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1 : Philosophie Ancienne
1- Cours
2- Enseignant
3- Plan du cours
INTRODUCTION
1. LA GRÈCE ANTIQUE ET LA DÉMOCRATIE
1.1. La Grèce et le monde
1.1.1. La Préhistoire grecque
1.1.2. L’Antiquité grecque
1.2. La Grèce et la démocratie
2. LA VIE ET LES ŒUVRES DE PLATON
2.1. L’arbre généalogique (côté de la mère)
2.2. La vie de Platon
2.3. Platon à la recherche de la science dans les voyages
2.4. Les 3 voyages de Platon en Sicile
2.4.1. Le 1er voyage
2.4.2. Le 2ème voyage
2.4.3. Le 3ème voyage
2.4.5. Platon et l’Académie
2.5. La méthodologie de Platon
2.6. La répartition des ouvrages de Platon
2.6.1. Citer Platon par les références « Estienne »
2.6.2. Les répartitions selon Budé, Pléiade, GF ancienne, GF nouvelle
2.6.3. La répartition en tétralogie
2.6.4. La répartition en 3 groupes
2.6.5. La répartition en 4 groupes
4. PLATON ET LA PHILOSOPHIE POLITIQUE
4.1. Platon et la Philosophie
4.1.1. Le Bien
4.1.2. L’âme
4.1.3. La dialectique
4.2. Les analogies dégagées avec Aristote à la lecture de Platon
4.3. La science politique
4.4. Platon et la démocratie
4.5. Platon et l’éducation
CONCLUSION
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4- Résumé du cours
Aristoclès dont le surnom est Platon a bouleversé l’histoire de la pensée, de la politique, de
l’éducation, de la science, de la morale, etc. Au 5 e et au 4e s av. JC, les coups d’État et les crises se
répètent sans cesse ; certains y voient une mauvaise pratique de la politique, voire un éloignement
de la démocratie. La bonne pratique de la démocratie est conseillée, mais la démocratie reste
problématique dans la Grèce antique. Platon ne trouve pas immédiatement la réponse de la
nécessité de la démocratie dans ses écrits puisqu’il est lui aussi victime de la démocratie. À travers
ses trois voyages chez Denys le tyran, la démocratie se fait rare par ses échecs. La cité grecque
n’arrive pas à réaliser la démocratie. Même dans sa formation, Platon n’arrive pas à trouver une
bonne définition de la démocratie chez son maître Socrate. C’est un Étranger qui définit la
démocratie dans le Politique. Dans la première partie de cours portant sur
« Platon et la démocratie », nous avons fait l’histoire du concept de démocratie à partir de la
Grèce antique. La deuxième partie a montré à travers la vie et les écrits de Platon ayant été
considérablement influencés par Socrate, la recherche constante d’une unité sociale par Platon à
travers la philosophie. Comme la réponse au sujet de la nécessité d’un lien entre la philosophie
et la démocratie s’impose chez Platon et ne se trouve pas chez Socrate, il nous a paru nécessaire
d’analyser dans la troisième partie le sens que Platon donne à la science politique et déterminer
comment ce sens, tout en privilégiant l’aristocratie, offre aussi une chance à la démocratie par
l’éducation.
5- Objectifs du cours
Objectif général : Montrer que la philosophie et la politique chez Platon trouvent leur unité
dans l’éducation.
Objectifs spécifiques :
• Montrer que la démocratie dans la Grèce antique a eu un impact sur la philosophie de
Platon champ de Rechercher dans les écrits de Platon l’unité qui qui s’y dégage et
comment par elle se pense le projet politique de Platon
• Rechercher la spécificité de la science politique telle que perçue par le Politique de
Platon
6- Prérequis
Avoir des connaissances en philosophie politique, p hilosophie de l’éducation, la Grèce antique
7- Méthodologie
Ce cours se déroule d’abord en mode magistralement interactif. Ensuite, les Travaux Dirigés
pourront trouver leur réalisation à travers des exposés thématiques.
INTRODUCTION
Aristoclès dont le surnom est Platon a bouleversé l’histoire de la pensée, de la politique,
de l’éducation, de la science, de la morale, etc. Ce grand homme est pour certains une figure
centrale de la philosophie, sans laquelle les grands problèmes de philosophie n’ont pas pu être
posés ni être mis à jour. Platon est le reflet de l’intelligence humaine qui veut à la fois s’attacher
aux choses éternelles et à celles qui passent, dans une unité qui unit le divin à l’humain.
Depuis le 5e s av. JC, l’histoire de l’humanité a pris un tournant décisif dans le domaine de
la philosophie. Avec Platon au 5e et au 4e s av. JC, on comprend que les coups d’Etat et les crises
se répètent sans cesse ; certains y voient une mauvaise pratique de la politique, voire un
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éloignement de la démocratie. C’est à croire que la bonne pratique de la démocratie est la
panacée alors que c’est bien souvent au nom de la démocratie que les injustices sont célébrées.
Tout cela est scandaleux : au nom de la démocratie on tue, on vole, on viole, on ment, on pille.
Et les victimes, les plus nombreuses, ne savent pas ce qu’il faut entendre par démocratie. Est-ce à
dire que la démocratie abuse des hommes ?
Platon ne trouve pas immédiatement la réponse puisqu’il est lui aussi victime de la
démocratie. À travers ses trois voyages chez Denys le tyran, la démocratie se fait rare par ses
échecs. La cité grecque n’arrive pas à réaliser la démocratie. Pire, même dans sa formation,
Platon n’arrive pas à trouver une bonne définition de la démocratie chez son maître Socrate.
C’est un Étranger qui définit la démocratie. Est-ce-à dire que parler de démocratie, c’est toujours
penser à travers l’autre ou en direction du scandale ou encore en direction de ce qui voulant se
manifester comme idéal, ne fait que décevoir les hommes ? Qu’est-ce que donc la démocratie ?
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1. LA GRÈCE ANTIQUE ET LA DÉMOCRATIE
La situation politique de la Grèce a connu des bouleversements avant Platon et même
après lui. La Grèce a dominé le monde. Sa vision du monde politique des temps anciens est
aujourd’hui la panacée à la fois recherchée et controversée. Avant d’arriver à la compréhension
de la démocratie chez les Grecs, commençons par déterminer les différents moments qui ont
suscité les découvertes scientifiques, politiques et morales. Ici l’accent sera particulièrement mis
sur la démocratie depuis sa naissance jusqu’à Platon.
3200 av. J.-C. Civilisation cycladique- 3000 / - 2000- Début de l’âge du bronze
2700 av. J.-C. Civilisation minoenne dominée par les Achéens qui pénètrent en Grèce
progressivement à partir de -2000. Certains historiens situent cette période entre -1700 à -1050
et qui a aussi subi l’influence de la Crête minoenne. - 1900 - Arrivée des Achéens en Grèce
1550 av. J.-C. Civilisation mycénienne. - 1200 ?- Date présumée de la guerre de Troie
-1200 ; -800 : les Siècles obscurs, - 1100 / -800 IXéme s. av. J.-C. Apparition de l'alphabet.
-800 ; -510 : la Période archaïque : XIIIéme s. av. J.-C. Homère écrit l’Iliade et l’Odyssée -
Construction des premiers stades. XIIéme s. av. J.-C. - Utilisation de la monnaie
(drachmes) - 776 - Premiers "Jeux Olympiques" - 534 - Concours de tragédies à Athènes
Cette période est située par certains historiens entre -1050 à -508. Elle fait suite aux
invasions doriennes et à la ruine de la civilisation mycénienne vers -1100. La Grèce s'organise
en cités indépendantes et voit l’émergence de Sparte et Athènes et les arts et la littérature.
-510 ; -323 : la Période classique (Platon est de cette période).- 508- Avènement de la
démocratie à Athènes - 490- Bataille de Marathon - 461 à - 431- Règne de Périclès – Apogée
d’Athènes - 437- Achèvement du Parthénon à Athènes - 427- Naissance de Platon - 404- Prise
d’Athènes par les Spartiates - 399- Procès et mort de Socrate - 378- Guerre entre Athènes et
Sparte- 348- Mort de Platon - 340- Construction du temple d’Artémis à Éphèse.
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La Période classique s’étend de -508 à -338 et a connu la victoire sur les Perses, et les réformes
démocratiques de Clisthène en -508. Athènes devient un brillant foyer de civilisation qui exerce une
hégémonie politique et culturelle sur l'ensemble de la Grèce. L’hégémonie de la Grèce subira les affres
de la course aux pouvoirs et les guerres intestines et fréquentes entre les cités. La Grèce tombera sous la
domination du roi de Macédoine, Philippe II en -338.
-323 ; -146 : la Période hellénistique. - 338- Conquête de la Grèce par Philippe II -334
323- Règne d’Alexandre Le Grand - Conquêtes - 146- La Grèce devient un protectorat romain
La Grèce domine le monde par l’existence et le poids des grands royaumes dirigés par des
dynasties d’origine grecque ou macédonienne (Lagides, Séleucides, Antigonides, Attalides, etc.)
et le rôle déterminant des cités. Ces deux grands atouts sont considérables.
Le terme « hellénistique » est employé pour la première fois par l’historien allemand
Johann Gustav Droysen dans Geschichte des Hellenismus (1836 et 1843). C’est dire que
l’époque hellénistique a été définie par les historiens du XIX e siècle à partir d’un critère
linguistique et culturel, à savoir l’accroissement spectaculaire des régions où l’on parle le grec
(ἑλληνίζειν / hellênízein) et donc du phénomène d’expansion de l’hellénisme. Ce phénomène
d’hellénisation des populations et de rencontre entre les anciennes civilisations orientale,
égyptienne, grecque et latine, se déroule jusqu'au II e siècle av. J.-C. en Asie du sud-ouest, mais
jusqu'au VIIe siècle en Asie mineure et en Égypte. Les limites chronologiques de la période
hellénistique sont donc conventionnelles et politiques : elles débutent avec la mort d’Alexandre
le Grand et se terminent quand le suicide du dernier grand souverain hellénistique, la reine
d’Égypte Cléopâtre, fait place à la domination romaine.
-146 ; Jusqu’au moyen âge (4e s) : la Grèce romaine. La Grèce hellénistique pourrait alors
se situer entre -338 et -30 ; toutefois l’influence grecque est diluée de - 150 à -30 où toutes les
régions passent sous la domination romaine. Paul Veyne parle alors d’« Empire gréco-romain »
au lieu d’une Grèce purement hellénistique.
La démocratie fait suite à la monarchie qui est un gouvernement qui s’oppose à la tyrannie,
mais elle ne réussit pas facilement et est envahie par l’Aristocratie. La naissance de la
démocratie athénienne aura pour conséquence la naissance de la constitution, mais les guerres et
les conflits d’intérêts vont fragiliser la démocratie athénienne qui se transformera en dictature
(Monarchie, Oligarchie, etc.).
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En effet, cette démocratie qui est le reflet de la domination d’Athènes, suscite convoitises
et conflits (Athènes attaque Sparte et ainsi de suite) au point où Athènes serait florissante et on
parlera de l’État d’Athènes. L’influence d’Athènes fait l’éloge de la démocratie, de la puissance
militaire, de la puissance financière et de la participation des citoyens dans le gouvernement.
Mais la démocratie s’articule seulement sur le peuple citoyen masculin et non sur tout le
peuple. Les richesses se diversifient et vont fragiliser la démocratie qui devient de plus en plus
populaire et déchirée par les guerres et malgré les traités signés. Le traité de paix a été signé en
461 entre Athènes et Sparte, mais on n’a pas échappé à la guerre en -431. Toutefois, Athènes
sera conquise, brûlée et reconstruite peu à peu par les sciences, les arts et la philosophie.
Platon dans ce souci d’unité, confessait la démocratie qu’il feignait de ne pas reconnaître.
Au fond, Héraclite est pour Platon (Aristoclès) le retour au multiple là où Socrate veut tout
absorber pour l’Un. La démocratie même refusée par Platon peut se dire comme ce qui est à la
fois multiple et Un. En effet, c’est sous la domi nation de Socrate que Platon refuse la
démocratie. Alors que la démocratie avait été bien sédimentée avant Socrate dans le multiple par
Héraclite d’Ephèse et par Parménide d’Elée dans l’Un ; pour sauver la démocratie avant Platon,
il faut voir en Socrate l’unité de la tragédie de Platon. L’humilité de Socrate, l’acceptation de sa
condamnation par le pouvoir démocratique, sont des signes vivants indiquant que Platon n’a pas
toujours su lire son maître Socrate. La démocratie s’est mise en marche comme un chemin
irréversible bien avant Platon et même au cœur de la science où règnent les nombres.
« Chez » Pythagore, le monde matériel, et par extension, le monde social est gouverné par
le monde mathématique. La dépendance du monde social est hiérarchisée et harmonisée par les
nombres mathématiques et les figures géométriques. Gouverner les hommes, c’est donc mettre
en place cette sentence des Égyptiens (attribuée à tort à Pythagore) selon laquelle les nombres
gouvernent le monde. Les nombres renvoient aussi à la quantité bien choisie, et par extension, à
l’élection des magistrats de la cité. La démocratie a donc pris aussi sa source dans le domaine
scientifique et s’est par la suite matérialisée comme une forme de régime dont l’application
conduit à la liberté et à l’épanouissement de tous.
Le texte est issu de l’un des Papyri d'Oxyrhynque, trouvé en 1879 en Égypte, dans la
région d'Hermopolis. Publié l’année suivante, puis acheté par le Musée égyptien de Berlin,
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ensuite par le British Museum en 1889, le texte, de piètre allure mais bien conservé, fut
immédiatement attribué à Aristote.
Le texte fut édité pour la première fois en 1891 par sir Frederic G. Kenyon, papyrologue.
Peu de temps après naquit une inutile polémique sur la paternité de l'œuvre. Mais aujourd'hui,
pour les savants et les hellénistes, l'œuvre est bien d'Aristote, même si elle relève d'un travail
collectif, d'usage au sein de l'école péripatéticienne.
Le texte est composé de deux parties. La première (du chapitre I au chapitre XLI) constitue
un récit des différentes évolutions de la constitution des Athéniens, du procès des Alcméonides
jusqu'en 403 av. J.-C. La seconde décrit les institutions de la cité : d'abord les conditions d'accès
à la citoyenneté, puis la Boulè, les magistratures et enfin les tribunaux.
C’est dire que Platon parlait de la démocratie sans la connaître totalement puisque les
critères qu’il dresse ne tiennent pas toujours compte du schéma directeur mis en place dans la
constitution de la démocratie athénienne. La crainte de voir le peuple effacé n’est pas toujours
justifiée si nous tenons compte des attributions des citoyens par exemple. Cela dit, la meilleure
compréhension de la thèse de Platon ne peut pas être possible si nous parlons de Platon en
dehors de ses textes ou de sa vie. Qui est Platon ?
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2. LA VIE DE PLATON
L’étude de la vie de Platon nous amènera à analyser successivement la vie de Platon en
rapport avec la politique, les écrits de Platon et sa philosophie. Cette tâche n’est pas aisée dans la
mesure où Platon a tenté d’écrire sa propre vie sans y parvenir totalement et ce qu’il a pu écrire
n’a pas été bien conservé. Les autres biographes qui présentent la vie de Platon ne sont pas de
son époque. À cela s’ajoutent les moments troubles qui ont marqué la vie de Platon : la défaite
de sa ville dans la guerre de Péloponnèse, le crépuscule de la Grèce antique et classique qui aura
pour conséquence la disparition de certaines cités grecques indépendantes et remplacées par
l’empire d’Alexandrie, la chute de la démocratie athénienne, etc. Sur le plan des idées, la plupart
des écrits de Platon sont occupés en place centrale par Socrate au point où on ne peut pas lire
Platon sans se confondre à entendre parler Socrate.
Critias 1 er
1 Les Égéides (en grec ancien Αἰγηίς) sont une des tribus attiques créées par les réformes de Clisthène. Leur
nom provient du légendaire roi d'Athènes Égée.
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Aristoclès sera appelé plus tard Platon, surnom qui serait donné par son maître de
gymnastique Ariston le lutteur quand Platon avait 4 ou 5 ans. Ce surnom renvoie à « Plato » ou
largeur faisant référence à sa large face ou ses larges épaules ou à sa large intelligence ou à sa
grande taille ou à sa large poitrine. Platon avait eu une sœur Potomé dont le fils Speusippe et
trois frères Glaucon, et Adimante et Antiphon (Potomé a eu Antiphon après la mort du père de
Platon quand elle s’est mariée avec Pyrilampe ; Antiphon est le narrateur du Parménide). La
mère de Platon vient d’une grande famille qui a joué un grand rôle dans l’histoire intérieure
d’Athènes. Platon partait concourir pour le théâtre vers l’âge de 20 ans quand il rencontre
Socrate. À la suite de cette rencontre, il abandonna l’idée de concourir pour la tragédie Grecque
et brûla toutes ses œuvres. Il devient disciple de Socrate de -408 à -399 (9 ans le chiffre 9 est
celui d’Apollon) et cette rencontre prophétique et prodigieuse a fait de Platon celui qui a voulu
s’approprier l’enseignement de son maître Socrate en le transformant. Avant Socrate, Platon a eu
plusieurs maîtres dont Cratyle, (ancien disciple d’Héraclite), Hermogène, disciple de
Parménide ; mais Platon n’a jamais réalisé son rêve : devenir roi. Dans Lettres VII, Platon écrit
ceci : « le régime d’alors étant en effet soumis aux violentes du plus grand nombre, une
révolution se produisit (…) et moi, voyant donc cela, et les hommes qui s’occupent de la
politique, plus j’examinais les lois et les coutumes en même temps que j’avançais en âge, il me
parut qu’il était difficile d’administrer droitement les affaires de la cité. Il n’était en effet pas
possible de le faire sans amis et associés dignes de confiance il n’était pas aisé d’en trouver
parmi ceux qu’on avait sous la main, car notre cité n’était plus administrée selon les coutumes de
nos pères. »
Les voyages de Platon ont été influencés par ceux qu’il rencontrait ; tels les Pythagoriciens
qui vont bouleverser sa vie. En effet Pythagore avant Socrate s’est fait le grand défenseur de la
théorie de l’immortalité de l’âme. C’est à lui sûrement que Platon doit la théorie de
l’immortalité de l’âme, la théorie de la division du monde en monde sensible et intelligible,
la théorie de la réminiscence et la théorie de la division de la cité. Pythagore soutenait que
dans la réminiscence, l’âme se souvient des vies antérieures mais cette hypothèse sera
transformée par Platon qui soutient que l’âme se souvient des Idées et non des vies antérieures.
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Pythagore faisait du corps le tombeau de l’âme, hypothèse qui sera acceptée par Platon.
Pythagore soutenait aussi que le monde est gouverné par le nombre en s’appuyant sur cette idée
reçue des Égyptiens. Platon bâtira sa philosophie sur les mathématiques et même sa vie en fut
imprégnée. Par les maths, l’homme apprend à mieux juger, c’est-à-d<ire à ordonner et à
quantifier : l’ordre mathématique s’impose à l’ordre social. La société n’est pas harmonisée
parce que les hommes le veulent mais parce que l’harmonie mathématique s’impose à elle.
Revenons sur les 3 voyages de Platon en Sicile (Syracuse).
Platon a vécu sous la protection divine. À l’Académie, un petit cygne se réfugia et se lança
vers les cieux en chantant. Platon lui-même se voyait se transformer en cygne volant d’arbre en
arbre pour échapper à l’oiseleur. Selon Hermippe, Platon mourut en -347, la 1 re année de la 108e
olympiade au cours d’un repas de noces à l’âge de 81 ans. Rappelons que 81 est le carré de 9 et 9
est le nombre des Muses, les filles et compagnes d’Apollon. Platon fut enterré à l’Académie en
grande pompe. L’une des épitaphes du tombeau de Platon indique ceci : « Plus juste que tous,
Et de mœurs irréprochables,
Ci-gît, un homme tout divin, Aristoclès
Si la sagesse n’a jamais mérité récompense,
Il a obtenu la plus grande,
Car il n’a pas connu la haine. »
Platon a eu beaucoup de disciples. Citons Speusippe d’Athènes son successeur, Xénocrate
de Chalcédoine, Aristote de Stagire, Dion de Syracuse, Démétrios, etc. dont deux femmes
Lasténéia de Mantinée et Axiothée de Frionte qui s’habillait souvent en homme.
Platon laissa un testament : « Voici ce que moi, Platon, je laisse par testament : ma terre du
territoire des Iphestiades, attenante, du côté du Borée, à la route qui vient du temple des
Céphisiades, du côté du Notus, au temple d’Héraclès d’Iphestiade, du côté du Levant, aux biens
d’Archestrate du dème de Phréares, et du côté du couchant, aux biens de Philippe du dème de
Chollidès. J’interdis de la vendre ou de l’aliéner. Elle sera, autant que possible, donnée à mon
fils Adimante. Ma terre du lieu dit des Eirésides, que j’ai achetée à Callimaque, attenante au
nord aux biens d’Eurymédon de Myrrinonte, au sud aux biens de Démostrate de Xypète, à l’est
aux biens d’Eurymédon, au couchant aux biens de Céphise. Je laisse encore trois mines d’argent,
une coupe d’or pesant cent cinquante-cinq, un cymbium pesant quarante-cinq, un anneau et des
boucles d’oreilles d’or, pesant ensemble quatre drachmes trois oboles. Le tailleur de pierres
Euclide me doit trois mines. J’affranchis Artémis. Je laisse quatre esclaves : Tychon, Bicta,
Apolloniade et Denis. Mes affaires sont inscrites sur une liste que détient Démétrios. Je ne dois
rien à personne. Mes exécuteurs testamentaires sont Sosthène, Speusippe, Démétrios, Hégias,
Eurymédon, Callimaque et Thrasippe. »
3. LES ŒUVRES DE PLATON
Dans cette optique, on peut dégager 2 caractères généraux dans les dialogues de Platon :
les uns sont appelés Dialogue d’explication et d’instruction, et les autres Dialogues de
recherche, mais la subdivision de Platon n’est pas assez précise.
Aux dialogues s’ajoutent les mythes, mais les mythes n’ont pas toujours les mêmes valeurs
selon les commentateurs. Pour les critiques, l’usage des mythes par Platon est mauvais parce que
les mythes ne répondent pas aux préoccupations des hommes face à l’injustice et les mettent
dans l’incertitude. Un autre groupe pense le contraire selon Jean Brun dans Platon et
l’Académie, les mythes sont révélateurs et essentiels parce qu’ils montrent que la justice n’est
pas une loi humaine, mais une loi divine. Chez Platon, il existe plusieurs sortes de mythes : les
mythes du monde, les mythes de l’origine, les mythes de l’âme, les mythes de l’homme.
L’existence de l’injustice humaine est un fait parce que l’humanité est soumise à la
corruption ; d’où la nécessité du mythe pour réconcilier les hommes au divin. Par le mythe,
l’intemporel devient une réalité dans la bouche des hommes et l’incommunicable se
communique. La distance qui nous sépare de l’au-delà est en partie supprimée. De plus, il y a
des vérités qui ne peuvent être exprimées que par des images d’où encore l’emploi des mythes
pour tenter de suggérer l’inexprimable à travers des histoires bien connues des grecs. C’est dire
que par le mythe, Platon montre que le monde politique peut mieux s’organiser en unissant
l’homme à la divinité.
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3.2. La répartition des ouvrages de Platon
Les chiffres et les lettres utilisées presque universellement pour citer Platon font référence à une
édition de ses œuvres complètes publiée à Genève en 1578 par un imprimeur qui était aussi un
célèbre humaniste de l'époque, un certain Henri Estienne, connu aussi sous la forme latine de son
nom : Stephanus. Cette édition des œuvres complètes de Platon comprenait trois volumes, dont les
pages étaient numérotées en séquence du début à la fin de chaque volume. Chaque page de cette
édition était découpée en deux colonnes, la colonne de droite contenant le texte grec et celle de
gauche la traduction latine (due à Jean de Serres). Entre les deux colonnes, on trouvait des lettres,
de « a » à « e », qui découpaient la colonne en 5 sections.
Sur ces bases, une citation de Platon comprend le nom du dialogue (suivi du numéro du livre, en
chiffres romains, pour La République et les Lois, qui ont été divisées en livres après la mort de
Platon), et le numéro de page de l'édition Estienne suivi de la lettre de la section dans la colonne
qui contient le premier mot de la citation. Il n'est pas nécessaire de faire référence au numéro de
volume de l'édition Estienne, puisqu'aucun dialogue n'est à cheval sur deux volumes, et que le titre
du dialogue suffit donc à rendre la référence non ambiguë. On donne en général une référence en
indiquant le début et la fin de la section citée. Si la fin est dans la même page que le début, on se
contente d'ajouter la lettre de la section dans la colonne qui contient le dernier mot cité, Exemple :
Sophiste, 247d devient Sophiste, 247d-e.
Pour faciliter la tâche des lecteurs de Platon qui veulent le citer ou retrouver une citation de lui
faite selon ce système, la plupart des éditions des œuvres de Platon, en grec ou en traduction,
fournissent les références à l'édition Estienne, soit en marge, soit dans le corps du texte, ou
encore dans les titres courants en haut de page. Lorsqu'il s'agit de traductions, les frontières de
section et de page ne peuvent être qu'approximatives, puisqu'une traduction ne suit presque
jamais rigoureusement l'ordre des mots dans la langue d'origine.
La répartition des dialogues entre les trois volumes de l'édition Estienne est donnée dans le
tableau qui suit, avec la référence de début et de fin de chaque dialogue.
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Volume 2a Volume 2 Volume 3
1 Euthyphron Philèbe 11a 67b Timée 17a 92 c
Apologie 16a Ménon 70a Critias 106a 121
Criton 17a Alcibiade 100b Parménide c
Phédon 2nd Alcibiade 103a 135e Banquet 126a 166
42a c 172a
Théagès Charmide 138a Phèdre
43a 223 d
Les Rivaux Lachès 151c Hippias majeur
Lysis 153a 227a 279
Théétète 54e Lettre I
176d c
Sophiste 57a 118a Hipparque Lettre II
Ménéxène 178a Lettre III 281a 304
Euthydème 121a 131a
Politique 201c e 309a
Protagoras 132a 139a Lettre IV
Minos 203a 310 b
Hippias mineur 142a Lettre V
210d République I 223b Lettre VI 310b 315
Cratyle
République II 225a Lettre VII a 315a
Gorgias 216a
République III 232c 319 e
Ion 268b Lettre VIII
271a 307c République IV 234a 249e Lettre IX 320a 321
257a c
309a 362a République V Lettre X
311c 321c 322
363a 376c République VI Lettre XI
313a c 322c
383a 440e République VII Lettre XII
321d 323 d
447a 527e République Lettre XIII
327a 323d 352
530a VIII Axiochos
354c a 352b
542b République IX De la Justice
357a 357 d
République X De la Vertu
383c 357d 358
Lois I Démodocos
386a b 358b
Lois II Sisyphe
417b 358 c
Lois III Eryxias
419a 358d 359
Lois IV Clitophon
445e c
Lois V Définitions
449a 480a 359c 359
Lois VI e
484a
Lois VII 360a 363
511e
Lois VIII e
Lois IX 514a
541b 364a 372
Lois X a 372a
Lois XI 543a
569c 375 d
Lois XII 376a 379
571a
Epinomis d
592b
380a 386
595a
b
621d
387b 391
624a
d 392a
650b
406 a
652a 674c
406a 410
676a
e
702e
411a 416
704a
a
724b
726a
18
747e
751a
785b
788a 824
a
828a 850
c 853a
882 c
884a
910d
913a 938c
941a
969d
973a 992e
Malheureusement, le découpage exact en lignes de l'édition Estienne est beaucoup plus difficile
à trouver dans les éditions grecques de Platon, qui ne le reproduisent pratiquement jamais (sans
parler, bien sûr, des traductions, où il ne peut qu'être encore plus approximatif que les frontières
de pages et de sections). Faute de mieux, on se rabat en général, pour la numérotation des lignes,
sur le découpage en lignes de l'édition en cinq volumes des œuvres de Platon dans la collection «
Oxford Classical Texts (OCT) » (c'est en tout cas ce que fait Brandwood dans sa concordance).
3.2.2. Les répartitions selon Budé, Pléiade, GF ancienne, GF nouvelle
Le tableau ci-dessous liste les dialogues par ordre alphabétique et indique pour chacun,
parmi les quatre éditions mentionnées (Budé, Pléiade, GF ancienne, GF nouvelle), dans quel
volume il se trouve, quand il y figure, ainsi que la date de publication et, pour Budé et GF
nouvelle, quel est le traducteur.
T. 6 (L1-3) : E. Chambry,
1932 (intro. A. Diès) T. 7.1
(L4-7) : E. Chambry, 1933 T.
GF90 (1966) (R.
LA RÉPUBLIQUE 7.2 (L8-10) : E. Chambry, T. 1 GF653 G. Leroux (2002)
1934 (texte français disponible Baccou)
en poche dans la collection tel
Gallimard)
T. 2
T. 13.2 Dialogues suspects J.
Les Rivaux (dialogues
Souilhé, 1930
douteux)
T. 13.3 Dialogues apocryphes J. T. 2 (écrits
Sisyphe
Souilhé, 1930 apocryphes)
T. 8.3 A. Diès, 1925 (texte GF203 (1969) (+
LE SOPHISTE T. 2 GF687 N. Cordero, 1993
français disponible en poche Politique,
dans la collection tel Gallimard) Philèbe, Timée,
Critias)
T. 2
T. 13.2 Dialogues suspects J.
Théagès (dialogues
Souilhé, 1930
douteux)
T. 8.2 A. Diès, 1926 (texte
français disponible en poche GF163 (1967) (+
THÉÉTÈTE T. 2 GF493 M. Narcy, 1994
dans la collection tel Gallimard) Parménide)
La répartition des ouvrages de Platon est la base sur laquelle on s’appuie pour mieux
comprendre ses ouvrages. Toutefois, la répartition d’Henri Estienne semble l’emporter, mais il y
a aussi la répartition en tétralogie de Thrasylle. 3.2.3. La répartition en tétralogie
Cause Nature Jugement Ordre
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Qu’est-ce que l’homme Alcibiade (2) Lysis (9) Lachès (8) Charmide (7)
Les Sophistes Protagoras (10) Hypias Majeur (6) Gorgias (11) Hypias Mineur (1)
Le Procès de Socrate Menon (12) Euthyphron (4) Apologie de Socrate (3) Criton (5)
L’âme Le Banquet (14) Phèdre (15) La République (20) Phédon (13)
Le Discours Cratyle (19) Ion (16) Euthydème (18) Ménéxène (17)
La Dialectique Parménide (21) Théétête (22) Sophiste (23) Politique (24)
L’’homme dans le monde Philèbe (25) Timée (26) Critias (27) Les Lois (28) ou
Epinomis
Ces numéros indiquent l’ordre de parution des ouvrages de Platon. A cette répartition s’ajoutent
les travaux de groupes qui répartissent les écrits de Platon soit en 3 groupes soient en 4 groupes.
2. Ouvrage d’adulte
3. Ouvrage de Vieillesse
Remarque : Cette forme de présentation est aussi attribuée à Thrasylle. La présentation des
ouvrages de Platon nous conduit aussi à l’étude de quelques ouvrages comme La République.
Livre I : Prélude : Platon y expose les opinions des gens honnêtes, des poètes et des
sophistes sur la justice et ses avantages et ses désavantages. Adimante et Glaucon montrent que
la question est mal posée, proposent que l’on étudie la question de la justice et l’injustice en
elles-mêmes, abstraction faite de leurs suites. Cela nous donnera trois parties.
1ère partie : Livres II à IV : En quoi consiste la justice ? Après avoir accepté la question
telle que posée par Adimante et Glaucon, Socrate montre qu’on peut définir la justice en
indiquant qu’elle est réalisable dans la cité, par la subordination mutuelle des classes de la cité et
réalisable dans l’individu par la même subordination entre les puissances de son âme. Ici
intervient l’analogie.
2ème partie : Livres V à VII : A quelles conditions se réalisera la justice ainsi définie ?
Pour y répondre, malgré ses hésitations, Socrate doit affronter trois vagues sociales en apportant
la solution de l’éducation à celles-ci : la coéducation de l’homme et de la femme, la communauté
des femmes et des enfants et l’exercice du pouvoir par les philosophes seuls. Il s’agit de fonder
l’opinion vraie, c’est-à-dire la consacrer comme pensée, mais intermédiaire entre la science et
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l’ignorance (selon la fin du livre V de La République), c’est-à-dire remplace la science au cas où
on ne peut l’atteindre.
3ème partie : Livres VIII à IX : Comment s’établit l’injustice dans la cité et l’individu ? Ici
Socrate étudie les différents pouvoirs et s’aperçoit que c’est par déchéance progressive que
s’installe l’injustice dans la cité et dans l’âme. Les constitutions sont dégénérées. Il dépasse
l’injustice par l’idéal de justice. Platon veut comprendre le devenir qui s’applique au Démiurge,
l’âme universelle, l’âme humaine, la matière et la physique.
Conclusion : Livre X : Socrate enlève le droit aux poètes d’être les éducateurs des hommes
à la justice.
Exercice
On étudiera aussi le Politique (voir Travaux des étudiants. Choisir un texte et le commenter).
Pour l’introduction des travaux des étudiants, tenir compte des indications suivantes :
• Auteur (vie et œuvres)
• Situation du passage dans l’œuvre (idée générale du Politique)
• Thème du texte (idée générale)
• Problème • Thèse
• Structure (séquences quand le texte est dialogué et l’étudiant utilise le découpage
de l’auteur)
Sinon utiliser mouvements (dans le cas où le découpage est personnel)
On pourrait utiliser articulations ou parties (si le texte est découpé par l’auteur lui-même en
paragraphes.)
Après l’étude de la vie de Platon et de ses écrits, passons à l’étude de la philosophie de
Platon puisque pour lui, philosophie et Politique vont ensemble.
3.3.1. Le Bien
Platon étudie le Bien à travers plusieurs théories et mythes qui expliquent Dieu, le Monde
et l’âme. Selon Platon, dieu ou le Démiurge est un mélange d’Idées subordonnées aux idées
au même titre que Jupiter est soumis au factum. La recherche de Dieu conduit aussi à la
recherche d’un principe inébranlable appelé principe des principes ou le Bien. Tout procède du
Bien. Socrate dans une discussion avec Glaucon présente ainsi le Bien.
- Socrate : Et le soleil qui n’est pas la vue mais qui en est le principe est aperçu peu…
- Glaucon : Cela est vrai
Donc le Bien est différent de ses dérivés, une précision qui avait manqué aux autres
philosophes ; d’où la manière de s’exprimer de Socrate.
- Socrate : Eh bien même, apprends le, c’est le soleil que je veux dire quand je parle du fils du
Bien. Le fils a une parfaite analogie avec le père. Ce que le Bien est dans la sphère de
l’intelligible peu en rapport à l’intelligence et les objets, le soleil c’est dans la sphère visible
par rapport à la vue et ses objets. Le Bien conduit au savoir et distingue la philosophie de la
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philodoxie. En ce que celui qui ne fonde pas sa philosophie sur le Bien est philodoxe et ignore
l’idée du Bien.
Par la bouche de Socrate, Platon veut nous amener à distinguer l’Idée des idées. Tout ce
qui touche à l’existence de l’homme a une idée et tout ce qui existe a une idée. Les idées en ce
qu’elles sont des idées se ramènent à une seule Idée. Cette idée n’a pas besoin d’hypothèse, elle
est anhypothétique. Le Bien suprême ou le souverain bien n’est pas soumis à l’espace et au
temps. Il est présent dans le visible et l’invisible et c’est de lui que dépendent les âmes. Dans
cette relation au Bien, l’âme est immortelle, un principe alors que le corps est mortel. L’âme ne
dépend pas du corps mais du Bien. L’âme est incréée par rapport au corps mais elle dépend du
Bien.
3.3.2. L’âme
L’âme est immortelle et les preuves de l’immortalité de l’âme sont présentées dans le
Phédon, La République, le Phèdre et Le banquet. Platon fait remarquer que l’immortalité est
diversement perçue par les Grecs. En y ajoutant la philosophie, l’immortalité se présente comme
suit :
- L’immortalité par la parenté.
- L’immortalité par la gloire.
- L’immortalité par la philosophie.
Le Banquet nous fait savoir que par la procréation, les hommes veulent conserver
l’immortalité, mais la mort est là pour relativiser cette immortalité. D’autres préfèrent résoudre
ce paradoxe par la gloire, la célébrité et les grandes œuvres. Mais cette immortalité est passagère
puisqu’elle reste dans la mémoire des hommes qui n’est pas fidèle. Ce n’est que par la
philosophie que l’immortalité est possible puisque la philosophie apprend à exercer l’œil de
l’âme pour contempler le Bien. L’éternité à réaliser par la philosophie a conduit Platon à soutenir
que par la philosophie, l’homme réussit à rendre ses désirs nécessaires, c’est-à-dire raisonnables.
Le désir est identique à la raison quand il conduit au Bien et s’appelle simplement désir. Mais
quand il s’éloigne du Bien, il s’appelle démesure. L’immortalité de l’âme dégagée par Platon
s’appuie aussi sur la division de l’âme en 3 parties :
- Le Noùs.
- Le Thymos.
- L’Epithymia.
Platon commence par nous élever avec le monde mathématique en montrant ainsi que
l’étude de la politique commence par l’élévation vers la divinité. C’est dire que l’ordre social
dépend de l’âme qui le gouverne. Le retour à la société par Platon revient à l’étude de la société
elle-même à travers l’âme en relevant que le Démiurge délègue des pouvoirs subalternes pour
réaliser l’unité cosmique dans l’unité sociale. Les hommes s’étaient détournés de cette voie et
avaient pris les faux régimes politiques pour de bons régimes politiques ; d’où le nécessité de la
philosophie pour repenser la politique.
La distinction que fait l’Étranger est d’abord d’amener aux fausses définitions données
jusque-là aux sciences politiques. En procédant par interrogations, habituelles façons de
rechercher la vérité, l’Étranger montre que d’ordinaire les hommes posent le problème de la
science politique, mais l’erreur est d’en faire une activité valable pour tous alors qu’à la vérité, la
science politique n’est pas une activité ordinaire. Les échecs à la définir, montrent bien qu’elle
surpasse les activités jusque là menées.
Ici l’Étranger se sert de l’art du tisserand : « car c’est l’unique tâche et en même temps
toute la tâche du tisserand royal de ne jamais permettre que le caractère prudent rompt avec le
caractère fort et énergique de les mêler par similitude des sentiments des hommes, des peines,
des opinions comme par un échange de gage d’union, d’en compter un tissu comme nous avons
dit, à la fois solide, et de leur confier en commun les pouvoirs dans les états ».
Cette pensée de l’Étranger montre encore que la dialectique platonicienne intervient bien
encore ici, mais après l’élévation vient la contemplation (Noesis) comme deuxième moment de
la Dialectique. Il faut pouvoir contempler, c’est-à-dire se laisser imprégner par la réalité telle
qu’elle est. L’exigence de la science politique, c’est l’unité du tissu tel le tissu du tisserand dont
les fils sont en unité entre eux et en unité avec les corps qu’ils habillent. La science politique se
définit par conséquent comme la science du tisserand royal qui ne tient pas compte de la foule
des riches, ni du peuple entier. La définition de l’art royal rend possible la dialectique
descendante en montrant que l’art royal n’est pas fondé par ce qui est pluriel, divers et varié. Le
fondement de l’art royal est unique voilà pourquoi un seul doit commander (avoir les idées).
La Démocratie était encore en vogue quand l’Étranger soutenait qu’il faut partager la
Démocratie ou gouverner la multitude. Ce choix est poursuivi dans l’histoire qui remet
constamment en cause le pouvoir démocratique. Au fond la déchéance provoquée par la
démocratie est la conséquence de la déchéance de la cité et de l’homme. Au nom de la
démocratie, l’injustice est célébrée et la liberté est bafouée. Sur le plan méthodologique, Platon
propose dans La République le mythe comme une voie de recherche de la justice en vue de
rompre avec le pouvoir de la multitude qui masque le pouvoir réel de la liberté de l’homme
repartie « par petites parcelles entre beaucoup de mains ». Et l’Étranger poursuit ici « c’est pour
cela que nous avons introduit notre mythe : nous voulions montrer non seulement que tout le
monde dispute celui que nous cherchons en ce moment, le titre de nourricier du troupeau, mais
aussi voir sous un jour plus clair celui qui, se chargeant, à l’exemple des bergers et des bouviers
de nourrir le troupeau humain doit être le seul jugé digne de ce titre ».
L’idéal de la justice visé à la fois par Platon et ses successeurs, invite aussi à remplacer le
nombre mathématique par les individus, c’est-à-dire à créer la confiance en l’homme. L’idéal
visé dans la constitution doit avoir pour finalité la confiance placée en l’homme qui ne se réduit
plus au philosophe roi. C’est pourquoi contre Platon, Emmanuel Kant dira dans Projet de paix
perpétuel que les philosophes ne sont pas les seuls habilités à être rois puisque selon lui « la
jouissance du pouvoir corrompt inéluctablement le jugement de la raison et en altère la liberté ».
Les hommes doivent être éduqués à la liberté tout comme la démocratie doit aussi s’exprimer
comme le régime des hommes éduqués.
Selon l’Étranger, l’éducation consiste en ceci : « elle éprouvera d’abord par l’éducation et
après cette épreuve, elle les confiera à des hommes capables de les instruire sous sa propre
direction. Elle surveillera tout, présidera à tout comme l’art du tisserand surveillant ceux qui
cardent et qui préparent les objets nécessaires à ces tissus, et président à leurs travaux, assignant
à chacun sa tâche et disposant tout pour le mieux en vue du résultat définitif. »
Le roi éduque à l’unité sociale, il construit l’unité sociale et c’est bien ce qu’il faut
entendre par commander. Le commandement, c’est rendre possible l’unité du tissu social à
l’image du cercle dans un tout harmonieux dont le roi est le centre. Dans la figure du cercle,
l’Étranger veut montrer que le roi commande en laissant attirer à lui les autres situés à la
périphérie. Et l’Étranger de conclure : « disons alors que le but de l’action politique, qui est le
croisement des caractères forts et des caractères modérés dans un tissu régulier est atteint, quand
l’art royal, les unissant en une vie commune par la concorde et l’amitié, après avoir ainsi formé
le plus magnifique et le meilleur des tissus en enveloppe dans chaque cité tout le peuple,
esclaves et hommes libres et les retient dans sa trame et commande et dirige, sans jamais rien
négliger de ce qui regarde le bonheur de la cité. »
Platon menant sa vie subissant le pouvoir démocratique tout comme Socrate se présente
comme celui qui fait l’éloge de Socrate, l’emblème de la philosophie désigné par la pythie
d’Athènes. Mais comment Platon occupé seulement par la politique et le théâtre peut il
reconnaître en Socrate l’emblème de la philosophie s’il ignore ce qu’est la philosophie ? En
convenant avec les dieux qui ont désigné Socrate, Platon se présente comme un grand
philosophe à travers les nombreuses désignations de Socrate dans ses écrits. L’histoire a voulu
que les grands problèmes de la philosophie et de la politique soient posés au temps de Platon. Ici
nous avons voulu étudier Platon et la démocratie pour montrer avec Platon comment la
^philosophie développe ce qui est caché dans la société pour amener les hommes au Bien. Alors
que la démocratie s’est présentée comme le pouvoir de la multitude, chaque citoyen a pensé en
connaître la teneur en dehors de la science politique. À travers l’Étranger, Platon nous fait
comprendre que la science politique n’est pas à ranger dans un faux débat, mais elle est une
science qui amène les hommes au commandement, c’est-à-dire à l’unité sociale.
Le commandement passe par l’éducation, c’est pourquoi chez Platon, la démocratie est
intimement liée à l’éducation. Par cette intimité, Platon veut nous faire comprendre que ce
monde-ci est lié au monde des Idées. La multitude, ce sont les idées se retrouvant en une seule
Idée. Au fond, Platon aimait la démocratie sans l’avouer : nous provenons de l’Idée, nous allons
vers l’Idée. Tout cela est de la philosophie qui parcourt la politique sous les couvertures de la
Démocratie et de l’Aristocratie. Ce cycle fait de la philosophie comme celle de la vie de Socrate
ou celle de Platon, le canal de la politique, de la démocratie et ainsi le monde démocratique se
trouve gouverné non pas par lui-même (parce que chaotique et dominé par les sens de l’homme)
mais par le monde intelligible mis en place par la philosophie. Au départ, vie d’interrogations et
d’angoisse, Platon déconcerté et soucieux et à la fin comme dans ce repas des noces où il quitte
la terre des hommes, il laisse la philosophie.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ............................................................................................................. 2
CONCLUSION ................................................................................................................ 31