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Le débat en classe de FLE

Un débat est un exercice oral qui permet à des apprenants d’entrer en interaction les uns
avec les autres. Il ne s’agit pas d’un monologue mais bien d’un dialogue et les interactions sont
aussi au moins important que la langue. Il faut savoir écouter et respecter la parole de l’autre,
avoir un point de vue et être capable de le défendre, s’appuyer sur la parole de l’autre pour
répondre et s’exprimer avec clarté et précision avec les moyens grammaticaux du niveau B1.
Pour le présent exposé de la méthode, nous utiliserons l’exemple ci-joint sur le thème :
Faut-il interdire les réseaux sociaux ? Les chapeaux désignent des registres de l’argumentation
et il doivent vous aider à vous concentrer sur certaines structures grammaticales.

I. La préparation des arguments


1) Principes généraux :

a) Apprendre le vocabulaire de l’image de soi et des réseaux sociaux. Le débat nécessite


de maîtriser le lexique sinon vous ne serez pas capable de parler ou d’intervenir.
b) Dans un premier temps et en classe entière, il est important de déterminer ensemble le
problème du débat. C’est une étape préparatoire qui permet de se préparer. Le problème
peut être formulé de différentes façon. En B1 on pourrait dire : Y a-t-il des raisons
suffisantes pour que le pouvoir politique interdise les réseaux sociaux ou des formes de
communication modernes ou digitales.

c) Un argument est une thèse, un fait et une justification. C’est cette dernière qui est la plus
importante et qui caractérise l’argument.

• La thèse est votre position. Il faut que vous vous décidiez pour ou contre.
Êtes-vous d’accord ou non ? Oui, il faut interdire les réseaux sociaux. Non,
il ne faut pas. Dans un groupe, vous devez avoir des thèses différentes.
• Le fait est ce que l’enseignant vous fournit ou ce que vous pouvez trouver
par une recherche sur internet. Dans le document vous trouverez des faits
statistiques et des textes courts qui analyse le problème. N’oubliez pas qu’un
fait est neutre et qu’il peut être utiliser pour toutes les thèses et sur tous les
registres (chapeaux).
• La justification est ce qui met en relation la thèse et le fait pour fonder votre
position. Elle dépend du registre mais il y a quelques principes généraux : la
justification peut être une relation causale, de conséquence, de but, de
condition.
➢ Cause : 76% des écoliers utilisent internet dans le cadre scolaire,
donc les réseaux sociaux ont aussi une fonction pédagogique
importante (Thèse contre).
➢ Conséquence : 76% des écoliers seulement utilisent les réseaux
sociaux dans un cadre scolaire, par conséquent 24% ne l’utilisent pas
ce qui signifie qu’un quart des écoliers ne bénéficient pas de cet
avantage. C’est pourquoi on peut dire que les réseaux sociaux créent
de l’inégalité (Thèse pour).
➢ But : 76% des écoliers utilisent internet à l’école afin d’approfondir
les contenus vus en cours et de développer leur autonomie dans
l’apprentissage. (Thèse contre).
➢ Condition : Si en effet 76% des écoliers utilisent les réseaux sociaux
à l’école, alors il est évident que les réseaux sociaux sont une source
d’inégalité (Thèse pour).

!!! Variez les structures et ne restez pas avec une seule forme ou un seul fait.

2) Le chapeau rouge :

Le registre des émotions est difficile à manier car s’il utilise les expressions des sentiments, il
ne permet pas pour autant d’être illogique ou de mal justifier sa thèse. Il est pour ou contre selon
les sentiments que lui inspirent le problème. Emotionnel signifie ici quelques structures
fondamentales :

a) Le subjonctif : utiliser des structures comme Il est triste que ou je suis heureux que pour construire des
arguments. Exemple : Personnellement, je suis choquée que la dépression ait apparemment un lien avec
l’usage des médias sociaux, comme le montre l’étude du CHU de Sainte-Justine. Cela signifie que les
réseaux sociaux ont un effet négatif sur la santé. Je trouve donc étrange qu’on puisse défendre cette
forme de communication dangereuse (Argument pour).
b) Les pronoms relatifs simples : Je suis inquiète car l’étude du CHU de Sainte-Justine montre des rapports
entre la dépression et les réseaux sociaux dont les effets peuvent être très graves. La dépression que les
adolescents subissent peut les mener au suicide. C’est profondément triste (Argument pour).
c) La narration : raconter une histoire personnelle au passé composé ou à l’imparfait. Elle doit être à la
première personne et contenir quelques expressions des sentiments. Moi-même, j’ai été en dépression
pendant que j’étais à l’école et je peux vous dire toute la détresse ressentie pendant cette période.
d) La prophétie : utilisation du futur en prolongeant les conséquences du fait. Les réseaux sociaux engendrent
la dépression et si nous laissons les écoliers sans protection, ce sera bien pire plus tard avec une épidémie
de dépression.
e) La forme passive : elle permet de mettre l’accent sur la victime et peut renforcer le côté affectif. , C’est
tragique mais les écoliers sont soumis à une énorme pression à cause de l’école et si nous ajoutons à cela
la pression des médias sociaux, ils seront aussi les victimes de dépression pathologique, comme le montre
tristement l’étude du CHU de Sainte-Justine.

3) Le chapeau noir :

Le registre du pessimisme est plus facile à manier car il monopolise surtout la négation sous
toutes ses formes. Les formes positives sont toujours pour le pire. Il est toujours pour
l’interdiction sinon il ne pourrait pas être pessimiste. Le chapeau noir est conservateur.

a) Le subjonctif : utiliser des structures comme je ne pense pas que, je ne trouve pas que. Exemple : Je ne
crois pas que l’usage pédagogique puisse être un argument vraiment positif.
b) Les pronoms relatifs simples : L’usage pédagogique dont tu parles et que l’on présente comme un fait
positif, est en réalité une illusion...
c) La narration : raconter une histoire au passé composé ou à l’imparfait. Elle doit être général et mal se finir.
Laissez-moi vous raconter une histoire : un étudiant complètement dépendant des réseaux sociaux a
complètement perdu son sens de la réalité. Ses parents ne comprenaient pas ce qui se passait, jusqu’au
moment où il s’est suicidé.
d) La prophétie : utilisation du futur en prolongeant les conséquences du fait. Les réseaux sociaux engendrent
la dépression et si nous laissons les écoliers sans protection, ce sera bien pire plus tard avec une épidémie
de dépression.
e) La forme passive : elle permet de mettre l’accent sur la victime et peut renforcer le côté pessimiste. Les
écoliers sont soumis à une énorme pression à cause de l’école et si nous ajoutons à cela la pression des
médias sociaux, ils seront aussi les victimes de dépression pathologique, comme le montre tristement
l’étude du CHU de Sainte-Justine.
f) La comparaison : N’hésitez pas à utiliser des comparaisons ou des nuances de comparaison. La situation
est de pire en pire. X est pire que.

4) Le chapeau jaune :

Le registre l’optimisme est l’inverse du précédent et il demander surtout des affirmations


positives. Les formes négatives ne sont utilisées que pour contredire une autre thèse. Il est dans
notre exemple toujours contre une interdiction, sinon il ne serait pas optimiste.

a) Les pronoms relatifs simples : L’usage pédagogique dont tu parles et que l’on présente comme un fait
positif, a vraiment des avantages car...
b) La narration : raconter une histoire au passé composé ou à l’imparfait. Elle doit être général et bien se
finir. Laissez-moi vous raconter une histoire : un étudiant complètement dépendant des réseaux sociaux
a complètement perdu son sens de la réalité. Ses parents ont compris à temps ce qui se passait, et ont pu
lui donner une nouvelle chance. Cela montre l’importance de l’éducation des enfants ET des parents.
c) La prophétie : utilisation du futur en prolongeant les conséquences du fait. Les réseaux sociaux sont une
chance pour l’école et s’ils sont utilisés avec intelligence, les écoliers seront plus autonomes et plus en
phase avec leur époque.
d) La comparaison ou le superlatif : N’hésitez pas à utiliser des comparaisons ou des nuances de comparaison.
La situation est de mieux en mieux. Les médias sociaux sont des moyens de communication comme les
autres et ils ne sont pas plus nocifs que les médias classiques. Facebook n’a pas inventé les fausses
informations, il les a seulement amplifiées.
5) Le chapeau vert :

Le registre de la créativité est très différent des précédents et il implique de réfléchir au-delà
des faits ou de les utiliser pour proposer des solutions. Les relations causales ou de conséquence
ne sont pas idéales pour former les arguments. Il serait dans notre exemple contre l’interdiction,
sinon ce ne serait plus du créatif mais du conservatisme.
a) Le futur : parler de l’avenir est une stratégie toujours intéressante avec un argument créatif. Il ne s’agit
cependant pas de prolonger un fait mais d’en annoncer de nouveaux. Exemple : Les deux positions me
semblent claires : les médias peuvent amener les écoliers à avoir une mauvaise image d’eux-mêmes mais
le contraire est aussi vrai. Il faut imaginer que dans le futur les médias proposeront une nouvelle image
pour les écoliers qui ne sera plus fondée sur la consommation mais sur la santé.
b) Le conditionnel : pour proposer de nouvelles solutions. La publicité pourrait ainsi arrêter de proposer une
image de la virilité masculine et de la fragilité féminine...
c) Le subjonctif de modalité : Il ne faut pas interdire les médias sociaux mais les réformer. Il faut que les
instances scolaires, universitaires et professionnelles proposent une éducation aux médias.

6) Le chapeau bleu :

Le registre de la prise de recul est lui aussi différent des précédents et plus proche du registre
créatif. Il se manifeste toujours après les autres. Il se positionne par rapport aux autres
arguments. Il est aussi plus conceptuel que les autres et ne doit pas hésiter à devenir politique
ou social.

a) Le questionnement : Le chapeau bleu est celui qui a le droit de relancer le débat dans une autre direction.
Le recours aux questions est alors idéal et il doit toujours se faire avec une question par inversion.
Exemple : Les deux positions me semblent claires : les médias peuvent amener les écoliers à avoir une
mauvaise image d’eux-mêmes mais le contraire est aussi vrai. Ils peuvent acquérir une bonne image
d’eux-mêmes. Ne faut-il pas penser le rôle éducatif des médias sociaux ?
b) L’hypothèse permet lui aussi de prendre du recul. On pourrait penser que si la publicité arrêtait de proposer
une image de la virilité masculine et de la fragilité féminine on aurait peut-être une image plus égalitaire
et libre de la diversité sociale et sexuelle ?
c) Le subjonctif de modalité au conditionnel: Les réseaux sociaux sont une réalité qu’il est absurde de remettre
en question ou d’interdire. On n’interdit pas les lettres ou le téléphone. On tomberait dans la dictature. Il
faudrait que les instances scolaires, universitaires et professionnelles proposent une éducation aux médias.
C’est un enjeu démocratique.
II. La préparation au débat

Il faut que vous soyez conscient du déroulement d’un débat. Voici comment vous devriez
structurer vos arguments.

PREMIER intervenant affirmatif (le chapeau rouge)

I. Présentez la proposition

A. Énoncez-la clairement : « L’interdiction des réseaux sociaux est une erreur et je


serai personnellement très triste de ne plus pouvoir les utiliser ».
B. Définissez les termes qui pourraient ne pas être clairs et paraphrasez le tout.
« Qu’est-ce qu’un réseau social ? De la communication et la communication, c’est de
l’espoir ! »
C. Faites un bref historique de la proposition (une ou deux phrases) : J’utilise
personnellement les médias et ce sont des sources de joies et d’émotions tous les
jours.

II. Énoncez la position du camp affirmatif : « L’interdiction est aburde ! »

III. Élaborez le premier ou les deux premiers arguments en présentant des exemples, des faits, des
statistiques, des témoignages ou des citations d'experts à l'appui :

« Je vais d'abord démontrer que ce serait une tragédie d’interdire car.... »

PREMIER ORATEUR NÉGATIF (généralement le chapeau noir.)

I. Présentez la position du camp négatif en répétant la proposition selon votre point de vue:
"Pour ma part, je m’oppose à ce que tu dis. Je ne crois pas que..."

A. Acceptez ou rejetez les définitions. (Si vous rejetez les définitions, vous devez
donner les vôtres et les raisons ou les preuves qui les appuient. Parfois, le chapeau
blanc ou le modérateur jugera quelle définition sera acceptée; dans d'autres les
nouvelles définitions peuvent être jugées intéressantes pour le débat. Dans le dernier
cas, les orateurs qui contestent les définitions à la légère sont désavantagés, parce qu'il
se peut que leurs remarques ne soient pas pertinentes.)

II. Réfutez le cas précédent.

A. Soulevez les arguments faut en citant, si possible, les mots de votre adversaire. (Tu as
dit que ... mais...)
B. Expliquez pourquoi l'argument est erroné en apportant des preuves et des faits à
l'appui.

III. Répétez votre position ou thèse.

V. Présentez un nouvel argument

DEUXIÈME ORATEUR AFFIRMATIF (Le chapeau jaune)

I. Répétez la proposition, si nécessaire.


II. Si on a contesté les définitions, expliquez davantage pourquoi les définitions devraient être
acceptées.
III. Réfutez l'argumentation précédente et reconstruisez la vôtre.
A. Identifiez les arguments erronés.
B. Expliquez pourquoi les arguments sont erronés avec preuves et faits à l'appui.
C. Résumez les arguments en défendant ceux qui ont été contestés.

IV. Établissez la preuve de vos derniers arguments (les plus forts).

DEUXIÈME ORATEUR NÉGATIF (Le chapeau bleu)

I. Répétez la proposition précédente.


II. Prenez de la distance par rapport à la proposition précédente.
III. Construisez une nouvelle orientation pour le débat.

A. Identifiez les arguments erronés ou contradictoires.


B. Expliquez pourquoi l'argument est erroné, preuves et faits à l'appui.
C. Posez le nouveau problème.

PREMIER ORATEUR AFFIRMATIF (le chapeau rouge)

I. Accepter ou refuser la proposition précédente.


II. Si l'autre camp a contesté vos arguments émotionnels, précisez qu’on ne peut pas contester
ce que l’on ressent !
III. Réfutez l'argumentation de l'Opposition et reconstruisez celle du Gouvernement.

A. Identifiez les arguments erronés de l'Opposition.


B. Expliquez pourquoi l'argument est erroné, preuves et faits à l'appui.
C. Résumez les arguments de votre équipe, en défendant ceux qui ont été contestés.
(Vous ne devez pas apporter de nouveaux arguments.)

IV. Proposez un nouvel argument.


III. La réalisation du débat

1) Commencer le débat.
➢ D’abord, tout d’abord
➢ À mon avis
➢ J’estime que
➢ Je pense que
➢ Je crois que

2) Réfuter
➢ Contrairement à ce que tu penses...
➢ D’un côté/D’un autre côté
➢ Il faut faire la distinction entre... et ...
➢ Par contre/en revanche
➢ Un problème se pose...

3) Être d’accord
➢ J’allais dire exactement la même chose.
➢ Je suis d’accord...

4) Transitions
➢ Passons maintenant à...
➢ Reste une question :...
➢ Comme je vous/te l’ai dit...
➢ De toute façon, ...
➢ En tout cas,

5) Conclure et récapituler
➢ En conclusion, je voudrais dire...
➢ Bref, en un mot...
➢ Autrement dit/En d’autres mots/En d’autres termes...
➢ Si l’on résume, on voit que...
➢ Pour conclure...

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