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TRACES 35 BRUXELLES X
1/9464
DE MÉMOIRE
PÉDAGOGIE ET TRANSMISSION
UNE PUBLICATION TRIMESTRIELLE DE N° 35 | JANVIER - FÉVRIER - MARS 2020
AVANT-PROPOS
page 2
ACTUALITÉ
Témoignage de Paul Sobol
page 3
75 ANS L I B É R A T I O N D E S C A M P S
AUSCHWITZ
Témoignage de Maurice Goldstein
page 6
APPROFONDISSEMENT
Témoignages de Elisabeth Vossen
et Simonne Degueldre
page 8
CHRONOLOGIE
La libération des camps
page 12
SAVIEZ-VOUS...
Témoignage de Maria Mehler
page 14
INTERROGATION
Témoignage de Israël Rosengarten
page 16
+ fiche pédagogique page 18
NO COMMENT
Photos des camps libérés
page 19
RÉFLEXION
Témoignage de Paul Halter
page 20
© Fondation Auschwitz/Georges Boschloos
VARIA
page 22
Éditeur responsable
Henri Goldberg
ASBL Mémoire d’Auschwitz
Rue aux Laines 17/Boîte 50
1000 Bruxelles
2020
UNE ANNÉE SOUS LE SIGNE DES
LIBÉRATIONS
« The Shrine » : un montage son et lumière dans un des blocs de Majdanek,
le premier grand camp nazi qui a été libéré.
L’année 2020 sera placée sous le
signe des libérations. Il y a 75 ans,
en janvier, le célèbre camp de
concentration d’Auschwitz-Birke-
nau était libéré, signe précurseur
de la capitulation allemande
quelques mois plus tard. L’Europe
était enn délivrée d’un conit mi-
litaire qui avait duré plus de
© Fondation Auschwitz/Georges Boschloos
Le thème de cette année est sub- premier grand camp de concen- views. Leurs témoignages ont été
divisé en quatre numéros et suivra tration libéré étant celui de Maj- lmés ou xés sur d’autres sup-
la chronologie des événements danek (dans l’est de la Pologne ports. Plutôt que de consacrer ce
de l’année de la Libération : actuelle), suivi en septembre 1944 numéro à des articles rédigés par
du camp d’internement de des historiens, laissons la parole
N° 35) La libération des camps Breendonk et du camp de ras- aux témoins !
N° 36) La libération de l’Europe semblement de Malines. La plu-
N° 37) Libérations dans le reste du part des autres camps sont libérés Au nom de tous les collaborateurs
monde par les Alliés dès le début de l’an- de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, je
N° 38) Quelle vie après la Libéra- née 1945 et jusqu’au 8 mai. Ce vous souhaite une lecture intéres-
tion ? qu’ils y découvrent dépasse leur sante tout au long de cette an-
imagination. Ce sont de véritables née.
Le présent numéro se penchera images d’horreur. Les survivants
donc sur la libération des camps. des camps ont raconté leur libé- Johan Puttemans
Notons que ce processus était ration en donnant des confé- Coordinateur pédagogique
déjà en cours depuis l’été 1944, le rences, en participant à des inter- ’
ASBL Mémoire d’Auschwitz
2 TRACES DE MÉMOIRE
actualité
’
j’etais revenu de la mort
pour faire de la vie
Fils d’immigrés juifs polonais, Paul
Sobol naît à Paris le 26 juin 1926.
Deux ans plus tard, la famille
s’installe à Bruxelles. Suite aux (Paul Sobol)
ordonnances antijuives imposées
par l’occupant allemand, Paul et
sa famille vont passer dans la
Paul Sobol témoigne régulièrement dans les écoles. Il se rend aussi plusieurs
clandestinité en 1942. Ils sont fois par an à Auschwitz pour y témoigner de ce qu’était sa vie dans le camp.
arrêtés par la Gestapo le 13 juin
1944 sur dénonciation et envoyés
à la caserne Dossin. Paul, ses
parents, son frère de 14 ans et sa
sœur de 16 ans sont déportés à
Auschwitz le 31 juillet 1944 par le
dernier transport. À l’arrivée à
Birkenau, Paul est sélectionné
pour le travail et sera affecté à
divers commandos au camp
principal d’Auschwitz. En janvier
1945, il entame la « Marche de la
© Fondation Auschwitz/Georges Boschloos
Lorsque tu as quitté Auschwitz, sa- grand-chose. Notre gardien, un sus de nous. Les Allemands étaient
vais-tu que la n de la guerre ap- triangle vert, lui, savait qu’on allait mal en point et cela signiait un
prochait ? nous jeter sur la route. Et comme changement pour nous.
Le 17 janvier 1945, les gardiens j’étais son protégé, car je lui don-
nous ont jetés sur les routes. On nais des boîtes que j’avais peintes Avais-tu peur de la libération ?
était convaincus qu’on n’allait ja- et qu’il pouvait vendre, il m’a On ne s’imaginait pas être libérés.
mais sortir d’Auschwitz, car la na- donné deux pains que je devais Si durant les « Marches de la
lité était la mort ! On était transfor- cacher sous mon manteau. mort » tu te mettais sur le côté, on
més, on ne ressemblait plus à Quand je suis arrivé à Dachau en te tuait d’une balle dans la tête.
quelque chose de normal. On se train, après ces fameuses Les SS ne voulaient rien laisser de
doutait qu’il y avait du change- « Marches de la mort » jusque vivant derrière eux. On ne pensait
ment grâce aux offensives sovié- Gross-Rosen, on a entendu des absolument pas être libérés. Con-
tiques. Nous ne pouvions pas faire avions américains passer au-des- trairement à ceux qui l’ont été
N° 35 - MARS 2020 3
En 2015, le Train des 1000 partait
de Bruxelles-Midi vers Cracovie.
1 000 jeunes de différents pays européens
ont visité Auschwitz et Birkenau.
Ici on voit Paul Sobol en compagnie de
la délégation italienne.
© Fondation Auschwitz/Georges Boschloos
dans les camps, cela continuait çais. On s’est cachés et puis on a et tout était détruit. Comment
pour nous. On n’avait pas peur, vu une église. J’ai été chez le prévenir qu’on est vivant ?! Je res-
cela n’est venu que par après. curé, qui ne pouvait pas nous dé- pirais enn, car je ne risquais plus
noncer. Il m’a donné un bouillon à la mort.
Comment as-tu vécu ta libéra- manger. Par la fenêtre, j’ai vu sur Mais il fallait attendre que les Fran-
tion ? la route un autre Français. Celui-ci çais puissent être rapatriés en
À Dachau, j’ai été mis en quaran- m’a dit en allemand qu’il était un France. Par wagons de marchan-
taine et après affecté à un com- prisonnier de guerre et je lui ai ré- dises, cela durait plusieurs jours,
mando externe : au Mühldorf pondu que je l’étais aussi. Les mais il s’agissait d’autre chose !
Waldlager. Il y avait avec moi Français m’ont caché. Le 1er mai, Les Américains étaient présents
quelques Français que j’avais ren- une avant-garde américaine est dans le village et je pouvais sortir
contrés à Gross-Rosen. entrée dans ce petit village où librement. Il y avait un dépôt alle-
En janvier 1945, les Allemands j’étais caché. C’est à ce moment mand abandonné où j’ai retrouvé
pensaient encore pouvoir gagner que j’ai été vraiment libéré. des uniformes noirs. J’ai enlevé les
la guerre ; ils construisaient des Mais, les Allemands sont revenus insignes et je me suis équipé d’un
usines et ils nous considéraient et des SS ont commencé à tirer sur uniforme allemand.
comme des esclaves. les maisons. En vain ; le 8 mai,
En avril 1945, je devais sortir dans c’était la n de la guerre. Est-ce que la joie de vivre après la
la forêt qui dépendait de ce petit C’était pour moi quelque chose Libération est venue immédiate-
camp. On m’a mis dans un wa- d’extraordinaire. J’étais toujours ment ?
gon à bestiaux, mais qui n’était en Allemagne avec les prisonniers La Libération s’est faite en deux
pas fermé entièrement. Il y avait de guerre français. La joie de ces étapes pour moi, car je n’ai pas
des gardiens qui étaient assis. Et Français était grande, mais on été libéré par des Américains
lors de bombardements, je me était toujours en Allemagne. Il n’y dans un camp. J’étais libre, car je
suis évadé avec quelques Fran- avait pas encore de smartphone m’étais évadé. Cependant, on
4 TRACES DE MÉMOIRE
Je me souviens d’Auschwitz...
De l’étoile de shérif à la croix de vie
par Paul Sobol, paru aux
éditions Racines en 2010.
était toujours en guerre. Puis, le homme. Comme j’étais commu- n’étaient pas d’accord, car ils
8 mai est venu, pourtant il a fallu niste, j’ai été voir les communistes. voulaient que leur lle se marie en
attendre avant de prendre le Ce n’est que par après que j’ai blanc à l’église. Le secrétaire du
train. Je suis parti avec les Français découvert qu’il y avait une orga- Père Cardijn lui-même a été voir
vers la France, néanmoins je nisation juive… J’ai pu aller me re- les parents de Nelly, et ils ont été
n’étais pas encore chez moi. faire une santé en Suisse. impressionnés. Ce secrétaire avait
J’étais rassuré, mais également in- Quand je suis revenu en grande une idée : si je me convertissais au
quiet, car j’attendais mes parents. forme, en uniforme belge et avec christianisme, il n’y aurait plus de
Ensuite, il y avait encore de vraies un peu d’argent, j’ai loué une problèmes. Je me suis fait bapti-
frontières entre la France et la Bel- chambre. Je devais commencer ser.
gique. Quand je suis enn arrivé à à travailler. Je savais un peu dessi- Et nalement, je me suis marié
Bruxelles, je ne savais pas où aller. ner, mais je ne l’avais jamais ap- avec Nelly et là, comme je savais
Huit jours après, ma sœur est arri- pris. J’ai été voir le directeur des que mes parents n’allaient plus re-
vée et on attendait, pensant que Académies des Beaux-Arts, qui venir, j’ai fermé les portes des
nos parents allaient revenir. m’a dit qu’il fallait cinq années camps derrière moi. Mais, j’ai été
La Libération n’était pas syno- d’études. Ce n’était pas possible totalement libéré quand mon ls
nyme de joie pour moi ; je me re- pour moi. Il m’a également dit est né en 1949.
trouvais tout seul. Sans aucune que je pouvais m’inscrire dans C’était extraordinaire : j’étais re-
formation, aucun projet d’avenir. une nouvelle section : la publicité. venu de la mort « pour faire de la
La libération pour moi, c’était Ça allait être déterminant dans vie ! »
d’abord essayer de survivre, car je ma nouvelle vie. J’avais 20 ans, je
n’avais plus rien. J’ai dû me soi- travaillais dans une imprimerie, et
gner et m’occuper de moi-même je voulais me marier avec Nelly,
et ça, je l’ai appris dans les qui venait d’une famille très ca- Interview par Johan Puttemans le
camps. Je n’étais pas encore un tholique. Mais, ses parents 13 septembre 2019
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AUSCHWITZ
« (...) il faut que
les Soviétiques
viennent nous
BIOGRAPHIE
MAURICE GOLDSTEIN libérer totalement. » (Maurice Goldstein)
Maurice Goldstein (27/01/1922-
06/10/1996) est arrêté avec toute sa
famille lors de la rae de Bruxelles du
3 septembre 1943. Internés à la Vendredi 26 janvier ment. » Malheureusement, ce ne
caserne Dossin, ils sont déportés par Le bruit de la canonnade se fait furent pas les Russes qui arrivèrent
le XXIIe convoi du 20 septembre 1943.
La mère de Maurice ainsi que son toujours entendre. Nous n’osons les premiers. Vers 16 heures, à
épouse enceinte sont gazées à pas quitter la baraque […] nouveau des voix allemandes. Un
l’arrivée à Auschwitz tandis que Le soir tombe vite. Chacun donne groupe, peut-être une compa-
Maurice est envoyé dans les mines son avis, surtout les plus âgés qui gnie de soldats de la Wehrmacht.
de Fürstengrube. Il intègre ensuite le ont connu les deux guerres. Nous Ils frappent à la porte, entrent. Ils
camp principal d’Auschwitz où il
n’osons plus poursuivre le tour de sont corrects avec nous. Ils s’instal-
parvient à se faire accepter comme
aide-soignant à l’inrmerie du camp. garde à l’extérieur de la baraque. lent et demandent que nous allu-
Le 18 janvier 1945, devant l’avancée Les bruits d’armes automatiques, mions du feu. Ils réclament à man-
des troupes soviétiques, les SS le crépitement des mitrailleuses se ger. Ils ont faim et froid et men-
décident l’évacuation générale rapprochent et nous dormons à dient même des cigarettes. À l’ex-
d’Auschwitz. Maurice Goldstein se
peine cette nuit-là. Les avions so- térieur, la canonnade continue.
cache pour éviter de prendre part à
la Marche de la mort. Le lendemain, viétiques lançaient des fusées Les orgues de Staline passent au-
il découvre dans un baraquement à éclairantes avec parachute sur le dessus de nos têtes en sifant.
moitié incendié un petit carnet paysage recouvert de neige. Im- Comment sortir de cette im-
vierge. Dans le camp vide où ne possible de sortir sans être vu. passe ? Nous risquons à tout mo-
restent plus que les grands malades, ment d’être pris dans cette fusil-
il va commencer un journal de bord.
Il y note quotidiennement le récit des
Le matin du 27 janvier lade […] Finalement, ils sont partis
derniers jours du camp jusqu’à La situation est inchangée. Nous vers 19 heures.
l’arrivée des Soviétiques et le long avons froid, car nous jugeons plus Nous éteignons aussitôt le feu
périple de son retour en Belgique : prudent de ne pas faire de feu. avec de la neige, de peur que la
après avoir quitté le camp avec On pourrait nous repérer. Nous at- fumée ne nous dénonce. Et la fu-
quelques compagnons, il se rend à
tendons passivement la suite des sillade continue à l’extérieur. Des
pied jusqu’à Cracovie et ensuite par
train et camions militaires jusqu’à événements. explosions. Et toujours le sifement
Lublin où se trouve une mission Dans la matinée, nous entendons des orgues de Staline. Mais si on
française. De là, il est évacué vers des pas à l’extérieur. On se tait, on entend encore le canon, progres-
Odessa, puis vers Marseille en ne fait pas le moindre bruit. Des Al- sivement la fusillade s’éloigne.
bateau où il arrive le 5 avril. Le carnet lemands parlent dehors. Une voix Nous sommes couchés sous nos
se termine le 11 avril lorsqu’il arrive à
Paris avant de prendre le train pour
interroge : « Il y a des soldats chez couvertures, dans l’attente et la
Bruxelles. vous ? » Nous nous terrons, absolu- peur…
Maurice Goldstein est le seul ment silencieux. Ils partent, nous 23 heures 30 : des pas à l’exté-
survivant de sa famille. Peu après son laissant en paix… rieur ; des voix qui parlent russe. La
retour en Belgique, il entame des À 15 heures, je dis à mes cama- première phrase que j’ai enten-
études de médecine. Il s’investit
rades : « C’est aujourd’hui mon due, « Idi souda », qui veut dire :
dans le Comité international
d’Auschwitz dont il devient président anniversaire. Je pense, je sens, je « Viens ici. » C’était un soldat qui
en 1977 ainsi que dans la création de crois, il faut que les Soviétiques en appelait un autre. Joseph Frei-
la Fondation Auschwitz à Bruxelles. viennent nous libérer totale- zinger sort. Parlant slovaque et
6 TRACES DE MÉMOIRE
Extraits tirés de : Baron Maurice Goldstein
Chroniques d'un rescapé d'Auschwitz
Un médecin belge né en Pologne
Bruxelles, ASBL Mémoire d'Auschwitz,
s.d. € 15 (en vente : info@auschwitz.be)
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ApPROFONDISSEMENt
8 TRACES DE MÉMOIRE
Elisabeth « Lieske » Vossen a été témoin de dizaines de morts
d’épuisement et de famine.
poursuivirent leur route. Nous nous
étions évadés. Les autres durent
continuer à marcher.
Le matin suivant, Truike et moi al-
lâmes voir si les environs étaient
sûrs. À la lisière du bois, nous vîmes
des tas de drapeaux blancs
pendre aux maisons. Nous ap-
prendrons plus tard que nous
étions le 4 mai 1945. Le village fut
libéré par les Américains et les
Russes et, quatre jours plus tard, le
8 mai, la Seconde Guerre mon-
diale prenait ofciellement n. La
première nuit qui suivit la Libéra-
tion, nous dormîmes dans une
école. Nous y fûmes bien nourris,
mais les Russes nous avertirent que
nous ne devions pas trop manger.
Je suis très heureuse qu’ils nous
aient prévenus, car j’ai entendu,
par la suite, de nombreuses his-
toires de détenus libérés qui
avaient succombé à une indiges-
tion. Le jour suivant, nous partîmes
en quête de nourriture dans une
ferme. La fermière nous donna de
la gelée, tandis que d’autres re-
çurent des tartines.
Quelques jours plus tard, nous
nous trouvions dans un pré le long
de la route, lorsqu’un camion
américain surgit soudainement. Il
s’arrêta et nous emmena dans un
camp d’hébergement surpeuplé,
où l’on nous demanda notre nom,
notre domicile, le camp où nous
© TDR
N° 35 - MARS 2020 9
Extraits tirés de : De laatste getuigen uit Lorsque vint le jour où nous pûmes
concentratie- en vernietigingskampen enn quitter le camp, nous ne
Geïnterviewd door jongeren uit Vlaamse, pouvions en croire nos yeux. Ce
Brusselse en Waalse secundaire scholen.
fut un moment indescriptible !
Bruxelles, ASP nv, 2010.
Lorsque le portail s’ouvrit et que la
liberté nous tendit à nouveau les
bras, je repris espoir. Nous avions
tous désiré ce moment, mais nous
ignorions que les semaines sui-
vantes seraient aussi un enfer.
La « Marche de la mort » avait
commencé… nous nous trai-
nâmes pendant douze jours, avec
un peu de pain et de pâté pour
seule nourriture. Nous dûmes
avancer en buvant et mangeant
peu, tout le monde était éreinté
et affaibli. Beaucoup ne pou-
vaient suivre et, par la force des
choses, restaient en arrière. Ceux-
là étaient abattus de sang-froid.
rencontrai Fons Schoofs, qui Quelques personnes avaient été Certains ne mouraient pas sur le
m’apprit qu’il avait été interné, chercher ma mère. Imaginez- coup et se vidaient de leur sang
comme mon frère et mon père, à vous le bonheur des retrouvailles ! sur le bas-côté. Nous ne pouvions
Neuengamme. Il m’expliqua qu’il Bien entendu, ma vie ne fut plus aider personne, sous peine d’être
les connaissait et qu’ils avaient jamais comme avant notre arres- nous-mêmes exécutés. Le fossé
succombé assez rapidement. Je tation. J’avais peur, j’étais maigre était rempli de cadavres de per-
n’oublierai jamais cet instant. et chauve. Raconter plusieurs fois sonnes abattues.
Après avoir enregistré nos coor- ce que j’avais vécu était épui- En cours de route, la Croix-Rouge
données, nous dûmes remonter sant. Après un certain temps, je nous donna du Nescafé, du cho-
dans le camion, qui nous em- me tus à ce propos. Aujourd’hui, colat et des cigarettes. Les Alle-
mena dans une grande maison je me demande comment aurait mands, eux, ne reçurent rien.
où nous reçûmes du pain et de la été ma vie si je n’avais pas vécu Lorsqu’ils nous demandaient une
soupe. Ensuite, il nous conduisit ces choses horribles. Toujours les cigarette ou un morceau de cho-
dans un train plein à craquer, qui mêmes questions qui me hantent, colat, nous le piétinions devant
nous transporta jusqu’à un centre le même refrain que je répète. leur nez ! Pouvoir les exhiber sous
d’hébergement installé à Ath Quelques années après ma libé- leurs yeux après ces mois d’op-
(Belgique). Là, on constata que je ration, je rencontrai mon mari.
souffrais d’une pneumonie sé- Nous eûmes deux enfants, et
vère. Dans le hall du centre d’ac- m’occuper d’eux m’apporta la
cueil se tenaient debout neuf pri- distraction dont j’avais besoin.
sonniers SS. Nous pouvions faire ce Plus je vieillis, plus je repense à tout
que bon nous semblait avec eux. ce qui s’est passé. Je suis convain-
Mais aucun d’entre nous ne les cue d’une chose : ce que nous
connaissait ni n’était en état de avons vécu ne peut être oublié et
les toucher. Nous séjournâmes ne doit plus jamais arriver. Mon
trois jours à Ath. message de paix est le suivant :
Après ma guérison, nous fûmes « Soyez tous unis, tolérants, et es-
transportés en voiture à Hasselt sayez de comprendre l’autre. » Es-
puis, de là, nous rejoignîmes Wa- pérons que ces terribles événe-
terschei en tram, d’où un camion ments ne se répèteront plus ja-
© TDR
10 TRACES DE MÉMOIRE
pression et d’humiliation nous pro- nier, quel sentiment fantastique
cura un sentiment fantastique. d’être de retour chez soi. Il me fut
Certains tentèrent de puiser de par contre difcile de me réadap-
l’eau dans le fossé pour boire le ter à la vie à Hasselt, et de vivre
Nescafé, mais ils furent abattus. Je avec l’enfer que j’avais connu.
le mis sur ma langue et gardai la Au début, je faisais de nombreux
bouche ouverte sous la pluie. De- cauchemars, et la peur ne me
puis lors, je n’ai plus jamais touché quittait pas. Avec le temps, ces
de Nescafé ! mauvais rêves nirent cependant
Nous poursuivîmes inlassablement par passer. Mais en mon for inté-
notre route, sans savoir ce qui rieur, les dégâts ne disparaîtront
nous attendait, mais plus nous jamais.
avancions, plus les Allemands de- […]
venaient fébriles. Lorsqu’ils s’enfui- Chaque année, je retourne à Ber-
rent un beau jour, personne ne sa- lin pour revoir mes camarades du
vait ce qu’il se passait. Nous arri- camp, et nous sommes bien reçus
vâmes dans un village en ammes par les Allemands. De nombreuses
BIOGRAPHIE
et nous nous cachâmes dans un femmes que j’ai rencontrées à
fossé. D’un côté avançaient les cette époque sont aujourd’hui SIMONNE DEGUELDRE
Russes, de l’autre se tenaient les décédées. Je n’entretiens aucun
Allemands. Pris entre deux feux, sentiment de vengeance à
j’ai alors pensé que c’était la n l’égard des Allemands : la géné-
Simonne Degueldre est née à
pour moi. Les soldats russes cou- ration actuelle n’est en rien res-
Hasselt en 1922. Lorsque la Se-
raient le long du fossé et abat- ponsable des événements surve- conde Guerre mondiale éclate,
taient tous ceux qu’ils pensaient nus pendant la Seconde Guerre elle entre dans la Résistance. Elle
être des Allemands. Ils pointèrent mondiale. est arrêtée par la Gestapo et en-
leurs armes sur nous et nous de- J’espère néanmoins que mon his- fermée à la prison de Saint-Gilles.
mandèrent si nous en étions. Ef- toire, et celle de nombreuses De là, elle est déportée au camp
frayés, nous hochâmes la tête et, autres victimes, permettront de de femmes de Ravensbrück.
comme par miracle, ils poursuivi- garder ouverts les yeux du Vers la n de la guerre, elle est
rent leur route en nous laissant la monde. Plus jamais une guerre transférée à Sachsenhausen et
vie sauve. aussi atroce ne doit survenir. nalement libérée en mai 1945.
Lorsque je fus de retour à Hasselt
et que je retrouvai ma sœur et ma
grand-mère, je fus folle de joie.
Bien que les Allemands aient pillé Passages sélectionnés par
notre maison de la cave au gre- Johan Puttemans
N° 35 - MARS 2020 11
chronologie
’
la liberation
des camps
30/06/1943 Les derniers travailleurs juifs, ou Arbeitsjuden en allemand,
quittent le centre d’extermination de Bełżec et sont transférés
à Sobibór pour y être massacrés. Après avoir détruit
les infrastructures, les SS plantent des arbres sur le
terrain abandonné.
12 TRACES DE MÉMOIRE
Principaux camps de concentration
et centres d'extermination. La date
de création est mentionnée
sous le nom.
Note 1 : Dans la plupart des cas, pas un objectif stratégique en soi plantations dès 1943. À Majda-
nous utilisons délibérément le pour les Alliés. nek, les gazages ont été arrêtés à
terme « atteindre » plutôt que « li- l’automne 1943. À Chełmno, le
bérer », car les gardes SS s’étaient Note 2 : Aucun camp de la mort massacre a pris n à l’été 1944,
généralement enfuis sans coup n’a été libéré. Bełżec, Sobibór et après quoi le site fut nettoyé. À
férir. En outre, la libération des Treblinka avaient été démantelés Auschwitz-Birkenau, les gazages
camps de concentration n’était par les nazis et camoués par des ont pris n en novembre 1944.
N° 35 - MARS 2020 13
saviez-vous...
14 TRACES DE MÉMOIRE
fonctionnait plus, alors des trop tard… Je dois vous dire déplacées », jusqu’au mois
détenues vacillantes et faibles qu’après la Libération, il y a d’octobre 1945 :
tiraient les mortes jusqu'à un trou encore eu des milliers de morts à « Les Français voulaient retourner
un peu plus loin. » Bergen-Belsen. Des milliers de chez eux, les Belges voulaient re-
détenus continuaient de mourir tourner chez eux et ils sont partis
Le 13 avril, les SS quittent le camp du typhus. Les Anglais ne se sont rapidement. Mais les Polonais ? Il y
de Bergen-Belsen après un pas attendus à ce qu'ils ont vu, à avait l'Amérique, mais les quotas
accord passé avec l’armée un tel désastre, à une telle misère, pour les Juifs polonais étaient très
britannique : à un tel malheur. Le camp était limités. Il y avait beaucoup de
infesté, il fallait tout brûler […] Alors candidats et on ne délivrait pas
« À un certain moment, les Alle- les détenues m’ont mise dans une les visas à n'importe qui. En Israël ?
mands sont partis, on ne les a plus couverture et m’ont portée On ne pouvait s’y rendre qu’illé-
vus. Et puis trois jours après les jusqu’aux anciennes casernes galement puisque les Anglais
Anglais sont venus. Sur la grande allemandes qui avaient été avaient fermé la frontière. Et en
route, on entendait les tanks. Vous transformées en hôpital. Là, on Pologne, on ne voulait pas retour-
pensez sans doute que c'était une m’a donné de la nourriture, mais ner ! Donc on aurait pu rester en-
joie immense, qu'on criait j'avais la langue de bois, la langue core très longtemps dans ce
“Hourra !”. Mais non. On était assis très raide. Je n'arrivais pas à camp. Il fallait attendre, attendre
par terre, n'importe comment. À avaler. Je voulais boire, mais je n’y […] Au mois d'octobre 1945, j'étais
ce moment-là j’étais déjà ma- arrivais pas. Et alors on avait aussi toujours au camp, là-bas, à Ber-
lade, j'avais le typhus moi-même. mis du DDT dans mes cheveux, ce gen-Belsen. Alors quand des sol-
J’avais de la èvre et j’étais dans qui les rendait aussi raides. J'étais dats de la Brigade juive sont arri-
un état d’extrême faiblesse raide comme un tronc d'arbre et vés et nous ont proposé de venir
physique. Je n'arrivais pas à me j'avais la diarrhée. Je ne pouvais avec eux, j’ai accepté. Ils nous
lever, à marcher. Je n'y arrivais pas bouger. » ont dit qu'en Belgique il y avait
pas... et pourtant de tout mon des lieux de rassemblement d’où
être je voulais y aller. Mais on se Maria Mehler est soignée par les on peut partir en Israël. Je n’en
disait peut-être que c'est trop tard Anglais et reste à Bergen-Belsen, pouvais plus de cette vie à at-
pour nous, peut-être c'est déjà devenu « camp de personnes tendre. Il fallait faire quelque
chose. »
N° 35 - MARS 2020 15
interrogation
16 TRACES DE MÉMOIRE
Israël Rosengarten a été interviewé par la
Fondation Auschwitz en 1995.
Vous pouvez y consulter son témoignage
intégral (sur rendez-vous).
© Fondation Auschwitz
soir, nous avions droit à un peu de nous plongèrent un par un dans Pourtant, en même temps, je ré-
soupe, et c’était tout. Le voyage un tonneau […] échis à la misère de mon avenir.
dura encore trois jours. Je tenais le coup depuis déjà trois De nombreuses questions me
Après cette « Marche de la jours à l’inrmerie, ce qui en soi tourmentaient : où dois-je aller ?
mort », nous arrivâmes à Gross-Ro- était un exploit, lorsque le crépite- Qu’est-il advenu de ma famille ?
sen. Lorsque j’entrai dans le ment ininterrompu d’armes à feu Ai-je seulement encore une fa-
camp, je remarquai immédiate- nous t soudain sursauter. Bien en- mille ? Et enn : Comment faire
ment qu’il était pire que tous ceux tendu, nous ignorions tous ce qui pour oublier ces épreuves ? Ne
que j’avais connus. Les détenus se nous attendait. Était-ce la n ou pourrais-je jamais m’en remettre ?
trouvaient dans un état horrible. un nouveau départ ? Puis, tout re- Un bon moment plus tard, nous
La situation devenait presque trop devint calme et nous fûmes à fûmes ramenés en Belgique en
abominable. Gross-Rosen était un nouveau submergés par une train et, le 20 mai 1945, nous arri-
camp de travail. Maintenant que vague de silence. Ce qui était plu- vâmes à Namur. Namur, qui fut un
nous avions un lieu où rester, le tôt inhabituel, et l’espoir que nous tournant dans notre processus de
chaos de la « Marche de la mort » avions jadis chéri se raviva. Après libération et notre porte de retour
s’était plus ou moins dissipé. Mais plus d’une heure à nous tourmen- dans la vie civile.
mon séjour ici ne fut que de ter, d’autres prisonniers rent irrup-
courte durée. En route vers un tion dans l’inrmerie. Tremblant Passages sélectionnés par
nouvel endroit, ils nous obligèrent comme des fous, surexcités, ils Johan Puttemans
à nous entasser par dizaines dans nous racontèrent ce qu’il se pas-
un wagon de train. L’hygiène sait. Les troupes américaines
était inexistante, tout comme les avaient encerclé le camp et maî-
toilettes. Lors du trajet vers Bu- trisé les SS. Maintenant que les
chenwald, certains ne purent en- rôles étaient inversés, ils se com-
Extraits tirés de : De laatste getuigen uit
durer les conditions inhumaines portaient un peu plus calmement. concentratie- en vernietigingskampen
du voyage et moururent. Enn, nous prîmes conscience Geïnterviewd door jongeren uit Vlaamse,
À Buchenwald, nous dûmes être que notre rêve était devenu réa- Brusselse en Waalse secundaire scholen.
désinfectés à cause des poux. Ils lité : nous étions libérés ! Bruxelles, ASP nv, 2010.
N° 35 - MARS 2020 17
application Témoigner après la libération
pédagogique
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N° 35 - MARS 2020 19
réflexion
Revenir ?
Oui, mais pourquoi ? Pour qui ?
(Paul Halter)
Paul Halter est né en 1920 à Ge- Fin janvier, les bruits concernant de l’extérieur et ouvre les portes
nève (Suisse) dans une famille l’évacuation du camp se répè- du camp. Il nous déclare que
juive ayant fui la Pologne. Lorsque tent de plus en plus fréquemment. nous sommes libérés. Il nous con-
la Seconde Guerre mondiale Pas question pour moi de prendre seille de nous réfugier dans la
éclate, il étudie en Belgique, à la route par moins 25 degrés, c’est mine. Je lui réponds qu’il nous est
l’ULB. Là, il fait ses premiers actes une folie. Je décide, malgré le impossible, avec une dizaine
de résistance. En 1941, il rejoint la risque, de prendre un pari fou et je d’hommes valides, de transporter
Résistance (L’Armée belge des me déclare malade près de 250 grabataires. Il s’en va
Partisans). Assez rapidement, il en […] en nous promettant d’envoyer de
devient le commandant de Ai-je fait le bon choix ? Quelques l’aide. On ne le reverra plus
corps. En mai 1943, il participe à jours se passent pendant lesquels […]
une action de sauvetage : avec nous sommes gardés par de vieux Je décide de rejoindre les lignes
des autres résistants, il sauve 14 Volkssturm. Ceux-ci disparaissent russes et de m’engager dans l’Ar-
enfants juifs qui étaient cachés rapidement. Nous sommes libres, mée rouge pour poursuivre le
dans un couvent et qui allaient mais à l’intérieur du camp. Que combat. Les Russes ne sont pas
être arrêtés par la Gestapo. Il est faire ? loin, ils m’accueillent à bras ou-
arrêté en juin 1943. Après avoir été Première réaction des plus va- verts. J’essaye tant bien que mal
incarcéré à la prison de Saint- lides, se jeter sur les vivres de leur expliquer ce qui vient de
Gilles, il est déporté à Auschwitz. Il […] se passer dans le camp, mais ils
y restera jusqu’à la Libération. On visite chaque recoin et on ré- m’ignorent superbement
En 1980, il crée avec Maurice cupère tous les aliments. Cette ré- […]
Goldstein, Henri Goldberg et René colte de nourriture se passe très On me fait savoir que je peux utili-
Raindorf, la Fondation Auschwitz mal. On en vient aux mains, c’est ser les camions qui remontent du
dont il sera le premier président. épouvantable front pour chercher du ravitaille-
Le Baron Paul Halter décède en […] ment et des munitions. Ils ramè-
2013 à Molenbeek-Saint-Jean. Un Polonais de la Résistance vient nent aussi des troupes de soldats
20 TRACES DE MÉMOIRE
Réexions éthiques
- Accorde-t-on plus
de valeur à la liberté
après avoir connu la
détention ?
plus âgés, fantassins chargés de sonne ne veut croire que je sors Vint le jour où on annonça la
nettoyer l’arrière-pays des poches d’un K.Z. Je suis obligé de montrer constitution et le départ du train
de résistance allemande. Des SS mon numéro tatoué de rapatriement des Français. On
pendent aux arbres et aux réver- […] voulait partir à tout prix. Sans hési-
bères. Pas de pitié de la part des Me voilà à nouveau à la re- ter, nous nous sommes présentés
Russes. Ils ont trop souffert. Quand cherche de nouvelles combines. au bureau pour nous inscrire.
ils en attrapent un, ils l’exécutent Le ciel veille sur moi et m’envoie J’étais HALTER Paul, domicilié à
aussitôt. Toute la route, de Craco- un Polonais qui, en allemand, Paris 20e, rue Emmery, 3. Maurice
vie à Lublin, est « décorée » de m’explique son système pour le- avait donné l’adresse d’un de ses
ces étranges girandoles et cela quel je pourrais lui être très utile cousins. Rentrés à l’école, on ap-
me ravit. Ces pendus ont fait tous […] prit de sa bouche que Peter ne
partie d’une organisation crimi- Il possède des paquets énormes participerait pas au voyage vers
nelle. Je pense aux massacres de vieux billets et m’en cone une Odessa, car il avait envers et
perpétrés par les SS et les cruautés partie. Je rentre à notre cham- contre tout maintenu qu’il était
dont ils ont été capables. Primo brée et explique la combine que Belge ! Il ne rentra que quatre
Levi avait, à juste titre, intitulé son nous avons mise sur pied. Les 120 mois plus tard. J’embarquai bien-
livre Si c’est un homme. Étaient-ce rescapés, munis chacun d’un bil- tôt
des hommes ? let, se rendent à la banque où on […]
[…] les leur échange sans aucune dif- Roof Garden de Kamarina (Sicile).
Je ne sais que faire. Je vais vers la culté. La moitié est pour eux. Sur Le 17 octobre 2002. 11 heures.
Croix-Rouge internationale. Une l’autre moitié, je prélève 25 złotys Nous nous préparions à partir. Ah !
charmante dame la dirige. Je lui et remets le reste à mon comman- Revoir Bruxelles, retrouver la vie.
demande où je pourrais me faire ditaire. Certains y retournent deux Non, je savais que rien ne serait
désinfecter. Elle m’explique qu’il y ou trois fois, mais ça ne va plus. La plus comme avant ! Maman,
a un centre au bas de la rue et me banque exige des papiers d’iden- Papa ne m’attendraient pas ! Une
demande de revenir la voir juste tité, j’en confectionne avec des part de moi était morte à
après tas de noms et je les authentie Auschwitz. Alors, revenir, oui, mais
[…] avec un tampon de la Croix- pourquoi ? Pour qui ?
La désinfection et la douche se Rouge. Le bruit se répand dans
passent à merveille. Je me sens un tout le bâtiment et je prospecte à
autre homme. Mes vêtements me présent les soldats français Passages sélectionnés par
sont rendus comme neufs. Per- […] Johan Puttemans
N° 35 - MARS 2020 21
varia
La nouvelle publication de
l’ASBL Mémoire d’Auschwitz
vient de parraître
Le Cœur de la Shoah
L’ASBL Mémoire d’Auschwitz
présente sa nouvelle publication :
Le Cœur de la Shoah
Bełżec, Sobibor, Treblinka et l’Ak-
tion Reinhardt
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22 TRACES DE MÉMOIRE
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Exposition
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LA
LIBÉRATION
DES
CAMPS
ET LE
RETOUR
DES
DÉPORTÉS
Gratuitement à la
disposition des écoles
La déportation et
© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Droits réservés
La libération d’Auschwitz-Birkenau
La pédagogie de l’horreur
N° 35 - MARS 2020 23
VOYAGE D’ÉTUDES DU 13 AU 20 JUILLET 2020
INSCRIPTIONS OUVERTES JUSQU’AU 15 AVRIL 2020
UN VOYAGE HISTORIQUE
ET MÉMORIEL PARTANT
DES ANCIENS GHETTOS
EN PASSANT PAR
LES LIEUX DE
RASSEMBLEMENT ET
DE DÉPORTATION
ET TERMINANT PAR LES
CENTRES D’EXTERMINATION
WARSZAWA - ŁÓDŹ
RADOM - LUBLIN - ZAMOŚĆ
WŁODAWA - SIEDLCE
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