Vous êtes sur la page 1sur 15

PARTIE 5 

- Droit de la concurrence

C’est avant tout des règles de protection des consommateurs qui sont apparues la première
fois aux USA avec l’adoption du « Sherman Act » (règle de concurrence) qui date de 1890.

En Europe, il faut attendre 1951 avec l’adoption du traité CECA (Communauté Economique
du Charbon et de l’Acier) donnant naissance aux premières règles de concurrence mais elles
ne s’appliqué qu’au charbon et à l’acier.

 En 1957, adoption du traité CEE (Communauté Économique Européenne) qui étend


les dispositions du premier traité à tous les produits et services.

Dans certaines décisions, les articles 85 et 86b du CEE peuvent être encore cités qui sont des
anciens articles.

Depuis le Traité de Lisbonne de 2009, le traité CCE et remplacé par le TFUE (Traité sur le
Fonctionnement de l’UE).
 Les articles auxquelles ont fait référence ce sont les articles 101 et 102 du TFUE.

Notion de concurrence :
o En droit français = « droit de la concurrence »
o En droit anglais = « competition law »
o En droit américain = « antitrust law »

Spécificité du droit de la concurrence :


Comme c’est organisé dans un traité européen les règles sont applicables à tous les États de
l’UE.
 Ici, on considérera que l’Angleterre fait encore partie de l’UE.

Contrairement au droit des contrats et des procédures collectives où on trouve : le droit


anglais et le droit français.
 Ici, il y a une harmonisation des droits européens.

En droit français, dans le Code de Commerce, il y a des règles de concurrence :


o Article L420-1 => les ententes en France ;
o Article L420-2 => la position dominante en France.
En substance c’est les mêmes règles qui sont dans le TFUE.

Dès lors qu’on est face à une pratique qui est susceptible d’affecter le commerce entre les
États membres : il va falloir si c’est le droit français ou européen qui s’applique.

Remarque : A sa sortie, l’Angleterre ne pourra plus utiliser le TFUE.


Il y a eu beaucoup de développement de théories économiques sur :
- Qu’est-ce que la concurrence ?
- La théorie pure et parfaite : l’hypothèse où le prix est formé grâce à la rencontre d’une
offre et d’une demande
 Réalité du marché : l’intervention des acteurs économiques et leurs choix font que
le prix ne découle pas uniquement de l’offre et la demande.
 La concurrence pure et parfaite n’existe pas.

Définition de la concurrence basée sur :


o la concurrence qu’on recherche sur le marché européen ;
o quel type de concurrence on recherche sur le marché ?
 On n’essaye pas ici, de trouver une concurrence pure et parfaite.

La Cour de Justice de l’UE à définit dans un arrêt METRO SABA, 25 octobre 1977 :
« La concurrence non faussée implique l’existence sur le marché d’une concurrence efficace
c’est-à-dire de la dose de concurrence nécessaire pour que soient :
- respectées les exigences fondamentales
ET
- atteint les objectifs du traité.
En particulier la formation d’un marché unique réalisant les conditions analogues à celles
d’un marché intérieur ».

Objectif du Traité : Existence d’un marché unique européen, pour cela ils ont considéré qu’il
fallait mettre en place des règles de concurrences applicables à toutes les entreprises qui sont
susceptibles d’intervenir sur le marché européen.
o Pas de cherche d’une concurrence absolue mais une concurrence suffisante qui tient
compte des réels fluctuantes du marché.
 Assurer dans l’UE une concurrence effective ou praticable.

Concurrence effective ou praticable : La dose de concurrence nécessaire pour que les


exigences fondamentales et les objectifs du Traité soient atteint : formation d’un marché
unique réalisant les conditions analogues d’un marché intérieur

La politique de concurrence ouverte grâce à ce traité, vise à garantir la meilleure utilisation


possible des facteurs de production dans :
- l’intérêt de l’économie dans sa globalité ;
- l’intérêt du consommateur.

L’intérêt :
 PAS de protéger le consommateur vu comme une partie faible (domaine du droit de la
consommation)
 MAIS protéger le consommateur et s’assurer que ce que le prix de ce qu’il achète est à
un prix juste, un prix qui découle d’une concurrence effective ou praticable.

Sanctionne des sociétés qui :


o abusent de leur position de dominance ;
o font des ententes sur les prix avec l’ensemble d’un marché.
Quels sont les outils dont dispose les sociétés pour se faire concurrence ?
- Innovation
- Publicité & marketing : Vrai force de pénétration puisque ça aide à convaincre les
consommateurs que leurs produits sont meilleurs que celui de la concurrence.
- Qualité : marché lowcost (prix compétitif et attractif mais qualité moindre) ou marché
haut de gamme (prix pas compétitif mais qualité qualitative).

Comment s’applique les règles européennes et françaises ?


En France, il y a un :
- droit de la concurrence ;
- droit européen de la concurrence.

Le droit européen constitue un élément du droit français, c’est-à-dire que les règles du TFUE
sont en application directe en droit français.
 Les règles du TFUE créent directement des droits et des obligations pour les acteurs
des marchés nationaux.

L’articulation entre les dispositions de droit interne et les dispositions européennes :


- TFUE : droit européen de la concurrence (article 101 et 102)
- Droit français : droit interne de la concurrence

Le droit de la concurrence de l’UE a une place fondamentale car le principe de priorité


s’applique.
 Quand on est dans le champ d’application du droit de l’UE, l’autorité française doit
l’appliquer par priorité.

A l’origine quand on a créé la dichotomie du droit interne et du droit européen, dès qu’on était
face à une pratique anti-concurrentielle européenne on allait devant la Commission
Européenne.
 Petit à petit, on s’est rendu compte que c’était trop compliqué pour la Commission
Européenne de gérer tous les contentieux.
 Ils ont alors créé un règlement européen qui visait à répartir les compétences
entre les autorités nationales de concurrence et la Commission Européenne. =>
Partage de compétences.

Avec l'entrée en vigueur, au 1er mai 2004, du règlement 1/2003, l'application du droit
communautaire par les Autorités Nationales de Concurrence (ANC), jusque-là facultative, est
devenue obligatoire.

Passage d’une compétence exclusive de la Commission Européenne à des compétences


parallèles entre la Commission et les ANC.

Application du droit de l’UE par les autorités nationales : articles 3 et 11 du Règlement


1/2003
- Article 3 - Rapport entre les articles 81 et 82 du traité et les droits nationaux de la
concurrence ;
- Article 11 – Coopération entre la Commission et les Autorités Nationales.

Autorités en droit de la concurrence :

 Commission Européenne
Autorité de référence :
 Décisions d’infractions et d’engagements : Se prononce lorsqu’il y a des
infractions.
Exemple : Une position dominante sur le marché Européen.

 Ligne directrice : elle rend aussi des lignes directrices qui ont pour vocation à
donner des informations aux États membres sur comment elle envisage
l’application de tel règlement, son objectif.

 Cours de Justice de l’UE (CJUE)


Elle est compétente pour la question préjudicielle / interprétation des traités = s’il
y un problème d’interprétation d’une règle européenne lors d’un litige, je pose une
question préjudicielle à la CJUE qui nous donne une définition plus précise.

 Autorité De la Concurrence française (ADLC)


Autorité administrative indépendante, qui ne relève pas de l’État et ce n’est pas un
tribunal.

Elle a plusieurs attributions comme :


o Influence des décisions de juridictions nationales sur l’autorité et vice-versa.

o L’Autorité de la concurrence est l’autorité administrative indépendante en


charge de la régulation de la concurrence et de la lutte contre les pratiques
anticoncurrentielles.
 Elle émet des avis et dispose d’un pouvoir de sanctions.

o L’Autorité de la concurrence dispose d’un pouvoir d’enquêtes, peut infliger


des sanctions pécuniaires et participe au contrôle préalable des opérations de
concentration.
 Montant max d’une sanction : 10% du CA HT mondial le plus élevé
réalisé au cours des 3 exercices précédents celui au cours duquel la
pratique a été mise en œuvre.
 Sanctions de publication des décisions : Publication les sanctions sur leur
site Internet.

o Réalisent des perquisitions de plus en plus fréquentes et médiatisées.

o Bénéficie d’informations précises et fiables à se faire confirmer lors des


opérations de visites et saisies.

o Bénéficie des moyens techniques permettant de réaliser des enquêtes


extrêmement approfondies.
 Tribunaux français
Sanctionne le droit de la concurrence.
Domaine de droit assez complexe et technique : compétences d’attributions, il y a
uniquement que certains tribunaux de Commerce et de Grande Instance qui peuvent se
prononcer sur des questions de concurrence.

La question est :
- Celle des rapports entre les décisions de l’ANC et celles de juridictions civiles,
commerciales et pénales pouvant se prononcer sur des questions de concurrence ;
- Les avis de l’autorité de la concurrence ;
- La coopération via la communication des pièces.

Les concentrations (non traités en cours et à ne pas apprendre) : Article L430-1

Les procédures qui prévoient que lorsqu’une société veut en racheter une autre, elle doit
notifier à l’Autorité de Concurrence son projet.
 Cette dernière accepte ou refuse le rachat.

Exemple : Elle considère qu’il y a un faux risque de position dominante ou d’abus


d’entente => risque pour la concurrence, elle peut refuser une opération de
concentration.

 La procédure est assez longue et complexe. Il est possible pour l’entreprise de


réaliser des engagements envers la concurrence.

Règles de concurrence :
- Les concentrations (non étudié) – l.430-1
- Les ententes (non étudié) – L420-1
- Les abus de dominance – L420-2
I. Notions fondamentales

A. Définition du marché pertinent

Marché : Préalable nécessaire à la caractérisation d’une position dominante ou d’une entente


parce qu’on va regarder sur quel marché l’entreprise intervient, sur les produits et services et
sur le domaine géographique.

 Une fois qu’on a le marché pertinent de l’entreprise en cause, on peut donc identifier
qui sont ses concurrents sur le marché et si ce marché a été atteint ou mis en danger
par la pratique qui est soumise à l’autorité de la concurrence.

 C’est sur la base de cette notion que sera examiné la restriction de concurrence
résultant d’une pratique anticoncurrentielle.

Le marché pertinent comprend :


- Marché des produits et services
- Marché géographique

1) Marché des produits et services

Pour déterminer quel est le produit ou le service en cause : il faut déterminer quels sont les
produits ou services que le consommateur considère comme interchangeable ou substituable
en raison :
- des caractéristiques des produits,
- de leurs prix,
- de l’usage auxquels ils sont destinés.

 Au regard de ces éléments, est-ce que si tel produit disparait je me retourne


vers un autre produit ou non ?

Définition du marché des produits et services :


- Détermination du marché des produits ou services
- Quels sont les produits ou services substituables qui existent et qui sont proposés ?
- Quelles sont les entités qui proposent des biens ou services identiques ?
- Quels sont les différentes parts de marché des concurrents ?

Exemple : CJUE, 14 février 1978, Affaire n°27/76, UBC


La société UBC, qui vendait des bananes, a mis en place des pratiques répréhensibles.

Est-ce que la banane est un marché à part entière ?


 Dans ces cas-là, ses concurrents sont uniquement les entreprises qui s’approvisionnent
et vendent des bananes.
Peu d’acteurs, donc forte possibilité d’être en position dominante et si je pratique des
pratiques anti-concurrentielles, j’ai plus de chance de mettre retrouver dans une
situation d’abus de position dominante.
OU
Est-ce qu’elle intervient sur le marché plus global des fruits ?
 Dans ce cas-là, il faut regarder le marché du produit comme un marché beaucoup plus
grand avec plus d’acteurs et donc le risque d’être en position dominante est plus faible.

Les questions qu’on va se poser :


Ici, on se place à la place du consommateur 
- Est-ce que si le prix de la banane augmente je vais m’orienter vers un autre fruit ?
- L’usage qui est fait du fruit.

Réponse : La CJE a indiqué que le consommateur moyen fait réellement la distinction entre
la banane et les autres fruits. Il y a un donc une faible interchangeabilité, la banane a des
particularités propres autant sur le plan physique que fonctionnel (hygiénique), critères
économiques : production toute l’année, elle se prête facilement à la planification.

L’acteur UBC :
- Marché des produits ou services : marché de la banane
- Géographiquement : on a regardé les marchés de la banane, où ils exerçaient. Ce qui
nous a permis de déterminer si son action était européenne ou uniquement française.
 Ici, européenne

Comme il y avait peu d’acteurs sur ce marché du produit et géographique, sur ce marché il
était en position dominante.
En pratiquant des agissements répréhensibles, la société UBC a abusé de sa position
dominante.

2) Marché géographique

= Un marché géographique pertinent comprend le territoire sur lequel :


- les entreprises concernées sont engagées dans l'offre de biens et de services en cause
ET
- les conditions de concurrence sont suffisamment homogènes entre elles et
différenciées à l'égard des conditions de concurrence existant dans un autre territoire.

On considère que les entreprises sur ce marché-là sont logés à la même enseigne et
interviennent sur le même marché de produits ou de services.

3) Détermination du marché pertinent : question de la vente sur internet

La vente sur internet constitue-t-elle un marché autonome ?


Décision de l’Autorité de la Concurrence du 27 juillet 2016 : sur la prise de contrôle de Darty
sur la Fnac :
 Est-ce les ventes sur internet sont prises en compte ?
 Est-ce que c’est un marché spécifique ?
 Je vais regarder uniquement ses ventes physiques.
 Il fallait déterminer le marché sur lequel intervenait les deux entreprises.
 Dans son étude sur le marché pertinent, l’Autorité a à la fois inclus les ventes réalisées
dans les magasins et les ventes sur internet.
B. Affectation du commerce entre États membres

Critères :
- Qu’est-ce que l’affectation du commerce ?
- Une affectation du commerce entre États membres
- Il faut que l’affectation soit sensible
 Si ces critères sont remplis l’Autorité française devra appliquer le droit européen.

1) Qu’est-ce que l’affectation du commerce ?


Condition d’application du droit européen de la concurrence.

C’est les atteintes à l’unité commun.


 On considère qu’il y a affectation du commerce entre les État membres quand il y a
atteinte à l’unité du marché.

Cette condition ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pratique anti-concurrentielle.
 La condition de l’affectation du commerce est préalable à l’examen de l’atteinte à la
concurrence.

2) Une affectation du commerce entre État membres


= Quand l’accord ou la pratique a une incidence sur les activités économiques
transfrontalières impliquant au moins 2 États membres.

Le commerce entre États membres peut être affecté même si le marché national est mis en
cause.
 Effet de verrouillage

Exemple : SNCF qui a tout le marché national français.


On peut donc appliquer les règles européennes.

La pratique en cause doit être SUSCEPTIBLE d’affecter le commerce entre États membres.
 On va regarder s’il y a un degré suffisant pour qu’il y ait une telle affectation

3) L’affectation doit être SENSIBLE


L’appréciation du caractère sensible dépend des circonstances de chaque espèce telle que :
o La position des entreprises sur le marché en cause ;
o La nature de la pratique ;
o Le comportement des entreprises.

Critères cumulatifs :
- Part de marche totale des parties < 5%
- CA annuel moyen réalisés avec les produits concernés par l’accord < 40K€
 Attention : il ne suffit pas de valider ces deux critères : il y a une analyse de cas
par cas.
 Ainsi, en principe les activités des PME n’affecteront pas le commerce entre États
membres de façon sensible.

II. Abus de position dominante

A. Identifier l’existence d’une position dominante

Article 102 TFUE : Abus de position dominante dans l’UE


« Est incompatible avec le marché intérieur et interdit, le fait pour une ou plusieurs
entreprises d'exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché intérieur ou
dans une partie substantielle de celui- ci. »

Article L 420-2 du Code Commerce : Abus de position dominante en France


« Est prohibée, dans les conditions prévues à l'article L. 420-1, l'exploitation abusive par
une entreprise ou un groupe d'entreprises d'une position dominante sur le marché intérieur
ou une partie substantielle de celui- ci. »

Définition de la position dominante :


 Arrêt CJCE Hoffmann-Laroche 13/02/1979
Une position de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le
pouvoir de faire obstacle au maintien d’une concurrence effective sur le marché en
cause ; en lui fournissant la possibilité de comportements indépendants dans une
mesure appréciable vis-à-vis de ses concurrentes, de ses clients et finalement des
consommateurs.

La position dominante n’est pas sanctionnable en soit, ce qui est interdit c’est d’en abuser.

L’existence d’une position dominante n’exclue pas forcement l’existence de toute


concurrence mais cela met l’entreprisse bénéficiant ce cette position en mesures d’influencer
les conditions dans lesquelles la concurrence va se développer sur son marché. Elle est
tellement puissante qu’elle a un pouvoir sur l’évolution de son marché. Elle peut se comporter
sans tenir compte de ce que font ses concurrents.

Autre défintion :
« Pareille position, (…) met la firme qui en bénéficie en mesure sinon de décider tout au
moins d’influencer notablement les conditions dans lesquelles cette concurrence se
développera et, en tout cas, de se comporter dans une large mesure sans devoir en tenir
compte et sans pour autant que cette attitude lui porte préjudice ».

Les autorités de concurrence utilisent la technique du faisceau d’indices pour déterminer si


une entreprise est en position dominante. Elles vont prendre en compte des éléments multiples
et variés.

Leur analyse tient compte (exemples de critères) :


o Des parts de marché de l’entreprise visée ;
o Des obstacles rencontrés par les concurrentes pour pénétrer ou accroitre leur présence
sur le marché ou encore ;
o De l’existence d’une puissance d’achat compensatrice (les consommateurs ont-ils le
pouvoir de compenser les actions de l’entreprise).
1) Prise en compte des parts de marché

Arrêt du 6 déc. 2012, aff. C-457/10P, AstraZeneca


La Cour de Justice a considéré que « sauf circonstance exceptionnelle, la possession dans la
durée d’une part de marché extrêmement importante constitue la preuve de l’existence d’une
position dominante ».

 Donc dans les situations de super dominance (90% du marché) pas besoin d’un
faisceau d’indice très développé.

Exemples :
o MICROSOFT : En date de1998, occupait 9. 8% du marché des système d’exploitation
pour ordinateur personnel => position dominante

o INTEL : Pendant 5 ans (2002 – 2007) avaient plus de 70% des parts de marchés des
puces informatiques dénommée processeur X86 => position dominante.

o GOOGLE : Décision de la Commission Européenne du 17/06/2017 sur le marché de la


recherche sur internet où GOOGLE occupait 90% des parts de marché.

Il faut également regarder :


 les parts de marché de l’entreprise supposée être en position dominante ;
 l’ensemble des parts du marché (celle des concurrents).

Exemple : Cons. conc. 22 juin 2005, déc. no 05-D-32, Royal Canin


Il se peut qu’une entreprise comme ROYAL CANIN n’est que 36% mais que le reste du
marché soit totalement atomisé donc aucune entreprise a plus de 10% par exemple. Dans ce
cas, ROYAL CANIN a quand même une position dominante.
Une part de marché de 36 % a pu être considérée comme suffisante pour caractériser une
position dominante dès lors que d'autres critères sont déterminants.

Au contraire, Cons. conc., déc. no 07-D-06, 28 févr. 2007, Sony : marché des jeux vidéo.

Donc dès lors qu’il y a un écart important entre l’entreprise visée et ses concurrents => sens
d’une position dominante. Mais c’est toujours une analyse au cas par cas.

En général, au dessues de 40%, il y a de forte chance que l’entreprise soit en position


dominante.

Contre-exemples :
o ROYAL CANIN avec ses 36%.
Autres indices retenus :
- Forte notoriété des marchés qualifiée comme incontournable ;
- Présence d’obstacle à l’entrée pour les marchés concurrents
- Détention d’un réseau de distribution national très développé.

o BRITISH AIRWAYS qui avait 39% des part de marché et considéré en position
dominante avec l’aide d’autre indices.

2) Position dominante collective

Entité juridiques indépendantes, à condition qu’elles se présentent et agissent ensemble sur un


marché spécifique comme une entité collective.
OU
Entreprises d’un même groupe à condition :
- Qu’elles soient liées sur le plan capital.
- Qu’elles poursuivent une stratégie de marché coordonnée.

Condition d’existence :
o chaque membre de l'oligopole dominant doit pouvoir connaître le comportement des
autres membres ;
o la situation de coordination tacite doit pouvoir se maintenir dans la durée ;
o la réaction prévisible des concurrents actuels et potentiels ainsi que des
consommateurs ne remettrait pas en cause les résultats attendus de la ligne d'action
commune.

B. Exploitation abusive de la position dominante

Cette notion d’exploitation abusive n’est pas définie par les textes ni français ni européen
mais ils contiennent une liste non exhaustive de comportements considérés comme abusifs.

Possibilité de se reporter à la pratique décisionnelle (décision rendue par l’Autorité de la


Concurrence et de la Commission Européenne) pour déterminer quelles pratiques sont
sanctionnables sur le fondement de l’abus de position dominante.
 La jurisprudence fait office de source du droit même si la pratique n’est pas listée.

L’abus doit être appréhender comme une notion objective.


 Donc pas besoin de démonter une intention de nuire de la part de la société en position
dominante.

L’Autorité de la Concurrence et la Commission Européenne rappellent que la détention de la


position dominante n’est pas critiquable en elle-même, en revanche il incombe, à la société
qui détient une telle position, une responsabilité particulière de ne pas porter atteinte par
son comportement à une concurrence effective.
La détention d’une position dominante n’est pas elle-même illicite.
 Il est en revanche interdit d’abuser de cette position, que ce soit vis-à-vis de
concurrentes, de clients ou de fournisseurs.

En cas de position dominante des pratiques habituellement autorisées peuvent devenir


interdites notamment si elles ont pour objet ou pour effet d’empêcher des concurrents
d’accéder au marché, responsabilité spéciale des entreprises en situation de position
dominante.
Décis. Cons. conc. no 96-D-12 du 5 mars 1996, Société Lily France
 « Le fait pour l'entreprise en position dominante de tenter de limiter l'accès du
marché sur lequel elle détient la position dominante ou sur un autre marché, en
recourant à des moyens autres que ceux qui relèvent d'une concurrence par les
mérites, revêt un caractère abusif »

Catégories de pratiques pouvant être sanctionnées :

 Abus d’exploitation
= Instrumentalisation directe, par une entreprise dominante, de son pouvoir économique afin
de pratique par exemple des prix excessifs ou d’imposer des conditions commerciales non
équitable.

Exemples :
Dans mon exploitation, je vais mettre des prix hyper chers, imposer des délais de paiement de
15 jours => imposer des conditions commerciales non équitables tout en sachant que je suis
seule sur le marché.

 Abus d’éviction
= Situation dans laquelle un accès effectif des concurrences (actuels ou potentiels) aux
marchés est entravé, voire rendu impossible, du fait du comportement de l’entreprise
dominante, permettant ainsi à cette entreprise, dans un second temps, d’augmenter
rentablement ses prix et/ou de dégrader d’autres éléments qualitatifs au détriment des
consommateurs.

Exemples :
- Refus de traité (de faire affaire avec X).
- Refus de donner une licence de droit de propriété intellectuelle.
- Pratique de description tarifaire (faire des prix différents selon l’entreprise en face).

 Prix prédateurs
= Pratique par laquelle une entreprise en position dominante, fixe ses prix à un niveau tel
qu’elle subit des pertes ou renonce à des produits à court terme dans le but d’évincer ou de
discipliner un ou plusieurs concurrents, ou encore de rendre plus difficile l’entrée de futurs
compétiteurs sur le marché pour récupérer ses pertes.

 Accord et rabais d’exclusivité


= Rabais d’exclusivité consistent pour l’entreprise en position dominante à lier des acheteurs
par une obligation ou promesse de s’approvisionner pour la totalité ou pour une part
considérable de leurs besoins exclusivement auprès de ladite entreprise de telle sorte
qu’accordé par une entreprise en position dominante ont par leur nature même la capacité de
restreindre la concurrence.
Exemple :
Dans l’affaire INTEL, on a considéré qu’ils avaient mis en place des rabais d’exclusivité car
les clients INTEL bénéficiaient d’un rabais à condition qu’ils s’approvisionnement pour soit
la totalité soit une part considérable de leur besoin auprès de la société dominante.
Cela a conduit :
o HP à s’approvisionner à 95% chez INTEL
o DELL à s’approvisionner à 80% chez INTEL
Donc cela a été considéré comme un rabais d’exclusivité constitutif d’un abus de position
dominante.
 Sanction : 1,6 milliard d’euros.

 Vente groupée ou ventes liée


= Hypothèse où la vente d’un produit X est subordonné à l’achat d’un autre produit Y.

Exemple :
Si tu achètes cet ordinateur tu achètes également la pochette qui va avec.

On considère qu’on est face à une vente liée dès lors que les deux produits sont distincts.
 Produits distincts = Constat que si l’entreprise n’avait pas mis cette pratique en place
alors les clients n’auraient pas achetés les deux produits
 Il faut regarder si se sont deux produits naturellement liés ou non.

Le fait de les liées constitue une vente groupe ou vente liée.

 Dénigrement
= Consiste à jeter publiquement le discrédit sur une personne, un produit ou un service
identifié et se distingue de la critique dans la mesure où il émane d’un acteur économique qui
cherche à bénéficier d’un avantage concurrentiel en jetant le discrédit sur son concurrent ou
sur les produits de ce dernier.

C. Sanctions

Notion exemption : Article 420-4 du Code de Commerce


 Précise que l’accord ou la pratique de position dominante pour bénéficier d’une
exemption doit :
o Contribuer aux progrès techniques ou économiques ;
o Bénéficier aux utilisateurs finaux (consommateurs).

En droit France, cet article vise les abus de position dominante et les ententes.
En droit européen, il n’y a pas de règle pour une société ayant abusé de sa position
dominante d’avoir une exemption.
 Peu d’application de ces règles car l’UE a développé des règlements d’exemption qui
s’applique dans des secteurs particuliers.
La restriction de concurrence ne doit pas :
o Imposer des restrictions qui ne sont pas indispensable à l’atteinte des objectifs visés ;
o Donner la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie substantielle des
produits.

Une entreprise peut également tenter de démontrer que l’effet d’éviction que son
comportement entraine peut-être contrebalancer, voire surpassé, par des avantages en termes
d’efficacité qui profitent également aux consommateurs.
 Gain d’efficacité :
- Amélioration technique
- Amélioration en termes de qualité
- Réduction des cours de production
Il faut établir ces gains avec une probabilité différente.

Position dominante ?
Déterminer si la société est en position dominante sur certains produits

Abus de position dominante ?


Déterminer si certains des conditions commerciales peuvent constituer un abus de
position dominante.

Gains d’efficience ?
Déterminer s’il est possible de justifier cet abus par des gains d’efficience.

Les sanctions encourues par les entreprises qui enfreignent le droit de la concurrence se sont
accrues ces dernières années et constituent un risque qu’il convient d’anticiper :
- Sanction de 4,3 milliards d’euros à Google en juillet 2018 pour abus de position
dominante de son système d’exploitation pour smartphone ;
- Sanction de 1,49 milliards d’euros à Google en mars 2019 pour pratiques abusives en
matière de publicité en ligne ;
- Sanction de l’opérateur Orange à hauteur de 350 millions d'euros pour avoir freiné
abusivement le développement de la concurrence sur le marché de la clientèle
"entreprise" depuis les années 2000.

Type de sanctions :

o Administratives
- Pour les personnes morales jusqu’à 10% du CA mondial HT ;
- Pour les personnes physiques jusqu’à 3 M€ ;
- Injonction de mettre fin aux pratique ou imposition de conditions ;
- Astreinte ;
- Publication de la décision.

Sanction prononcée par les Autorités de la concurrence.


o Civiles
- Nullité de l’acte ;
- Réparation du préjudice subi par la victime ;

Prévue la possibilité pour des PP ou PM qui arrive à prouver qu’elle a subi un préjudice dû à
la pratique de position dominante elle peut engager une action en responsabilité civile devant
les Tribunaux de Commerce.

o Pénales
- Pour les personnes physiques =
 jusqu’à 4 ans d’emprisonnement
 75 000 € d’amende

- Pour les personnes morales = amende pouvant atteindre 375 000 €

Hypothèses très rares.

Action civile – Ordonnance de 9 mars 2017


Elle est relative aux dommages et intérêts qui peuvent être intenté par les victimes des
pratiques anticoncurrentielles.
 Cela permet d’alourdir les conséquences financières des infractions ainsi nous avons
l’Autorité de la Concurrence qui prononce une sanction et la possibilité d’avoir une
deuxième action avec paiement et dommages et intérêts.
 Réparer le préjudice des victimes de pratiques anticoncurrentielles.

Vous aimerez peut-être aussi