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TRACES

n° 21 BELGIQUE - BELGIË
PP
Septembre BRUXELLES X
2016 1/9464

DE MÉMOIRE
PÉDAGOGIE ET TRANSMISSION
CENTRE D’ÉTUDES ET DE DOCUMENTATION
MÉMOIRE D’AUSCHWITZ ASBL
| TRIMESTRIEL N° 21 | JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2016
| BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X | N° AGRÉGATION P 801056

SOMMAIRE

ACTUALITÉ
Injures et insultes sur les
terrains de foot.
À l’image d’un racisme et d’un
antisémitisme grandissant
dans nos sociétés ?
p. 2 - 3

AUSCHWITZ
September 1941. Le Zyklon B
comme moyen d’extermination.
p. 4 - 5

APPROFONDISSEMENT
Chroniques d’un
rescapé d’Auschwitz.
p. 6 - 9

SAVIEZ-VOUS QUE...
© DR

...ce sont des trains de voyageurs


qui ont majoritairement servi Les murs de la ville polonaise de Łódź sont couverts
pour les déportations ? ACTUALITÉ de graffiti antisémites, le plus souvent laissé par
p. 10 - 11 les deux clubs de foot qui se disputent le trône.

INTERROGATION
Est-ce qu’une personne
ne vaut que 60 000 RM ?
p. 12 - 14

RÉFLEXION
Un comportement de plus en
Le suicide comme acte ultime.
p. 15 plus antisémite et raciste remplace
VARIA la fierté patriotique sportive sur
p. 16 - 20
nos terrains de foot
Éditeur responsable
Henri Goldberg
ASBL Mémoire
Mémoire d’Auschwitz
d’Auschwitz
ASBL
65,
Ruerue
desdes
Tanneurs,
Tanneurs
65- -1000
1000Bruxelles
Bruxelles
ACTUALITÉ

Imitations de bruits de singe et


jets de bananes sont devenus
des gestes réguliers dans les tribunes.

© DR
lors que se termine
tout juste la frénésie
du football en Europe
à l’occasion de l’EURO 2016, force
Injures et insultes sur
est de constater que même la
Fête nationale belge le 21 juillet
les terrains de foot
n’a pas fait eurir autant de dra- À l’image d’un racisme et d’un
peaux belges que les Diables
rouges. Visiblement, le sport est un antisémitisme grandissant dans nos sociétés ?
fort stimulant des sentiments pa-
triotiques : le retour au pays d’une souvent au racisme et à l’antisé- l’EURO 2012 quand les supporters
joueuse de tennis ou d’un judoka mitisme sur le terrain. Dans quelle russes en sont venus aux mains à
après un tournoi, la victoire d’un mesure le danger guette-t-il dans Varsovie. La Croatie y est aussi al-
coureur cycliste, voilà qui suft à nos stades ? Quand peut-on qua- lée particulièrement fort cette an-
nous faire nous sentir soudain lier certaines remarques d’inno- née-là. Avec deux autres associa-
belges à nouveau, et non plus centes, de personnelles ou de ha- tions, SOS Racisme a demandé à
« seulement » amand ou wallon. sard malheureux, et quand faut-il interdire de stade le chant ultra-
La solidarité ne fait pas non plus le intervenir ? nationaliste Lijepa Li si (ravivant
poids. Les jours où les grandes ca- Si l’on observe les faits survenus l’esprit de la guerre des Balkans et
tastrophes ou un grand deuil ras- ces cinq dernières années, on exhortant à la haine) devenu le
semblaient les gens dans la rue constate que les occurrences tube de la Croatie durant les
semblent d’un autre temps. sont non seulement plus fré- matchs.
Mais pour le football, le monde quentes, mais aussi plus agressives La situation peut parfois être très
entier semble prêt à oublier tous et plus violentes. Pendant l’EURO violente, au mépris de tout res-
les problèmes et même à pardon- 2016, nous avons régulièrement pect et compassion, comme en
ner. Le commerce marche, ex- entendu parler de « supporters » témoignent les fans de Vitesse ;
ceptionnellement bien, même. et de « hooligans » semant la ziza- lors d’un match de football contre
Chacun dépense volontiers, sans nie dans les villes françaises où se l’Ajax d’Amsterdam n 2015, ils
hésiter, une coquette somme déroulaient les matchs. Des hooli- ont accroché un drap portant
pour participer, pour compter gans polonais ont mis Marseille l’inscription « JHK », l’acronyme de
parmi ces Belges qui vont gagner. sens dessus dessous en s’en pre- Joden Hebben Kanker [Les Juifs
Nous faisons tout pour nous identi- nant aux Ukrainiens, la Russie a ont le cancer] – Johan Cruijff ve-
er : le drapeau tricolore otte sauté à la gorge de l’Angleterre, nait d’annoncer qu’il souffrait
dans toutes les rues et pavoise et la Croatie s’est jetée sur les fans d’un cancer du poumon. Chez Vi-
toutes les voitures. Nous sommes tchèques à Saint-Étienne. À l’exté- tesse, on chantait aussi régulière-
une même famille, nous sommes rieur des terrains de foot, on a très ment : « Ce sont les Juifs qui brû-
ers de notre pays. Et c’est une souvent entendu des déclarations lent le mieux ». Johan Cruijff n’est
bonne chose. Mais parfois, cela racistes, autant dans les rues que pas juif, mais a épousé une Juive.
va un peu plus loin. Ces dernières pendant les matchs. La Russie Il a également aidé Yad Vashem
années, ce sentiment patriotique était encore sous le coup d’une à repérer et identier les victimes
s’est mué en un sentiment natio- condamnation pour comporte- de l’Holocauste. Il est décédé le
naliste qui tourne de plus en plus ment raciste, remontant à 24 mars de cette année.

TRACES DE MÉMOIRE
LKS (20 000 fans) et RTS Widzew
(60 000). Quand ces deux équipes
jouent, il suft de quelques bières
pour qu’éclatent des cris violents,
© DR

chaque camp traitant l’autre de


« sale Juif ». Dans les rues de la
Arborer des drapeaux nazi et commencer
ville, on trouve d’innombrables
les matches par le salut hitlérien : actes antisémites graftis d’étoiles de David, en dé-

© DR
ou plutôt une coutume culturelle ? pit du décret municipal obligeant
les propriétaires à garder les murs
de leurs logements exempts de
En Italie et en Espagne, on ob- tout l’antisémitisme restent mon- gribouillages. Il y a une vingtaine
serve aussi régulièrement des inci- naie courante – un véritable phé- d’années, la fermeture massive
dents racistes. En 2014, ce n’est nomène culturel quand on sait des principales industries de Łódź
cependant pas un supporter, qu’il n’y a pratiquement plus de a conduit la jeunesse désempa-
mais le candidat à la présidence Juifs dans ces pays. En Ukraine, le rée à former des gangs radicaux
de la fédération italienne de foot- nationalisme empoisonne le sport. et d’extrême-droite.
ball, Carlo Tavecchio, qui a fait la À Lviv, les partisans de Stefan Ban- Et qu’en est-il chez nous ? Selon
une des journaux en déclarant dera, ancien dirigeant de l’Orga- Patrick Charlier, directeur du
que jouait en première ligue un nisation des nationalistes ukrai- Centre pour l’égalité des
joueur d’origine africaine qui se niens (un parti d’extrême-droite chances, le racisme reste un pro-
goinfrait de bananes il n’y a pas si qui a collaboré avec l’Allemagne blème ardu dans le football
longtemps. Peu après, Kevin nazie) se battent contre les natio- belge, d’autant que, banalisé, il
Constant, un joueur franco-gui- nalistes russes. Certains matchs n’est presque jamais mentionné.
néen de l’AC Milan, et son coé- débutent même par le salut hitlé- Un journal amand a effectué
quipier Nigel De Jong, un Néerlan- rien. n 2015 un sondage aux résultats
dais d’origine surinamaise, ont été Lors d’un match entre la Legia très surprenants : 1 Flamand sur 4
la cible de jets de bananes. En dé- Varsovie et Hapoel Tel Aviv, un gi- trouve parfaitement normal de
but d’année, la Juventus a égale- gantesque drap appelant au Ji- faire des bruits de forêt vierge
ment eu des démêlés avec la loi had a été déroulé. Alors que ce face à un footballeur noir. 1 sur 5
quand ses fans ont afrmé que même club jouait dans la ville po- estime que le mélange ethnique
« Florence n’était pas peuplée lonaise de Łódź, des cris ont fusé : chez les Diables rouges constitue
d’Italiens, mais d’indèles hé- « Hamas, Hamas, les Juifs au gaz » un mauvais exemple pour la jeu-
breux ». et « Rentrez chez vous à nesse, et 1 sur 4 regrette qu’au-
Au club espagnol FC Barcelona, Auschwitz ». Les supporters de Re- tant de nationalités et de cultures
d’autres bananes ont été jetées à sovia Rzeszów ont déroulé un gi- différentes soient représentées en
la tête du Brésilien Daniel Alves da gantesque drap portant une cari- division 1. 62 % ont déjà été té-
Silva, qui a très laconiquement cature d’un Juif et le slogan « Mort moins d’un incident raciste dans
mangé le fruit. Le Sénégalais aux nez crochus ». Ces comporte- nos stades, mais la moitié n’a pas
Pape Diop de l’UD Levante a ments ne se limitent pas toujours osé intervenir. Les invectives que
quant à lui dû faire face à un con- aux fans ou aux hooligans, l’on entend depuis les tribunes re-
cert de cris de singes. Répondant comme en témoigne l’intermi- ètent la tendance actuelle à ou-
par quelques pas de danse, il a dû nable liste d’expressions racistes à trager les migrants, demandeurs
lui-même rendre des comptes : si l’actif de l’ancien gardien de but d’asile ou réfugiés sur les médias
les cris humiliants ont été vivement Jan Tomaszewski, qui a toujours sociaux. Nous restons donc pa-
condamnés, on a trouvé ses pas refusé de présenter des excuses. triotes, ers de hisser « notre » dra-
de danse provocants. Au début Le supporter polonais estime que peau et de montrer que nous lut-
de l’année, dans le métro pari- le sport national polonais est être tons pour « notre » pays. Mais cela
sien, un Noir a été à deux reprises supporter de football. uniquement pour « nous » et entre
chassé de son siège par cinq fans À Łódź, troisième plus grande ville « nous ».
de foot de Chelsea. de Pologne, qui tient lieu de Man- Georges Boschloos
Mais c’est sur les pelouses d’Eu- chester polonais, deux clubs de ASBL Mémoire d’Auschwitz
rope de l’Est que le racisme et sur- football dominent : Traduction : Emilie Syssau

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 3
AUSCHWITZ

Septembre 1941
le Zyklon B Exemple d’une
boîte de Zyklon B
comme moyen

© DR
d’extermination
Ce début septembre marque le souvenir de la première utilisation, il y a 75 ans, du
Zyklon B comme moyen d’extermination à Auschwitz. Le produit comme le procédé sont bien
connus. Mais les ‘possibilités d’application’ du Zyklon B ont été testées de manière
très ‘originale’ à Auschwitz, comme cet article l’explique plus en détail.

Durant l’été 1941, le Reichsführer- C’est nalement un adjoint de Ru- Début septembre 1941 – l’histo-
SS Himmler fait savoir à Rudolf dolf Höß, le SS-Hauptsturmführer rienne polonaise Danuta Czech
Höß, commandant du camp de Karl Fritzsch, qui trouva ‘par ha- indique la date précise du 2 sep-
concentration d’Auschwitz, que sard’ un gaz approprié. La pre- tembre – a lieu un premier ga-
celui-ci va faire partie d’un plan mière utilisation du Zyklon B à zage expérimental à grande
visant à exterminer les Juifs d’Eu- Auschwitz, comme dans d’autres échelle, sous la direction de
rope. Les mesures ‘pratiques’ sont camps, fut plus pacique que la Fritzsch lui-même. Fritzsch donne
expliquées à Höß par le respon- célèbre méthode développée l’ordre de déplacer les prisonniers
sable des affaires juives à la Ges- par les nazis : le Zyklon B, de la cé- du Block 11 dans un autre bara-
tapo: Adolf Eichmann, du RSHA, lite imprégnée de cyanure de po- quement. Le lendemain, 250 dé-
Amt IV B4. Ce haut fonctionnaire tassium, servit d’abord de désin- tenus polonais malades, qui
nazi était bien entendu au cou- fectant et était livré par une entre- avaient été sélectionnés par le
rant du gazage des malades prise commerciale de Hambourg, médecin du camp, le docteur
mentaux (dans des chambres à Tesch und Stabenow. Schwela, sont conduits au Doden-
gaz maquillées en douches) ainsi En août 1941 (la date précise est blok. Après l’appel du soir, 600 pri-
que des méthodes expérimen- inconnue), Fritzsch fait évacuer, sonniers soviétiques sont transférés
tales mises au point à l’Est par Ar- en l’absence de son supérieur, le dans le camp et, sous la menace,
thur Nebe, chef de l’Einsatz- commandant Höß, un des ca- sont immédiatement conduits
gruppe B, qui consistaient à as- chots du Block 11 (à l’époque dans la cave du Block 11 pour y
phyxier les occupants d’un ca- Block 13). En raison de la super- être incarcérés dans les diffé-
mion hermétiquement fermé en y cie réduite des cellules, il y a vu rentes cellules. Les fenêtres sont
injectant des gaz d’échappe- l’endroit idéal pour tuer entre calfeutrées avec de la terre et un
ment. C’était chaque fois le mo- vingt et trente prisonniers de SS portant un masque à gaz –
noxyde de carbone qui était uti- guerre soviétiques en y répandant d’après Höß, il s’agissait de Fritzsch
lisé, fabriqué industriellement du Zyklon B. Une autre expérience en personne, mais c’est assez peu
dans le premier cas et sous la de gazage aura lieu plus tard au vraisemblable – va répandre du
forme de gaz d’échappement même endroit, avec l’utilisation Zyklon B dans chaque cellule.
dans le second. Cette manière de cette fois de six cellules pour tuer L’opération se fait en présence de
tuer n’était cependant pas assez une centaine de prisonniers sovié- plusieurs témoins, dont Höß lui-
efcace à (plus) grande tiques. A son retour, Höß est in- même.
échelle… D’où la recherche d’un formé par Fritzsch de sa ‘décou- Le matin du 4 septembre, le Rap-
produit plus ‘adapté’. verte’ et de ses résultats. portführer (responsable des rap-

4 TRACES DE MÉMOIRE
La cave du Block 11

Karl Fritzsch (né en 1903) devient membre


du NSDAP et des SS en 1930. En 1934, il
obtient son premier emploi au camp de
concentration de Dachau et il acquiert au

© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Frédéric Crahay


cours des années suivantes une expérience
du système des camps de concentration.
C’est pourquoi, en mai 1940, il est désigné
comme premier Schutzhaftlagerführer de
Höß, autrement dit l’adjoint au
commandant du camp. Il est réputé pour
être quelqu’un de cruel et un véritable
sadique. Plus tard, dans un autre camp de
concentration, il sera accusé de corruption
et envoyé au front. Il est porté disparu le 2
mai 1945.

ports dans une partie du camp de La nouvelle de cette première Slaves et les Juifs n’étaient-ils pas
concentration) et également SS- exécution de masse fait le tour du dépeints comme des rats,
Hauptscharführer Gerhard Pa- camp de concentration et la Ré- des poux et d’autres animaux
litzsch se rend dans la cave et sistance organisée à Auschwitz en nuisibles dans la propagande ra-
constate qu’il y a encore des informe le monde extérieur. ciale ? Peut-être Fritzsch a-t-il
gens en vie. C’est dû au fait qu’on Pourtant, la cave du Block 11 ne pensé que ce produit pouvait
ne connaît pas encore bien le do- sera pas jugée apte pour des exé- aussi éliminer une autre sorte de
sage nécessaire pour que le pro- cutions massives par gazage : les ‘vermine’! En tout cas, le cyanure
duit soit mortel. On rajoute une nombreux couloirs rendent extrê- a bel et bien prouvé son effet
dose de Zyklon B et on referme les mement difcile l’évacuation des mortel sur des êtres vivants…
cellules. Durant la nuit et dans la cadavres et il faut très longtemps
journée du lendemain, les corps pour aérer les locaux (Höß parle
sont extraits des cellules par une de deux journées complètes). En Johan Puttemans
dizaine d’inrmiers de l’hôpital du outre, une procédure de gazage Coordinateur pédagogique
camp et une vingtaine de ceux nécessite un véritable déména- ASBL Mémoire d’Auschwitz
qu’on appelle les ‘porteurs per- gement des détenus et du per- Traduction : Michel Teller
manents de cadavres’. Ces der- sonnel du bloc pénitentiaire 11.
niers sont tenus de garder le se- Mais le principal obstacle pour les
cret sur cette tâche particulière, nazis est le fait que le Block 11 se
en compensation d’une ration trouve dans le camp même, en-
supplémentaire de nourriture. Ce touré d’autres prisonniers. C’est
travail macabre est effectué par pour ces raisons qu’un nouveau
plusieurs groupes : le premier, lieu d’exécution est créé, le Kre-
muni de masques à gaz, sort les matorium I. Journée d’étude
corps de la chambre à gaz, le Comment Fritzsch a-t-il eu l’idée Le Mercredi 2 novembre 2016,
deuxième déshabille les ca- de faire une expérience avec l’in- l’ASBL Mémoire d’Auschwitz organise
davres, le troisième les charge sur secticide Zyklon B ? La réponse à une journée d’étude sur la technicité de
des charrettes et le dernier em- cette question n’est pas claire. Il la Shoah.
mène les victimes au crémato- est possible que son idée ma- Pour plus d’informations,
voir l’annonce avec le programme à
rium pour qu’elles y soient inciné- cabre lui ait été inspirée par
la page 20 de ce numéro.
rées. l’idéologie nazie : en effet, les

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 5
APPROFONDISSEMENT

Chroniques d’un rescapé


d’Auschwitz.
La biographie de Maurice Goldstein

Il y a vingt ans, en octobre 1996, Maurice Goldstein s’est éteint à l’âge de Comme les autres, mon père plein
74 ans. Tailleur, rescapé d’Auschwitz, docteur en médecine, brillant chirurgien, de cette sagesse calculée, mesu-
rée, a pris le chemin de l’adminis-
président du Comité International d’Auschwitz, il a été fait baron par le Roi Albert tration communale et, désormais,
II en 1994. Il a également écrit son autobiographie. sur nos cartes d’identité de
Pour commémorer l’anniversaire de la disparition d’un des cofondateurs de la Belges, un cachet disait que nous
Fondation Auschwitz, l’ASBL Mémoire d’Auschwitz publie quelques extraits du étions bien inscrits au registre des
livre Chroniques d’un rescapé d’Auschwitz et de son Journal, écrit à la libération Juifs. Et dès le 15 août 1941, les
employés de mairie disposèrent
d’Auschwitz. du tampon JUIF/JOOD, fabriqué
pour nous marquer, nous compta-
biliser. Cette mention fut tampon-
née sur notre carte d’identité de
Belge, de couleur verte et à dure
illimitée.
Les premières mesures pour isoler
les Juifs du reste de la population

[AVANT] Ce climat de trouble et d’incerti-


tude qui régnait en Allemagne,
belge venaient d’être prises.

J’aimais cette rue : on y trouvait


une boucherie et une épicerie
en Pologne et en Tchécoslova-
quie ne nous concernait pas vrai-
[PENDANT]
juives. Comme nous étions ment. Nous vivions à l’abri d’une
proches de la Place du Jeu de ction. Nous étions en Belgique, Caserne Dossin, Malines
Balle, mon père allait y vendre de royaume accueillant et libéral.
vieux vêtements le samedi et le di- Naturalisés belges, nous n’étions Du siège de la Gestapo, avenue
manche. Le vendredi soir, ma plus des étrangers. La Belgique Louise, nous avons été transportés
mère allumait les bougies et disait croyait en « l’inviolabilité de ses dans des camions bâchés, exac-
les prières traditionnelles du shab- frontières ». On s’estimait donc tement comme dans les docu-
bat. On ne mangeait pas de protégés. En novembre 1938, on a mentaires et les lms de ction.
porc. À Pessah – la Pâque juive –, peu parlé de la Nuit de Cristal au- Des camions bâchés gardés par
on remplaçait le pain blanc par tour de nous. À cette époque, la les SS, qui nous ont convoyés
du pain azyme. On puriait les presse, la radio minimisaient les jusqu’à la Caserne Dossin, si triste-
couverts de la manière la plus ri- choses, de crainte d’alarmer la ment célèbre dans l’histoire des
tuelle possible. On plongeait dans population et par souci de calmer Juifs de Belgique.
une bassine d’eau chaude une le jeu, nous ne savions presque À l’arrivée, on est enregistré, on
pièce de métal portée à incan- rien de ce qui se passait de l’autre reçoit un numéro matricule. L’im-
descence, et ça faisait un bruit côté du Rhin. Sur le passeport de portance de notre groupe belge
extraordinaire. À part cela, mon mon oncle de nationalité alle- permettait la formation d’un con-
père n’était pas un pilier de syna- mande, on avait cependant vu le voi de 1 450 personnes divisées en
gogue. Sa famille ne devait pas cachet Jude. C’était un indice in- deux parties dans les numérota-
être très pratiquante non plus. quiétant. tions et les enregistrements. Les

6 TRACES DE MÉMOIRE
de sortir vivant d’une telle aven-
ture ? Je réponds : ceux qui ont
survécu devaient bénécier, sans
le savoir, d’une constitution phy-
sique forte, d’une constitution psy-
chique encore plus forte, et il fal-
© Archives Fondation Auschwitz

lait qu’ils aient tous les jours un peu


de chance, tous les jours, tous les
jours jusqu’au dernier.

Peu de temps après mon arrivée


à Auschwitz I, en décembre 1943
j’ai été frappé par l’aspect de pri-
sonniers qu’on appelait « musul-
mans » (Musulmänner). À Birke-
Carte d’identité de Maurice Goldstein nau, je n’avais fait qu’apercevoir
ces détenus squelettiques sans
connaître le nom que la société
concentrationnaire leur donnait.
Dans l’imagination des prison-
étrangers constituaient le 22e con- plement impensable. Même si on niers, la famine qui régnait aux
voi, le groupe des Belges était le nous avait avertis que l’on prenait Indes créait ces cohortes de gens
22e B, numéro un tel. Cette minu- la direction de l’Enfer, on aurait maigres à faire peur, faméliques,
tie nous ahurissait. haussé les épaules. L’Enfer est ini- qui se déplaçaient difcilement,
maginable. et qui présentaient les caractéris-
Vers la n de l’après-midi de ce tiques vraies de l’asthénie phy-
jour, des wagons à bestiaux se Fürstengrube sique. C’était donc à Auschwitz,
sont rangés devant l’entrée de la en plein milieu du XXe siècle
Caserne Dossin, et nous sommes La zone d’extraction minière était qu’étaient réapparus ces êtres
montés dedans, hommes, située au sud-ouest d’Auschwitz- ottants, hâves, hagards, rendus
femmes, enfants, vieillards. Sur le Birkenau, à une vingtaine de kilo- somnambuliques par la dénutri-
plancher, des SS subalternes mètres tout au plus. Nous y tion complète. Malade chronique
avaient répandu de la paille. Un sommes arrivés en camions. On à l’hôpital d’Auschwitz, j’en
tonneau devait servir de seau hy- n’espérait pas vraiment un endroit voyais, dans ce passage vers le
giénique pour tous. paradisiaque. Enn, c’était le tra- non-être, le non-retour. Il n’existait
J’avais vingt-et-un ans. Nous ta- vail forcé à la mine. On descen- pas de traitement reconstituant
blions sur des inconnues, sans ja- dait très profond, car l’exploita-
mais penser, à aucun moment, tion était ancienne. On se chan- Suite p. 8
que nous entreprenions un geait et on passait la vraie tenue
voyage pour la plupart d’entre de mineur de fond, avec sur la
nous sans retour. En 1943, mon tête le casque muni de la lampe Photo d’un Muselmann, prise lors de la
libération du camp de Dachau
père était âgé de cinquante ans. fonctionnant au carbure. Pour ar-
Il raisonnait, et nous avec lui, river aux veines encore riches en
comme si les nazis partageaient charbon, après être sorti de l’as-
la même vision du monde que la censeur, il fallait marcher des cen-
nôtre. On se disait : on ne met pas taines et des centaines de mètres.
autant de gens dans un train pour Quand j’ai vu la taille des pelles et
les envoyer ailleurs, sans qu’il n’ait la hauteur des wagonnets ! Ce fut
été prévu un endroit pour les re- une période difcile. Peut-être
cevoir. Dans un sens, nous ne nous n’étais-je pas très costaud… ou le
trompions pas, mais l’endroit qui contraire. Quand on me pose la
© DR

nous était destiné était tout sim- question : comment est-il possible

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 7
APPROFONDISSEMENT

Suite de la p. 7

apportant des calories, des pro-


téines, capable de transformer un
être ayant à ce point perdu
toutes les graisses sous-cutanées
qu’on voyait son anatomie os-
seuse à travers ce qui lui restait de
muscles et de peaux. Pas de trai-

© DR
tement, donc la voie inéluctable
vers la n, une descente fatale
dont on ne remontait pas. Les mu- Face sud du camp de Fürstengrube. Photo prise juste après la guerre, le mur fût détruit après.
sulmans tombaient malades et
mouraient, leurs défenses immuni- centration où la majorité des pri- quelques mois après mon retour
taires abolies. sonniers n’étaient pas des Juifs, d’Auschwitz : « C’est triste… tu sais
mais des résistants déportés issus que j’ai été dans un camp, moi
Des gens obéissent facilement, de la résistance armée (ça fait aussi… » Que répondre à
sont aptes à transmettre rapide- des centaines de milliers quelqu’un qui a l’inconscience
ment les ordres reçus. Pour les d’hommes et femmes) il y a-t-il eu de se plaindre à un rescapé
faire comprendre, ils bousculent des révoltes ? » Deux : Buchen- d’Auschwitz de son internement
les règles de civilité, telles qu’elles wald et Dachau. Quand ? Le jour en Suisse où il fut logé, nourri, ses
existent dans les sociétés démo- de la libération du camp. Le vêtements mal repassés peut-
cratiques, ou plus exactement ils 11 avril à Buchenwald et le 2 ou le être ?
les oublient, puisqu’ici, elles n’ont 3 mai à Dachau. C’est tout. Com-
plus de sens. Ceux-là étaient re- ment peut-on alors exiger des Juifs Au début, les gens furent extrême-
pérés rapidement et les autres non organisés, déportés dans les ment impressionnés par les
étaient laissés à leur sort dans une camps parce que Juifs ignorant images prises de la libération des
évolution normale. La hiérarchie pour la plupart le maniement des camps. Ils voyaient les rescapés
prisonnière utilisait les individus sur armes, un comportement plus ad- arriver dans un état physique ef-
lesquels elle pouvait compter. Et mirable que ceux des révoltés de froyable dans les hôpitaux. Ils li-
le soir, ces promus recevaient un Sobibór, Treblinka, du Ghetto de saient des entretiens que la presse
morceau de pain en plus, une Varsovie et du Sonderkom- publiait. Puis, la lassitude est ve-
soupe en plus. Ils gravissaient les mando ? Tous Juifs. nue. Chez les auditeurs et ceux
échelons et c’était une manière qui racontaient. Narrer de telles
d’arriver, puisque si on n’a plus à
manger, on est plus résistant…
Le soulèvement du Sonderkom-
[APRÈS] aventures déprime tellement. Une
déception s’installe. Quand
même, il y a quelque chose d’in-
mando fut admirable et on n’en Différents pour toujours dicible dans nos expériences,
soulignera jamais assez l’impor- bien que si l’auditeur s’en donne
tance. On a longtemps dit, et on On se sentait comme des gens la peine, il y ait moyen de com-
continue à le faire de-ci de-là, venus d’un autre monde. Les prendre.
que par paresse les Juifs euro- autres nous le faisaient com-
péens se sont laissés conduire à prendre à leur manière. Dans leurs Nous, les ex-déportés à Auschwitz,
l’abattoir sans réaction. Je l’ai en- questions passait une espèce nous nous sentions très bien entre
tendu pendant des années, et d’apitoiement anachronique. nous et pas toujours très bien avec
c’est vrai qu’ils se sont laissés arrê- D’autres n’en posaient pas du les autres… qui ne savaient pas,
ter parfois fort docilement, en par- tout. Ne pas savoir était la règle, dont le comportement n’était pas
ticulier, les Juifs belges qui, sans se que ce soit chez les Juifs ou les aussi simple, aussi aisé que le
cacher, habitaient leurs domiciles non-juifs. Un lointain cousin ren- nôtre. Nos sociétés ne nous habi-
légaux. Seulement, se pose la contré en 1945 ou 1946 et qui tuent pas au contact avec les
question suivante : « Dans com- avait, heureusement pour lui, gens qui souffrent, avec les
bien de grands camps de con- passé la guerre en Suisse, m’a dit, grands malades ou ceux qui ont

8 TRACES DE MÉMOIRE
© Archives Fondation Auschwitz

Pages du journal tenu par Maurice Goldstein les jours qui ont
suivi l’évacuation du camp d’Auschwitz.

des problèmes de comportement de la mémoire. La mémoire des gênés par cette position et esti-
à la suite d’expériences limites, et crimes du national-socialisme doit ment qu’il y a là un essai de mini-
encore moins avec la mort. La rester indivisible. C’est extrême- miser les crimes contre les Juifs. Je
mort n’est pas présente dans nos ment important. ne crois pas, donc je ne vais pas
sociétés. On n’aime pas en parler. changer d’opinion. Je respecte
Nous ne pouvions parler que de la C’est pour cela que nous utilisons les différences, je suis tolérant,
mort. Nous étions 1 451 dans le le terme de génocide pour quali- mais on ne me forcera pas à em-
train qui m’a emmené à er l’extermination des Juifs et des ployer des mots qui n’ont pas le
Auschwitz. En 1945, 51 sont reve- Tziganes. Pour nous, en dépit de la sens qu’on leur donne dans le lan-
nus. Tout ce que nous pouvions différence du nombre de vic- gage courant.
rapporter tournait autour de la times, l’intention du génocide est
survie et de la mort. Les survivants identique. Les esprits simples – Extraits de
étaient rares, les morts, plusieurs pour ne pas dire simplistes – sont  ‘Chroniques d’un rescapé d’Auschwitz’
millions. Chacun des rescapés
ayant perdu là-bas sa famille, ses
amis, on parlait beaucoup des Maurice Goldstein, président du Comité International d’Auschwitz, lors d’un événement organisé pour la
morts. Cela nissait par gêner. sauvegarde du site d’Auschwitz (Résidence Palace - Bruxelles - 23.10.1989)
Il faut appeler chacun des crimes
par son nom. Quand on parle des
crimes, il faut les citer tous. Même
si un crime est unique, indicible, il
ne faut pas qu’il oblitère le reste

L’édition intégrale, illustrée


© Archives Fondation Auschwitz

par de nombreuses photos


et documents, peut être
commandée par mail à
l’adresse suivante :
info@auschwitz.be

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 9
SAVIEZ-VOUS QUE... ?

David Mandelbaum
...ce sont des trains
Témoignage audiovisuel Fondation Auschwitz n° 022
(09/12/1992) de voyageurs qui ont
majoritairement servi
pour les déportations ?
© Archives Fondation Auschwitz

Felix Gutmacher
sommes partis dans un convoi Témoignage audiovisuel Fondation Auschwitz n° 064
avec des wagons normaux, avec (31/03/1995)
des banquettes, des vieux
wagons m'enn... des wagons

© Archives Fondation Auschwitz


quand même. C'était un train
archi bondé évidemment. Mais
avec des banquettes, un train de

P rès de trois quarts des


Juifs déportés
Belgique ont fait le
trajet jusqu'à Auschwitz dans des
de
voyageurs. Il y avait des femmes,
des enfants. On était fort serrés,
c'est tout ce que je me rappelle. »

Parti quelques jours plus tard avec


voitures de passagers. En effet, sur le convoi du 29 août 1942, Théo
les vingt-huit convois partis de la Zilberberg détaille également les
caserne Dossin de Malines, dix- conditions dans lesquelles il a été la longueur de wagons, ils
neuf étaient des trains de déporté : « Nous sommes partis pouvaient voir si quelqu'un voulait
voyageurs, plus précisément des dans des wagons normaux, de sauter ou quoi. Ils étaient à cet
trains constitués de voitures de troisième classe. Un train de endroit-là. (...) À l'époque, il y
troisième classe avec portes et voyageurs, un vieux wagon de avait trois classes. On était assis
fenêtres. Des gardes armés troisième classe. Avec interdiction comme des gens normaux. Les
accompagnaient ces transports, de sortir par la fenêtre ou on était femmes, les hommes étaient
ils étaient placés à l'arrière de menacé que les gardes allaient ensemble, les familles étaient
chaque voiture et avaient ordre tirer. Ils étaient au bout des trains. réunies. On ne savait pas où on se
de tirer sur quiconque tentait de Entre les deux trains, il y a des dirigeait. »
s'échapper. Malgré ces mesures marches-pieds. Ils étaient là,
de sécurité, de nombreuses comme ça ils pouvaient voir toute Le témoignage de Félix
évasions se produisirent, ce qui Gutmacher, déporté par le 9e
amena les Allemands à renforcer Theo Zilberberg convoi du 12 octobre 1942 nous
l'escorte et surtout à remplacer les Témoignage audiovisuel Fondation Auschwitz n° 120 apporte des précisions supplé-
(13/11/1996)
voitures de voyageurs par des mentaires : « Ce train était
wagons de marchandises dits « à occulté, ils avaient mis de la
bestiaux » à partir du XXe convoi peinture noire pour qu'on ne voie
© Archives Fondation Auschwitz

du 19 avril 1943. pas où on était. C'était un vieux


train, ce n'était pas un train à
Les témoignages audiovisuels bestiaux. C'était un train de
nous permettent d'en apprendre voyageurs, et alors on a roulé, on
davantage sur ces convois. David a roulé. Et pour aller à la toilette, il
Mandelbaum, déporté par le y avait un seau devant la porte.
cinquième convoi du 25 août Tout le monde faisait dans le seau.
1942, décrit son wagon : « Nous (...) »

10 TRACES DE MÉMOIRE
maximum sont accompagnés
d’un livret comprenant un exposé
historique, une bibliographie ainsi
qu'une biographie de témoins.
© Groupe S.N.C.B. Bruxelles

Ces documentaires portent sur : la


mémoire juive du quartier
Marolles-Midi (1930-1942), la
caserne Dossin à Malines, la
déportation et l'arrivée à
Auschwitz, les conditions de vie à
Auschwitz.
Wagon de voyageurs de troisième classe
Sarah Timperman
ASBL Mémoire d’Auschwitz
Que ce soit dans des wagons à
bestiaux ou des voitures de
voyageurs, les déportés étaient Le troisième volet de la série documentaire Paroles d’Archives raconte la déportation
entassés, ne recevaient en
général ni eau ni nourriture et
n'avaient qu'un seau pour seule
commodité sanitaire ; l’humilia-
tion s'ajoutait ainsi à la souffrance
et à l'angoisse d'un départ vers
une destination inconnue.
Hommes, femmes, enfants et
vieillards restaient ainsi enfermés
jusqu'à trois jours dans une
chaleur intense pendant l'été
1942 ou dans des températures
extrêmement basses en hiver.
Certains ne survivaient pas à ces
conditions et décédaient avant
d'arriver à destination.

Ces extraits sont tirés de


témoignages audiovisuels récol-
tés par la Fondation Auschwitz
dont le fonds audiovisuel est
© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos

constitué d'un corpus de 230


enregistrements. Ces témoig-
nages sont accessibles aux étu-
diants et aux chercheurs et peu-
vent être visionnés dans notre
Centre de documentation.

À partir de ces entretiens, nous


réalisons également des docu-
mentaires à usage pédagogique.
Ces DVD rassemblés dans la
collection Paroles d'Archives
d’une durée de 45 minutes

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 11
INTERROGATION

Est-ce qu’une personne


ne vaut que 60 000 RM ?
D urant le mois de sep-
tembre 1935, Adolf
Hitler, le dictateur de
l’Allemagne nazie, exprime sa vo-
guerre pour procéder à l’élimina-
tion systématique des soi-disant
« bouches inutiles ». Des per-
sonnes atteintes d’un handicap
« biocratie » à construire, de-
vraient être éliminées car elles
bloqueraient ou saperaient l’évo-
lution de la nouvelle Allemagne.
lonté au médecin Gerhard Wa- physique et/ou mental lourd et En temps de guerre, les soins mé-
gner, Reichsärzteführer (dirigeant qui ne n’ont plus d’avenir d’un dicaux doivent tout d’abord être
des médecins du Troisième point de vue économique ou donnés à ce courageux et « utile »
Reich), qu’il n’attend qu’une idéologique dans la nouvelle soldat blessé durant une bataille
et rapatrié en Allemagne pour y
être soigné dans ces lits libérés qui
étaient auparavant occupés par
ces malades incurables et « sans
espoir »…
C’est principalement la prépara-
tion du peuple allemand durant
l’ère nazie d’avant-guerre qui de-
mandera un effort : les Allemands
devaient en voir l’ « utilité ». L’ac-
cent sera mis sur le coût nancier
supplémentaire pour chaque ci-
toyen allemand ! An d’atteindre
cette objectif, des campagnes
d’endoctrinement furent lancées.
La propagande raciale n’a ja-
mais reculé devant le recours à
l’argument que l’infériorité phy-
sique et mentale représenterait
un poids pour toute la population
allemande an de faire entrer
dans chaque foyer allemand le
plan macabre qu’ils voulaient ré-
aliser.
Johan Puttemans
Coordinateur pédagogique
ASBL Mémoire d’Auschwitz
© DR

Affiche de propagande - circa 1938

12 TRACES DE MÉMOIRE
60 000 Reichsmarks

Coûte ce malade héréditaire


à la Communauté du Peuple
durant sa vie

Compatriote,
c’est aussi
ton argent

Lisez [le]

NOUVEAU
PEUPLE
Le mensuel de l’office politique

© DR
raciale de le NSDAP

Extrait du décret du ministre de l'Intérieur du Reich en date du 18/08/1939 concernant l'obligation de signaler les nouveau-nés malformés et
autres.

A. En réponse aux questions scientifiques sur les malformations congénitales et l’arriération mentale, il est nécessaire que ces affections soient
enregistrées le plus tôt possible.
B. (…) quand l'enfant nouveau-né manifeste des signes des anomalies congénitales graves suivantes :
1. Idiotie ou mongolisme (notamment les cas impliquant cécité et surdité),
2. Microcéphalie,
3. Hydrocéphalie sévère,
4. Difformités en tous genres, notamment membres manquants, fermeture gravement défaillante de la tête et de la colonne verté-
brale, etc.,
5. Paralysie, dont maladie de Little

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 13
APPLICATION
Quelle est la valeur d’un être humain ?
PÉDAGOGIQUE

N O M
CLASSE
Vous trouverez chaque trimestre dans votre TRACES DE MÉMOIRE une application pédagogique avec une fiche didactique à utiliser en classe et/ou à conserver

Peut-on, selon toi, mettre un « prix » sur la vie de quelqu’un ?

Si c ’était le cas, qui décide de ce « prix » et selon quels critères ce « prix »


est déterminé ?

Quel serait le « prix » d’un membre de ta famille qui est handicapé ? Accepterais-tu
alors qu’un État quelconque te l’achète à ce prix pour le tuer ?

Est-ce que des affiches comme celle de la NSDAP pourraient encore


convaincre des gens actuellement ?

Remarques de l’enseignant/e TRACES DE MÉMOIRE


est une publication
trimestrielle de
l’ASBL Mémoire d’Auschwitz

www.auschwitz.be

FICHE PÉDAGOGIQUE N° 2 - TRACES DE MÉMOIRE N° 21


Adam Czerniaków
avant 1939

RÉFLEXION

© Żydowskiego Instytut Historycznego


Le suicide
comme acte ultime
Le suicide, échappatoire à une exis-
tence absurde et cruelle

L’absurdisme est un courant philoso-


phique au sein de l’existentialisme
Introductions Missions selon lequel la vie n’a essentielle-
ment aucun sens (le “sens de la vie”).
Quand on s’interroge sur le sens de
Au moment où débute, le 22 juillet 1. Comme préparation aux condi- la vie, on en arrive donc, selon ce
1942, la ‘Große Umsiedlung- tions de la création du ghetto de courant philosophique, à la conclu-
saktion’ (‘Grande opération de Varsovie et des conditions de vie sion que le suicide est la seule issue.
transfert’ – euphémisme nazi pour dans celui-ci, vous pouvez recher-
désigner les déportations de cher sur internet plusieurs extraits En deux mois de temps à peine, la
masse vers le centre d’extermina- du journal personnel de Czer- population du ghetto de Varsovie a
tion de Treblinka), Adam Czer- niaków (http://www.holocaustre- diminué de 80%. Dès leur arrivée à
Treblinka, tous les enfants étaient as-
niaków, qui dirige le Judenrat searchproject.org/ghettos/ac-
sassinés. Seules des personnes jeunes
pour le ghetto de Varsovie, reçoit diary.html). et en bonne santé, principalement
l’ordre de livrer aux nazis non seu- Cela peut éventuellement se faire des hommes, eurent la vie sauve. Ils
lement des hommes et des en classe. seront exploités par les Allemands
femmes de tout âge, mais aussi ~ 8 oct. 1939, 18 nov. ’39, 30 nov. comme travailleurs forcés dans le
des enfants. Bien conscient du ’39, 14 oct. 1940, 20 nov. ’40 & 5 ghetto dépeuplé, qui sera aménagé
sort qui les attend – pour quel “tra- mai 1941. en une sorte de grand camp de tra-
vail à l’Est” a-t-on besoin de mains ~ (Alternative : projeter un extrait vail forcé.
La plupart d’entre eux avaient perdu
d’enfants?! – Czerniaków opte du lm Geheimsache Ghetto
des proches durant la grande vague
pour la forme ultime de refus : il se [Quand les nazis lmaient le de déportations, qu’il s’agisse de
suicide le 23 juillet. Ghetto. Oscilloscope Pictures, frères ou de sœurs plus jeunes, de
2010, Allemagne/Israel] parents, de grands-parents… Pour
Il laisse aux membres du Judenrat certains de ces ‘survivants’, l’exis-
ce bref mot d’adieu : 2. Réexions éthiques : tence était devenue insupportable.
~ Le suicide de Czerniaków est-t-il Des questions surgissaient, comme
un acte de résistance ultime ? “Pourquoi ai-je survécu?” Un nou-
veau phénomène s’est développé :
~ Est-ce un acte de lâcheté ul-
le suicide, pour échapper à l’absur-
Ils exigent de moi de tuer time ? dité de leur (sur)vie.
de mes propres mains ~ Quel autre acte de résistance
les enfants de mon peuple. Czerniaków aurait-il pu poser ?
La seule chose qui me ~ Czerniaków aurait-il dû, comme
reste à faire est de mourir. Rumkowski, le chef du ghetto de
Je ne peux plus Litzmannstadt (voir Traces de Mé- Johan Puttemans
supporter tout cela. moire n° 19, p. 11), agir de ma- Coordinateur pédagogique
Mon geste montrera à tout le nière à s’assurer qu’une partie de ASBL Mémoire d’Auschwitz
monde ce qu’il est juste de faire. la population survivrait ? Traduction : Michel Teller

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 15
VARIA
Prix du meilleur acteur pour
l’excellent Burghart Klauβner
ciné-club
PASSEURS D’IMAGES

der staat gegen


fritz bauer

© DR
Film de Lars Kraume
Lorsque, en 1957, le procureur Fritz 2015
Bauer veut traduire en justice les allemand
principaux acteurs du nazisme et 105 min - coul.
les confronter à l’atrocité de leurs vo - sous-titres bil.
actes, il se heurte à la fois à la ré-
sistance de l’establishment et à cinema aventure
l’utilisation de son homosexualité galerie du centre
contre lui. 1000 bruxelles
Bauer ne soupçonne pas que 20 septembre 2016
© DR

l’appareil d’État allemand de 19 h 30


l’après-guerre fourmille encore entrée 6 euros
d’anciens nazis. L’Allemagne, en Affiche du film. Titre en français : www.cineclub.brussels
pleine reconstruction écono- Fritz Bauer, un héros allemand
mique, ne veut pas entendre par-
ler de son récent passé. Alors que
Bauer y voit une nécessité abso- Depuis quelques années, l’Alle- Le réalisateur Lars Kraume a
lue et refuse que le peuple alle- magne jette un regard toujours conçu ce lm sous la double
mand oublie les méfaits nazis. Son plus critique sur son passé. En té- forme d’un portrait de la person-
activisme rouvre assurément de moignent plusieurs lms récents, nalité complexe de Bauer et d’un
vieilles blessures de guerre. dont Der Staat gegen Fritz Bauer captivant thriller historique. De
Face à la résistance qu’on lui op- [Fritz Bauer, un héros allemand]. plus, il n’hésite pas à recadrer l’his-
pose, il emprunte des voies moins toire de Bauer dans le contexte
légales, ce qui lui coûte cher. Le jeu remarquable de l’excellent géopolitique d’après-guerre. Le
Ayant retrouvé la piste d’Eich- acteur Burghart Klaußner (Das conit israélo-arabe et la Guerre
mann, Bauer décide d’en avertir weiße Band [Le ruban blanc], froide jouent donc aussi un rôle
le Mossad, et se rend coupable Goodbye Lenin!, Bridge of Spies dans la lutte de Bauer pour la jus-
de trahison à la patrie. Son plan [Le pont des espions]) lui a valu le tice. En se concentrant sur ce
échoue, car c’est nalement prix du Meilleur acteur lors du Prix contexte, Kraume souligne com-
Israël qui organise le procès du cinéma bavarois, l’équivalent bien la puissance de l’Allemagne
contre l’architecte de l’Holo- allemand des Oscars. Klaußner in- s’était amenuisée après la Deu-
causte. Loin de se décourager, carne un Fritz Bauer emporté, xième Guerre mondiale et com-
Fritz Bauer met sur pied une nou- énergique et parfois brusque, bien un solitaire comme Bauer a
velle opération pour faire con- chargé de localiser d’anciens of- dû s’y sentir claustrophobe. Le lm
damner les bourreaux ciers SS vivant cachés. Mais il a été couronné à plusieurs re-
d’Auschwitz. semble qu’il soit pour lui plus facile prises. Pour connaître le fonde-
L’histoire de Bauer est relatée de trouver des criminels de guerre ment de Im Labyrinth des Schwei-
dans le lm Im Labyrinth des nazis que de convaincre son gou- gens, il faut voir Der Staat gegen
Schweigens [Dans le labyrinthe du vernement de faire bon usage de Fritz Bauer.
silence], quatrième lm de l’édi- ces informations et d’entre-
tion 2016 de notre ciné-club, dont prendre des actions en justice. Georges Boschloos
la projection est programmée le L’immense frustration de Bauer ASBL Mémoire d’Auschwitz
22 octobre 2016. jaillit de l’écran. Traduction : Emilie Syssau

16 TRACES DE MÉMOIRE
© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos

Les voyages d’études


organisés par
ASBL MÉMOIRE
D’AUSCHWITZ

voyage annuel vers


auschwitz-birkenau
10 - 14 avril 2017
Au cours de notre voyage
d'études de cinq jours, nous visi-
tons le camp de concentration et
centre d’extermination d'Ausch-
witz-Birkenau avec des guides du
musée. Les soirées sont consa-
crées à des conférences qui per-
mettent d’aborder la probléma-
tique dans son ensemble et qui
sont données par des spécialistes
avec le soutien pédagogique de
présentations et de lms. Il y a
également des séances plénières
au cours desquelles des témoins
rescapés d’Auschwitz répondent
aux questions des participants.
Informations et inscriptions :
nathalie.peeters@auschwitz.be

voyage d’études ‘sur les traces de


la shoah en pologne’
7 - 14 août 2017
© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos

Contrairement aux camps de


concentration, les centres de
mise à mort n’avaient qu’un seul
but, celui d’exterminer !
Partant des ghettos, principaux
points de départ, vers les diffé-
rents centres d’extermination, ce
nouveau voyage vous fera dé-
couvrir, par ordre chronologique,
les lieux clés d’une des époques
les plus noires de notre histoire.
Informations et inscriptions :
georges.boschloos@auschwitz.be

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 17
VARIA

© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos


Helios Azoulay revisite la
musique d’Auschwitz sur
le CD ...même à Auschwitz

La musique dans
les camps nazi

Revivre
l’héritage
Depuis des années, le célèbre or- C’est également à Theresienstadt Le musicien/compositeur français
chestre d’Auschwitz appartient à qu’a été donné Brundibár, un Helios Azoulay cultive depuis plu-
la mémoire collective. De nom- opéra pour enfants écrit en 1938 sieurs années une passion pour la
breux musiciens déportés ont par Adolf Hoffmeister et Hans musique écrite et interprétée
composé plusieurs pièces pen- Krása. L’œuvre a été représentée dans les camps de concentration.
dant leur détention. Certaines de au moins 55 fois dans le camp, Au cours de ses recherches, il a re-
ces compositions ont été miracu- non pas par la crème de la crème trouvé plusieurs morceaux remar-
leusement retrouvées, sous forme de l’opéra tchèque, à qui le des- quables. Il a écrit un livre, L’enfer
fragmentaire ou complète. On ne tinait initialement le compositeur aussi a son orchestre, et enregistré
peut que supposer l’ampleur des juif Hans Krása, mais par un chœur un CD, ...même à Auschwitz. Avec
œuvres perdues. d’enfants juifs détenus comme lui son Ensemble de Musique Inci-
Plusieurs compositeurs ont survécu dans le camp et ayant pratique- dentale, Azoulay redonne vie à la
à l’Holocauste et rapporté que ment tous péri comme lui à musique des camps de concen-
certains musiciens étaient em- Auschwitz. L’une des représenta- tration. Il nous guide à sa décou-
ployés pour divertir les nazis, tandis tions a été lmée pour le lm de verte, cherchant à mieux nous
que d’autres étaient sévèrement propagande nazie Thereienstadt: faire comprendre son atmos-
punis pour avoir joué des œuvres Ein Dokumentarlm aus dem phère, son humour, la culture
« interdites ». jüdischen Siedlungsgebiet [Hitler dont elle découle. Note après
L’un de ces témoins, Alice Hertz- donne une ville aux Juifs]. Chaque note, les visages oubliés des com-
Sommer – surnommée la ‘pianiste rôle était appris par plusieurs en- positeurs retrouvent peu à peu
de Theresienstadt’ –, survivante la fants, personne ne sachant avec leurs traits. ...même à Auschwitz
plus âgée de l’Holocauste, est dé- certitude qui serait gazé et qui se- plonge dans les profondeurs et
cédé à 110 ans. Elle raconte son rait épargné. met à nu la sensibilité de l’âme
histoire dans le lm The Lady in L’opéra est aujourd’hui encore ré- humaine.
Number 6: Music Saved My Life gulièrement joué dans le monde Georges Boschloos
[La Dame du 6]. entier. ASBL Mémoire d’Auschwitz
Traduction : Emilie Syssau

.
© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos

journée d’étude et dossier


L’ASBL Mémoire d’Auschwitz organisera une journée
d’étude sur ce thème avec au programme des témoignages,
un documentaire et un concert donné par Helios Azoulay
et son Ensemble de Musique Incidentale.

Jeudi 10 novembre 2016


De 14 h 00 à 20 h 00
Maison Marcel Hastir
Rue du Commerce 51
1000 Bruxelles
: : georges.boschloos@auschwitz.be
Infos/réservations
Représentation de Vous trouverez un dossier sur le thème de la musique
Brundibár lors du dans les camps dans notre REVUE N°124 (printemps 2017)
TRAIN DES 1000 à Infos/commandes : nathalie.peeters@auschwitz.be
Cracovie - mai 2015

18 TRACES DE MÉMOIRE
Correspondance
du Ghetto
Par Charlotte Goldberszt
Charlotte Goldberszt nous avait
présenté, il y a plus de quinze ans,
le trésor familial qu’elle avait dé-
couvert en vidant l’appartement
Le carnet Correspondance du
de sa mère, peu après son décès
Ghetto. Varsovie-Liège. 1940-1942. en 1996. Il s’agissait, parmi
peut être commandé par mail : d’autres documents, d’une
info@auschwitz.be bonne trentaine de cartes pos-
tales adressées, du ghetto de Var-
sovie, à la sœur de cette dernière,
Brogna qui vivait à Liège (ca-
Yad Vashem en Belgique chée, gravement malade, à l’hô-
pital de Bavière). Elles étaient
La Fondation MERCi organise les Dans le cadre de ce séminaire, conservées dans une boîte en
2, 3 et 4 novembre 2016 prochain nous proposons de mettre à dis- carton étiquetée « papiers
son grand séminaire annuel. C’est position un « Espace Vitrine » ou le d’avant-guerre. » Cette « Corres-
en partenariat avec l'Institut Yad public pourra découvrir à son aise pondance du Ghetto. Varsovie-
Vashem en Israël, qui a décidé les différents acteurs de mémoire Liège, 1934-1942 » nous fut alors
d'organiser son séminaire euro- belge à l'aide de brochures et ou- conée par Charlotte, sous la
péen annuel en Belgique à l'oc- tils. Une belle mise en forme d’un article, que nous nous
casion des 10 ans de la Fondation valeur du travail des acteurs de la étions empressés de publier dans
que l'on vous propose le séminaire mémoire en Belgique. le Bulletin trimestriel de la Fonda-
« Yad Vashem en Belgique ». tion Auschwitz. Il ne s’agissait là
Lors de ce séminaire vous pourrez Contact : que d’une première mouture.
découvrir l'exposition « BESA : Fondation MERCi Pour la parfaire encore, nous lui
Code of Honor » ainsi qu'une série Rue de la Plaine, 11 avons proposé d’y ajouter des
d'interventions en journée à 6900 Marche-en-Famenne éléments visant à inscrire l’histoire
l'intention des acteurs du monde +32 (0) 84 320 882 rapportée – de prime abord ex-
de l'éducation et en soirée à www.lamerci.be clusivement familiale – dans son
l'intention du grand public avec contexte historique.
différents thèmes : les rapports Cette publication, au-delà du
entre musulmans et juifs durant la cercle des proches, ne manquera
Seconde Guerre mondiale, les pas de toucher toutes les per-
Justes parmi les Nations, l'ensei- sonnes intéressées par la Seconde
gnement de la Shoah aujourd'hui, Guerre mondiale. Nous espérons
la haine de l'Autre et la lutte également qu’elle sera bien ac-
contre les préjugés. cueillie en milieu scolaire et servira
Parmi les orateurs belges, français d’outil pédagogique. Par ailleurs,
et israéliens, gureront entre elle sera d’une grande utilité pour
autres, Arièle NAHMIAS, Frédéric les participants à nos voyages
CRAHAY, Philippe PLUMET, Alain d’études Sur les Traces de la
MICHEL, Claude UNGAR, Shlomo Shoah en Pologne, dont l’itiné-
BALSAM, Olivier VANDER- raire débute par le repérage des
HAEGHEN. vestiges du ghetto de Varsovie.

n° 21 - SEPTEMBRE 2016 19
VARIA

© ASBL Mémoire d’Auschwitz/Georges Boschloos


Au cours de cette journée d’étude,
nous aborderons les aspects tech-
niques de la Shoah. L’ensemble des
atrocités seront analysées en détail
an que les enseignants, quelle que
soit la matière qu’ils enseignent et mu-
nis d’arguments techniques, puissent
étayer leurs cours et leurs interventions
lors des discussions en classe parfois
difciles au sujet du judéocide.
Infos et inscriptions (obligatoire) :
johan.puttemans@auschwitz.be

Quand ?
La journée des profs Enseignants et futurs enseignants du
secondaire, des écoles supérieurs et Le 19 octobre 2016 (19 h - 16 h 30)
Où ?
Kazerne Dossin des universités et conseillers pédago-
giques : bloquez la date du mer-
credi 19 octobre 2016 pour une jour-
Kazerne Dossin
Goswin de Stassartstraat, 153
née d’étude au Musée Kazerne Dossin 2800 Malines
de Malines. Plus d’informations ?
Le thème : Comment encadrer au info@kazerne-dossin.eu
mieux la visite d'un lieu de mémoire Inscriptions ?
avec vos élèves - outils et conseils pé- vis DoB : dob@cfwb.be
dagogiques. La journée est organisée Partcipations aux frais pour le lunch ?
en partenariat avec la cellule péda- 5 € à verser sur le compte
gogique Démocratie ou barbarie et Be46 7310 2538 1336
de Kazerne Dossin
© Guy Kleinblatt

avec la participation du Fort de Breen-


donk, de la Fondation Auschwitz, du
Centre Communautaire Laïc Juif
(CCLJ) et des Territoires de la Mé-
moire.

POUR UNE PRISE ASBL Mémoire d’Auschwitz - Tél.: 02 512 79 98 info@auschwitz.be


DE CONTACT Fondation Auschwitz
Rue des Tanneurs, 65 - 1000 Bruxelles
Fax : 02 512 58 84 www.auschwitz.be

Directeur de la publication : Henri Goldberg Publication réalisée grâce au soutien de


Rédacteurs en chef : Frédéric Crahay, Johan Puttemans
Secrétaire de rédaction : Georges Boschloos SPF Sécurité Sociale
Services des
Comité de rédaction : Eric Lauwers, Marjan Verplancke, Victimes de la Guerre
Marie-Pierre Labrique, Baudouin Massart
Graphiste : Georges Boschloos
Imprimeur : EVM Print Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

20 TRACES DE MÉMOIRE - N° 21 - SEPTEMBRE 2016

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