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Dans ce chapitre 2 , nous introduirons un certain nombre de notions et concepts relatifs à l'énergie et ses différentes formes

soient dynamiques (en transit) ou statiques (en équilibre). L'énergie, dont l'unité est le joule, est une notion qui a mis
beaucoup de temps pour être comprise. La thermodynamique avec son premier principe introduit le concept d'énergie
interne d'un système macroscopique (solides ou fluides) formé d'atomes ou de molécules. Ce premier principe énonce
que l'énergie interne ne dépend que de l'état du système qui est défini par un nombre fini de variables d'état. Cet état est
un état dit d'équilibre puisque les variables d'états le définissant ont des valeurs fixées (uniformes dans le système).
Macroscopiquement le système apparait statique à l'équilibre et possède l'énergie interne Maintenant si le système passe
d'un état d'équilibre vers un autre état d'équilibre , lors d'un processus d'interaction avec son environnement, son
énergie interne va varier de . Le premier principe précise que les seules causes de la variation sont
les travaux effectués sur le système au cours du processus, ou une quantité de chaleur échangée lors de
l'interaction, ou les deux à la fois, on écrit : . Examinons un peu cet énoncé
fondamental, il établit l'équivalence énergétique entre la chaleur et le travail qui finiront stockés sous forme d'énergie
interne . Il suffit de connaitre l'état d'équilibre statique et l'état d'équilibre statique pour déterminer
, par contre la quantité de chaleur échangée lors du processus ainsi que les travaux effectués sur le
système lors de ce même processus dépendent des différentes étapes suivies pour passer de l'état à l'état . La chaleur et
le travail ne sont donc pas des fonctions d'états , ils dépendent du processus ,du chemin suivi par la transformation. Il
existe une infinité de processus pour passer de l'état à l'état , on ne peut parler de la chaleur et du travail que lors du
processus de passage d'un état d'équilibre vers un autre , donc en transit. A l'état d'équilibre , point de chaleur ni de travail,
mais l'énergie interne est là bien présente dans le système !. La chaleur a un statut particulier comme forme d'énergie
transférée lors d'un processus d'évolution d'un système. La force motrice ou la force thermodynamique qui déclenche le
transfert de chaleur entre le système et son environnement, à travers la frontière les séparant, est un déséquilibre de
température entre les deux. Une différence de température entre le système et son voisinage engendre donc un mécanisme
de transfert d'énergie appelé transfert de chaleur dont l'unique but est de rétablir l'équilibre des températures. Si lors du
processus en question les conditions sont telles que l'équilibre des températures est rétabli alors le transfert de chaleur
s'arrête, la force thermodynamique à l'origine du transfert s'annule. Nous comprenons donc que la forme d'énergie qu'on
appelle chaleur n'existe qu'en transit déclenché par une différence de température. Le principe zéro de la thermodynamique
permet de définir la température comme étant cette variable thermodynamique qui détermine si deux systèmes sont en
équilibre thermique entre eux. Si l'un d'eux est en équilibre thermique avec un troisième système alors ils sont tous les trois
en équilibre thermiques entre eux. Ceux sont ces observations expérimentales qui sont à l'origine de la mesure de la
température elle-même par l'intermédiaire d'un système (instrument) dont l'une de ses propriétés est sensible à la
température (dilatation du mercure par exemple). Pour savoir si deux systèmes sont en équilibres (même température) on
plonge l'instrument dans le premier et on attend que l'état d'équilibre thermique s'établisse entre les deux, ensuite
l'instrument est rapidement introduit dans le deuxième système; si l'instrument reste inchangé cela veut dire que les
températures sont identiques sinon cela voudra dire que les températures sont différentes. Il a fallu bien sûr raffiner
l'instrumentation (thermocouples, sondes à fil de platine …) et les étalonnages pour aboutir à des mesures de température
précises en valeur et en réponse. Voilà, le principe zéro est un principe qui établit l'existence expérimentale de cette
propriété qu'on appelle température. La thermodynamique définit donc la chaleur comme la forme d'énergie qui est
transférée entre un système et son environnement dès qu'il y a entre eux une différence de température.

En pratique selon le système, son environnement et les conditions imposées sur le déséquilibre en température, il a été
défini trois mécanismes de transfert de chaleur: le mécanisme de la conduction, le mécanisme du rayonnement et le
mécanisme de la convection. En principe, ces trois mécanismes sont bien formulés par des lois macroscopiques
phénoménologiques qui permettent aux ingénieurs de faire les calculs nécessaires pour la résolution d'un problème donné
même si ceux-ci peuvent s'avérer élaborés. Par contre, la compréhension des détails des mécanismes de transfert de chaleur
ainsi que l'éclairage sur l'origine des lois n'est pas du tout simple. En ce qui concerne la conduction et le rayonnement, il
sera nécessaire de faire appel à la théorie quantique de la matière et du rayonnement électromagnétique. Pour la convection,
si l'écoulement laminaire ne présente pas de difficultés particulière ce n'est pas le cas en écoulement turbulent. La
convection intervient lorsque l'environnement immédiat de la frontière solide du système est un fluide en écoulement forcé
ou naturel. La chaleur passe en fait du système au fluide par conduction à l'interface de séparation solide-fluide, on
l'appelle convection parce que ce sont les conditions d'écoulement du fluide qui impactent le gradient de température à
l'interface coté fluide lequel gradient conditionne au final le transfert par conduction (voir loi de Fourier). Les technologies
et les appareils où les transferts de chaleur sont essentiels sont rencontrées dans tous les domaines. Que ce soit dans le
domaine de l'énergie à travers ses différentes filières (centrales à gaz, centrales nucléaires, centrales solaires..) où dans les
différentes industries (échangeurs de chaleur, production de vapeur, chauffage, traitement thermique, séchage…) où bien
encore dans les technologies de pointe des matériaux innovants dotés de propriétés thermiques particulières, les transferts
de chaleur sont importants et déterminants.

Dans cette partie, vous ferez connaissances avec les éléments de base qui définissent les trois mécanismes de transfert de
chaleur.

La matière est constituée d'atomes et de molécules en constante agitation et interaction. A cette agitation est associée une
énergie qui détermine la température T du milieu. Plus l'agitation est intense plus grande sera la température T. Les
molécules d'un corps "chaud" sont plus agitées que les molécules d'un corps "froid". L'expérience montre que si dans un
matériau la température n'est pas uniforme (partout identique) alors il se produit un transfert d'énergie (qu'on appelle
chaleur) des zones à forte température vers les zones à faible température, donc des régions fortement agitées au niveau
microscopique vers les régions faiblement agitées. Le transfert se réalise par l'intermédiaire des différentes interactions
complexes entre les "porteurs" d'énergie qui communiquent ainsi leur énergie des plus "chauds" au plus "froids". Le type et
la nature de ces porteurs d'énergie dépend de la structure microscopique du milieu. Dans les fluides (gaz et liquides) ces
porteurs sont les molécules individuelles du milieu. Par contre dans les solides, les porteurs peuvent-être des électrons
comme dans les métaux et/ou les phonons qui sont les vibrations quantifiées des atomes autour de leur position d'équilibre.
Au niveau microscopique l'intervention de la théorie quantique est naturelle et nécessaire. Chaque atome dans le solide se
comporte comme un oscillateur harmonique interagissant avec ses voisins. Ce concept d'oscillateur harmonique en théorie
quantique est fondamental. Au niveau microscopique, l'énergie que peut avoir un oscillateur harmonique est quantifiée. Le
photon est le quanta d'énergie des vibrations électromagnétique considérées comme des oscillateurs harmoniques. Le
phonon est le quanta d'énergie des vibrations du réseau cristallin considérées aussi comme des oscillateurs harmoniques
quantiques. Dans un métal ce sont les électrons libres et les phonons qui participent au transfert de chaleur, dans un
isolant seuls les phonons sont porteurs d'énergie.

La plus ou moins grande facilité à transmettre l'énergie (chaleur) par conduction est une caractéristique du milieu, une
propriété de transport de chaleur au sein du milieu. Elle se manifeste au niveau macroscopique par un coefficient appelé
coefficient de conductivité thermique dont l'unité est . La conductivité est donc une caractéristique du milieu qui
renseigne sur la plus ou moins grande facilité à "conduire" la chaleur. Elle est définie par la relation phénoménologique
macroscopique de Fourier pour un milieu homogène et isotrope :

Cette relation est appelée Loi de Fourier. Les ingénieurs sont contents d'avoir à leur disposition une loi qui résume
simplement au niveau macroscopique toute la complexité du mécanisme microscopique de la conduction. Elle permet de
quantifier le transfert d'énergie par conduction en introduisant la quantité appelée densité de flux de chaleur ,
c'est-à-dire l'énergie calorifique transférée instantanément par unité de temps et par unité de surface à l'endroit considéré.
Cette loi montre aussi de quoi dépend . Nous constatons qu'elle dépend logiquement de la conductivité thermique , qui
caractérise la plus ou moins grande facilité du milieu à conduire l'énergie calorifique, mais aussi du déséquilibre en
température dans la zone considérée, caractérisé par le gradient de température . La propriété est mesurable, le
tableau ci-dessous regroupe les valeurs de pour plusieurs substances. Il n'y a que le vide qui ne conduit pas l'énergie
calorifique.
Le contrôle de la densité de flux de chaleur dans un milieu donné est exercé par le gradient de température. S'il est intense
alors le transfert est intense aussi, mais s'il s'affaiblit alors diminue aussi tel que dicté par la loi de Fourier. Si le
déséquilibre s'annule ( =O ) , alors le transfert s'arrête dans la zone considérée. Il faut bien comprendre que le
processus de conduction de la chaleur s'arrête partout dans le milieu uniquement lorsque nous avons =O partout
dans le milieu, c'est-à-dire une température uniforme partout dans le milieu. Donc si vous voulez savoir s'il ya transfert par
conduction de chaleur à travers un élément de surface quelconque , il suffit d'examiner le gradient de température dans
cette région. Cet élément de surface peut-être situé au sein du milieu ou à sa frontière avec son environnement immédiat.

1-2- Conduction à une dimension en régime stationnaire (indépendant du temps):

Souvent on s'intéresse au transfert de chaleur à travers des parois (ou murs) comme dans le cas des chambres froides ou
bien des fours. De chaque coté de la paroi nous avons une température différente. Une température du coté environnement
et une autre du coté froid ou chaud, selon le cas. Si ces deux températures sont maintenues constantes, alors il se produit
un transfert de chaleur permanent indépendant du temps. Le transfert se fait toujours du coté chaud vers le coté froid, il
faut donc comparer les deux températures pour savoir dans quel sens se fait le transfert. Le problème est simplifié aussi en
supposant que la température dans la paroi ne varie que suivant l'axe x, c'est-à-dire que Si la température ne
dépend que d'une seule variable d'espace x, par exemple, et que les conditions aux interfaces qu'on appellera conditions
aux limites s'écrivent :

La loi de Fourier s'écrit : puisque la température ne dépend que de x.

Maintenant on veut connaitre le flux de chaleur évacué ou échangé avec l'environnement à travers une surface S
perpendiculaire à l'axe x. Nous devons écrire la quantité infinitésimale du flux d à travers une surface élémentaire ds:
d . et ensuite intégrer sur la surface S. Pour tous les problèmes à une dimension que nous allons traiter en L2 ,
sera constante sur S. L'intégration de vient facile et le résultat est :

Donc pour connaitre le flux il suffit de déterminer la densité de flux . La loi de Fourier nous permet justement de

trouver à partir de la connaissance de . Comment déterminer ?.

En général la méthode consiste à obtenir une équation différentielle, dont la solution est , à partir d'un bilan d'énergie

que l'on fait sur un volume élémentaire pris dans le mur ou la paroi. Je vous donne un résultat général dans le cas où il n'y a
pas de source de chaleur dans la paroi, la température est linéaire dans la paroi. Avec cette information s'écrit :

Avec les conditions aux limites ( il y en a deux ) nous pouvons déterminer les constantes A et B.

On déduit et

D'où

Maintenant nous avons accès à la densité de flux de chaleur

Le résultat montre que est constante en tout x (indépendante de x). Nous avons finalement pour

Exemple 1:

Un mur plan d'épaisseur est fait de briques réfractaires de conductivité thermique . La


température de la surface coté four est et celle du coté extérieur (environnement) est .
1- Trouver l'expression du profil de température dans le mur.
2- Déterminer l'expression de la densité de flux de chaleur par conduction à travers le mur et la calculer.
3- Calculer les pertes de chaleur (en J) vers l'extérieur à travers une surface pendant 2 heures.

Solution :
1- Si on choisit pour origine des x la face coté four (chaud) on peut écrire les conditions limites comme suit:

Nous faisons remarquer que l'axe x est orienté positivement du coté four vers le coté extérieur.
Sachant que nous sommes dans la situation exposée ci-dessus, alors nous avons:
2- la densité de flux de chaleur s'écrit:

A.N:

3- Par unité de surface et par unité de temps il s'évacue 160 Joules (c'est la définition de ), pour répondre à la question il

faut donc multiplier par la surface d'échange S avec l'extérieur et par le temps t en secondes, donc:

A.N:

Exemple 2:
Déterminer les pertes thermiques à travers une surface vitrée de . Il s'agit d'un vitrage simple d'épaisseur .
On donne , et les températures des faces interne et externe sont .

Solution:

A.N.:

Exemple 3:
1- Trouvez le profil de température dans un mur d'une chambre froide d'épaisseur de conductivité thermique
et de température interne . La température du coté extérieur est .
2- Calculer la densité de flux de chaleur par conduction à travers le mur de la chambre froide.

Solution :
1- si l'origine des x est la face interne de la chambre froide et l'axe des x orienté vers l'extérieur alors le profil de température
s'écrit comme précédemment :

à la place de . Un bon moyen pour tester que l'expression est bien correcte , on vérifie les conditions

aux limites!.
2- la densité de flux de chaleur est :
A.N:
Le signe moins indique que le transfert se fait dans le sens contraire des x positifs, ce qui est logique , la température
externe est plus grande que la température de la chambre froide !

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