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DEPARTEMENT DES SCIENCES APPLIQUEES ET DE L’INGENIEUR
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OPTION : SCIENCES DE L’INGENIEUR
STAGE PEDAGOGIQUE
LICENCE 3 - SI
APPROCHE SYSTEMIQUE
Dieudonné KOMBI,
Inspecteur pédagogique
Chargé de cours en SI
Tél : 066 57 21 54 – 074 30 64 21
E-mail : dieudonnekombi@yahoo.com
1. RATIONNALISME ET SYSTEMIQUE
1.1. Les deux approches.
Parmi les procédés utilisés pour développer le savoir humain, la méthode expérimentale,
également qualifiée de scientifique, d’analytique ou de rationaliste est celle qui, en occident, a
eu l’impact le plus important.
Le savoir obtenu par cette méthode est créé par une approche rigoureuse, contrôlable et susceptible
de remises en question continuelles des principes, des lois et des théories qu’elle élabore.
Dans nos sociétés, la science préconise cette approche héritée d’Aristote et rendue
« opérationnelle » par Descartes qui en énonçait ainsi les quatre préceptes fondamentaux dans son
« discours sur la méthode » :
▪ « ne concevoir jamais aucune chose pour vrai que je ne la connusse évidemment pour telle,
.. » L’évidence
▪ « diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait et
qu’il serait requis pour mieux les résoudre... » Le réductionnisme
▪ « conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus
aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des
plus composés... » Le causalisme
▪ « faire partout des dénombrements si entier et des revues si générales que je fusse assuré
de ne rien omettre.... » L’exhaustivité
Pour de nombreux scientifiques, le précepte réductionniste est la caractéristique essentielle de la
méthode expérimentale. C’est sa mise en application qui a conduit à une conception de la science
selon laquelle « il serait impossible de parvenir à comprendre les systèmes complexes si l’on n'avait
pas commencé au préalable par isoler les diverses parties qui les composent ».
La méthode rationaliste domine ainsi depuis plus de deux cents ans la pensée scientifique
occidentale. Elle est appliquée dans tous les domaines du savoir humain. Ses préceptes sont à
l’origine de conséquences qui n’ont pas toujours été positives. On peut notamment citer :
▪ la fragmentation du savoir en autant de domaines qu’il y a de phénomènes à étudier,
▪ l’isolement des disciplines scientifiques les unes envers les autres d’une part, et face au
monde réel d’autre part,
▪ la sur-spécialisation,
▪ une efficacité limitée face à la résolution de problèmes complexes,
▪ une difficulté grandissante pour les spécialistes à communiquer entre eux.
Dans les années 1960-1970, certains scientifiques s’interrogent sur l’incapacité manifeste des pays
les plus avancés sur le plan scientifique à résoudre les problèmes réels (par opposition aux
problèmes artificiels, de type « laboratoire ») et se demandent si la fragmentation de la science en
plusieurs disciplines isolées n’est pas une de ces principales faiblesses.
Cette analyse les incite à explorer des méthodologies susceptibles de mieux composer avec la
complexité des phénomènes qui nous entourent, sans les isoler de leur environnement. Leurs
travaux reposent essentiellement sur deux hypothèses : la première sur le fait qu’un ensemble
possède des propriétés émergentes qui se révèlent beaucoup mieux par l’étude du tout que par
celle des parties qui le constituent, la seconde sur le fait que la connaissance d’un objet doit passer
par l’étude des relations et des interactions qu’a cet objet ou cet ensemble avec son environnement.
C’est dans ce contexte que la systémique est apparue capable de combler certaines des
lacunes ou des insuffisances caractérisant l’approche expérimentale.
Les approches analytique et systémique sont fondées sur des postulats différents, préconisent des
façons différentes de percevoir la réalité et utilisent des méthodologies qui leur sont propres. Une
comparaison, faite par Joël de Rosnay (cf. tableau ci-dessous), fait bien ressortir les aspects qui les
distinguent.
Le concept moderne de système s’est peu à peu construit aux Etats Unis depuis les années 1940.
Il provient de différents domaines mais il faut signaler les contributions spéciales de la biologie, des
mathématiques, de la physique, de l’ingénierie et de la gestion. Il faut, dans ces différents domaines,
retenir les apports significatifs de Bertalanffy, Wiener, Shannon, Weaver et Forester.
Leurs travaux donnent naissance à de nouveaux outils conceptuels, à de nouvelles façons de définir
la réalité et permettent de mieux faire face à un phénomène nouveau, celui de la complexification
des ensembles avec lesquels nous devons composer.
Aux quatre préceptes de l’approche analytique énumérés précédemment, Le Moigne en propose
quatre autres qu’il qualifie de préceptes du « nouveau discours sur la méthode ».
Ces préceptes constituent de nouvelles hypothèses. Ils induisent de nouvelles règles sur la façon
de concevoir la réalité et de lui attribuer certaines propriétés.
L’approche systémique complète l’approche « rationaliste ». Elle répond notamment à la
nécessité de développer des modèles de résolution de problèmes transférables dans les conditions
du monde réel. Ses domaines d’application sont nombreux. On peut citer la sociologie, les sciences
politiques, la psychiatrie, les théories de l’information et de la communication, les automatismes ou
la biologie.
Une définition synthétique est donnée par Joël de Rosnay :
La méthode systémique est « une nouvelle méthodologie permettant de rassembler et
d’organiser les connaissances en vue d’une plus grande efficacité de l’action ».
2. LA NOTION DE SYSTEME
L’approche systémique s’appuie essentiellement sur la cybernétique et la théorie des systèmes. Il
est donc utile de rappeler ici quelques définitions relatives à ces deux termes :
2.1. Cybernétique
▪ La cybernétique est la discipline qui étudie les régulations et la communication chez les
êtres vivants et les machines construites par l’homme.
▪ Le terme de cybernétique a été inventé en 1948 par Norbert Wiener à partir du mot grec
« gubernetes », signifiant « pilote » et « gouvernail ».
▪ Cybernétique a donc la même racine que gouvernement : l’art de gérer et de conduire des
systèmes de très haute complexité.
▪ L’un des premiers mécanismes cybernétiques de régulation est le « régulateur à boule »,
inventé par James Watt en 1788, qui était destiné à assurer la régulation de vitesse d’une
machine à vapeur.
2.2. Système
▪ Le mot système dérive du grec « systema » qui signifie « ensemble organisé ».
▪ Selon Joël de Rosnay : « un système est un ensemble d’éléments en interaction
dynamique organisés en fonction d’un but ».
Des “vannes” contrôlant les débits des différents flux. Chaque vanne peut être visualisée comme
un centre de décision recevant des informations et les transformant en action : par exemple un chef
d’entreprise, une institution, un agent de transformation ou un catalyseur comme un enzyme.
Ces actions ont pour effet d’accroitre ou de diminuer l’intensité des flux.
Leur représentation symbolique est celle d’une vanne ou d’un robinet placé sur une ligne de flux.
Des “délais”, résultant des vitesses différentes de circulation des flux, des durées de stockage dans
les réservoirs, ou des “frottements” entre les éléments du système. Les délais jouent un rôle très
BIBLIOGRAPHIE.