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L’expression « droit des États-Unis » est une formule commode qui fait l’économie d’une longue

périphrase, mais qui n’est pas rigoureusement exacte. Il n’y a pas un, mais des droits aux
ÉtatsUnis, et la notion de « droit des États-Unis », tout comme celle parfois employée de « droit
américain », doit être comprise comme un terme simple permettant de désigner sous un vocable
unique un ensemble complexe qui englobe plusieurs droits. La connaissance du droit des États-
Unis est inséparable de la conscience du droit aux États-Unis. On dira d’emblée que les États-
Unis sont un temple du droit, non seulement parce que le droit y est une véritable religion avec
sa Bible, ses écritures, ses pères de l’Eglise, ses rites et ses prêtres, mais aussi, et peut-être plus
encore, parce que le droit est aux États-Unis ce qui relie (religare) les hommes entre eux. Le droit
tient aux États-Unis une place considérable moins, comme on le croit souvent, au plan des
relations interpersonnelles (contrairement à une légende tenace, les rapports individuels ne sont
pas toujours systématiquement régis par un « contrat », mais bien plus par l’appartenance à une «
communauté ») qu’au niveau des rapports collectifs et de la société considérée en general. Le
droit américain est inspiré du système anglo-saxon de common law, le droit anglais étant en
vigueur lors de la guerre d'indépendance. Les États-Unis étant un État fédéral, il y a d'une part un
droit fédéral américain, dont la plus haute juridiction est la Cour suprême, et d'autre part un droit
particulier à chaque État fédéré. Le responsable de la justice au sein du cabinet est l'attorney
general, actuellement Merrick Garland.

En vertu de la clause de suprématie (Article VI de la Constitution), le droit fédéral prime le droit


des États. Ainsi, en cas de contradiction, la Constitution fédérale prime les Constitutions
particulières de chaque État ; de même que les lois fédérales, et que les traités signés par les
États-Unis. Tous les six ans, un code fédéral est rédigé, recensant l'ensemble des lois fédérales
permanentes. Il y a quatre sources formelles du droit aux États-Unis : la Constitution des États-
Unis, les lois, le droit jurisprudentiel (c'est-à-dire formulé par les juges) ainsi que les
ordonnances et textes réglementaires. La coutume reste une source de droit informelle (pratique
obligatoire, raisonnable dans un temps suffisant de répétition).

Est considéré comme principe fondamental du droit constitutionnel américain le principe du


delegata potestas non potest delegari, selon lequel un organisme qui a un pouvoir délégué par la
nation ne peut pas subdéléguer ce même droit à un autre acteur. Le droit pénal américain est
devenu de plus en plus répressif, en particulier à partir des années 1970 puis sous Reagan, quand
triomphe le slogan get tough on crime (« soyez durs envers le crime ») ainsi que la « guerre
contre la drogue », puis, dans les années 1990, l'« hypothèse de la vitre brisée » et la « politique
de tolérance zéro » (popularisée à New York par Rudy Giuliani, maire de 1994 à 2001). En
1994, la Californie a adopté la loi des trois prises (Three-strikes law ou plus exactement Three-
strikes and you're out c'est-à-dire « Trois coups et vous êtes dehors »), instaurant une peine
plancher au 3e délit. Ces lois ont été généralisées dans 25 États3. De façon concomitante, la
négociation de peine s'est généralisée, augmentant le pouvoir du procureur qui peut négocier la
culpabilité, donc la peine. Cette procédure est maintenant utilisée dans 90 % des affaires pénales,
rendant la procédure longue du jury, qui devait statuer à l'unanimité, très rare4.

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