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TAYLOR
INSTITUTION
LIBRARY
1.
1
CANDIDE ,
ου
L'OPTIMISME ,
TRADUIT DE L'ALLEMAND
DE
Par M. de V.
M. DCC. LXVI.
J
R
O
L
Y
A
T
ܐ܂ UNIVO
13 20
" 1705
OF OXFAS
K
CANDIDE ,
ου
L'OPTIMISME.
CHAPITRE PREMIER.
chaffé d'icelui.
heurdefen
4 CANDIDE ,
CHAPITRE II.
Bulgares.
·
OU L'OPTIMISME. II
que vingt coups ; le furlendemain on ne
lui en donne que dix , & il eft regardé
par fes camarades comme un prodige.
Candide tout ftupéfait ne démêlait pas
encore trop bien comment il était un hé
ros: il s'avifa un beau jour de printemps
de s'aller promener , marchant tout droit
devant lui , croyant que c'était un privilé
ge de l'efpece humaine , comme de l'efpe
ce animale , de fe fervir de fes jambes à
fon plaifir. Il n'eut pas fait deux lieues ,
que voilà quatre autres héros de fix pieds
qui l'atteignent , qui le lient , qui le me
nent dans un cachot ; on lui demanda ju
ridiquement ce qu'il aimait le mieux , d'ê
tre fuftigé trente-fix fois par tout le Régi
ment , ou de recevoir à la fois douze ba
les de plomb dans la cervelle ; il eut beau
dire que les volontés font libres , & qu'il
ne voulait ni l'un ni l'autre , il fallut faire
un choix ; il fe détermina , en vertu du
don de Dieu , qu'on nomme liberté , à
paffer trente-fix fois par les baguettes ; il
effuya deux promenades. Le Régiment
était compofé de deux mille hommes ; cela
12 CANDIDE ,
CHAPITRE
OU L'OPTIMISME. 13
CHAPITRE III.
B 3
18 CANDIDE,
CHAPITRE HISIV.
tendan
Comment Candide rencontra fon an
ܪ
24 CANDIDE ,
CHAPITRE V.
¡
OU L'OPTIMISME.
ότι 29
poliment la parole , & dit : apparemment
que Monfieur ne croit pas au péché origi
nel ; car fi tout eft au mieux , il n'y a donc
eu ni chûte ni punition.
Je demande très-humblement pardon à
votre Excellence , répondit Panglofs enco
re plus poliment , car la chûte de l'hom
mé & la malédiction entraient néceffai
rement dans le meilleur des Mondes pof
fibles. Monfieur ne croit donc pas à la li
berté ? dit le familier. Votre Excellence
m'excufera , dit Panglofs ; la liberté peut
fubfifter avec la néceffité abfolue ; car il
C 3
DE
(30 CANDI ;
CHAPITRE VI.
felle.
?
32 CANDIDE ,
CHAPITRE VII.
ce qu'il aimait.
CHAPITRE VIII.
Hiftoire de Cunégonde.
LOR
D TAY
OX
FO
RD
CANDIDE ,
38
Elle reprit ainfi le fil de ſon hiftoire . Un
Capitaine Bulgare entra , il me vit toute
fanglante , & le foldat ne fe dérangeait pas.
Le Capitaine fe mit en colere du peu de
reſpect que lui témoignait ce brutal , &
le tua fur mon corps. Enfuite il me fit
panſer & m'emmena priſonniere de guer
re dans fon quartier. Je blanchiffais le peu
de chemiſes qu'il avait , je faiſais fa cuifi
ne ; il me trouvait fort jolie , il faut l'a
vouer ; & je ne nierai pas qu'il ne fût très
bien fait , & qu'il n'eût la peau blanche
& douce ; d'ailleurs peu d'efprit , peu de
Philofophie ; on voyoit bien qu'il n'avait
pas été élevé par le Docteur Panglofs. Au
bout de trois mois ayant perdu tout fon
argent , & s'étant dégoûté de moi , il me
vendit à un Juif nommé Don Iffachar ,
qui trafiquait en Hollande & en Portugal ,
& qui aimait paffionnément les femmes.
Ce Juif s'attacha beaucoup à ma perſon
ne , mais il ne pouvait en triompher ; je
lui ai mieux réfifté qu'au foldat Bulgare .
Une perfonne d'honneur peut être violée
une fois , mais fa vertu s'en affermit. Le
OU L'OPTIMISME. 39
Juif pour m'aprivoifer me mena dans cette
maiſon de campagne que vous voyez. J'a
"
OU L'OPTIMISME. 41
plus blanche , & d'un incarnat plus parfait
que celle de mon Capitaine des Bulgares.
Cette vue redoubla tous les fentimens qui
m'accablaient , qui me dévoraient. Je m'é
criai , je voulus dire arrêtez , barbares , mais
la voix me manqua , & mes cris auraient
été inutiles. Quand vous eûtes été bien fef
fé : comment ſe peut-il faire , difais-je , que
l'aimable Candide & le fage Pangloſs ſe
trouvent à Lisbonne , l'un pour recevoir
cent coups de fouet , & l'autre pour être
,pendu par l'ordre de Monfeigneur l'Inqui
fiteur dont je fuis la bien-aimée ? Panglofs
m'a donc bien cruellement trompée quand
il me difait que tout va le mieux du monde.
Agitée , éperdue , tantôt hors de moi
même , & tantôt prête de mourir de faibleſ
fe , j'avais la tête remplie du maffacre de
mon pere , de ma mere , de mon frere , de
l'infolence de mon vilain foldat Bulgare ,
du coup de couteau qu'il me donna , de mą
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
7
CANDIDE ,
néral de la petite armée avec tant de grace ,
de célérité , d'adreffe , de fierté , d'agilité
qu'on lui donna une compagnie d'infan
terie à commander. Le voilà Capitaine
il s'embarque avec Mademoiſelle Cuné
gonde , la vieille , deux valets , & les deux
chevaux Andaloux qui avaient appartenu
à M. le grand Inquifiteur de Portugal.
Pendant toute la traversée , ils raiſonne
rent beaucoup fur la Philofophie du pau
vre Panglofs. Nous allons dans un autre
Univers , difait Candide , c'eft dans celui
là fans doute que tout eft bien. Car il faut
avouerqu'on pourraitgémir un peu de ce qui
fe parle dans le nôtre en Phyfique & en Mo
rale. Je vous aime de tout mon cœur ,
diſait Cunégonde , mais j'ai encore l'ame
toute effarouchée de ce que j'ai vu , de ce
que j'ai éprouvé. Tout ira bien , répliquait
Candide ; la Mer de ce nouveau Monde
vaut déjà mieux que les Mers de notre Eu
rope , elle eft plus calme , les vents plus
conftans. C'eft certainement le nouveau
CHAPITRE XI.
Hiftoire de la Vieille.
1
DU LOPTIMISME. 57
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
1: 4
.
OU L'OPTIMISME. 69m
CHAPITRE XIV .
G 2
76 CANDIDE ,
CHAPITRE XV.
chere Cunégonde.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
FORD
88 CANDIDE , }
en Portugal , j'y fuis brûlé ; fi nous reſtons
dans ce pays- ci , nous riſquons à tout mo
ment d'être mis en broche. Mais comment 1
CHAPITRE XVIII.
dorado.
CHAPITRE XIX.
ļ
OU L'OPTIMISME. 107
dur le fameux Négociant , répondit le Né
gre. Eft- ce Monfieur Vanderdendur , dit
Candide , qui t'a traité ainfi ? Oui , Mon
fieur , dit le Négre , c'eft l'ufage . On nous
donne un caleçon de toile pour tout vête
ment deux fois l'année. Quand nous tra
vaillons aux fucreries , & que la meule nous
attrape le doigt , on nous coupe la main ;
quand nous voulons nous enfair , on nous
coupe la jambe je me fuis trouvé dans
les deux cas. C'eft à ce prix que vous man
gez du fucre en Europe. Cependant , lorf
que ma mere me vendit dix écus patagons
fur la côte de Guinée , elle me diſait : mon
cher enfant , bénis nos Fétiches , adore- les
toujours , ils te feront vivre heureux ; tu
as l'honneur d'être efclave de nos Seigneurs
les Blancs , & tu fais par là la fortune de
ton pere & de ta mere. Hélas , je ne fçais
pas fi j'ai fait leur fortune , mais ils n'ont
pas fait la mienne. Les chiens , les finges
& les perroquets font mille fois moins mal
heureux que nous : les Fétiches Hollandais
qui m'ont converti me difent tous les Di
manches que nous fommes tous enfans
108 CANDID'E ,
d'Adam , blancs & noirs. Je ne fuis pas
Généalogifte , mais fi ces Prêcheurs difent
vrai , nous fommes tous coufins iffus de
germain. Or vous m'avouerez qu'on ne peut
pas en ufer avec fes parents d'une maniere
plus horrible.
O Panglofs ! s'écria Candide , tu n'avais
pas deviné cette abomination ; c'en eft fait,
il faudra qu'à la fin je renonce à ton Opti
mifme. Qu'est-ce qu'Optimisme ? diſait
Cacambo. Hélas , dit Candide , c'eft la ra
ge de foutenir que tout eft bien quand on
eft mal ! Et il verfait des larmes en regar
}
312 CANDIDE ,
1
OU L'OPTIMISME. 115
CHAPITRE XX.
1
1
OU* L'OPTIMISME. 117
Par-tout les faibles ont en exécration les
puiffants devant lefquels ils rampent, & les
puiffants les traitent comme des troupeaux
dont on vend la laine & la chair. Un mil
lion d'affaffins enrégimentés , courant d'un
bout de l'Europe à l'autre , excerce le meur
tre & le brigandage avec diſcipline pour
gagner fon pain , parce qu'il n'a pas de
métier plus honnête , & dans les villes qui
paraiffent jouir de la paix & où les arts
fleuriffent , les hommes font dévorés de
plus d'envie , de foins & d'inquiétudes
qu'une ville affiégée n'éprouve de fleaux.
Les chagrins fecrets font encore plus cruels
que les miféres publiques. En un mot , j'en
ai tant vu , & tant éprouvé , que je fuis
Manichéen.
Il y a pourtant du bon , répliquait Can
dide. Cela peut être , difait Martin , mais
je ne le connais pas.
Au milieu de cette difpute , on enten
dit un bruit de canon. Le bruit redouble à
chaque inftant. Chacun prend fa lunette.
On apperçoit deux vaiffeaux qui combat
taient à la diftance d'environ trois milles.
18 CANDIDE ;
CHAPITRE XXI.
CHAPITRE XXII.
፡
Ce qui arriva en France à Candide
1
& à Martin.
1
Candide ne s'arrêta dans Bordeaux
CHAPITRE
OU L'OPTIMISME. 133
CHAPITRE XXIII.
M 2
CANDIDE,
736
J
CHAPITRE XXIV.
1
OU L'OPTIMISME. 145
me qui n'a jamais eu de chagrin. Je vou
drais voir une efpece fi rare , dit Martin.
Candide auffi-tôt fit demander au Seigneur
Pococurante la permiffion de venir le voir
le lendemain.
**
CHAPITRE XXV.
CHAPITRE XXV I.
espitom
156 CANDIDE ,
la Chine , j'y vole , partons. Nous parti
rons après ſouper , reprit Cacambo ; je
ne peux vous en dire davantage ; je fuis
efclave , mon Maître m'attend , il faut que
j'aille le fervir à table ; ne dites mot ; fou
pez & tenez-vous prêt.
Candide , partagé entre lajoie & la dou
leur , charmé d'avoir revu fon agent fidèle
étonné de le voir eſclave , plein de l'idée
de retrouver fa maîtreffe , le cœur agité ,
T'efprit bouleverfé , fe mit à table avec Mar
tin , qui voyoit de fang froid toutes ces
aventures , & avec fix Etrangers qui étaient
venus paffer le Carnaval à Venife.
Cacambo qui verfait à boire à l'un de
ces fix Etrangers , s'approcha de l'oreille
de fon Maître fur la fin du repas , & lui
dit : Sire , Votre Majefté partira quand elle
voudra , le vaiffeau eft prêt. Ayant dit ces
"mots , il fortit. Les convives étonnés fe re
gardaient fans proférer une feule parole ,
lorfqu'un autre domeftique s'aprochant de
"fon Maitre lui dit : Sire , la chaife de Vo
tre Majefté eft à Padoue , & la barque eft
prête. Le Maître fit un figne , & le de
meftique
OU L'OPTIMISME. 157
meftique partit. Tous les convives fe re
garderent encore , & la furpriſe commune
redoubla. Un troifieme valet s'aprochant
´auffi d'un troiſieme Etranger , lui dit : Sire ,
croyez-moi , Votre Majefté ne doit pas ref
ter ici plus long-tems , je vais tout prépa
rer ; & auffi-tôt il diſparut.
Candide & Martin ne douterent pas alors
que ce ne fût une mafcarade du Carnaval.
Un quatrieme domeftique dit au quatrie
Maître , Votre Majeſté partira quand elle
voudra , & fortit comme les autres. Le
cinquieme valet en dit autant au cinquie
me Maître. Mais le fixieme valet parla
différemment au fixieme Etranger qui était
auprès de Candide ; il lui dit : ma foi ,
Sire , on ne veut plus faire crédit à Votre
Majefté , ni à moi non plus ; & nous pour
rions bien être coffrés cette nuit vous &
moi ; je vais pourvoir à mes affaires ; Adieu.
Tous les domeftiques ayant difparu , les
fix Etrangers , Candide & Martin , demeu
rerent dans un profond filence. Enfin Can
dide le rompit ; Meffieurs , dit-il , voilà
une finguliere plaifanterie , pourquoi êtes
Q
CANDIDE ,
#58
vous tous Rois ? pour moi je vous avoue
que ni moi ni Martin nous ne le fommes.
Le Maître de Cacambo prit alors gra,
"
vement la parole , & dit en Italien : Je
ne fuis point plaiſant , je m'apelle Achmet
III. J'ai été grand Sultan plufieurs années ;
je détrônai mon frere ; mon neveu m'a
détrôné ; on a coupé le cou à mes Vifirs ;
j'acheve ma vie dans le vieux Serrail. Mon
neveu, le grand Sultan Mahmoud, me per
met de voyager quelquefois pour ma fan
té , & je fuis venu paffer le Carnaval à
Venife.
Un jeune homme qui était auprès d'A
chmet parla après lui & dit : Je m'apelle
Ivan : j'ai été Empereur de toutes les Ruf
fies ; j'ai été détroné au berceau : mon pere
& ma mere ont été enfermés ; on m'a
élevé en prifon j'ai quelquefois la per
miffion de voyager , accompagné de ceux
qui me gardent , & je fuis venu paffer le
Carnaval à Venife.
Le troifieme dit : Je fuis Charles-Edouard
Roi d'Angleterre ; mon Pere m'a cédé fes
droits au Royaume. J'ai combattu pour les
(*
OU L'OPTIMISME. 159
foutenir ; on a arraché le cœur à huit cens dé
mes partiſans & on leur en a battu les joues.
J'ai été mis en prifon.; je vais à Rome faire
une viſite au Roi mon pere , détrôné , ainfi
que moi & mon grand- pere , & je fuis venu
paffer le Carnaval à Venife.
Le quatrieme prit alors la parole , & dit :
Je fuis Roi des Polaques ; le fort de la
guerre m'a privé de mes Etats héréditai
res, mon pere a éprouvé les mêmes revers ;
je me réfigne à la Providence comme le
Sultan Achmet , l'Empereur Ivan , & le
Roi- Charles Edouard , à qui Dieu donne
une longue vie ; & je fuis venu paffer le
Carnaval à Veniſe.
Le cinquieme dit : je fuis auffi Roi des
Polaques ; j'ai perdu mon Royaume deux
fois ; mais la Providence m'a donné un au
tre Etat , dans lequel j'ai fait plus de bien
que tous les Rois des Sarmartes enfemblé
n'en ont jamais pu faire fur les bords de la
Viftule ; je me réfigne auffi à la Provi
dence ; & je fuis venu paffer le Carnaval
à Veniſe.
Il reftait au fixieme Monarque à parler.
O 2
160 CANDIDE ,
CHAPITRE XXVII,
OU L'OPTIMISME. 163
très-peu d'écuelles ; elle eft efclave dans
la maifon d'un ancien Souverain nommé
Ragotsky , à qui le grand Turc donne trois
écus par jour dans fon afyle : mais ce qui
eft bien plus trifte , c'eft qu'elle a perdu fa
beauté , & qu'elle eft devenue horrible
ment laide. Ah ! belle ou laide , dit Can
dide , je fuis honnête homme , & mon de
voir eft de l'aimer toujours. Mais comment
peut-elle être réduite à un état fi abject
avec les cinq ou fix millions que tu avais
apportés , Bon? dit Cacambo , ne m'en a-t-il
fallu donner deux millions au Sennor Don
CHAPITRE XXVIII .
FFO
RD
170 CANDIDE,
P 3
174 CANDID
E
CHAPITRE XXIX.
CHAPITRE XXX.
Conclufion.
FIN
Q;
186
TABLE
DES CHAPITRES.
OU
L'OPTIMISME ,
TRADUIT DE L'ALLEMAND
DE
SECONDE PARTIE.
M. DCC. LXVI.
188 TABLE DES CHAP.
CHAP. XXV. Vifite chez le Signor Poco
curantè.
page 145
CHAP. XXVI. D'un fouper que Candide
& Martin firent avec fix Etrangers , &
qui ils étaient 155
CHAP. XXVII. Voyage de Candide à
Conftantinople. 161
CHAP. XXVIII. Ce qui arriva à Candi
de, à Cunégonde, à Panglofs , à Mar
tin , &c. 168
CHAP. XXIX . Comment Candide retrou
va Cunégonde & la Vieille, 174
CHAP, XXX, Conclufion. 176
CANDIDE ,
co
45
ide OU
&
-
L'OPTIMISME ,
SI
Li TRADUIT DE L'ALLEMAND
8 DE
SECONDE PARTIE.
M. DCC. LXVI.
ON croyait que M. le Doc
teur Ralph n'était pas dans la
TREVOUX.
TOT
ACCUR
CANDIDE ,
OU
L'OPTIMISME .
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
LE
E Révérend Ed-Ivan -Baal- Denk ne
tarda pas à préſenter Candide au Roi. Sa
Majefté prit un plaifir fingulier à l'enten
dre : elle le mit aux prifes avec plufieurs
Sçavans de fa Cour , & ces Sçavans le
traiterent de fou , d'ignorant , d'idiot ; ce
qui contribua beaucoup à perfuader Sa Ma
jefté qu'il était un grand homme. Parce que,
leur dit-Elle , vous ne comprenez rien aux
raifonnemens de Candide , vous lui dites
des fottifes : mais moi , qui n'y comprends
rien non plus , je vous affure que c'eft un
grand Philoſophe ; j'en jure par ma mouſ
tache. Ces mots impoferent filence aux
Sçavans.
On logea Candide au Palais ; on lui
donna des Efclaves pour le fervir ; on le
revêtit d'un habit magnifique , & le Sophi
204 CANDIDE ,
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
Plaifirs de Candide .
CHAPITRE VII.
Hiftoire de Zirza.
1
OU L'OPTIMISME. 221
lérat, lui dit mon pere , as-tu de quoi l'ai
mer ? C'eſt un dépôt que Dieu ma confié :
il m'eft apparu cette nuit fous la figure d'un
1
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
1
OU* L'OPTIMISME. 237
la fomme des maux excéde de beaucoup
la fomme des biens. Partez , & je ne dé
fefpere pas que vous ne deveniez Mani
chéen , fi vous ne l'êtes déjà. Panglofs
voulait commencer un argument enforme ,
mais Candide l'interrompit pour deman
der des nouvelles de Cunégonde , de la
Vieille , de Frere Giroflée & de Cacam
bo. Cacambo , répondit Martin , eft ici ;
il eft actuellement occupé à nétoyer un
égoût. La Vieille eft morte d'un coup de
pied qu'un Eunuque lui a donné dans la
poitrine le Frere Giroflée eft entré dans
les Janiffaires Mademoiſelle Cunégonde
a repris tout fon embonpoint & fa pre
miere beauté ; elle eft dans le Serrail de
notre Patron. Quel enchaînement d'infor
tunes , dit Candide ! Fallait-il que Made
moiſelle Cunégonde redevînt belle pour
me faire cocu ! Il importe peu , dit Pan
glofs , que Mademoiſelle Cunégonde foit
belle ou laide , qu'elle foit dans vos bras
ou dans ceux d'un autre ; cela ne fait rien
au fyftême général : pour moi je lui fou
haite une nombreuſe poftérité. Les Philo
238 CANDIDE ,
fophes ne s'embarraffent pas avec qui les
femmes font des enfans , pouvu qu'elles en
faffent. La population... Hélas , dit Mar
tin , les Philofophes devraient bien plutôt
s'occuper à rendre heureux quelques indi
vidus , que de les engager à multiplier l'ef
pece fouffrante..... Pendant qu'ils par
laient , un grand bruit fe fit entendré. C'é
tait le Général de la mer qui s'amuſait à
faire feffer une douzaine d'Efclaves. Pan
CHAPITRE XI.
quelle qualité.
{
OU L'OPTIMISME. 243
CHAPITRE XII.
Candide
Andide marcha long-tems fans fçavoir
où il irait : il fe réfolut enfin à fe rendre
dans le Danemarck , où il avait ouï dire
que tout allait affez bien. Il poffédait quel
2
ques pieces de monnoie , dont l'Arménien
lui avait fait préfent , & avec ce faible fe
[
cours , il eſpérait voir la fin de fon voya-^
ge. L'eſpérance lui rendait fa miſere up
portable , & il paffait encore quelques bons ,
momens. Il fe trouva un jour dans une ,
Hôtellerie avec trois Voyageurs , qui lui
parlaient avec chaleur du plein & de la
matiere fubtile. Bon , fe dit Candide , voi
là des Philofophes . Meffieurs , leur dit-il ,
le plein eft inconteftable : il n'y a point
de vuide dans la nature , & la matiere fub
tile eft bien imaginée . Vous êtes donc Car
téfiens , firent les trois Voyageurs : Oui ,
X 2
244 CANDIDA ,
fit Candide , & Léibnitzien , qui plus eft .
Tant pis pour vous , répondirent les Phi
lofophes : Deſcartes & Léibnitz n'avaient
pas le fens commun. Nous fommes Newto
niens nous autres , & nous en faifons gloi
re : fi nous difputons , c'eſt pour mieux
nous affermir dans nos fentimens , & nous
penfons tous de même. Nous cherchons
la vérité fur les traces de Newton , parce
que nous fommes perfuadés que Newton
,
eft un grand homme... Et Defcartes auffi 2
& Léibnitz auffi , & Panglofs auffi , dit
LOR
TAY
OX
FO
RD
252 CANDIDE ,
que leur pauvreté leur permettait d'offrir à
l'état déplorable de leurs freres. Ces vieil
les gens étaient tels qu'on nous peints Phi
lemon & Baucis. Il y avait cinquante ans
qu'ils goûtaient les douceurs de l'hymen ,
fans jamais en avoir effuyé l'amertume :
une ſanté robuſte , fruit de la tempérance
& de la tranquillité de l'ame ; des mœurs
douces & fimples ; un fond de candeur
inépuisable dans le caractere ; toutes les
vertus que l'homme ne doit qu'à lui-mê
me , compofaient le glorieux appanage que
le Ciel leur avait accordé. Ils étaient en
vénération dans les Hameaux voifins , dont
les Habitans plongés dans une heureuſe ruf
ticité , auraient pu paffer pour d'honnêtes
gens , s'ils avaient été Catholiques. Ils fe
faifaient un devoir de ne laiffer manquer
fir
ja Stay a dogDeci al
3
I
1
254 CAN DAD E,
CHAPITRE XII I.
starch su 1
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
à Copenhague.
C
CHAPITRE XVI.
OU
IS CHAPITRE XVII.
X
Comme quoi Candide voulut fe tuer
CHAPITRE XVIII.
er Nouvelles rencontres.
IX
ots Andide n'était pas fi malheureux ,
ha puifqu'il avait un véritable ami. Il avait
>
F
DU.LOPTIMISME. 285
fur fes traces : le hazard l'amena à l'Hô
R
}
Bb
290 CANDIDE ,
CHAPITRE XX.
FIN
6
1
H
294
TABLE
DES CHAPITRES
9
Fin de la Table des Chapitres,
9
イ
1
}
1
L'ŒEil de Mercure
9
6-7-198
[VOLT.
]
885080
Spine repaired
P Hadford 1/1974