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CHAPITRE IV

Organisation d'un atelier

Ordonnancement : Implantation

L'objectif principal de la leçon est de connaître et de comprendre les


principaux types d'implantions de centres de charges lors d'une
production.

A l'issue de la leçon l'étudiant doit être capable :

• de définir les principaux types d'implantation, d'y associer des types de


production adaptés,
• de définir les avantages et inconvénients de chaque type d'implantation,
• d'utiliser une méthode permettant de réaliser l'implantation en optimisant
les trajets entre les centres de charge.

Gérard Casanova
Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

SOMMAIRE

1 LES DIFFERENTS TYPES D’IMPLANTATION ................................................... 2


1.1 DEPLACEMENT DES OPERATEURS.......................................................................... 2
2 DEPLACEMENT DES PRODUITS ...................................................................... 2
2.1 IMPLANTATION ALEATOIRE ................................................................................. 2
2.2 IMPLANTATION PAR TECHNOLOGIES EN SECTIONS HOMOGENES ...................................... 3
2.3 IMPLANTATION PAR PRODUITS EN LIGNE ................................................................. 3
2.4 IMPLANTATION EN ILOTS (UNITES AUTONOMES DE PRODUCTION) .................................... 4
2.5 IMPLANTATION EN UNITES DE PRODUCTION SYNCHRONISEES ......................................... 6
2.6 CELLULES FLEXIBLES ....................................................................................... 6
2.7 LE COUPLE FLEXIBILITE / PRODUCTIVITE ................................................................ 7
3 DEMARCHES D’IMPLANTATION D’ATELIER.................................................... 7
3.1 OBJECTIFS DE L’OPTIMISATION ........................................................................... 7
3.2 PRINCIPES GENERAUX ...................................................................................... 7
3.3 DEMULTIPLICATION DES MACHINES ...................................................................... 8
3.4 SEPARATION DES APPROVISIONNEMENTS ET DES EXPEDITIONS....................................... 9
4 METHODES D'IMPLANTATION ..................................................................... 10
4.1 METHODES DES CHAINONS ...............................................................................10
4.1.1 Définitions ..........................................................................................10
4.1.2 Étapes de la méthode ...........................................................................11
4.1.3 Exemple .............................................................................................11
4.2 IMPLANTATIONS SUR UN CANEVAS THEORIQUE.........................................................16
5 IMPLANTATION PRATIQUE ......................................................................... 20
6 CONCLUSION .............................................................................................. 21

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

IMPLANTATION

1 Les différents types d’implantation

1.1 Déplacement des opérateurs

Le type de fabrication impose le type d’implantation. Si le produit ne circule pas


(chantiers navals, aéronautique, équipements lourds), c’est la main d’œuvre qui
se déplace ainsi que les composants ou matériaux nécessaires.

Postes de
travail

2 Déplacement des produits

2.1 Implantation aléatoire

L’implantation aléatoire se retrouve parfois dans les petites industries dont le


développement a été progressif, mais ce n’est pas une solution d’implantation
optimum car elle génère des temps de déplacement importants des produits.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

2.2 Implantation par technologies en sections homogènes

Section perçage
Section fraisage Section tournage

Entrée Sortie Entrée Sortie Entrée Sortie

Entrée Sortie Entrée Sortie Entrée Sortie

Débit matière préparation Section rectification Métrologie contrôle

Produit A
Produit B

Cette implantation convient bien à des produits diversifiés fabriqués en petites


séries. Bien qu’elle soit coûteuse en terme d’en-cours du fait de la complexité de
la circulation, elle reste néanmoins très flexible. Dans ce type d’implantation la
manutention est assurée par des transpalettes, chariots élévateurs…

Les produits circulent d’une section à l’autre en fonction de leur gamme de


fabrication, la disposition des machines n’étant pas prévue pour la gamme de
chaque produit, les temps de circulation peuvent être importants.

2.3 Implantation par produits en ligne

Les machines ou ressources sont implantées en ligne en fonction de la gamme de


fabrication du produit ou de la famille de produits. Dans une ligne de fabrication,
les produits (matières) suivent les postes dans l’ordre sans possibilité de
rebroussement.
Certains produits peuvent ne pas utiliser tous les postes de travail mais il n’est
pas possible de modifier le sens de circulation d’un produit.

Le produit C, par exemple, n’utilise pas le poste de travail F1 mais respecte


l’ordre de la ligne de production.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Produit A
débit T1 P1 F1 R1 Contrôle Produit B
Produit C

F2 T2 P2

Cette implantation convient bien pour les grandes séries ou pour des séries
répétitives.

2.4 Implantation en îlots (unités autonomes de production)

Les machines sont regroupées en ensembles autonomes de production


spécialisés par type de produit qui utilisent les mêmes machines : ces ensembles
s'appellent des îlots.
Les flux de produits (matières) peuvent utiliser les postes de travail de l’îlot dans
un ordre différent suivant leur gamme de fabrication alors que dans une ligne de
fabrication l’ordre
est impératif.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Produit A

Produit B

ILOT 1
ILOT 2

débit Contrôle
Contrôle

T1 Tth1

E2

F1F1
E1 A2

R1
P1
R2

T2

P2

débit

Produit C Produit D

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2.5 Implantation en unités de production synchronisées

L’implantation des machines est identique pour une implantation en îlots (autour
de produits de même famille) mais les temps des différentes opérations sont
équilibrés. Ce qui permet une meilleure utilisation des machines, la possibilité
d’automatiser la manutention et de diminuer les en-cours.

2.6 Cellules flexibles

La grande différence avec les îlots de production est d’utiliser uniquement des
MOCN (machine-outils à commande numérique) ou CU (centre d’usinage).

Informatique
Planning, programmation
Magasin outils

Informatique
coordination, surveillance,
programmes (DNC)

Mag Cu n°1 CN Mag Cu n°2 CN Mag Cu n°3 CN


outils outils outils

Arrivées des bruts Sortie Pièces finies

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

2.7 Le couple flexibilité / productivité

La flexibilité et la productivité d’une production sont liées au choix d’une


organisation de production (implantation par technologies en sections
homogènes, implantations par produits en ligne ou par îlots).

Dans le cas d’une implantation par technologies en sections homogènes, la


flexibilité est bonne car l’on peut passer très facilement d’un produit à l’autre
avec des machines universelles. Par contre, étant universelles, elles sont moins
productives et la circulation des produits n’est pas optimum ; la production se
fait généralement par lots ce qui multiplie encore les en-cours et diminue la
productivité.

Dans le cas d’une implantation par produits en ligne, les machines sont beaucoup
plus spécialisées (machines transfert) et donc très peu flexibles mais la
productivité est très correcte.

L’implantation par produits en îlots ou cellules flexibles peut se définir comme un


compromis entre flexibilité et productivité : la flexibilité est améliorée car on peut
réaliser des familles de pièces ainsi que la productivité car l’îlot est organisé en
fonction de la circulation même des pièces.

3 Démarches d’implantation d’atelier

3.1 Objectifs de l’optimisation

Les objectifs d’une bonne implantation d’atelier sont principalement de :

• minimiser les temps de transfert des produits entre les postes,

• supprimer les déplacements inutiles,

• éviter de déplacer une pièce deux fois sans apport de valeur ajoutée entre
les déplacements,

• optimiser la circulation des flux.

3.2 Principes généraux

Séparation par type de production

Après avoir analysé les processus de production des différents produits fabriqués
par l’entreprise, les produits peuvent parfois être réalisés suivant plusieurs types
de production (en ligne, en îlots, en sections homogènes)… L’idéal est de répartir
en ateliers séparés les différents types de production :

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Production en ligne

débit T1 P1 F1 R2 T2 P2 Contrôle

Production en
îlots Sections homogènes par technologies
débit

T1 T4 F1 F4 R1 R4
Contrôle
T1
T2 T5 F2 F5 R2 R5

F1
T3 T6 F3 F6 R3 R6

3.3 Démultiplication des machines

T1 T4

T2 T5
R1 R4

T3 T6
Nettoyage R2 R5
dégraissage
F1 F4
R3 R6

F2 F5

F3 F6

Le poste de nettoyage / dégraissage par exemple, est un point de passage


obligé entre chaque étape, il empêche donc la mise en ligne de la production.
Afin d’améliorer le flux, il serait intéressant d’avoir plusieurs postes de nettoyage
de capacité certes moindre mais permettant une meilleure circulation.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

3.4 Séparation des approvisionnements et des expéditions

Production petits modèles

Approvisionnement Production
magasin moyens modèles Expéditions
Production grands modèles

Approvisionnement Approvisionnement Approvisionnement


magasin magasin magasin

Nouvelle
Production petits Production moyens Production grands
organisation
modèles modèles modèles

Expéditions Expéditions Expéditions

Afin d’optimiser les transports de produits, il peut parfois être intéressant de


spécialiser les activités d’approvisionnement et d’expédition en fonction du type
de produit fabriqué. C’est le cas de cette fabrique qui a spécialisé les
approvisionnements et les expéditions afin de faciliter la circulation des produits.
Cette nouvelle disposition va générer des gains au niveau des déplacements mais
impose une restructuration des relations avec les fournisseurs et les clients.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

4 Méthodes d'implantation

Il existe de nombreuses méthodes d’implantation :

• méthodes de séparation en îlots indépendants (Kuziack, King…) qui


permettent en fonction de la gamme des produits de définir des îlots de
productions indépendants qui utilisent le même groupement de machines,

• méthodes d’implantation d’atelier (méthodes des chaînons) qui ne sont


pas liées à un type de production mais cherchent à minimiser les
déplacements et à éviter les croisements des flux,

• méthode de mise en ligne de production (méthode des gammes fictives).

4.1 Méthodes des chaînons

4.1.1 Définitions

On appelle chaînon le chemin réellement emprunté par une pièce entre deux
postes de travail.

Chaînons
M1M2

M1 M2

Chaînons
M2M4

M3 M4

On définit une unité de manutention comme une unité permettant de chiffrer le


trafic entre les postes. Celle-ci peut être le nombre, le volume, le poids des
pièces, le nombre de palettes, de containers, de lots de transfert…

On appelle liaison un indicateur chiffré qui exprime le trafic entre deux postes de
travail en nombre d’unités de manutention qui va emprunter le chaînon.

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

4.1.2 Étapes de la méthode

• Etude des postes de travail et des gammes.

• Définition d’une unité de manutention et détermination du trafic entre


postes.

• Etablissement d’un tableau des chaînons à double entrée.

• Etablissement d’une implantation théorique (canevas d’implantation).

• Adaptation de l’implantation théorique aux contraintes (génie civil, moyens


de manutention...).

4.1.3 Exemple

Etape 01 : étude des postes de travail et des gammes

Considérons un îlot à implanter qui comporte 7 postes de travail (hors stocks) et


qui permettra de fabriquer deux familles de pièces différentes (paliers et carters)

Postes de travail
A + A1 stocks entrée
B tournage ébauche
C tournage finition
D perçage
E ébavurage
F fraisage ébauche
G fraisage finition
H alésage
I+I1 stocks sortie

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Etape 02 : détermination de l’unité de manutention et du trafic entre


postes

Dans notre cas l’unité de manutention correspond à un lot de transfert. Le lot de


transfert correspond au nombre de pièces que peut contenir un container qui
circulera de poste en poste.

Etape 03 : établissement d’un tableau des chaînons à double entrée

A B C D E F G H I

A l’aide de la gamme il faut placer les liaisons correspondant à un déplacement


de pièces entre deux postes de travail (lot de transfert).

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

De la phase 10 à 20 entre A et B une liaison donc on place 100 à


l’intersection de la colonne A et de la ligne B.

De la phase 20 à 30 entre B et C une liaison donc on place 100 à


l’intersection de la colonne B et de la ligne C.

De la phase 30 à 40 entre C et D une liaison donc on place 100 à


l’intersection de la colonne B et de la ligne C.

Et ainsi de suite pour toute la gamme du palier arrière. (Remarque : le sens du


transfert n’a pas d’importance).

A B C D E F G H I
I 100
H 100
G 100 100
F 100
E 100
D 100
C 100
B 100
A

On procède de la même manière pour les autres pièces en ajoutant les liaisons à
celles existantes.

A B C D E F G H I
I 130+250=380 100+150+200

H 150+200 100
G 100+130+200+250+250 100+130+200

F 130+200 100

E 100
D 150+250= 150+130+200 100+150+130+200
400
C 100+150+130+200

B 100

On effectue les sommes des liaisons dans chaque case puis on réalise les
sommes de la ligne et de la colonne :

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Exemple pour le poste F de fraisage d’ébauche :

Calcul de la valeur à l’intersection A et F : 130+200=330


Calcul de la valeur à l’intersection A
G et F : 100+130+200=430
Calcul de la somme des liaisons concernant le poste F :

330 (intersection A et F ) +100 (intersection F et D)+430 (intersection F et G )


=860
Ce calcul nous donne tout le trafic en unités de manutention (nombre de pièces)
passant par le poste E.
F

A B C D E F GH I
I 380 100+150+200=450 830

H 150+200=350 100 1150

G 100+130+200+250+250=930 100+130+200=430

F 130+200=330 100 330+100+430=860

E 100 100+100=200
D 150+250=400 150+130+200=480 100+150+130+200=580

C 100+150+130+200=580 1160

B 100 1160

On procède de la même manière pour les autres postes en effectuant les


sommes de la ligne et de la colonne et on reporte la valeur à l’intersection de la
colonne et de la ligne correspondant au poste :

A B C D E F G H I
I 380 450 830

H 350 100 1150 7,63%


G 930 430 1360 10,57%
F 330 100 860 12,51%
E 100 200 7,90%
D 400 480 580 3320 1,83%
C 580 1160 30,54%
B 100 1160 10,67%
A 830 10,67%
7,63%

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Le total obtenu des liaisons dans l’îlot est de 10 820, on peut donc classer les
postes en fonction du pourcentage de trafic.

D G B C H F I A E
ORDRE 30,54% 12,51% 10,67% 10,67% 10,57% 7,90% 7,63% 7 ,63% 2,82%

On commence par construire le canevas en plaçant au centre le poste le plus


chargé (D).
Puis on place le plus proche possible de D et dans l’ordre établi auparavant les
différents postes en indiquant les chaînons ainsi que les liaisons entre chaque
poste.

S’il existe deux postes chargés d’une manière équivalente on place ces deux
premiers postes et l’on procède de façon identique.

100, 130, 200


F G

E
100, 130, 200,
130, 200 100 250, 250
100
100

150, 250
A D 150
200
H I
150, 130, 200 100, 150
200
100
100, 150, 130,
B 200

130, 250

100, 150, 130, 200 C

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

4.2 Implantations sur un canevas théorique

On commence par placer le poste par lequel passe le plus grand trafic puis dans
l’ordre et par ordre de priorité les postes qui lui sont directement reliés.

Nous procédons ensuite de la sorte jusqu’à ce que tous les postes soient placés
pour obtenir l’implantation théorique.

D H

B C

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Le canevas est conçu pour éviter les croisements de pièces. Le transfert des
pièces de D vers I ne représente qu’une faible partie du trafic et de plus il n’y a
pas de transfert de pièces entre les postes C et D… Une autre solution aurait été
de dédoubler le poste de perçage D car il est très utilisé.

F G

D H

B C I

Le transfert des pièces de pièces de D vers E ne représente qu’une faible partie


du trafic et de plus il n’y a pas de transfert de pièces entre les postes G et H
donc pas de croisement de pièces.

F G E

A D
H

B C I

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

On peut aussi vérifier pour chaque produit l’implantation en traçant les différents
flux.

Palier arrière :

F G E

H
D

B C I

Palier avant :

F G E

A D H

B C I

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Palier intermédiaire :

F G E

D
A H

B C I

Carter inférieur :

F G E

D H
A

B C I

Carter supérieur :

F G E

D H

B C I

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

On remarque que toutes les pièces passent toutes deux fois par le poste de
perçage ce qui confirme l’opportunité de doubler ce poste en plaçant deux
perceuses séparées afin d ‘améliorer la circulation des flux.

5 Implantation pratique

L’implantation théorique ne donne qu’une indication sur la position relative des


différents postes de travail mais elle ne tient pas compte des contraintes de
génie civil (forme des bâtiments, raccordement, moyens de transport tels que
pont roulants) des contraintes de taille de machines, des allées etc.. ainsi que de
l’implantation des entrées et sorties.

F G
I

A
D H

E
B C

L’implantation de I stock de sortie a été déplacé pour s’adapter à la structure du


bâtiment qui ne comporte que deux entrées sorties :

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Leçon 4 : Ordonnancement : implantation

Sorties produits
finis

F G
G

Forme du
bâtiment
Entrées A D
matières
H
brutes

B C

6 Conclusion

Les problèmes d’implantation sont des problèmes complexes qui font intervenir
un grand nombre de données qui concernent à la fois la fabrication :

• gammes de fabrication des produits,


• nomenclatures des produits,
• programme de fabrication de l’entreprise (nombre de produits, fréquence
des lots) ;

et à la fois d’autres domaines :

• plan des locaux,


• type et taille de machines,
• type des moyens de manutentions.

Nous avons vu que suivant le type de production des implantations sont mieux
adaptées que d’autres. Toutefois les implantations en sections homogènes dès
que les séries commencent à être importantes deviennent rapidement inefficaces
en ce qui concerne la circulation des flux.

Aussi faut-il leur préférer la fabrication en îlot pour des pièces ayant des gammes
différentes mais utilisant les mêmes machines et la mise en ligne pour des
gammes sensiblement identiques (avec le même sens de passage aux différents
postes).

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

L’ORGANISATION DES ATELIERS :


LES IMPLANTATIONS ET LES MANUTENTIONS

1 L'ORGANISATION DES ATELIERS


L'organisation du travail serait faiblement efficace si elle ne se préoccupait
pleinement du lieu où s'accomplit la production, et des moyens d'action pour la
mener à bien.

Les solutions à rechercher sont à orienter vers l'élimination des pertes de toute
nature, de temps, de matière, de main-d'œuvre, d'énergie, etc., ce qui conduit à
étudier les problèmes-clés de l'organisation des ateliers. Ce sont :

- les implantations, car la disposition des bâtiments, chantiers, bureaux, ainsi que
la situation des postes de travail successivement utilisés, commandent le
déroulement des gammes de fabrication ;
- l'équipement, répartissant dans l'implantation les moyens de production, et
permettant de distribuer au mieux l'énergie, l'eau, les gaz et tous autres aliments
de la fabrication ;
- les manutentions, qui sont de gourmands parasites lorsqu'elles ne sont pas
strictement limitées aux déplacements indispensables réalisés économiquement ;
- l'entretien des locaux et du matériel, indispensable au maintien en état de l'outil
de travail, sans pour autant grever trop lourdement les prix de revient de
fabrication ;
- les approvisionnements procurant à pied d'oeuvre les matières et éléments
prévus, en temps fixé par l'ordonnancement.
Ces divers points sont réglés continuellement par les services d'organisation de
l'entreprise, spécialement par les bureaux de méthodes dans l'étendue de leur
compétence, et conformément à leur mission de placer l'échelon exécution dans les
conditions les mieux productives.

2 LES IMPLANTATIONS
Il est particulièrement important de résoudre les problèmes d'implantation à
l'origine de l'établissement, lors de la création d'une usine, d'un chantier, d'un
bureau. L'étude d'implantation est la recherche de la meilleure place du matériel et
des équipements, dans un cadre disponible ou à ériger, de façon à faciliter la
réalisation de toutes les opérations nécessaires à la production. Les objectifs à
atteindre sont, principalement, les suivants :
- Organiser la production dans le minimum d'espace, car la surface, surtout la
surface couverte, coûte cher, et de plus, une implantation étalée, en apparence
plus commode, entraîne des frais de manutention plus considérables.
- Réduire et faciliter (sans rebroussements ou étranglements) les circuits de
personnel, d'engins de transport, de matières, d'outillage, de produits et de
déchets. Le problème d'évacuation des déchets est très souvent sous-estimé ;
dans certaines activités il s'avère difficile. Exemple : la tournure métallique
encombrante et agressive ; les copeaux et sciure de bois qui obscurcissent les

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

aires de travail, les papiers et emballages surabondants ; les eaux usées ; et les
pires de tous, les déchets radioactifs dont l'industrie atomique a bien du mal à se
débarrasser.
- Faciliter les opérations de réglage et d'entretien des machines et des
canalisations. Exemple : on voit souvent démolir des murs pour pouvoir sortir des
organes de machines importantes ;
- Réduire les stocks et les attentes en ménageant un acheminement des produits
équilibrant les tâches parcellaires des divers postes de travail ;
- disposer les postes de travail et les installations communes de façon à assurer au
personnel de bonnes conditions de travail et de confort, tant du point de vue
physiologique (ergonomie) que psychologique (ambiance).
On doit cependant reconnaître que ces divers objectifs présentent souvent
entre eux certaines incompatibilités. L'implantation à adopter résultera d'un
compromis fixant un espace optimum qui n'est pas nécessairement le plus réduit
recherché.

2.1 Les bâtiments


Le bâtiment à usage industriel, administratif ou commercial doit avant tout être
fonctionnel, et son esthétique est secondaire. Ceci n'implique pas le renoncement à
l'art architectural, s'il s'abstient du somptuaire ou de sacrifices de l'efficacité. La
disposition en élévation, le nombre d'étages, dépend du terrain disponible, du coût
de la construction, des facilités d'accès, de la nature de la production.
La technique de construction résulte des conditions de résistance, de
dimensions libres, etc. En principe, l'ossature métallique est préférable au béton, car
elle facilite les renforcements et agrandissements. Toutefois les progrès réalises
dans le conditionnement des locaux a pu faire préférer des ateliers aveugles pourvus
d'un éclairage artificiel bien dosé et plus constant que l'éclairage naturel. La
nécessité des économies d'énergie amène à contester ce choix.
Le plan de l'établissement ménagera la facilité de circulation du personnel selon
le circuit logique : parking, vestiaire, contrôle, poste de travail, lavabos, vestiaire,
sortie, avec dimensionnement convenable des salles, portes, couloirs, pour éviter les
attentes.
Enfin, les bâtiments seront conçus ou modifiés pour faciliter la mise en place du
matériel, notamment les machines lourdes ou encombrantes, les manutentions et le
développement de l'équipement.

2.2 Méthodes générales d'implantation


Le schéma d'implantation dépend étroitement de la nature de l'activité. Pour
l'industrie de fabrication, on distingue certains types couramment adoptés, ce sont :

- l'implantation par sections spécialisées, plus particulière aux fabrications unitaires


ou variées. Dans chaque section on procède à une opération technique
déterminée, et le produit passe successivement dans chacune des sections
spécialisées intéressant sa gamme de fabrication ;
- l'implantation par sections de fabrication, adoptée pour la production de pièces de
même famille, ayant des gammes opératoires voisines ;
- l'implantation en ligne de fabrication, appelée aussi chaîne. C'est le cas de la
grande série. Le produit se déplace en passant successivement par tous les
postes de travail.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

2.3 Pratique des études d'implantation


Pendant longtemps les études d'implantation ont pu être empiriques et
réalisées par tâtonnements. Ce n'est qu'assez récemment que se sont dégagées des
méthodes d'application générale convenant à la fois aux études d'ensemble
(emplacement d'une entreprise, localisation des secteurs, circulations logiques...) et
aux aménagements de travail (implantation des gammes de fabrication et des postes
de travail).

Sont indiqués ci-après, dans un ordre de perfectionnement croissant, les


procédés pratiques utilisés pour les études d'implantation.

• Représentation sur plan : les meubles, machines, postes de travail, sont


figurés à l'échelle sur des cartons découpés dont on cherche l'emplacement
combiné idoine.

• Représentation sur maquette : (en carton, bois, plastique) donnant la


troisième dimension.

• Utilisation du diagramme à ficelles : surtout pratique pour estimer l'ampleur


des circulations. On tend sur un plan des fils de couleurs correspondant aux
transports à effectuer : la densité de la nappe de fils renseigne sur les débits à
assurer et l'importance à donner aux aires de circulation (voir figure 8.1).

Figure.1 : Diagramme à ficelle

• Méthode des liaisons ou des chaînons : Elle comporte une recherche


méthodique de la disposition des postes de travail conduisant, pour des
gammes de fabrication connues, au minimum de manutentions entre postes
ayant entre eux le plus de relations.

Dans cette méthode, on commence par traduire la production en ses gammes


opératoires (tableau 8.1), en notant pour chaque chaînon ou transfert d'un poste de
travail au suivant l'importance pondérée des liaisons ou transports de l'un à l'autre.

Le tableau 8.2 des chaînons, montre la prépondérance du poste P4, nœud du


plus grand nombre de chaînons, ainsi que l'importance des liaisons intéressant ce
poste.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

Tableau 8.1 : Produits et gammes

Type de produit A B C
production 1000 3000 2000
Postes successifs de fabrication P1 P1 P2
P4 P2 P4
P3 P4 P1
P5 P3 P3
P4

Tableau.2 : Tableau des chaînons

Postes P1 P2 P3 P4 P5
P5 xx x x 3
P4 xxx xxxxx xxxx 4
P3 2
P2 xxx 2
P1 3

On poursuit l'étude graphiquement en disposant sur un maillage à module


triangulaire une répartition assurant la meilleure proximité des postes ayant entre eux
les liaisons les plus chargées (figure 7.2). Ce canevas conduit à disposer en des
nœuds plus éloignés, parfois reliés par des chaînons ne suivant pas le module du
maillage, certains postes en quelque sorte sacrifiés parce qu'ils donnent lieu à de
moins importants transferts.

On aboutit à une implantation théorique qu’il convient d'adapter aux locaux


disponibles, en tenant compte de l'espace nécessaire aux servitudes de chaque
poste.

Approvisionnement

Evacuation Circuit Circuit Circuit


Implantation Produit A Produit B Produit C

Figure.3 : Implantation théorique

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Chapitre 6 L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

Mieux que les représentations précédentes, surtout basées sur l'encombrement


des postes et la succession des opérations, la méthode des liaisons tenant compte
des volumes des matières et produits circulants conduit à une limitation avantageuse
des manutentions.

• Méthode B.T.E. (Bureau des Temps Elémentaires) : Elle présente l'avantage


d'indiquer la solution théoriquement optimale, même quand le nombre des
liaisons est grand. Les produits variés à fabriquer sont classés en familles
analogiques, chaque famille caractérisée par sa gamme opératoire et les
quantités à produire.

• Méthode S.L.P. ou Systematic Layout Planning : Cette procédure, très


complète, vise à élaborer progressivement, en allant de l'ensemble au détail,
une répartition dosée de l'implantation en considération de tous les besoins et
possibilités hiérarchisées de l'entreprise. L'étude comporte les principales
étapes suivantes :
1. Analyse des natures et quantités de produits pour une division globale de
l'activité en secteurs d'importance adaptée. Cette analyse prévoit la variation de
production dans le temps.
2. Etablissement de diagrammes d'acheminement des produits, selon une
pratique graphique, ou par tableaux matriciels permettant de visualiser les
intensités de circulation.
3. La mise en évidence, par un tableau relationnel, des liaisons entre elles des
activités principales et des services auxiliaires. Un tel diagramme fait connaître
l'importance relative des liaisons, leur poids, leur motivation, et conduit à
schématiser l'activité complète, avec toutes ses intégrations.
4. Le diagramme relationnel des circulations et des activités conduit à un
arrangement sur le terrain, d'où une détermination quantitative et qualitative des
espaces nécessaires, avec certaines options dépendant des critères d'intérêt
apparents.
5. Les solutions théoriques ainsi construites sont discutées en faisant leur analyse
par facteurs significatifs, et parmi ceux-ci figurent les coûts d'investissement et
d'exploitation. La comparaison systématique de cotations des facteurs conduit à
la solution optimale dont on vérifie le bien-fondé par sondage auprès des
autorités intéressées.
6. Cette phase d'implantation générale achevée, il ne reste plus qu'à préciser
l'implantation détaillée des locaux, des équipements, des postes de travail, des
annexes et servitudes. Il s'agit là, partant des données de l'implantation
générale, d'une étude technique à l'aide de plans et maquettes qui facilitent les
opérations d'installation.
La méthode S.L.P. est bien conforme aux principes d'analyse, critique,
construction et contrôle, de l'O.S.T., et c'est pourquoi elle apparaît d'application très
générale aux problèmes d'implantation de toute dimension.

3 L'ÉQUIPEMENT
L'équipement d'une usine, d'un chantier, d'un bureau doit être adapté pour
atteindre le rendement optimum d'où dépendent la qualité et le prix de revient des
productions. Il y a là un équilibre à chercher entre le travail lent insuffisamment
organisé, et la tentation du suréquipement qui procure bien des facilités mais grève
les charges d'amortissement et d'entretien.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

Un procédé d'exécution déterminé conduit à définir la nature de l'équipement


apte à un débit fixé de produits satisfaisant aux normes de qualité. Deux solutions
sont alors possibles :
- adopter un équipement spécialisé unique, permettant une production stable, un
grand rendement, un automatisme poussé ;
- implanter un équipement assez polyvalent, plus souple dans son utilisation, mais
plus coûteux en temps d'exécution et en main-d'œuvre.
Le choix des machines de production résulte à la fois d'une étude technique
appropriée à chaque nature d'activité, et d'une préoccupation de rentabilité.

4 LES MANUTENTIONS
On entend par manutention tous les mouvements et déplacements de matières,
matériels, outillages et produits effectués pour leur mise en place à un poste
d'utilisation, sur un moyen de production ou de transport, et sans en modifier la
conformation. Les manutentions n'ajoutent rien à la valeur du produit, elles sont
improductives et coûteuses.

Elles cumulent un certain nombre d'inconvénients qui sont les suivants :


- une dépense d'énergie (manuelle ou mécanique),
- des pertes de temps, augmentant les délais d'exécution,
- la mobilisation d'un personnel nombreux,
- des investissements importants en matériel très périssable,
- des risques de détériorations et pertes en cours d'opération,
- l'immobilisation d'emplacements précieux,
- l'encombrement des aires et volumes de circulation,
- des risques d'accidents.

L'inculpation des manutentions au procès de la productivité est donc


particulièrement grave, et l'organisation se doit de s'acharner à réduire leur
culpabilité. Il convient de déceler les manutentions cachées afin de les mieux
organiser, et à la base de l'étude doit s'effectuer un diagnostic des manutentions,
sincère et complet.

4.1 Diagnostic des manutentions


On peut procéder comme pour une analyse de déroulement, assortie d'un plan
de circulation qui révèle :
- le nombre de transports effectués dans une gamme opératoire,
- les poids transportés,
- les distances parcourues, en plan et en hauteur,
- les moyens employés,
- les temps d'exécution des transports.
L'emploi du diagramme à ficelles, déjà signalé pour les études d'implantation,
met en évidence les particularités inhérentes aux manutentions, telles que :
- les passages très fréquentés,
- les cheminements difficiles (croisements et rebroussements, à éviter),
- les emplacements peu accessibles,
- les goulots d'étranglement,
- les points d'attente.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

Dans des cas complexes, le diagnostic peut être aidé par la méthode des
observations instantanées, capable de fournir économiquement de nombreuses
données et, notamment, les fréquences et durées des manutentions.

Les causes principales de manutentions trop coûteuses sont :

- insuffisance des moyens de levage et de transport,


- dispersion du matériel et des postes de travail (implantation défectueuse),
- absence de méthode (manutentions à étudier et organiser dans la gamme
opératoire),
- vétusté des équipements (rendement, avaries),
- insuffisance des études de simplification du travail appliquées aux manutentions.

On remédie dans une large mesure à ces imperfections par une étude
rationnelle, conduite selon la méthode générale exposée précédemment. Les
résultats peuvent être considérablement bénéfiques comme en témoigne l'exemple
de cette fonderie britannique (chiffrage par unité de produit) (tableau 8.3).

Tableau3 : Exemple d’une fonderie britannique

Avant étude Après organisation


Tonnages divers transportés 113 t 49 t
Distance parcourue par les ouvriers 14 km 5,8 km
Hauteur totale de soulèvement 50 m 20 m

4.2 Principes d'économie des manutentions


On énonce, sous cette acception, quelques conseils de bon sens dus au
bureau des temps élémentaires, qui ont pour but d'éliminer, simplifier, mécaniser les
manutentions :

1. Le meilleur moyen de transporter un objet est de le laisser sur place. Et


cependant, on constate tant de manutentions absolument inutiles !
2. Quand le déplacement est inévitable, diminuer le plus possible la distance de
transport et la dénivellation.
3. Utiliser la gravité.
4. Utiliser la force motrice plutôt que l'effort humain.
5. Déplacer le moyen de production vers le produit à transformer (ce qui permet de
remplacer par un unique transport de machine la totalité des transports de
produits).
6. Transformer un procédé de fabrication discontinu en un procédé continu, ce qui
évite les reprises (exemple : machine-transfert).
7. Ne pas sceller les machines, pour inciter à modifier les implantations chaque
fois qu'une modification de gamme le rend à propos.
8. Ne pas acheter un nouveau matériel de manutention avant de s'être assuré que
l'ancien est réellement saturé : les ateliers prétendent n'avoir jamais assez de
matériel, mais l'analyse démontre souvent sa mauvaise utilisation.

Bien entendu, les règles classiques d'économie des mouvements trouvent


aussi quelques applications dans la simplification des manutentions.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

4.3 Choix et rentabilité des matériels de manutention


L'organisateur aura le choix d'une infinie variété de matériels offerte par les
constructeurs, et pour lesquels il est malaisé de définir des critères de convenance.

Le classement de ces matériels ne peut être tenté qu'au regard de leurs


caractéristiques principales. On distingue ainsi les appareils :
- de déplacement horizontal des charges : soit au sol (tapis, rouleaux, sauterelles),
soit aériens (convoyeurs, monorails, ponts roulants) ;
- de déplacement vertical des charges : grues fixes ou mobiles, chèvres, palans,
élévateurs et monte-charge, toboggans ;
- de transport sur engin roulant (chariots, tracteurs...).
La manutention offrant un domaine technique très étendu, il est conseillé à
l'organisateur de s'entourer des conseils de constructeurs objectifs ou de bureaux
d'engineering spécialisés.

4.4 Automatisme en manutention


Les opérations de manutention exigeant beaucoup de main-d'œuvre, il est
souhaitable d'y introduire l'automatisme, réalisable à degrés progressifs :
a- Au niveau du poste de travail, des mécanismes automatiques tels que butées
de fin de course, enclenchements d'opérations, arrêt et retour d'outil, etc.,
limitent les interventions de l'ouvrier et réduisent le temps d'exécution ;
b- Des machines répétitives, ou à outils multiples, peuvent réaliser sans
manutentions intermédiaires des cycles d'opération. Exemple : les machines à
commande numérique ;
c- Des unités automatisées perfectionnées peuvent réaliser des ensembles de
cycles. Exemple : machines-transferts de l'industrie automobile capables de
réaliser automatiquement plusieurs dizaines d'opérations, sans aucune
intervention manuelle ;
d- Le processus continu de fabrication supprime les manutentions. Exemple :
raffinage du pétrole, laminage métallurgique. Les usines robots de l'avenir
réaliseront sans doute des processus entiers sans manutention (au sens
étymologique d'action manuelle).

A défaut de pouvoir réaliser l'automatisme complet, des avantages notables


sont obtenus en groupant les manutentions par la constitution d'unités de
chargement (palettes, containers) qui justifient l'emploi de moyens mécaniques de
meilleur rendement que par la manutention d'objets isolés.

Cette recherche de l'automatisme aura souvent pour effet annexe de supprimer


des stockages et d'équilibrer le rythme de la fabrication.

4.5 Sécurité des manutentions


Un motif impérieux d'organiser les manutentions apparaît à la constatation des
dangers qu'elles présentent.

L'action de sécurité doit s'attacher à sauvegarder :


- la conservation des matériels de manutention,
- le bon état des objets manutentionnés,
- surtout, la sécurité des manutentionnaires et des tiers pouvant être victimes des
accidents de manutention.

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L’organisation des ateliers : les implantations et les manutentions

La prévention des accidents (dont un exposé plus général est inclus dans le
chapitre 10) mérite une mention particulière aux manutentions. Elle s'y exerce sur
deux plans :

1- Technique, par les moyens de :


- l'organisation du travail (choix des techniques, conditions d'emploi, itinéraires,
simplification des opérations...),
- l'aménagement des lieux, (visibilité, signalisation, gabarit, stabilité des empilages,
nivellement des sols...),
- l'adaptation du matériel (résistance, accessoires et particulièrement les câbles,
chaînes, crochets, élingues),
- l'épreuve du matériel et son entretien (règlements de sécurité des appareils de
levage, visites périodiques...).

2- Humain, par la protection et l'éducation du personnel :


- sélection des aptitudes physiques des manutentionnaires (limitation à 50 kg
d'effort pour les hommes, réglementation pour les femmes et les mineurs),
surveillance médicale,
- établissement et respect des consignes,
- effets protecteurs pour la manutention d'objets et produits agressifs,
- propagande pour l'introduction et le maintien de l'esprit de sécurité.

Une action rationnelle sur la sélection et l'emploi des moyens de manutention


aboutit à des progrès considérables sur la productivité, étant donné l'importance
relative de ces opérations dans le bilan de la production. Cette action est simple; il
suffit de toujours la conduire selon la méthode de l'O.S.T. : observation, analyse,
critique, conception, application, vérification.

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