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n° 30 BELGIQUE - BELGIË
PP
Décembre BRUXELLES X
2018 1/9464
DE MÉMOIRE
PÉDAGOGIE ET TRANSMISSION
CENTRE D’ÉTUDES ET DE DOCUMENTATION
MÉMOIRE D’AUSCHWITZ ASBL
| TRIMESTRIEL N° 30 | OCTOBRE - NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2018
| BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X | N° AGRÉGATION P 801056
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS/INTRODUCTION
p. 2
APPROFONDISSEMENT 1
Les Baccarne et les Deschepper,
histoire d'une famille séparée
par une ligne de front
p. 4
APPROFONDISSEMENT 2
La Première Guerre mondiale
redessine les cartes d'Europe
(et celles du monde)
p. 10
CHRONOLOGIE
p. 14
INTERROGATION
Réfugiés, apatrides et
mouvements de populations
p. 16
+ che pédagogique p. 17
© DR
mondiale, près de 60 000 Juifs
ont servi dans les
armées allemandes ?
p. 18
PORTFOLIO
p. 20
RÉFLEXION
Nouvelles
Comment « lire » un monument
p. 22
AUSCHWITZ
frontières
La naissance de la caserne
militaire à Zasole
p. 24
Cette année, nous commémorons la fin de la
VARIA
p. 26 Première Guerre mondiale. Dans ce numéro, qui a vu le jour
avec l’aide du musée In Flanders Fields, nous revenons sur
Éditeur responsable
Henri Goldberg cette période d’après-guerre au cours de laquelle de
nouvelles frontières ont été tracées.
ASBL Mémoire d’Auschwitz
Rue aux Laines 17/Boîte 50 - 1000 Bruxelles
AVANT-PROPOS ET INTRODUCTION
2 TRACES DE MÉMOIRE
Wendy White, Poppies and Soldier
Painting 2017.
portée à cette guerre du passé L’exposition permanente du mu-
exige de s’intéresser aussi à la sée In Flanders Fields montre les
gestion actuelle des conits. ravages de la guerre, comment
Une visite ne s’apparente toute- les plaies ont ensuite été pansées
fois pas à une leçon d’histoire. Le et ce qu’il en reste. Le paysage
musée In Flanders Fields ne ra- du Westhoek belge est marqué
conte pas toute la Première par les tombes, les monuments
Guerre mondiale, mais il la pré- commémoratifs, les vestiges et la
sente tel qu’elle peut être ex- reconstruction (presque) com-
posée au moyen de sa collec- plète d’une ville et d’une région.
tion : des objets, des images, des Vu les nombreuses traces visuelles
personnes et des récits en lien et les nombreux contacts interna-
avec l’endroit où il se trouve. tionaux, les personnes qui y vivent
Ypres n’est pas Bruxelles et la aujourd’hui sont bien conscientes
Belgique n’est pas la Grande- de la responsabilité qui leur in-
Bretagne, l’Allemagne ou la combe face à ce chapitre de
France, ni aucun autre État im- l’histoire mondiale. L’objectif du
pliqué dans la Première Guerre musée est de partager cette
mondiale. histoire commune entre les habi-
Il existe cependant un lien réel tants (anciens et nouveaux) et les
entre ce musée et plus de visiteurs. L’exposition permanente
soixante pays impliqués dans le nous montre les traces de la
conit. Des millions de personnes guerre et évoque une partie de
sont venues pour prendre part à son histoire. Ce n’est pas un ha-
des combats, souvent sans issue. sard si elle est présente dans les
Beaucoup sont tombées ici, où Halles aux draps, d’abord dé-
elles sont enterrées et commé- truites puis reconstruites avec
morées jusqu’à ce jour. Ypres et soin. Ce n’est pas un hasard si le
toute la région du front restent visiteur peut admirer la ville et
intimement liés dans la mort et le une grande partie de l’ancien
souvenir à chacun des pays d’où front depuis le beffroi. Ceux qui
provenaient des soldats, et par- sont jadis venus du monde entier
fois même des civils. Dans cette jusqu’ici nous accompagnent à
ville, la perspective est d’abord travers des images, des objets,
celle du front et des victimes. des textes et des exposés qui
C’est également la nôtre, même montrent à quel point cette
si nous savons que d’autres sont guerre continue à nous inuencer
tout aussi importantes : celle des aujourd’hui et fait de nous ce
territoires sous occupation mili- que nous sommes, en tant
taire, des pays d’origine, de qu’êtres humains, européens,
l’échelle géopolitique d’un pre- citoyens du monde.
mier conit mondial. Mais à
© Wendy White
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APPROFONDISSEMENT 1
Ligne du front le 20 octobre 1914,
qui sépara les familles Baccarne et
Deschepper à Poelkapelle et Langemark.
LES BACCARNE
ET LES
DESCHEPPER,
HISTOIRE D'UNE
FAMILLE SÉPARÉE
PAR UNE LIGNE
© IFFM
DE FRONT
Généralement, les traits tirés sur Le moment de décision monde est déjà parti.
des cartes dans un contexte de Sur le chemin du retour, ils enten-
guerre n’apportent rien de bon. Lorsque la guerre débute dans le dent au loin la clameur de la
Qu’il s’agisse de lignes de front, Westhoek en octobre 1914, Pe- brutalité de la guerre qui
de lignes d’attaque ou de nou- trus Baccarne hésite sur la con- s’approche, ils parviennent à
velles frontières, elles sont souvent duite à adopter. Son ls aîné, Al- rejoindre leur ferme de Poelka-
lourdes de conséquences pour bert Baccarne, combat les Alle- pelle à temps. Et soudain, il est
de nombreuses personnes, qui mands avec l’armée belge, et trop tard. Avant même que Pe-
n’avaient pourtant rien deman- Petrus pense que son ls, dans le trus, Sylvie et leurs enfants aient
dé. Dans le Westhoek, celles de sillage de la retraite des troupes pu s’enfuir vers l’ouest, de nom-
la Première Guerre mondiale ont belges, passera par la gare de breuses troupes allemandes tra-
scellé à tout jamais le destin de Poelkapelle, située juste à côté versent Poelkapelle pour livrer
millions de personnes, que ce de sa ferme. L’idée de ne pas bataille aux unités britannique et
soient les militaires du monde être là lorsque son ls aîné s’y française stationnées quelques
entier qui ont combattu dans la rendra le retient de s’enfuir. Des centaines de mètres plus loin. Le
région ou la population locale centaines de réfugiés sont déjà front s’empêtre entre Langemark
qui y vivait ou y travaillait lorsque passés devant leur porte, colpor- et Poelkapelle, puis se stabilise
leurs villages et leurs prés ont été tant des histoires de meurtres et après de féroces combats (la
transformés en champ de ba- d’incendies. Sylvie Deschepper, première bataille d’Ypres). Petrus
taille. Dans la soirée du 20 oc- la femme de Petrus, se promène Baccarne, Sylvie Deschepper et
tobre 1914, la ligne de front sépa- depuis plus d’une semaine vêtue leur progéniture se retrouvent de
rant les troupes allemandes, de ses plus beaux atours, après ce fait en zone allemande et
d’une part, des Français et des avoir cousu des objets de valeur séparés de leur famille qui a fui
Belges d’autre part s’est immobi- entre les plis de sa jupe. Au cré- Langemark. Ils vivront toute la
lisée au nord de Langemark et puscule du 20 octobre 1914, elle guerre en territoire occupé, in-
de Poelkapelle, séparant les décide d’envoyer ses trois plus certains du sort de leurs proches
fermes des familles Baccarne et jeunes ls, Jeremie, Octaaf et et de leur ls aîné, Albert, enga-
Deschepper. Les familles des Maurice, prendre des nouvelles gé dans l’armée belge.
parents et des frères de Petrus de son père, Alexander Des-
Baccarne et Sylvie Deschepper chepper, et de son frère, Désiré Évacuations obligatoires
se trouvaient du côté allié de la Deschepper, dont les fermes ne
ligne de front. Le couple et leurs sont distantes que de deux kilo- Malgré la proximité du front, la
six enfants, eux, étaient dans la mètres. Les enfants empruntent famille Baccarne reste dans un
zone allemande. Cette ligne a en toute hâte un petit sentier qui premier temps vivre à Poelka-
dispersé les familles et tiré un trait longe la voie ferrée pour se pelle, louvoyant entre les caves
indélébile sur leur avenir à tous, rendre dans leur famille. Sur solides d’une maison située un
jusqu’à ce jour. place, ils constatent que tout le peu plus loin dans la rue et la
4 TRACES DE MÉMOIRE
© IFFM
© IFFM
Famille de Petrus Baccarne et Sylvie Deschepper, Famille de Désiré Deschepper et Marie-Louise
1920. De gauche à droite : Gaston, Octave, Petrus, Capelle. Debout, de gauche à droite : Octave, Oscar,
Emandie, Maurice, Albert, Sylvie, Jéremie. Jules et Remi. Assis, de gauche à droite : Julia,
Désiré, Marie-Louise, Achille.
fosse à purin (nettoyée) de leurs gaz à grande échelle de La dernière année de guerre
animaux, qu’ils ont aménagée l’histoire, le 22 avril 1915, au nord
en véritable tanière. Le tumulte d’Ypres. À Moorsel, les Baccarne doivent
des combats résonne toujours en La situation va encore changer une fois de plus s’intégrer dans un
arrière-plan. Lorsqu’il devient au cours de l’été 1917. Les Alliés nouvel environnement. Pour eux,
clair, au début du mois de dé- ont prévu de lancer leur grande ce sera plus facile que prévu, car
cembre 1914, que le front offensive de l’été dans la région ils ont la chance de pouvoir
d’Ypres est devenu une impasse, d’Ypres, dans l’espoir de forcer compter sur des voisins compré-
les Allemands et les Alliés se pré- une percée. Pendant les prépa- hensifs. Dès septembre 1917, le
parent à un état de siège de ratifs, les positions allemandes et petit Maurice retourne à l’école.
longue durée. Dans la zone mili- l’arrière-pays du saillant d’Ypres Au cours de cette période, il
taire, il n’y a pas de place pour sont pilonnés pendant des se- commence à tenir un cahier de
les citoyens qui habitent trop près maines. Staden se trouve à por- dessins, où il rassemble toutes
du front et qui doivent donc être tée de tir de l’artillerie alliée et les sortes d’impressions : des souve-
évacués. La famille de Petrus Allemands décident d’évacuer nirs des périodes de Poelkapelle
Baccarne déménage à la rue toute la zone pour optimiser les et de Staden (la ferme, un soldat
d’Ypres à Staden : Petrus et Syl- défenses de leur position. Avec français, un avion éclairé par des
vie, Gaston, Octave, Jeremie et de nombreuses autres familles, projecteurs...), ainsi que les fa-
Maurits. Emandie, leur lle aînée, Petrus, Sylvie et leurs enfants sont çades de la maison de Moorsel,
travaillait déjà à Bruxelles comme de nouveau évacués, cette fois- ou encore des cartes et des des-
employée de maison avant la ci en direction d’Alost. Ils arrivent sins qu’il copie de ses livres sco-
guerre. Elle y restera pendant n juillet à la gare de la ville, où ils laires.
toute la durée du conit. sont réceptionnés pour être Toutefois, la vie à Moorsel est
À Staden, les Baccarne font pour transportés à Moorsel. dure, comme dans toutes les
un mieux, malgré tout. Ils y mè-
nent une existence relativement
calme et les enfants peuvent
même fréquenter l’école.
Comme Staden est située à
proximité du front, bien qu’à une
distance relativement sûre, de
nombreuses troupes allemandes
y séjournent, au repos ou en ré-
serve. Jef Baccarne, ls de Mau-
rice Baccarne, se rappelle en-
core quand son père racontait le
survol des avions, les Allemands
© IFFM
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Gaston Baccarne
ainsi que Gaston Baccarne est à 1918, les Alliés lancent une offen-
son tour arrêté à l’automne 1917 sive de grande ampleur sur plu-
6 TRACES DE MÉMOIRE
Albert Baccarne (indiqué par une croix) à l'hôpital de
campagne L'Océan 2, Vinkem, octobre 1918.
© IFFM
ticulièrement sanglante. Le 28 Albert Baccarne est mis en sécu- permis de savoir qui se trouvait
septembre 1918 reste gravé rité par plusieurs soldats, qui plus ou moins où. Emandie Bac-
comme le jour le plus meurtrier l’installent à côté d’un bunker carne, la sœur aînée qui vit à
dans l’histoire de l’armée belge. allemand qui vient d’être pris. La Bruxelles, fut une plaque tour-
Plus de mille hommes perdent nuit, lorsque la bataille se calme, nante importante dans ce ré-
alors la vie. Les jours suivants, les on vient le chercher pour seau. Fin novembre 1918, après
combats se poursuivent, achar- l’évacuer dans l’arrière-pays, l’armistice, une correspondance
nés, avec à chaque fois de d’abord dans un poste de pre- intense se met en place entre
lourdes pertes, également au miers secours de Poelkapelle, différents descendants des deux
sein du 2e régiment de carabi- puis à l’hôpital de campagne familles, entre les « réfugiés » et
niers. Entre le 29 septembre et le L’Océan 2 à Vinkem. Quelques les militaires, sur le terrain ou à
1er octobre 1918, 74 hommes de semaines plus tard, le 11 no- l’hôpital. Pendant tout ce temps,
l’unité tombent, 145 sont portés vembre 1918, l’armistice est si- Petrus et Sylvie ignorent com-
disparus et 407 sont blessés, dont gné. Albert se trouve alors à La ment vont leur ls Albert et les
Albert Baccarne. Cent ans plus Panne, dans l’implantation prin- Deschepper, dont ils savent ce-
tard, son ls, Robert Baccarne (93 cipale de l’hôpital de la Croix- pendant qu’ils vivent en exil en
ans), raconte : « L’unité de mon Rouge, L’Océan... France. Au cours de cette pé-
père faisait partie de la deu- riode de correspondance ani-
xième vague d’assaut. À un mo- La guerre est nie ? Où sont les mée, Julia Deschepper, la lle
ment donné, alors qu’ils mar- autres ? cadette de la famille de Désiré
chaient pour rejoindre leurs posi- Deschepper, joue un rôle impor-
tions d’attaque, ils ont été pris Entretemps, les familles Baccarne tant. Elle demande les adresses
sous le feu de mitrailleurs. Une et Deschepper sont séparées de chacun et les transmet à tout
balle a transpercé le genou droit depuis plus de quatre ans. Pen- le monde. Dans une lettre du
de mon père, qui s’est affalé sur dant la guerre, des échanges de 31 décembre 1918, écrite depuis
son genou gauche. Il a eu de la courrier difciles et réduits au Plouyé (en Bretagne), où elle est
chance, car si le tir avait été un strict minimum (sorties et entrées réfugiée, elle résume avec préci-
rien plus haut... Le commandant sporadiquement en fraude en sion les pérégrinations des Des-
qui marchait à ses côtés a été passant par les Pays-Bas, chepper depuis cette journée
tué sur le coup. » l’Angleterre, la France...) ont dramatique du 20 octobre 1914.
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Que réserve l’avenir après une
guerre ?
8 TRACES DE MÉMOIRE
Nous adressons nos plus vifs remerciements à Jef Baccarne,
ls de Maurice Baccarne, et Robert Baccarne, ls d'Albert Baccarne,
qui ont partagé leur histoire et leurs archives familiales. Le récit est
disponible dans une version plus longue et animée dans le cadre
de l'exposition temporaire To End All Wars? Un bilan de la Première
Guerre mondiale (Ypres, 27 octobre 2018 – 15 novembre 2019).
© IFFM
tion dégénère rapidement. Fin
janvier 1919, il succombe aux
conséquences d’une double
pleurésie « en exil » à Moorsel. Il
Paysage dévasté près
fut ainsi l’une des quelque de Poelkapelle, 1918.
8 000 victimes civiles qui perdront
la vie des suites du travail obliga-
toire effectué pour les Allemands.
Avec un ls décédé et deux inva-
lides, il est exclu que Petrus Bac-
carne, qui a pris un sacré coup Réunion familiale en France
regroupant les descendants des
de vieux, exerce à nouveau le
familles Baccarne et Deschepper, 2009.
métier de fermier. Mais la famille
continue à espérer un retour
dans sa région natale.
© IFFM
L’occasion se présente nale-
ment en 1922, lorsque Petrus
reçoit l’opportunité de louer une
maison du programme de re-
construction, où est installée la
cordonnerie d’Albert et Maurice, avec les récits et les cicatrices de début des années 2000, il devient
les deux invalides. Tout le monde leurs parents, sans oublier, pour la président de la Confédération
met la main à la pâte et, lente- branche restée dans le West- européenne de la Chaussure,
ment mais sûrement, les Bac- hoek, les traces indélébiles dont fonction qui lui permettra de
carne rebâtissent leurs vies. la guerre a imprégné le paysage. rassembler de nombreuses per-
De leur côté, les Deschepper Quelques « enfants » sont toujours sonnes par-delà les frontières. À
décident de s’installer déniti- en vie. Ils ont préservé et perpé- l’instar de son cousin Robert, il
vement en France, où ils estiment tué l’histoire de la famille de dif- recueille au l des ans de nom-
avoir plus d’opportunités et de férentes façons. Robert Bac- breux courriers et photos des
chances. Ils dénichent quelques carne, le ls d’Albert, deviendra familles Baccarne-Deschepper.
fermes inoccupées en Norman- maître d’école et racontera Avec sa sœur Anna, il est un des
die (la guerre a coûté la vie à l’histoire de la Première Guerre moteurs qui cherchent à réunir
10 % de la population masculine mondiale à plusieurs générations les différentes générations de
française), où ils se construisent de jeunes. Celle de sa famille et Baccarne et Deschepper, a-
de nouvelles vies.... et devien- les souvenirs de parents lui servi- mandes et françaises, pour main-
nent français. ront alors de boussole. Lors de ses tenir le contact et transmettre
temps libres, Robert étudie inten- l’histoire de leur famille.
Une guerre qui ne s’efface jamais sivement le passé de guerre de Cette histoire n’en est qu’une
sa région, sur lequel il écrira au parmi des centaines de milliers
Une ligne de front qui a séparé total cinq livres. d’autres, vécues par de simples
deux familles en octobre 1914 a Jef Baccarne, ls de Maurice Belges et Européens dont la vie
donc pour conséquence nale Baccarne, apprend également sera marquée à jamais par la
qu’une branche devient fran- l’histoire de son père, de son Première Guerre mondiale.
çaise, tandis que l’autre de- oncle et de la « famille fran-
meure amande. Ils resteront çaise » dès son plus jeune âge. En
néanmoins en contact, comme hommage aux cordonniers de sa Pieter Trogh
c’est d’ailleurs toujours le cas famille, il choisit lui-même à Chercheur scientique
aujourd’hui. La génération qui seize ans le métier de cordonnier, In Flanders Fields Museum
suit celle de la guerre grandit qu’il apprend de son père. Au Traduit par Ludovic Pierard
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APPROFONDISSEMENT 2
Une rupture avec l’ancien monde portent en elles une perspective tinentaux en Europe. Les attentes
internationale. Peu de temps sont grandes, mais on craint aussi
Lors de la Première Guerre mon- après, en janvier 1918, le prési- d’être fortement déçu. Le Pre-
diale, un ancien ordre mondial dent américain Woodrow Wilson mier ministre français, Clemen-
éclate brutalement et des certi- dévoile au monde son légen- ceau, aurait noté à l’époque
tudes familières sont brusque- daire « programme en quatorze qu’il était plus facile de faire la
ment remises en cause. Le conti- points », où le principe de guerre que d’instaurer la paix.
nent européen a tremblé sur ses l’autodétermination des peuples Chaque pays, ou plutôt chaque
fondations et les vibrations ont joue un rôle central. Cette pen- « peuple » s’est en effet présenté
été ressenties bien au-delà. Les sée donne de l’espoir à de nom- à Paris avec son propre recueil
traces de destruction que cette breuses minorités, mais attise d’exigences. Leurs aspirations
première guerre industrialisée a dans le même temps un large reposent sur des intérêts géopoli-
laissées, visibles et invisibles, sur le éventail de sentiments nationa- tiques ou économiques, les prin-
front ou loin à l’arrière et à travers listes. L’écrivain hongrois Joseph cipes élastiques du droit à l’au-
toutes les catégories sociales, Roth abordera avec justesse cet- todétermination, une soif pure et
sont inédites. L’Europe sombre te période dans son roman clas- dure de pouvoir et d’extension
dans une profonde crise poli- sique Radetzkymarsch (1932) : du territoire, et l’envie des ga-
tique, économique, sociale, spiri- « Tous les peuples créeront leur gnants de prendre leur revanche
tuelle et démographique. Non propre vilain petit État [...] Le sur les perdants. Il est également
seulement des millions de mili- nationalisme est la nouvelle reli- frappant de voir à quel point les
taires et de civils sont morts, sans gion. » parties concernées protent de
compter les innombrables per- l’occasion pour rectier des « in-
sonnes souffrant de traumatismes La conférence de la paix de Paris justices historiques » remontant
physiques ou psychiques, mais en en 1919 bien avant 1914.
outre, les quatre grands empires C’est ainsi que le Premier ministre
se sont effondrés : l’Empire alle- Au cours du premier semestre de italien Orlando contrera un ar-
mand, la double monarchie aus- l’année 1919, des délégations gument d’un adversaire qui se
tro-hongroise, l’Empire russe des issues de 29 pays se rassemblent référait à une frontière de 1815
Tsars et l’Empire ottoman. à Paris pour y discuter d’un nou- par la remarque suivante : « Mais
Le vide du pouvoir ainsi laissé à vel ordre mondial. Les négocia- si on suit ce raisonnement, nous
certains endroits ouvre la voie à teurs, qui font tous partie des devrions revenir aux frontières de
d’autres noms, de nouveaux « vainqueurs » du conit, sont l’ancien Empire romain, ce qui
modes d’administration et des confrontés au lourd dé de trou- veut dire que nous avons droit à
idéologies modernes. En 1917, ver une solution politique et paci- [...] »
Lénine a mené la prise de pou- que à un désordre inédit : La Belgique aussi se distingue
voir socialiste en Russie. Ses idées l’effondrement des empires con- assez bien en la matière. Pays
10 TRACES DE MÉMOIRE
À Paris, des dizaines de commis-
sions spécialisées sont créées
pour étudier, sur la base de
toutes sortes de critères tels que
la culture, l’ethnicité, la religion,
la langue, les liens historiques...
de nouvelles frontières pour les
États successeurs, entraînant
parfois les traits de plume les plus
absurdes sur les cartes. En cou-
lisses, ce sont néanmoins les
« Trois Grands », à savoir la
France, la Grande-Bretagne et
les États-Unis, qui tracent les
lignes. Certaines situations sont
réglées sur le terrain par la vio-
lence. Dans les deux cas, le résul-
tat s’avérera dramatique pour
© IFFM
l’avenir.
« Peace Map of Europe », destinée au public pour suivre plus facilement les évolutions Cinq traités
pendant la conférence de la paix de Paris.
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 11
Réfugiés de la guerre
gréco-turque dans leur
28 juin 1919 à Versailles entre les camp situé près du temple de
Alliés et l’Allemagne. Il compte Thésée, à Athènes, en 1922.
440 articles, dont deux devien-
dront légendaires, à savoir celui
qui rend l’Empire allemand entiè-
rement responsable de la guerre
et celui qui, par conséquent, lui
présente la facture pour la totali-
té des réparations (articles 231 et
232). Des morceaux de l’ancien
empire et ses colonies sont attri-
© IFFM
bués à d’autres (nouveaux) pays,
comme les Cantons de l’Est à la
Belgique, le Schleswig au Dane-
mark, la Prusse occidentale à la
Pologne, l’Alsace-Lorraine à la
France, des parties de la Haute- bourg en deux États croupion, occidentale, Dobruja et plusieurs
Silésie à la Pologne et à la Tché- l’Autriche et la Hongrie. Les traités zones frontalières stratégiques à
coslovaquie, etc. Au total, l’Alle- donnent naissance à de nou- l’ouest, comme Strumica, Bosi-
magne perd 13 % de son territoire veaux États, comme la Tchéco- legrad, Dimitrovgrad et Tsaribrod.
et 6,5 millions d’habitants. Le slovaquie et le Royaume des Le traitement réservé à ces ré-
montant total des réparations est Serbes, des Croates et des Slo- gions montre clairement que le
nalement xé à 132 milliards de vènes, qui deviendront plus tard droit à l’autodétermination des
marks-or. D’éminents écono- la Yougoslavie. Un élément frap- peuples était appliqué de façon
mistes fustigent la folie de ce pant est que l’Autriche « occi- très arbitraire, et surtout au prot
règlement pour la reconstruction dentale » est punie moins dure- des « vainqueurs », étant donné
de l’Europe. La première consé- ment que la Hongrie, où une que la population de ces régions
quence sera une hyperination révolution communiste a éclaté était essentiellement bulgare. Le
en Allemagne. Ce thème de- en 1919. La Hongrie doit céder cas de l’Empire ottoman sera le
viendra récurrent dans la rhéto- près de 70 % du territoire qu’elle dernier à être traité. Alors que les
rique nazie des années 1920 et contrôlait auparavant, et 59 % de débats sur le sort réservé à
1930. Cent ans après, les histo- sa population. Elle perd ses ma- l’empire millénaire s’enamment
riens sont assez d’accord pour tières premières, ses ressources, à Paris, plusieurs acteurs du côté
dire que Versailles fut un traité ses débouchés, son port maritime allié prennent l’initiative d’occu-
fâcheux et revanchard, qui avait (Fiume), son armée et les fron- per des régions turques. En 1919,
suscité énormément de mécon- tières naturelles qui la proté- la Grèce lance une campagne à
tentement. Mais il ne fut pas le geaient. travers l’Anatolie occidentale,
seul : entre septembre 1919 et En outre, le pays est submergé tandis que l’Arménie tente d’éta-
août 1920, les vainqueurs impo- de réfugiés hongrois chassés des blir un État indépendant et que
sent encore quatre autres « trai- territoires perdus par des épura- l’Italie et la France réclament un
tés de paix » aux perdants de la tions ethniques. Le « traumatisme mandat sur de grandes parties
Première Guerre mondiale. de Trianon », resté en travers de de la Turquie. La signature du
Le sort de l’ancienne double la gorge de plusieurs générations Traité de Sèvres, le 10 août 1920,
monarchie austro-hongroise est de Hongrois, perdure jusqu’à entre les Alliés et un sultan turc
scellé dans les traités de Saint- aujourd’hui. affaibli, conrme le pouvoir colo-
Germain-en-Laye (le 10 sep- Alliée de l’Allemagne et de nial britannique et français dans
tembre 1919 avec l’Autriche) et l’Autriche-Hongrie, la Bulgarie est les régions arabes. L’Empire ot-
de Trianon (le 4 juin 1920 avec la également punie avec une dure- toman est démembré et se voit
Hongrie), qui signent le démantè- té exceptionnelle. Elle perd au imposer le paiement d’énormes
lement de l’Empire des Habs- total 11 000 km², dont la Thrace réparations.
12 TRACES DE MÉMOIRE
Combats opposant les troupes quie, qu’environ 1,2 million de
bolchéviques russes à leurs
opposants, situation
chrétiens orthodoxes qui vivaient
en février 1919. en Turquie sont échangés contre
quelque 400 000 « musulmans des
Balkans ». Sur cette question, le
Traité de Lausanne valide une
« Convention sur l’échange obli-
gatoire de populations ». Des
États acquièrent ainsi le droit
© IFFM
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 13
chronologie
17 décembre 1917 Armistice sur le front de l’Est. Deux jours après la signature d’un
cessez-le-feu entre les nouveaux dirigeants soviétiques en Russie
et les Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulga-
rie et Empire ottoman).
3 mars 1918 La paix de Brest-Litovsk est signée entre les Soviets et les puis-
sances centrales. Une paix semblable entre en vigueur le même
jour entre l’Ukraine et les Puissances centrales.
29 septembre 1918 Armistice (de Salonique) signé entre la Bulgarie et les Alliés. Fin de
la guerre dans les Balkans.
31 octobre 1918 Armistice (de Mudros) signé entre l’Empire ottoman et les Alliés.
Fin de la guerre au Moyen-Orient.
11 novembre 1918 Armistice signé sur le front de l’Ouest : cessez-le-feu réduisant en-
n les armes au silence après quatre ans.
28 juin 1919 Traité de Versailles signé entre l’Allemagne et les Alliés, considéré
ofciellement comme la n de la Première Guerre mondiale. L’Al-
lemagne est condamnée à payer de lourdes réparations et la
création d’une Société des Nations est envisagée.
14 TRACES DE MÉMOIRE
4 juin 1920 Traité de Trianon. Ce traité signé entre les Alliés et la Hongrie xe
entre autres les frontières de ce nouvel État.
10 août 1920 Traité de paix de Sèvres entre les Alliés et l’Empire ottoman, qui
est démantelé. La nouvelle Turquie de Mustafa Kemal ne le re-
connaîtra toutefois pas.
11 août 1920 Traité de paix entre la Lettonie et les Soviets. Il met un terme à la
guerre d’indépendance des Lettons. La Russie soviétique recon-
naît l’indépendance de la Lettonie.
14 octobre 1920 Traité de Tartu xant les frontières entre la Finlande et la Russie so-
viétique. Quelques mois auparavant, un traité avait été signé
dans cette même ville, par lequel la Russie soviétique reconnais-
sait l’indépendance de l’Estonie.
25 août 1921 Traité de Berlin. Il règle la paix entre l’Allemagne et les États-Unis
après le refus par le Sénat américain de ratier le Traité de Ver-
sailles.
13 octobre 1921 Traité de Kars. Il xe les frontières entre la Turquie et les républiques
transcaucasiennes d’Arménie, de Géorgie et d’Azerbaïdjan.
24 juillet 1923 Traité de Lausanne. Il règle tous les litiges entre la Turquie (État
successeur de l’Empire ottoman) et les Alliés. Il est généralement
considéré comme le dernier traité de paix de la Première Guerre
mondiale.
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 15
L’ASBL Mémoire d’Auschwitz pro-
pose un large éventail d’exposi-
INTERROGATION tions itinérantes que les écoles, les
centres culturels et autres orga-
nismes similaires peuvent emprun-
ter gratuitement. Cet article est
issu de l’exposition « Belgique
16 TRACES DE MÉMOIRE
APPLICATION fiche pédagogique accompagnant la rubrique interrogation
PÉDAGOGIQUE
Devoir :
- Réfugié
- Sans-patrie
- Apatridie
- Déplacement de populations
- Minorité
Après les avoir recherchés, peux-tu indiquer si tu es d'accord avec les définitions trouvées ?
Note éventuellement ta propre définition et tes remarques ou observations.
www.auschwitz.be
Avec la création de l’Empire en des usuriers de guerre, des lâches cut près de quatre ans dans les
1871, les Juifs allemands ont ob- sans grande valeur et des conspi- tranchées pour être nalement
tenu des droits civils. Ils étaient rateurs internationaux respon- tué le 4 juin 1918. Son plus jeune
par conséquent tenus de faire sables de la défaite allemande. frère, Max, était âgé d’à peine
leur service militaire et beaucoup Elles posèrent une base solide 19 ans lorsqu’il s’engagea à son
ont donc participé à la Première pour l’antisémitisme de l’entre- tour volontairement en 1916. Il
Guerre mondiale. À l’instar des deux-guerres. tombera seulement quelques
aumôniers protestants et catho- La persécution des Juifs alle- semaines plus tard, lors de la
liques, des rabbins étaient inté- mands après la prise de pouvoir Bataille de la Somme, le 11 juillet
grés à l’armée pour veiller à leur par les nazis en 1933 ne fera ra- 1916. Après sa mort, ses parents
bien-être spirituel. Tout n’était pas pidement plus la distinction entre reçurent un document stipulant :
rose pour autant et ofcieuse- ceux qui avaient risqué leur vie « Mort pour l’Empereur et
ment, mais aussi ofciellement, au service de l’armée allemande l’Empire, la patrie vous est rede-
on doutait de la sincérité de et les autres. C’est ainsi qu’Otto vable. » Friedman se demandera
l’attachement juif à la patrie Frank, le père d’Anne Frank, a plus tard, dans ses mémoires, si sa
allemande. À l’instigation de servi en Flandre et dans le nord grand-mère y avait repensé lors-
politiciens antisémites, on procé- de la France pendant la Pre- qu’elle décéda en 1944, à 77
da à un recensement des Juifs mière Guerre mondiale. Un autre ans, dans le camp de concentra-
dans les forces armées alle- exemple tragique est celui de la tion de Terezin. Toutefois, c’est le
mandes n octobre, dans le but famille de Gerald M. Friedman. plus jeune oncle de Friedman,
de démontrer que ces derniers Né en 1921 à Berlin, Friedman Willi Cohn, qui connut le destin le
ne remplissaient pas leurs obliga- s’enfuit à Londres en 1938 et, plus plus tragique et le plus ironique.
tions à l’égard de la patrie et é- tard, devint un professeur de Lui aussi avait servi pendant la
taient proportionnellement moins géologie célèbre aux États-Unis. Première Guerre mondiale. Il
présents dans l’armée. Les statis- Deux de ses oncles du côté ma- survécut, mais il rentra chez lui en
tiques prouvèrent néanmoins le ternel combattant avec l’armée ancien combattant estropié et
contraire, mais l’enquête ne fut allemande étaient tombés au rendu partiellement aveugle par
jamais rendue publique. À la n front dans le nord de la France. l’utilisation de gaz de combat. La
de la Première Guerre mondiale, Julius Cohn, né en 1894, était un suite de son aventure s’avère
toutes sortes de fables circulè- intellectuel qui s’était engagé encore plus ironique. Lorsqu’il se
rent, dépeignant les Juifs comme volontairement en 1914. Il survé- réfugia en France après la prise
18 TRACES DE MÉMOIRE
de pouvoir par les nazis, il ne fut tombes allemandes en France (1) Dans les cimetières allemands
pas reconnu comme réfugié par des étoiles de David et des ins- situés en Belgique, on a utilisé des
les Français et fut rapatrié en criptions en hébreu détonner pierres tombales couchées, ce qui
Allemagne. Justement lui, qui avec les petites croix noires ou empêche toute identication de la
religion.
avait été blessé dans les tran- grises1. Chacun doit à chaque
chées et était devenu invalide fois se demander ce qu’il sera
permanent à cause d’une at- advenu plus tard du reste de la
taque au gaz française. Plus tard, famille.
il sera assassiné avec sa femme
Thea, asphyxié dans les
chambres à gaz d’Auschwitz. Dominiek Dendooven
Aujourd’hui, les visiteurs des cime- Chercheur scientique
tières de la Première Guerre In Flanders Fields Museum
mondiale peuvent voir sur les Traduit par Ludovic Pierard La tombe du Juif allemand
Julius Weinmann, tombé lors de
la Bataille de Messines (7 juin 1917) et enterré
dans le cimetière allemand de Wervicq-Sud.
© IFFM
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 19
portfolio
© IFFM
de fragments de grenades.
-2- Gaz ! Après la première attaque au gaz du
22 avril 1915, le gaz toxique était une arme
presque banale sur le front occidental. Un
masque à gaz offrait une certaine protec-
tion, mais il déshumanisait le porteur.
-3- Dessin à l’encre de Frans Masereel com-
mandé par Carl Seelig. L'artiste belge Frans
Masereel s’est réfugié en Suisse pendant la
Première Guerre mondiale. Ce dessin qui
date de mai 1918 est dédié à Carl Seelig, pre-
mier biographe d’Albert Einstein.
-4- In Flanders Fields. Le musée considère le
paysage comme le dernier témoin de la Pre-
mière Guerre mondiale et confronte le visi-
teur au paysage de guerre de cette époque.
-5- La guerre (n’) est (pas) un jeu d’enfants.
Dans les années précédant 1914, les enfants
français apprennent à viser les Allemands
aux jeux de tir dans les kermesses.
© IFFM
© IFFM
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© IFFM
20 TRACES DE MÉMOIRE
-6- L’armistice. Le 11 novembre 1918, le jour-
nal de gauche français L'Humanité célébrait
non seulement la nouvelle République alle-
mande, mais espérait également une répu-
blique universelle.
-7- Alfred Bastien: L’incendie d’Ypres (huile
sur canevas, 116,5 x 191 cm), vers 1920. Étude
pour le tableau panoramique De Slag aan de
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N° 30 - DÉCEMBRE 2018 21
rÉfleXION
22 TRACES DE MÉMOIRE
Halabja Teheran (Iran)
STEENSTRATE
© IFFM
Wouter Sinaeve
Chercheur éducatif
In Flanders Fields Museum
© IFFM
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 23
auschwitz
LA
NAISSANCE
DE LA
On voit clairement sur le plan
qu'Oświęcim (Auschwitz)
se situe à proximité
CASERNE
des trois frontières.
MILITAIRE
À ZASOLE
certaine quiétude.
Dans cette rubrique, nous retrace-
rons l’histoire de la naissance de la
caserne militaire d’Oświęcim et
nous expliquerons comment
l’endroit à vécu la fin de la
Première Guerre mondiale.
24 TRACES DE MÉMOIRE
Source :
VAN PELT, R.J. & DWORK, D.
Auschwitz – van 1270 tot heden
Amsterdam ; Uitgeverij Boom, 1997
© Van Pelt & Dwork, 1997, p. 167
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 25
UNE VISITE
varia DE CLASSE AU
MUSÉE
IN FLANDERS
FIELDS
en leur conant une mission ou
non. Le service éducatif a déve-
loppé à cet effet des ches de
travail qui peuvent être photo-
copiées librement. Elles pourront
servir aux élèves de l conduc-
exposition teur dans leur visite pour les « ou-
vrir » à la totalité de l’histoire mu-
LE BILAN DE LA séologique. Vous n’y trouverez
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE aucune question testant les con-
naissances. C’est un choix que
© IFFM
26 TRACES DE MÉMOIRE
BULLES
varia
DE
MÉMOIRE
Concours BD pour
les élèves
du secondaire
N° 30 - DÉCEMBRE 2018 27
varia