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© Fondation Seligmann | Téléchargé le 23/05/2023 sur www.cairn.info via Université de Lille - Sciences Po Lille (IP: 194.254.129.28)
Pierre-René LEMAS
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Sur le plan quantitatif, pourtant, l’effort public en fa-
lon la Fondation Abbé Pierre, le mal-logement touche
veur du secteur du logement n’a jamais été aussi
aujourd’hui 8 millions de personnes.
important.
Aujourd’hui, la France manque de logements dans
En 2013, il s’élève à plus de 40 milliards d’euros, soit les centres urbains, alors que les taux de vacance
près de 2% du PIB, dont la moitié environ (20 Mds€) peuvent être localement élevés, notamment en zones
est constituée d’aides personnelles en faveur des lo- rurales.
cataires. Les subventions à l’investissement pour le
Les aides à la personne (5,7 millions de ménages bé-
neuf et les gros travaux ne représentent qu’une faible
néficiaires) ne parviennent pas à réduire globalement
proportion (3,5 Mds€). Les avantages de taux (2,7
le taux d’effort des ménages (net des aides, ce der-
Mds€ de bonifications de prêts sur fonds d’épargne,
nier est passé de 18% en 1988 à 22% en 2006).
du PEL1 ou du PTZ2) et les différents dispositifs fis-
Plusieurs études indiquent que ces aides auraient
caux en faveur des travaux ou de l’investissement
locatif (14,5 Mds€) complètent cette palette de dis- même tendance à encourager l’inflation des loyers,
positifs. sans améliorer significativement la qualité des loge-
ments.
DE NOMBREUX BESOINS Les aides fiscales à l’investissement des ménages
ont parfois stimulé la construction dans des zones
RESTENT INSATISFAITS sans réelles tensions (centres-bourgs de province,
étalement urbain en périphérie) et auraient contribué
Malgré une augmentation continue des interven- à l’inflation des prix immobiliers, en étant en partie
tions publiques, de nombreux besoins ne sont captées in fine par les intermédiaires.
aujourd’hui pas satisfaits.
Face à cette situation, dans un contexte où les res-
La construction, avec moins de 300 000 logements sources publiques consacrées au secteur du loge-
neufs en rythme annuel, atteint un plancher histo- ment ne pourront pas augmenter, il est plus que ja-
rique depuis les années de l’immédiat après-guerre. mais indispensable de s’assurer de l’efficience de
La tendance est d’autant plus inquiétante que les vo- l’intervention publique.
lumes de mises en chantier continuent de baisser. Les financements devraient ainsi être concentrés sur
Le parc de logements (34,5 millions, dont 5,4 mil- les deux enjeux prioritaires que sont la relance de la
lions dans le secteur social) a crû aussi vite que le construction de logements abordables dans les
nombre de ménages, mais sa structure ne répond plus zones tendues et la rénovation des logements, afin
aux besoins, en raison d’un désajustement croissant notamment d’améliorer leur performance énergé-
entre l’offre (nécessairement rigide quand on construit tique. Pour cela, il faudra sans doute assumer des
pour 30, 40 ou 50 ans) et la demande. ajustements du système actuel.
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N° 33 (NF) • Février 2015 LE LOGEMENT
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logement, en particulier le logement intermédiaire. suppose des ajustements, sans pour autant remettre
C’est le sens de l’initiative prise par le groupe Caisse en cause l’équilibre du système retenu il y a près de
des dépôts, qui a créé via sa filiale SNI, aux côtés 40 ans, et qui est fondé sur l’accessibilité du loge-
d’autres investisseurs institutionnels, le Fonds de ment social à la majorité des ménages aux revenus
Logement Intermédiaire (FLI), pour relancer la pro- modestes ou moyens, dans un objectif de mixité so-
duction de logements à loyers maîtrisés dans les ciale et sur son financement par l’épargne populaire
grandes villes. Au-delà de cette initiative, dans les issue du livret A.
mois qui viennent, l’État et la Caisse des dépôts vont Dans le domaine de l’investissement des particuliers,
conjuguer leurs efforts et investir au total 1,9 milliard la suppression des dispositifs coûteux (crédit d’im-
d’euros pour permettre la construction de 25 000 lo- pôt sur les intérêts d’emprunt pour l’acquisition de la
gements intermédiaires supplémentaires. résidence principale) ou le recentrage de dispositifs
Cette dynamique mérite d’être encouragée par une dont l’efficience a pu être contestée (déduction en fa-
stabilisation des avantages consentis à ce type d’in- veur de l’investissement locatif ) vont dans le bon
vestissement (TVA à 10% et exonération de TFPB3). sens.
... LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE, Pour atteindre les objectifs de construction, sans pé-
naliser les investissements nécessaires en matière
UNE NÉCESSITÉ de rénovation, il sera essentiel de veiller à ce que les
La rénovation énergétique des logements existants opérateurs de logement social et intermédiaire dis-
constitue un élément essentiel de la réussite de la posent de ressources suffisantes, ce qui suppose en
transition écologique de la France, engagée pour ré- premier lieu de préserver le niveau de soutien à l’ex-
duire les émissions de CO2, les consommations de ploitation et l’aide au pouvoir d’achat des ménages
ressources fossiles, la dépendance énergétique de la modestes que constituent les aides personnelles au
France et la facture des familles. logement, qui sont directement versées aux bailleurs
Les bâtiments représentent 45% de la consommation sociaux. Il faudra en outre garantir une évolution de
nationale d’énergie en 2012. Dans le seul parc social, leurs fonds propres soutenable avec l’effort de
600 000 logements sont à la fois énergivores (éti- construction. C’est l’un des défis des années à venir.
quettes E, F ou G) et fortement émetteurs de gaz à Pierre-René Lemas
effet de serre. Directeur Général
Dans ce domaine, les objectifs gouvernementaux de la Caisse des dépôts et Consignations
sont ambitieux, à juste titre : il s’agit de rénover
380 000 logements privés et 120 000 logements so- 1. Plan épargne logement.
ciaux par an et soutenir 300 000 ménages en 2. Prêt à taux zéro.
situation de précarité énergétique d’ici 2017. 3. Taxe foncière sur les propriétés bâties.
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