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Cours – S5 – LESG Reda Mokhtar EL FTOUH

Droit des Affaires

2020-2021
Cours – S5 – LESG Reda Mokhtar EL FTOUH

Matériellement, l’entreprise est constituée de personnes, matériels et des biens et/ou services
qu’ils produisent. Ces produits peuvent être destinés à une commercialisation, comme c’est le
cas chez les entreprises commerciales. Mais, au-delà des personnes qui l’animent et des biens
et/ou services qu’ils produisent, l’entreprise est juridiquement un nœud de contrats. Ces
contrats organisent les rapports entre le(s) propriétaire(s) de l’entreprise, qu’ils soient des
personnes physiques ou morales. Dans le cadre de l’exploitation de leur entreprise, ces
personnes réalisent des actes juridiques permettant notamment de financer l’activité de
l’entreprise, d’externaliser leur activité de production, d’augmenter leurs parts du marché ou
même d’adopter une autre forme juridique.

Pour l’entreprise, ces différents types d’actes conditionnent son aptitude à augmenter sa
capacité de production, son chiffre d’affaires et son importance dans le marché. Le propre de
la modernité est l’omniprésence du droit dans ces différents volets de la vie de l’entreprise
comme dans d’autres. Cela rentre dans ce qu’on appelle le « droit des affaires ».

Le droit des affaires englobe différentes branches du droit. Du droit commercial qui établit
les fondements essentiels de la vie de l’entreprise commerciale au droit boursier encadre la
plus haute sphère du monde entrepreneurial, différentes catégories de législations rentrent
dans ce qu’on appelle le droit des affaires. Le droit commercial susmentionné et le droit des
sociétés, qui sont des personnes morales, commerciales par défaut, ont été suffisamment
étudiés. Mais, bien qu’étant presque aussi importantes, d’autres branches de ce domaine du
droit n’ont pas été abordées. C’est l’objet du présent cours de combler à ce vide.

Dans ce cours, le droit des affaires sera abordé de la perspective de l’entreprise, qui est l’objet
d’étude des sciences de gestion. Ainsi étudierons-nous :

 les règles encadrant les contrats les plus importants pour la production de l’entreprise
(Première partie).
 Les aspects juridiques du financement de l’entreprise (Deuxième partie) ;
 Afin de comprendre les enjeux et le cadre juridique des rapports des entreprises entre-
elles, nous étudierons brièvement le droit de la concurrence (III) ;

Première partie : Aspects juridiques de la production de l’entreprise


L’activité de production de l’entreprise peut être de deux sortes : internes ou externes.
Lorsqu’elle est interne, la production est réalisée par l’entreprise, à travers des salariés qui y
sont rattachés. Lorsqu’elle est externe, la production est laissée à la charge d’un tiers. Il est
alors engagé par la personne détenant l’entreprise pour réaliser des activités pour son
compte.
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Première section : La production externalisée


Lorsqu’elle est externalisée, c’est-à-dire réalisée en dehors de l’entreprise, la production est
réalisée principalement par le contrat d’entreprise et le contrat de mandat, ou des contrats
qui s’assimilent à ceux-ci.

I- Le contrat d’entreprise :
Le contrat d’entreprise est une appellation adoptée pour le « louage d’ouvrage » qui est prévu
par l’article 723 du DOC. Selon cet article, il s’agit d’un contrat par lequel une partie,
« s’engage à exécuter un ouvrage déterminé moyennant un prix que l’autre partie
s’engage à lui payer ». La première partie est appelée le maitre d’ouvrage, la seconde est
appelée soit l’entrepreneur soit le locateur d’ouvrage.

La définition ci-dessus correspond à plusieurs activités (l’activité d’un menuisier, celle d’un
consultant ou un architecte entre autres). L’indépendance de l’entrepreneur vis-à-vis du
maitre d’ouvrage est fondamentale dans ce cadre.

A- Omniprésence et diversité sur le plan pratique :

Le locateur d’ouvrage exerce des tâches diversifiées. C’est un contrat qui est utilisé par
différents agents économiques dans différentes situations. Il est omniprésent dans le monde
des affaires. Du menuisier à l’expert consultant et l’architecte, du conducteur d’un Uber au
dresseur d’animaux de compagnie et au chimiste chercheur travaillant sur un projet
déterminé au profit d’un laboratoire pharmaceutique ou d’une université, tous peuvent être
engagés par un contrat d’entreprise.

Cette diversité pratique pose des problèmes en ce qui concerne la distinction du contrat
d’entreprise de contrats voisins. Or cette distinction est essentielle à la détermination des
obligations des parties et leurs responsabilités en cas de litiges. La distinction du contrat
d’entreprise de contrats voisins est d’autant plus délicate en raison de la proximité de ce
contrat d’autres contrats voisins comme le mandat et le contrat de travail. Ainsi, l’entreprise
qui cherche à externaliser une partie de son activité de production, doit faire attention aux
éléments juridiques distinguant ce contrat d’autres

B- Nature des obligations résultant du contrat d’entreprise :

Le contrat d’entreprise existe dès lors que l’obligation principale qu’il prévoit se caractérise
par les trois éléments suivants : c’est une obligation de résultat, sans subordination ; c’est une
obligation de faire et c’est une obligation portant sur des actes matériels.

1- Obligation de résultat exécutée sans subordination :

Le contrat de travail crée pour le salarié une obligation de moyens. Le contrat de mandat
peut produire tant une obligation de moyen qu’une obligation de résultat pour le mandataire.
Cela dépend des stipulations qui y sont inclues. Quant au contrat d’entreprise, il produit une
obligation de résultat pour le locateur d’ouvrage. Ainsi, en cas de manquement à son
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obligation ce locateur d’ouvrage est présumé fautif à moins qu’il ne prouve son absence de
faute ; tandis que le salarié ou le mandataire tenu par une obligation de moyen ne répondent
que de leur faute prouvée par l’employeur ou le mandant. Indépendamment des efforts qu’il a
pu fournir, des conditions où il l’a fait et des problèmes qu’il a rencontrés, l’exécutant des
activités objet du contrat d’entreprise est tenu d’exécuter celles-ci. Le produit qu’il présente
doit se conformer aux caractères prévus par le contrat d’entreprise et être délivré à l’échéance
accordé dans ledit contrat.

Par exemple, s’il est menuisier, le maitre d’ouvrage est en droit de réclamer le meuble exact objet du contrat à la
date convenue; s’il est architecte, le maitre d’ouvrage est en droit de réclamer les plans d’architecte finis objet du
contrat ; s’il est consultant, le maitre d’ouvrage est en droit de réclamer l’avis d’expert objet du contrat.

2- Obligation de faire :

Le locateur d’ouvrage est tenu par une obligation de faire quelque chose, à savoir exécuter un
travail. Il n’est pas soumis à une obligation de ne pas faire ni par une obligation de donner. En
effet, il n’est pas tenu de transférer la propriété ou la possession d’une chose et son obligation
ne consiste pas en l’interdiction de mener un acte juridique, comme c’est le cas de
l’obligation de non concurrence ou de maintien d’un secret. Le locateur d’ouvrage peut être
tenu de veiller à l’intérêt de son maitre d’ouvrage en sauvegardant ses secrets ou tenu de
remettre la propriété d’un bien qu’il a lui-même fabriquer. Toutefois, ces obligations sont
accessoires et rattachées à l’obligation principale : exécuter un travail.

3- Obligation portant sur des actes matériels :

L’entrepreneur (locateur d’ouvrage) est tenu par une obligation de résultat portant sur la
réalisation d’une tâche déterminée. Cette tâche consiste en un acte matériel, contrairement
au mandat qui porte sur un acte juridique. Cet acte matériel inclut tant les prestations
manuelles (cas du menuisier ou d’un mécanicien), qu’intellectuelles (cas du consultant ou de
l’architecte) ou les prestations requérant ces deux types de prestations (gestion d’un projet
immobilier, pouvant joindre la réalisation d’activités de menuiserie à l’étude préalable de la
faisabilité et la rentabilité du projet et la livraison et traitement avec les clients finaux).

Il importe dans tout contrat de connaitre la nature de l’obligation principale objet du contrat
afin de pouvoir déterminer de quel contrat il s’agit. Lorsque l’obligation principale concerne
l’exécution d’un travail dans les conditions susmentionnées, fut-il intellectuel, industriel ou
artisanal, on est devant un contrat d’entreprise.

II- Le contrat de mandat :


Le contrat de mandat est constitué entre un mandant et un mandataire. Le mandant donne
pouvoir au mandataire de le représenter pour mener des actes juridiques pour son compte.
Ainsi, l’acte sera effectué pour le compte du mandant, soit en son bénéfice et à ses risques. Le
mandataire n’est qu’un instrument dans cet acte, puisqu’il ne limite à exécuter avec précision
l’ordre de son mandant.
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Contrairement à d’autres contrats, le mandat ne peut porter que sur la réalisation d’un acte
juridique : la conclusion d’un contrat, réception d’un paiement, immatriculation d’une
société, le placement des fonds d’un déposant sur ordre et pour le compte de celui-ci, etc.
Ainsi, comme le contrat d’entreprise, le contrat de mandat porte sur une obligation de faire.
Mais, contrairement au contrat d’entreprise où il faut faire un acte matériel, ce qu’il faut faire
dans le mandat est un acte exclusivement juridique.

De plus, le mandat suppose l’indépendance du mandataire vis-à-vis du mandant,


contrairement au contrat de travail dans lequel le salarié se trouve sous l’autorité de son
employeur. Enfin, le contrat de mandat place le mandant dans une situation
remarquablement privilégiée : non seulement le contrat de mandat est en principe conclu à
titre gratuit, mais aussi il peut être rompu à n’importe quel moment, au gré du mandant.
Ainsi, en l’absence d’un écrit, le mandataire n’est pas censé être rémunéré. En plus, même en
la présence de celui-ci, à moins qu’une durée du mandat soit explicitement fixée, ce contrat
peut être résilié à tout même par le mandant.

Deuxième section : Production internalisée par le contrat de travail


Comme le contrat d’entreprise, le contrat de travail dispose d’une double appellation. En
effet, dans le DOC, il est appelé « louage de service ». Il y est défini dans son article 723 qui
dispose : « Le louage de services ou de travail est un contrat par lequel l'une des parties
s'engage, moyennant un prix que l'autre partie s'oblige à lui payer, à fournir à cette dernière
ses services personnels pour un certain temps ou à accomplir un fait déterminé ».

Ce contrat produit une obligation de faire dont la portée est plus étendue que celle des
contrats de mandats ou d’entreprise. En effet, le contrat de travail peut créer pour le salarié
l’obligation de réaliser des actes matériels, juridiques et/ou intellectuels. De plus, le contrat
de travail se distingue des contrats précités ainsi que de tout autre contrat par le lien de
subordination. La subordination produit une situation de fait qui favorise l’employeur et
rend le salarié vulnérable aux agissements de ce dernier. De ce fait, le contrat de travail est
méticuleusement encadré par le code de travail qui vise à protéger le salarié lors de la
conclusion, de l’exécution et de la rupture du contrat de travail. Le code de travail veille aussi
à assurer la préservation de l’intérêt économique de l’entreprise.

I- Conditions de validité du contrat de travail :

Il s’agit de conditions de fond et de conditions de forme.

A- Conditions de fond :
1- Conditions de fond générales

Comme le contrat d’entreprise, le contrat de mandat ou tout autre contrat, le contrat de


travail est soumis à des conditions de fond générales. Il s’agit de :

a- la capacité :
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Sont capables les personnes majeures de 18 ans lorsqu’elles ne sont pas atteintes dans leurs
capacités mentales.

b- Le consentement :

C’est la volonté du contracter la relation contractuelle en question (contrat de travail), à


condition qu’elle ne soit pas viciée par la violence, le dol ou l’erreur ;

c- L’objet :

C’est le bien ou le service pour lequel les contractants s’engagent. Il doit être licite, déterminé
et, lorsqu’elle n’est pas établie lors de la conclusion du contrat, son existence doit être
possible ; dans le contrat de travail, c’est le travail.

d- La cause :

C’est la raison pour laquelle chacun des contractants s’engage. Elle doit exister et être licite.
Pour l’employeur, la cause est le travail du salarié. Pour le salarié c’est la rémunération à
percevoir.

2- Conditions de fond spécifiques au contrat de travail :


a- Une prestation de travail :

Le travail réalisé par le salarié peut être manuel, intellectuel et/ou juridique. En tous cas, il
doit être existant et avoir été effectivement réalisé. Lorsqu’il n’existe pas, il s’agit d’un emploi
fictif où l’employeur verse une rémunération injustifiée ou d’un salarié qui s’est engagé à
réaliser le travail mais n’a pas exécuté son obligation.

b- Une rémunération :

La rémunération constitue la contrepartie de l’exécution de la prestation de travail. Elle est


obligatoirement constituée d’un paiement en argent ou en nature (ex: mise à disposition d’un
logement, ou de biens matériels). Dans certains cas, la rémunération doit obligatoirement
comporter une part versée en argent.

c- Le lien de subordination :

Le lien de subordination est l’élément distinctif du contrat de travail. Si la prestation de


travail et la rémunération sont retrouvées dans le contrat d’entreprise et peuvent l’être dans
le contrat de mandat, le lien de subordination n’existe que dans le contrat de travail. Ainsi, il
constitue l’élément essentiel à la qualification du contrat de travail.

- Subordination et pouvoir de l’employeur au sein de l’entreprise :

Le lien de subordination est conçu comme étant un rapport d’autorité de l’employeur vis-à-
vis de l’employer. En vertu de ce rapport, le salarié réalise les tâches exigées par son
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employeur selon les conditions qu’il détermine. D’un côté, il est soumis aux directives et au
contrôle de son employeur. Cela implique qu’il doit réaliser sa prestation dans l’horaire,
l’espace et suivant les modalités imposées par son employeur. Aussi, il doit veiller à la
réalisation de ce travail en suivant le règlement intérieur de l’entreprise fixé par son
employeur. Ce dernier, contrôle l’exécution de la prestation ainsi que sa conformité aux
modalités qu’il aura fixées. De l’autre côté, l’employeur dispose d’un pouvoir disciplinaire sur
son salarié, lui permettant de le sanctionner en cas de manquement dans l’exécution de ses
tâches. Mais ce pouvoir est délimité par les règles et conditions prévues par le code de travail.
Ainsi, l’employeur peut sanctionner son salarié par un avertissement, un blâme, une mise à
pied, et peut dans, sous certaines conditions, décider son licenciement.

- Subordination et dépendance économique :

Le lien de subordination est aussi parfois rattaché à la dépendance économique du salarié vis-
à-vis de l’employeur. En effet, souvent ce dernier met à la disposition du salarié les moyens
financiers nécessaires à sa subsistance. Toutefois, l’entrepreneur peut aussi dépendre de la
rémunération du maitre d’ouvrage pour subvenir à ses besoins économiques les plus
élémentaires. Ainsi, cette conception ne serait valable par elle-même. C’est lorsqu’elle génère
l’assujettissement du salarié à l’autorité de l’employeur qu’elle rentre dans la définition du
lien de subordination.

Toutefois, la dépendance économique est parfois acceptée par la justice comme un élément
suffisant à lui seul pour établir le lien de subordination. Cela est dû au fait que dans certains
cas, le juge ne peut prouver l’existence d’un lien de subordination, dans son sens
d’assujettissement à l’autorité de l’employer. Ainsi, il a recours à la démonstration de cette
dépendance économique qui peut lui servir comme élément servant à démontrer la relation
de travail.

B- Conditions de forme :

Le contrat de travail ne nécessite aucun écrit pour être valide. Il est valide par la simple
rencontre des volontés des contractants pour la conclusion dudit contrat. Valablement
conclu, le contrat de travail ouvre lieu à l’application des dispositions du droit du travail à la
relation entre ses parties. En raison de cet enjeu, la preuve de l’existence du contrat de travail
peut être apportée par tous les moyens possibles.

Malgré le détachement du formalisme juridique, le législateur y revient lorsque le contrat est


établi par écrit. En effet, dans ce cas, le document du contrat doit être établi en deux
exemplaires signés par le salarié et l’employeur et légalisés. L’une de ces copies du contrat est
gardée par le salarié.
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II- Les phases de vie d’un contrat de travail :

Le contrat de travail doit être négocié et conclu valablement, avant de passer à son exécution.
Une fois que son exécution commence, le contrat de travail peut connaitre plusieurs phases.
Il peut s’initier par une période d’essai qui peut donner lieu à la continuation de la relation de
travail ou à sa rupture; il peut être suspendu pendant une période déterminée pendant
laquelle le contrat cesse de produire ses effets pour les deux parties, il peut connaitre des
périodes de congé. Le salarié peut aussi être obligé de quitter l’entreprise pendant une
période déterminée dans le cadre de sa mise à pied par l’employeur. Cela fait du contrat de
travail un acte juridique dont l’exécution est complexe et qui peut connaitre différentes
stades et transformations.

Cette situation du contrat de travail résulte principalement de sa nature de contrat à


exécution successive. Les contrats à exécution successive sont des contrats dont l’exécution se
prolonge dans le temps (contrat de location, contrat de société ou de crédit). En plus de son
exécution successive, le contrat de travail dispose d’une grande importance économique pour
les deux parties : pour l’une il constitue un outil de subsistance, pour l’autre c’est un
instrument de production. De ce fait, la relation de travail doit s’adapter aux besoins et
évènements rencontrés par les deux parties pour qu’elle soit maintenue. La prévision par le
législateur de CDI et de CDD rentre dans ce cadre.

III- Les types de contrat de travail :

Le contrat de travail est un contrat à exécution successive. C’est-à-dire que contrairement au


contrat de vente qui est d’exécution instantanée, l’exécution du contrat de travail se prolonge
dans le temps, qui est le temps d’exécution du travail. La durée de temps pendant laquelle le
contrat de travail peut être exécuté peut avoir un terme défini comme elle peut ne pas l’avoir.
Dans le premier cas, il s’agit d’un contrat à durée déterminée (CDD), dans le second cas il
s’agit d’un contrat à durée indéterminée (CDI).

A- Le Contrat à durée déterminée :

En raison de la dépendance économique souvent associée avec la relation « salarié-


employeur », le législateur vise à promouvoir le CDI afin d’assurer la stabilité économique des
salariés. Ainsi considère-t-il que le CDD est une exception, d’un côté, en cas de doutes, le
contrat de travail est considéré comme étant un CDI, de l’autre, le CDD ne peut être
valablement conclu que lorsque la relation de travail ne peut avoir une durée indéterminée.

1- Cas d’autorisation du CDD :

Le législateur fixe trois cas qu’il considère comme causes de l’impossibilité de la conclusion
d’un CDI :

a- le remplacement d’un salarié par un autre dans le cas de suspension du contrat de


travail de ce dernier, sauf si la suspension résulte d’un état de grève ;
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b- l’accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise qui requiert l’accroissement


des travailleurs de l’entreprise pendant une période déterminée qui ne risque d’être
prolongée dans le temps (exemple : en raison de l’augmentation de l’activité de
production d’une entreprise de tissage pendant une courte période, elle a besoin
d’augmenter sa capacité de production juste pour satisfaire cette hausse
exceptionnelle) ;
c- le caractère saisonnier du travail réalisé, qui requiert par exemple qu’une entreprise
agricole hausse le nombre de ses travailleurs pour pouvoir récolter ses framboises
et mures pendant chaque mois de juillet.

2- Durée du CDD

Lorsque le CDD est conclu, sa durée ne peut être que d’une année renouvelable une seule
fois. Dans le secteur agricole, il n’est conclu que pour une durée de 6 mois renouvelable, dans
la limite de deux ans. Lorsque le CDD dépasse sa durée légale ou est renouvelé jusqu’à
dépasser le terme maximal de 2 ans, il devient automatiquement un CDI.

3- Durée de la période d’essai :

Au-delà de ces conditions et des durées maximales du CDD, ce contrat connait des règles
spécifiques en ce qui concerne la période d’essai. Cette période a pour objet de permettre au
salarié de connaitre son employeur et vice versa. Elle connait des durées variables du CDD au
CDI. Même dans le CDD, elle varie selon la durée de celui-ci. En effet, elle est au maximum
de :

- une journée au titre de chaque semaine de travail dans la limite de deux semaines ;
- et d’un mois lorsque le CDD est conclu pour une durée supérieure à 6mois.

Cette période est la seule phase de la durée du contrat de travail pendant laquelle chacune
des parties peut résilier le contrat sans prévenir préalablement l’autre partie. Toutefois, cette
règle connait des limites lorsque le salarié n’est pas licencié en raison d’une faute grave
dûment constatée (Article 13 de la loi 65-99 portant code de travail).

B- Le Contrat à durée indéterminée :

Les parties à un CDI ne prévoient pas le terme de leur contrat. Cela implique que tant qu’il
exécute dûment son obligation de travail, le salaire du salarié est garanti. Ainsi, ce contrat est
nettement plus sûr pour celui-ci. De ce fait, il est privilégié et favorisé par le législateur. Aussi,
le législateur y impose certaines conditions qu’il importe de préciser. Elles concernent
principalement le contenu du contrat et la période d’essai.
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1- Contenu du contrat :
a- Règles obligatoires :

Lorsqu’il est écrit, le contrat de travail doit déterminer les informations suivantes :

- Juridiques : L’identité des parties et la description du poste et éventuellement, la


convention collective applicable ;
- Economiques : La rémunération et ses modalités et la durée des congés annuels payés.

b- Clauses importantes :

D’autres clauses doivent être mentionnées en raison des règles qu’elles contiennent :

- La clause de mobilité :

C’est une clause permettant de muter le salarié d’un lieu de travail à l’autre ou d’un poste à
l’autre. Cette clause permet à l’employeur de muter son salarié lorsqu’elle a été prévue dans le
contrat de travail ou de le licencier pour faute grave s’il refuse. Mais lorsqu’elle n’a pas été
prévue, elle dépend de l’acceptation du salarié ;

- La clause de non concurrence :

C’est une clause interdisant au salarié d’exercer une activité semblable à celle de son
employeur, fut-elle pour son compte ou pour le compte d’un autre employeur. L’application
de cette clause est en principe limitée dans l’espace et dans le temps, mais cette limitation
n’est pas prévue par la loi et est laissée à l’appréciation du juge. La loi se limite à conditionner
la validité de cette clause par le fait qu’elle soit effectivement une clause. En effet, tant que
celle-ci est prévue dans le contrat de travail, la convention collective ou le règlement intérieur
de l’entreprise, elle est considérée valide ;

- Devoir de discrétion :

Selon cette clause, le salarié ne peut révéler les informations dont il a pris connaissance au
cours de l’exercice de son travail. Lorsqu’une telle révélation provoque un dommage à
l’entreprise, elle est considérée un motif valable du licenciement du salarié responsable pour
faute grave. Il ne s’agit donc pas d’une clause dont la validité dépend de son intégration dans
le contrat de travail, mais d’une obligation découlant du devoir de secret professionnel
auquel est assujetti tout salarié.

2- La période d’essai :

Une fois écoulée, la période d’essai donne automatiquement lieu à la conclusion définitive du
contrat. Dans ce cas, la relation de travail est considérée comme étant née le jour de sa
conclusion du contrat et non pas après l’écoulement de la période d’essai. Cela peut être
justifié par deux raisons : le contrat de travail existe dès sa conclusion et la période d’essai
peut être renouvelée ce qui la rend encore moins fiable pour marquer la date de la conclusion
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du contrat de travail. Ainsi, la durée de ladite période peut être renouvelée une seule, ce qui
peut en faire une période assez conséquente pour certains types de salariés.

En effet, la durée de la période d’essai dans un CDI varie non pas en fonction de la durée
dudit contrat, puisque celle-ci est indéfinie. Elle varie plutôt selon la catégorie
socioprofessionnelle du salarié. Il s’agit notamment de :

 Trois mois pour les cadres et assimilés ;


 Un mois et demi pour les employés ;
 quinze jours pour les ouvriers.

3- La vie du contrat de travail :


i- Modification du contrat et des conditions de travail :

Une fois conclu, le contrat de travail encadre la relation de travail. En raison du lien de
subordination, cette relation est soumise aux décisions et à l’autorité de l’employeur. De ce
fait, l’employeur dispose de l’aptitude de modifier les conditions dans lesquelles s’exerce le
travail sans pour autant altérer le contrat de travail. Cette modification des conditions
d’exécution du travail est encadrée par le code de travail qui intervient automatique lors de la
modification du contrat de travail. Mais, si la première modification est une prérogative de
l’employeur découlant de son autorité, la seconde est une modification d’un contrat
valablement conclue. Cela produit deux effets : elle est ouverte tant au salarié qu’à
l’employeur et elle est soumise d’abord au droit des contrats avant d’être soumise au code du
travail, rendant cette modification plus réglementée et compliquée.

ii- Modification des conditions de travail :

A ce niveau, il importe de distinguer entre deux types de modifications :

- Modifications non substantielles :

Ces modifications ne peuvent être refusées puisqu’elles ne concernent pas des éléments
importants (volume horaire, rémunération, etc.) et concernent des éléments moins
importants comme les fonctions sans affecter la qualification du poste du salarié) ;

- Modifications substantielles :

Ce sont des modifications portant sur un élément déterminant du contrat de travail, affectant
considérablement le salarié comme le changement du lieu de travail lorsqu’elle implique le
changement de ville. Par ailleurs, la modification de la nature du travail réalisé par le salarié
constitue une modification substantielle lorsqu’il implique le déclassement du salarié.
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ii- Modification du contrat de travail :

Aucune des parties ne peut modifier le contrat de travail sans l’accord de l’autre partie. En
effet, la modification, suppression ou ajout d’une clause doivent être toutes accordées par les
deux parties. A défaut, la clause est considérée nulle. Lorsqu’elle est acceptée, on est devant
une « novation du contrat » : l’extinction d’une obligation moyennant la constitution d’une
obligation nouvelle qui lui est substituée.

- La modification du contrat sur initiative du salarié :

Lorsque le salarie initie la modification de son contrat de travail, deux possibilités s’ouvrent à
lui. Soit l’employeur accepte et la modification est réalisée, soit il refuse et le salarié est tenu
de renoncer à la modification ou de démissionner de l’entreprise.

- La modification du contrat sur initiative de l’employeur :

Lorsque c’est l’employeur qui initie la modification, le salarié peut accepter ou refuser. S’il
accepte, la modification est réalisée, sinon, l’employeur choisit entre renoncer à la
modification et le maintien du contrat inaltéré ou le licenciement du salarié, en respectant le
versement des indemnités et les délais de préavis et les dommages-intérêts si le licenciement
est considéré abusif.

- La modification du contrat de travail résultant du changement la situation


juridique de l’entreprise :

En cas de fusion, succession, vente ou privatisation, la loi prévoit que les contrats sont
transférés de l’ancien au nouvel employeur, avec les droits qui leurs sont rattachés. Ces droits
comprennent les montants des salaires, des indemnités de licenciement et le congé payé.

iii- Suspension du contrat de travail

L’article 32 du code de travail prévoit que le contrat de travail est suspendu dans les cas
suivants :

- « Pendant la durée du service militaire ;


- Pendant l’absence du salarié pour maladie ou accident dûment constaté par un médecin ;
- Pendant la période qui précède et suit l’accouchement dans les conditions prévues par les
articles 154 et 156 ;
- Pendant la période d’incapacité temporaire du salarié résultant d’un accident de travail ou
d’une maladie professionnelle ;
- Pendant les périodes d’absence du salarié prévues par les articles 274, 275 et 277 ;
- Pendant la durée de la grève ;
- Pendant la fermeture provisoire de l’entreprise intervenue légalement »
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La suspension du contrat de travail a pour conséquence l’inexécution du travail, sans que cela
n’implique qu’il puisse ne plus se comporter comme salarié de l’entreprise à d’autres niveaux.
Aussi, cette suspension n’affecte en rien le calcul de la prime d’ancienneté.

Les causes comme les conséquences de la suspension sont valables tant pour le CDD que
pour le CDI.

4- Rupture du contrat :

C’est la cessation définitive de la relation de travail entre l’employeur et le salarié. Elle peut
être le résultat de la démission du salarié comme elle peut être le résultat de son licenciement
par l’employeur. D’autres cas de rupture existent comme le plan de départ volontaire ou la
prise d’acte. Mais nous allons nous limiter à étudier ces deux premiers cas.

i- Licenciement
- Licenciement pour motif personnel
 Le motif personnel :
Définition :

Pour qu’il soit valable, le licenciement pour motif personnel doit respecter certaines
conditions relatives aux causes et aux procédures et effets. En ce qui concerne les causes, il
faut disposer d’un motif valable, qui est soit lié à l’inaptitude du salarié, soit à sa conduite.
Lorsqu’il est lié à l’inaptitude du salarié, celle-ci doit avoir pour effet l’incapacité du salarié de
réaliser l’activité pour laquelle il a été engagé.

Motifs personnels invalides :

Le législateur ne définit pas le motif valable, mais il précise certains motifs qu’il considère
non-valables :

 l’affiliation syndicale ou l’exercice d’un mandat du représentant syndical ;


 la participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou avec
le consentement de l’employeur ou conformément à la convention collective de
travail ou au règlement intérieur, durant les heures de travail ;
 le fait de se porter candidat à un mandat de délégué des salariés, de l’exercer ou
de l’avoir exercé 4° le fait d’avoir déposé une plainte ou participé à des actions
judiciaires contre l’employeur dans le cadre des dispositions de la loi du travail ;
 la race, la couleur, le sexe, la situation conjugale, les responsabilités familiales, la
religion, l’opinion politique, l’ascendance nationale ou l’origine sociale ;
 le handicap, dans la mesure où il ne fait pas obstacle à l’exercice par le salarié
handicapé d’une fonction adéquate au sein de l’entreprise.

 Licenciement pour mesure disciplinaire :

Licenciement pour épuisement de mesures disciplinaires :


Le code de travail prévoit un licenciement par mesure disciplinaire. Lorsqu’un salarié
commet une faute non grave et que toutes les mesures disciplinaires (blâmes, avertissement
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et mise à pied dûment constatés et communiqués au salarié concerné) ont été épuisées
contre lui.

Licenciement pour faute grave :


Aussi, prévoit-il un licenciement pour faute grave et détermine dans son article 39 une liste
indicative des fautes graves :
 le délit portant atteinte à l’honneur, à la confiance, ou aux bonnes moeurs ayant
donné lieu à un jugement définitif privatif de liberté: cela suppose que la salarié
a été sanctionné par voie judiciaire (et aux voies de recours épuisées) du fait de
la commission de l’une de ces infractions, et que la sanction consistait en un
emprisonnement, sans sursis.
 la divulgation d’un secret professionnel ayant causé un préjudice à l’entreprise
 le fait de commettre les actes suivants à l’intérieur de l’établissement ou pendant
le travail:
 le vol
 l’abus de confiance
 l’ivresse publique
 la consommation de stupéfiants
 l’agression corporelle
 l’insulte grave
 le refus délibéré et injustifié du salarié d’exécuter un travail de sa compétence
 l’absence non justifiée du salarié pour plus de quatre jours ou de huit demi-
journées pendant une période de douze mois: ceci est perçu comme étant un
abandon de poste
 la détérioration grave des équipements, des machines ou des matières
premières causées délibérément par le salarié ou à la suite d’une négligence
grave de sa part
 la faute du salarié occasionnant un dommage matériel considérable à
l’employeur
 l’inobservation par le salarié des instructions à suivre pour garantir la sécurité
du travail ou de l’établissement ayant causé un dommage considérable
 l’incitation à la débauche
 toute forme de violence ou d’agression dirigée contre un salarié, l’employeur
ou son représentant portant atteinte au fonctionnement de l’entreprise. Dans
ce cas, l’inspecteur du travail constate
 l’atteinte au fonctionnement de l’établissement et en dresse un procès-verbal.

Pour qu’il soit valable, le licenciement pour faute grave doit respecter les procédures
suivantes :
 l’obligation d’entretien, suivant un délai de 8jours après la convocation ;
 pendant l’entretien, le salarié doit pouvoir se défendre et connaitre les faits qui
lui sont reprochés ;
 dresser un procès-verbal retraçant les évènements de la réunion qui doit être
signé par le salarié ;
 notification du licenciement par lettre recommandée avec accusé de réception
dans un délai de 48h de la réunion.
A défaut du respect de cette procédure, le licenciement est considéré comme abusif.
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Par ailleurs, ce licenciement doit respecter d’autres conditions relatives au délai de préavis et
le versement d’indemnités de licenciement dont la méthode de calcul est prévue par l’article
53 du code de travail.

- Licenciement pour motif technologique, structurel ou économique :


 Conditions de fond :
Les conditions de validité de ce licenciement sont de deux ordres :
D’un côté le type de motif : pertes de marché, à un fort endettement, ou encore un déficit
important de l’entreprise. Elles s’opposent aux fluctuations légères et passagères (ex: légère
baisse des ventes); ainsi que la recherche d’un meilleur profit, auquel cas la bonne situation
économique de l’entreprise ne justifierait pas un licenciement ;
De l’autre côté, le type d’entreprise : les entreprises commerciales, industrielles ou dans les
exploitations agricoles ou forestières et leurs dépendances ou dans les entreprises d’artisanat,
occupant habituellement dix salariés ou plus

 Procédures :

Aussi, pour être valable, ce licenciement doit respecter la procédure suivante :

 Porter sa décision à la connaissance des délégués des salariés, et le cas échéant,


des représentants syndicaux de l’entreprise, au moins un mois avant de procéder
au licenciement.
 Exposer les motifs du licenciement, ainsi que le nombre et les catégories de
salariés concernés, et la période durant laquelle il compte entreprendre le
licenciement.
 Tenir des négociations avec eux, dans le but d’envisager les mesures susceptibles
d’empêcher le licenciement, suite auxquelles un procès-verbal est dressé par
l’administration constatant les résultats obtenus, signé par les deux parties
 demande d’autorisation délivrée par le gouverneur de la préfecture ou de la
province, dans un délai maximum de deux mois, à compter de la présentation
par l’employeur de sa demande au délégué provincial chargé du travail.

ii- Démission :

Par la démission, le salarié peut rompre le contrat de travail à n’importe quel moment, dès
lors qu’il respecte les règles suivantes :

- Règles de forme :

La démission doit se faire par l’envoi d’une lettre de démission portant la signature légalisée
par l’autorité compétente. Une copie de cette lettre est adressée à l’agent chargé de
l’inspection du travail. A défaut de l’accomplissement de ces obligations, la démission est
considérée comme un abandon de poste.

- Autres obligations du salarié :


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Par ailleurs, le salarié doit respecter le délai de préavis qui peut varier d’un mois à trois mois,
selon la catégorie professionnelle du salarié et son ancienneté dans l’entreprise. Le non-
respect d’un délai de préavis emporte le versement d’indemnités. Aussi, durant cette période,
le contrat de travail s’applique. Ainsi, les salariés sont tenus d’appliquer leurs obligations
contractuelles. Toutefois le salarié est autorisé à disposer de permissions d’absence pour la
recherche d’un autre emploi.

Deuxième partie : Aspects juridiques du financement de l’entreprise


Le financement de l’entreprise pose plusieurs problèmes quant à sa définition et
compréhension. Qu’est-ce que c’est que le financement de l’entreprise ? Qu’implique-t-il
comme actes juridiques précisément ?

Le financement de l’entreprise présente une multiplicité de manifestations pratiques qui font


que le droit trouve du mal à le définir. L’expansion progressive du crédit au long de l’histoire
est responsable de ces difficultés. En effet, si aujourd’hui une augmentation de capital ou une
simple présentation de suretés à des débiteurs peuvent être considérés des opérations de
crédit, c’est que le crédit s’est étendu au-delà du domaine classique. Etudier ce domaine dont
les limites sont continuellement repoussées et qui est régi par des lois et réglementations
spéciales qui connaissent une croissance constante est difficile.

Dans la présente partie du cours, nous délimitons les notions juridiques fondamentales du
financement de l’entreprise, avant d’étudier certains contrats et pratiques particulières
auxquels ont recours les entreprises marocaines pour se financer. En ce faisant, nous allons
nous centrer sur des notions et techniques qui s’assimilent plus au « crédit » et moins aux
financements impliquant l’intégration de nouveaux associés dans une société (ouverture du
capital de la société et entrée de nouveaux associés).

Première section : Notions et outils juridiques de financement


Dans la présente section, nous présentons des définitions juridiques fondamentales dans le
domaine du crédit (I) avant d’établir les différents types de crédit, en suivant différents
critères (II)

I- Notions et définitions fondamentales :


A- Financement :

Le financement est toute opération par laquelle une partie, qui finance, met à la disposition
d’une deuxième partie des fonds ou facilite cela. Le financement peut être réalisé au profit
d’une entreprise à travers plusieurs contrats.

B- Crédit :

Le crédit est défini en droit marocain comme étant « tout acte, à titre onéreux, par lequel une
entreprise :
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- Met ou s’oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour
celle-ci de les rembourser ;
- Ou prend, dans l’intérêt d’une autre personne un engagement par signature sous
forme d’aval, de cautionnement ou tout autre garantie. » Article 3, Loi n° 103-12
relative aux établissements de crédit et organismes assimilés

Mais de manière plus générale, le crédit est un type de financement dans lequel la partie
présentant les fonds adopte un cadre contractuel ou impose des clauses contractuelles qui
ont pour objet de promouvoir au maximum possible ses intérêts et objectifs.

Dans la relation juridique produite par une opération de crédit, l’intérêt de la partie
apportant le financement est priorisé et aucune sorte d’affectio (societatis ou familiae) n’est
relevée. En effet, l’intérêt de la partie recevant les fonds sont mis au premier ordre et il est
tenté de les maximiser, notamment aux dépens de celui de la partie les recevant. Ceci n’est
pas le cas d’une personne qui réalise un apport à une société et qui voit que son intérêt se
concrétise à travers celui de celle-ci, soit à travers l’obtention de dividendes tirés des
bénéfices qu’elle aura réalisés. Ce n’est pas le cas non plus le cas du père de famille qui
présente en donation des fonds à un fils pour qu’il lance son entreprise.

Il peut sembler que certaines opérations de financement sortent de cette définition. En effet,
dans plusieurs cas, un contrat de crédit typique peut servir à la réalisation d‘une opération de
financement désintéressé et à titre gracieux. Mais, ce contrat (comme un contrat de crédit
présenté comme ayant un taux d’intérêt de 0%) continue à produire des obligations qui
promeuvent l’intérêt de la partie présentant les fonds, même si l’intention de celle-ci est de
favoriser son débiteur.

Par ailleurs, il se peut qu’un contrat où l’intérêt de la partie présentant les fonds est censé
s’unir à celui de la partie les recevant (Exemples : Contrat de société dans certaines prises de
participations et contrat de donation dans certaines subventions Etatiques) peut servir à la
réalisation d’une opération de crédit visant à promouvoir l’intérêt ou les objectifs de la partie
présentant les fonds. Mais dans ces cas, cette dernière inclut dans ces contrats des clauses qui
assurent la promotion de ses intérêts et/ou de ses objectifs, indépendamment et, si
nécessaire, aux dépens de ceux de la partie recevant ses fonds.

C- Sûreté :

La sûreté est une garantie présentée par un débiteur pour le paiement de sa créance. Elle est
de deux types : réelles et personnelles. Lorsqu’elle est réelle, la sûreté consiste en un droit du
créancier sur un ou plusieurs biens présentés par le débiteur ou par une autre personne en
garantie du remboursement de sa dette. Lorsqu’elle est personnelle, la sûreté consiste en la
garantie du paiement d’une dette par une personne.

Plusieurs types de sûretés existent, par exemple :


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- Le cautionnement : « c’est un contrat par lequel une personne s'oblige envers le créancier à
satisfaire à l'obligation du débiteur, si celui-ci n'y satisfait pas lui-même (Article 1117 du
Dahir des obligations et des contrats » (Article 1117 du DOC) ;
- Le nantissement : « Le nantissement est un contrat par lequel le débiteur, ou un tiers
agissant dans son intérêt, affecte une chose mobilière ou immobilière ou un droit incorporel
à la garantie d'une obligation, et confère au créancier le droit de se payer sur cette chose, par
préférence à tous autres créanciers, au cas où le débiteur manquerait à le satisfaire. »
(Article 1170 du DOC)
- Le gage (Nantissement portant sur des biens meubles) : ce type de nantissement « confère
au créancier le droit de retenir la chose engagée jusqu'à parfait acquittement de la dette, de
la vendre si l'obligation n'est pas acquittée, et d'être payé sur le prix, en cas de vente, par
privilège et préférence à tout autre créancier ». (Article 1184 du DOC)
- L’hypothèque : c’est « un droit réel immobilier sur les immeubles affectés à l'acquittement
d'une obligation. Elle est de nature indivisible et subsiste en entier sur les immeubles
affectés, sur chacun et sur chaque portion de ces immeubles. Elle les suit dans quelques
mains qu'ils passent. » (Article 157 du Dahir du 2 juin 1915 fixant la législation applicable aux
immeubles immatriculés)

D- Prise de Participation :

La prise de participation est l’acquisition d’une partie du capital social d’une société
commerciale. Dans le domaine du financement de l’entreprise, elle peut être utilisée en tant
que technique juridique pour financer l’entreprise en mettant à sa disposition des fonds qui
passent à former partie de son capital social et, de manière générale, de ses fonds propres.
Dans la majorité des cas, les prises de participations permettent le financement par
capitalisation, où il y a un minimum d’affectio societatis entre l’apporteur des fonds et les
autres associés de la société.

Toutefois, il y a des cas où ces prises de participations servent à la réalisation d’opérations


assimilables au crédit, comme les Leveraged Buy Out (LBO) pratiqués dans le domaine du
capital investissement. De plus, certains des produits présentés par les banques
« islamiques » impliquent –dans d’autres législations que la marocaine- des prises de
participations réalisées dans le cadre et avec des caractères d’une opération de crédit. Les
banques « islamiques » les apportant tentent de maximiser leurs dividendes.

E- Profits :

Le profit est un gain réalisé sur une opération ou dans l’exercice d’une activité. Dans le
domaine du financement, il est de deux types, soit un intérêt, soit un bénéfice.

C’est un intérêt lorsque son obtention, certaine, est prévue au niveau du contrat encadrant
l’opération de financement. Dans ce cas son taux ou sa méthode de calcul sont préétablies.
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C’est un bénéfice lorsque son obtention n’est pas certaine ni établie au niveau du contrat. Il
peut être obtenu ou pas, selon le résultat de l’activité du commerçant ou de la société
commerciale.

F- Crowdfunding :

Le crowfunding est appelé en droit marocain le « financement collaboratif ». Il est défini dans
l’article 1er du projet de loi n° 15-18 de la manière suivante : « Le financement collaboratif par
le public est une opération de collecte de fonds via une plateforme électronique dite
plateforme de financement collaboratif. » Il peut prendre la forme d’une opération
d’investissement, d’une opération de prêt avec ou sans intérêt ou d’une opération de don.
(Art. 2, projet de Loi n° 15-18).

II- Typologie du crédit :

Le crédit prend différentes formes. Il peut aller d’une simple avance sur trésorerie à un crédit
d’investissement garanti par une hypothèque. Il peut aussi prendre différentes formes
contractuelles, d’un contrat de prêt à une combinaison de plusieurs contrats, comprenant le
contrat de société.

A- Catégorisation par cadre contractuel :

C’est la catégorisation la moins exhaustive et pourtant la plus importante dans la pratique. En


effet, c’est en fonction du cadre contractuel que les phases de versement du montant de
crédit, les phases de remboursement et, de manière générale, les obligations des parties sont
déterminées.

1- Contrats issus de la location/prêt :

Les contrats typiques servant à faire du crédit sont des contrats qui sont issus historiquement
du contrat de location et/ou du contrat de prêt. Ils impliquent la mise à disposition de
l’emprunteur d’un montant déterminé de fonds qui lui sont remboursés dans sur une seule
tranche ou de manière échelonnée. En plus des fonds remboursés, le créancier visent à
obtenir un taux d’intérêt.

2- Contrat issus du dépôt :

Le contrat de dépôt est défini par le législateur marocain comme « un contrat par lequel une
personne remet une chose mobilière à une autre personne, qui se charge de garder la chose
déposée et de la restituer dans son individualité. » (Article 781 du DOC). Les banques
présentent des contrats de dépôt, par lesquels, ils gardent des fonds du déposant et lui
remettent des profits, qu’ils soient considérés des intérêts ou autres choses. C’est le cas par
exemple des dépôts à terme rémunérés, présentés par les banques classiques et des dépôts
d’investissement présentés par les banques participatives.
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3- Joint-ventures et participations suivant les mécanismes de droit des sociétés:

Les joint-ventures sont des partenariats de collaboration entre deux entités pour créer une
entreprise qui poursuit un but qu’elles ont en commun. Cette entreprise ne dispose pas de la
personnalité juridique et peut prendre la forme de plusieurs contrats, dont le contrat de
société. Ces joint-ventures, comme les techniques issues du droit des sociétés, peuvent servir
de cadre juridique pour la réalisation d’opérations de financement par crédit. En effet, les
produits financiers comme la moucharaka ou la mourabaha, les financements à travers le
capital-investissement ainsi que certains dépôts d’investissement utilisent ces différentes
techniques pour apporter un financement à l’entreprise en contrepartie de profits plus ou
moins assurés. Le cas le plus illustratif de l’utilisation de ces techniques dans le crédit est
celui des opérations de financement où une banque par exemple prend part dans le capital
d’une société et contribue à l’augmentation de son capital, ce qui lui permet de hausser la
capacité de ladite société à s’endetter. La même banque intervient par la suite pour financer
la société par un contrat de crédit à intérêt. A travers cette opération, la banque utilise l’effet
de levier des capitaux propres qu’elle injecte dans la société pour protéger le reste des fonds
qu’elle présente à la société sous la forme de crédit obligatoirement remboursable et à profits
(intérêts) fixes.

4- Présentation de sûretés :

Lorsqu’elle est faite de manière régulière ou professionnelle, la présentation de sûretés est


considérée comme une opération de crédit.

B- Par durée de remboursement et objectif économique :

Les opérations de crédit peuvent aussi être catégorisées selon la durée du remboursement qui
est souvent rattachée à l’utilisation faite du montant reçu dans l’opération de crédit. Ainsi,
une avance sur trésorerie disposera d’un délai de remboursement moindre qu’un crédit à
l’investissement, indépendamment de la quantité des fonds avancés.

1- Avances pour couvrir des positions de trésorerie :

Les découverts bancaires, certains effets de commerce à très court terme, les titres de
créances circulant dans le marché monétaire et les prêts et emprunts bancaires opérés dans
ce marché, sont toutes des opérations de crédit à très court terme. Elles ont pour objet de
couvrir des besoins de trésorerie, et ce indépendamment de leurs volumes, qui varient selon
d’autres conditions. Ils sont caractérisés par des taux d’intérêt comparativement élevés.

2- Crédits à moyen terme :

Les crédits à moyens terme sont rattachés à des utilisations de couverture des charges
d’exploitation des entreprises et des charges relatives aux dépenses de consommation des
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particuliers. Dans la majorité des cas, ils sont soit rattachés à une sûreté mobilière, soit
dépourvus de toute sorte de sûreté.

3- Crédits à long terme :

Les crédits à long terme sont des crédits qui sont destinés soit à l’investissement soit à
l’acquisition de biens immeubles par des particuliers. Ils sont dans tous les cas rattachés à des
sûretés dont la valeur est importante, notamment des hypothèques.

C- Par catégories d’entités à laquelle le crédit est adressé :

Le crédit peut être adressé aux différentes classes et catégories sociales. De l’Etat qui
empruntent directement auprès des banques ou en émettant des bons de trésors aux
consommateurs qui empruntent pour leurs besoins de consommation, en passant par les
professionnels commerçants ou autres. Dans ces crédits, les montants, la nature des contrats
utilisés et les lois et textes réglementaires appliqués varient selon la classe socioéconomique
des emprunteurs.

Deuxième section : Quelques contrats permettant le financement de l’entreprise


Dans la présente section, certaines opérations de financement bancaire de l’entreprise seront
étudiées dans leur volet juridique. Il s’agit d’un côté des crédits d’exploitation, crédits
d’investissement et des avances sur trésorerie. De l’autre côté, il s’agira des produits bancaires
participatifs.

I- Types particuliers de financement de l’entreprise :


A- Crédit d’investissement :

Présentation générale :
 Les crédits à l’investissement sont les plus volumineux que peut recevoir une entreprise.
Leurs fonctions économiques pour l’entreprise consistent en la réalisation d’un
investissement de départ ou l’investissement visant à réaliser un accroissement
considérable de son activité ; dans ces deux cas, cela se traduit souvent par l’acquisition de
nouveaux équipements et/ou l’extension d’équipes de travail.

Base légale
 Aucune définition légale n’est adoptée en ce qui concerne ces opérations de crédit. Elles
peuvent prendre différentes formes contractuelles permettant d’avancer des fonds
(contrat de crédit classique) ou de faciliter directement l’acquisition des biens nécessitant
le financement (crédit-bail ou Ijara, mourabaha, istisna’a, Salam ou même la moucharaka
et la mourabaha). Loi n° 103-12 portant loi relative aux établissements de crédit et
organismes assimilés.

Caractères
 Ces contrats se caractérisent par des taux d’intérêt bas relativement bas (avec un
minimum de 5%), ainsi que par des sûretés importantes, souvent des hypothèques. Les
durées de remboursement varient entre 3 ans et s’étendent jusqu’à 10 ans ou plus.
 Dans le cadre du programme Mouakawalati, l’Etat marocain intervient pour garantir ces
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crédits lorsqu’ils sont demandés par des PME (Caution par la caisse centrale de garantie),
ainsi que cas pour participer à ces crédits. Dans le premier cas, l’Etat se porte garant du
remboursement par l’entreprise et baisse ainsi le risque que ce crédit présente pour la
banque ; dans le deuxième cas, il contribue au financement et baisse le coût ce crédit pour
la banque. Dans ces deux cas, l’intervention Etatique se répercute par la baisse du taux
d’intérêt exigé par la banque.

B- Crédit d’exploitation :

Présentation générale :
Ce sont des opérations de financement répondant aux besoins d’exploitations courants. De
l’acquisition de matières premières à la réponse à des besoins de trésorerie
exceptionnellement grands, ces crédits couvrent un large éventail de charges liées à
l’exploitation de l’entreprise

Base légale :
Ces contrats prennent souvent la forme de contrats de crédit classiques, de contrats de crédit-
bail ou de contrats de crédit « achat-revente » comme la moudaraba. Là aussi, c’est la loi
bancaire qui influence les règles appliquées. On exclut donc la moucharaka ou la moudaraba.

Caractères :
Taux d’intérêt variant entre 5% et 25%, selon des considérations économiques et les garanties
présentées.
Les sûretés présentées sont des cautions, gage général ou spécial ou d’autres types de sûretés
portant sur des biens meubles.
L’Etat intervient rarement dans ce type de crédits.

C- Avances sur trésorerie

Présentation générale :
Ce sont des opérations de financement visant à financer l’entreprise dans le très court terme.
Cela fait qu’ils soient considérés de simples « avances », « couvertures » ou « facilités »
monétaires, dénotant leur caractère temporaire dans une situation où il est clair que
l’entreprise disposera de fonds très bientôt.

Base légale :
Les éléments économiques décrits ci-dessus dotent ces avances de caractères juridiques
suivants :
L’éventualité de ces avances et leurs particularités (taux d’intérêt exact, terme de
remboursement, montants maximaux) sont souvent prédéterminées dans le cadre de
relations juridiques plus larges, couvrant d’autres interactions que ces avances. C’est le cas des
découverts bancaires consentis à travers les comptes courants et des prêts interbancaires
accordés dans le cadre de relations interbancaires préétablies et réalisées dans dans le
marché monétaire.
Ces contrats prennent souvent la forme de contrats de crédit classiques, de contrats de crédit-
bail ou de contrats de crédit « achat-revente » comme la moudaraba. Là aussi, c’est la loi
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bancaire qui influence les règles appliquées.

Caractères :
Taux d’intérêt variant entre 10% et 13,57%, selon des considérations économiques et les
garanties présentées. La durée de remboursement n’atteint pas un an. De ce fait, le taux
maximum est déterminé en suivant le taux conventionnel maximum annuel fixé par Bank Al-
Maghrib pour l’année 2019-2020 à 13,57%.
Aucune sûreté n’est requise. C’est un crédit basé fondamentalement sur la confiance et
crédibilité de l’emprunteur.
L’Etat n’intervient pas dans ce type d’opérations.

II- Certains produits financiers participatifs :


A- La Moucharaka

Présentation et mécanismes

 La banque et les propriétaires d’une entreprise, participent conjointement au financement de l’un


de ses projets ;
 Les risques sont partagés au prorata des apports réalisés, le partage des profits est fait selon un
prorata prédéterminé qui peut ne pas être calculé en fonction des apports de chacune des parties ;
 Le retrait de la banque de l’entreprise financée peut être fixe ou décroissant.

Base légale

 Article 58 de la loi 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.


 Article 31 et suivants de la Circulaire 1-W-17 du wali de bank al maghrib, relative aux
caractéristiques techniques et modalités de présentation des produits financiers de la mourabaha,
Ijara, moucharaka, moudaraba et Salam.

B- La Moudaraba

Présentation et mécanismes


 La banque se charge du financement de l’entreprise ou d’un projet réalisé par celle-ci. La banque jouant
le rôle de Rab El-Mal (financier) et l’autre partie, celui de Moudarib (Entrepreneur).
 Les bénéfices sont partagés selon un prorata prédéterminé ;
 Un principe comparable à celui des sociétés en commandite. Sauf, que Rab Al-Mal assume l’intégralité
des pertes réalisées tant qu’une faute grave du Moudarib n’est pas prouvée ;

Base légale

 Article 58 de la loi 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.


 Article 42 et suivants de la Circulaire 1-W-17 du wali de bank al maghrib, relative aux
caractéristiques techniques et modalités de présentation des produits financiers de la mourabaha,
Ijara, moucharaka, moudaraba et Salam.
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C- L’Ijara

Présentation et mécanismes

 L’ijara est tout contrat permettant la location par la banque d’un bien, meuble ou immeuble, à son
client. Elle a deux variantes : Ijara tachghilia et Ijara wa iqtinaa
 C’est l’Ijara wa Iqtinaa qui est la plus utilisée.
 Cette dernière, est assimilable au leasing. Sauf que l’ijara wa iqtina est une location assortie d’un
engagement irrévocable d’achat, contrairement à la location avec option d’achat ;
 C’est l’un des produits bancaires participatifs les plus utilisés.

Base légale:

 Article 58 de la loi 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.


 Article 16 et suivants de la Circulaire 1-W-17 du wali de bank al maghrib, relative aux
caractéristiques techniques et modalités de présentation des produits financiers de la mourabaha,
Ijara, moucharaka, moudaraba et Salam.

D- La Mourabaha

Présentation générale

 Tout contrat par lequel la banque acquiert un bien, meuble ou immeuble, en vue de le revendre à
son client à un prix fixe et établi lors de la conclusion dudit contrat .

Base légale:

 Article 58 de la loi 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.


 Article 3 et suivants de la Circulaire 1-W-17 du wali de bank al maghrib, relative aux
caractéristiques techniques et modalités de présentation des produits financiers de la mourabaha,
Ijara, moucharaka, moudaraba et Salam.

Troisième partie : Notions en droit de la concurrence


Une fois l’entreprise se finance par les techniques décrites en deuxième partie, produit
suivant les contrats abordés en première partie, s’organise selon les règles du droit des
sociétés et du droit commercial (dans son volet subjectif), elle passe à commercialiser ces
produits et services selon ces règles du droit commercial (dans son volet objectif). Dans cette
commercialisation, l’entreprise concurrence ses semblables dans le marché. Le droit de la
concurrence organise celle-ci et en détermine les limites. Mais quels sont les objectifs
poursuivis par l’Etat en intervenant juridiquement dans le domaine de la concurrence ?
Pourquoi le fait-il ? comment le fait-il ?

Nous répondrons brièvement à ces deux premières questions dans cette introduction et nous
réserverons les sections de la présente partie à la réponse à la troisième question.
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- Les Objectifs du droit de la concurrence :

Les objectifs du droit de la concurrence peuvent être réduits à quatre objectifs fondamentaux :

 L’accès au marché :

Le droit de la concurrence a comme objectif primordial de maintenir des marchés ouverts à


toute entreprise voulant y accéder. En effet, toute pratique limitant ou visant à limiter l’accès
au marché est interdite. Aussi, certaines règles comme celles interdisant les monopoles ou les
ententes entre acteurs pour la fixation des prix peuvent toutes être conçues comme ayant
pour finalité d’empêcher des situations de domination sectorielle qui aurait pour effet de
limiter l’accès au marché.

 La stimulation de l’innovation :

En garantissant un accès libre au marché, le législateur permet de permettre aux nouveaux


entrepreneurs, plus innovants et dynamiques, de remplacer des entreprises qui sont faibles à
ce niveau. Ce remplacement stimulerait l’économie et l’innovation ; et en ce faisant, il
développe les nations.

 La contrôlabilité des entreprises :

Par ailleurs, en interdisant les monopoles sectoriels et les situations de domination


économique, le droit permet aussi de contrôler la taille et la puissance des entreprises. En
effet, plus celles-ci s’étendent économiquement, plus elles étendent leurs puissance et
influence. Limiter cette puissance et cette influence c’est aussi assurer un équilibre
socioéconomique fondamental à la bonne marche des sociétés démocratiques.

 La protection du consommateur :

Les trois éléments ci-dessus sont censés être dans l’intérêt du consommateur. La limitation
de la taille des entreprises et la stimulation de l’innovation permettent la prévention des
monopoles qui auraient pour conséquence de baisser les prix. Tandis que la stimulation de
l’innovation permet au consommateur d’avoir accès à des produits de plus en plus meilleurs.
De cette manière, le droit de la concurrence dispose aussi d’une dimension de protection du
consommateur.

Dans sa poursuite de ces différents objectifs économiques, le droit de la concurrence est


constitué fondamentalement de règles interdisant certains comportements des acteurs
économiques. Ces n’est pas une branche qui -comme le droit commercial, le droit du travail
ou le droit des sociétés- organisent des pratiques et des institutions. Le droit de la
concurrence établit des comportements répressibles, en prévoit les sanctions ; il crée par
ailleurs une institution publique ayant pour objet de superviser l’application de ces règles. Au
vu de cela, la première section sera réservée à la présentation des concepts fondamentaux du
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droit de la concurrence ; tandis que la deuxième section se centrera sur les infractions qu’il
prévoit et sur les voies de leur application.

Première section : Notions et champ d’application


Le droit de la concurrence s’applique à la concurrence qui peut être définie comme la
compétition à laquelle se livrent plusieurs entreprises ou commerçants distincts et rivaux, par
une offre de produits ou de services d’un même domaine, dans le but de gagner les faveurs
d’une clientèle. Ce droit est abordé par la constitution en tant que responsabilité de l’Etat qui
le garantit au même titre qu’il garantit la liberté d’entreprendre (Article 35 de la
constitution). La loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence a été adoptée
afin de traduire cette disposition de la constitution en un texte légal permettant sa mise en
œuvre. Cette loi « s’applique à :
 toutes les personnes physiques et morales qu’elles aient ou non leur siège ou des
établissements au Maroc, dès lors que leurs opérations ou comportements ont pour
objet ou peuvent avoir un effet sur la concurrence sur le marché marocain ou une
partie substantielle de celui-ci ;
 à toutes les activités de production, de distribution et de services, y compris celles
qui sont le fait de personnes morales de droit public lorsqu’elles agissent comme
opérateurs économiques et non dans l’exercice de prérogatives de puissance
publique ou de missions de service public ;
 aux accords à l'exportation dans la mesure où leur application a une incidence sur
la concurrence sur le marché intérieur marocain ». (Article 1er de la loi n° 104-12)
I- Domaine de la loi :
A- Personnes :
La loi s’applique aux personnes physiques et morales, ayant leur siège au Maroc ou ailleurs,
de droit public ou de droit privé, dès lors que leur action en tant qu’opérateur économique a
pour objet ou peut avoir un effet sur la concurrence dans le marché marocain. C’est-à-dire
que tout opérateur économique, indépendamment de son statut juridique est concerné par
cette loi dès lors que son action a pour objet d’affecter la concurrence ou peut avoir pour
effet de le faire.
Un opérateur économique c’est quelqu’un qui agit dans l’économie, non pas pour acheter
comme un consommateur ou pour gouverner comme un Etat, mais pour intervenir dans le
processus de la production et la circulation des richesses. De plus, il n’est pas nécessaire que
l’opérateur économique ait son siège au Maroc. Une entreprise chinoise peut parfaitement
affecter la concurrence au Maroc, en ayant son siège en Chine. Par ailleurs, normalement les
opérateurs économiques sont souvent des personnes de droit privé (commerçants,
agriculteurs, autoentrepreneurs, etc.), mais il se peut qu’ils soient des personnes de droit
public comme certains établissements publics qui interviennent dans ledit processus.
Cela ne doit pas être compris comme une limitation du pouvoir de l’Etat d’intervenir dans la
concurrence au marché marocain. La loi reconnait à l’administration la capacité de mener des
actions limitant la concurrence dans certains secteurs et dans certaines zones géographiques.
Elle peut en plus fixer les prix ou homologuer des prix consentis avec les opérateurs
économiques d’un secteur déterminé.
Au vu de ces différents éléments, il est clair que ce qui importe aux yeux du législateur c’est
l’activité des opérateurs économiques qui a pour objet ou peut avoir pour effet d’affecter la
concurrence.
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B- Activités :
A ce niveau, le législateur inclut les opérations et comportements concernant toutes les
activités de production, de distribution et de services. Il s’étend même aux accords
d’exportation lorsque leur application produit un effet sur la concurrence dans le marché
intérieur marocain.
De ce fait, le législateur couvre un large éventail de faits qui peuvent affecter la concurrence.
Il ne s’agit pas seulement des actes de production, de distribution et de services effectivement
menés au Maroc, mais aussi des comportements qui peuvent affecter la concurrence ou ont
pour objet de le faire et des accords d’exportation qui produisent un effet sur celle-ci.
Le législateur étend considérablement le domaine d’application de la loi, en n’ayant pour
objet principal que d’encadrer juridiquement et de contrôler la concurrence dans le marché
marocain. Dans ce cadre, il trouve plusieurs domaines d’intervention qui varient selon les
opérations et comportements qui a pour objet d’encadrer et de contrôler.

II- Application de la loi :


L’application de la loi n° 104-12 est assurée par deux niveaux de contrôle, d’un côté le conseil
de la concurrence qui est une instance administrative et de l’autre, le pouvoir judiciaire qui
applique la loi et les sanctions qu’elle prévoit.
A- Le conseil de la concurrence :
Le conseil de la concurrence a été prévu par la constitution de 2011 dans son article 166 qui
dispose : « Le Conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de
l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations
économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le
contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de
concentration économique et de monopole. »
Cette disposition fait du conseil de la concurrence l’entité officielle chargée de la régulation
de concurrence. Elle l’établit en tant qu’institution indépendante et non pas juste autonome.
Cela écarte de ce domaine toute action ou influence du gouvernement. La loi n° 20-13 relative
au conseil de la concurrence vient organiser le fonctionnement et compétences de ce conseil.
Il est doté d’un pouvoir décisionnel et consultatif. Il peut intervenir sur requête des
entreprises, de l’administration ou se saisir d’office concernant toute question relative à la
concurrence. La compétence de ce conseil n’est limitée que lorsqu’il intervient dans d’autres
secteurs régulés (comme le secteur bancaire qui est régulé par Bank Al-Maghrib).

B- La justice :
Au-delà du conseil de la concurrence, les entreprises affectées par l’une des infractions
prévues par la loi relative à la concurrence peuvent aussi déposer leur plainte devant la
juridiction pénale compétente afin d’imposer l’application des sanctions pénales
conséquentes. Lorsqu’elles se sentent endommagées par un comportement anticoncurrentiel,
ces entreprises peuvent aussi saisir le tribunal compétent (commercial ou de première
instance) pour réclamer les droits qui leurs sont dus.
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Deuxième section : les entraves à la concurrence

Le législateur catégorise les entraves à la concurrence selon leurs degrés de gravité variables.
En premier ordre il y a les pratiques anticoncurrentielles ; en deuxième ordre les pratiques
restrictives de la concurrence et en troisième ordre les concentrations. En réaction à ces
entraves à la concurrence, la loi adopte des réactions allant des interdictions et sanctions
pénales à l’encadrement et l’imposition de certaines conditions.

I- Pratiques anticoncurrentielles :

Les pratiques anticoncurrentielles peuvent être classées en deux catégories : les exploitations
abusives et les ententes anticoncurrentielles.

A- Exploitations abusives :

Les exploitations abusives concernent une position dominante ou une dépendance


économique qui sont abusivement exploitées. Mais il ne suffit pas que ces exploitations
abusives existent pour rentrer dans le domaine du droit de la concurrence, il faut qu’elles
aient pour objet ou puissent avoir pour effet d’empêcher, restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence.

1- L’abus de position dominante :

Cet abus de position dominante doit réunir trois éléments pour qu’il soit considéré un acte
interdit et répressible :

a- La domination de produits substituables dans un marché pertinent, soit :


- L’existence réelle d’une position dominante d’une entreprise ou d’un groupe
d’entreprises sur le marché. La position dominante est évaluée au sein d’un « marché
pertinent ». Il s’agit d’un un seul espace –géographique, social ou virtuel- où les
acteurs économiques et/ou des consommateurs se réunissent pour vendre et acheter
des produits et/ou services ;
- Dans le marché pertinent, la position dominante est évaluée en ce qui concerne une
catégorie de produits ou services qui sont considérés comme substituables. Exemple :
marché de smartphones au marché marocain.
b- L’exploitation abusive de la position dominante :
L’abus de la position dominante existe lorsque l’entreprise dominante :
- refuse de vendre ;
- impose des ventes liées, dans lesquelles une vente est conditionnée par une autre avec
un prix général à tout le lot de produit ;
- impose des conditions de ventes discriminatoires, où le vendeur n’adopte pas
seulement des raisons économiques pour sa vente, mais aussi d’autres raisons qui
peuvent avoir pour effet d’écarter arbitrairement des acheteurs.
c- Objet de restreindre ou effet restreignant la concurrence :
Les deux éléments précédents ne suffisent pas, il faut qu’ils aient en plus un effet restrictif sur
la concurrence dans le marché. Il faut que cet objectif de restreindre la concurrence ou la
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restriction effective de celle-ci soit démontrables et qu’un lien de causalité entre les deux
éléments précédents et cette restriction de la concurrence soit prouvé.

La commission de cette infraction est sanctionnée par une peine d’emprisonnement de deux
(2) mois à un (1) an et d'une amende de dix mille (10.000) à cinq cent mille (500.000) dirhams
ou de l’une de ces deux peines (Art. 75, Loi n° 104-12) ainsi que par la nullité de plein droit
(Article 10, loi n° 104-12).

2- Abus de dépendance économique :


La dépendance économique existe dès lors que la situation économique d’une partie dépend
fondamentalement de celle de l’autre.
L’abus de cette dépendance de même que ses sanctions, sont déterminées selon la même
manière et dans les mêmes articles que ceux réservés à l’abus de la position dominante.

B- Les ententes :

Ce sont des pratiques interdites et sanctionnées en raison de leur effet ou de leur utilisation
dans le but de restreindre, empêcher ou fausser la concurrence. Cet effet sur la concurrence
doit être clairement relevé et ne peut être présumé
Les ententes peuvent prendre la forme d’accords, décisions de coopération entre entreprises,
pratiques concertées, ou de toute autre forme de rencontre de volontés visant ou ayant pour
effet de fausser la concurrence.

C- Les pratiques de prix abusivement bas :


Afin de limiter l’accès au marché et d’en détenir des parts de plus en plus grandes, certaines
entreprises recourent à la présentation de leurs produits selon des prix excessivement bas.
Ces prix sont abusivement bas, lorsqu’ils sont en dessous du coût de revient.

II- Les pratiques restrictives de la concurrence :


A- L’atteinte à la transparence :
Dans la loi 104-12, il est veillé à la préservation de la transparence dans les interactions
économiques à travers :
- L’obligation d’émission de factures (une pour le vendeur, l’autre pour l’acheteur) pour
chaque transaction économique;
- Interdiction de :
 l’imposition de prix minimaux de revente ;
 pratiques discriminatoires ;
 refus de satisfaire les demandes légitimes et de bonne foi des acheteurs ;
 l’imposition de ventes liées ;
- l’obligation de communication par le vendeur des barèmes de prix.

B- Le stockage clandestin :
Le stockage clandestin existe dès lors que :
- 1- des stocks de produits sont détenus et dissimulés à des fins spéculatives par des
commerçants, industriels ou agriculteurs;
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- 2- des stocks de marchandises ou produits quelconques sont détenus par des


personnes non inscrites au registre du commerce ou n’ayant pas la qualité d’artisan, ou
qui ne peuvent justifier de la qualité de producteur agricole;
- 3- des stocks de marchandises ou de produits étrangers sont détenus pour être
revendus par des commerçants ou artisans dans le cadre de l’objet de leur activité;
- 4- les stocks de produits ou de marchandises détenus par des producteurs agricoles
alors que ceux-ci sont étrangers à leur exploitation.

Cette infraction est sanctionnée par une amende de 100 000 à 500 000 dhs et un
emprisonnement de deux mois à deux ans.

III- Les concentrations :


Les concentrations sont toute fusion entre deux plusieurs entreprises, toute prise de contrôle
d’une partie d’une entreprise par une autre ou toute prise de contrôle de la totalité d’une
entreprise. Ces concentrations ne sont pas appréciées juste en tant qu’opérations de
concentration, puisque même la création d’une entreprise par une autre est considérée une
concentration.
Dès lors qu’une concentration est soupçonnée, certains effets juridiques sont produits :
- La notification au conseil de la concurrence de l’opération de la concentration avant sa
réalisation, en ce qui concerne :
 les entreprises qui ont un chiffre d’affaires mondial hors taxe de l’ensemble des
entreprises, ou groupes de personnes physiques ou morales, concernées par la
concentration, est égal ou supérieur à 750 millions de dirhams;
 les entreprises dont le le chiffre d’affaires total hors taxes, réalisé au Maroc, par deux
au moins des entreprises ou groupes de personnes physiques ou morales, concernées
par la concentration, est égal ou supérieur à 250 millions de dirhams ;
 les entreprises qui sont parties à l’acte, ou qui en sont l’objet, ou qui lui sont
économiquement liées ont réalisé ensemble, durant l’année civile précédente, plus de
40 des ventes, achats ou autres transactions sur un marché national de biens, produits
ou services de même nature ou substituables, ou sur une partie substantielle de celui-
ci.
- L’Etat peut contrôler le degré d’influence d’une entreprise sur l’autre à travers la
vérification des droits, contrats, ou autres moyens qui confèrent la possibilité d’exercer
une influence déterminante sur l’activité d’une entreprise; notamment les droits de
propriété ou de jouissance sur tout ou partie des biens d’une entreprise, ainsi que les
droits ou contrats qui confèrent une influence déterminante sur la composition, les
délibérations ou les décisions des organes d’une entreprise ;
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Le Statut d’auto-entrepreneur

Au-delà des formes juridiques classiques que peut prendre l’entreprise commerciale, celle-ci
peut prendre des formes juridiques alternatives que le législateur a tenté de promouvoir
dernièrement à travers la loi 114-13 relative au statut de l’autoentrepreneur

A- Statut d’autoentrepreneur :
1- Définition :

On entend par l’autoentrepreneur toute personne physique exerçant à titre individuel une
activité industrielle, commerciale ou artisanale ou un prestataire de services. Pour qu’elle soit
qualifiée d’autoentrepreneur, cette personne ne peut dépasser le chiffre d’affaires annuel de :

 500.000 dhs pour les activités industrielles, commerciales ou artisanales ;


 200.000 dhs pour la prestation de services.
2- Obligations :

L’autoentrepreneur doit respecter les obligations suivantes :

 Demande d’inscription au registre national de l’autoentreprise accompagnée d’une


déclaration d’existence auprès de la société gestionnaire de ce registre, Barid Al-
Maghrib SA (BAM) ;
 Dépôt mensuel ou trimestriel des déclarations du chiffre d’affaires encaissé auprès
de BAM et versement la cotisation sociale au titre du régime de couverture sociale
et médicale ;
 Exercice des activités conformément aux mesures de protection du consommateur
et aux règles d’hygiène et de sécurité publique.

3- Avantages :

Ce statut présente des avantages certains aux personnes l’ayant acquis. Il s’agit de :

 Un régime fiscal spécifique ;


 Un régime de couverture sociale et médicale spécifique ;
 Pas d’obligation de tenir une comptabilité conformément à la loi n° 9-88 ou
d’inscription au registre de commerce ;
 L’exercice de l’activité dans un local professionnel ou dans un local exploité en
commun par d’autres professionnels, ou même dans sa propre résidence ;
 Dans ce dernier, on ne peut saisir la résidence pour apurement du passif lorsque
celle-ci est la principale résidence de l’autoentrepreneur.

4- Radiation :

La radiation se produit dans différents cas :


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 À la demande de l’autoentrepreneur ;
 En cas de non déclaration du chiffre d’affaires ou déclaration d’un chiffre d’affaires
nul pendant une année ;
 Décision judiciaire de radiation du registre national suite au non-respect des lois
ou règlements ;
 Non versement de l’impôt ou de la cotisation sociale ou médicale pendant une
année ;
 Encaissement d’un chiffre d’affaires supérieur aux seuils précités pendant deux ans
consécutifs.

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