Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2021-2022
créancier et qui lui permet d’obtenir satisfaction en cas de défaillance de son débiteur. La sûreté
s’ajoute à la créance et disparaît en principe lorsque la créance s’éteint.
Utilité de la sûreté. Elle est manifeste si on envisage la situation du créancier
chirographaire. Elle permet, d’une part, d’adjoindre un second garant à côté du débiteur. Les
chances de paiement sont dès lors multipliées et les risques d’insolvabilité dilués. D’autre part,
elle crée un droit réel accessoire sur un ou plusieurs biens du débiteur ou d’un tiers appelé
constituant. Le bien grevé, ou plutôt sa valeur, est affecté à un paiement prioritaire du créancier,
ce qui le fait échapper à la loi du concours en lui donnant une cause de préférence, et lui permet
souvent d’exercer ce droit en quelques mains qu’il se trouve : droit de suite.
Types de sûretés. A travers les sûretés, l’exécution de l’obligation fondamentale ou
principale (présente, future, conditionnelle, déterminée ou déterminable) sera garantie par
l’affectation d’un bien (sûreté réelle) ou par la substitution d’un tiers (sûreté personnelle). Les
suretés personnelles confèrent au créancier un droit personnel et chirographaire contre une
tierce personne. Les sûretés réelles lui accordent un droit réel, incluant un droit de préférence
et un droit de suite, sur un ou plusieurs biens du débiteur ou du constituant.
Encadrement des sûretés. Ces deux principales sûretés sont réglementées en droit
OHADA par l’Acte Uniforme portant organisation des sûretés. Ce texte consacre un droit des
sûretés moderne et adapté. Ce droit a une grande importance : sécuriser les bailleurs, favoriser
l’octroi de prêts, financer l’investissement et permettre le développement économique. L’Acte
Uniforme a été adopté le 15 décembre 2010 et entré en vigueur le 15 mai 2011. Il a remplacé
celui de 1997 et comporte 228 articles contenus dans six titres : Titre préliminaire : Définitions
et domaine d’application des sûretés- agents de sûretés, Titre I : les sûretés personnelles, Titre
II : les sûretés mobilières, Titre III : les hypothèques, Titre IV : Distribution des deniers et
classement des sûretés, Titre V : dispositions transitoires et finales.
Innovations du droit des sûretés OHADA. L'AUS comporte quelques innovations se
rapportant aux sûretés réelles, l'institution du débiteur professionnel et l'agent des sûretés.
Clarification du champ d’application des sûretés réelles. L’article 4 al.2 prévoit
d’ailleurs que « sauf disposition contraire du présent Acte uniforme, les seules sûretés réelles
valablement constituées sont celles qui sont régies par cet Acte ». Il est alors interdit la création
de nouvelles sûretés réelles aussi bien par les législateurs nationaux que par les parties elles-
mêmes sauf exceptions expresses : les sûretés maritime, aérienne ou fluviale et les garanties des
obligations entre établissement financiers. Il y a aussi l’extension expresse de l’objet des
suretés à tous biens présents ou futurs et à toutes obligations futures2, conditionnelles,
monétaires (compte bancaire) ou non. Une nette distinction a été entre le gage et le nantissement
fondée sur la nature corporelle (gage) ou incorporelle (nantissement) du bien donné en garantie
et non plus sur la dépossession ou la non-dépossession. De nouvelles suretés basées sur le
droit de propriété sont prévues : Cession de créances, transfert fiduciaire de sommes d’argent.
Il y a aussi simplification du mode de constitution des suretés : suppression de l’obligation
d’enregistrement sauf pour les hypothèques. On a aussi la généralisation de l’inscription de
toute sureté sans dépossession au RCCM. De même, il y a la possibilité de faire constituer,
inscrire et réaliser toute sûreté par une institution financière agissant, en son nom et en qualité
d'agent des sûretés, au profit des créanciers. Il y a enfin la possibilité de réalisation
conventionnelle (pacte commissoire3), sauf pour nantissement de fonds de commerce.
Introduction de la notion de débiteur professionnel. L’article 3 AUS apporte des
précisions. Il définit le débiteur professionnel comme « tout débiteur dont la dette est née dans
l'exercice de sa profession ou se trouve en rapport direct avec l'une de ses activités
2- 2
V. L. BLACK YONDO et autres, Le nouvel acte uniforme portant organisation des sûretés. La réforme du droit des sûretés
de l’OHADA (sous la dir. de P. CROCQ), coll. Lamy Axe Droit, Rueil-Malmaison Cedex, Lamy, 2014, p. 73
3- Le pacte commissoire est une disposition particulière du gage par laquelle il est expressément prévu au moment de la
constitution du gage ou même ultérieurement que si la créance n'est pas payée, le gagiste deviendra automatiquement
propriétaire de la chose gagée.
professionnelles, même si celle-ci n'est pas principale ». Le débiteur professionnel sera, dans
certaines circonstances, moins bien protégé que le débiteur civil ou non professionnel. Il y a
aussi le régime spécifique désormais reconnu à certains créanciers, particulièrement les
établissements de crédit qui peuvent par exemple être seules bénéficiaires en qualité de
créancier d’un transfert de créance à titre de garantie (articles 80 et suivants).
Institutionnalisation de l’agent des sûretés. Les articles 5 à 11 AUS précisent son
statut et ses missions. Ont seulement qualité d’agent de sûreté, les institutions financières ou les
établissements de crédit (art. 5 AUS). Cet agent agit en son nom mais au profit des créanciers
qui l’ont désigné. Il agit dans la limite des pouvoirs conférés dans l’acte de désignation. Il
engage sa responsabilité dans les mêmes conditions qu’un mandataire salarié (art. 11 AUS). La
mission de l’agent des sûretés consiste à constituer, inscrire, gérer ou réaliser « toute sûreté ou
autre garantie de l’exécution d’une obligation ». Il facilite la gestion des sûretés lorsque la
créance garantie est détenue par plusieurs créanciers.
Le régime juridique des sûretés. Il se trouve pour l’essentiel dans l’AUS. Mais,
d’autres disciplines enrichissent le droit des sûretés. Elles se trouvent dans d’autres actes
uniformes soit de manière implicite soit parce que l’AUS y renvoie expressément. C’est le cas
du droit du recouvrement des créances, des procédures collectives et droit commercial général.
L’Acte uniforme portant procédures collectives d’apurement du passif (AUPCAP)
réserve un sort aux sûretés en cas d’ouverture d’une procédure contre le débiteur et modifie
même le régime du classement des sûretés lorsque la distribution intervient dans le cadre d’une
procédure collective. L’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement des créances et des voies d’exécution (AUPSRVE) pose des règles applicables
à la réalisation de l’hypothèque (saisie immobilière). L’Acte uniforme relatif au droit
commercial général (AUDCG) régit le RCCM (registre du commerce et du crédit mobilier)
qui reçoit les inscriptions de toutes les sûretés mobilières. L’Acte uniforme relatif au droit
des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUSCGIE) prévoit des
dispositions complétant le régime du nantissement des titres et droit sociaux que l’AUS
énumère parmi les formes de nantissements.
Les droits nationaux restent aussi applicables en matière de sûretés. Le législateur
y renvoie expressément pour certaines questions (par exemple, la publication et l'inscription
des droits réels) ou implicitement (exemple, la détermination des règles de capacité).
Contenu du droit des sûretés. En tout état de cause, l’étude du droit des suretés nous
amène à entrevoir les suretés personnelles (Chapitre I) et les sûretés réelles (Chapitre II).
Chapitre I- Les sûretés personnelles
Définition. L’article 4 al. 1 AUS les définit comme « l’engagement d’une personne de
répondre de l’obligation du débiteur principal en cas de défaillance de celui-ci ou à première
demande du bénéficiaire de la garantie ». Les sûretés personnelles permettent au débiteur
d’offrir un second débiteur à son créancier pour garantir ses obligations autrement dit pour
réduire les risques de sa défaillance. Elles aboutissent à une multiplication des personnes et
donc des patrimoines qui peuvent répondre d’une même dette. Selon l’article 12 AUS, les
sûretés personnelles régies par l’Acte uniforme sont le cautionnement (Section I) et la garantie
autonome et la contre-garantie (Section II).
Section I- Le cautionnement
Définition. Il est défini à l’article 13 de l’AUS comme un contrat par lequel la caution
s'engage, envers le créancier qui accepte, à exécuter une obligation présente ou future contractée
par le débiteur, si celui-ci n'y satisfait pas lui-même4. Cet engagement peut être contracté sans
4- V. I. YANKOBA NDIAYE, « Le cautionnement dans l’Acte uniforme : un contrat défiguré ou revigoré ? », Revue 3
Sénégalaise de droit des affaires, n°1, janvier-mars 2003, pp. 5 et s. ; Ph. TIGER, « Douze questions sur le cautionnement et
leur solution en droit OHADA », Penant, n° spécial 840, Sûretés et garanties bancaires, p. 416.
ordre du débiteur5. Le cautionnement est une opération triangulaire à laquelle interviennent trois
parties : la caution, le créancier et le débiteur principal.
6
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
représentant n’ayant pas pouvoir pour engager la personne morale débitrice7, demeure valable,
dès lors que l’obligation principale est valable. De même, en dépit de la nullité de l’obligation
principale, le cautionnement est maintenu si la personne débitrice a confirmé cette obligation
et que la caution a expressément renoncé à se prévaloir de la nullité de ladite obligation.
3- La solvabilité de la caution
Une garantie légale. La solvabilité est l’aptitude qu'a une personne de payer ses dettes.
Ayant suffisamment de ressources financières, elle peut faire face à tous ses engagements. La
solvabilité de la caution est un des éléments importants du droit des sûretés pour qu'un individu
puisse se porter caution. L’article 15 de l’AUS impose la solvabilité de la caution ou présente
des garanties de solvabilité. A défaut, le créancier est en droit de la refuser même si une sûreté
réelle pourra être proposée, dans ce cas. La solvabilité de la caution doit être permanente et pas
seulement à la constitution. Alors, en cas de survenance ultérieure de l’insolvabilité, le débiteur
doit remplacer cette caution par une autre ou par une sûreté réelle.
Exception. La seule exception concerne le cas du créancier qui a subordonné son
consentement au contrat principal à l’engagement d’une caution nommément désignée. Dans
ce cas, la caution doit être maintenue en dépit de son insolvabilité.
4- La validité de l’obligation principale
Consécration. Il ressort des dispositions de l’article 17 AUS que le cautionnement ne
peut exister que si l’obligation principale garantie est valablement constituée.
Exception. Toutefois, il est possible de cautionner, en parfaite connaissance de cause,
les engagements d’un incapable. La confirmation, par le débiteur, d’une obligation entachée de
nullité relative, ne lie pas la caution, sauf renonciation expresse, par la caution, à cette nullité.
Le défaut de pouvoir du représentant pour engager la personne morale débitrice principale ne
peut être invoqué par la caution de celle-ci que si l’obligation principale n’est pas valablement
constituée, sauf lorsque la personne morale débitrice principale a confirmé cette obligation et
que la caution a expressément renoncé à se prévaloir de la nullité de ladite obligation.
Par ailleurs, à la demande de la caution, l’acte constitutif de l’obligation principale
est annexé à la convention de cautionnement (Art. 18 al. 2 AUS).
B- L’acte de cautionnement
Formalisme. L’opération de cautionnement est constatée par écrit ayant une valeur
probatoire (1) mais cette formalité peut faire l’objet d’une substitution (2). L’acte de
cautionnement permet de savoir l’étendue de l’engagement de la caution (3).
1- L’établissement d’un écrit ayant une valeur probatoire
Exigence légale. Il ressort de l’article 14 AUS que : « Le cautionnement ne se présume
pas, quelle que soit la nature de l’obligation garantie. Il se prouve par un acte comportant la
signature de la caution et du créancier ainsi que la mention, écrite de la main de la caution, en
toutes lettres et en chiffres, de la somme maximale garantie couvrant le principal, les intérêts
et autres accessoires. En cas de différence, le cautionnement vaut pour la somme exprimée en
lettres ». L’écrit peut être constitué par un acte sous seing privé ou par un acte notarié.
Contenu et fonction probatoire de l’écrit. Ainsi, le cautionnement ne se présume pas.
L’écrit est important car permettant de prouver le contrat s’il comporte les mentions exigées
par l’article 14 ci-dessus cité : la signature des deux parties et la mention manuscrite de la
caution où il doit écrire de sa main, le montant de la somme qu’elle a accepté de garantir. Elle
doit porter sur la somme maximale garantie couvrant le principal, les intérêts et autres
accessoires. Cette formalité ne constitue pas une condition de validité du cautionnement.
2- La substitution de l’écrit
Caution illettrée. Lorsque la caution ne sait ou ne peut écrire, une formalité de
substitution a été instaurée par l’article 14 alinéa 3. Elle sera assistée de deux témoins dont le
7- Par exemple, les actes accomplis en dépassement de l’objet social d’une société lui sont opposables, en principe. 7
rôle est non pas de porter la mention en ses lieu et place mais de certifier son identité et sa
présence et d’attester que la nature et les effets de l’acte lui ont été précisés.
Paragraphe II- Les effets du cautionnement
Du point de vue de sa configuration, les effets du cautionnement se déploient dans son
cadre triangulaire. Ainsi, d’un côté, il y a les effets dans les rapports entre caution et créancier
et de l’autre dans la relation entre la caution et le débiteur. De ces rapports découlent des droits
aménagés au profit du créancier, principalement un droit de poursuite (A) et d’autres au profit
de la caution (B).
A- Le droit de poursuite du créancier contre la caution
Définition. C’est le droit permettant au créancier de réclamer paiement à la caution en
cas de non-paiement de la dette par le débiteur principal.
Usage. Le droit de poursuite ne peut être utilisé que si certaines conditions sont
respectées (1). L’usage de ce droit connaît un dénouement (2).
1- Les conditions de la poursuite contre la caution
Le droit de poursuite ne peut être mis en œuvre que dans les conditions légalement
définies par la loi : l’exigibilité de la dette (a) et la défaillance du débiteur principal (b).
a- L’exigibilité de la dette
Signification. La caution ne peut être poursuivie que si la dette contractée par le débiteur
principal est arrivée à terme. Ce droit au créancier de poursuivre un tiers (caution) trouve sa
cause dans le rapport juridique entre le créancier et le débiteur principal.
Difficultés. Deux difficultés peuvent se présenter dans l’exercice des poursuites :
survenance de déchéance du terme ou prorogation de celui-ci.
Prorogation du terme. La prorogation du terme accordée au débiteur principal par le
créancier doit être notifiée par ce dernier à la caution. Celle-ci est en droit de refuser le bénéfice
de cette prorogation et de poursuivre le débiteur pour le forcer au paiement ou obtenir une
garantie ou une mesure conservatoire (Art. 23 al. 3 AUS).
Déchéance du terme. Il en est ainsi si le débiteur principal, pour diverses raisons, doit
payer avant l’échéance. Cette situation ne s’étend pas automatiquement à la caution, nonobstant
toute clause contraire, selon l’article 23 al.4 AUS. En effet, la caution ne peut être requise de
payer qu’à l’échéance initialement fixée. Toutefois, la caution encourt la déchéance du terme
si, après mise en demeure, elle ne satisfait pas à ses propres obligations à l’échéance fixée.
b- La défaillance du débiteur principal
Exigence. La caution n’est tenue de payer la dette qu’en cas de non-paiement du
débiteur. C’est la conséquence du caractère accessoire et subsidiaire du contrat de
cautionnement. La défaillance prouvée du débiteur principal est un préalable à la poursuite de
la caution. Cette défaillance doit être constatée et la caution doit en être informée.
Constatation de la défaillance par la mise en demeure. Le créancier ne peut
entreprendre de poursuites contre la caution qu’après une mise en demeure (Art. 23 al. 2).
Information de la défaillance du débiteur à la caution (Art. 24 AUS). Dans le mois
de la mise en demeure de payer adressée au débiteur principal et restée sans effet, le créancier
doit informer la caution de la défaillance en lui indiquant le montant restant dû en principal,
intérêts et autres accessoires à la date de cet incident de paiement. A défaut, la caution ne saurait
être tenue au paiement des pénalités ou intérêts de retard échus entre la date de cet incident et
la date à laquelle elle en a été informée. Toute clause contraire est réputée non écrite.
2- Le dénouement de la poursuite
Lorsque la caution est poursuivie, c’est pour qu’elle paie. Elle peut donc réagir
positivement en payant la dette du débiteur principal (a) ou négativement en opposant au
créancier certains moyens de défense (b).
8
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
8-V. art. 29, al.1 AUS révisé ; Cour d'Appel d'Abidjan, arrêt n°364 du 24 décembre 2010, 1. Mme D. épse K., 2. M. D. c/ 9
BICICI, Le Juris Ohada n° 3/2011, Juillet-Septembre 2011, p. 34, www.ohada.com, Ohadata J-12-160.
demander la division de la dette entre les cautions solvables au jour où l’exception est invoquée.
La caution ne répond pas des insolvabilités des autres cautions survenues après la division. Le
créancier qui divise volontairement son action ne peut revenir sur cette division et supporte
l’insolvabilité des cautions poursuivies sans pouvoir la reporter sur les autres cautions.
Recours aux moyens de défense de fond. Il s’agit de tout autre argument susceptible
d’être utilisé par la caution pour discuter du bienfondé ou de l’existence du cautionnement.
Formation d’une demande reconventionnelle. Ici, la caution ne va pas seulement
demander le rejet de la demande adverse mais elle demande quelque chose en plus.
B- L’aménagement de droits au profit de la caution
Eléments. Au-delà du droit de se défendre, l’AUS octroie à la caution un droit à
l’information (1) et un droit de recours en paiement (2).
1- Le droit à l’information de la caution
Consécration. Ce droit est consacré par l’article 25 de l’AUS, notamment en son
premier alinéa9. Le créancier est tenu, dans le mois qui suit le terme de chaque semestre civil à
compter de la signature du contrat de cautionnement, de communiquer à la caution un état des
dettes du débiteur principal précisant leurs causes, leurs échéances et leurs montants en
principal, intérêts, et autres accessoires restant dus à la fin du semestre écoulé, en lui rappelant
la faculté de révocation par reproduction littérale des dispositions de l’article 19 de l’Acte
uniforme. Toute clause contraire est réputée non écrite.
2- Le droit de recours en paiement de la caution
Contenu. Ce droit peut être utilisé par la caution contre le débiteur (b) ou contre les
autres cautions (b).
a- Le recours en paiement contre le débiteur
Recours avant et après paiement. La loi octroi à la caution un recours après paiement
contre le débiteur principal mais la loi lui permet aussi d’agir contre le débiteur principal par
anticipation (avant paiement).
Recours après paiement (recours normal). La caution qui a payé peut réclamer
remboursement au débiteur. Ce recours en remboursement ne peut être exercé que si deux
conditions sont observées : la caution a payé en sa qualité de caution intégralement et
valablement et elle a agi contre le débiteur principal dans les délais de prescription.
Types de recours. La caution dispose d’un recours personnel et d’un recours
subrogatoire. Théoriquement, ces deux recours sont distincts mais en pratique ils se confondent
puisque la caution demandant le remboursement des sommes payées (en principal, en intérêts
et en frais engagés) en invoquant son droit de créancier chirographaire (recours personnel)10,
va aussi se prévaloir des droits et sûretés dont bénéficiait le créancier (recours subrogatoire)11.
Recours avant paiement (recours exceptionnel). Ici il n’y a pas eu de paiement
néanmoins le débiteur principal peut se voir sanctionner par la caution aux fins d’indemnisation.
Pour indemniser quoi ? L’une des idées serait de permettre à la caution, par anticipation
d’obtenir le produit de son futur recours. Cela conduit à imposer au débiteur principal un
paiement. On a proposé de voir dans cette faveur, une possibilité pour la caution d’agir à titre
conservatoire. L’article 35 AUS a énuméré de manière limitative quatre hypothèses dans
lesquelles le débiteur peut être poursuivi par la caution avant paiement :
- lorsque le débiteur est en état de cessation de paiement ou est en déconfiture.
- lorsque la caution est poursuivie en paiement. Ici, elle appelle en garantie le débiteur
principal sauf si celui-ci est soumis à une procédure collective.
- lorsque le débiteur est obligé de lui rapporter sa décharge dans un certain temps.
9- 10
P. NKOU MVONDO, L'information de la caution dans le nouveau droit des sûretés des Etats africains, in
https://www.ohada.com/documentation/doctrine/ohadata/D-06-33.html.
10- Art. 32 AUS.
11- Art. 31 AUS.
- lorsque la dette est devenue exigible par l’échéance du terme. Ici, la caution ne souhaite
pas continuer à assumer le risque d’insolvabilité du débiteur.
b- Le recours contre les autres cautions ou cofidéjusseurs
Admission. Dans l’hypothèse d’une pluralité de cautions, la caution qui aura payé
l’intégralité de la dette disposera d’un recours contre les autres cautions. D’après l’article 34
AUS : « Lorsqu’il existe plusieurs cautions simples ou solidaires pour une même dette, si l’une
des cautions a utilement acquitté la dette, elle a un recours contre les autres cautions, chacune
pour sa part et portion ». Il s’agit d’un recours personnel et subrogatoire. Mais, ici la caution
devra diviser ses poursuites.
Paragraphe III- L’extinction du cautionnement
Identification. L’extinction est la disparition du lien juridique entre le créancier et le
débiteur. L’extinction du cautionnement du cautionnement est régie par les articles 36 à 38 de
l’Acte uniforme révisé portant organisation des sûretés. Le cautionnement s’éteint par voie
principale : le cautionnement s’éteint, mais non la dette garantie (A) et par voie accessoire : le
cautionnement s’éteint par suite de l’extinction de l’obligation principale (B).
A- L’extinction indépendamment de l’obligation principale : l’extinction principale
Explication. Ici, l’engagement de la caution s’éteint à titre principal, alors que
l’obligation principale n’est pas encore éteinte. La caution oppose une exception personnelle.
Modalités. L’extinction peut alors résulter, soit d’une cause de droit commun (1), soit
d’une cause propre au cautionnement (2).
1- L’extinction pour causes de droit commun
Appréciation. Les causes s’apprécient selon que l’obligation de la caution porte sur des
dettes présentes : obligation de règlement (a) ou futures : obligation de couverture (b).
a- L’extinction de l’obligation de règlement
Définition. L’obligation de règlement est l’obligation qui pèse sur la caution de régler
les dettes effectivement nées entre le débiteur et le créancier. Elle s’éteint par toutes les causes
qui éteignent une obligation de somme : le paiement et les autres modes.
Extinction par paiement. L’extinction du cautionnement peut résulter du paiement
effectué par la caution. Le paiement est l’exécution volontaire de l’obligation par la caution.
Autres modes d’extinction. Ils sont énoncés à l’article 37 de l’AUS. On a la
compensation, la remise de dette et la confusion. La compensation est l’extinction de deux
dettes réciproques jusqu’à concurrence de la plus faible. La remise de dette est l’acte par lequel
le créancier accorde à la caution réelle, une réduction partielle ou totale de la dette. La confusion
consiste en la réunion, en la même personne, des qualités de créancier et de débiteur. A ces
modes, on peut ajouter la prescription et le défaut de production ou de déclaration dans une
procédure intéressant la caution. Le cautionnement peut aussi s’éteindre à la suite de
l’extinction de l’obligation de couverture.
Effets de l’extinction de l’obligation de règlement. Sur le débiteur principal : la
libération de la caution, à titre principal, ne le libère. S’il y a eu paiement ou compensation, la
caution dispose alors d’un recours contre lui. Le créancier disposera d’une créance
chirographaire, si la caution a été libéré sans qu’il ne soit satisfait. Situation des cofidéjusseurs
: la libération de l’une des cautions, à titre principal, ne libère pas les autres. Si l’un des
cofidéjusseurs a intégralement payé le créancier, il dispose d’un recours contre les autres pour
ce qu’il a payé au-delà de sa part. Si le créancier n’est pas satisfait par la caution libérée, il
conserve ses droits contre les cofidéjusseurs non libérés. Si les cofidéjusseurs sont solidaires :
la libération de l’un profite aux autres, en ce que le créancier ne peut réclamer aux autres la part
du libéré. Faudrait-il encore que le créancier ait été satisfait ?
11
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
12
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
l’accord des parties, de l’objet, de la cause, des modalités ou des sûretés auxquelles le cautionnement était assorti.
14- La révision des anciennes dispositions relatives à la « lettre de garantie » avait pour but de les mettre au niveau des standards
internationaux, car l’expression «lettre de garantie», ne prenait pas en compte toutes les subtilités d’application de ces garanties.
fait intervenir trois personnes que sont le donneur d’ordre, le garant et le bénéficiaire. Elle est
une sûreté personnelle du fait qu’elle ajoute au premier débiteur (le tiers), un second débiteur,
le garant. Le garant ne s’engage pas à payer la dette garantie. Il a pour objet une somme d’argent
autonome détachée de la dette garantie. Ainsi, le garant ne peut opposer aucune exception née
de la dette garantie.
La contre-garantie autonome. Selon l’article 39 AUS, la contre-garantie autonome est
l’engagement par lequel le contre-garant s’oblige, en considération d’une obligation souscrite
par le donneur d’ordre et sur instructions de ce donneur d’ordre, à payer une somme déterminée
au garant, soit sur première demande de la part de ce dernier, soit selon des modalités
convenues. Il faut préciser que le contre-garant garantit les engagements du garant. C’est aussi
sûreté personnelle partageant les mêmes règles que la garantie autonome, comme dit ci-dessus.
2- La distinction des garantie et contre-garantie autonomes du cautionnement
Critères de distinction. L’autonomie, l’inopposabilité des exceptions, l’irrévocabilité
et incessibilité de la garantie et contre garantie autonome caractérisent la garantie autonome et
permettent de la distinguer nettement du cautionnement. Elles restent une alternative au
cautionnement présentant des faiblesses résultant de sa nature d’engagement accessoire.
La garantie et la contre-garantie sont autonomes : elles créent des engagements
autonomes, distincts des conventions, actes et faits susceptibles d’en constituer la base15.
L’inopposabilité des exceptions : le contrat de garantie est effectivement un
engagement autonome, le garant ne peut pas imposer au bénéficiaire les exceptions qu’il
pouvait évoquer devant le donneur d’ordre.
L’irrévocabilité des engagements : les instructions du donneur d’ordre, la garantie et
la contre-garantie sont irrévocables une fois données dans le cas d’une garantie ou d’une contre-
garantie autonome à durée déterminée. Cependant, celles à durée indéterminée peuvent être
révoquées par le garant ou le contre-garant respectivement16.
L’incessibilité de la garantie et contre garantie autonome : selon l’article 42 AUS,
sauf clause ou convention contraire expresse, le droit à garantie du bénéficiaire n’est pas
cessible. Toutefois, l’incessibilité du droit à garantie n’affecte pas le droit du bénéficiaire de
céder tout montant auquel il aurait droit à la suite de la présentation d’une demande conforme
au titre de la garantie.
B- L’utilisation de la garantie autonome
Situation. Les garanties demeurent très utilisées aujourd’hui dans les transactions. En
pratique, on peut recourir à plusieurs types de garanties peuvent être utilisées (2) comme
garanties renforcées (1).
1- L’utilisation de la garantie autonome comme garantie renforcée
Utilité. L’utilité de cette sûreté réside dans l’automaticité du paiement. Elle permet au
créancier d’obtenir immédiatement du garant sans retard et contestation. Il est ainsi épargné des
incertitudes, délais et coûts financiers, exposés par le cautionnement, sûreté accessoire.
Genèse et essor. En raison des sommes en jeu parfois considérables et les risques de
contestation multiples, la garantie autonome est d’abord apparue dans la pratique du commerce
international. Cette sureté s'est ensuite développée en droit interne pour réagir au phénomène
de surprotection de la caution.
Sur les marchés internationaux. La garantie autonome est née de la pratique bancaire
internationale dans les années 1960. L’idée était de créer une puissante garantie de paiement,
détachée du contrat de base, qui ne soit pas cependant aussi contraignante pour le débiteur que
la consignation d’une somme d’argent, c’est-à-dire un gage espèce. Elle se substitue dans
certains cas au crédit documentaire, au cautionnement bancaire et parfois au dépôt de garantie.
15
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
17-M. SAMB, La révision des droits des sûretés en droits OADA. Revue de droit uniforme Africain/Actualité trimestriel de 16
droit et de jurisprudence numéro 005, 2011.
Mesures en vue du paiement. D’abord, le garant doit disposer d’un délai de 5 jours
ouvrés pour examiner la conformité des documents produits par rapport à ce qui a été prévu
dans le contrat. Il ne peut rejeter la demande qu’à condition de notifier au bénéficiaire, au plus
tard à l’expiration ce délai, les irrégularités justifiant le rejet. Ensuite, le garant doit transmettre
copie de la demande ainsi que les documents au donneur d’ordre pour information. Enfin, le
garant doit aviser le donneur d’ordre de toute réduction du montant de la garantie ainsi que de
tout acte ou évènement y mettant fin à l’exception de la date de fin de validité.
2- Le recours du garant ou du contre garant
Exigence d’un paiement conforme aux termes de la garantie. Le garant ou le contre-
garant qui a fait un paiement conformément aux termes de garantie ou de la contre-garant
autonome dispose des mêmes recours que la caution contre le donneur d’ordre18. Ainsi, à
condition que le paiement soit conforme aux termes de la garantie, il doit être indemnisé par le
donneur d’ordre même s’il n’a pas payé la dette d’autrui mais sa propre dette.
Obligation de rembourser du donneur d’ordre. Dès lors que le paiement est
conforme, le donneur d’ordre devra indemniser le garant ou le contre-garant. L’article 47 est
clair et précis, le donneur d’ordre ne peut faire défense de payer au garant ou au contre-garant
que s’il y a demande de paiement du bénéficiaire manifestement abusive ou frauduleuse. On
estime qu’il y a abus en règle générale lorsqu’on constate que le bénéficiaire de la garantie a
usé de son droit d’une manière fautive et contraire à la finalité de celui-ci. Il doit résulter de
l’abus un préjudice pour le donneur d’ordre. Il y a fraude, cependant, en cas de détournement
du droit par diverses manœuvres du bénéficiaire dans l’intention de nuire au donneur d’ordre.
Chapitre II- Les suretés réelles
Définition. Selon l’article 4 al. 2 AUS, elles « consistent soit dans le droit du créancier
de se faire payer par préférence sur le prix de réalisation d'un bien affecté à la garantie de
l'obligation de son débiteur, soit dans le droit de recouvrer la libre disposition d'un bien dont
il est propriétaire à titre de garantie de cette obligation ». La sûreté peut porter sur toutes sortes
de biens (isolées, regroupées en un ensemble, tout le patrimoine, bien présent ou futur). L’AUS
n’a pas consacré un titre spécifique aux sûretés réelles comme il l’a fait pour les sûretés
personnelles. Pourtant, on retrouve dans le texte les dispositions consacrées à toutes les sûretés
réelles aussi bien les sûretés mobilières (Section II) que les sûretés immobilières (Section I).
Section I- Les sûretés réelles immobilières : l’hypothèque (Art. 190 à 223 AUS)
Définition. Seule sûreté immobilière, selon l’article 190 AUS, l’hypothèque consiste en
« l’affectation d’un immeuble déterminé ou déterminable appartenant au constituant en
garantie d’une ou de plusieurs créances, présentes ou futures à condition qu’elles soient
déterminées ou déterminables ». Elle n’emporte pas spoliation immédiate comme l’antichrèse.
Caractères. Elle est spéciale en ce qu’elle ne peut porter que sur un immeuble
appartenant au constituant. Elle est aussi indivisible, car subsistant totalement sur les
immeubles affectés jusqu’à complet paiement.
Régime. A côte de l’AUS, des lois nationales (publicité foncière), l’AUPSRVE (saisie
immobilière) et l’AUPCAP (sort de l’hypothèque dans les procédures collectives) prévoient des
règles applicables à cette sûreté.
Règles d’encadrement. L’AUS prévoit pour l’essentiel les règles de constitution des
hypothèques (Paragraphe I) ainsi que leur sort (Paragraphe II).
Paragraphe I- La constitution de l’hypothèque
Exposé. Il ressort de l’article 190 AUS que l’hypothèque est constituée pour garantir
une créance présente (concomitante à la constitution de l’hypothèque) future ou antérieure19.
18- 17
Art. 48 AUS.
19- Mais, dans cette dernière hypothèse, la constitution de l’hypothèque peut donner lieu à quelques difficultés si le débiteur
fait l’objet d’une procédure collective. Il résulte de l’article 68 de l’AUPCAP que l’hypothèque consentie par le débiteur pour
dette antérieure est déclarée inopposable lorsqu’elle l’a été pendant la période suspecte.
La constitution peut se faire suivant plusieurs modalités (A), porter sur plusieurs biens
immeubles (B) et suivant un acte (C).
A- Les modalités de constitution de l’hypothèque
Pluralité d’hypothèques. L’hypothèque est légale, conventionnelle ou judiciaire, selon
le dernier alinéa de l’article 190 AUS. Mais, suivant sa constitution, elle est considérée comme
conventionnelle ou forcée. Elle est conventionnelle, si elle s’est constituée avec le consentement
du constituant20 (1). Elle est forcée, s’il n’y a pas eu consentement de ce dernier (2).
1- La constitution avec consentement du constituant : l’hypothèque conventionnelle
Hypothèque de droit commun. Sauf disposition contraire, les règles applicables aux
hypothèques conventionnelles s’appliquent également aux hypothèques forcées21.
Définition. Si l’on s’en tient aux dispositions de l’article 203 AUS, c’est une
hypothèque volontairement consentie par une personne qui est titulaire du droit réel immobilier
régulièrement inscrit et capable d’en disposer.
Capacité du constituant. Aux termes de l’article 203 AUS, le constituant doit être
capable de disposer du droit réel immobilier lui appartenant. En l’espèce, sachant que
l’hypothèque peut aboutir à l’aliénation de l’immeuble, on applique ici les règles générales
d’incapacité pour les mineurs et les majeurs sous protection. La plupart des législations
prévoient que le tuteur ne peut hypothéquer les biens du mineur ou du majeur sous protection
sans autorisation du conseil de famille ou du juge.
Pouvoir de constituer une hypothèque. Il est surtout abordé dans les régimes
matrimoniaux, le droit des sociétés et de l’entreprise en difficultés. Dans les régimes
matrimoniaux, les lois nationales précisent les règles concernant l’hypothèque donnée par un
époux sur les biens dans les régimes de communauté. En droit des sociétés, il faut surtout
savoir l’étendue des pouvoirs des dirigeants sociaux pour engager les biens sociaux et par
conséquent de les donner en garantie. Dans les procédures collectives, les pouvoirs pour
constituer une hypothèque sont affectés. Dans le règlement préventif, il y a interdiction faite au
débiteur de constituer des sûretés (art. 11 AUPCAP). Dans le redressement judiciaire, la
constitution de l’hypothèque se fait sous l’assistance du syndic (art. 52 AUPCAP). Dans la
liquidation des biens, le débiteur étant remplacé par le syndic (art. 53 AUPCAP) ; seul celui-ci
peut consentir une hypothèque, si la continuation de l’activité est autorisée.
Somme garantie. L’hypothèque conventionnelle doit être consentie pour une somme
déterminée ou au moins déterminable en principal et portée à la connaissance des tiers par
l’inscription de l’acte. Le débiteur aura droit, s’il y a lieu, par la suite, de requérir la réduction
de cette somme en se conformant aux règles de la publicité foncière prévues à cet effet22.
2- La constitution sans consentement du constituant : l’hypothèque forcée
Deux catégories. L’hypothèque forcée est celle qui est conférée, sans le consentement
du débiteur soit par la loi (a), soit par une décision de justice (b).
a- L’hypothèque forcée légale
Pluralité d’hypothèques légales. Leur constitution est imposée par la loi. Il y en a
plusieurs, selon les articles 210 à 212 AUS : hypothèque légale de la masse des créanciers
prévue par l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du
passif, du vendeur, l’échangiste ou le copartageant, de celui qui fournit les deniers pour
l’acquisition d’un immeuble vendu, échangé ou partagé, des architectes, entrepreneurs et
autres personnes employées pour édifier, réparer ou reconstruire des bâtiments et de celui qui
fournit les deniers pour payer ou rembourser les architectes, entrepreneurs et autres personnes
employées pour édifier, réparer ou reconstruire des bâtiments.
20- Le constituant est celui qui consent une hypothèque sur l’immeuble lui appartenant. Il peut s’agir du débiteur ou d’un 18
tiers, qui est alors appelé caution réelle.
21- Art. 191 AUS.
22- Art. 204 AUS.
19
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
leur définition, ces types d’immeubles se subdivisent en biens corporels (Immeubles par nature
et par destination) et en biens incorporels (Immeubles par l’objet). Ces biens, lorsqu’ils sont
affectés à la constitution de l’hypothèque, doivent appartenir au constituant (1) même s’il n’y a
que certains qui rentreront dans l’assiette de l’hypothèque (2)
1- L’appartenance des immeubles affectés au constituant
Une exigence légale. Elle ressort d’abord de la définition de l’hypothèque par l’article
190 AUS. Ce texte, pour rappel, définit l’hypothèque comme l’affectation d’un immeuble
déterminé ou déterminable appartenant au constituant en garantie d’une ou plusieurs créances.
De même, dans la définition l’hypothèque conventionnelle, hypothèque de droit commun, on
retrouve cette même exigence. En effet, l’hypothèque conventionnelle ne peut être consentie
que par celui qui est titulaire du droit réel immobilier. Il en est de même des hypothèques
forcées, d’ailleurs.
Preuve de l’appartenance. S’il s’agit d’un droit de propriété (preuve d’un immeuble
par nature), le constituant doit apporter la preuve de la propriété, c’est-à-dire, en pratique,
fournir le titre foncier qui constitue la preuve de propriété dans la plupart des droits nationaux.
Hypothèque constituée sur la chose d’autrui. Elle est nulle et de nullité absolue pour
défaut d’objet. La confirmation est exclue. En effet, si par la suite le constituant acquiert la
propriété de l’immeuble, l’hypothèque ne sera pas consolidée, restera nulle. Cependant, il n’y
a pas de nullité si le tiers est détenteur d’un mandat donné par acte notarié lorsque cette forme
est exigée pour la constitution de l’hypothèque.
Cas spéciaux. Les biens affectés peuvent appartenir exclusivement au constituant ou
non. Ce dernier cas est relatif à celui du propriétaire conditionnel et du propriétaire indivis.
Le propriétaire conditionnel. Le propriétaire sous condition suspensive, résolutoire ou
rescisoire peut hypothéquer son bien, mais l’hypothèque qu’il constitue est soumise aux mêmes
conditions, résolutions ou rescisions, selon l’article 194 al. 1 AUS. Par exemple, lorsque
l’hypothèque est constituée sur un bail emphytéotique soumis à une condition résolutoire, la
réalisation de cette condition anéantit rétroactivement l’hypothèque constituée sur ce droit.
Le propriétaire indivis. L’article 194 AUS prévoit les règles applicables. Il faut
distinguer l’hypothèque consentie par tous les indivisaires ou par l’un d’eux.
Hypothèque consentie par tous les indivisaires. Ici, l’hypothèque conserve son effet
quel que soit le résultat du partage.
Hypothèque consentie par un seul indivisaire. Ici, on peut avoir deux situations :
l’indivisaire hypothèque seul la chose indivise ou il hypothèque sa cote- part indivise.
L’indivisaire hypothèque seul la chose indivise. Ici, l’hypothèque ne conserve son
effet que si l’indivisaire qui l’a consentie est, lors du partage, alloti de l’immeuble indivis ou,
lorsque l’immeuble est licité à un tiers, si cet indivisaire est alloti du prix de la licitation.
L’indivisaire hypothèque sa cote- part indivise. L’hypothèque ne conserve son effet
que dans la mesure où l’indivisaire qui l’a consentie est, lors du partage, alloti du ou des
immeubles indivis ; elle le conserve alors dans toute la mesure de cet allotissement, sans être
limitée à la quotepart qui appartenait à l’indivisaire qui l’a consentie ; lorsque l’immeuble est
licité à un tiers, elle le conserve également si cet indivisaire est alloti du prix de la licitation.
2- Les biens immeubles rentrant dans l’assiette de l’hypothèque
Fondement. Les dispositions de l’article 192 alinéa 2 AUS déterminent les biens
immeubles qui peuvent rentrer dans l’assiette de l’hypothèque. Il s’agit de biens immeubles
corporels, notamment les immeubles par nature (a) et de biens immeubles incorporels : les
droits réels immobiliers (b).
a- Les immeubles par nature
Admission des immeubles par nature et exclusion des immeubles par destination.
L’hypothèque ne peut porter que sur un immeuble par nature, bâti (maison, usine, etc.) ou non
20
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
bâti (terrain nu, plantation, etc.). L’immeuble par destination qui est un meuble affecté à un
immeuble auquel il s’incorpore ne peut pas, pris isolément, être grevé d’une sûreté23.
Immeuble dans le commerce juridique. Cela signifie qu’il doit être disponible. Ne
peuvent alors rentrer dans l’assiette de l’hypothèque, les immeubles inaliénables ou
insaisissables. C’est le cas des immeubles du domaine public, biens de famille, immeubles
frappés d’une clause d’inaliénabilité.
Immeuble présent et immatriculé. C’est une exigence de l’article 192 alinéa 1 AUS
qui dispose que : « sauf disposition contraire, seuls les immeubles présents et immatriculés
peuvent faire l’objet d’hypothèque ». Cependant, l’exigence d’un immeuble présent pour la
formation de l’assiette n’est pas une règle absolue. Selon l’article 203 alinéa 2, l’hypothèque
peut être consentie sur des immeubles à venir dans les cas et conditions ci-après :
1° celui qui ne possède pas d’immeubles présents et libres ou qui n’en possède pas en
quantité suffisante pour la sûreté de la créance peut consentir que chacun de ceux qu’il acquerra
par la suite sera affecté au paiement de celle-ci au fur et à mesure de leur acquisition ;
2° celui dont l’immeuble présent assujetti à l’hypothèque a péri ou subi des dégradations
telles qu’il est devenu insuffisant pour la sûreté de la créance le peut pareillement, sans
préjudice du droit pour le créancier de poursuivre dès à présent son remboursement ;
3° celui qui possède un droit réel lui permettant de construire à son profit sur le fonds
d’autrui, sur le domaine public ou sur le domaine national peut hypothéquer les bâtiments et
ouvrages dont la construction est commencée ou simplement projetée ; en cas de destruction de
ceux-ci, l’hypothèque est reportée de plein droit sur les nouvelles constructions édifiées au
même emplacement.
Extension. La sûreté immobilière s’étend également, aux termes de l’article 192 AUS,
aux améliorations et constructions survenues à l’immeuble. Est amélioration tout ce qui est
ajouté au support fondamental originaire. De même, les fruits et les produits tant qu’ils sont
pendants (fruits non détachés) sont grevés par la sûreté.
b- Les droits réels immobiliers
Domaine. Ces droits portent sur les immeubles (immeubles par l’objet). Ils sont retenus
par l’article 192 alinéa 2-2° AUS qui de droits réels immobiliers régulièrement inscrits aux
livres fonciers selon les prescriptions de la législation foncière. Il s’agit, notamment de
l’usufruit, du droit de superficie, des droits du bénéficiaire d'un bail emphytéotique. Il y a aussi
les droits soumis à une condition suspensive ou résolutoire et les droits immobiliers indivis.
Extension. Exceptionnellement, l’article 197 alinéa 3 prévoit que la sûreté peut porter
sur les biens substitués ou sur les sommes représentant la valeur de l’immeuble. Par exemple,
l’indemnité versée en cas d’expropriation pour cause d’utilité publique, celle versée par
l’assureur en cas d’incendie de l’immeuble hypothéqué s’il y a eu une assurance-incendie.
C- L’acte de constitution
Formalisme obligatoire. Deux formalités devront être respectées dans l’acte de
constitution de l’hypothèque : établissement d’un écrit (1) et inscription de l’hypothèque (2).
1- L’établissement d’un écrit
Fondement. C’est une exigence posée par l’article 205 AUS régissant l’hypothèque
conventionnelle, hypothèque de droit commun. Ce texte exige l’établissement d’un acte écrit
dont la nature dépend des dispositions nationales applicables et plus particulièrement de la loi
du lieu de situation de l’immeuble. L’écrit peut prendre deux formes : acte authentique établi
par le notaire territorialement compétent ou par une autorité administrative ou judiciaire
habilitée à faire de tels actes et acte sous seing privé dressé suivant un modèle agréé par la
conservation de la propriété foncière. La procuration donnée à un tiers pour constituer une
hypothèque en la forme notariée doit être établie en la même forme.
L’article 192 AUS vise les fonds bâtis ou non bâtis et leurs améliorations ou constructions survenues, à l’exclusion des
23- 21
meubles qui en constituent l’accessoire (Immeubles par destination).
Contenu. Quelle que soit la forme de l’écrit, il devra comporter les éléments relatifs à
l’identité des parties, notamment le constituant de l’hypothèque, à la créance garantie et à
l’assiette de la garantie (tout en notant que la sûreté peut porter sur les immeubles futurs).
2- L’inscription de l’hypothèque
Une formalité obligatoire. Elle est consacrée par l’article 195 de l’AUS pour les
hypothèques conventionnelles et judiciaires. Pour les hypothèques légales, elle s’impose aussi.
Les hypothèques doivent être inscrites pour devenir opposables aux tiers.
Utilité. L’inscription assure la publicité de l’hypothèque : c’est le seul mode légal de
publicité. La publicité renseigne les éventuels acquéreurs de l’immeuble, les prêteurs de deniers
et généralement les tiers sur la situation de l’immeuble.
Réalisation de l’inscription. Elle obéit aux règles de publicité édictées par l’Etat Partie
où est situé le bien grevé. Elle sera généralement prise au livre foncier suivant les règles de
publicité foncière prévues dans chaque Etat. Lorsque le droit réel immobilier, objet de
l’hypothèque, consiste en un démembrement du droit de propriété tel que l’usufruit, le droit de
superficie, le bail emphytéotique ou le bail à construction, l’inscription de l’hypothèque doit
également être notifiée, par acte extrajudiciaire, au propriétaire, au tréfoncier ou au bailleur.
Inscription des hypothèques judiciaires. Aux termes de l’article 213 AUS, le
créancier peut être autorisé à prendre inscription provisoire d’hypothèque sur les immeubles de
son débiteur. L’inscription provisoire est prise sur présentation de la décision contenant,
notamment : la cause et le montant de la créance garantie en principal, intérêts et frais, la
désignation, par le numéro du titre foncier, de chacun des immeubles sur lesquels l’inscription
a été ordonnée… En outre, si la créance est reconnue, la décision statuant sur le fond maintient
en totalité ou en partie l’hypothèque déjà inscrite ou octroie une hypothèque définitive24.
Inscription de certaines hypothèques légales. L’hypothèque légale de la masse des
créanciers est inscrite dans le délai de 10 jours à compter de la décision judiciaire d’ouverture
de la procédure collective à la requête du greffier ou du syndic. L’hypothèque des architectes,
entrepreneurs et autres personnes employées pour édifier, réparer ou reconstruire des
bâtiments est inscrite provisoirement pour le montant de la somme qui sera estimée due.
Durée de l’inscription. L’inscription a une durée déterminée et conserve le droit du
créancier jusqu’à une date devant être fixée par la convention ou la décision de justice dans la
limite de trente ans au jour de la formalité, sauf disposition contraire d’une loi nationale. Son
effet cesse si elle n’est pas renouvelée, avant l’expiration de ce délai, pour une durée
déterminée. Il en va de même lorsque l’hypothèque a été constituée pour une durée
indéterminée25. Il faut toutefois préciser que la durée de l’inscription est différente de la durée
de l’hypothèque qui, elle, peut être indéterminée.
Classement des créanciers hypothécaires. L’inscription de l’hypothèque confère au
créancier un rang à compter du jour où elle est prise. Ainsi, l’hypothèque régulièrement publiée
prend rang du jour de l’inscription. En ce sens, par exemple, selon l’article 208 AUS :
« L’hypothèque consentie pour sûreté d’une ouverture de crédit à concurrence d’une somme
déterminée à fournir prend rang à la date de sa publication sans égard aux dates successives
de l’exécution des engagements pris par le fournisseur du crédit ». Cependant, la publication
de l’hypothèque conventionnelle garantissant un prêt à court terme peut être différée pendant
un délai maximum de 90 jours sans que le créancier perde le rang qui lui est acquis. Pour cela,
le créancier devra se conformer aux dispositions spécialement édictées à cet effet par les règles
de publicité concernant les hypothèques garantissant les prêts à court terme, prévues par la loi
nationale du lieu de situation de l’immeuble.
L’inscription de l’hypothèque des architectes, entrepreneurs prend rang à sa date
mais pour une période n’excédant pas un mois après l’achèvement des travaux constaté par
huissier. Elle conserve sa date si, dans le même délai, par accord ou par décision judiciaire,
l’inscription devient définitive, pour le tout ou partie seulement de la somme estimée due.
Pour ce qui est des hypothèques judiciaires. Dans les six mois suivant le jour où la
décision sur le fond a acquis l’autorité de la chose jugée, l’inscription de l’hypothèque qui en
résulte est requise conformément à la législation de l’Etat Partie où est situé le bien grevé. Ce
qui a été maintenu prend rang à la date de l’inscription provisoire ; l’hypothèque prend rang à
la date de l’inscription définitive. Faute d’inscription définitive dans le délai fixé ci-dessus, ou
si la créance n’est pas reconnue par une décision passée en force de chose jugée, la première
inscription devient rétroactivement sans effet et sa radiation peut être demandée par toute
personne intéressée, aux frais de l’inscrivant, à la juridiction qui a autorisé ladite inscription.
Suite de l’inscription. Celle-ci donne généralement lieu à la délivrance au requérant,
d’un certificat d’inscription. Les tiers peuvent avoir accès à l’état d’inscription des hypothèques
en se faisant délivrer, par les services de la conservation foncière, un extrait ou des copies des
inscriptions. Il est délivré à cet effet, contre paiement des droits y afférents, soit un certificat
d’inscription des droits ou charges, soit un relevé des droits immobiliers.
Difficultés d’inscription. Certains évènements, notamment la survenance de
procédures collectives, peuvent empêcher que la sûreté régulièrement obtenue soit inscrite. Il
ressort de l’article 73 AUPCAP que la décision d’ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire ou de liquidation des biens arrête le cours des inscriptions des sûretés. Toutefois, le
renouvellement de l’inscription demeure possible. Par ailleurs, sont inopposables de droit
lorsqu’elles sont faites pendant la période suspecte, les inscriptions provisoires d’hypothèques
c’est-à-dire les hypothèques judiciaires.
Défaut d’inscription. Aux termes de l’article 206 de l’AUS et s’agissant de
l’hypothèque conventionnelle, « Tant que l’inscription n’est pas faite, l’acte d’hypothèque est
inopposable aux tiers et constitue entre les parties une promesse synallagmatique qui les oblige
à procéder à la publicité ». Par ailleurs, en l’absence d’inscription de l’hypothèque consentie,
le créancier reste chirographaire.
Radiation de l’inscription (Art. 202 AUS). L’hypothèque est radiée selon les règles de
publicité de l’Etat Partie où est situé le bien grevé. En cas de refus du créancier d’y consentir
ou du conservateur de procéder à la radiation de l’hypothèque, le débiteur ou l’ayant-droit de
celui-ci peut obtenir mainlevée judiciaire de cette sûreté. La décision judiciaire de mainlevée
prononcée contre le créancier ou ses ayants-droits et passée en force de chose jugée oblige le
conservateur à procéder à la radiation.
Paragraphe II- Le sort de l’hypothèque valablement constituée
Diversité. L’hypothèque valablement formée produit des effets (A) ou fait l’objet d’une
transmission et peut même s’éteindre (B).
A- Les effets de l’hypothèque
Pluralité. L'hypothèque met à la charge du constituant hypothécaire des obligations (1)
et confère des droits au créancier hypothécaire (2).
1- Les effets sur le constituant
Effets jouant avant l’échéance de la créance. Le constituant conserve le droit de jouir
du bien (a) mais il a l’obligation de ne pas provoquer la diminution de sa valeur (b).
a- La conservation du droit de jouissance sur les biens hypothéqués
Prérogatives. Tant que l’on n’est pas arrivé à l’échéance, le propriétaire de l’immeuble
en jouit. Le débiteur propriétaire du bien hypothéqué conserve tous les attributs du droit de
propriété. Il reste en possession de l'immeuble, l'administre librement et en perçoit les fruits.
Il peut ainsi louer l'immeuble. Il peut aussi consentir les baux mais d’une durée limitée. Le
débiteur conserve également le droit de disposer de son immeuble, le créancier étant protégé
par le droit de suite dans le cas de vente du bien.
23
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
26-
Le commandement est un exploit d'huissier délivré à la demande du créancier poursuivant et signifié au débiteur ou au tiers 24
pour le mettre en demeure de payer le montant d'une créance dans un délai précis à peine de saisie de l'immeuble.
25
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
Aliénations donnant lieu au droit de suite. Seules donnent ouverture au droit de suite
les aliénations ayant pour objet la pleine propriété ou l'usufruit de tout ou partie de l'immeuble
grevé et la constitution d'un droit de superficie, d'emphytéose ou d'un bail à construction. Mais,
le créancier peut mettre en œuvre son droit de préférence, si la cession a été faite à titre onéreux
et que le prix n’a pas encore été payé vente de l’immeuble à crédit). Au lieu de saisir
l’immeuble, le créancier pourrait plutôt chercher à se faire payer en priorité selon son rang sur
le montant qui est dû par l’acquéreur au vendeur.
Exclusion du droit de suite. Dans certains cas, la loi décide que le droit de suite ne
s'exerce pas contre le tiers acquéreur : en cas de vente sur saisie immobilière ou de vente aux
enchères qui emporte automatiquement purge des hypothèques ; en cas d'aliénation d'éléments
séparés de l'immeuble qui deviennent alors meubles par nature, par exemple : les récoltes
coupées ou les matériaux issus de la démolition de l'immeuble.
La mise en œuvre du droit de suite. Le créancier hypothécaire exerce son droit de
suite au moyen de la procédure de saisie immobilière dirigée contre le tiers détenteur. Il adresse
au débiteur, tenu personnellement de la dette, un commandement de payer et au tiers détenteur
un commandement de payer valant saisie
Les diverses issues de la procédure engagée. Le tiers détenteur, touché par la
sommation qui lui est faite peut, le cas échéant, se prévaloir des exceptions du débiteur principal
(contester la dette ou l'hypothèque) ou du bénéfice de discussion en demandant la poursuite
d’abord sur les autres immeubles, si notamment le créancier est titulaire d'une hypothèque
générale inscrite sur plusieurs immeubles. Pendant la discussion, il est sursis à la vente de
l'immeuble hypothéqué. En dehors de ces cas opposables au créancier, les seules possibilités
qui s'offrent au tiers détenteur de l'immeuble sont de payer les créanciers, ou purger l'immeuble
de l'hypothèque, ou délaisser l'immeuble, ou encore de se laisser saisir.
Paiement des créanciers poursuivants. Le paiement des créanciers libère l'immeuble
de l'hypothèque qui le grevait. L'article 223 alinéa 2 de l’AUS permet au tiers détenteur de
désintéresser le créancier poursuivant. En effet, « Bien que le tiers détenteur ne soit pas
personnellement obligé à la dette, il peut désintéresser le créancier poursuivant du montant
intégral de sa créance, en capital, intérêts et autres accessoires, en se subrogeant à lui ». Le
tiers détenteur peut avoir avantage à adopter cette solution lorsqu'il n'a pas encore payé le prix
de vente et que le montant des créances garanties est inférieur à ce prix. Il peut encore avoir
intérêt à payer les créanciers lorsqu'il a reçu, à titre gratuit, un immeuble dont la valeur est
supérieure au montant des créances qu'il garantit.
Purge des hypothèques. C’est une procédure qui permet de libérer l’immeuble des
sûretés qui le grèvent. L’acquéreur paie aux créanciers, de manière anticipée dès l’acquisition
de l’immeuble ou après l’exercice du droit de suite, les sommes représentant la valeur réelle de
l’immeuble ce qui lui permet de garder l'immeuble et d'obtenir ainsi l'extinction et la radiation
de toutes les hypothèques. Elle suppose que le prix n'ait pas déjà été payé au débiteur. Elle est
obtenue même si le prix offert ne permet pas de désintéresser tous les créanciers.
Délaissement de l'immeuble. Le délaissement est l'abandon de la possession de
l'immeuble. Il en est ainsi si le tiers détenteur ne veut ou ne peut payer la dette. Mais, le
délaissement n’est possible que si le prix est insuffisant pour payer les créanciers. Il peut donc
être rétracté à tout moment contre le payement des créanciers jusqu'à l'adjudication.
L'adjudication de l'immeuble. La vente forcée de l'immeuble est l'un des
aboutissements de la procédure de saisie immobilière lorsque le tiers détenteur ne répond pas à
la sommation de payer ou de délaisser.
B- La transmission et l’extinction de l’hypothèque
Plan. Il conviendra de revenir d’une part sur la transmission (1) et d’autre part sur
l’extinction (2).
26
Tous droits réservés
Droit des sûretés OHADA Dr DIATTA Thomas/ SES-UASZ
2021-2022
1- La transmission de l’hypothèque
Modalités. Les hypothèques légales, judiciaires ou conventionnelles sont susceptibles
d'être transmises à un autre bénéficiaire que le créancier au profit duquel la sûreté existe. Cette
transmission peut s'opérer, soit à titre accessoire (a), soit à titre principal (b).
a- La transmission à titre accessoire
Situations. La transmission, à titre accessoire, de l'hypothèque s'effectue lorsqu'il y a
cession de créance garantie par ce droit réel immobilier. Elle peut également résulter de la loi
lorsque la créance est dévolue aux héritiers. Ces derniers acquièrent, avec la créance, la sûreté
qui lui est attachée. Il en est de même pour les donataires et légataires de la créance. La
transmission peut également se faire par subrogation légale ou conventionnelle.
Formalité de transmission. L’article 201 de l’AUS prévoit que la transmission peut se
faire par acte notarié ou par acte sous seing privé suivant un modèle conforme aux règles de
l’Etat partie concerné. La transmission doit être également publiée.
b- La transmission à titre principal
Explication. La transmission s'opère par voie principale lorsque le créancier cède son
hypothèque sans céder la créance qu'elle garantit. Il reste toutefois créancier, mais à titre
chirographaire. Mais l'hypothèque étant un droit accessoire, le cessionnaire doit être aussi
créancier du débiteur. Cette transmission peut revêtir deux aspects : la subrogation à
l'hypothèque et la cession de rang ou d'antériorité.
La subrogation dans la sûreté. C’est la convention par laquelle le créancier
hypothécaire, tout en conservant sa créance, cède son hypothèque soit à un autre créancier du
même débiteur, soit à l'un de ses propres créanciers. La convention établie entre les parties
cédant ou cessionnaire emporte transmission de toutes les prérogatives de l'hypothèque dans la
limite, bien sûr, de l'inscription prise. Elle transmet au cessionnaire les droits que le cédant
tenait de l'hypothèque. La convention n’est soumise à aucune formalité particulière mais doit
être passée dans les mêmes formes que l’acte constitutif d’’hypothèque et publiée (art. 201
AUS). Les droits du subrogé sont subordonnés à la créance du subrogeant qui reste le support
de la sûreté. Il ne peut donc faire valoir son droit de préférence au-delà de la somme due à ce
dernier. Si la créance du subrogeant s’éteint, les droits du subrogé s’éteignent corrélativement.
La cession d’antériorité ou de rang. C’est la convention passée entre deux créanciers
hypothécaires sur les mêmes biens par laquelle le premier inscrit cède le rang de son inscription
à un autre inscrit postérieurement. Cette convention peut être antérieure à la constitution de
l'hypothèque. La cession d'antériorité met le cessionnaire au lieu et place qu'aurait occupé, dans
l'ordre, le cédant27. Il en résulte trois considérations. D’abord, la cession d'antériorité n'agit
qu'entre le cédant et le cessionnaire, sans pouvoir modifier les droits et obligations des autres
créanciers, ni du débiteur ou de ses coobligés, ni des tiers. Ensuite, elle n'opère que dans la
limite de la plus faible des créances28. Enfin, le cessionnaire de la priorité ne peut pas se
prévaloir du rang hypothécaire cédé si la créance garantie par l'hypothèque est éteinte ou a elle-
même perdu son rang. La cession d’antériorité n’est soumise à aucune formalité particulière
mais elle doit être passée dans la même forme que le contrat constitutif d’hypothèque et qu’elle
doit être publiée conformément à l’article 201 de l’AUS.
2- L’extinction de l’hypothèque
L'hypothèque s'éteint soit par voie accessoire (a), soit par voie principale (b).
a- L’extinction par voie accessoire
Extinction de l’hypothèque à la disparition de la créance principale.
L’anéantissement de la créance entraine l’extinction de l’hypothèque, qui y est attachée car
l’accessoire ne peut survivre au principal. Il en ainsi, en cas de : paiement, dation en paiement,
confusion, compensation, novation, prescription. Toutefois l'hypothèque ne s'éteint que si la
28
Tous droits réservés