Vous êtes sur la page 1sur 13

LA CAVERNE DU DRAGON : « LE MUSÉE DU CHEMIN DES DAMES »

Anne Bellouin

Presses Universitaires de France | « Guerres mondiales et conflits contemporains »

2009/3 n° 235 | pages 33 à 44


ISSN 0984-2292
ISBN 9782130572596
DOI 10.3917/gmcc.235.0033
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-
contemporains-2009-3-page-33.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France.
© Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


LA CAVERNE DU DRAGON :
« LE MUSÉE DU CHEMIN DES DAMES »

La Caverne du Dragon, site historique visité dès les années 1920,


dotée depuis 1999 d’un vaste bâtiment d’accueil aux formes contempo-
raines, est devenue officiellement le « musée du Chemin des Dames »
en 2007, à l’occasion des commémorations du 90e anniversaire de
l’année 1917.
Située sur la ligne de crête qui domine à 180 m d’altitude les vallées de
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


l’Aisne au sud et de l’Ailette au nord, la Caverne du Dragon ou
« Drachenhöhle »1 est un musée de site qui a désormais pour vocation de
constituer une porte d’entrée pour l’ensemble du Chemin des Dames, par
l’évocation des 30 km d’un secteur du front connu pour l’offensive
Nivelle de 1917 et les mutineries.
Or, si la Caverne du Dragon a constitué dans l’immédiat après-guerre
l’un des lieux de la mémoire combattante, la création en son sein d’un
musée de la Grande Guerre n’allait pas de soi. Aborder l’histoire des com-
bats du Chemin des Dames et la vie quotidienne des soldats dans un lieu
aussi particulier et surprenant que la Caverne du Dragon imposait une
approche plus sensible que didactique et nécessitait aussi, en complément,
la mise en place d’un dispositif d’aide à la visite sur l’ensemble du Chemin
des Dames, véritable territoire-musée.
Il s’agissait, dans cette partie de l’Aisne, au cœur du Chemin des
Dames, de réfléchir à un dialogue possible entre le dehors et le dedans, la
Caverne du Dragon constituant un exemple des diverses façons de faire la
guerre en 1914-1918 : la guerre souterraine, ici inséparable du champ de
bataille extérieur.
Afin d’en bien cerner les enjeux, il est nécessaire de rappeler briève-
ment l’histoire du site historique qu’est la Caverne du Dragon, avant

1. Initialement, selon un plan allemand conservé aux Archives bavaroises (BayHStA Inv.
Div. 20), c’est une petite carrière plus au nord qui est baptisée « Drachenhöhle » par un régiment
bavarois. L’actuelle Caverne du Dragon porte alors le nom de « grotte de la Creute, Creutehöhle ».
Les unités françaises qui reprennent pied dans la carrière en 1917 conservent ce nom pour l’ensemble
du réseau souterrain.
Guerres mondiales et conflits contemporains, no 235/2009
34 Anne Bellouin et Damien Becquart

d’analyser le temps des musées, celui, d’abord, du Souvenir français


en 1968-1969 et celui initié par le département de l’Aisne à partir
de 1994, temps qui correspond à la progressive prise en compte du Che-
min des Dames dans la mémoire nationale du premier conflit mondial.

BRÈVE HISTOIRE D’UNE CARRIÈRE SOUTERRAINE

La Caverne du Dragon est à l’origine une carrière de pierre calcaire.


Elle pourrait avoir été exploitée dès la fin du XVIe siècle pour le compte de
l’abbaye de Vauclair située à proximité2. Son exploitation cesse au cours
du XIXe siècle : la monographie rédigée en 18883 par l’instituteur de la
commune d’Oulches, située en contrebas du site de la Caverne du Dra-
gon, n’en fait pas mention.
Devenue extension d’un terrain privé où a été construite la « ferme de
la creute »4, la carrière aurait ensuite servi de lieu de stockage pour du
matériel agricole, d’étable ou de grange. On en distingue les entrées dans
la cour de cette ferme sur des cartes postales de l’époque5. Ce cas n’est pas
unique : d’autres exploitations de ce type existent alors dans la région, qui
compte de très nombreuses carrières.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


Lors de la guerre 1914-1918, la carrière est investie par les soldats pour
servir de caserne souterraine. On y trouve, essentiellement aménagés par
les Allemands, des lieux de repos, des cuisines, un point d’eau6, des latri-
nes, un poste de secours, une salle d’opération, un poste de commande-
ment, des lieux de stockage des munitions. De nombreux soldats, alle-
mands et français, sont inhumés dans la carrière, sans qu’on puisse en
connaître le nombre exact7. Fait notable : si plusieurs centaines de carriè-
res sont devenues des abris durant la guerre, seule la Caverne du Dragon,
du moins après sa reprise par les Français le 25 juin 1917, est fréquemment

2. Un plan aquarellé, daté du XVIIIe siècle, est conservé aux Archives départementales de l’Aisne
(sous la cote C 475). Il indique un lieu-dit « la Creute » dont la localisation, à l’ouest de la ferme
d’Hurtebise, incite à penser qu’il s’agit bien de l’actuelle Caverne du Dragon. Les archives communa-
les de Laon (sous la cote SRL 98) conservent la Déclaration des biens et revenus de l’abbaye de Vauclair,
ordre de Cîteaux, donnée en exécution du décret de l’Assemblée nationale du 28 novembre 1789, dans laquelle
sont évoquées des possessions « au lieu-dit la Creute ».
3. Cet instituteur, Hilaire Jonneaux, a rédigé la monographie de sa commune suite à l’envoi
en 1884 d’une lettre-questionnaire de la Société de géographie de l’Aisne, portant sur la géographie
physique, historique, économique du site et l’histoire de l’école dans la commune. Cette mono-
graphie se trouve aux Archives départementales de l’Aisne.
4. Le terme de « creute » désigne localement une carrière.
5. Cartes postales conservées aux Archives départementales de l’Aisne (fonds 18 Fi) et dans des
collections particulières.
6. Une carte trouvée récemment dans le « Journal de marche et d’opération du 2e Génie », qui
date d’octobre 1914, mentionne un puits de 7 m de profondeur, à sec. Le puits, encore visible
aujourd’hui, n’est donc pas creusé par les Allemands. En revanche, le bassin adjacent pourrait être leur
œuvre.
7. Les sources varient sur ce point : 124 corps sont mentionnés parfois, ou bien on trouve les
chiffres de 114 Allemands et de 7 Français. Une liste datée de 1920 mentionne 50 corps retrouvés
dans la Caverne du Dragon.
« La Caverne du Dragon : Le musée du Chemin des Dames » 35

mentionnée dans les communiqués de l’armée et fait partie des rares topo-
nymes allemands conservés après guerre.
Les traces de cette période sont nombreuses mais anecdotiques : des
clous fichés dans les parois pour accrocher un casque, un sac, ou encore
un fusil ; des éléments du circuit électrique (les pièces de porcelaine qui
servaient de conducteur aux fils) et de raccordement téléphonique instal-
lés par les Allemands ; du mobilier métallique dont des restes de châlits et
du fil barbelé. Des inscriptions, allemandes pour la plupart, attestent l’or-
ganisation de la vie souterraine. En revanche, de nombreux témoignages
de soldats dans des journaux ou des lettres, les mentions de la Caverne
dans les journaux de marche et d’opération des régiments français, un rap-
port officiel du Commandant des pionniers de la 14e division d’infanterie
allemande8 permettent de reconstituer ce que fut cette caserne souterraine
de 1914 à 1918. Pour exemple, le texte d’un soldat français décrit la
Caverne du Dragon, le 29 juin 1917, quelques jours après la reprise par les
Français d’une partie de la carrière : « Couloirs où l’on rampe au milieu
d’invraisemblables débris ; trous où l’on se glisse, salles immenses à demi
comblées par les éboulis des voûtes, vastes galeries taillées dans la pierre,
barrées de sacs à terre par endroits ; (...) escaliers à pic encombrés des
poilus de garde qui dorment pêle-mêle dans l’obscurité que trouent à
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


peine nos lampes, au milieu d’une odeur pénible de gaz asphyxiants et de
cadavres (...). »9

APRÈS LA GUERRE : UN LIEU DE MÉMOIRE PARTICULIER

À l’issue du conflit, le Chemin des Dames, où plus de 10 000 ha sont


déclarés « zone rouge »10, inconstructible et incultivable, devient un lieu
de pèlerinage pour les anciens combattants et leurs familles. Des photogra-
phies montrent des boutiques ambulantes destinées à fournir menues reli-
ques et cartes postales aux premiers touristes de ces lieux de mémoire, ou
encore les panneaux indiquant, au milieu d’un paysage lunaire, l’accès à la
Caverne du Dragon, lieu « intéressant à visiter »11. La visite d’alors est
courte. Le Guide Michelin des Champs de bataille, publié en 1920, indique :
« Pour visiter la Caverne du Dragon, se munir de lampes électriques et de
bougies. Prendre, au croisement des routes, le chemin d’Oulches et de la
vallée Foulon. Après avoir descendu environ 150 m, on aperçoit les rails
d’une voie de 60 qui traversent la route ; suivre, à droite, sur 200 m, cette

8. Archives bavaroises, 456 EV 15 222 Infanterie Division Bund 8, rapport daté du


25 juin 1917 (Brfb Nr 2549).
9. Texte extrait du journal d’E. G. à la date du 29 juin 1917, publié dans la revue Études, le
5 novembre 1917, cité par René-Gustave Nobécourt, Les fantassins du Chemin des Dames, Paris,
Robert Laffont, « L’Histoire immédiate », 1965, p. 266-267.
10. Par arrêté préfectoral en date du 16 avril 1919. La zone rouge est néanmoins en partie
rendue à l’agriculture en raison de la pression des populations.
11. Photographies conservées aux Archives départementales de l’Aisne, fonds 2 Fi.
36 Anne Bellouin et Damien Becquart

voie qui court le long d’un talus à pic : elle mène à la Caverne du Dra-
gon (...) Ayant parcouru 150 à 200 m dans la galerie principale de la
caverne, où l’on pourrait s’égarer en s’aventurant trop loin, revenir à
l’entrée. »12
Le premier guide de la Caverne, Alphonse Hanras (Landerneau,
1892 ; Oulches, 1958) s’est installé à proximité (à Oulches) et vit de
divers travaux : récupération de métaux, collecte et revente de peaux de
lapin, édition de cartes postales. En fait de visite, il sécurise l’accès à la
Caverne du Dragon en créant un escalier et fait le récit des combats de
l’isthme d’Hurtebise, secteur resserré du plateau et clé de la partie est du
Chemin des Dames. Le succès de la Caverne du Dragon, comme de tout
le Chemin des Dames, est compréhensible : alors que l’image communé-
ment partagée de la Grande Guerre est celle de tranchées qui scandent de
grandes plaines trouées et dénudées par les bombardements, le paysage est
ici inhabituel13. Le relief particulier du Chemin des Dames semble créer
un champ de bataille impossible en raison de la pente. Quant à la Caverne
du Dragon, il s’agit d’un site surprenant, sinon unique.
Auguste Rogez (1911-1992) qui, enfant, accompagnait Auguste Han-
ras à la Caverne, tire parti de cette vision de la Caverne comme lieu parti-
culier, de grande valeur patrimoniale et historique. Surtout, il sait com-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


bien ce lieu souterrain peut solliciter l’imaginaire. Second guide de la
Caverne, il fait visiter les lieux une lampe à acétylène à la main, et plonge
un moment dans le noir les visiteurs impressionnés et émus, en évoquant
des combats au corps à corps. Cette présentation est davantage mytholo-
gique qu’historique. Elle emprunte en effet à la mythologie son caractère
de récit constitué, totalisant, qui donne du sens au lieu. L’existence de
combats au corps à corps dans la carrière reste problématique : aucune
source à ce jour ne l’atteste14.
À cette période, la Caverne, d’accès relativement aisé, est visitée par
de nombreuses personnes de manière autonome et sert de terrain de jeu

12. Le Chemin des Dames, « Guides illustrés Michelin des Champs de bataille », Clermont-Fer-
rand-Paris, Michelin & Cie, novembre 1920, 127 p. En novembre 1920, ce sont 23 guides illustrés,
composés de 3 896 illustrations, qui sont édités par Michelin, avec le slogan « un guide, un panorama,
une histoire ». Six autres viendront en complément.
13. C’est ce que dit en substance Joëlle Beurier dans un article qui présente la Caverne du Dra-
gon et l’Historial de la Grande Guerre à Péronne, publié en italien dans les Actes du colloque de
Schio, tenu en octobre 2002, intitulé « En parcourant les lieux de la mémoire... La tutelle du patri-
moine historique de la Grande Guerre et la loi du 7 mars 2001, no 78 ». Ces actes sont disponibles sur
Internet, à l’adresse suivante : http://www.4novembre.it/pdf/atticonvegno.pdf.
14. Les Historiques régimentaires ainsi que les Journaux de marche et d’opération des unités
engagées au Chemin des Dames, à présent consultables sur le site internet du ministère de la Défense,
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/, indiquent les pertes causées par chaque tenta-
tive de reprise de la carrière aux Allemands, installés là depuis le 26 janvier 1915. Ainsi, le
25 juin 1917, la reprise d’une partie de la Caverne par les Français occasionne de 79 à 144 morts
(selon les historiques du 152e régiment d’infanterie et du 334e RI). Dans la nuit du 9 au 10 juil-
let 1917, le sous-lieutenant Blet est blessé mortellement au cours d’un assaut dans la Caverne (histo-
rique du 68e RI) ; le 31 octobre 1917, le sergent Jacques Léon Meydieu (5e compagnie du 21e RIC) est
tué dans la Caverne en posant des défenses accessoires (SHAT, 26 N 865). Mais aucune référence à des
combats au corps à corps dans la Caverne n’est à ce jour connue.
« La Caverne du Dragon : Le musée du Chemin des Dames » 37

pour les enfants. On y trouve encore des vestiges de la guerre : sacs de


terre qui ont servi à isoler et protéger chaque camp pendant la cohabita-
tion, dans la carrière, de soldats français et allemands pendant quelques
mois en 1917, objets de la vie quotidienne, et même ossements humains.
Actuellement, les collections conservées à la Caverne du Dragon sont
constituées en partie de tels objets, notamment de nombreuses pièces de
cuir très endommagées et d’éléments métalliques divers (poêle de
tranchée, barbelés, restes de casques et d’armes).
Dans les années 1960, à la faveur du développement des musées
d’Histoire de la Grande Guerre, ce lieu de mémoire militaire est pris en
charge par le Souvenir français15. La gestion d’un lieu comme la Caverne
du Dragon et la création en son sein d’un musée excèdent les buts de l’as-
sociation qui sont à l’origine les suivants : entretenir les tombes des soldats
morts pour la France et élever des monuments à leur mémoire.
Ce choix peut apparaître comme un signal fort de la volonté de main-
tenir localement la mémoire du Chemin des Dames assez peu valorisée au
niveau national. Le délégué général du Souvenir français pour l’Aisne,
Gérard de Francqueville, est aussi élu à la présidence du Comité du
Mémorial de Cerny, autre lieu de mémoire important du Chemin des
Dames.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


Pour permettre l’ouverture de ce « futur musée au Chemin des
Dames », la constitution d’une collection est très rapidement envisagée.
De manière originale, ce sont des appels aux dons qui sont lancés en
février 1969 au cours de l’émission « Dépannage » sur RTL, animée par
Jean Bardin. Le succès de cette campagne est immense : de toute la France
et même de l’étranger, des objets, documents et armes affluent et sont très
succinctement16 inventoriés par l’association. Dans la carrière, l’espace
muséal s’apparente à un musée militaire où sont mis en exergue les armes,
les drapeaux, les pièces d’uniformes des combattants de 1914-1918. Le
discours, toujours tenu par le guide Auguste Rogez jusque 1981, fait la
part belle aux actions des différentes unités qui ont combattu au Chemin
des Dames, notamment au récit de la reprise de la Caverne le
25 juin 1917 par le 334e et le 152e régiment d’infanterie. L’abbé Jean Py,
aumônier de ce dernier, vient témoigner sur place de son expérience de
l’événement, pourtant débattu.
Le musée ouvre officiellement ses portes le 4 mai 196917, inauguré par
le ministre de la Recherche scientifique, compagnon de la Libération,
Robert Galley, et par Gérard de Francqueville. Un ancien combattant
allemand, le colonel von Lewinsky, a été convié à cette cérémonie dédiée

15. Le Souvenir français, association créée en 1887 par Xavier Niessen, un professeur alsacien,
et reconnue d’utilité publique en 1906, assure la gestion du site de la Caverne du Dragon à partir
de 1968.
16. L’inventaire manuscrit établi par le Souvenir français ne comporte en effet que la dénomina-
tion courante de l’objet et n’indique pas sa provenance ni son histoire.
17. Il existe un reportage photographique de l’inauguration aux Archives départementales de
l’Aisne (fonds 2 Fi).
38 Anne Bellouin et Damien Becquart

à un lieu de mémoire franco-allemand. À partir de 1969, ce sont, selon les


chiffres du Souvenir français, près de 30 000 visiteurs qui viennent à la
Caverne du Dragon chaque année. Cependant, l’association peine à assu-
rer la bonne conservation des collections dans la carrière (où il règne une
température de 12 oC et où le taux d’humidité atteint presque 100 %) et la
protection de celles-ci.

D’UN MUSÉE À L’AUTRE

La création d’un musée départemental est liée à la décision du conseil


général de valoriser le Chemin des Dames en tant que lieu culturel et tou-
ristique à partir de 1994.
Un an plus tôt, en région Picardie, l’Historial de la Grande Guerre,
musée d’histoire européenne de la guerre qui a pour objet l’étude des
sociétés mobilisées et la présentation des combats du champ de bataille de
la Somme, a ouvert ses portes à Péronne.
L’époque est au « retour » de la guerre dans la recherche et l’opinion
publique. En effet, après la période d’histoire militaire et diplomatique de
l’immédiat après-guerre, a succédé dans les années 1960-1970, une his-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


toire avant tout sociale. Une troisième période, dans les années 1980-
1990, voit la constitution d’une histoire culturelle de la guerre et une
attention renouvelée à l’histoire des individus combattants18.
Dans le domaine des musées, les années 1980-1990 voient la création
d’un grand nombre de musées d’identité territoriale (musées d’histoire, de
société) et celle de centres d’interprétation où l’accent est mis sur la com-
préhension d’un phénomène, à l’aide de dispositifs pédagogiques simples :
utilisation d’objets originaux, appel à l’expérience personnelle, illustration
plutôt que communication d’une information mise en forme19.
C’est dans ce contexte muséal et historique que le département de
l’Aisne élabore, avec le Comité d’expansion de l’Aisne, un projet où la
réflexion première n’est pas orientée vers la création d’un musée mais plu-
tôt vers l’aménagement d’une série de sites, notamment de carrières, orga-
nisés en réseau. Un itinéraire reliant ces sites, jalonné de panneaux expli-
catifs, complétera l’ensemble. Progressivement, le projet évolue. Au
terme de la signature d’un bail emphytéotique de trente années avec le
Souvenir français le 6 juillet 1995, la construction d’un espace muséal
départemental à la Caverne du Dragon est envisagée. Celui-ci ne portera
cependant pas le nom de musée, mais d’ « espace muséographique », afin
d’éviter dans un premier temps la focalisation sur un seul site du Chemin
des Dames. Le « Programme départemental de valorisation culturelle et

18. Ce sont les trois principaux temps de l’historiographie de la Grande Guerre qui sont mis en
évidence par Antoine Prost et Jay Winter dans Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie, Paris,
Le Seuil, « Points-Histoire », 2004.
19. L’interprétation a d’abord été conçue et mise en œuvre aux États-Unis et au Canada.
« La Caverne du Dragon : Le musée du Chemin des Dames » 39

touristique du Chemin des Dames » est lancé en 199520. L’Union euro-


péenne, l’État et la région Picardie participent au financement. Un
Comité scientifique, qui regroupe des militaires et des chercheurs dont
certains issus du Centre de recherche de l’Historial de Péronne, valide les
contenus scientifiques21.
En avril 1997, les sites du « Jalonnement » sont inaugurés, constituant
une sorte de musée de plein air22. Les travaux à la Caverne du Dragon
débutent en novembre 1997. Un an plus tard, une visite de chantier est
faite en présence de la ministre de la Culture Catherine Trautmann.
L’inauguration officielle de la Caverne du Dragon a lieu le 5 juillet 1999,
en présence du général Maurice Bourgeois, ancien combattant de Verdun
et du Chemin des Dames, alors âgé de 103 ans. Tous les journaux qui
relatent l’événement insistent sur le fait que le Chemin des Dames trouve
là un espace de compréhension à la mesure de l’importance de ce terri-
toire dans la guerre. Pourtant, aucune salle d’exposition permanente n’est
prévue, ni d’espace destiné à l’accueil d’expositions temporaires. Le bâti-
ment départemental témoigne bien du choix de mettre en valeur un site
historique, celui de la Caverne du Dragon, par la création d’ « un centre
d’interprétation de la Grande Guerre en milieu rural »23.
Un certain nombre des caractéristiques de l’établissement méritent
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


d’être relevées.
D’abord, il est important de souligner que ce musée de site est large-
ment ouvert sur le paysage du Chemin des Dames. Le long bâtiment de
béton et de verre, conçu par l’architecte franco-iranienne Nasrine Seraji,
domine le paysage et tire parti de la situation de promontoire du Chemin
des Dames : cela permet une vision globale, à l’aide de dispositifs d’observa-
tion (longues vues), et de repérage (carte du Chemin des Dames à l’entrée).
Ce choix permet de proposer deux niveaux de lecture : le paysage actuel
paisible, visible par la fenêtre, et les paysages d’époque (avant, pendant et
après la Grande Guerre) retrouvés au moyen de projections d’images et de
films sur des bornes multimédia situées à l’entrée du musée. Ce dispositif,
qui visait à faire prendre conscience du caractère de palimpseste du Chemin

20. L’ouvrage réalisé sous la direction de Denis Defente, conservateur en chef des musées, Le
Chemin des Dames 1914-1918, Paris, Somogy Éditions d’art, 2003 (rééd. 2006), 160 p., aborde l’his-
toire du Chemin des Dames dans la guerre et dresse un état des connaissances des services départe-
mentaux à cette date.
21. Constitué le 14 mars 1996, le Comité scientifique est composé de Jean-Paul Amat (géo-
graphe), Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Jean-Jacques Becker, Guy Pedroncini, Mau-
rice Vaisse (historiens), de Jacques Pérot (directeur du musée de l’Armée), de Frédérique Pilleboue
(directrice des Archives départementales de l’Aisne), du général Jean Delmas (président de l’Institut
d’histoire comparée et de la Commission française d’histoire militaire), du colonel Dichart (Service
historique de l’Armée de Terre), du général de Persin (président général du Souvenir français) et du
général Jacques Servranckx.
22. Selon l’expression de Guy Marival dans le hors-série no 2 de la revue Graines d’histoire consa-
cré à la Caverne du Dragon, Laon, Éd. du Point du Jour, 1999, 12 p. L’aménagement d’une dizaine
de sites où sont présentés des panneaux didactiques, comme « autant de jalons sur cette route chargée
d’histoire » constitue « un musée de plein air inédit » (p. 1).
23. C’est la formulation retenue qui apparaît dans les notes échangées entre le maître d’œuvre
du projet et le maître d’ouvrage.
40 Anne Bellouin et Damien Becquart

des Dames, territoire où se superposent les traces de la guerre, la mémoire


de celle-ci (stèles, monuments commémoratifs, chapelle), les paysages
actuels, a été supprimé définitivement en 2005 afin d’accueillir les exposi-
tions temporaires renouvelées chaque année. Le film d’introduction24
reprend la même approche territoriale : une maquette du plateau du Che-
min des Dames et des vallées devient support du film, écran de projection.
L’idée maîtresse, sans cesse rappelée au visiteur, est celle d’un Chemin des
Dames comme territoire marqué par l’histoire, de Jules César à aujour-
d’hui, un lieu où la lecture et la compréhension de l’histoire est possible.
Ensuite, il faut noter la préférence, dans le musée et la carrière, pour
des matériaux et une scénographie contemporains. La scénographie est
destinée à suggérer davantage qu’à reconstituer, comme le souligne Joëlle
Beurier25 : « Pour valoriser ce site exceptionnel, le choix a été celui d’une
visite-promenade, avec une scénographie très artistique : jeux de lumière
sur les parois pour illuminer le parcours, quelques reconstitutions, non de
la guerre, mais d’éléments symboliques, quasi oniriques, de la guerre. »
Ainsi d’un espace appelé le dortoir où une série de toiles tendues à l’hori-
zontale à différentes hauteurs, doit suggérer la densité d’occupation de
l’espace souterrain26. À l’origine, chacune des toiles devait recevoir une
projection d’images de soldats endormis, ou occupés à écrire.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


Joëlle Beurier ajoute : « Le sonore se superpose à cette palette senso-
rielle : bruits de gouttes qui tombent du plafond, voix françaises et alle-
mandes qui lisent des lettres de soldats ; enfin films d’époque pour rappe-
ler les dévastations occasionnées par les bombardements, et montrer les
progrès apportés dans les soins aux blessés. »
L’agence ABCD et la scénographe Lef Kazuka conçoivent donc des
dispositifs qui provoquent une réflexion sur la mémoire, la continuité ou
les ruptures de l’histoire, la quotidienneté des tâches accomplies par les
soldats, mais, à l’exception des panneaux explicatifs disposés dans chaque
zone particulière de la carrière27, aucun savoir n’est apporté par la scéno-
graphie. Celle-ci crée des espaces de réflexion et d’hommage, davantage
attendus dans un mémorial que dans un espace muséographique. C’est
alors le guide, qui anime obligatoirement chaque visite, qui constitue le
medium essentiel dans l’acquisition de savoirs sur la Grande Guerre au
Chemin des Dames.

24. Le film débute par le récit des premiers combats de la Grande Guerre et la progressive fixa-
tion des lignes au Chemin des Dames. La géographie du lieu est évoquée, puis des retours sur les évé-
nements historiques antérieurs à 1914-1918 au Chemin des Dames sont faits. Une large place est
accordée au 16 avril 1917.
25. Joëlle Beurier, op. cit., p. 3, n. 10.
26. D’après un document allemand conservé dans les Archives bavaroises (BayHStA Inv.
Div. 2f), on sait que l’effectif maximum dans la carrière a été celui de deux à trois compagnies soit 500
à 600 hommes.
27. Le Comité scientifique a validé le découpage des espaces de la Caverne du Dragon accessi-
bles au public en 14 séquences : premières traces, observatoire allemand, mur allemand, bassin, tunnel,
casernement, dortoir, poste de secours, 16 avril, chapelle, salle communautaire, poste de commande-
ment, Caverne aux deux murs, souvenirs.
« La Caverne du Dragon : Le musée du Chemin des Dames » 41

L’installation centrale, intitulée « les flambeaux de la mémoire » et


constituée de multitudes de lampes flammes placées au cœur d’un réseau
quadrillé lumineux (qui évoque autant le champ de bataille entrecoupé de
tranchées que les champs actuels), illustre les rôles respectifs de la scéno-
graphie permanente et du guide : ce dernier en explique le sens et fournit
les données factuelles du nombre connu des pertes au Chemin des Dames
tandis que l’installation permet une méditation sur l’immensité du drame
humain que génère la guerre.
La place de l’image est essentielle dans la scénographie : des écrans de
télévision diffusent des archives photographiques et cinématographiques
de la guerre, organisées par thèmes. Trois visioscopes présentent en outre
un montage de films montrant les traumatismes dus à la guerre : visages de
gueules cassées, hommes atteints de l’obusite. La nécessité de s’approcher
pour regarder, et la vision personnelle imposée (une seule personne à la
fois pour visionner les images), imposent l’évidence de la violence de la
guerre.
Enfin, il convient de s’arrêter sur les thèmes choisis, en amont du tra-
vail scénographique, qui apparaissent comme volontairement généraux et
larges. Le Comité scientifique propose et valide ainsi l’ « universalité » de
l’expérience de la guerre, la « littérature de guerre »28 et l’évocation, au
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


sein de la Caverne, d’autres carrières sculptées du Chemin des Dames et
du Soissonnais29.
Ce point peut interroger tant la vision donnée du conflit apparaît alors
éloignée de la spécificité du Chemin des Dames. La balance faite entre
l’histoire du lieu et la présentation de l’événement Grande Guerre dans
son ensemble est complexe. Lors de la venue, en novembre 1998, du Pre-
mier ministre Lionel Jospin pour l’inauguration au plateau de Californie
de l’œuvre de l’artiste-sculpteur contemporain Haïm Kern Ils n’ont pas
choisi leur sépulture, un véritable tournant pour la mémoire des combats du
Chemin des Dames avait été opéré. Dans son discours, le Premier
ministre formulait ainsi le souhait que les fusillés pour l’exemple de 1917
comme des autres années de guerre soient réintégrés dans la mémoire col-
lective, sans évoquer de réhabilitation ni de pardon. Si certains membres
du Comité scientifique insistent dès 1997-1998 sur la nécessité que l’of-
fensive manquée du 16 avril et l’histoire des mutineries soient abordées ne
serait-ce que pour expliquer la présence dans la carrière d’un graffiti, cer-
tainement postérieur à 1918, « Plus de 16 avril 1917 », leur place dans la
visite reste néanmoins à l’appréciation du guide et aujourd’hui encore, la
place de l’événement 16 avril reste à définir dans l’espace du musée.

28. En témoignent les comptes rendus des réunions du Comité scientifique entre 1996 et 1998.
Des extraits de la correspondance de soldats sont ainsi audibles dans l’espace intitulé le dortoir.
29. Si la Caverne du Dragon, située en première ligne, ne présente que deux sculptures certai-
nement antérieures à 1914 (des visages sculptés dont celui d’un personnage biblique ?), d’autres creu-
tes, comme celle de Braye-en-Laonnois, de Rouge-Maison ou, plus au sud, de Confrécourt, sont très
richement sculptées et comportent des centaines d’inscriptions, témoignages exceptionnels du passage
dans ces lieux d’hommes français, allemands, américains, britanniques, irlandais...
42 Anne Bellouin et Damien Becquart

En 2008, trois lieux dans la carrière accueillent une nouvelle scéno-


graphie : un anneau lumineux installé dans la chapelle, présente, face au
visiteur, des visages de combattants de la Grande Guerre. De même, à
proximité d’une des sorties sud de la Caverne du Dragon, une table pro-
jette les images des bras de soldats attablés, occupés à diverses tâches qui
comblent l’attente. Dans l’espace de l’ancien musée du Souvenir français
réinvesti, des photographies d’époque permettent d’évoquer les thèmes de
la guerre industrielle, de l’emploi des chars, de l’observation aérienne tan-
dis qu’une carte interactive fait prendre la mesure de ce que fut l’offensive
commandée par le général Robert Nivelle en 1917.
Aujourd’hui, le musée s’ouvre au dialogue avec l’art contemporain : le
sculpteur Christian Lapie a répondu à une commande du conseil général
de l’Aisne à l’occasion du 90e anniversaire de l’offensive de 1917 et pro-
posé aux abords de la Caverne un ensemble de neuf sculptures intitulé
« Constellation de la douleur », en hommage aux tirailleurs sénégalais
engagés dans l’offensive30.
Un ou plusieurs ateliers photographiques, animés chaque année par un
photographe professionnel31 permettent à des élèves du département de
découvrir d’une autre façon le Chemin des Dames et la Caverne du Dragon.
Les expositions temporaires, régulières depuis 2001, revisitent des thè-
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


mes généraux comme l’alimentation des soldats, la bande dessinée, les
lieux de mémoire, la reconstruction ou font le point sur des questions peu
traitées comme celle des fusillés pour l’exemple, l’histoire de la forêt dans
la guerre et l’après-guerre, les tirailleurs sénégalais, les bombardements
allemands sur Paris en 191832.
Si, au Chemin des Dames, 1917 apparaît toujours comme l’année qui
définit cette portion du front ouest, la Caverne du Dragon demeure un
musée de site qui propose un discours généraliste sur la Grande Guerre, la
vie quotidienne des soldats et le Chemin des Dames dans la guerre. Une
réflexion a été lancée pour adapter le bâtiment aux fonctions muséales
(accueil des groupes, salles d’expositions permanentes et temporaires) et
définir le propos que doit porter le musée à la veille du centenaire du
déclenchement du premier conflit mondial. Ainsi, la Caverne du Dragon
a vocation à devenir, au-delà du site de la Caverne proprement dite, un
musée de territoire et un musée d’histoire.

30. Vingt bataillons de tirailleurs, soit un peu plus de 15 000 hommes, sont rassemblés en pre-
mière ligne, autour de Vauxaillon-Laffaux et de Paissy-Hurtebise. 1 100 d’entre eux, victimes de
pneumonies ou souffrant d’engelures à cause du froid, doivent être évacués avant même le déclenche-
ment de l’offensive. Et dès le 16 avril, premier jour de la bataille, au moins 1 400 tirailleurs sénégalais
meurent dans les combats pour la conquête du mont des Singes, pour la prise des fermes de Moisy et
d’Hurtebise ou sur les pentes d’Ailles.
31. Après le photographe John Foley, ce sont Guy Hersant et Bruno Gouhoury qui ont animé
ces deux dernières années les ateliers financés par le musée du Chemin des Dames.
32. Les expositions évoquées sont : en 2005-2006, « Au nom du peuple français... Fusillés dans
l’Aisne en 14-18 » ; en 2006-2007, « Chemin des Dames, les arbres aussi se souviennent » ; en 2007-
2008, « Dans la guerre des Toubabs, les Tirailleurs sénégalais en 14-18 » ; en 2008, « 1918 : feu sur
Paris ! La véritable histoire de la grosse Bertha ».
« La Caverne du Dragon : Le musée du Chemin des Dames » 43

Quelles que soient les orientations retenues, la tension entre approche


historique et approche commémorative semble devoir perdurer. De
même, demeure la complexité des choix muséographiques à opérer. En
effet, non seulement le musée généraliste du Chemin des Dames doit com-
poser avec l’histoire propre au lieu Caverne du Dragon, mais il doit, de
surcroît, à l’échelle plus large du territoire-musée dans lequel il se trouve,
résoudre la contradiction permanente née du contraste entre l’aspect buco-
lique du paysage actuel et la violence de la guerre que raconte son histoire.
Cette contradiction est déjà promise au visiteur qui lit sur les pan-
neaux routiers, à l’approche d’un champ de bataille, le nom de « Chemin
des Dames ».
Damien BECQUART,
Chargé de mission Chemin des Dames / Familistère de Guise
Anne BELLOUIN,
Responsable du musée du Chemin des Dames.

FICHE PRATIQUE CAVERNE DU DRAGON

Horaires et jours d’ouverture


© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


Janvier à avril, du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
Mai, juin et septembre, tous les jours de 10 h à 18 h
Juillet et août, tous les jours de 10 h à 19 h
Octobre à décembre, du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
Ouvert les jours fériés
La caverne se découvre en visite guidée exclusivement (1 h 30)
De 10 h à 12 h et de 13 h à 16 h 30 (17 h 30 en juillet/août)
Temps d’attente entre chaque départ environ 30 minutes

Accès
Depuis Paris, A1 ou A26 en direction de Lille, puis RN2 vers Soissons, puis Laon,
prendre la RD18 (Chemin des Dames).
Depuis Lille, A26 en direction de Reims, sortie no 14 en direction du Chemin
des Dames.

Tarifs
— Visite de la Caverne du Dragon (durée 1 h 30)
Adultes : 6,00 E
Enfants (6 à 18 ans) : 3,00 E
Groupes (à partir de 30 personnes, sur réservation), tarifs réduits et gratuités :
nous consulter.
— Visite « À la recherche du dragon » (sur réservation)
Pour les familles avec enfants de 4 à 12 ans, uniquement le mercredi à 10 h 30
Adultes : 6,00 E
44 Anne Bellouin et Damien Becquart

Enfants (4 à 12 ans) : 3,00 E


Moins de 4 ans : gratuit
— Le parcours historique du Chemin des Dames
Uniquement sur réservation, pour les groupes et à certaines dates pour les
visiteurs individuels : nous consulter
— Visite du Fort de la Malmaison
Le 4e dimanche de chaque mois, sur réservation
Adultes : 3,00 E
Moins de 6 ans : gratuit
— Visite de la Caverne du Dragon et du Fort de la Malmaison
Le 4e dimanche du mois, sur réservation
Adultes : 7,00 E
Jeunes (6 à 18 ans) : 4,00 E
Moins de 6 ans : gratuit

Informations - Réservations
Caverne du Dragon / musée du Chemin des Dames
RD18 CD – 02160 Oulches-la-Vallée-Foulon
Tél. : 03 23 25 14 18 – Fax : 03 23 25 14 11 / E-mail : caverne@cg02.fr
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)

© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 11/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 91.171.129.139)


www.caverne-du-dragon.fr

Vous aimerez peut-être aussi