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d’aménagement local
Le cas d’Albi
Ygal Fijalkow, Elsa Martin, Cédric Calvignac
Dans Espaces et sociétés 2017/1 (n° 168-169), pages 109 à 128
Éditions Érès
ISSN 0014-0481
ISBN 9782749255019
DOI 10.3917/esp.168.0109
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Les études encore peu nombreuses qui portent sur la vacance commerciale des
territoires urbains affirment que les villes moyennes sont davantage affectées
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2. Ce travail a été réalisé dans le cadre du LabEx sms portant la référence anr-11-labx-0066.
3. Nous remercions la chambre de commerce et d’industrie (cci) du Tarn de nous avoir donné
accès aux données et Frédéric Martorell pour sa précieuse contribution au traitement cartogra-
phique de ces dernières.
4. La patrimonialisation du centre-ville est ici définie comme la mise en patrimoine, c’est-à-dire
la valorisation du bâti historique, de la culture locale mais aussi sa désignation comme espace
patrimonial par une institution (Unesco par exemple) habilitée à accorder ce titre.
5. À l’occasion d’un diagnostic commercial effectué rue par rue, commerce par commerce, pour
le compte de la cci, plus de 200 rencontres ont eu lieu avec des commerçants. La plupart d’entre
elles ont donné lieu à des échanges informels réalisés par Adeline Courreges dans le cadre de son
stage de master 2 au centre universitaire Jean-François Champollion. Des acteurs institutionnels
(élu au commerce, directeur du service d’urbanisme, président de l’office de tourisme et des
personnels de la cci se sont prêtés à des entretiens. Des articles du quotidien La Dépêche du
Midi ont également été utilisés.
les commerces sont présents mais polarisés en centre ancien. 6 Nous l’analy-
sons comme la conséquence des choix d’aménagements urbains, des straté-
gies d’investissement pour la conservation et la valorisation du patrimoine.
Mais au-delà du sens immédiat qu’impose ce bilan, notre analyse dévoile une
importante mobilité des commerces qui atteste du fait que les conditions d’une
installation durable ne sont pas réunies pour tous. À y regarder de près, on note
même que certains types de commerces sont plus enclins que d’autres à s’im-
planter. On l’observe à partir du niveau de gamme de l’offre, de la répartition
entre enseignes et commerces indépendants mais aussi à partir de la spéciali-
sation marchande. Il apparaît en somme que l’intervention publique contribue
à attirer dans le centre ancien d’Albi des dynamiques proches de celles que
l’on observe dans les commerces des grandes villes, même si quelques aspects
spécifiques à une ville moyenne demeurent comme la présence de commerces
familiaux et l’organisation du temps marchand.
Pour présenter ces résultats, nous commencerons par retracer l’évolu-
tion de l’intervention publique pendant une période allant de la description
d’un centre-ville délaissé et en déclin jusqu’aux aménagements réalisés pour
renforcer son attractivité. Les données statistiques dont nous disposons vien-
dront compléter cette première approche. Elles permettront d’établir des liens
entre la présence des commerces et les actions engagées par la municipalité,
mais aussi d’interroger les mobilités commerçantes. L’analyse menée sur la
propriété commerçante et l’offre marchande permettront d’identifier l’influence
des dynamiques nationales mais aussi les spécificités locales qui échappent à
l’initiative et au contrôle de l’action publique.
6. Le centre ancien fait référence à l’ensemble urbain tracé par la continuité du bâti historique et
se différencie du centre-ville, entité plus large, qui tient compte des rues commerçantes situées
en deçà des voies naturelles (routes, rivière, places urbaines).
7. Albi qui comptait 37 000 habitants en 1955 en compte 45 000 en 1966.
8. Les années 1950 marquent le début du recul démographique en centre ancien, qui ne va cesser
de grandir dans les années 1960. Par exemple, on note entre 1962 et 1968, que le centre ancien
perd 12,4 % de sa population, et près de 30 % entre 1968 et 1975.
9. Le comité de sauvegarde du vieil Albi est une association créée en 1966 et pilotée par un
notable local.
10. Le secteur sauvegardé, mesure initiée en 1962 par Malraux permet la protection d’un péri-
mètre à « caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration,
et la mise en valeur de tout ou partie d’un ensemble d’immeubles bâtis ou non » (Merlin et
Choay, 1988).
11. Le secteur charbonnier de Carmaux-Blaye-les-Mines qui est situé à proximité d’Albi décline
à partir des années 1960 avant de totalement disparaître.
12. Au début des années 1990 la ville accueille 500 étudiants. En 2000 on en recense plus
de 4000 dans les différents établissements d’enseignement supérieur (Centre universitaire
Jean-François Champollion, École des Mines d’Albi, classes préparatoires aux grandes écoles,
etc.), ce qui correspond à près de 8 % de la population albigeoise.
13. Prigent (2013) nous apprend que « les statistiques publiées attribuent généralement au label
“patrimoine mondial” un effet d’augmentation de fréquentation de l’ordre de 25 à 50 % selon
les publics et les sites. » L’auteur précise immédiatement que « si les enquêtes des organismes
spécialisés, comme Atout France, corroborent le plus souvent ces analyses, les travaux scien-
tifiques se montrent plus circonspects » sur la réalisation systématique d’une telle évolution.
douter des retombées positives d’une telle démarche. Dans l’environnement que
le maire décrit comme « une compétition territoriale » où Albi subit l’influence
de la métropole toulousaine et rencontre – comme d’autres villes moyennes – un
contexte économique difficile, la stratégie qu’il défend est clairement offensive.
« L’imprudence serait pour Albi et l’Albigeois d’abandonner les efforts d’attrac-
tivité, d’embellissement, d’amélioration du cadre de vie. Nous ne sommes pas
seuls au monde. D’autres villes travaillent bien et dur. Le destin des villes est en
permanence remis en cause. » (Philippe Bonnecarrère, maire d’Albi, juin 2011,
dossier de presse [en ligne], [url : http://www.mairie-albi.fr])
La municipalité revendique une identité caractérisée par le patrimoine, la
culture et l’enseignement supérieur 14. Cette identité est perceptible dans le projet
urbain lorsqu’il s’agit de valoriser le patrimoine historique, renforcer la présence
d’équipements culturels et mieux connecter l’offre d’enseignement supérieur
avec le centre-ville. Les différentes opérations d’aménagement réalisées sont
conçues comme autant d’étapes d’un même programme (figure 1). La création
d’une place centrale piétonne (place du Vigan) et de ses abords (requalification
du Jardin national et des Lices) en constitue le premier jalon. Cette place qui
n’en était plus une et qui avait laissé beaucoup d’espace à la voiture devient le
centre urbain de la ville et accueille désormais un parking souterrain. Les travaux
se déroulent de 1999 à 2003. Suit, entre 2004 et 2005, le réaménagement des
abords de la place qui accueille la cathédrale Sainte-Cécile. Il s’agit de rendre son
parvis accessible au piéton mais aussi d’offrir une place d’envergure à l’édifice
emblématique de la ville. Ces aménagements créent une continuité entre les rues
pavées du centre-ville et la cour d’honneur du palais de la Berbie qui abrite le
musée Toulouse-Lautrec. Ce dernier rouvre définitivement en 2012 après onze
ans de réfection. Afin de rendre cohérents les travaux effectués avec le projet de
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14. Rares sont les villes moyennes qui disposent d’un pôle d’enseignement supé-
rieur et de recherche. On dénombre aujourd’hui plus de 5 000 étudiants et près de
200 chercheurs.
dans d’autres villes identifiées par Choay (1994), on note une attention particu-
lière attribuée au mobilier urbain, aux œuvres 15 de rue, à tout ce qui doit mettre
en valeur le patrimoine du quartier. Du fait qu’Albi draine une population
touristique venue de toute l’agglomération, de la région et même de l’étranger
(Calvignac et al., 2014), la mise en valeur de l’espace public se traduit aussi
par une extension des possibilités de stationnement et une limitation du station-
nement de surface afin de préserver l’esthétique des lieux. À côté de ces réali-
sations, qui s’apparentent parfois plus à un travail d’embellissement qu’à de
l’aménagement, des projets plus complexes, plus coûteux et plus ambitieux ont
vu le jour, qui auront une influence décisive sur l’implantation de commerces.
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15. Une œuvre de l’artiste contemporain Jeppe Hein orne la place Lapérouse réinventée.
16. Cet équipement culturel (Les Cordeliers) est réalisé par un architecte de renom (Dominique
Perrault) qui est à l’origine de la Très Grande Bibliothèque de Paris, du centre olympique de
tennis Magic Box de Madrid, de la Cour européenne de Luxembourg, du Palais des congrès et
du Hall d’exposition de Léon (Espagne), etc. Les travaux dureront 3 ans pour un coût estimé à
43 millions d’euros.
s’adresse en somme autant aux résidents, aux touristes de passage qu’à ceux
qui voudraient s’y installer pour y vivre (Martin, 2014a).
Alors que dans les années 1980, il s’agissait surtout de mettre en place des
mesures pour revitaliser les lieux en restaurant les façades délabrées, en créant
des rues piétonnes, depuis le milieu des années 1990, l’approche est résolument
orientée vers la question de l’attractivité et du développement local (Cusin
et Damon, 2010). Les aménagements longs et coûteux du bâti, des espaces
publics ou des équipements servent à embellir la ville tandis que le marketing
urbain cherche à consolider son identité singulière, à valoriser sa renommée et
à marquer sa différence en termes de cadre de vie (requalification des places
urbaines), de dynamisme culturel (restauration du musée Toulouse-Lautrec,
construction du théâtre des Cordeliers) et d’offre patrimoniale (inscription
Unesco). Cette politique ambitieuse de captation (Cochoy, 2004) a-t-elle pour
autant permis de faire du centre-ville un lieu attractif pour les commerces ?
17. Près d’un quart des commerces en activité se sont installés entre 2010 et 2012.
et 2000 (soit 21,1 %), 31 entre 2001 et 2012 (soit 43,7 %) 18. Ce sont les rues
et ruelles adjacentes à l’axe circulatoire identifié qui accueillent la part la
plus importante des commerces installés sur la période la plus récente. Elles
deviennent des zones attractives une fois les opérations d’aménagement de
l’espace public et de valorisation du centre ancien achevées.
L’étude longitudinale des ouvertures commerciales et des fermetures
confirme elle aussi l’influence de l’intervention publique (tableau 2). Chacun
sait que les travaux de voirie constituent un préjudice important pour l’acti-
vité commerçante qui parfois conduit même à la cessation d’activité. Il n’est
pas rare, durant ces périodes, d’observer une augmentation du nombre de
fermetures et un ralentissement des ouvertures. Suivant la même dynamique,
les mois suivants sont plutôt propices à un renouveau commerçant. C’est ce
processus qui a été observé entre 2002 et 2005 avec la piétonisation du centre
ancien (place du Vigan, place Sainte-Cécile) et l’embellissement des zones
entourant les édifices touristiques. Durant cette période, le nombre d’ouver-
tures des commerces dépasse sensiblement celui des fermetures.
Tableau 2 – Ratio ouvertures/radiations en centre-ville
(Source : données brutes cci-Tarn, 2013)
18. À titre de comparaison, rappelons que sur l’ensemble des commerces du centre ancien, seuls
15,8 % se sont installés avant 1989, 18,3 % entre 1989 et 2000 et 65,9 % entre 2001 et 2012.
19. Il est sans doute délicat de dater le début et la fin d’une crise même si on peut s’accorder sur
le fait que le contexte général de « récession » économique (Bourven et Zehr, 2009) participe à
une morosité ambiante peu propice à l’investissement.
La nouvelle place du Vigan inaugurée en 2003 est réinvestie par les
commerces dans les mois qui suivent, la place de la cathédrale et ses abords
connaissent le même sort après 2005, comme le marché couvert après 2008
ou encore le quartier des Cordeliers après 2012. De nouveaux commerces
s’installent, comme cette boutique de pâtisseries et de chocolat haut de gamme
en lieu et place d’un magasin de luminaires. Les immeubles qui sont désor-
mais situés sur un axe passant intéressent des investisseurs. Les mouvements
commerciaux enregistrés sont d’ampleur inégale mais le nombre d’ouvertures
est systématiquement supérieur à celui des fermetures après chaque période
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L’attrait pour le centre ancien ne rend pas compte du fait qu’il existe
presque autant de commerces qui s’installent que de commerces qui dispa-
raissent (tableau 3). Sur l’ensemble de la période 2002-2013, on enregistre
même un nombre à peine plus élevé de fermetures (871) que d’ouvertures
(854). Ce relatif équilibre entre les départs et les arrivées est la manifestation
d’un taux de rotation commerciale relativement élevé. Ce phénomène ne favo-
rise pourtant pas le développement de vacance commerciale, même s’il est le
symptôme manifeste d’une difficulté à ancrer durablement l’activité 20. Parmi
l’ensemble des ouvertures recensées sur la période étudiée, seule une moitié
des commerces (54,3 %) est encore ouverte en 2013. Il faut préciser que les
ouvertures dont il est question correspondent pour l’essentiel à des créations
de fonds de commerce (62,6 %) plutôt qu’à des reprises d’activité (32 %) 21.
L’activité marchande n’est sans doute pas aussi rentable que le laisse
supposer le cadre urbain et la fréquentation des lieux. De toute évidence, le
choix d’ouvrir un commerce en centre ancien n’est pas fondé sur une connais-
sance approfondie du marché local et du rendement qu’il permet. C’est égale-
ment pour cette raison que nous pensons que les leviers promotionnels utilisés
par la ville ont produit un effet incitatif. L’aménagement des rues, la mise en
valeur des espaces, mais aussi la reconnaissance par l’Unesco d’un patrimoine
exceptionnel, créent un climat de confiance et donnent le sentiment qu’il existe
un potentiel commercial. La qualité de l’emplacement en centre ancien et l’idée
de pouvoir bénéficier d’une clientèle plus touristique semble avoir convaincu
certains commerçants. Reste que tous les commerces ne sont bien évidem-
ment pas concernés comme le révèle l’analyse des caractéristiques de l’offre
marchande.
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20. Le nombre de commerces en centre-ville reste stable dans le temps, ce qui garantit une
permanence de l’attractivité et du dynamisme du centre-ville. Cette constance semble si ce
n’est encourager, tout du moins ne pas freiner l’accroissement de la population de ce secteur
intra-urbain. Ainsi, entre 1990 et 2011, on assiste à une augmentation de 14,5 % des effectifs
des habitants du centre ancien (Martin, 2014b).
21. La nature du fonds de commerce n’est pas spécifiée pour 5,4 % des ouvertures.
22. L’unité urbaine d’Albi compte en 2012, selon l’Insee, 73 510 habitants.
Comme d’autres villes en France, Albi a, au fil des ans, transformé son
centre ancien en un lieu privilégié pour la consommation de produits de
bouche et d’articles de mode (Melé, 2004). L’offre marchande s’adresse prio-
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23. Ici, nous nous sommes inspirés du classement catégoriel des activités commerciales proposé
par la commission Géographie et Commerce du Centre national français de géographie. Nous
devons l’actualisation de ce classement à Bernadette Mérenne-Schoumaker et Jean Soumagne.
Nous nous en éloignons toutefois en introduisant deux changements d’importance. Tout
d’abord nous procédons à la subdivision de la catégorie « service à caractère commercial » –
bien trop large et variée – en cinq catégories distinctes : « entretien de la personne (coiffeur,
institut de beauté, laverie…) », « services financiers et immobiliers (banque, assurance, agence
immobilière…) », « lieux de loisirs (cinéma, théâtre, boîte de nuit…) », « services à caractère
professionnel (imprimerie, informatique, agence d’intérim…) », « transports (taxi, ambulance,
auto-école…) ». Nous créons ensuite une catégorie supplémentaire réunissant exclusivement
les « commerces de santé » (pharmacie, optique, orthopédiste).
aux revenus modestes (Martin, 2014b) et plutôt captifs (ménage peu ou pas
motorisé) s’orientent plus naturellement vers des supérettes appartenant à de
grands groupes de distribution (Carrefour, Super U, Casino). Dans le secteur
de l’habillement et des chaussures, la tendance est sensiblement la même.
Les commerçants indépendants gèrent des boutiques plutôt cossues alors que
les points de vente appartenant à des enseignes nationales s’adressent à un
marché plutôt milieu de gamme (Célio, André, Bailly, etc.). L’accueil d’en-
seignes nationales n’a rien de spécifique à Albi et conforte cette idée d’une
banalisation de l’offre marchande, d’une uniformisation des centres-ville qui
pourrait faire disparaître les singularités des villes (Desse, 2010).
On peut également analyser la présence des commerces haut de gamme
en lien avec l’identité patrimoniale du centre ancien. Le capital symbolique
que procure l’environnement architectural du lieu n’est sans doute pas pour
rien dans la présence des boutiques et notamment de celles qui s’adressent à
une clientèle plutôt bourgeoise. Suivant en cela le travail de Mermet (2013), on
pourrait ainsi montrer que le patrimoine historique de la ville est utilisé pour
le décor architectural de la boutique, pour valoriser l’image de marque. Cette
dynamique n’est pas spécifique aux villes moyennes. On l’observe chaque
fois que des commerçants s’emparent du patrimoine urbain pour séduire des
clients et que l’action publique se saisit des commerces pour renforcer son
patrimoine (Calvignac et al., 2014). Sous cet angle, on peut même dire que les
commerces participent à la politique ambitieuse de promotion et de valorisa-
tion du centre ancien, même si l’on doit garder à l’esprit que la ville est à l’ori-
gine de cette « scénographie commerciale » qui favorise l’expression d’une
ambiance urbaine (Lemarchand, 2008) qu’elle cherche à contrôler par une
charte de qualité urbaine qui vise à réglementer la devanture des commerces
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étant tantôt privilégiés par les touristes et tantôt par les Albigeois (Fijalkow et
Lalanne, 2014). Là encore, il s’agit d’un phénomène qui n’est pas propre aux
villes moyennes. En patrimonialisant le centre ancien, l’intervention publique
a encouragé cette présence marchande alors même qu’elle veut la contenir et
éviter un phénomène de contagion qui pourrait conduire à une spécialisation
touristique des lieux. Cet aspect est particulièrement sensible à l’échelle d’une
ville moyenne où l’implantation de quelques boutiques touristiques en centre
ancien suffit à transformer l’identité de l’espace public.
Ce qui est caractéristique et sans doute plus spécifique aux villes
moyennes, c’est la répartition spatiale des commerces au regard du statut d’in-
dépendant ou de succursaliste. Il est clair que l’aménagement du centre-ville
et sa valorisation ont contribué à augmenter la valeur foncière des lieux et à
renforcer la hiérarchie des places marchandes. Plus l’on se rapproche de l’axe
passant réunissant la place Sainte-Cécile et la place Savène (rue Mariés et
rue Timbal,), plus la proportion du commerce intégré (dépendant de grandes
enseignes nationales) augmente, alors que le centre-ville accueille globalement
plus d’indépendants (82,8 %). Le marché immobilier et son évolution ont ainsi
contribué à concentrer le commerce intégré dans l’axe circulatoire dominant
(rues Mariès et Timbal). Les prix de certains pas-de-porte et baux commer-
ciaux ont, selon la même logique, conduit les commerçants indépendants qui
n’ont pas les capitaux suffisants à rechercher d’autres possibilités d’installa-
tion vers des rues moins fréquentées. C’est d’ailleurs dans les ramifications
des rues les plus passantes que l’on observe un renouvellement plus soutenu
des commerçants. La stabilité des commerces situés dans les rues Mariès et
Timbal s’oppose ainsi à la rotation des commerces des rues plus excentrées.
Les quelques commerces indépendants qui continuent d’occuper les empla-
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Conclusion
références bibliographiques
Bourven, M. ; Zehr, M.-Y. 2009. « La crise bancaire et la régulation financière »
[en ligne], Avis et rapports du conseil économique, sociale et environnemental,
La documentation française, [url : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/
storage/rapports-publics/094000123.pdf].
Calvignac, C. ; Fijalkow, Y. ; Martin, E. 2014, « Être d’un commerce agréable.
Réflexions autour de la notion d’ambassade touristique », Mondes du tourisme,
no 9.
Calvignac, C. ; Fijalkow, Y. ; Jalaudin, C. ; Lalanne, M. ; Martin, E, 2014. De
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