JURIDIQUE

PAR LAURINE BERNAT

ASSISTANCE À MAÎTRISE D’OUVRAGE

QUELLE QUALIFICATION
JURIDIQUE ?
La réalisation de projets immobiliers complexes nécessite une contribution
financière importante des maîtres d’ouvrage, les amenant à s’entourer de
professionnels qualifiés et compétents dont fait partie l’Assistant à maîtrise
d’ouvrage (AMO), afin de sécuriser leurs projets et les guider au mieux dans une
opération dont ils espèrent une forte rentabilité. S’il n’est pas qualifié de
« constructeur » au sens de l’article 1792-1 du Code civil, son mode de participation
souvent très actif, l’entraîne à avoir des statuts hybrides, voire protéiformes, qui ne
lui permettent pas toujours d’appréhender les risques engendrés, ni même
d’avoir les assurances adaptées. Voyage au cœur de la fonction d’AMO, où l’adage
« Dis-moi ce que tu fais, je te dirais qui tu es… » trouve tout son sens.

L
es maîtres d’ouvrage public et privé
font régulièrement appel à des AMO
(Assistants à maîtrise d’ouvrage) sur
des projets de construction d’envergure.
Les actions tentaculaires de l’AMO
confrontent souvent le maître d’ou-
vrage à de nombreuses interrogations
sur le statut de cet assistant. Ces interrogations
touchent essentiellement les contours du marché
qui feront varier les qualifications juridiques et les
responsabilités.
Si la mission d’origine de l’AMO pouvait s’apparenter
à celle d’une étude d’ingénierie, autrement dit cir-
conscrite à l’étude globale d’un projet de construction
sous tous ses aspects, techniques, économiques,
financiers…, force est de constater que l’AMO a dû
et a su se rendre indispensable en démontrant qu’il
avait en plus d’une vision globale, une vision dite de
terrain qui lui permet de posséder des compétences
techniques, tant dans sa capacité de concevoir que de
faire réaliser les ouvrages.
Cette évolution lui permet donc de jongler avec plu-
sieurs spécialités, le faisant parfois franchir la limite
juridique du rôle qu’il pensait exercer.
Association Unac (Union
des acteurs de la construction)
Laurine Bernat, avocat
Acteur souvent assimilé
à la Maîtrise d’ouvrage déléguée
Si l’AMO n’a pas de définition légale, force est de
constater que cet acteur est souvent confondu avec
celui de la Maîtrise d’ouvrage déléguée (MOD), pour-
tant exerçant des fonctions profondément différentes.
La MOD pratique uniquement des actes juridiques et
administratifs. Elle est liée par un contrat de mandat
au maître d’ouvrage et assure la maîtrise d’ouvrage
en lieu et place de la personne « pour le compte » de
qui l’ouvrage est réalisé. Elle s’engage donc à mettre
en œuvre tous les moyens nécessaires pour réaliser
l’ouvrage. Pour autant, le maître d’ouvrage conserve
naturellement un droit de regard sur l’exécution des
missions de son délégué qui doit lui rendre compte
sur ses activités.
Cette délégation de missions fait l’objet d’un contrat
écrit qui n’est pas en elle-même soumise à une régle-
mentation particulière dans le cadre de la maîtrise
d’ouvrage privée. En revanche, dans la maîtrise d’ou-
vrage public, l’intervention d’une MOD est réglementée
par les marchés publics (loi Mop). Ainsi l’ordonnance
du 17 juin 2004 réformant l’article 4, alinéa 1er de la
loi du 12 juillet 1985, précise que le mandat www

MAI / JUIN 2022 • N° 192 • QUALITÉ CONSTRUCTION 21

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prévu peut être exercé par une personne publique ou
privée : un promoteur privé peut donc être désigné par
une collectivité es qualités.
Les conditions de cette délégation sont également
précisées et donc circonscrites puisque la mission
confiée au MOD est « incompatible avec toute mission de
maîtrise d’œuvre, de réalisation de travaux ou de contrôle
technique portant sur le ou les ouvrages auxquels se rap-
porte le mandat exercé par cette personne directement
ou par une entreprise liée ».
Il est ainsi tenu de contracter un certain nombre
d’assurances :
• pour son propre compte : il lui incombe de s’assurer
en responsabilité civile professionnelle ;
• et pour le compte du maître d’ouvrage : il doit sous-
crire les polices obligatoires.
Par ailleurs, ses missions peuvent concerner l’éla-
boration et la signature de différents contrats (archi-
tectes, contrôleurs techniques), mais aussi le choix des
entreprises et fournisseurs ainsi que la préparation
et la gestion de leurs marchés, ou encore la gestion
financière et administrative d’une opération.
En termes de responsabilité, le maître d’ouvrage
délégué est tenu d’une simple obligation de moyen
(C. cass., 3e ch. civ., 29 mars 2000, n° 98-19.804) et
il est responsable de ses fautes à l’égard du maître
d’ouvrage, son client.
Il ressort de la jurisprudence que le MOD qui commet
des fautes contractuelles supporte une part de res-
ponsabilité permettant aux constructeurs de s’exoné-
rer partiellement de leur responsabilité dans le cadre
de l’action que va exercer le maître d’ouvrage à leur
encontre. Le maître d’ouvrage dispose, par ailleurs,
d’une action propre à l’encontre du maître d’ouvrage
délégué sur le fondement des dispositions relatives
au mandat (C. cass., 3e ch. civ., 13 novembre 2003,
n° 02-11.742).
L’AMO n’est pas lié par un mandat
À l’inverse, l’AMO n’est pas lié par un mandat avec le
maître d’ouvrage, qui reste seul décisionnaire. Par ses
conseils, son expertise, son expérience et ses propo-
sitions, l’AMO aide son donneur d’ordre à prendre les
décisions. Son rôle est de traduire le besoin concep-
tuellement et d’assurer la réalisation conformément
à la conception.
Le maître de l’ouvrage reste le seul décideur à tous les
stades de l’opération et en assume la responsabilité. Il
décide du lancement du projet, définit le programme
en fonction des besoins et du financement dont il dis-
pose, choisit l’organisation et effectue la commande.
Les missions variées de l’AMO permettent au maître de
l’ouvrage d’avoir connaissance des moyens optimums
pour opérer les choix adaptés à son projet. En ce sens,
il doit analyser les besoins du client, en déduire s’ils
permettent l’établissement d’un programme et valider
les options prises jusqu’au jour de son intervention.
Mais il peut également prendre part à la phase de
construction de l’ouvrage au cours de laquelle il ne
peut être confondu avec le maître d’œuvre.
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“Les missions
variées de
l’Assistant
à maîtrise
d’ouvrage
(AMO)
permettent
au maître
de l’ouvrage
d’avoir
connaissance
des moyens
optimums
pour opérer
les choix
adaptés
à son projet”
L’AMO ne doit pas être assimilé au
maître d’œuvre
Le maître d’œuvre est souvent « l’homme clé » de
l’opération de construction, garant en fonction du type
de mission dévolue, de la conception et l’exécution du
chantier. Or, la diversité de ses compétences et sa
capacité à manager des projets complexes lui per-
mettent d’apporter des réponses également au maître
d’ouvrage, tout comme l’AMO pourrait le faire.
En effet, les capacités techniques des maîtres d’œuvre
permettent de conforter le maître d’ouvrage bien
au-delà de son expertise technique, qu’il s’agisse
de la maîtrise des coûts, des délais, de la qualité, de
l’environnement, ou encore de l’organisation.
Mais à la différence de l’AMO, le maître d’œuvre assure
la construction et la coordination des travaux, et il est
responsable de leur bonne fin. Il réalise techniquement
les travaux dans les conditions, coût et délais définis
par le maître d’ouvrage.
Le maître d’œuvre est l’exécutant de l’expression des
besoins exprimés par l’AMO et validés par le maître
d’ouvrage. Pour ne pas mélanger les intervenants à
l’acte de construire, il conviendra de tenter de clarifier
les contours des missions pouvant être réalisées par
l’AMO.
Clarification de l’intervention
de l’AMO
L’AMO traditionnel n’est plus celui que l’on observe
aujourd’hui. Les structures d’AMO, qui interviennent
souvent sur des ouvrages de grande envergure ou
complexes, regroupent des spécialistes des secteurs
juridique, économique, environnement, démontrant
leur capacité à manager un projet.

Les équipes d’AMO d’un chantier ont des compétences
adaptées aux besoins, pouvant passer par les études
et l’assistance générale à la gestion de projet. Diverse
et spécialisée, cette assistance répond à deux types de
besoins exprimés par le maître d’ouvrage :
• des besoins transversaux conduisant à des presta-
tions générales comme la conduite ou le ma­na­
gement de projet se traduisant par une maîtrise des
contrats, des coûts, de la configuration du projet, de
l’environnement… ;
• des besoins ciblés et spécialisés nécessitant des
expertises et des assistances spécifiques comme
l’administratif, l’économie du projet, la technique,
et l’environnement.
L’AMO possède des compétences qui varient en fonction :
• des domaines d’intervention comprenant les projets
d’aménagement et d’infrastructure (aménagement
urbain, projets territoriaux, transports urbains et
interurbains…), les projets de bâtiments (bâtiments
publics, bureaux, hôtels, habitats collectifs et indivi-
duels, centres commerciaux…), ou encore les projets
à caractère industriel (bâtiments logistiques, unités
de production, traitement des eaux usées et assai-
nissement, traitement des déchets…) ;
• des étapes du projet :
– en amont pour la définition des besoins et la compo-
sition du projet adapté. Le maître d’ouvrage a souvent
besoin d’être éclairé dans ses réflexions sous tous les
aspects : besoins, faisabilité, économique, social ou
environnemental… l’AMO le conseille et l’aide dans
sa prise de décision,
– pendant la construction du projet en orientant son
client vers des missions d’assistance opérationnelle
au stade de la programmation, de la conception et de
la réalisation en l’aidant à définir le programme, les
coûts, les délais, l’enveloppe financière, le choix des
intervenants à l’acte de construire, en étudiant les
avant-projets et les dossiers d’études, etc.,
– post construction en assistant son client pour
l’exploitation et/ou la maintenance de l’ouvrage soit
pour définir le programme d’exploitation/main-
tenance, soit pour assurer la mise en marche de
l’exploitation/maintenance.
Tout projet de construction s’appuie sur des « sphères »
d’acteurs différents : investisseur, utilisateur, exploi-
tant, maîtrise d’ouvrage qui intègre les assistants au
maître d’ouvrage, maîtres d’œuvre (concepteurs archi-
tecturaux et techniques, et maîtres d’œuvre d’exécu-
tion) et OPC, entrepreneurs dont chaque rôle est défini.
L’AMO en fonction des domaines d’intervention et de sa
mission a souvent une mission transversale générant
des qualifications différentes en fonction des projets.
Un « caméléon » bénéficiant
d’une multi-qualification
Si le législateur est taiseux sur la qualification juri-
dique à retenir pour l’AMO, force est de constater que
la notion de constructeur au sens de l’article 1792-1
du Code civil n’aurait a priori pas été retenue mais
les juges ont manifestement eu des interprétations
Photo © Shutterstock – YanLev
différentes ces dernières années.
De la qualification varie la responsabilité retenue et la
couverture d’assurance adaptée.
Sur le plan de la responsabilité, l’article 1792-1 du
Code civil définit le constructeur, soumis à la garantie
décennale comme :
• « Tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre
personne liée au maître de l’ouvrage par un contrat de
louage d’ouvrage » ;
• « Toute personne qui vend, après achèvement, un
ouvrage qu’elle a construit ou fait construire » ;
• « Toute personne qui, bien qu’agissant en qualité de
mandataire du propriétaire de l’ouvrage, accomplit une
mission assimilable à celle d’un locateur d’ouvrage ».
L’AMO n’entrant pas dans la catégorie des construc-
teurs, il pouvait donc voir sa responsabilité engagée
sur le fondement contractuel ou délictuel en fonction
du lien juridique avec le tiers « victime » ou celui qui
forme un appel en garantie à son encontre.
Cependant, les jurisprudences récentes démontrent
que l’entrepreneur et le maître d’œuvre qui tradition-
nellement pouvaient voir leur garantie décennale
engagée, en fonction du type de sinistre, ne sont plus
les seuls ; l’AMO peut revêtir la qualification de
constructeur et donc être soumis à la responsabilité
décennale de l’article 1792 du Code civil.
Ce nouveau positionnement a été adopté par le juge
administratif. Les qualifications prises en compte ne
sont pas générales, mais retenues in concreto (état de
la situation au moment des faits). www
“L’AMO peut revêtir la qualification de
constructeur et donc être soumis à la
responsabilité décennale de l’article 1792
du Code civil”
MAI / JUIN 2022 • N° 192 • QUALITÉ CONSTRUCTION 23
JURIDIQUE
Par un arrêt du 9 mars 2018 (CE, 9 mars 2018,
n° 406205), le Conseil d’État a retenu la qualité de
constructeur et pu appliquer la garantie décennale.
En l’espèce, une commune a décidé de réaliser des
travaux de rénovation et de remise aux normes d’un
établissement thermal et a conclu un contrat d’AMO,
un contrat de maîtrise d’œuvre et un contrat avec un
entrepreneur pour la réalisation des travaux. Les
travaux ont été réceptionnés avec réserves et, post
réception, la direction départementale des affaires
sanitaires et sociales a constaté la présence de
bactéries et ordonné la fermeture temporaire de
l’établissement.
La qualité de constructeur
retenue
Pour retenir que l’AMO a la qualité de constructeur
et engager sa responsabilité décennale, la Haute
Juridiction a procédé à une analyse du contrat le liant
au maître d’ouvrage et a considéré qu’il s’agissait d’un
contrat de louage d’ouvrage. Ce contrat prévoyait en
effet les dispositions suivantes :
• l’article 1er de l’acte d’engagement et du Cahier des
Clauses Administratives Particulières indique que
« la mission ainsi confiée exclut formellement tout
mandat de représentation du maître d’ouvrage dans
l’exercice de ses prérogatives » ;
• l’article 2 précise que l’assistant au maître d’ou-
vrage « est l’interlocuteur direct des différents partici-
pants […]. Il propose les mesures à prendre pour que la
coordination des travaux et des techniciens aboutisse
à la réalisation des ouvrages dans les délais et les
enveloppes financières prévus et conformément au
programme approuvé par le maître d’ouvrage. Il vérifie
l’application et signale les anomalies qui pourraient
survenir, et propose toutes mesures destinées à y remé-
dier […]. Pendant toute la durée des travaux, l’assistant
au maître d’ouvrage assiste le maître d’ouvrage de sa
compétence technique, administrative et financière
pour s’assurer de la bonne réalisation de l’opération. À
ce titre : il a qualité pour assister aux réunions de chan-
tier, il fait toutes propositions au maître d’ouvrage en
vue du règlement à l’amiable des différends éventuels » ;
• l’article 3 relatif au contenu, à la définition et au
phasage de la mission, confie notamment au cocon-
tractant une mission de direction de l’exécution des
travaux et d’assistance aux opérations de réception.
Les juges ont manifestement profité du fait que le
Code civil était peu prolixe sur l’étendue de la notion de
contrat de louage d’ouvrage en lien avec une opération
de construction, pour pouvoir l’étendre à la mission
susvisée offrant donc à la commune la possibilité
d’engager la garantie décennale de l’AMO, tout comme
celle du maître d’œuvre et de l’entrepreneur.
Pour autant, on peut observer que cet arrêt retient
deux critères pour admettre la qualification de
constructeur :
• un intervenant voit sa responsabilité décennale
retenue si et seulement si, il est lié directement au
maître d’ouvrage par un contrat de louage d’ouvrage.
Au sens de l’article 1779 du Code civil, le contrat
de louage d’ouvrage est une convention écrite par
laquelle un constructeur s’engage à bâtir un ouvrage
spécifique. Il lie le donneur d’ordre et un locateur
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“Il convient d’ouvrage, et peut porter sur la totalité ou une partie
de l’édifice concerné. Ce contrat fixe la rémunération
d’étudier de relative au projet à réaliser. L’exécutant est indépen-
dant dans la réalisation des travaux, sans pour autant
façon attentive
jouer un rôle de mandataire de son donneur d’ordre ;
le contenu du • seuls les titulaires de contrats de louage d’ouvrage
s’étant vu confier un rôle relativement direct dans la
contrat d’AMO. conception et l’édification du bâtiment pourront être
Son contenu tenus au titre de la décennale.
Partant, le juge se livre à une analyse casuistique et
pourrait, détaillée des contrats d’AMO et ne procède nullement
à une généralisation de la qualification. Les magistrats
en fonction recherchent des traces de participations effectives
de son libellé, à l’édification de l’ouvrage pour retenir la notion de
constructeur, alors que l’AMO, s’il prend part au projet,
revêtir une ne doit pas s’immiscer dans le rôle de constructeur.
En synthèse, le constructeur est celui qui agit comme
mission de tel et qui doit s’assurer comme tel. Du contenu du
MOD, mission contrat dépend la qualification, dont dépend le type de
responsabilité.
différente de Des conséquences assurantielles
celle d’AMO.
La garantie décennale de l’article L.124-1 du Code
En cas de des assurances est obligatoire pour les constructeurs
de l’article 1792-1 du Code civil. Partant, l’AMO avait
sinistre, comme réflexe assurantiel de souscrire uniquement
la prestation une assurance « Responsabilité civile profession-
nelle », n’étant pas débiteur de la décennale. Il convient
pourrait être de préciser que cette assurance RC de l’AMO n’est pas
obligatoire, même si elle est, en pratique, souvent
requalifiée en demandée par le maître d’ouvrage dans le cadre de
MOD, débiteur la signature d’un marché.
À ce titre, il convient d’étudier de façon attentive le
de la garantie contenu du contrat d’AMO. Son contenu pourrait, en
fonction de son libellé, revêtir une mission de MOD,
décennale pour mission différente de celle d’AMO. En cas de sinistre,
l’opération la prestation pourrait être requalifiée en MOD, débiteur
de la garantie décennale pour l’opération concernée.
concernée” En ce sens, la tendance jurisprudentielle suivie par le
Conseil d’État permettant l’application de la respon-
sabilité décennale de l’AMO, conduit à avoir une
réflexion sur la souscription de l’assurance obligatoire.
Il est à craindre que dans un avenir plus ou moins
proche, une obligation d’assurance pèse sur les inter-
venants. Les assureurs s’adapteront certainement aux
nouveaux risques en modifiant les polices d’assurance
mais surtout en augmentant le montant des primes
d’assurance.
Dans le prolongement de la jurisprudence de l’entre-
prise X (C. cass., 3e ch. civ., 28 février 2018, n° 17-15.962),
qui avait assimilé un simple fournisseur en construc-
teur, la condamnation ainsi qu’au titre de la garantie
décennale, on observe une extension du champ de la
garantie décennale sur les intervenants à l’acte de
construire. Le Conseil d’État s’est engouffré dans cette
mouvance jurisprudentielle, qui pourrait modifier
profondément les modalités de l’assistance technique
de l’AMO. La Haute Juridiction a tendance à rechercher
la nature exacte de la mission accomplie plus qu’à se
baser sur la qualification donnée. À ce titre, l’accompa-
gnement dans la rédaction et la définition des contours
des missions n’ont jamais été aussi importants. n
Association Unac (Union des acteurs
de la construction) – Laurine Bernat, avocat