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Chapitre 4

Classification et description,
diagnostic positif, diagnostic
différentiel des crises épileptiques
Introduction En 2000 [2], l’ILAE a proposé une nou-
velle classification simplifiée des crises d’épilepsie
Une épilepsie comporte, par définition, des crises (tableau 4.2).
d’épilepsie qui peuvent être généralisées (vaste Cette évolution a porté sur trois points prin-
réseau cortical ou cortico-sous-cortical impliqué cipaux :
d’emblée) ou focales (point de départ local dans • la classification des crises généralisées a peu
une région cérébrale avec une éventuelle extension changé :
secondaire à d’autres régions cérébrales). L’ensem- – la description des absences est simplifiée,
ble des manifestations cliniques des crises focales, – des formes frontières de myoclonies sont
en particulier les premiers signes (subjectifs ou individualisées ;
objectifs) mais aussi l’enchaînement dans le temps • la classification des crises partielles (désormais
des autres symptômes, contribue à localiser les focales) est celle qui a le plus évolué :
régions cérébrales impliquées dans la genèse des – simplification de la terminologie,
crises (définition de la zone épileptogène) ou – simplification de la description ;
dans leur propagation (zone symptomatogène). Le • les spasmes épileptiques sont reconnus comme
recueil de cette sémiologie au cours de l’interroga- une entité dont l’origine focale ou généralisée
toire et au lit du patient en cours d’enregistrement est indéterminée ;
électro-encéphalographiques (EEG)-vidéo est donc Cette classification a de nouveau évolué en
important pour le diagnostic topographique. 2017 [3,  4] avec plusieurs nouveaux points pris
en considération par rapport aux précédentes clas-
sifications (fig. 4.1) :
Classification des crises • certains types de crises, par exemple les crises
d’épilepsie toniques ou les spasmes épileptiques, peuvent
avoir un début focal ou généralisé ;
En 1981, la Ligue internationale contre l’épilepsie • les descriptions rétrospectives des crises ne spé-
(ILAE) [1] proposait, dans la continuité des travaux cifient souvent pas un niveau de conscience, et
de l’école de Gastaut, une classification des crises une altération de la conscience, bien que cen-
d’épilepsie distinguant les crises généralisées des trale dans de nombreuses crises, est un concept
crises partielles sur des critères cliniques et électro- parfois compliqué ;
encéphalographiques (tableau  4.1). Rapidement, • certains termes couramment utilisés n’ont pas un
cette classification a été unanimement adoptée du niveau élevé d’acceptation par la communauté
fait de ses retombées thérapeutiques pratiques  : ou le public, tels que « psychique », « partiel »,
choix des médicaments antiépileptiques condi- « partiel simple », « partiel complexe » et « dys-
tionné par le type (généralisé ou partiel) de crises. cognitif ».

Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte


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24 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

Tableau 4.1. Classification internationale des crises épileptiques (1981) (sans EEG), d’après [1].
I Crises généralisées II Crises partielles III Crises non classifiées
A1 Absences typiques A. Partielles simples Crises néonatales
a. Rupture isolée du contact I. Avec signes moteurs
b. Avec composante clonique mineure a. Motrices focales sans marche
c. Avec composante atonique b. Motrices focales avec marche (Jacksonienne)
d. Avec composante tonique c. Versives
e. Avec automatismes d. Posturales
f. Avec composante autonomique e. Phonatoires (vocalisation ou arrêt de parole)
A2 Absences atypiques II. Avec signes somatosensitifs ou sensoriels
a. Avec composantes plus marquées que dans A1 a. Somasensitifs
b. Avec début et/ou fin non brutaux b. Visuels
B. Crises myocloniques (unique ou multiple) c. Auditifs
C. Crises cloniques d. Olfactifs
D. Crises toniques e. Gustatifs
E. Crises tonicocloniques f. Vertigineux
F. Crises atoniques (astatiques) III. Avec signes végétatifs (comprenant les sensations
épigastriques, la pâleur, la transpiration, les bouffées
de chaleur, la piloérection et la dilatation pupillaire)
IV. Avec signes psychiques
a. Dysphasiques
b. Dysmnésiques (déjà-vu)
c. Cognitifs (dreamy state, distorsion du temps)
d. Affectifs (peur, angoisse, etc.)
e. Illusions
f. Hallucinations
B. Partielles complexes
I. Avec début partiel simple puis rupture de contact
a. Avec composants partiels simples (AI-A4) précédant
la rupture de contact
b. Avec automatismes
II. Avec d’emblée rupture de contact
a. Avec rupture de contact isolée
b. Avec automatismes
C. Partielles avec généralisation secondaire (tonico-
clonique, tonique ou clonique)
I. Crise partielle simple se généralisant
II. Crise partielle complexe se généralisant
III. Crise partielle simple évoluant vers une crise partielle
complexe se généralisant
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 25

Tableau 4.2. Classification internationale des crises épileptiques (2010), d’après [2].
Crises généralisées Crises focales Crises indéterminées
Crises tonicocloniques (quelle que soit la combinaison) Sans altération de la conscience Spasmes épileptiques
Absences avec composantes motrices ou dysautonomiques
Typiques avec composante psychique ou sensitive seulement
Atypiques Avec altération de la conscience
Avec des caractéristiques spéciales Évoluant vers une crise convulsive bilatérale
(tonique, clonique ou tonicoclonique)
Absences myocloniques
Absences avec révulsion oculaire
Crises myocloniques
Myocloniques
Myocloniques-atoniques
Myocloniques-toniques
Crises cloniques
Crises toniques
Crises atoniques

Figure 4.1. Classification internationale des crises épileptiques (2017), d’après [3].
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On peut ainsi avec cette nouvelle classification, automatismes gestuels simples (absences avec
plus descriptive, distinguer des crises toniques éléments automatiques), note végétative avec
focales avec ou sans altération de la conscience, ou tachypnée, tachycardie, mydriase, etc. (absences
des crises toniques généralisées. Néanmoins, cette avec éléments végétatifs). Si aucun de ces éléments
nouvelle classification reste controversée et n’est sémiologiques, souvent discrets, n’est retrouvé à
pas encore à l’heure actuelle adoptée par tous. l’examen clinique, on parlera d’absences simples.
Il faut savoir que différents types de manifes-
Description des crises tations peuvent se rencontrer au cours d’une
d’épilepsie absence (révulsion oculaire + tachypnée, automa-
tismes + myoclonies, etc.) et qu’un même enfant
peut présenter plusieurs types d’absences.
Crises généralisées Les absences atypiques se définissent quant à
Absences elles par un caractère moins franc de l’altération
de la conscience avec début et fin le plus souvent
On distingue les absences typiques des absences plus progressifs.
atypiques. Les absences typiques se caractéri-
Crises généralisées tonicocloniques
sent cliniquement par une brève altération de
conscience à début et fin brusques se traduisant La crise généralisée tonicoclonique est le prototype
par un arrêt d’activité avec, comme corollaire de la crise épileptique la plus connue. Clinique­
EEG, une décharge généralisée bilatérale et syn- ment, lorsqu’elle est généralisée d’emblée, elle
chrone de pointes-ondes à 3  Hz (fig.  4.2). Une survient sans prodromes avec d’emblée une perte
observation clinique attentive permet parfois de connaissance avec chute souvent contempo-
de déceler des manifestations sémiologiques raine d’un cri. Elle va ensuite se dérouler en trois
associées à l’arrêt d’activité  : myoclonies ryth- phases : une première phase tonique avec contrac-
miques palpébrales ou buccales (absences avec ture de toute la musculature en flexion puis exten-
éléments cloniques), chute du tonus postural de sion, une deuxième phase clonique se manifestant
la tête et/ou du tronc (absences avec éléments par des secousses cloniques bilatérales, symé-
atoniques), révulsion des globes oculaires et/ou triques ou non se ralentissant progressivement
extension de la tête (absences avec éléments pour disparaître et faire place à la troisième
toniques ou absences avec révulsion oculaire), phase, dite phase résolutive, marquée par une

Figure 4.2. Absence : décharge de pointes-ondes à 3 Hz.


C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 27

altération marquée de la conscience et une res- L’EEG montre, après quelques secondes d’apla-
piration difficile dite stertoreuse. Au décours de tissement, des rythmes très rapides (à plus de
la crise, le patient est souvent très longtemps 20  c/s) diffus plus ou moins voltés d’amplitude
confus, volontiers céphalalgique. Plus à distance, croissante puis des poly-pointes ou poly-pointes
on recherchera l’existence de courbatures, d’une ondes se ralentissant progressivement, le tout mas-
fatigue très importante ou d’une morsure du bord qué au moins en partie par des artefacts muscu-
latéral de la langue qui peuvent, rétrospective- laires (fig. 4.3). Quelques bouffées de poly-pointes
ment, éclairer sur la nature épileptique de la crise. généralisées peuvent précéder l’aplatissement.

Figure 4.3. Crise généralisée tonicoclonique.


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Figure 4.3. (Suite)

Myoclonies Les crises toniques et atoniques généralisées


Les myoclonies se définissent comme des secousses se rencontrent dans les épilepsies généralisées de
musculaires liées à une contraction simultanée des l’enfant de mauvais pronostic (encéphalopathies
muscles agonistes et antagonistes sans altération épileptiques) et sont souvent du fait des modifi-
de la conscience, secousses qui, dans le cas des cations de tonus responsables de chutes lorsque le
myoclonies généralisées, sont bilatérales, syn- patient est debout, on parle alors de drop-attacks.
chrones et symétriques. L’EEG montre des décharges de pointes-ondes
L’EEG montre des poly-pointes ondes bila- lentes irrégulières ou des décharges rapides peu
térales synchrones des secousses, plus ou moins amples recrutantes (fig. 4.6).
symétriques (fig. 4.4). Crises cloniques
Crises toniques Les crises cloniques sont l’apanage du petit enfant
Les crises toniques sont caractérisées par une et correspondent souvent aux convulsions fébriles.
contraction musculaire soutenue, associées à une Elles se manifestent par des secousses bilatérales,
altération de la conscience et à des troubles végé- volontiers asymétriques, se ralentissant progres-
tatifs. Elles peuvent toucher l’axe, s’étendant aux sivement.
ceintures voire à l’ensemble du corps. On distingue L’EEG montre des décharges généralisées de
habituellement les crises toniques axiales (touchant pointes-ondes et de poly-pointes-ondes.
les muscles du cou et de la tête et se manifestant par
une chute brutale de la tête et du cou), les crises Crises focales
toniques rhizoméliques touchant les ceintures et
les crises toniques globales touchant les membres. Crises focales sans ou avec
L’EEG montre une décharge recrutante de altération de la conscience
poly-pointes généralisées (fig. 4.5). Les crises focales sans ou avec altération de la
conscience peuvent revêtir différentes présenta-
Crises atoniques
tions cliniques : motrices, sensitives, sensitivomo-
Le tonus postural est brutalement aboli, entraînant trices, sensorielles, autonomiques cognitives, etc.
un affaissement du corps plus ou moins limité. [5]. Les symptômes peuvent être uniquement
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subjectifs (sensitifs, sensoriels, autonomiques, tre en relation un symptôme et une localisation


cognitifs) et seulement décelables à l’anamnèse cérébrale présumée. Ce raisonnement topogra-
ou objectifs (moteurs, sensori-moteurs) et  alors phique dynamique possède cependant certaines
repérables par l’entourage. limites :
• certaines régions cérébrales sont cliniquement
Les crises focales avec altération de conscience
silencieuses  ; leur implication ne génère aucune
peuvent survenir d’emblée ou faire suite à une symptomatologie et leur mise en jeu, initiale ou
crise focale sans altération de conscience qui sera non, ne peut donc être décelée par l’interrogatoire
alors qualifiée d’aura épileptique. Dans ce dernier ou même l’observation clinique ;
cas, les symptômes repérés lors de la crise focale • certains symptômes sont non spécifiques d’une
avec altération de conscience seront l’expression région cérébrale donnée.
de la propagation de la décharge électrique dans
le cerveau.
●● À noter
La distinction entre crises focales avec ou sans
●● Pour comprendre altération de la conscience est parfois difficile à
L’expression clinique de la crise est fonction de juger, l’état de conscience ne pouvant s’apprécier
la localisation cérébrale initiale de la décharge que par une interaction avec le sujet au cours de
puis de son éventuelle propagation [5-7]. On peut sa crise ou l’éventuel souvenir qu’a le patient du
donc, dans un raisonnement topographique, met- début de sa crise.

Figure 4.4. Crise myoclonique.

Figure 4.5. Crise tonique en sommeil lent


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Figure 4.6. Crise atonique

Crises focales motrices soit s’étendant de proche en proche (crises


On distingue dans ce cadre : bravais-jacksoniennes), le plus souvent sans
• les crises avec automatismes (s’accompagnent le altération de la conscience,
plus souvent d’une altération de la conscience) : – oculaires ou nystagmus épileptique ;
– les automatismes oro-alimentaires : mâchon- • les spasmes épileptiques  : proches dans leur
nement, déglutition, salivation, pourléchage, expression clinique des spasmes généralisés,
mastication, etc., parfois plus asymétriques ;
– les automatismes gestuels simples  : frotte- • les crises hyperkinétiques avec automatismes
ment de mains, moulinets, manipulation gestuels complexes :
d’objets, etc., – poursuite de l’activité en cours, habillage,
– les automatismes verbaux : exclamations, sté- déshabillage, déambulation, etc. ;
réotypies verbales, chantonnement, etc. ; – activité violente de pédalage, gesticulation, etc. ;
• les crises myocloniques avec myoclonies focales
d’un segment de membre ou orofaciales ;
●● À noter • les crises toniques focales  : prise de posture
Certains automatismes, notamment les mâchon- anormale d’un hémicorps ou d’un segment de
nements, peuvent ne pas s’accompagner d’une membre.
altération de conscience ou encore perdurer en
période postcritique.
●● À noter
• les crises atoniques  : affaissement asymétrique Certaines crises avec composante motrice, comme
les crises versives se manifestant par une dévia-
du tonus postural, pouvant conduire à un dés-
tion conjuguée des yeux et/ou de la tête et/ou du
équilibre voire une chute ; tronc ou les dystonies (prise de posture dystonique
• les crises cloniques : d’un segment de membre) sont difficiles à classer
– somatomotrices  : contraction tonique suivie dans la classification des crises de 2017.
de clonies et/ou clonies d’emblée, affectant La dystonie semble liée à une propagation de la
soit d’emblée tout un segment hémicorporel, décharge aux noyaux gris controlatéraux [10].
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 31

Crises focales non motrices • les crises avec arrêt comportemental (pseudo-
Elles regroupent (fig. 4.7) : absences)  : parfois difficiles à distinguer d’une
• les crises autonomiques, le plus souvent sans absence réelle ;
altération de la conscience, elles se manifestent • les crises cognitives dont on rencontre, dans ce
par des symptômes : cadre, différentes manifestations :
– digestifs  : nausées, vomissements, sensation – crises avec phénomènes cognitifs positifs : le
abdominale ascendante, plus souvent sans altération de la conscience
– affectant d’autres composantes des systèmes – dysmnésiques (déjà vu, déjà vécu, déjà
autonomes  : tachycardie, palpitations, dif- entendu) : impression d’être replongé dans le
ficultés respiratoires, salivation, déglutition, passé, de revivre une scène réellement vécue
sueurs, horripilation, pâleur, rougeur, etc. ; (ce phénomène normal est ici pathologique
car répété et associé à d’autres symptômes) ;
●● Pour comprendre du même ordre : les impressions de familia-
Les crises autonomiques (végétatives) ne sont pas rité ou de non-familiarité pouvant aboutir
très localisatrices et peuvent se voir dans les crises à une diplopie mentale (un conflit entre le
temporales médiales, insulaires ou orbito-frontales. perçu et le raisonnement logique du sujet),

Figure 4.7. Topographie présumée des symptômes des crises focales sans altération de la conscience.
Dessin : Cyrille Martinet
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– état de rêve (dreamy state)  : productions voire homolatérales au foyer) [9] alors que les
oniriques (images d’enfance, images d’un crises somatosensitives de localisation laryngée/
passé très récent ou images complètement pharyngée évoquent plus une décharge operculaire.
imaginaires) sous forme d’un défilement de
– crises focales sensitivomotrices  : se manifestant
scènes devant les yeux, le contenu peut en
par la succession dans le temps de signes moteurs
être oublié,
et sensitifs élémentaires affectant d’emblée ou
– héautoscopie (dédoublement de soi, sortie
non tout un segment hémicorporel,
de corps)/métamorphopsie,
– crises focales sensorielles : se manifestant par
– idée(s) forcée(s) ;
des illusions (déformation de la réalité) ou des
– crises avec phénomènes cognitifs défici-
hallucinations (perception de ce qui n’existe
taires, le plus souvent sans altération de la
pas en réalité) dans diverses modalités, le plus
conscience :
souvent sans altération de la conscience :
– crises phonatoires  : aphasiques (manque
– visuelles  : illusions (macropsie, micropsie,
du mot ou jargonophasie), anarthriques,
diplopie, etc.) ; hallucinations élémentaires
aphémiques, pallilaliques,
(points lumineux, étoiles, plus ou moins
– crises avec apraxie, héminégligence, etc. ;
colorés ou en mouvement, scotome scintil-
• les crises émotionnelles, le plus souvent sans
lant, etc.) latéralisées dans un hémichamp ;
altération de la conscience :
hallucinatoires complexes (scènes, person-
– troubles instinctivo-affectifs : peur, angoisse,
nages, etc.),
anxiété, terreur, plaisir, joie,
– crises gélastiques  : crises de fou rire sans
●● Pour comprendre
contenu émotionnel subjectif, Des hallucinations visuelles élémentaires sont très
– crises dacryocystiques  : crises de pleurs sans évocatrices d’un début de crise dans le cortex occi-
contenu émotionnel subjectif ; pital primaire, plus l’hallucination visuelle s’enrichit
et se complexifie (devenant parfois pluri-modali-
●● Pour comprendre taire) plus elle évoque une origine temporale.
Les crises gélastiques doivent faire évoquer de
principe un hamartome hypothalamique mais – auditives  : illusions ou hallucinations élé-
peuvent se voir dans des crises temporales ou mentaires (bruits, bourdonnements, brou-
frontales. haha, etc.),
– olfactives : hallucinations olfactives simples
• les crises sensorielles : (odeurs agréables ou désagréables),
– crises focales sensitives, le plus souvent sans – gustatives  : hallucinations gustatives sim-
altération de la conscience : ples (goûts agréables ou désagréables),
– crises somatosensitives (paresthésies ou sen- – vertigineuses : vertige véritable ou pseudo-
sation de décharge électrique ou douleur) vertige
s’étendant de proche en proche (crises à
marche Bravais-jacksonienne) et touchant ●● Pour comprendre
en tout ou partie un hémicorps, Les symptômes des crises focales avec altération
– crises somatosensitives affectant d’emblée de la conscience ont une moindre valeur localisa-
tout un segment hémicorporel, trice, notamment les automatismes gestuels. Le
– crises somatosensitives de localisation laryn- mâchonnement, ceci dit, est très évocateur d’une
gée/pharyngée ; implication temporale médiale (amygdalienne) et
l’hypersalivation d’une implication operculaire.

●● Pour comprendre Expression EEG des crises focales


Les crises somatosensitives avec marche Bravais-
Jacksonienne affectant d’emblée tout ou partie d’un Pour les crises focales, l’EEG fournit deux types
hémicorps évoquent une décharge postcentrale d’informations : les modifications critiques, inhé-
controlatérale ; celles sans marche Bravais-Jackso- rentes à la crise, et les perturbations postcritiques
nienne peuvent être insulaires (volontiers bilatérales [11-14].
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 33

Le début de la crise peut se caractériser : La valeur localisatrice des anomalies EEG cri-
• soit par la survenue d’une activité rythmique tiques est estimée à 72  % et semble meilleure
d’oscillations sinusoïdales ou de potentiels épi- dans les épilepsies temporales médiales, frontales
leptiformes sous forme de pointes rapides ou néocorticales ou pariétales que dans les épilepsies
lentes, de pointes-ondes, de poly-pointes-ondes temporales néocorticales [15].
ou de potentiels thêta pointus. La fréquence
initiale de la décharge rythmique est relative-
ment lente, aux alentours de 4-7 cycles/sec et Diagnostic positif
rarement au-dessus de 13 cycles/sec atteignant des crises d’épilepsie
parfois 20 cycles/sec ;
• soit par une atténuation de l’amplitude plus ou Démarche électroclinique :
moins localisée du rythme de fond accompagné généralités
parfois d’un arrêt des activités intercritiques ;
• soit plus rarement par une pointe (±  lente) Le diagnostic d’épilepsie est avant tout clinique.
ou une bouffée de pointes ou pointes-ondes L’anamnèse du patient et des personnes ayant
précédant la décharge initiale. assisté à son (ses) malaise(s) est dans ce sens
L’activité rythmique du début de crise évolue primordial. Certains symptômes seront d’emblée
par la suite indifféremment vers une décélération évocateurs d’une épilepsie (hallucinations olfac-
ou une accélération de la fréquence avec un tives ou gustatives, déjà vu-déjà vécu, brève sen-
ralentissement quasi constant en fin de crise. sation épigastrique ascendante, etc.) et d’autres
Il est habituel d’observer en même temps une plus trompeurs (vertiges, dysesthésies, nausées,
augmentation d’amplitude même si l’inverse peut tachycardie, etc.). C’est alors leur contexte de sur-
exister, ainsi qu’une extension de la décharge à venue, leur enchaînement et leur succession qui
une grande partie voire à l’ensemble du scalp. prendront tout leur sens. Les épisodes convulsifs,
La fin de la crise est marquée par un arrêt brutal prototype a priori du diagnostic clinique facile
des activités rythmiques. d’épilepsie, peuvent parfois représenter un piège
La survenue d’une crise peut déclencher en post- diagnostique. Maintes syncopes convulsivantes
critique immédiat une activation importante et ont été diagnostiquées et traitées comme des
transitoire du foyer de pointes intercritiques mais, crises généralisées tonicocloniques, un témoin
en postcritique, on observe le plus souvent des ayant mentionné à l’arrivée des secours l’existence
anomalies lentes delta polymorphes qui sont bien d’une perte de connaissance avec convulsions.
latéralisées du côté de la décharge initiale et prédo- C’est là que l’interrogatoire du patient et de
minent habituellement dans la région d’origine de son entourage est primordial  : phase prodro-
la crise. C’est la raison pour laquelle un EEG post- mique évocatrice ou non d’un malaise d’allure
critique immédiat peut recueillir plus d’anomalies vagale, durée de la convulsion, phase post-critique
qu’un EEG intercritique à distance d’une crise et typique ou non, etc.
qu’il est souhaitable de le demander le plus tôt pos- L’EEG s’avérera ensuite indispensable pour
sible après un événement clinique, dès l’arrivée aux confirmer le diagnostic clinique d’épilepsie.
urgences par exemple (figs. 4.8 à 4.11). L’EEG de routine montre des figures épileptiques
dans seulement 50 à 60 % des nouveaux cas d’épi-
●● À noter lepsie. Le fait de répéter l’examen fait augmenter
Certaines crises d’épilepsie authentiques peuvent le taux de positivité jusqu’à environ 80  %-85  %
ne pas modifier le tracé EEG de scalp. La proba- (après trois  EEG). Les méthodes d’activation
bilité pour une crise de se manifester à la surface
(sommeil, stimulation lumineuse  intermittente
dépend de son type (avec ou sans altération de
conscience), de sa durée et de sa localisation : en
(SLI), hyperpnée) accroissent les chances
pratique, des crises focales brèves sans altération d’obtenir des anomalies épileptiques permettant
de conscience peuvent ne pas avoir de corrélat d’atteindre jusqu’à 92 % de positivité et seront à
EEG, ce d’autant qu’elles sont issues de petites envisager en cas de négativité des EEG standards
aires corticales profondes. répétés.
34 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

Figure 4.8. (A) Crise temporale droite. (B) Ondes lentes temporales droites postctitique.
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 35

Figure 4.9. Crise frontale gauche (diffusant en médian puis en frontal droit).

Figure 4.10. Crise occipitale droite.


36 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

Figure 4.11. Crise pariétale droite.

Conduite à tenir devant deux principaux diagnostics différentiels sont, à ce


une première crise stade, les syncopes convulsivantes et les crises non
épileptiques (crises non épileptiques psychogènes
La Haute Autorité de santé (HAS) a proposé des [CNEP])).
recommandations sur la prise en charge d’une L’HAS a ainsi proposé un tableau clinique
première crise avec différentes étapes [16] : d’orientation diagnostique entre crise généralisée
• à la phase aiguë : tonicoclonique, syncope convulsivante et CNEP
– s’assurer que l’épisode paroxystique est bien (tableau 4.3).
de nature épileptique, Pour s’orienter cliniquement, il est également
– s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une crise d’épi- possible de réaliser un score clinique rapide avec
lepsie symptomatique aiguë ; une excellente sensibilité et spécificité (94 %) qui
• dans un deuxième temps : peut orienter vers un diagnostic de crise ou de
– essayer de définir au mieux le syndrome syncope (tableau 4.4) [19].
épileptique,
– évaluer le risque de récidive.
S’assurer qu’il ne s’agit pas d’une crise
S’assurer que l’épisode paroxystique d’épilepsie symptomatique aiguë
est bien de nature épileptique On rappellera que les crises symptomatiques
Aucun signe clinique n’étant pathognomonique aiguës sont des crises occasionnelles liées à une
d’une crise d’épilepsie, il n’est pas rare qu’un situation épileptogène transitoire et réversible
diagnostic de crise d’épilepsie soit porté à tort (voir chapitre 3).
devant un épisode paroxystique, notamment avec L’HAS recommande, dans ce cadre, de réa-
mouvements anormaux («  convulsions  »). On liser (si le patient est vu dans un délai suffi-
estime ainsi le pourcentage d’erreur diagnos- samment bref après sa crise, en pratique aux
tique à ce stade à 25 % environ (19-26 %), risque urgences) [14] :
majoré chez le sujet âgé et lorsque le diagnostic • une glycémie capillaire ;
est posé par un non-neurologue  [17,18]. Les • un ionogramme sanguin ;
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 37

Tableau 4.3. Éléments d’orientation entre crise d’épilepsie généralisée tonicoclonique (primitive ou secondairement
généralisée), syncope convulsivante et CNEP d’après : Société française de neurologie, Recommandations de bonne
pratique, Prise en charge d’une première crise d’épilepsie de l’adulte, 2010.
Crise d’épilepsie Syncope convulsivante CNEP
Antécédents Familiaux d’épilepsie Prise de médicaments Psychiatriques
(antihypertenseurs, antiarythmiques, Traumatisme ou abus
diurétiques, allongeant le QT) dans l’enfance
Personnels de convulsion fébrile Déficit intellectuel/difficultés
d’apprentissage
Agression du SNC (AVC, infection, intervention Difficultés sociales
neurochirurgicale, traumatisme crânien grave)
Pathologie neurologique dégénérative
Circonstances Sommeil Facteur déclenchant évocateur Situation de stress ou de conflit
de survenue d’une stimulation vagale (mise en
orthostatisme, jeûne, atmosphère
surchauffée, foule, etc.)
Situation favorisante (toxiques, sevrage, Pendant une activité sportive
trouble métabolique aigu, etc.)
Instauration récente d’un médicament
pouvant faire baisser le seuil épileptogène
(antalgiques, antibiotiques, etc.)
Signes cliniques Précession par des symptômes brefs pouvant Pas de prodrome ou sensation Conscience préservée ; yeux
faire évoquer une crise focale : déjà vu-déjà syncopale (sueurs, vertige, pâleur, fermés avec résistance à
vécu, etc.) l’ouverture des yeux
1 min < durée ≥ 3 min Durée < 1 min Mouvements amples,
anarchiques, non synchrones,
fluctuants
Confusion postcritique prolongée Convulsions brèves et limitées Pleurs
Morsure du bord latéral de la langue Retour rapide à la conscience Durée longue
Pas de morsure du bord latéral de
la langue
Attention : la perte d’urine n’est pas un argument pour une crise comitiale, et reflète simplement la profondeur de la perte de connaissance en cas de crise
d’épilepsie ou de syncope et peut s’observer délibérément en cas de CNEP.

Tableau 4.4. Score d’orientation en faveur du diagnostic de crise ou de syncope d’après : Société française de neurologie,
Recommandations de bonne pratique, Prise en charge d’une première crise d’épilepsie de l’adulte, 2010.
Questions Points
1 Réveil avec morsure de la langue 2
2 Déjà vu, déjà vécu 1
3 Émotions associées à la perte de connaissance 1
4 Version de la tête durant l’épisode 1
5 Rupture de contact, posture inhabituelle, mouvements des membres, amnésie de l’épisode (coter chaque item) 1
6 Confusion post épisode 1
7 Sensations vertigineuses -2
8 Sueur avant l’épisode -2
9 Épisode associé à une position assise ou debout prolongée -2
Si score ≥ 1, plutôt en faveur d’une crise d’épilepsie
Si score < 1, plutôt en faveur d’une syncope
38 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

• un dosage de l’urée sanguine et de la créatini- Une méta-analyse de la littérature [21] portant


némie. sur 3 212 patients inclus dans dix études de classe
Le dosage systématique des toxiques, de médi- I-II a identifié les facteurs de risque suivants de
caments ou de l’alcoolémie n’est pas préconisé récidive après une première crise non provoquée
hors circonstance médicolégale. de l’adulte :
Il est, en revanche, recommandé de rechercher • notion d’agression cérébrale préexistante : odd
à l’anamnèse de façon spécifique : ratio de 2,55 ;
• la prise de médicaments comme le tramadol, • anomalies épileptiques sur l’EEG : odd ratio de
le bupropion, les antidépresseurs tricycliques ou 2,16 ;
certains antihistaminiques (diphenhydramine), • imagerie cérébrale anormale : odd ratio de 2,44 ;
médicaments connus pour baisser le seuil épilep- • crise nocturne : odd ratio de 2,11.
togène ; Par contre, le sexe, l’âge, des antécédents fami-
• la notion de sevrage en benzodiazépine, en liaux d’épilepsie ou un épisode inaugural d’état de
particulier chez les sujets âgés. mal épileptique ou de cluster de crises en moins
de 24  heures n’étaient pas retrouvés comme
Essayer de définir au mieux facteurs significatifs de récidive.
le syndrome épileptique De façon générale, les facteurs de risque de
récidive les plus robustes après une première crise
Il est recommandé dans ce cadre d’organiser pour
retrouvés dans la littérature sont :
le patient :
• les anomalies de l’examen neurologique [22] ;
• un rendez-vous pour un EEG : au mieux dans
• les anomalies EEG  [22,23]  : d’après van
les 48 heures, au maximum dans les 4 semaines ;
Donselaar et  al.  [23], seuls 12  % des patients
• un rendez-vous pour une imagerie cérébrale
rechutent après une première crise avec à la fois
(dans les 15 jours) ;
un EEG standard et un EEG de privation de
• un rendez-vous de consultation avec un neuro-
sommeil normaux ;
logue.
• les anomalies de l’imagerie cérébrale [24].
Trois possibilités sont envisageables :
• il ne s’agissait pas en fait d’une véritable pre-
mière crise et une reprise soigneuse de l’anam- ●● À noter
nèse permet de détecter des épisodes dans Le caractère focal de la première crise ne semble
pas constituer en soit un facteur de risque de
le passé évocateurs de crises. Pour mémoire,
récidive. Il est identifié comme tel dans certaines
King et al. estiment ainsi que 28 % des patients études a priori uniquement parce que les crises
consultant pour une «  première  » crise toni- focales sont plus associées à la présence d’une
coclonique avaient en fait des crises focales lésion cérébrale qui constitue un indubitable fac-
ou des crises myocloniques depuis un long teur de risque de récidive.
moment [18] ;
• il s’agit d’une réelle première crise avec bilan
normal (EEG, IRM) et il paraîtra difficile de se Diagnostic différentiel
prononcer, à ce stade, sur un diagnostic syndro- des crises d’épilepsie
mique, ce d’autant que la première crise était de
type tonicoclonique nocturne ou sans témoin ; Les diagnostics différentiels à évoquer préféren-
• il s’agit d’une réelle première crise avec anoma- tiellement face à un premier épisode paroxystique
lies du bilan permettant déjà de s’orienter vers sont multiples.
un diagnostic syndromique.

Évaluer le risque de récidive Crises non épileptiques


ou CNEP [25]
L’évaluation du risque de récidive conditionne
tout à la fois le diagnostic d’épilepsie et la mise en Un des diagnostics différentiels le plus fréquents et
route du traitement. le plus difficile à porter est celui de CNEP autrefois
C hapitre 4. Classification et description, diagnostic positif, diagnostic différentiel des crises épileptiques 39

qualifiées de pseudo-crises ou crises psychogènes. mictionnelle], syncope tussive, etc.). Le spasme


Il s’agit communément de manifestations impres- du sanglot est une forme de syncope de l’enfant ;
sionnantes, pouvant être induites par suggestion,
réactives à l’entourage, sans systématisation neu- Syncopes d’autres origines
rologique, souvent de longue durée. Ces crises
peuvent nécessiter un enregistrement EEG-vidéo Hypotensive, cardiaque (sans prodromes, dite
prolongé pour faire la preuve de leur nature. De à l’emporte-pièce, il s’agit alors d’une urgence
plus, la coexistence de crises d’épilepsies et de crises thérapeutique). Leur investigation dépend de leur
pseudo-épileptiques n’est pas rare (voir chapitre 9). nature.

Malaises vagaux et syncopes Accidents ischémiques


convulsivantes [26,27] transitoires (AIT) [28]
Ils sont dus à une hypertonie du système autonome Ils sont souvent de durée plus longue qu’une crise
entraînant une perturbation globale et momentanée d’épilepsie. Le diagnostic différentiel entre un
de la perfusion cérébrale pouvant au maximum déficit post-critique (phénomène de Todd) et un
conduire à une brève perte de connaissance (syn- AIT peut néanmoins s’avérer complexe lorsque
cope vagale). Les malaises vagaux sont caractérisés l’épilepsie n’est pas connue.
par un cortège de signes fonctionnels : sensation de
malaise général, faiblesse subite, difficulté à penser,
vertiges, céphalées, sensations nauséeuses et sueurs, Mouvements anormaux
paresthésies, phosphènes et acouphènes, pâleur avec paroxystiques
sensation imminente d’évanouissement. Les circons-
Dystonies, dyskinésies, choréoathétoses, tics, etc.
tances favorisantes sont souvent évocatrices : foule,
bruit, chaleur, stress aigu, douleur intense, etc.
Au maximum, le malaise vagal peut déboucher Accès de migraine
sur une perte de connaissance avec chute brutale accompagnée [29]
par abolition du tonus. Le pouls et la respiration
sont alors imperceptibles et la tension artérielle Certaines épilepsies, en particulier occipitales,
imprenable. Les signes d’hyperactivité du système peuvent être intriquées à d’authentiques migraines
nerveux autonome luttant contre l’hypotension et en post-critique, il est relativement fréquent de
sont  : l’hypersalivation, les nausées et l’hyper- noter des céphalées, parfois intenses.
sudation.
Une fois à terre, la conscience revient en géné- Sclérose en plaques (SEP)
ral immédiatement, ainsi que forces et couleurs.
Si la syncope se prolonge au-delà d’une quinzaine En dehors des authentiques crises d’épilepsie qui
de secondes, celle-ci peut être convulsivante, peuvent émailler le cours de cette maladie, la SEP
accompagnée de quelques mouvements cloniques peut se manifester par des dyskinésies paroxys-
et éventuellement d’une morsure de langue et tiques qui consistent en des épisodes très brefs,
d’une perte d’urine. répétés, douloureux, déclenchés par le mouvement
Le diagnostic différentiel avec une crise d’ori- ou des stimulations, de posture dystonique d’une
gine authentiquement épileptique est alors difficile partie ou de tout un hémicorps. On observe le plus
et reposera sur différents éléments anamnestiques : souvent une lésion du bras postérieur de la capsule
précession par symptômes du malaise vagal, briè- interne ou de la moelle spinale cervicale [30].
veté de la perte de connaissance et des mouve-
ments cloniques, retour rapide à la conscience Hypoglycémie [31]
sans confusion, fatigue ou courbatures. Un phé-
nomène réflexe peut parfois être retrouvé (au L’hypoglycémie se reconnaît facilement du fait
cours de la miction nocturne du sujet âgé [syncope de symptômes évocateurs (pâleur, sueur, fringale,
40 Epilepsies de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte

irritabilité voire agressivité). On gardera toutefois Remerciements


à l’esprit qu’une hypoglycémie profonde peut
déclencher de véritables crises d’épilepsie et qu’à L’auteur tient à remercier le Dr Vi-Huong
l’inverse, l’hyperglycémie sans cétose peut déclen- N’Guyen Michel, le Dr Adam et le Pr Bouilleret
cher des états de mal (essentiellement focaux pour les tracés EEG.
moteurs).

Ictus amnésique Références


[1] Commission on classification and terminology of
Propre aux sujets d’un certain âge (après the International League Against Epilepsy Propo-
50  ans)  [32], l’ictus amnésique s’installe bruta- sal for revised clinical and electroencephalographic
lement sous forme d’une amnésie antérograde classification of epileptic seizures Epilepsia 1981;2:
de plusieurs heures (en moyenne 6 heures) avec 489-501.
conscience du trouble entraînant des questions [2] Commission on classification and terminology of the
International League Against Epilepsy Revised termi-
réitérées. Le sujet semble adapté et est capable
nology and concepts for organization of seizures and
de faire des tâches complexes. Ce phénomène est epilepsies: Report of the ILAE Commission on Classifi-
souvent sans cause évidente, parfois favorisé par cation and Terminology, 2005-2009. Epilepsia 2010;
les benzodiazépines. Il peut rarement récidiver 51(4):676–85.
mais est d’excellent pronostic. L’ictus amné- [3] Fisher RS, Cross JH, French JA, Higurashi N, Hirsch
sique représente un diagnostic différentiel d’une E, Jansen FE, et  al. Operational classification of
seizure types by the International League Against
forme très particulière d’épilepsie temporale  : Epilepsy: Position Paper of the ILAE Commission
l’épilepsie temporale amnésique transitoire (voir for Classification and Terminology. Epilepsia 2017;
chapitre 5). 58(4):522–30.
[4] Fisher RS, Cross JH, D’Souza C, French JA, Haut
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Devant un premier épisode paroxystique de sur- 34:774–80.
venue nocturne, le principal diagnostic différentiel [7] Chauvel P, Kliemann F, Vignal J, Chodkiewicz J,
à évoquer est un trouble du sommeil (voir cha- Talairach J, Bancaud J. The clinical signs and symp-
toms of frontal lobe seizures. Phenomenology and
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