco-
genèse hépatique. L’intestin joue ainsi un rôle indirect dans la
néoglucogenèse. Les travaux de Mithieux et al. suggèrent que Métabolisme protéique en phase nourrie
la glutamine pourrait également être convertie en glucose dans (Fig. 10)
l’intestin. L’absence de différence artérioportale de concentration
de glucose a longtemps été tenue pour preuve que l’intestin ne Après un repas, on trouve dans la lumière intestinale non seule-
produisait pas de glucose. Les ARNm et les activités enzyma- ment les protéines du repas (par exemple : 100 g/j), mais aussi
tiques de la glucose-6-phosphatase, enzyme limitante permettant celles qui proviennent de la desquamation des cellules intesti-
la production de glucose libre, et de la phosphoénolpyruvate nales et des sécrétions digestives (estimées à 70 g/j). Sous l’effet
carboxy-kinase (PEPCK), ont pourtant été détectés dans l’intestin des enzymes protéolytiques sécrétées par le pancréas, ou des enté-
grêle chez le rat et chez l’homme, alors que ces enzymes étaient rocytes eux-mêmes, plus de 160 g/j de protéines sont hydrolysées
jusque-là considérées comme exprimées uniquement dans le foie en acides aminés libres ou en di- et tripeptides, qui sont absor-
et le rein [46, 47] . Par des méthodes de dilution isotopique, ce groupe bés principalement au niveau du duodénum et du jéjunum. Les
a également détecté une production significative de glucose dans acides aminés, une fois qu’ils ont quitté la lumière intestinale, sont
l’intestin de rat, qui représenterait 20 % de la production totale extraits avidement au premier passage par le territoire splanch-
de glucose dans des situations de carence en insuline (jeûne, dia- nique. La proportion des acides aminés « séquestrés » dans le
bète de type 1) [46, 47] . La néoglucogenèse intestinale pourrait jouer territoire splanchnique (intestin et foie) diffère selon l’acide aminé
un rôle dans la régulation de la prise alimentaire en agissant sur ingéré : 20 % pour la leucine, 50–75 % pour la glutamine et la phé-
la satiété via des glucorécepteurs situés dans le système porte [48] . nylalanine, et 90 % pour le glutamate ou la thréonine [13] . Ainsi,
La néoglucogenèse intestinale semble être stimulée par les acides 80 % des acides aminés ramifiés (leucine, isoleucine, valine) ingé-
gras à chaîne courte issus de la fermentation bactérienne des fibres rés atteignent la circulation générale. Les tissus périphériques, en
alimentaires dans le côlon [49] . L’extrapolation de ces données à premier lieu le muscle squelettique, puisent dans le pool circulant
l’homme reste l’objet de débat [50] . et reconstituent leurs stocks d’acides aminés libres. La protéolyse
L’alanine circulante provenant en grande partie du pyruvate musculaire ralentit, et la synthèse protéique s’accroît, et, bien que
(donc du métabolisme musculaire du glucose) (Fig. 7), la conver- le muscle continue à exporter des acides aminés, il devient impor-
sion de l’alanine en glucose, ne représente en fait qu’un recyclage tateur net d’acides aminés. Au niveau du corps entier, l’ingestion
de carbone d’origine glucidique – l’alanine n’est donc en quelque d’un repas s’accompagne d’un freinage de la protéolyse, tandis
sorte qu’un « glucose déguisé ». En revanche, la majeure par- que l’oxydation de leucine, reflet de l’oxydation protéique, et
tie de la glutamine provient de la conversion d’autres acides l’utilisation non oxydative de la leucine, reflet de la synthèse
aminés : aussi la conversion de la glutamine en glucose représente- protéique, sont accélérées [52, 53] .
t-elle une « vraie » production de néoglucose à partir de carbone Il faut être toutefois conscient du fait que ces données ne valent
d’origine protéique. que ce que vaut le modèle d’étude (par la 13 C-leucine) qui les a
Classiquement, le rein et le foie sont les seuls organes équipés fournies. Parce que le modèle « classique » d’exploration (cf. supra)
de glucose-6-phosphatase, dernier enzyme nécessaire à la libéra- implique que les études soient réalisées à l’état stationnaire, la
tion de glucose dans la circulation. La contribution du rein à la réponse à la nutrition a été explorée lors d’épreuves de nutrition
néoglucogenèse était considérée comme négligeable chez le sujet entérale à débit constant, et la réponse à ce type de nutrition
sain. En fait, si la différence de glycémie entre artère et veine est diffère vraisemblablement de celle induite par un repas physio-
très faible de part et d’autre du rein, c’est parce que le rein produit logique pris sur un temps bref, ne serait-ce que pour ce qui est
du glucose en même temps qu’il en consomme. La production de l’élévation des concentrations circulantes des substrats ou de
basale de glucose par le rein a été évaluée à 25 % de la production l’insuline. De plus, lors des études en phase nourrie, une frac-
totale, et le rein utiliserait la glutamine comme précurseur quasi tion de la leucine apportée par l’alimentation est extraite dans le
exclusif [51] . territoire splanchnique avant d’atteindre le pool plasmatique de
Que la néoglucogenèse à partir de la glutamine ait lieu dans leucine du sang périphérique où ont lieu les dosages : comme on
le foie, l’intestin, ou le rein, toujours est-il qu’après une nuit de l’a évoqué supra, cette fraction est estimée à partir du devenir d’un

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Tableau 3. tiels pour l’homme comme la lysine, qui est susceptible de


Estimation des vitesses de renouvellement protéique dans différents tissus rejoindre la circulation systémique. La contribution réelle de cette
de l’organisme chez un adulte de 70 kg (d’après [13] ). voie est débattue.
Organe Masse protéique Synthèse Synthèse
estimée (g) protéique
fractionnelle
protéique
journalière  Rôle des nutriments
(% par jour) (g/j) dans la régulation du métabolisme
Muscle squelettique 7000 g 1–2 % 70–140 g/j
protéique
Tube digestif et 700–1000 g 12–15 % 80–150 g/j
glandes annexes Malgré les limites des méthodes d’étude, les mécanismes
(estomac, intestin, responsables de la régulation nutritionnelle et hormonale du
côlon) métabolisme protéique sont de mieux en mieux élucidés.
Synthèse d’albumine 120 g 20 % 20–30 g/j
dans le foie
Corps entier 9000–10 000 g 3–4 % 250–300 g/j
Rôle des substrats énergétiques non
protéiques
Il est connu de longue date que le glucose a un effet d’épargne
second traceur (par exemple : 2 H3 -leucine), ingéré avec le repas. protéique. Une perfusion de glucose à la dose de 4 mg/kg par
Or, ce traceur, acide aminé libre, ne reflète vraisemblablement pas minute – équivalente à deux fois la production hépatique de glu-
le devenir de la leucine apportée sous forme de résidu lié dans cose à jeun – élève la glycémie aux alentours de 1,4 g/l chez un
les protéines alimentaires. La réponse aiguë à l’apport protéique a adulte sain, et freine la protéolyse mesurée au niveau du corps
été étudiée en administrant non pas de la 13 C-leucine, mais une entier [59] . Cet effet est vraisemblablement médié par l’insuline
protéine de lait intrinsèquement marquée sur ses résidus leucine. (cf. infra). Pour un apport protéique donné, aussi bien la quantité
En outre, un modèle non stationnaire était utilisé pour étudier la que la nature des substrats énergétiques influe sur le bilan pro-
réponse à un repas unique bref. Par cette approche, si la prise du téique. Chez l’adulte sain, nourri par la bouche, un supplément
repas protéique entraîne bien une stimulation de la synthèse pro- calorique de 25 % apporté sous forme glucidique accroît le gain
téique, aucun freinage de la protéolyse n’est observé [54] : à noter protéique net, mesuré par la 13 C-leucine [60] .
toutefois qu’il s’agissait d’un repas purement protéique, donc L’effet d’épargne protéique des lipides n’est pas aussi clairement
dépourvu de glucides, or le glucose (via la sécrétion d’insuline établi. In vitro, les acides gras à chaîne longue sont connus pour
qu’il induit) inhibe la protéolyse (cf. infra). inhiber la deshydrogénase des acides aminés ramifiés (BCKDH),
Dans quels tissus se produit la stimulation de la syn- enzyme qui catalyse l’oxydation de la leucine, et la perfusion
thèse protéique induite par l’alimentation ? Par la mesure de de triglycérides à chaîne longue (TCL) inhibe l’oxydation de leu-
l’incorporation de leucine marquée dans les protéines circulantes, cine. Toutefois, un doublement de la concentration des acides gras
de Feo et al. montrent que la synthèse d’albumine s’accroît libres induit par une perfusion de TCL a un effet modeste sur le
de façon aiguë en réponse à un repas, et que la stimulation flux de protéolyse mesuré par la leucine ou la phénylalanine mar-
de la synthèse d’albumine rend compte d’environ un tiers de quée [26] . La nature des lipides apportés a son importance : chez des
l’accroissement total de la synthèse protéique mesurée au niveau adultes sains recevant une nutrition intraveineuse, la substitution
du corps entier [55] . Bien que les protéines du muscle aient une de 50 % des TCL par des triglycérides à chaîne moyenne (TCM)
synthèse fractionnelle très lente (environ 1 % par jour), la contri- dans une émulsion lipidique produit un bilan protéique moins
bution du muscle au métabolisme protéique du corps entier est positif qu’un apport lipidique isocalorique constitué à 100 % de
majeure, estimée à environ 30 % de la synthèse protéique au triglycérides à chaîne longue [61] .
niveau du corps entier, du simple fait que la masse musculaire Du point de vue de l’accrétion protéique, un supplément
représente 40 % du poids corporel. Au niveau du muscle squelet- énergétique de 25 % apporté sous forme purement glucidique
tique, l’ingestion d’un repas entraîne à la fois une réduction de améliore davantage le gain protéique qu’un supplément isocalo-
la protéolyse et une stimulation de la synthèse protéique [26] . À rique donné sous forme exclusivement lipidique. Toutefois, chez
l’inverse, l’intestin est, malgré sa masse relativement faible, une des patients recevant une nutrition parentérale, un apport mixte
vraie « usine à protéines ». Il produit activement non seulement glucidolipidique paraît plus efficace qu’un apport exclusivement
les protéines de structure des entérocytes, cellules à renouvelle- glucidique [62] .
ment rapide (nous « changeons d’intestin » tous les deux jours),
mais aussi des protéines « exportées » dans la lumière intes- Rôle des acides aminés
tinale (enzymes et sécrétions digestives), ou dans le « milieu
intérieur » sanguin, comme certaines apolipoprotéines (B48 et Une élévation de 50–100 % de la concentration circulante
A-IV). La synthèse fractionnelle des protéines de la muqueuse des acides aminés, induite par la perfusion intraveineuse d’un
intestinale, de l’ordre de 40 à 60 % par jour dans le duodé- soluté d’acides aminés, réduit la protéolyse, et stimule à la fois
num, mais sensiblement plus lente dans l’iléon et le côlon [15, 17] , l’oxydation protéique et la synthèse protéique [52] , sans modi-
pourrait représenter 15 à 20 % du renouvellement protéique fier l’insulinémie, chez l’adulte sain. C’est pourquoi, alors que la
total de l’organisme (Tableau 3). La synthèse protéique intesti- réduction de la protéolyse survenant en phase postprandiale est
nale est régulée par l’apport entéral d’énergie et/ou de protéines attribuée à l’insuline, on attribue la stimulation de la synthèse
chez l’animal en croissance [56] . Chez l’homme, la synthèse pro- protéique à l’élévation des concentrations des acides aminés.
téique duodénale ne semble pas varier entre le jeûne et l’état À apport énergétique constant, la synthèse protéique nette
nourri chez le sujet sain [15] , alors qu’elle est fortement stimu- augmente de façon dose-dépendante en fonction des apports pro-
lée par l’apport entéral de nutriments chez des sujets sévèrement téiques, que ceux-ci soient oraux ou parentéraux. Toutefois, la
dénutris [57] . pente de l’augmentation de l’oxydation protéique est plus forte
Comme on l’a vu plus haut, l’intestin grêle voit arriver quo- que celle de l’augmentation de la synthèse protéique, si bien que
tidiennement environ 170 g de protéines par jour. La grande le rendement – le gain protéique net, rapporté aux apports – est
majorité est dégradée et absorbée dans le grêle. La proportion d’autant plus faible que les apports protéiques sont élevés [63] .
(minoritaire) de protéines qui atteindrait le côlon pour y être La forme sous laquelle l’azote alimentaire est apporté affecte la
métabolisées par la flore bactérienne commensale est controver- rétention protéique. Ainsi, une nutrition entérale à débit cons-
sée [58] , mais l’azote fécal représente généralement l’équivalent de tant à base de petits peptides entraînerait un bilan protéique net
2 g N par jour (soit moins de 10 g de protéines/j). La flore bac- (mesuré par la 13 C-leucine) moins positif qu’un apport isoazoté
térienne pourrait participer au métabolisme protéique de l’hôte, sous forme d’une protéine intacte comme la caséine [64] . Toutes
puisque les bactéries peuvent synthétiser des acides aminés essen- les protéines ne sont pas équivalentes : leur vitesse de digestion

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paraît déterminante pour leurs effets métaboliques. En utilisant au niveau du corps entier. Chez le sujet adulte sain, l’effet de
différentes fractions protéiques de lait intrinsèquement marquées l’insuline a été exploré en couplant des perfusions de 13 C-leucine
par la 13 C-leucine, Boirie et al. ont montré que le gain protéique et la méthode du clamp euglycémique hyperinsulinémique, dans
induit par les protéines à digestion rapide (comme celles du lacto- lequel l’insuline est administrée à débit constant, la glycémie étant
sérum) provient essentiellement d’une stimulation de la synthèse maintenue à niveau constant par un apport de glucose intra-
protéique mesurée au niveau du corps entier. En revanche, les veineux ajusté minute par minute. Ces études montrent que le
protéines à digestion lente (comme la caséine) entraînent princi- freinage de la protéolyse est, au niveau du corps entier, l’effet prin-
palement une inhibition de la protéolyse [65] . Il est à noter que les cipal de l’insuline : cet effet est dose-dépendant, et l’insulinémie
pics d’aminoacidémie varient notablement entre ces deux types qui entraîne l’effet semi-maximal est de 32 ␮U/ml, très voisine de
de protéines. Par ailleurs, Giordano et al. ont étudié la courbe dose- l’insulinémie qui entraîne un effet semi-maximal sur l’utilisation
réponse du métabolisme protéique mesuré au niveau du corps du glucose [80] .
entier, à des apports gradués d’acides aminés par voie intravei- Lors des études par clamp euglycémique, la synthèse pro-
neuse. Ils observent qu’une montée faible de l’aminoacidémie téique est souvent diminuée : cette réduction est attribuée à
(< 50 %) ne fait qu’accroître l’oxydation protéique et freiner la la chute des concentrations circulantes d’acides aminés induite
protéolyse, tandis qu’une stimulation de la synthèse requiert une par le freinage de la protéolyse, qui est lui-même la consé-
élévation de l’aminoacidémie supérieure ou égale à 100 % [66] . quence de l’élévation de l’insulinémie. En effet, la perfusion
L’ensemble de ces données suggèrent que le paramètre régula- simultanée d’insuline et d’acides aminés a à la fois un effet
teur principal de l’anabolisme protéique en phase nourrie est la freinateur sur la protéolyse et accélérateur sur la synthèse pro-
variation postprandiale des concentrations circulantes d’acides téique [52] . L’effet de l’insuline diffère selon le tissu et la protéine
aminés. considérée : au niveau musculaire, l’insuline ne paraît capable
Outre leur rôle comme « briques » ou matériaux de construction de stimuler la synthèse protéique de façon nette que lorsque
requis pour la synthèse protéique, certains acides aminés pour- les acides aminés sont disponibles en abondance dans le pool
raient jouer un rôle régulateur spécifique « pseudo-hormonal ». intracellulaire. Au niveau du foie, l’insuline paraît stimuler la syn-
C’est par exemple le cas de la leucine, qui a la capacité singulière thèse d’albumine, alors qu’elle freine celle du fibrinogène [16] . De
de stimuler l’activité des protéines de signalisation impliquées même, l’insuline stimule la synthèse protéique de la muqueuse
dans l’initiation de la traduction protéique [67, 68] . C’est aussi le duodénale [81] .
cas de la glutamine. Ainsi, de nombreuses maladies aiguës (chi-
rurgie lourde, sepsis, etc.) s’accompagnent non seulement de
pertes azotées massives, mais d’un effondrement du stock intra- Hormone de croissance et insulin-like growth
cellulaire de glutamine, non corrigé par l’apport intraveineux factor 1
de solutés d’acides aminés dépourvus de glutamine. Dans cer-
tains modèles, une correction de la déplétion en glutamine par L’hormone de croissance (growth hormone [GH]) stimule de
l’apport intraveineux de glutamine, améliore le bilan azoté [69, 70] . façon sélective la synthèse protéique, alors qu’elle est sans effet sur
Un doublement de la concentration circulante de glutamine, la dégradation protéique chez l’adulte en bonne santé, et l’insulin-
induit par une perfusion entérale de glutamine, freine de 35 % like growth factor 1 (IGF-1) a des effets similaires [81, 82] . L’effet de la
l’oxydation de leucine, et augmente l’utilisation non oxydative GH s’observe même chez l’enfant atteint de pathologie inflamma-
de leucine, index de la synthèse protéique, chez des adultes sains toire chronique, comme la mucoviscidose [74] . Chez des patients
à jeun [71] . Le même effet freinateur de la glutamine sur l’oxydation dénutris, GH et IGF-1 ont des effets synergiques, si l’on en juge
de la leucine a été observé chez des patients atteints de myo- d’après les bilans azotés. Cependant, chez des sujets normalement
pathie de Duchenne [72] , et chez le nouveau-né prématuré en nourris, la combinaison de GH et IGF-1 n’améliore pas le gain
nutrition intraveineuse [73] , mais pas chez des enfants atteints protéique mesuré par la 13 C-leucine, par rapport à un traitement
de mucoviscidose [74] . À l’inverse, un abaissement expérimental par l’un ou l’autre de ces agents donné isolément [83] . Il semble
de la concentration de glutamine par un agent pharmacologique donc que chez le sujet normalement nourri, les effets de la GH
chélateur de glutamine réduit l’utilisation non oxydative de leu- s’exercent via l’IGF-1 ; il a toutefois été rapporté que, perfusée à
cine chez l’adulte sain [75] , et la déplétion en glutamine accroît forte dose par voie artérielle, l’hormone de croissance stimule la
l’oxydation de leucine chez des volontaires déjà rendus catabo- synthèse protéique directement au niveau du muscle, sans élever
liques par les glucocorticoïdes [76] . Ces données suggèrent que la la concentration circulante d’IGF-1 [26] . Chez des patients de réani-
glutamine peut devenir conditionnellement essentielle dans cer- mation, l’hormone de croissance pourrait freiner la synthèse de
taines situations, et que la concentration circulante de glutamine novo et l’exportation de glutamine par le muscle, privant ainsi
pourrait participer à la régulation de l’homéostasie protéique chez le reste de l’organisme d’un substrat précieux en situation de
l’homme. Plus récemment, il a été proposé que la citrulline pour- stress [84] .
rait avoir un effet anabolisant : ainsi, la citrulline paraît stimuler la
synthèse protéique musculaire au niveau du muscle squelettique
chez le rat âgé dénutri [77] , et l’apport de fortes doses de citrulline Hormones sexuelles et métabolisme
par voie orale améliore le bilan azoté chez l’homme sain [5] . L’effet protéique
anabolisant de la citrulline chez l’homme reste débattu : comme
il a été discuté supra, la signification du bilan azoté dans le cas Les androgènes ont un effet anabolisant puissant, attesté par :
d’un acide aminé (comme la citrulline), qui n’est pas incorporé • la stimulation de la synthèse protéique mesurée au niveau du
dans les protéines, reste obscure, et une supplémentation orale en corps entier après trois semaines de traitement par la testosté-
citrulline n’a pas d’effet détectable au niveau du corps entier [78, 79] , rone chez le garçon impubère [85] ;
même si elle stimule la synthèse protéique musculaire chez des • à l’inverse, l’effet catabolique net induit par une suppression
hommes sains recevant un régime hypoprotéique [79] . des sécrétions gonadotropes chez l’homme adulte [83] .
Bien qu’une partie de la testostérone subisse une aromatisa-
tion pour être convertie en estrogènes, et que cette conversion
en estrogènes semble cruciale pour la croissance osseuse, l’effet
 Rôle des hormones anabolisant des androgènes ne passe pas par leur conversion
en estrogènes. En effet, une inhibition pharmacologique de la
dans la régulation du métabolisme conversion des androgènes en estrogènes n’altère en rien la vitesse
protéique de synthèse protéique chez des hommes adultes sains [83] .
L’effet anabolisant des estrogènes est moins évident puisqu’un
Insuline et métabolisme protéique traitement estrogénique n’accroît pas l’anabolisme protéique net,
mesuré au niveau du corps entier par la 13 C-leucine, chez des
L’insuline est la principale hormone de l’anabolisme pro- jeunes filles atteintes d’hypogonadisme dû à un syndrome de
téique. La carence en insuline accélère la protéolyse mesurée Turner [83] .

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Métabolisme des protéines in vivo chez l’homme  10-360-F-10

Hormones du stress et métabolisme fois la protéolyse et l’oxydation protéique [82, 94] . L’effet protéo-
lytique du cortisol est dose-dépendant, et s’observe dès que la
protéique cortisolémie atteint 25–35 ␮g/dl, c’est-à-dire la limite supérieure
des taux physiologiques. Les glucocorticoïdes stimulent puissam-
Définie par un changement physiologique brutal en réponse ment à la fois la synthèse de novo de glutamine [94, 95] , et son
à un traumatisme, une brûlure, une infection grave, ou tout utilisation dans le territoire splanchnique [95] . On sait que les cyto-
autre stress sévère, l’agression déclenche un « raz-de-marée » kines pro-inflammatoires (par exemple le TNF-␣) stimulent l’axe
hormonal. Stimulé par plusieurs cytokines (interleukine 1 bêta hypothalamo-hypophyso-surrénalien et la sécrétion de cortisol.
[IL1␤], IL-6 et tumour necrosis factor alpha [TNF-␣]) qui sont Le cortisol est donc tenu pour un des principaux responsables des
libérées par les monocytes lors de la réaction inflammatoire, effets cataboliques des états d’agression (stress). En effet, même si
l’hypothalamus émet un pic de sécrétion de la corticotropin catécholamines et glucagon augmentent la néoglucogenèse à par-
releasing hormone (CRH), qui induit la libération hypophysaire tir des acides aminés, ils ne semblent pas accélérer la protéolyse
d’adrénocorticotrophine (ACTH), laquelle enclenche à son tour de façon notable [96, 97] .
la sécrétion surrénalienne de cortisol. L’agression accroît aussi la
sécrétion d’hormone de croissance, de catécholamines et de gluca-
gon, toutes hormones classées parmi les hormones dites de stress
ou de « contre-régulation » [86] . Cette réponse hormonale concer-
Vieillissement et métabolisme protéique
tée, en particulier celle de l’ACTH et du cortisol, joue un rôle Il est connu de longue date que le vieillissement est asso-
crucial dans la réponse à l’agression, puisqu’elle est indispensable cié à une perte de masse musculaire ou sarcopénie. La fonte
à la survie. des réserves protéiques a des conséquences fonctionnelles graves
Toutes ces hormones dites de « contre-régulation » s’opposent puisqu’elle compromet la mobilité, donc l’autonomie des sujets
aux effets de l’insuline, véritable « chef d’orchestre » qui régule âgés. Bien que la sarcopénie traduise nécessairement un déséqui-
le métabolisme de l’homme nourri. Déclenchée par la dou- libre entre synthèse et dégradation protéique, ses mécanismes ne
leur et les hormones du stress [87] , la résistance à l’insuline est sont pas entièrement élucidés. La synthèse des protéines contrac-
entretenue par l’action de cytokines comme le TNF-␣ [88] . Cette tiles serait diminuée de façon précoce, alors que la synthèse des
résistance à l’insuline augmente la production de glucose par le protéines sarcoplasmiques serait peu touchée [98] . Pour ce qui est
foie, mais diminue l’utilisation du glucose dans certains terri- du métabolisme protéique au niveau du corps entier, à jeun, la
toires, particulièrement dans le muscle et le tissu adipeux, qui part relative du muscle dans le métabolisme protéique global
sont « insulinodépendants ». Aussi le glucose est-il « détourné » (environ 30 % chez l’adulte) est réduite, au profit du territoire
vers les organes qui ne dépendent pas de l’insuline comme le splanchnique. L’extraction splanchnique de leucine est de l’ordre
cerveau, le système immunitaire et les tissus lésés. Au lieu d’être de 50 % chez le vieillard, contre 23 % chez l’adulte jeune [99] .
entièrement oxydé en CO2 , le glucose y est converti essentiel- L’utilisation accrue des acides aminés dans le territoire splanch-
lement en lactate, lequel gagne le foie pour être transformé en nique pourrait réduire la biodisponibilité des acides aminés pour
glucose par la néoglucogenèse [86] . Les effets de l’agression sur le le reste de l’organisme, en particulier pour le muscle. La dégra-
métabolisme protéique sont encore plus drastiques : la protéo- dation protéique ne semble pas augmentée, si l’on en juge par
lyse musculaire s’emballe, du fait d’une augmentation de l’activité l’excrétion de 3-méthylhistidine. Concernant la réponse anabo-
de la voie ubiquitine-protéasome, en partie liée à l’effet du corti- lique à la nutrition, on ne détecte pas de différence entre sujets
sol, tandis que la synthèse protéique musculaire est freinée. Le jeunes et âgés pour ce qui est de la stimulation de la synthèse
muscle « exporte » donc des quantités considérables d’acides ami- protéique au niveau du corps entier [99] , alors qu’elle est affec-
nés, qui sont captés dans le territoire viscéral, notamment par tée au niveau musculaire [98, 100] . En revanche, la protéolyse est
le foie et l’intestin. Ces acides aminés servent de matière pre- moins bien freinée en réponse à un repas chez le sujet âgé (elle
mière pour la synthèse de protéines de la phase aiguë comme baisse de 40 % chez l’adulte jeune contre 25 % chez le vieillard).
la protéine C-réactive, et le fibrinogène [89] . On a ainsi pu par- Le rythme d’apport des protéines alimentaires a des effets dif-
ler d’« autocannibalisme », puisque l’organisme « mange » sa férents selon l’âge : à ration protéique totale constante, le gain
masse protéique musculaire pour sauvegarder les autres fonctions protéique est le même, chez le sujet jeune, que les apports soient
vitales. fractionnés dans la journée ou concentrés sur un seul repas. Au
Parmi les acides aminés libérés, la glutamine et l’arginine contraire, chez le sujet âgé en bonne santé, le fait d’apporter 80 %
jouent un rôle central. Bien que la glutamine soit synthétisée de la ration protéique journalière sur un seul repas [101] ou sous
de novo, et qu’elle soit l’acide aminé libre le plus abondant forme de protéines à digestion rapide [102] pourrait améliorer le
de l’organisme, sa concentration dans le muscle s’effondre lors gain protéique net. Ces données récentes ouvrent des perspectives
des agressions graves. Cet effondrement est probablement lié nouvelles dans la modulation du métabolisme protéique par la
à la consommation très augmentée de cet acide aminé par nutrition.
certains « tissus cibles ». En effet, la glutamine est le carburant
privilégié des cellules de l’immunité et des entérocytes [29] ,
ainsi qu’une source de carbone majeure pour la synthèse de
glucose [2] . C’est aussi un précurseur du glutathion, premier  Conclusion
système de défense contre le stress oxydatif [90] . La glutamine
a également un effet anti-inflammatoire puisqu’elle inhibe la Le muscle, par sa masse, domine le métabolisme protéique de
sécrétion de cytokines pro-inflammatoires au niveau intesti- l’organisme, qui permute entre phases de « vaches maigres »
nal [91] . Enfin, dans plusieurs situations cliniques, la glutamine (à jeun, catabolisme net) et de « vaches grasses » (anabolisme
est le seul acide aminé dont la concentration dans le muscle est net en période nourrie). Cortisol et cytokines pro-inflammatoires
corrélée à la vitesse de synthèse protéique musculaire [70, 92] , jouent un rôle majeur dans l’hypercatabolisme protéique observé
ce qui suggère qu’elle pourrait réguler cette synthèse au cours de l’agression. L’insuline, hormone de l’homme repu,
protéique. freine la protéolyse, et est responsable de l’effet anticatabolique
La concentration d’arginine chute également lors de l’agression. des substrats énergétiques non protéiques, tandis que le principal
Or, l’arginine est le seul précurseur de monoxyde d’azote (NO), effet des acides aminés est la stimulation de la synthèse pro-
médiateur ubiquitaire qui est produit en abondance lors de téique. Les acides aminés ne sont pas seulement des « briques »
l’inflammation systémique. L’arginine a des fonctions trophiques pour construire des protéines, la plupart ont aussi des effets
tant sur la synthèse du collagène (protéine majeure des tissus propres sur des fonctions spécifiques comme l’immunité, le statut
cicatriciels) que sur le système immunitaire, effets médiés proba- redox, l’intégrité de la barrière intestinale, la synthèse protéique
blement au moins en partie par une stimulation de la sécrétion musculaire. La meilleure connaissance des effets de divers acides
d’hormone de croissance [93] . aminés comme agents « pseudo-hormonaux » ou « nutraceu-
Il est connu de longue date que les glucocorticoïdes ont un tiques » ouvre des perspectives nouvelles en thérapeutique dans
effet catabolique. Le cortisol et la prednisone accroissent à la de nombreuses pathologies.

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D. Darmaun, Professeur des Universités, praticien hospitalier (ddarmaun@chu-nantes.fr).


UF assistance nutritionnelle, Institut des maladies de l’appareil digestif (IMAD), CHU de Nantes, UMR 1280, Physiologie des adaptations nutritionnelles, Institut
national de la recherche agronomique (INRA) et Université de Nantes, Centre de recherche en nutrition humaine, Hôtel-Dieu, 44093 Nantes cedex 1, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Darmaun D. Métabolisme des protéines in vivo chez l’homme. EMC - Endocrinologie-Nutrition
2017;14(1):1-14 [Article 10-360-F-10].

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