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Philippe Caufriez
Dans Courrier hebdomadaire du CRISP 1990/12 (n° 1277-1278), pages 1 à 51
Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
DOI 10.3917/cris.1277.0001
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Phillppe Caufrlez
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Conclusions 48
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1. Points de repère historiques
4 CRISP/CH 1277-1278
strictement historique, évoquer l'avant et l'après 1960, tant il
est vrai que 1960 marque une étape particulièrement importante
pour l'institut dans son autonomie vis-à-vis du pouvoir de tu-
telle et dans l'évolution de ses programmes.
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tre de salon (9 musiciens) et un orchestre de jazz (15 musiciens)
- et animeront la plus grande partie des programmes. C 1 est la
grande époque de la musique en direct à la radio. LAs émissions
parlées vont cependant connaître avant guerre un développement
certain. Les comptes rendus de matchs de football en direct dé-
butent en 1933. Le journal parlé passe à cinq éditions journaliè-
res en 1935, les reportages d'événements en direct se mul ti-
plient. Il y a des émissions scolaires, des programmes pour en-
fants (Radio Jeunesse), des conseils culinaires (G. Clément) et
d'autres séquences de service. La période 1931-1940 constitue
également un âge d'or du théâtre radiophonique, qui donne nais-
sance à des genres spécifiques comme les jeux radiophoniques et
les sketchs.
D'une part, la loi fait obligation à l' INR de diffuser des ·~mis
sions réalisées par des associations extérieures reconnues (Radio
catholique belge, Radio Emission socialiste d'expression fran-
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ment de la publicité et sont souvent très populaires. Elles ont
pour noms Radio Liège, Radio Châtelineau, Radio Schaerbeek, Radio
Conférences, Radio Wallonie-Bonne Espérance, pour ne citer que'
les plus connues.
L' INR est un organisme uni taire - placé sous la tutelle du mi-
nistre ayant les PTT dans ses compétences - doté en 1931, d'un
directeur général, d'un service technique, d'un service musical,
de deux services des émissions parlées (francophone et néerlando-
phone) et d'un service de la comptabll i tt3.
Dès 1936 cependant, 1' INR 3 deux directeurs généraux, 1' un pour
les émissions en langue française, l'autre pour les émissions en
langue néerlandaise, auxquels seront adjointes bientôt deux
commissions culturelles consultatives chargées de les seconder.
Cette réorganisation, justifiée par le volume de la production,
s'inscrit également dans l'affirmation, en termes institu-
tionnels, de l'autonomie cul ture lle au ni veau du pays dans l' im-
médiat avant-guerre. Il s'agissait pour le gouvernement Van
Zeeland de manifester par cette réorganisation "une large compré-
hension des aspirations propres et du désir d'épanouissement au-
tonome qui caractérisent de plus en plus nos deux cultures natlo-
nales" (1). "Il est significatif", note égalemenl X. t1abille,
"que le nouveau gouvernement triparti te qui se constitue en sep-
tembre 1939 ( •.• ) s'assigne comme une priorité la réalisation de
l'autonomie culturelle" (2).
Après la guerre, alors que l' INR commence à diffuser des émis-
sions en langue allemande à destination des cantons d'~ l' F:st, di-
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gouvernement (3). En 1959, l'INR dépend du ministre des Affaires
culturelles, P. Harmel, qui va se donner pour tâche de procéder à
une révision du statut de la radipdiffusion, qui débouchera sur
la loi organique des Instituts de la radiodiffusion-télévision
belge du 18 mai 1960.
Ce texte marque une étape importante, bien que non décisive, dans
la séparation fonctionnelle des organismes de radiotélévision. Il
prévoit en effet, dans la continuité de ce que proposait déjà A.
Van Acker, l'existence de trois instituts juridiquement dis-
tincts, 1' un assurant le service des émissions en langue fran-
çaise (RTB), le deuxième étant chargé des émissions en langue né-
er landaise ( BRT), le troisième regroupant des services communs
aux deux instituts d'émission. L 1 ensemble des services techni-
ques, administratifs et financiers ainsi que certains services
culturels tels le Grand orchestre symphonique, les émissions en
ondes courtes ou encore les programmes en langue allemande, dont
ce sera le début du réel développement, font ainsi partie de
l'Institut des services communs.
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sant, en application du Pacte cul tu rel, la protection des ten-
dances idéologiques et philosophiques. L'occasion est également
donnée d'adapter le statut de la RTB à l'évolution de la radio-
télévision et en particulier au mouvement de "régionalisation"
amorcé dès 1962. Après plusieurs projets avortés, un projet de
décret organique de la RTBF est déposé par J.-M. Dehousse, à
l'époque ministre de la Culture française, au Conseil culturel en
décembre 1977.
La "régionalisation"
(4) Dans le texte Il est fait référence à la fols au processus Institutionnel qui
a consacré en 1970 l'existence de trois régions <Flandre, Wallonie, Bruxelles) et
à la prise en compte du fait régional à la RTBF par la mise en place d'une décen-
tralisation vers des centres régionaux en Wallonie et à Bruxelles, que les docu-
ments de la RTBF désignent par le mot régionalisation. Nous mettons le mot
régionalisation entre gulllements dans ce dernier cas.
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Dans l'immédiat après-guerre, une proposi tian du député libéral
J. Rey, appuyée par le Congrès national wallon et contresignée
par des députés wallons des trois partis traditionnels, prône une
régionalisation radiophonique à trois (Flandre, Wallonie,
Bruxelles) avec la création d'une dizaine de studios régionaux
francophones, Liège devenant dans cette perspective le siège cen-
tral de la radiodiffusion wallonne. A la même époque, des voix
s'élèvent également à Bruxelles pour réclamer davantage d'émis-
sions régionales. Cette aspiration régionale est fortement tein-
tée d'affirmation culturelle. Les stations locales privées exis-
tant avant la guerre ne sont plus par ailleurs autorisées à émet-
tre, à l'instar de ce qui se passe dans d'autres pays, comme la
France. La raison de ce retrait d'autorisation parait se situer
dans la crainte d'une pratique mal contrôlée de l'information.
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d'élaborer des formules d'aménagement des institutions dans le "
sens d'une déconcentration et d'une décentralistion.(5).
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de centres TV à Liège et Charleroi auxquels viendra s'ajouter en
1979 un centre régional TV à Bruxelles.
l'augmentation de la production
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fusion de ceux-ci. En radio de service public, les deux notions
tendent à se confondre dans la mesure où, contrairement à ce qui
se passe en télévision, il n'y a pratiquement pas d'achat de pro-
grammes. Les seules productions extérieures diffusées relèvent
d'échanges établis avec d'autres radios de service ·public dans le
cadre notamment de l'Union européenne de radiodiffusion-UER et de
la Communauté des radios publiques de langue française - CRPLF
(France, Suisse, Canada, Belgique).
La seule donnée sur laquelle nous avons pu nous baser pour éta-
blir des comparaisons est l'évolution des temps de diffusion heb-
domadaire de la grille des programmes. Ces données peuvent toute-
fois avoir des significations différentes selon les époques, en
fonction de la nature de la production (légère ou lourde, en di-
rect ou enregistrée).
Tableau 1
Temps d'émission hebdomadaire INR-RTB-RTBF 1930-1917
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Durant cette période, les centres régionaux vont participer pro-
gressivement, selon leur dynamisme propre, à l'ensemble des chaî-
nes. C'est ainsi qu'en 1970, les premier et troisième programmes,
réalisés à l'origine exclusivement à Bruxelles, sont pris en
charge respectivement pour moitié et pour un tiers par les cen-
tres de production wallons. Pour ne citer qu'un autre exemple de
l'accroissement du rôle des centres, le Centre du Hainaut qui
produisait en 1960 22 heures de programmes par semaine, produira
62 heures en 1968 et 97 heures en 1976, ce qui représente en
quinze ans une multiplication par quatre de sa production.
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Plus encore peut-être que le contenu de ses programmes, c'est le
ton de la radio qui a changé après la guerre : moins solennel, il
cherche à être plus proche de ses auditeurs, plus direct et sé-
ducteur. L'influence de Radio Luxembourg et d'Europe 1 dans les
années 50 n'est pas négligeable à cet égard.
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3.045.476 en 1966 et à 3.396.107 en 1970). Il en découle plu-
sieurs situations ou manières d'écouter la radio (7).
(7) G. Thoveron, La mutation radlophon 1que, Etudes de rad lo-té lévis lon, No 14,
janvier 1968, PP• 43-52.
(8) La radio belge a 50 ans, op. clt., p. 86.
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d'esprit et de coeur, tantôt à des catégories d'auditeurs regrou-
pées selon leur nature : femmes, jeunes, personnes âgées" (9)
auxquelles il faut ajouter la prise en compte progressive de leur
implantation régionale.
De l'INR à la RTBF
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Sur le plan des programmes, pour reprendre l'analyse de M.
Hankard, ancien directeur de la radio à la RTBF, la radio, de
1923 aux années 70, a connu cinq phases ou âges (11)
(11 lM. Hankard, La radio en Belgique à travers 50 ans d'existence, Idem, pp. 5-
36.
lB CRISP/CH 1277-1278
FACTEURS D'EVOLUTIO~ 1978-1990
(12> La nouvelle cité Reyers, qui vise à regrouper sur un seul site radio et té-
lév 1s 1on, a un effet 1ndu 1t non -nég Il geab 1e sur 1a modern 1satl on des outils de
production.
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Tableau 2
Répartition par site des heures d'émissions Radio 1 + 2 + 3
hors décrochages - 1970-1990 <en %>
Octobre 1970 39 21 23 17
<R3 : 58)
Janvier 1980 33 24 22 21
<R3 : 53>
Janvier 1990 51 21 14 14
CR3 : 75 >
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- dans le ressort de Namur - Luxembourg - Brabant wallon : pro-
vince du Luxembourg; province de Namur; région du Brabant wal-
lon.
(13) Ph. Caufriez, Points de repère pour une histoire des radios libres en Commu-
nauté française, Revue Communauté des radios publiques de langue française- CR-
PLF, No 49, 1982.
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formation de réseaux, inspirés dans certains cas par la presse
écrite (14).
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Tableau 3
Emissions régionales RTB<F> -Evolution 1964-1990
1. L'afflux
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En octobre 1978 est lancée Radio Ci té, un programme "music and
newsn diffusé le week-end de 9h à 19h sur le Canal 21 (93,2 Mhz
FM), un émetteur diffusant en semaine des émissions d'information
régionale et en dehors de celles-ci, un relais du premier pro-
gramme en FM. Cette initiative a du succès (un auditeur sur qua-
tre de la RTBF écoute Radio Cité le week-end) et influence de ma-
nière sensible le monde des radios privées. Elle précède, pour
rappel, de près de deux ans l'arrivée des premières radios de di-
vertissement. Lorsque ces dernières prennent leur essor, si tué
dans un premier temps à Bruxelles, la RTBF va transformer ses
programmes de semaine pour lancer, en octrobre 1981, à destina-
tion d'un public 15-35 ans, Bruxelles 21. Ce programme, en raison
de son impact sur le public, va assez rapidement étendre ses pla-
ges horaires (jusqu'à lh du matin en janvier 1983; 24h sur 24 en
septembre 1984) et sa couverture, sous le nom désormais de Radio
21, à l'ensemble de la Communauté française, à Liège tout d'abord
(octobre 1982), dans le Hainaut ensuite vià notamment 1 'émetteur
de Canal 13 (octobre 1983, lors de la chute du pylone de Wavre),
dans les provinces de Luxembourg (1984) et de Namur enfin (1985).
Cette progression présente également des similitudes avec le dé-
veloppement géographique, en termes d'audience, des radios pri-
vées commerciales.
Son développement sur le plan interne RTBF est dû, à côté du suc-
cès quasi immédiat de ses émissions, à la facilité et au moindre
coût de son implantation (studios existants à Bruxelles, consti-
tution de 1 'équipe de production par mobilité interne dans un
premier temps).
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La question des fréquences
(15) Depuis lors, la Cour d'arbitrage, par un arrêt du 25 janvier 1990, a reconnu
que la loi de 1979 sur les radiocommunications comportait des dispositions abu-
sives en regard des compétences dévot ues aux Communautés en matière audiovi-
suelle, ce qui permet d'envisager Je transfert aux Communautés, sur le plan lé-
gislatif, de diverses compétences d'ordre technique <autorisation d'émettre, dé-
finition de normes techniques, fixation et perception des redevances à payer par
les radios privées reconnues). Le Conseil supérieur de l'audiovisuel de la Commu-
nauté française de Belgique a élaboré un projet d'avis détai lié à ce propos (31
mal 1990).
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représente des concessions importantes pour la RTBF dans la me-
sure où, contrairement à la BRT, la RTBF n'est pas en mesure au-
jourd'hui, malgré une gestion serrée de ses fréquences, de propo-
ser une couverture totale en FM de ses quatre chaînes.
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crets du 8 juillet 1983 (Moureaux) et du 17 juillet 1987 (Mon-
fils) accordent successivement à la RTBF.
Ces mêmes données économiques sont - faut-il dire plus que ja-
mais ? (16) - au centre de l'act ua li té. Elles ne se traduisent
pas uniquement en termes de ressources financières. Elles impli-
quent aussi pour la RTBF d'être, service public ou pas, sur un
"marché", celui de l'offre des programmes au public d'une part,
celui des annonceurs privés d'autre part. La RTBF, dans cette op-
tique, est candidate à l'octroi de la pub li ci té commerciale en
radio.
<16) On peut en effet lire dans l'avant-propos du rapport annuel de I'INR en 1948
la constatation suivante : "Bref, une fols de plus, la gestion culturelle s'est
trouvée coincée, au point de vue de ses ressources, entre la montée constante de
dépenses Incompressibles et le plafond fixé pour les dépenses dans leur en-
semble"(p. 43). Un énoncé très clair des problèmes "structurels" de la RTBF •
<17) A côté d'un recentrage en matière de programme, la "Troisième vole" compor-
tait en effet des propositions de 1'Administrateur général de la RTBF visant à
modifier profondément l'organisation Interne de la RTBF.
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des émissions et de production et à remplacer l'ancien directeur
de la coordination (parti à la retraite en 1986) par quatre res-
ponsables de chaîne, le coordonnateur de Radio Une ayant rang,
par ailleurs, de directeur adjoint de la radio. Cette structure
avait été esquissée par la désignation, quelques années aupara-
vant, de coordonnateurs pour Radio Trois et Radio 21 (18). L'or-
ganisation mise en place rejoint, jusqu'à un certain point, les
nouvelles structures adoptées dans d'autres organismes (par
exemple en Suisse). A 1' inverse, la BRT, dans un environnement
relativement semblable, a supprimé les directions de chaîne pour
mettre en place, à côté du directeur de la radio, un directeur
des programmes et un directeur de la production.
Un bilan chiffré peut être donné des dix dernières années par la
lecture du tableau 4 qui reprend, sur base du mode de calcul ap-
pliqué à la période 1930-1977, l'évolution du volume hebdomadaire
de diffusion.
(18) Pour rappel, des directions de chalne existaient déjà dans les années 1960 à
1970 à la RTB. ·Elles avalent dÛ s'effacer devant le rÔle grandissant des direc-
tions régionales.
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tian propre pour faire place au relais de programmes choisis des
autres chaînes (19).
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2. La radio à la RTBF aujourd'hui
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- la télévision et la radio, chacune pour ce qui la concerne, re-
groupent les collaborateurs culturels, techniques et adminis-
tratifs chargés de réaliser les émissions et d'en assurer la
production ou la gestion sur le plan des moyens budgétaires et
humains, à quelque niveau que ce soit;
- l'administration générale et les frais communs regroupent plu-
sieurs services centraux : cabinet de l'administrateur général,
bureau d'études et service d' enquête permanente, service de
presse, service de promotion et relations publiques, services
financiers et du personnel, service juridique, informatique,
services généraux (achats, courrier, maintenance, ••• ), service
médical et social, centre de formation et de recyclage;
- les services techniques sont chargés des installations tech-
niques (bâtiments, ••• ) , de 1' équipement des studios radio et
télévision, des émetteurs, trois secteurs dont ils assurent la
politique d'investissement et la maintenance. Le département
technique coordonne, par ailleurs, la politique de 1' ensemble
du personnel technique, y compris celui attaché aux émissions
radio et télévision (notamment sur le plan des relations pari-
taires, de la formation, etc.) et comprend également le service
sécurité et hygiène et le gardiennage.
On notera que :
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exprimées en prestations à temps plein. Moyennant cette préci-
sion, la RTBF compte 2.605 collaborateurs permanents (cadres ou
contractuels de longue durée) et l'équivalent de 330 collabora-
teurs occasionnels payés sur un budget "cachet";
- les services de production radio-TV représentent 60% du budget
total de la RTBF et 70% de son personnel. Pour apprécier les
volumes en présence, notamment sur le plan du personnel, i l
faut signaler, en télévision, le niveau élevé de production
propre, par rapport à la situation européenne (46% des pro-
grammes en 1988) en regard des achats de programmes; et en
radio, au-delà des 95% de production propre, le nombre de pro-
grammes élaborés dans leur forme ou leur contenu (une émission
"pousse disque" coûte nettement moins cher qu'un magazine
d'information ou une dramatique radio);
- le budget de la RTBF comprend par ailleurs des secteurs qui,
dans d'autres pays européens, relèvent du budget d'autres dé-
partements publics ou qui constituent à eux seuls des organis-
mes distincts de la radio-télévision, disposant par conséquent
de leur budget propre. L'exemple de la France est significatif
à cet égard. L'archivage sonore (Institut national de l'audio-
visuel-INA), les investissements et la gestion des émetteurs
(Télédiffusion de France-TDF), les émissions en ondes courtes
(Radio France internationale-RF I), pour n'évoquer ici que la
radio, constituent autant d'entités distinctes. Cette situation
se retrouve également, à des degrés moindres, dans des pays à
plus petite échelle comme la Suisse.
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générale de chaîne, et directeurs ou chefs de centre en charge de
la production des émissions et de la gestion des moyens budgé-
taires et humains. Ce fonctionnement se vérifie particulièrement
pour les trois chaînes traditionnelles (Radio 1, 2, 3) dont la
production et la diffusion sont éclatées sur plusieurs sites. Les
coordonnateurs de chaîne, placés sous l'autorité immédiate du di-
recteur de la radio (voir organigramme), sont localisés pour Ra-
dio Une et Trois à Bruxelles et pour Radio Deux à Mons, compte
tenu de la coloration wallonne de cette chaîne. Ils so~t égale-
ment appelés à occuper d'autres fonctions. Le responsable de
Radio Une a rang de directeur adjoint de la radio et a autorité
sur les modifications ponctuelles de programmes et la production
des spots de promotion des émissions. Le responsable de Radio
Deux reste inséré dans le circuit de la production en étant le
producteur de certaines émissions et opérations spéciales. Enfin,
le coordonnateur de Radio Trois, outre la prise en charge des
divers aspects de la vie musicale en Communauté française, a la
responsabilité directe des captations de concerts en région
bruxelloise.
CRISP/CH 1277-1278 33
get de la radio). Outre les différents secteurs de production dé-
jà mentionnés, se trouvent également à la Cité Reyers divers ser-
vices communs tels que la documentation de l'information (radio-
TV), le centre de commutation technique, le service des musiciens
modulateurs (chargés de la qualité technique des captations de
concerts), les archives, la bibliothèque générale et, sur le plan
des contacts et des échanges de programmes avec d'autres organis-
mes de radio, le service des relations internationales. A Flagey
restent installés le service Orchestre et choeurs, qui comprend
une bibliothèque musicale (partitions) et divers studios dont les
plus utilisés sont le grand auditorium (studio 4) et le studio 1.
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Wallonie Rruxelles
Vol
I.J1
Un délai de deux mois doit, dès lors, être souvent envisagé pour
1' adoption définitive de la grille, a fortiori si celle-ci pré-.
sente des changements majeurs. Ce processus institutionnel, par
sa lenteur et jusqu'à un certain point sa redondance, peut pa-
raître paradoxal en regard de la vitesse à laquelle les projets
de changement de programmes se diffusent à l'intérieur de la RTBF
et dans la presse. Système contraignant en regard de la logique
du privé, i l cons ti tue en fait une des garanties du fonctionne-
ment démocratique et pluraliste du service public.
LES PROGRAMMES
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Chaque chaîne diffusée en Communauté française a son profil pro-
pre qui tient au contenu de ses émissions ou aux objectifs de
programme qu'elle se donne, à la composition de son public et à
son implantation régionale. Quant à l'audience des chaînes, l'en-
quête RTBF et le CIM en donnent, en raison d'une méthodologie
différente, des images constrastées. Le CIM, en l'occurrence, at-
tribue une plus grande audience relative aux radios privées par
rapport à l'ensemble des chaînes RTBF et à l'intérieur de la RTBF
à Radio 21.
Tableau 6
Auditoire jour moyen 1989 Bruxelles+ Wallonie (1 >
CIM RTBF
(1 l Auditoire jour moyen : auditeur ayant écouté au moins 10 minutes pendant les
24 dernières heures (CIMl, ayant écouté la radio au moins 1 fols pendant la se-
maine écoulée (RTBF>
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Une est largement bruxellois (plus de la moitié de l'auditoire à
certains moments de la journée) (21).
6h30-9h Liège matin <CPLl AM 243m; FM 90,5 103 94,6 89,1, 89,4
Hainaut matin <CPHl AM 267m; FM 92,3 101,8
Nationale 4 matin AM 230m; FM 97,3 92,8 89,3 91,5 89,4
<CPNl 90,2
11h-13h Radlolène <Verviers> FM 103 94,6 89,1 98,4
17h-19h Café liégeois AM 243m; FM 90,5
·Hainaut soir AM 267m; FM 92,3 101,8
Nationale 4 soir FM 97,3 92,8 89,3
Fréquence 4 <Arlonl(l l AM 230m; FM 91,5 89,4 90,2
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(1) Emission actuel lament diffusée entre 13h et 15h en raison de la chute du py-
lone de Légltse.
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en direct et en différé de nos grands organismes musicaux. Elle
se veut à ce titre le reflet le plus complet possible de l'acti-
vité musicale à Bruxelles et en Wallonie (22). Elle mène égale-
ment un effort important en faveur de la musique contemporaine
(Art Musica) et essaie de soutenir, tant au niveau de la produc-
tion que de la diffusion, les compositeurs belges. Outre cet te
dominante musicale, Radio Trois diffuse divers magazines con-
sacrés au théâtre, à la littérature, aux sciences. Il s'y main-
tient une production originale de dramatiques qui constitue un
débouché pour les auteurs, adaptateurs et comédiens belges. A
Radio Trois se trouvent également associés l'orchestre et les
choeurs de la RTBF. Ceux-ci font partie intégrante de la vie mu-
sicale belge en proposant une cinquantaine de concerts annuels en
Belgique et à l'étranger. L'orchestre participe également aux
programmes de Radio Une et de la télévision. Radio Trois trouve
son public privilégié parmi les niveaux d'instruction supérieurs.
Tableau 8
Comparaison radios - Indice âges
250------------------------------~
.~
' :
200---.·~------------------------~
:j
--------------------~
i
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lOO --1·.
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tian journalistique autonome), des séquences d'actualités diver-
ses, le radioguidage. Son public, en termes d'âge, est à l'opposé
des chaines Radio Une, Deux et Trois et composé en majorité
d'auditeurs de 15 à 45 ans. Radio 21 est également bien suivie
(voir Radio Une et Trois) par les niveaux d'instruction supérieu-
re. Les radios privées ont pour leur part un public plus jeune
(forte percée 15-24 ans) et de niveau d'instruction moyen par
rapport à Radio 21.
LES EMETTEURS
Tableau 9
Parc des émetteurs radio juin 1990
Chafnes AM FM
Radio 1 1 5
Radio 2 3 13
Radio 3 6
Radio 21 7
Ondes courtes 2
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La FM constitue également à la RTBF le support des "décrochages".
Un même programme - en 1' occurrence Radio Deux à la RTBF - est
susceptible d'être émis sur 1' ensemble du réseau à certains mo-
ments de la journée. A des moments choisis, chaque émetteur ou
groupe régional d'émetteur a toutefois la possibilité de diffuser
un programme qui lui est propre. C'est ce qui permet à Radio Deux
de diffuser le matin trois émissions simultanées à destination
respective des habitants des provinces de Hainaut, de Liège et de
l'entité Namur-Luxembourg-Brabant wallon. Ces programmes sont ac-
tuellement relayés par les émetteurs de Radio 21. En ce qui con-
cerne la région bruxelloise, Radio 21 diffuse sur 93,2 Mhz un dé-
crochage propre qui, outre des journaux d'information régionale,
s'inscrit dans la tonalité musicale de la chaine (Bruxelles 21).
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Carte des émetteurs FM avec couverture territoriale
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LES MOYENS BUDGETAIRES ET HUMAINS
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Tableau 10
Budget et personnel radio 1989
Direction
Radio 105.589
Radio 1 27.360
Fabrication 51.592
Coord. R3 7.627
Total 192.168 15,6% 78,4 9,7%
Production site de Bru xe 11es
Journal parlé 126.337 10,3% 66,1 8,1%
Rédaction sportive 22.055 1,8% 8,0 1, O%
Orchestre et choeurs 148.168 12,0% 104,0 12,8%
Radio 21 27.325 2,2% 29,1 3,6%
Radio 4 13.392 1, 1% 9,0 1, 1%
CPIC 46.390 3,8% 43, 1 5,3%
Centre de Bruxelles 172.199 14,0% 116,4 14,3%
Tot a 1 hors CPB 383.667 31,2% 259,3 31,9%
Total avec CPB 555.866 45,2% 375,7 46,3%
Production centres wallons
Mons 152.227 12,4% 117,0 14,4%
Charleroi 11.433 0,9% 8,2 1,0%
Liège <2> 155.375 12,6% 116,2 14,3%
Namur 162.912 13,2% 116,2 14,3%
Total 481 .947 39,2% 357,6 44,0%
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certes mettre en regard budget et heures de diffusion-antenne
pour chaque secteur (24). Il reste que tout dépend du type de
production réalisée et en particulier du degré d'élaboration sur
le plan culturel ou technique du programme. Un rapport
qualité/prix peut toujours être établi sur base de l'audience des
programmes. L'appréciation de la production culturelle, s' ins-
crivant a fortiori dans un esprit de service public (par exemple,
la mise sur pied d'une manifestation de soutien et d' encoura-
gement à la musique contemporaine, le relais donné aux auteurs et
artistes belges) échappe toutefois, outre son caractère parfois
éminemment subjectif, à ce genre de calcul économique. Il reste
cependant indispensable de pouvoir établir le coût des diffé-
rentes productions afin d'en dégager le meilleur coût et les
choix de politique générale.
(24) Hors programme de nuit C7%>, 49% du -temps de diffusion es-t réalisé sur le
site de Bruxelles e-t 44% par les cen-tres wallons ( grille janvier 1990).
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sur le plan fonctionnel en regard des différents rapports de col-
laboration établis sur le site.
(25) Les 85% (692,6 temps plein> Incluent les agents ayant un statut de fonction-
naire et un nombre limité de contractuels à durée Indéterminée dont l'Inscription
sur les frais Indirects correspond à une certaine ancienneté. Les 15% représen-
tent 1'ensemble des prestations rémunérées au cachet. Les chiffres cités en ma-
tière de personnel comprennent 1'ensemble des diverses collaborations converties
en temps p 1e 1n (y compr 1s, par exemp 1e, 1es correspondances jour na 11st 1ques l et
ne font qu'approcher par conséquent le nombre réel de collaborateurs.
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DIVERSES LOGIQUES
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Conclusions
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litiqu~ au sein du .Conseil de la Communauté française. On peut
dès lors se demander si l'on attend de la radio (télévision) de
service public qu'elle soit représentative de sa communauté ou
société de référence, quitte à en supporter les coOts ou qu'elle
soit une entreprise performante, à la gestion maximalisée, quitte
à ce qu'elle acquière une très large autonomie d'action.
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critiques. Tantôt accusé de tomber dans la démagogie, tantôt ab-
sent. - et donc "en perte de vitesse" - des courbes d'audience
pour cause le plus souvent d'émissions de nature culturelle, le
service public fait en réalité l'objet de sollicitations ou de
souhaits contradictoires qui l'amènent en définitive à rechercher
un équilibre constant entre émissions à destination du grand pu-
blic et des publics plus particuliers. Cette exigence tous azi-
muts est alimentée par une certaine méconnaissance des coQts de
production de la radio-télévision, le sentiment de la financer
via la redevance (29) et enfin, sur un plan politique, la diver-
sité de la conception du rôle de l'Etat dans la vie économique et
politique. Nous illustrerons, de manière volontairement caricatu-
rale, les données de la notion de service public en prenant pour
hypothèse d'école, en cas d'impasse budgétaire, "une" révision
drastique de la grille des programmes radio. Si l'on supprime Ra-
dio Trois ou que l'on diminue une part importante de son budget,
d 1 aucuns trouveront argument au renoncement, de la part de la
RTBF, à sa mission de service public. Si l'on supprime Radio 21
ou Radio Deux, on pourra regretter à l'inverse que le service pu-
blic se coupe de toute une génération ou du grand public.
C29l Cel le-cl-n'est, pour rappel, versée que partiel lament aux Communautés.
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Un rapport (le "rapport Wangermée") remis en avril 1990 aux
organes de gestion de la RTBF, explore les possibilités de mo-
dification du statut et du système de gestion de 1' institut. Il
relève notamment le statut de société anonyme, à actionnariat pu-
blic, que possèdent les sociétés de programme Antenne 2 et FR3 et
le projet de statut de parastatal E destiné en Belgique à accor-
der une autonomie plus grande de gestion à la RTT, à la Régie des
postes et à la SNCB, à un moment où la Communauté française, en
vertu des réformes d'août 1988, n'est plus tenue de se référer
aux modèles institutionnels de la loi nationale de 1954. Déjà, la
RTBF a pu, récemment, obtenir un assujettissement partiel à la
TVA et organiser sa compatibilité sous une forme commerciale. Sur
le plan du personnel, le rapport note que, dans la plupart des
pays européens, les organismes chargés du service public de ra
dio-télévision sont aujourd'hui des sociétés de droit public dont
le personnel est contractuel, donc soumis au droit commun. Une
proposition de décret du PRL visant à faire de la RTBF une so-
ciété anonyme à actionnariat mixte a par ailleurs été déposée.
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