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(1978-2008)
Philippe Caufriez, Évelyne Lentzen
Dans Courrier hebdomadaire du CRISP 2009/28 (n° 2033-2034), pages 5 à 104
Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
DOI 10.3917/cris.2033.0660
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4. LE NOUVEAU DÉCRET SUR L’AUDIOVISUEL (2003) ET SES SUITES 49 © CRISP | Téléchargé le 09/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.179.244.178)
CONCLUSION 88
ANNEXE 91
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La place de la radio dans notre vie quotidienne est importante. Aujourd’hui, plus de
six francophones sur dix écoutent la radio au moins une fois par jour et près de 40 %
des francophones l’écoutent hors domicile 1, un des points forts de la radio étant sans
conteste la mobilité. Les auditeurs de plus de 12 ans consacrent en moyenne trois
heures par jour à l’écoute de la radio. Nous sommes en moyenne plus d’un million
d’auditeurs francophones de plus de 12 ans qui l’écoutons le matin entre 7 et 9 heures.
Si les moyens de réception de la radio se sont largement diversifiés, les nouveaux
supports de diffusion étant numériques, la diffusion via le réseau hertzien terrestre
analogique en fréquence modulée (FM) reste encore majoritaire. L’information et la
musique sont les principales motivations d’écoute de la radio, l’usage de la radio
comme décor sonore à d’autres activités n’étant pas négligeable.
La gestion de ce secteur d’activité économique, dont les investissements publicitaires
continuent à être plus élevés au Sud du pays (15 % en 2007) qu’au Nord (11 % en
2007), s’est longtemps faite sans réelle régulation. La volonté du législateur – et
complémentairement du régulateur – d’encadrer le secteur a en effet été souvent
confrontée à la volonté de certains acteurs de ne pas s’y conformer, ce qui est à
l’origine d’un important contentieux.
Le plan des fréquences en FM des radios privées en Communauté française est
finalement adopté par le gouvernement de la Communauté française fin 2007. Suite à
des appels d’offre lancés par le gouvernement, le Collège d’autorisation et de contrôle
du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a délivré en 2008, pour une durée de neuf
ans, une autorisation d’émettre à 96 éditeurs privés de radiodiffusion sonore diffusant
leurs services sur 335 fréquences, mettant fin à une période de 30 ans d’incertitudes
juridiques.
Ce numéro du Courrier hebdomadaire vise à retracer les grandes étapes de la mise en
place du paysage radiophonique actuel 2. En trente ans, le monde de la radio en
Belgique francophone a fortement changé. L’arrivée en 1978 des premières « radios
libres », comme on les appelait à l’époque, marque la fin du monopole du service
public instauré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À leur suite, de
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1
Soixante pour cent des francophones écoutent la radio tous les jours ou presque, tandis que 15 %
déclarent l’écouter plusieurs fois par semaine. M. GUÉRIN, « Pratiques et consommation culturelles en
2
Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2031-2032, 2009.
Les derniers numéros du Courrier hebdomadaire du CRISP consacrés à la radio datent respectivement
de 1988 (S. GOVAERT, « Les radios privées en Communauté française », Courrier hebdomadaire,
CRISP, n° 1201-1202, 1988) et de 1990 (P. CAUFRIEZ, « L’organisation de la radio à la RTBF »,
Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1277-1278, 1990).
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régulation – le Conseil supérieur de l’audiovisuel – dont les pouvoirs ont été renforcés
progressivement. Dans cette saga, l’établissement d’un cadastre de fréquences et
l’attribution des fréquences à des services figurent parmi les principales sources de
conflit, non seulement entre secteurs public et privé mais aussi entre les
Communautés.
Nous avons choisi de procéder par ordre chronologique en distinguant diverses
périodes selon l’évolution des stratégies et de l’offre des différents acteurs privés et
public (RTBF), des dispositions décrétales (cinq décrets se sont succédés depuis 1981),
de la question des plans de fréquences, sans oublier des aspects plus spécifiques tels
que le développement des investissements publicitaires, les mesures d’audience, la
création radiophonique ou la diversité régulée des contenus. Nous avons cherché à
mettre en valeur notamment les enjeux économiques et financiers sous-jacents au
secteur des radios privées en donnant in fine un aperçu de la structure actuelle de
propriété des principaux réseaux, ainsi que la part respective de leurs recettes
publicitaires comparée à leur part d’audience. Enfin, le déploiement d’internet et de la
numérisation tant de la production que de la diffusion durant la dernière décennie
nous a amenés à situer les enjeux d’avenir du média radiophonique.
L’annexe reprend une liste – établie par province et par localité – des autorisations de
services privés de radiodiffusion sonore et des fréquences FM octroyées aux radios
privées en Communauté française respectivement en 1994-1995 et 2008.
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1. UN NOUVEAU PAYSAGE RADIOPHONIQUE
C’est à la fin des années 1970 que se font entendre en Belgique les premières radios
locales émettant en fréquence modulée 4. Ces initiatives – rendues possibles par
l’évolution des techniques qui voit la mise sur le marché de matériels moins chers,
plus légers et plus maniables – soutiennent à l’origine un objectif militant (Radio Eau
noire, mars 1978), communautaire (Radio Louvain-la-Neuve, octobre 1978) ou
politique (Radio Fourons, mars 1979). Elles vont rapidement prendre de l’ampleur.
En janvier 1980, on compte déjà une trentaine de radios à Bruxelles et en Wallonie.
Fin 1980, un recensement effectué à la demande de l’administration de la
Communauté française en dénombre 29 en Wallonie et 22 à Bruxelles, d’une extrême
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3
La plus célèbre d’entre elles, Radio Caroline, émettant au large de l’Angleterre, commence ses
4
émissions en mars 1964.
Pour l’histoire des débuts des radios privées en Communauté française, cf. S. GOVAERT, « Les radios
privées en Communauté française », op. cit., texte auquel se réfère directement ce chapitre. Cf. aussi
A. M. HERMANUS, Tempêtes sur l’audiovisuel, Éditions du Perron, 1990 et S.-P. DE COSTER, « Les
5
radios privées en Communauté française et le Conseil d’État », Administration publique, 1998.
Ministère de la Communauté française, « Les radios locales indépendantes », Dossier Pointillés, 1980.
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Radio Métropole à Charleroi fin octobre de la même année, marquent une étape
importante : ce sont des radios de divertissement, essentiellement musicales (en tout
cas dans un premier temps), soucieuses de professionnalisme, qui se posent
6
clairement en alternative à la RTBF .
Dès novembre 1980, la Sobemap réalise un sondage sur la notoriété et l’audience de
ces radios. Ses résultats, publiés en février 1981, font sensation : 30,9 % des Belges
connaissent une radio libre, 18 % les écoutent, surtout à Bruxelles, dans le Hainaut et
7
le Brabant wallon .
Deux types de réactions ne tardent pas à voir le jour. D’une part, ces initiatives, qui
mettent à mal le monopole dont bénéficient les radios publiques, sont illégales et font
l’objet de poursuites et de saisies de la Régie des télégraphes et téléphones (RTT).
D’autre part, des actions de revendication en faveur de la libéralisation des ondes ou
dirigées contre le monopole de la RTBF sont organisées par une première fédération
de radios privées, l’Association pour la libération des ondes-Belgique (ALO),
constituée en juin 1978. Une deuxième fédération de radios est créée en février 1981,
le Groupement des radios indépendantes de Belgique (GRIB) dont font partie
notamment Radio Contact et SIS.
Les pouvoirs politiques, d’abord méfiants à l’égard d’un mode d’expression qu’ils
maîtrisent mal, prennent ensuite la mesure du mouvement et cherchent à encadrer le
développement des radios. Des initiatives émanent tant du gouvernement fédéral que
de celui de la Communauté française, à l’époque Communauté culturelle de langue
française, compétente pour le secteur de l’audiovisuel depuis la réforme
institutionnelle de 1970, à l’exception de la publicité commerciale à la radio et à la
télévision (compétence qui sera transférée aux Communautés lors de la réforme
institutionnelle de 1988, avec effet au 1er janvier 1989). Elles ouvrent la voie à un
régime de double autorisation et à des conflits de compétence.
Le 30 juillet 1979 est votée une loi relative aux radiocommunications 8 actualisant la
9
législation datant de 1930 : cette loi maintient l’autorisation préalable du ministre
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qui a les télégraphes et téléphones dans ses attributions pour toute installation de
stations locales de radiodiffusion, cette autorisation étant, réforme de l’État oblige,
subordonnée à l’avis conforme des ministres qui ont la radiodiffusion dans leurs
10
attributions. L’arrêté royal du 20 août 1981 , pris par le ministre F. Willockx, fixe les
conditions techniques de l’établissement et du fonctionnement des stations locales de
radiodiffusion : fréquences situées dans la bande 100-104 MHz, puissance apparente
rayonnée limitée à 100 watts (sauf dérogations limitées à 300 watts), hauteur effective
des antennes limitée à 35 mètres, signaux exclusivement monophoniques, d’une
portée nominale de huit kilomètres au maximum. Les titulaires d’une autorisation
sont tenus au paiement d’une redevance.
Le ministre de la Culture française, Jean-Maurice Dehousse (PS), puis son successeur
Michel Hansenne (PSC), entame, dès novembre 1978, des discussions sur la mise au
point d’un statut pour ces radios. Elles aboutissent à l’adoption du décret du
11
8 septembre 1981 qui attribue aux radios locales un rôle de promotion sociale et
culturelle, d’éducation permanente et d’accès à l’antenne des citoyens. Ce premier
décret interdit aux radios locales de mener un but commercial – les radios ne peuvent
pas diffuser de publicité commerciale – et de faire partie d’un réseau. Les radios
doivent être indépendantes de tous groupements professionnels ou politiques (un
amendement a toutefois ouvert la possibilité aux pouvoirs locaux de collaborer à
l’organisation des radios locales). Le décret fixe les conditions de reconnaissance des
radios locales : l’agréation est faite par l’exécutif de la Communauté française sur avis
d’un Conseil des radios locales dont les membres sont nommés par lui. Ce décret
correspond à la philosophie de l’Association de libération des ondes (ALO) décrite
dans une charte diffusée en janvier 1979.
Six mois plus tard, le 23 février 1982, l’exécutif de la Communauté française (PS-
PRL) 12 prend un arrêté 13 qui reconnaît comme organisations représentatives pour un
an et à titre transitoire, l’ALO, le GRIB et une nouvelle et éphémère Union des radios
locales et régionales. D’autres associations viendront s’ajouter par la suite : Media et
diffusion communautaire (MDC), reconnue en 1983 et disparue en 1985, Fédération
des radios d’expression (FREE) (1985) et Radio association francophone (RAF)
(1987).
Le Conseil des radios locales est installé le 5 avril 1982 et entame l’examen de 275
demandes de reconnaissance alors introduites (150 autres demandes sont déposées
entre juillet 1982 et mars 1984). Les travaux du Conseil sont dépendants
d’informations techniques sur le cadastre des fréquences dont il ne dispose pas tandis
que des conflits opposent les représentants de l’ALO et du GRIB dont les positions
sont peu conciliables. Un des principaux sujets de divergence a trait à l’acceptation ou
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10
11
Moniteur belge, 19 septembre 1981.
Ibidem.
12
Philippe Moureaux (PS), ministre-président, est aussi ministre des Affaires culturelles de cet exécutif
13
(22 décembre 1981 - 12 décembre 1985).
Moniteur belge, 17 mars 1982.
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française, publicité commerciale diffusée dans les faits par un certain nombre de
14
radios membres du GRIB .
Le processus de décision est d’autant plus compliqué que socialistes et libéraux en
coalition à l’exécutif de la Communauté française ne sont pas d’accord sur la politique
audiovisuelle à mener et que certaines radios, sans être directement liées à des partis,
comportent en leur sein des personnalités proches de ceux-ci. Ainsi Radio Contact
(P. Houtmans et F. Neyts) et Radio Ixelles (via son bourgmestre) sont vite apparues
comme proches des milieux libéraux, tandis que la FREE et la RAF apparaîtront plus
tard comme proches des milieux socialistes et des sensibilités chrétiennes.
Sur le terrain, on recense beaucoup plus de radios que celles qui ont demandé une
reconnaissance ; les interférences et les brouillages sont légion. Le nombre de radios
qui négligent ou omettent de respecter la réglementation nationale et celle de la
Communauté française va croissant : réseaux de radios, diffusion de publicité
commerciale, émission dans des bandes de fréquences autres, puissance des émetteurs
supérieure… Il en résulte des conflits qui ont vu soit l’ensemble des radios privées
francophones se regrouper pour dénoncer un adversaire commun (la BRT, accusée de
vouloir monopoliser un nombre excessif de fréquences à Bruxelles), soit ces radios
s’opposer entre elles, l’ALO accusant les membres du GRIB d’outrepasser les
puissances autorisées et « d’écraser » ainsi les radios d’expression. De son côté, la
RTBF intente plusieurs actions en justice à l’encontre des radios privées diffusant de la
publicité commerciale, estimant que ce fait lui porte préjudice.
Parallèlement, les radios s’intéressent de plus en plus à l’information au point de
susciter en avril 1982 une réaction de l’Association générale des journalistes
professionnels de Belgique (AGJPB) demandant que l’information dans les radios
locales soit exclusivement traitée par des journalistes professionnels ou pouvant le
devenir au sens de la loi du 30 décembre 1963. On assiste à un rapprochement entre
presse écrite et radios. En octobre 1981, Radio Métropole à Charleroi s’associe avec La
Nouvelle Gazette dont les journalistes vont assumer des bulletins d’information le
matin et le soir. De même, en juillet 1982, Radio Basse Meuse s’associe avec La Meuse
pour la diffusion de trois bulletins par jour, d’autres accords sont passés par Radio
Ardennes et Radio 88 avec le même groupe tandis que Vers l’Avenir collabore avec
plusieurs radios namuroises. Ce rapprochement préfigure, parfois au prix d’une
séparation avec les partenariats initiaux en particulier à Charleroi et Liège, la création
de radios par les groupes de presse : Vers l’Avenir crée sa propre radio en mai 1983 et
Le Soir sa radio à Bruxelles en 1984.
Le décret de 1981 connaît donc de grandes difficultés d’application. Le Conseil des
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14 er
Une première publicité commerciale (savon « Fa ») est diffusée le 1 juin 1982 sur six radios (SIS,
Radio Contact, Radio Annick, Radio Métropole, Radio Basse Meuse, Radio Interim). Une première
régie publicitaire – Radio Key, propriété de la société Information et Publicité Benelux (IPB), filiale
de Havas et de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT) – est constituée. D’autres régies
s’intéressent bientôt aux radios, comme la régie publicitaire de Vlan qui en rachetant Publi Namur
est à l’origine de FM Namur en 1983 (cf. infra). L’expérience de Radio Key s’arrête en juillet 1983
pour faire place à IPB Transistor. Parallèlement, Key News est constitué comme pôle de ressources en
matière d’informations.
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adopte, le 8 juin 1983 , un décret qui permet la reconnaissance – provisoire et limitée
16
à un an – de 110 radios locales . Cela ne résout que très partiellement le problème ;
ne se retrouvent pas dans ce train de reconnaissance les principales radios membres
du GRIB.
Toujours pour sortir de l’imbroglio, une Commission de réflexion sur l’avenir de
17
l’audiovisuel en Communauté française est constituée par arrêté le 27 juillet 1983 .
18
Installée le 10 novembre 2003 et présidée par Irène Pétry , elle est chargée de
remettre un rapport sur l’applicabilité du décret de 1981. Ce rapport, remis le 15 mars
1984, ouvre la porte à une extension de la bande réservée aux radios locales à la sous-
bande 104-108 MHz et à une autorisation conditionnée de la publicité commerciale ;
il rend aussi attentif à la nécessité de fixer des règles à la fois en matière de déontologie
de l’information et en matière de concentration économique (pas de propriété de
groupes de presse).
Deux arrêtés pris par le ministre fédéral des PTT, Herman De Croo (gouvernement
social-chrétien – libéral), vont renforcer cet avis. Le premier du 11 avril 1984 19,
modifiant l’arrêté royal du 20 août 1981, fixe à 100-108 MHz la bande réservée aux
radios locales, sans toutefois modifier la puissance d’émission autorisée. Le second, le
5 juin 1985 20, autorise les radios locales à diffuser des émissions ayant un caractère de
publicité commerciale sous réserve du respect d’un certain nombre de conditions
(sept minutes par heure ; 10 % du temps d’antenne maximum, identification des
écrans…). Cette autorisation, même conditionnée, rend caduc l’article 8 du décret de
la Communauté française du 8 septembre 1981 qui interdisait la diffusion de publicité
commerciale par les radios locales 21.
En 1985, on assiste aux premières opérations de concentration des radios.
En décembre 1984, se constitue à Charleroi la SA d’information, d’animation et de
diffusion (Inadi) dont la majorité du capital est détenue par la Société de presse et
d’éditions, éditrice de La Nouvelle Gazette (groupe de presse Rossel). Elle gère
l’exploitation de radios privées à Charleroi, La Louvière et Mons sous le sigle RFM. Au
15
16
Moniteur belge, 19 juillet 1983.
Qui viennent s’ajouter aux 11 radios, toutes situées en Hainaut occidental, qui avaient été reconnues
en avril 1983.
17
18
Moniteur belge, 26 août 1983.
Le 25 février 1985, Robert Wangermée, ancien administrateur général de la RTBF, est nommé à sa
présidence. Quelques mois plus tard, l’exécutif transforme cette commission en Commission
consultative de l’audiovisuel, le Conseil des radios locales continuant à donner des avis sur les
demandes de reconnaissance.
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milieu des années 1980, le groupe de presse Rossel est également actionnaire
majoritaire des sociétés SA Mediameuse (principalement via l’Imprimerie et Journal
La Meuse) qui a lancé FM La Meuse et de la SA FM Namur (via les sociétés Publi
Namur et Régirem) qui exploite FM Namur, de la SA Radio Galène News (via Jeudi
Soir) située d’abord à Gembloux qui exploitera ensuite RFM Louvain-la-Neuve et de
FM Le Soir que le groupe a créé à Bruxelles. Ces radios ont la même régie publicitaire
(Transistor, département d’IPB, elle-même filiale d’Havas et de la Compagnie
luxembourgeoise de télédiffusion – CLT). Elles sont ensuite réunies et labellisées sous
le même nom pour former le réseau RFM 22.
De son côté, le groupe Josi rachète en 1985 SIS (mai), Radio Métropole (octobre) et
FM 56 à Liège (novembre) et développe un réseau autour d’une régie publicitaire,
Leader FM, qui joue également un rôle de régie de presse (hebdomadaire Pourquoi
pas ?).
Parallèlement se constitue le réseau Contact en 1986 avec dix radios, également
affiliées à la régie publicitaire Transistor.
L’exécutif issu des élections d’octobre 1985 (PRL-PSC) va donner un coup
d’accélérateur au processus de reconnaissance.
Il reconnaît le 27 décembre, sur avis du Conseil des radios locales, 162 radios réparties
en trois catégories 23: les radios d’agglomération (puissance d’1 Kw), les radios locales
(avec dérogation de 500 watts) et les émetteurs de 160 watts, et cela en contradiction
avec les dispositions de l’arrêté royal du 20 août 1981 ce qui n’est pas sans soulever les
réactions de la secrétaire d’État qui a les PTT dans ses attributions, Paula D’Hondt.
Un second train de reconnaissance intervient le 12 juin 1986, après de longues
discussions et dissensions politiques, portant le nombre de radios alors reconnues à
293 (+ 5 radios à Bruxelles invitées à partager une fréquence avec une autre radio). La
liste de ces radios est transmise à la secrétaire d’État qui doit leur attribuer une
fréquence en vertu de la loi de 1979.
Fin novembre 1986, la RTT débute les travaux d’élaboration d’un plan de fréquences :
224 radios présentent un dossier dans un premier temps. Dès avril 1987, de
nombreuses radios sont invitées, faute de fréquences, à ne plus émettre ou à partager
leur fréquence avec d’autres 24.
Les radios sont diffusées sur le réseau hertzien terrestre en mode analogique et en © CRISP | Téléchargé le 09/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.179.244.178)
modulation de fréquence. Elles utilisent une portion du spectre radioélectrique.
22
C’est la radio créée à Mons sous l’égide du journal La Province qui est à l’origine du nom RFM (Radio
Fréquence Mons) qui est conservé en référence également au réseau français éponyme, le sigle RFM
pouvant aussi se conjuguer comme Rossel FM ou Radio fréquence modulée.
23
Ces catégories ont été établies en juin 1985 par la Commission consultative de l’audiovisuel dirigée
24
par R. Wangermée.
« Quoi de neuf dans les radios locales ? », Medialogue, numéro hors série, juin 1987.
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L’établissement de plans de fréquences est un des principaux goulets d’étranglement
de la gestion du secteur.
25
Le signal radiodiffusé est transmis par des fréquences ; chaque gamme de fréquences possède des
propriétés de propagation qui en limitent l’usage. Le cadastre des fréquences FM comprend une liste
de fréquences dans la portion du spectre radio-électrique réservé à la radiodiffusion en modulation
de fréquences (87.5-108 Mhz). À partir de cette liste, il convient d’établir un plan de fréquences qui
comporte toutes les fréquences avec leurs caractéristiques techniques (localisation, hauteur
d’antenne, puissance d’émission, atténuations) qui seront mises en service par des opérateurs selon
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Le 17 juillet 1987 , la Communauté française se dote d’un décret sur l’audiovisuel.
Celui-ci parle pour la première fois de radios privées, qui peuvent s’adresser à un
« quartier, une commune, un groupe de communes contiguës, une agglomération, un
ou plusieurs arrondissements contigus » (art. 30). Il limite cependant à cinq le
nombre de radios contrôlées par une même personne physique ou morale. Parmi les
objectifs fixés aux radios, il y a notamment l’information qui doit être prise en charge
par des journalistes professionnels ou susceptibles de l’être (au sens de la loi du
30 décembre 1963), revendication formulée par l’Association générale des journalistes
de la presse écrite (AGJPB) depuis 1982. Enfin, il crée un Conseil supérieur de
l’audiovisuel chargé de rendre un avis sur toute question relative à l’audiovisuel,
notamment sur les demandes de reconnaissance des radios et dont les membres sont
désignés en septembre 1987 (président : J. Brassinne 30).
er
Le 1 décembre 1987, un arrêté de l’exécutif prolonge la reconnaissance des radios
dont l’expiration venait à échéance en juin 1987. Par arrêtés du 11 décembre 1987 et
du 7 janvier 1988, 243 radios voient leur autorisation renouvelée pour une durée de
quatre ans. À la fin des années 1980, le paysage radio de la Communauté est donc en
train de se restructurer totalement. Sur le terrain, l’occupation des fréquences, la
puissance des émetteurs, la constitution de réseaux (souvent par rachat de fréquences
ou par franchise) et le recours à la publicité n’ont cessé d’anticiper le processus de
réglementation. Le mécanisme de reconnaissance mis en place en 1985 et 1986,
renouvelé en 1987 et 1988, a le mérite toutefois de définir un nouveau paysage
radiophonique.
Sur le plan des fréquences, l’abandon partiel de fréquences par la RTBF élargit le
spectre des fréquences disponibles pour les radios privées. Le nombre limité de
fréquences au vu des demandes fragilise toutefois les petites radios, ce d’autant que se
pose la question de leurs moyens financiers. La manne que peut représenter la
publicité commerciale tend dès lors à favoriser le développement des réseaux.
Le décret de 1987 prépare les conditions d’un paysage concurrentiel, en désignant un
31
secteur privé face au secteur public que constitue la RTBF . L’octroi exclusif de la
publicité commerciale dont le secteur privé va bénéficier concrètement pendant neuf
ans dont six ans sur le plan légal (1985-1991), va permettre à celui-ci de se développer
économiquement parlant.
En 1988, bien au-delà déjà de ce que permet le décret de 1987, les réseaux sont déjà
bien installés : Contact (23 fréquences dont 11 en Communauté française), RFM (8
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29
30
Moniteur belge, 22 août 1987.
Chef de cabinet du ministre de la Défense, F.-X. de Donnea. Robert Wangermée, vice-président, lui
31
succède à la présidence en 1988 suite au changement de gouvernement en Communauté française.
Cette politique n’est pas celle suivie en Communauté flamande qui privilégie la BRT.
32
En septembre 1987, avec les 12 radios en Wallonie auxquelles elle fournit des informations, la radio
rejoint le réseau Nostalgie. Le 19 décembre 1989 le groupe Vers l’Avenir est devenu l’actionnaire
majoritaire de la SA Sofer, reprenant la marque après la faillite de la SA Propublic. Cf. F ANTOINE, Les
radios et télévisions en Belgique, Éd. Kluwer, 2000, p. 175.
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16 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
1988 est constituée une société coopérative, Contact Franchising, qui gère le réseau
des radios franchisées (apport du nom et du savoir-faire en échange d’un pourcentage
du chiffre d’affaires) tandis que, pour le réseau SIS, Leader FM fournit un certain
nombre de programmes communs et un soutien technique. Au niveau publicitaire,
deux régies émergent : IP Transistor et Leader FM (SIS), chacune desservant une
petite centaine de radios.
Les années 1988-1989 marquent toutefois une évolution à cet égard. Le parrainage
commercial, accordé par le décret du 17 juillet 1987 à l’ensemble des radios,
commence sur les antennes du service public en janvier 1988 et vient s’ajouter à la
publicité non commerciale à laquelle la RTBF avait accès, comme l’ensemble des
33 er
radios, depuis 1983 . Le 1 janvier 1989, la publicité commerciale devient une
compétence des Communautés, ce qui débouchera en télévision dès 1989 sur l’accord
TVB 34 et en radio sur l’octroi de la publicité à tous en 1991.
De 1985 à 1987, 307 radios privées ont reçu une reconnaissance de la Communauté
française. Parmi celles-ci, 234 seulement ont reçu une fréquence d’émission des
autorités fédérales. Au 31 avril 1988, 227 radios étaient en service.
33
Décret du 8 juillet 1983 (Moniteur belge, 13 août 1983). Dispositions précisées dans le décret du
34
17 juillet 1987.
La société TVB a été constituée le 25 août 1989 par les deux régies publicitaires parties prenantes à
l’accord RTB-TVi relatif à la création d’une structure commune de commercialisation des espaces
publicitaires. Cf. É. LENTZEN, M. LEGROS, « Les télévisions en Communauté française. Stratégies de
groupes et approche institutionnelle », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1491-1492, 1995.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 17
35
36
Décret du 12 décembre 1977, Moniteur belge, 14 janvier 1978.
P. CAUFRIEZ, « L’organisation de la radio à la RTBF », op. cit.
CH 2033-2034
2. UN PAYSAGE CONCURRENTIEL (1991)
L’année 1991 constitue une date pivot dans le paysage radiophonique pour une
double raison. D’une part, le décret du 19 juillet 1991 reconnaît juridiquement
l’existence des réseaux privés, sans limitation de taille, et octroie la publicité
commerciale à l’ensemble des radios, instituant donc officiellement un paysage
concurrentiel. Celui-ci se marque par la création, la même année, de Bel RTL et de
Bruxelles-Capitale du côté RTBF. Le décret instaure par ailleurs un processus de
reconnaissance des radios selon des catégories qu’il définit. D’autre part, par des arrêts
du 25 janvier 1990 et du 7 février 1991, la Cour d’arbitrage confie aux Communautés
le soin d’attribuer les fréquences aux radios, dans le respect des normes techniques
nationales.
Dans un tel contexte, on retiendra aussi que le décret du 19 juillet 1991 crée un Fonds
de création radiophonique qui vise à maintenir une certaine diversité culturelle dans
l’offre des programmes.
37
Moniteur belge, 2 octobre 1991. Valmy Féaux (PS) est alors ministre-président de l’exécutif de la
Communauté française et en charge de la Culture et de la Communication (depuis janvier 1989).
Sous la législature suivante, la charge de l’Audiovisuel incombe, du 7 janvier 1992 au 5 mai 1993, à
38
Bernard Anselme et ensuite, jusqu’au 26 janvier 1994, à Elio Di Rupo (tous deux PS).
Sortant ses effets le 18 mars 1991, il permet à la RTBF de commencer la publicité commerciale en
radio le 15 avril 1991. Arrêté du 3 mai 1991, Moniteur belge, 7 juin 1991.
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 19
39
Moniteur belge, 26 mars 1992.
40
L’arrêté du 29 décembre 1993 (Moniteur belge, 21 avril 1994) permettra de déroger aux puissances
indiquées (cf. infra).
41
Dans les faits, les réseaux de radios privées se marquent soit par l’utilisation de labels communs, soit
par le partage de mêmes lieux ou instances de décision en ce qui concerne la gestion administrative
et/ou technique, une programmation commune, la liaison par contrat à une même régie publicitaire
et la fourniture d’informations à partir d’une même source. Le mouvement de professionnalisation
est allé de pair avec des regroupements de radios pour des économies d’échelle (rationalisations
techniques et/ou de gestion) et avec une présence accrue d’opérateurs français. Ces derniers ont
constitué des sociétés de droit belge (cf. infra).
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20 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
la part maximale du capital qu’une personne physique ou morale peut détenir dans
des radios, le nombre étant limité à cinq pour l’ensemble de la Communauté française
et à une seule par zone géographique.
Le décret prévoit également que des priorités peuvent être établies parmi les radios au
sein de chaque catégorie et qu’il peut être recouru à un appel d’offre par zone
géographique. Celles-ci, au nombre de 26, sont précisées par un arrêté du 6 janvier
1992 42.
À l’instar du décret de 1987, les reconnaissances sont accordées pour une période de
quatre ans sauf besoin d’harmonisation entre les autorisations octroyées.
Sur le plan de l’information, le décret maintient le recours à des journalistes
professionnels ou susceptibles de le devenir, mais limite ce principe aux radios
diffusant de l’information générale. Ces dernières doivent édicter un règlement
assurant l’objectivité de l’information qu’elles diffusent.
Les conditions d’octroi, suspension et retrait de reconnaissance sont précisées dans un
arrêté du 18 décembre 1991 43. Celui-ci oblige notamment les sociétés de service
reconnues à acquitter, préalablement à leur reconnaissance, les droits d’auteurs et
droits voisins, une question restée pendante durant plusieurs années 44.
Depuis 1985, des aides sélectives ont été octroyées aux radios locales par la
Communauté française, notamment pour payer certains droits d’auteurs. Depuis
1987, elles sont octroyées au titre d’intervention dans les frais de production d’œuvres
sélectionnées valorisant le patrimoine de la Communauté française dans les domaines
de l’information, du documentaire, de la fiction, de la musique et des magazines
culturels.
Le décret du 19 juillet 1991 crée un Fonds d’aide à la création radiophonique alimenté
par un pourcentage des recettes de publicité commerciale engrangées par la RTBF et
les radios privées autorisées à insérer de la publicité dans leurs programmes. Ce
pourcentage est fixé à 3 % des recettes brutes de la RTBF avec un minimum annuel de
32 450 000 BEF 45 et à 1 % des recettes brutes des radios privées d’agglomération et
régionales à partir d’un seuil fixé par l’exécutif (arrêté du 24 décembre 1991). L’arrêté
du 18 décembre 1991 relatif aux sociétés de service prévoit de son côté une
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42
43
Moniteur belge, 7 avril 1992.
44
Ibidem.
Dès les années 1980, la Sabam a réclamé aux radios le paiement de droits d’auteurs en fixant
notamment pour les radios commerciales un montant, constamment contesté, équivalant à 6 % de
45
leurs recettes publicitaires.
Arrêté de l’exécutif de la Communauté française du 18 décembre 1991, Moniteur belge, 26 mars 1992.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 21
L’arrêté du 18 décembre 1991 définit les productions qui peuvent avoir accès au
financement par le Fonds. Il s’agit de subsidier des projets d’émissions présentant un
caractère de recherche, de création, d’adaptation littéraire ou dramatique,
d’information spécialisée ou d’éducation permanente.
Le Fonds d’aide démarre en 1994, après l’adoption le 17 décembre 1993 de l’arrêté
instituant la commission de sélection des projets ayant accès au Fonds d’aide à la
création radiophonique 46.
Jusqu’en 1990, les radios sont soumises à un double régime d’autorisation quant à la
diffusion de leur programme par l’une des deux Communautés d’une part, quant à
l’octroi d’une fréquence par l’État fédéral d’autre part.
La Cour d’arbitrage va, dans deux arrêts en 1990 et 1991, confirmer sa jurisprudence
antérieure selon laquelle la compétence générale des Communautés en matière de
radiodiffusion et de télévision ne se trouve limitée que par l’exception explicitement
prévue par la loi spéciale du 8 août 1980, modifiée par celle du 8 août 1988 (à savoir
les communications du gouvernement national).
Par ailleurs, l’établissement d’un cadastre des fréquences par les Communautés va être
encadré par un arrêté royal, celui du 10 janvier 1992, qui fera couler beaucoup d’encre
pendant près de quinze ans.
46
47
Moniteur belge, 4 mars 1994.
Cour d’arbitrage, arrêt 7/90 du 25 janvier 1990, Moniteur belge, 4 avril 1990.
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22 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Cour précise que « l’exercice de cette compétence doit être réglé de façon telle qu’il ne
porte pas atteinte à la compétence des Communautés auxquelles est en principe
confiée (…) la matière de la radiodiffusion ».
48
Cet arrêt est confirmé un an plus tard par un arrêt du 7 février 1991 , rendu cette fois
au contentieux de l’annulation. La Cour y précise que la compétence des
Communautés en matière de radiodiffusion inclut aussi « la compétence, dans le
respect des normes techniques nationales, de régler les aspects techniques, qui sont
spécifiques à la matière de la radiodiffusion, (…) d’attribuer les fréquences, ainsi que
d’appliquer toutes les normes techniques nationales, dans l’exercice de leur
compétence d’autorisation ou d’agrément ».
Dès le début des années 1990, les Communautés, dont la compétence en matière
d’attribution des fréquences est à présent reconnue, ont été confrontées à la situation
mise en place par la RTT dans les années 1980. Un plan « dit RTT 91 » est alors
disponible, comme le sera trois années plus tard un plan dit « de Genève belge mis à
jour ». Il va sans dire que les divergences sont nombreuses tout autant que les
fréquences « trouvées » au fil du temps dont seule une partie a été coordonnée.
L’arrêté royal du 10 janvier 1992 49, qui remplace l’arrêté Willockx de 1981, loin de
clarifier les choses, va singulièrement les compliquer. Cette réglementation, relative
aux aspects techniques de la bande 87,5-108 MHz, a donné lieu à un nombre
important de litiges et entraîné des procédures visant à signifier son illégalité. Elles ont
abouti à des décisions judiciaires. Les tentatives d’en modifier les termes ont été
nombreuses mais sont restées longtemps infructueuses.
En premier lieu, sa validité est mise en cause. Pris par un gouvernement en affaires
courantes (après les élections de novembre 1991), cet arrêté n’a pas été communiqué à
la Commission européenne, en contravention aux dispositions de la directive
83/189/CE 50. Sa mise en œuvre ne respecte pas, de plus, un des principes qu’il institue,
à savoir la proposition conjointe des ministres compétents des Communautés, ce qui
amena la Cour d’appel de Gand (arrêt du 2 juin 1999) et la Cour d’appel de Bruxelles
(arrêt du 11 avril 2000) à en refuser l’application.
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51
Il a été jugé à plusieurs reprises que la procédure de coordination constitue une formalité
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24 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
er 58
Du 1 septembre au 23 décembre 1993, le ministre de l’Audiovisuel, Elio Di Rupo ,
met en place des « Carrefours de l’audiovisuel » qui ont pour objectifs de permettre
aux professionnels et consommateurs de l’audiovisuel de s’exprimer, d’analyser
certains modes de fonctionnement de l’audiovisuel et d’élaborer une synthèse devant
servir de base à une politique actualisée en la matière. Tout en insistant sur la prise en
considération de radios privées culturelles, le carrefour radio 59 met en exergue
l’inadéquation de la situation juridique des radios privées et du plan de fréquences à la
réalité en plaidant pour que les radios commerciales d’audience communautaire,
« seules (…) en mesure d’offrir des retombées économiques et sociales permettant le
60
maintien d’une réelle activité radiophonique propre à la Communauté française »,
aient la concession de réseaux de fréquences, le marché publicitaire, selon les régies
consultées, ne permettant pas à plus de quatre ou cinq radios de ce type de coexister à
côté du service public et des radios locales.
61
Sur avis du CSA et sur pression de réseaux privés soucieux d’obtenir des puissances
d’émission supérieures à celles d’1 KW 62, un premier arrêté intervient le 29 décembre
1993 63, permettant au gouvernement de déroger aux normes fixées par l’arrêté du 24
décembre 1991 en termes de puissance apparente rayonnée (dépassements pouvant
aller jusqu’à 5 KW) et de hauteur d’antenne, chaque fois que le classement d’une radio
privée dans l’une des quatre classes techniques existantes ne permet pas à cette radio
de « s’adresser effectivement au public vis-à-vis duquel elle a été reconnue ».
Le 29 décembre 1993 également, le gouvernement adopte un second arrêté portant
reconnaissance de 186 radios (dont 13 sur Bruxelles contre 44 reconnues en juin
1986) qui renouvelle les reconnaissances attribuées aux radios reconnues avant cette
date. Cet arrêté détermine en son annexe, dans chacune des 26 zones définies, la classe
dont chaque radio relève et ses caractéristiques techniques. Cet arrêté entre en vigueur
le 28 février 1994. En effet, le gouvernement, par les arrêtés des 1er et 21 février 1994 64,
modifie légèrement l’annexe contenant la liste des radios reconnues et les fréquences
qui leur sont attribuées. Les reconnaissances, pour quatre ans, le sont à titre
provisoire, dans l’attente de l’aboutissement des procédures de coordination de ces
fréquences auprès de l’IBPT.
Dans l’intervalle, s’engage une concertation, d’abord informelle, ensuite au sein du
Comité de concertation gouvernement-exécutifs, la Communauté flamande estimant
que la Communauté française excède ses prérogatives en matière d’octroi de
puissances d’émission à des radios privées et ne respecte pas la procédure de
coordination prévue par l’arrêté royal du 10 janvier 1992.
Le gouvernement confirme par un arrêté du 7 mars 1994 les 186 autorisations
accordées précédemment. En sa séance du 15 mars 1994, le Comité de concertation
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58
Elio Di Rupo est en charge de l’Audiovisuel du 11 mai 1993 au 26 janvier 1994. © CRISP | Téléchargé le 09/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.179.244.178)
59
Président : Jean-Charles De Keyser (Bel RTL).
60
61
R. WANGERMÉE, Rapport de synthèse, Carrefours professionnels de l’audiovisuel, 1994, pp. 61-69.
Trois avis sont remis en 1992 : n° 126 du 19 mars 1992, n° 128 du 4 juin 1992 et n° 135 du
30 septembre 1992.
62
D’après P. Monfils, les radios privées ont accepté l’introduction de la publicité commerciale sur les
radios de la RTBF en mai 1991, en échange de possibilités d’augmentation des puissances d’émission
et de recours à l’émission stéréophonique, Conseil de la Communauté française, Compte rendu
63
intégral, CRI 6, 18 février 1993, pp. 10-12.
64
Moniteur belge, 21 avril 1994.
Ibidem, 21 juillet 1994.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 25
65
66
Avis n° 157 du 10 mars 1994, n° 160 du 23 juin 1994 et n° 167 du 26 janvier 1994.
Moniteur belge, 7 octobre 1995.
67
68
Ibidem, 23 août 1995.
69
Ibidem, 21 avril 1994.
S.-P. DE COSTER, « Les radios privées en Communauté française et le Conseil d’État », Administration
70
publique, 1998.
L’arrêt en suspension est rendu par le Conseil d’État le 13 juin 1995 (n° 53.697) qui fait droit à la
requête de la Communauté flamande, celui en annulation le 29 janvier 1997 (n° 64.246) suite à un
recours introduit en mars 1994 par l’asbl SIS diffusant le programme Chérie FM à Bruxelles et
estimant que seule une PAR de 750 W lui a été attribuée alors que des radios concurrentes obtenaient
des PAR supérieures à 1 KW.
71
Un recours en suspension et un recours en annulation est introduit par l’asbl Diffusion Brabant
(Radio Antipode) devant le Conseil d’État qui les accueille favorablement respectivement par ses
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26 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Des procédures sont aussi introduites devant d’autres juridictions. Ainsi par exemple,
sur recours introduit par la Communauté flamande le 6 décembre 1995, la suspension
par le Conseil d’État de l’arrêté du 6 février 1995 pour 11 radios (arrêt du
21 septembre 1998, n° 75.844) amènera celles-ci à saisir le tribunal de première
72
instance de Bruxelles .
72
En réaction, le gouvernement projette d’octroyer de nouvelles autorisations à ces radios. Un avis du
CSA-CAC est alors demandé en extrême urgence. Le gouvernement renonce finalement à prendre ce
nouvel arrêté sur pression des radios, mais décide d’entamer la procédure de reconnaissance du
nouveau plan de fréquences. L’IBPT étant intervenue en mettant des scellés sur certains émetteurs, les
11 radios déposent un recours auprès du tribunal de première instance de Bruxelles contre l’IBPT
(98/1763/C du rôle des référés) pour demander la levée des scellés, empêcher toute mesure coercitive
arbitraire de l’IBPT et constater l’illégalité de l’arrêté royal de 1992. Le 9 février 1999, le tribunal
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 27
73
Lancé le 2 septembre 1991 par CLT-UFA/TVi, Contact (21,4 %) et Rossel, sur le
modèle de RTL France, Bel RTL s’appuie sur la promotion de TVi, le réseau de
fréquences de RFM, les équipes de TVi et RFM, les concepts éprouvés de RTL France.
En témoignent notamment l’information matinale (grand journal à 8 heures), la
présence d’animateurs de TVi à l’antenne (H. Meillon « Beau fixe » ; A. Simons « Le
Tirlipot »), « Les grosses têtes » de P. Bouvard (remontées et diffusées avec quelques
jours de décalage). Les synergies entre Bel RTL et TVi se multiplient (1992 :
rediffusion en radio d’émissions télévisées) avant de déménager en 1993 dans de
mêmes locaux. En 1996, le programme Bel RTL est émis sur 12 fréquences.
De son côté, à l’initiative d’IP, Contact opère un rapprochement avec le groupe RTL
qui se concrétise dès 1988 par une prise de participation de 35 % de la CLT dans la SA
Contact, Francis Lemaire conservant 40 % des parts et Freddy Neyts et Pierre
Houtmans chacun 12,5 %, et en 1991 par une participation de Contact au capital de
74
Bel RTL .
Peu à peu, la programmation et la production des programmes de Contact sont
centralisées. Une société, ContactSat, exploite désormais les canaux satellites pour la
diffusion de ses programmes et ceux d’autres chaînes comme Fun Radio. Au fur et à
mesure du « rachat » de fréquences à des asbl ou à des particuliers utilisées sous
franchise « Contact » (Contact Franchising), une structure de groupe est mise en
place. La société Cobelfra à Nannine 75 devient ainsi en charge de la fourniture des
programmes et de l’exploitation de services privés de radiodiffusion sonore sous le
label « Radio Contact » conformément à la convention de concession de marque
octroyée par la SA Contact. Outre la SA Contact (à hauteur de 33 % en janvier 1999),
Cobelfra compte comme actionnaires les franchisés. Pour assurer l’indépendance de
l’information, est créée l’asbl Infor FM chargée de la collecte des informations et de la
rémunération des journalistes. En 1996, le réseau Contact possède 34 fréquences. Il
lance par ailleurs sous le nom Contact Gold une nouvelle radio diffusée sur six
fréquences, destinée à un public plus âgé.
Durant les années 1990, Contact multiplie les initiatives. Le groupe cherche également
à assurer sa croissance externe par des investissements notamment en Roumanie
avant la Turquie, la Moldavie, la Bulgarie, la Pologne, la Guadeloupe, le
76
Luxembourg… C’est aussi le premier réseau belge à diffuser par satellite et cela dès
1991.
BFM est lancé en Belgique en octobre 1994 comme décrochage du programme
parisien d’informations économiques et financières éponyme. BFM est d’abord
hébergé par Contact avant que ce dernier n’acquière 30 % du capital de la société
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73
74
Cette participation a été acquise par CLT-UFA en 1994.
Contact possède alors avec TVi 54 % des actions de la société éditrice de Bel RTL (répartis à raison de
60 % pour TVi et 40 % pour Contact), le solde est détenu par Rossel.
75
76
Créée sous la dénomination de Société de diffusion de la Basse Sambre le 25 mai 1989.
Ces participations sont revendues après 2002. Le groupe est également présent en Bosnie-
Herzégovine et en Croatie en collaboration avec les forces belges de l’OTAN.
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28 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Contact prend en 1996 une participation de 25 % dans la société Fun Radio Belgique,
titulaire de la marque Fun Radio en Communauté française. Cette société a conclu
avec la société FM Développement un contrat pour la conception, la production, la
réalisation et la gestion de la radio sur un réseau de neuf fréquences.
Un autre réseau s’amorce fin 1993. Les quelques relais de NRJ France en Belgique et le
réseau Chérie FM, qui prend appui sur des fréquences occupées précédemment par
SIS, fusionnent au profit du seul programme NRJ. Une société NRJ Belgique est
fondée en juin 1994 ; elle va prendre son autonomie sur le plan programmatique et
s’insérer dans le marché publicitaire belge.
Le réseau Ciel, organisé par la société Ciel Développement, opère 12 des 25 fréquences
77
obtenues en 1995, les autres sont en service en sous-traitance par NRJ .
À l’exception de NRJ, IP assure la régie publicitaire des principaux réseaux privés.
2.5.2. La RTBF
77
Trois ans plus tard, Ciel n’est plus diffusé qu’à Seraing tandis qu’à Bruxelles, la fréquence est occupée
par une porteuse et un programme musical diffusé en boucle. Cette dernière est louée à Gold en
78
1998.
Jusque-là Radio 21 relayait entre 6h30 et 9h les émissions régionales diffusées sur Radio 2 et Bruxelles
Capitale.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 29
va, entre autres, également assurer la régie publicitaire du réseau belge de NRJ dès la
constitution de celui-ci.
79
80
On estime à 2 % les recettes de la publicité en radio avant sa généralisation en 1991.
En compensation de l’exclusivité accordée à la chaîne de télévision privée VTM créée en 1989.
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30 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Tableau 3 : Évolution des investissements publicitaires bruts par radio, hors local
(en millions de BEF)
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Bel RTL 76,9 270,7 312,7 361,5 421,1 499,4 572,8
ContactGold 1,9
Fun 21,0 31,7 26,2
R Contact 228,7 269,2 328,3 384,5 489,3
Nostalgie 35,9 38,9 59,3 60,3 76,4
R locales 213,9 205,9
Autres IP 12,8 21,9 30,6 45,6 0,9
RTL Fr 11,0 8,4 10,1 11,7 16,2 14,4 5,9
IP Radio 301,9 485,0 600,3 703,2 876,5 1 035,8 1 173,3
BRF 2,1 3,9 4,5 3,8 16,4 23,4 26,1
NRJ 1,8 33,5 58,1 64,8
RTBF 465,8 663,9 25,1
Brux.Cap. 73,7 65,7 63,9 78,2 126,8
Radiolene 0,5 0,3 0,3 0,3 0,4
Fréq.wall. 430,1 321,7 392,8 366,9 278,2
Première 139,3 126,0 135,4 131,2 136,4
Musique3 2,5 8,1 7,3
Radio 21 185,5 259,6 259,7 251,8 298,3
RMB 476,9 667,8 833,5 779,0 904,4 918,0 963,4
Total 783,1 1 166,2 1 440,8 1 487,6 1 784,4 1 957,8 2 138,7
Source : MDB, IP.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 31
Les divergences méthodologiques, outre qu’elles créent des controverses entre régies,
donnent des résultats d’audience très différents, chaque étude favorisant les radios qui
l’ont commandée 81. Toutefois, la hiérarchie des radios dans l’une ou l’autre mesure
met en tête Contact puis ultérieurement Bel RTL. Le marché publicitaire aura
tendance à privilégier Radiométrie en raison de sa plus grande ergonomie.
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81
Le CIM tente, notamment en 1990 et 1993, de mettre sur pied une enquête commune.
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3. UN PROCESSUS DE RÉGULATION RENFORCÉ
(1997)
82
83
Moniteur belge, 29 août 1997.
Instaurée par le décret de 1991, présidée par l’ancien publicitaire Emmanuel Hollander, elle adopte
en 1996 un premier code d’éthique de publicité.
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 33
Par rapport aux dispositions de 1991, les catégories de radios sont définies
84
uniquement en termes de statut : les radios en réseau et les radios indépendantes.
Une des nouveautés importantes du décret est l’établissement, préalable au processus
d’autorisation, d’un plan de fréquences par le gouvernement de la Communauté
française.
Que ce soit pour les réseaux ou les radios indépendantes, interdiction leur est faite de
céder une ou des fréquences, d’être contrôlées directement ou indirectement par une
autre radio de la Communauté française ou par une régie publicitaire. Obligation leur
est faite également de déposer un plan financier démontrant la viabilité économique
de leur projet. Le paiement d’une redevance annuelle 85 est imposé aux radios par le
décret qui confirme par ailleurs l’autorisation de diffusion de la publicité et du
parrainage pour l’ensemble de celles-ci.
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84
85
L’arrêté du 24 décembre 1991 fixait cinq catégories sur le plan culturel ou de contenu (cf. supra).
Pour les réseaux couvrant de manière optimale l’ensemble de la Communauté française et de la
région de Bruxelles-capitale, la redevance annuelle est de 2 millions BEF par an indexés. Pour les
autres réseaux et pour les radios indépendantes, le montant est de 50 000 BEF par fréquence et par an
indexés, réduit à 24 000 BEF par fréquence et par an si les recettes publicitaires annuelles brutes sont
inférieures à 2 millions BEF.
CH 2033-2034
34 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
86
cahier de charges dont le contenu minimal est fixé par le décret . Le cahier des
charges de l’appel d’offres prévoit un certain nombre de dispositions communes à
l’ensemble des radios :
– l’obligation dorénavant d’assurer un minimum de 70 % de production propre
(sauf dérogations accordées par le gouvernement sur avis conforme du CSA-CAC)
et de diffuser au moins 30 % de musiques sur des textes francophones dont 15 %
d’œuvres musicales de compositeurs, d’artistes-interprètes et de producteurs de la
Communauté française ;
– l’obligation d’émettre en langue française (sauf dérogation du gouvernement sur
avis conforme du CSA-CAC) et de veiller à la promotion culturelle notamment par
« la présentation à titre gratuit des principales activités culturelles et
socioculturelles de la zone de service du programme » ;
– l’obligation pour les radios en réseau de fournir une information objective,
d’établir un règlement d’ordre intérieur y relatif, de faire assurer la gestion de
l’information par des journalistes professionnels conformément à la loi du
30 décembre 1963 (cf. décret de 1991), ceux-ci devant être dorénavant engagés à
temps plein sous contrat d’emploi et en nombre suffisant par rapport au projet
radiophonique du demandeur, un avis motivé du CSA-CAC étant réclamé sur ce
point, et d’envisager les perspectives de développement d’une collaboration avec la
presse écrite ; pour les radios indépendantes qui diffusent de l’information
générale, l’obligation d’objectivité de l’information et un règlement d’ordre
intérieur ;
– l’obligation de présenter un plan d’emploi, prévoyant notamment au moins un
technicien qualifié pour la maintenance technique ;
– l’interdiction de diffuser tout propos ou émission contraire à la loi du 30 juillet
1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme et la xénophobie et la
loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimalisation, la
justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste
pendant la Seconde Guerre mondiale.
86
La procédure était la suivante : établissement par le gouvernement de la liste des fréquences
attribuables aux deux catégories de radios (indépendantes et réseaux), demande d’avis conforme sur
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 35
87
« Des infractions particulièrement graves doivent pouvoir être sanctionnées sévèrement et quasi
automatiquement lorsqu’elles touchent au cœur même du système voulu par le décret. Ainsi en est-il
d’un changement radical de format d’une radio ou de la cession d’une autorisation ou d’une
fréquence, non autorisés par le gouvernement sur avis conforme du Collège d’autorisation et de
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36 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
91
92
Moniteur belge, 10 septembre 1997.
Ibidem, 13 octobre 2000.
93
94
Pour rappel, le CSA-CAC dispose en la matière d’un pouvoir d’avis conforme.
Le simulcast consiste à diffuser un même programme simultanément sur plusieurs modes de
diffusion.
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 37
Le problème de l’application du décret du 24 juillet 1997 pour les radios privées s’est
er
posé dès le 1 janvier 1998, l’échéance de nombreuses autorisations étant le
31 décembre 1997. Dans son article 50, le décret prévoit que les radios reconnues en
95
application du décret de 1987 , si elles restent dans les conditions de la
reconnaissance et de l’autorisation, peuvent continuer à émettre jusqu’à décision du
gouvernement. Sur les 243 fréquences à la date de l’adoption du décret de 1997, peu
cependant restent dans les conditions théoriques de l’article 50.
Première étape dans le processus de reconnaissance des radios privées, le
gouvernement s’est réservé la responsabilité de l’établissement du cadastre des
fréquences attribuables, sur avis conforme du CSA-CAC. Le fait de disposer d’entrée
de jeu d’une liste de fréquences est un changement important ; auparavant le plan
s’élaborait au rythme des autorisations délivrées 96.
En application de l’arrêté royal de 1992, le gouvernement (PS-PSC) introduit, le
30 janvier 1998, une demande de coordination de son plan de fréquences auprès de
l’IBPT. La Communauté flamande en fait de même. Une date d’entrée en vigueur des
er
deux plans est établie au 1 janvier 1999. Des réunions politiques et techniques
essayent de rencontrer les objectifs des uns et des autres, mais la concertation
97
n’aboutit pas . La Communauté française conclut alors à la fin de la procédure de
coordination telle que voulue par l’arrêté royal de 1992. L’IBPT transmet le 19 octobre
un tableau résumant le résultat des « coordinations » (accords, refus et demandes
d’atténuations) en ajoutant qu’il va de soi que les radios pour lesquelles un refus a été
émis ne peuvent être mises en service et que des restrictions de puissances apparentes
rayonnées doivent être respectées. Le gouvernement de la Communauté française
considère alors que l’IBPT empiète sur ses compétences (voir les arrêts de la Cour
d’arbitrage ci-dessus) et constate qu’aucune procédure ne permet de trancher un
désaccord entre Communautés. Ce que confirme, dans un courrier du 9 novembre
1998, le vice-Premier ministre et ministre des Télécommunications qui a la tutelle sur
l’IBPT, Elio Di Rupo (PS). Le dossier est transmis au Comité de concertation où
aucun accord n’est dégagé 98.
La ministre-présidente et en charge de l’Audiovisuel, L. Onkelinx, décide, la formalité
substantielle de la coordination étant réalisée, de mettre en œuvre la procédure de
reconnaissance inscrite dans le décret (qui demande huit mois). Fin janvier 1999, le
gouvernement communique au CSA-CAC les projets d’appel d’offre comprenant la
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38 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
99
liste des réseaux de fréquences et des fréquences attribuables (237 fréquences) . Un
intense lobbying s’organise, chacun des candidats potentiels sollicitant des soutiens
politiques. Ce qui s’apparentait davantage à une opération de stabilisation devient une
épure compliquée puisqu’entrent en jeu, outre les positions acquises sur le terrain, la
liberté d’expression et la nécessaire diversité d’une offre radiophonique.
L’avis conforme du CSA-CAC est adopté le 31 mars 1999, à la majorité de ses
membres 100. Au départ de la proposition du gouvernement (quatre grands réseaux ou
trois grands et deux moyens), sur la base d’une répartition entre fréquences
attribuables aux réseaux (de l’ordre de deux tiers des fréquences) et fréquences
attribuables aux radios indépendantes (de l’ordre d’un tiers) et après consultation
d’un collège d’experts techniques, il propose quatre réseaux à couverture
101
communautaire , quatre réseaux à couverture régionale (Brabant wallon, Bruxelles-
Hainaut, Liège, Namur-Luxembourg) et deux réseaux « multivilles » (Bruxelles-
Charleroi-Liège et Bruxelles-Mons-Liège).
L’avis conforme du CSA-CAC est adopté le 31 mars 1999, à la majorité de ses
membres 102. Le CSA-CAC y propose une répartition entre fréquences attribuables aux
réseaux (de l’ordre de deux tiers des fréquences) et fréquences attribuables aux radios
indépendantes (de l’ordre d’un tiers). Après consultation d’un collège d’experts
techniques, il préconise quatre réseaux à couverture communautaire 103, quatre
réseaux à couverture régionale (Brabant wallon, Bruxelles-Hainaut, Liège, Namur-
Luxembourg) et deux réseaux « multivilles » (Bruxelles-Charleroi-Liège et Bruxelles-
Mons-Liège).
Cet avis suscite des réactions :
– de candidats opérateurs de radios d’école principalement à Bruxelles compte tenu
de l’encombrement du spectre ;
99
Une convention est conclue entre le gouvernement et la RTBF dont un des services, le BRTE, est
l’opérateur technique de la Communauté française notamment pour l’établissement du cadastre des
fréquences. Ce fait suscite nombre de réactions mettant en doute l’objectivité de son travail. On peut
cependant considérer que le BRTE est attentif à élaborer un plan de fréquences compatible avec les
plans des autres Communautés (il a été modifié à plusieurs reprises pour tenter de rencontrer les
objections formulées par la Communauté flamande et les remarques de la Régie des voies aériennes
notamment). Il s’est trouvé souvent seul pour défendre le patrimoine en radiofréquences de la
100
Communauté française.
L’ensemble des avis et décisions du CSA est consultable à l’adresse <www.csa.be>. Les représentants
PRL et Écolo du CSA-CAC, dans une note minoritaire, choisissent de demander au gouvernement de
revoir sa proposition, les objections ou incertitudes techniques étant nombreuses et des
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 39
104
Certains candidats font preuve de méconnaissance ou d’incompréhension du processus en cours,
d’autres vont jusqu’à revendiquer un statut de radio indépendante alors qu’ils sont liés par contrat de
franchise à l’un ou l’autre réseau de radios.
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40 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
les fréquences en-dessous de 102 MHz et des émetteurs à faible puissance réservées
aux initiatives privées. Il décide la mise en place de deux réseaux de radios de
fréquences sous les 100 MHz. Ce changement de politique laisse augurer de nouvelles
discussions sur les cadastres des fréquences puisque cette volonté d’installation de
deux réseaux sous les 100 MHz implique des nouvelles demandes de coordination
auprès de l’IBPT (en l’occurrence pour 67 nouvelles fréquences), tandis qu’un certain
nombre de licences arrivent à leur terme en Flandre.
Poussée par un intense lobbying des responsables de réseaux qui considèrent la
démarche flamande comme une attaque frontale qui pourrait avoir comme
conséquence de restreindre « significativement et irrémédiablement l’espace
105
disponible pour les radios francophones », la ministre C. De Permentier organise
un dialogue avec les radios privées qui tourne au monologue des radios indépendantes
dénonçant le déséquilibre du projet de plan de fréquences élaboré par le
gouvernement précédent.
Le 5 septembre 2000, un « Protocole d’accord » visant à mettre en œuvre un plan de
fréquences coordonné entre les Communautés flamande et française est trouvé avec le
ministre libéral Dirk Van Mechelen en charge de l’Audiovisuel en Communauté
flamande.
Les deux Communautés s’accordent sur un moratoire des contentieux qui les
opposent, principalement sur l’interprétation à donner à l’arrêté royal du 10 janvier
1992, devant les juridictions civiles et administratives et ce jusqu’à la mise en service
du plan de fréquences définitif à réaliser en exécution dudit protocole. Ce dernier fixe
en deux axes les critères et la méthodologie pour l’élaboration d’un plan de
fréquences :
– le premier axe est relatif à la bande de fréquences en-dessous des 100 MHz (celle
occupée essentiellement par des émetteurs de la RTBF et de la VRT) : les deux
parties conviennent de maintenir les acquis en termes de fréquences (à savoir le
plan de Genève de 1984, avec les modifications coordonnées et les assignations
mises en service), mais surtout de permettre l’introduction en Flandre de deux
nouveaux réseaux régionaux (sur la base des 67 nouvelles fréquences tout en
respectant les conforts d’écoute des émetteurs publics) et, en Communauté
française, de « récupérer » des fréquences contestées 106. Le protocole précise
107
également la méthode de calcul qui sera appliquée aux nouvelles fréquences ;
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 41
– le second axe est relatif à la bande de fréquences au-dessus de 100 MHz : les parties
conviennent de confier, pour le 30 juin 2001, à un opérateur externe, une étude en
vue d’établir un plan de fréquences dans cette bande pour les deux Communautés.
Le protocole indique la méthodologie à suivre.
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42 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
111
Le 18 décembre 2000, le nouveau ministre de l’Audiovisuel demande au Bureau des relations
techniques extérieures de la RTBF (BRTE) de proposer une nouvelle répartition des fréquences qui
réponde au mieux aux besoins des opérateurs francophones et qui soit susceptible d’être négociée
avec la Communauté flamande. Le BRTE fera passer le nombre de fréquences attribuables à des
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 43
114
Un arrêté, adopté le 13 juin 2002 (Moniteur belge, 23 août 2002), prévoit que le gouvernement, sur
avis conforme du CSA-CAC, peut modifier le cadastre des fréquences attribuables « chaque fois qu’il
y a lieu de veiller à une répartition harmonieuse des ressources spectrales dans le cadastre au niveau
communautaire, national ou international, compléter ou modifier l’offre de fréquences afin de
pouvoir répondre à une éventuelle demande du secteur audiovisuel, résoudre tout problème de
perturbations radioélectriques ». Il fait l’objet d’un recours en suspension et en annulation par la
Communauté flamande devant le Conseil d’État.
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44 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Le 22 octobre 2002, un accord entre les trois Communautés est signé : « Il s’agit d’un
accord équilibré qui permet aux trois Communautés d’aménager en toute sécurité
juridique leur paysage radiophonique », commentent de concert Hervé Hasquin et
116
Richard Miller (PRL) . Les francophones se voient attribuer 374 des 800 fréquences
à répartir (54 pour les radios publiques et 320 pour les radios privées, elles-mêmes
réparties en une centaine de fréquences pour les radios indépendantes, 30 fréquences
pour les radios d’école et 5 fréquences pour les organisations internationales dont le
Shape). Outre le moratoire sur les procédures en justice pendantes, l’accord prévoit
qu’un nouvel arrêté royal remplacera l’arrêté royal du 10 janvier 1992 : l’IBPT
interviendra comme arbitre en cas d’absence d’accord entre les Communautés à
propos de demandes de coordination ; la parité linguistique sera respectée dans la
composition du conseil de direction de l’IBPT ; une procédure d’évaluation par l’IBPT
est prévue pour les « 10 fréquences litigieuses » dans le mois qui suit l’entrée en
er 117
vigueur du plan de fréquences le 1 septembre 2003 .
Les réactions, exprimées dans un texte commun, de dix radios francophones – Bel
RTL en tête – ne se font pas attendre : l’accord favorise les opérateurs flamands et met
en péril le patrimoine hertzien de la Communauté française principalement en
bordure de la Région flamande ; elles demandent au gouvernement de s’y opposer 118.
L’accord doit en effet encore être entériné par le Comité de concertation. Le ministre
Rudy Demotte (PS) relaye les inquiétudes des dix radios, regrettant le manque de
données techniques sur les répercussions de l’accord pour les radios francophones et
bloque la discussion en gouvernement. Richard Miller pose alors une condition à un
feu vert « définitif » francophone : « Il faut qu’il y ait dans le texte de l’accord la phrase
disant que les normes techniques (puissance, directivité…) sont vérifiées, en partant
du principe qu’on doit garantir aux opérateurs une couverture pleine et entière de la
zone d’émission attribuée. (…) Objectivement, ça passe ou ça casse. Et si ça casse, la
Communauté française ira de l’avant en appliquant sa propre procédure 119. » Hervé
Hasquin insiste sur « la condition suspensive liée à l’accord, à savoir l’examen, par un
IBPT “neutralisé” linguistiquement, de fréquences risquant de perdre des plumes au
profit d’opérateurs flamands. Il s’agit de fréquences situées à Bruxelles (100 MHz,
102.2, 104 et 104.7), à Liège (102.2 et 104.5), à Mons (103.4), à Ath (103.6) et à
120
Tournai (107.6) . »
Lors de la réunion du Comité de concertation du 29 novembre 2002, l’accord est
formalisé « sous la condition suspensive d’une vérification des neuf fréquences
116
Le Soir et La Libre Belgique, 23 octobre 2002.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 45
La fin des années 1990 voit surtout le renforcement des principaux réseaux existants.
Le groupe Contact prend une participation majoritaire en 1998 dans le réseau Joker
FM de Stany Gérard pour le fusionner avec Contact Gold en mai 1999 sous le nom de
Contact 2. Le groupe Contact y ajoute en 2001, sur une fréquence à Bruxelles,
Contact +, dont la programmation musicale est axée sur les années 1960. Ces deux
radios relaient les journaux de Contact à la demi-heure. Contact se lance en 2002 dans
une expérience de radio émettant en français et en arabe, Contact Inter, destinée
notamment à la population immigrée de Bruxelles, dont la diffusion sur une
fréquence non attribuée en-dessous de 100 MHz entraîne des remous qui vont
conduire à son arrêt en 2004. En 2002, P. Houtmans et F. Neyts vendent leurs parts
(chacun 12,5 %) dans Radio Contact au groupe RTL. Le groupe RTL occupe, au
er
1 avril, 2002 109 fréquences en Communauté française (160 fréquences en Belgique).
Sur le plan du profil des radios, le paysage se divise en :
– radios généralistes : Bel RTL, La Première, Fréquence Wallonie et Bruxelles
Capitale pour la RTBF. Celles-ci ont un temps d’antenne partagé entre infos,
magazines, jeux et programmation musicale (39 % à Bel RTL ; 50 % à Fréquence
121
Wallonie) ;
– radios thématiques, la plupart à dominante musicale : Contact, Contact 2,
Nostalgie, NRJ, Fun pour les privées, Radio 21 et Musique 3 pour la RTBF. Chaque
radio se situe dans un créneau plus ou moins défini : musique populaire et multi-
genres à Contact, prédominance des succès des années 1980 à Contact 2, variétés
française, pop anglo-saxonne et succès rock des années 1970 et 1980 à Nostalgie,
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121
Étude IP sur la programmation musicale, La Dernière Heure, 22 novembre 2002.
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46 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
2002
Bel RTL Contact Nostalgie NRJ Fun
Actionnaires Rossel 46 % Francis Lemaire 50,1 % Mediabel (Vers NRJ France 88 % Fun France 70 %
TVi 32,4 % TVi 49,9 % l’Avenir) 51 % Canal+Belgique 12 % RTL Group 25 %
RTL Group 21,6 % Nostalgie France 49 % Contact 5 %
Nb fréquences occupées 16 40 24 19 12
Audience pdm sud % CIM 20,2 14,7 6,3 4,3 4,0
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 47
On relèvera aussi le lancement le 30 mars 1998 d’un décrochage liégeois matinal sur
Bel RTL (« Liège Info » entre 6 et 8h) se positionnant en concurrent direct de
l’émission régionale de la RTBF, Liège Matin. De son côté, la RTBF décide le 2 mars
122
1998 de lancer ses émissions , notamment en régions, dès 5 heures du matin et
d’accroître ensuite ses émissions régionales l’après-midi sur Fréquence Wallonie (de
16 à 19h en semaine), outre les traditionnelles soirées dialectales. Sur le plan
er
international, la RTBF va le 1 février 1999 relancer des émissions en ondes courtes
vers l’Afrique (interrompues depuis 1992), tandis qu’en fin mars 2000, la RTBF
réinstaure un service ondes courtes vers l’Europe du Sud.
3.6.1. L’audience
Fin 1998, sous la houlette de l’Union belge des annonceurs (UBA) et d’un de ses plus
importants membres (Belgacom), un protocole d’accord est obtenu pour la mise au
point d’une étude radio commune qui doit être orchestrée par le CIM. Cette étude
commune visant à remplacer les deux études concurrentes existantes (Radiométrie et
Radioscan) a mis du temps à se mettre en place. Celle-ci est confiée à la société Inra
Belgium. Prévus en deux « vagues » annuelles, les premiers résultats sortent en
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122
Toutes radios à l’exception de Musique 3.
123
La première vague de 12 299 enquêtes couvrait la période de mai à juin 2002, la deuxième vague de
124
8 353 enquêtes, de septembre à décembre 2002.
IP Radiométrie vague 22.
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48 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Le rapport de forces entre les deux principales régies publicitaires reste en faveur d’IP.
IP totalise, en effet en 2002, 58 % des budgets en radio (hors local) dont 27 % pour
Contact et 23 % pour Bel RTL.
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4. LE NOUVEAU DÉCRET SUR L’AUDIOVISUEL
(2003) ET SES SUITES
Le décret du 27 février 2003 sur l’audiovisuel 125 s’articule autour de deux éléments
majeurs : d’une part, la redéfinition des métiers de l’audiovisuel afin de faire face aux
nombreuses évolutions technologiques que connaît le secteur et, d’autre part, le
renforcement du rôle de l’organe de régulation. Ce décret transpose également un
certain nombre de directives européennes en droit de la Communauté française. Il
intègre en outre des dispositions générales en matière de pluralisme qui vont marquer
la politique de reconnaissance des radios. Un plan de fréquences est adopté par le
gouvernement en 2004 mais sera suspendu dès avant sa mise en œuvre sur recours
d’un opérateur. Les efforts de concertation avec la Communauté flamande seront
poursuivis en parallèle qui ne déboucheront sur des accords officialisés qu’en 2007.
Sur le plan des métiers de l’audiovisuel, le décret établit une distinction entre les
éditeurs de services, les distributeurs de services et les opérateurs de réseaux. Il prévoit
en outre des règles particulières en matière de demande et de procédure d’autorisation
des éditeurs selon le mode de diffusion des services : distinction est faite entre une
diffusion par voie hertzienne terrestre analogique (la FM) et par d’autres moyens de
diffusion. En permettant l’octroi d’autorisations à des éditeurs pour diffusion de leurs
programmes par d’autres moyens que la FM – via le câble et internet – le décret va
dans les faits ouvrir la voie à la légalisation des services de radiodiffusion sonore.
Le décret du 27 février 2003 sur l’audiovisuel 126 s’articule autour de deux éléments
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125
126
Moniteur belge, 17 avril 2003
Ibidem, 17 avril 2003.
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50 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Les radios, à l’instar de tous les éditeurs de service, doivent rendre publiques les
informations de base les concernant 128 afin de « permettre au public de se faire une
opinion sur la valeur à accorder aux informations et aux opinions diffusées dans les
programmes ». Le décret met l’accent sur la transparence des structures de propriété
et de contrôle ainsi que le degré d’indépendance de tous les acteurs 129.
Le décret précise que l’exercice d’une position significative d’un éditeur ou de
plusieurs de ceux-ci contrôlés, directement ou indirectement, par un actionnaire
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127
128
Ibidem, 9 avril 2008.
L’arrêté du 3 décembre 2004 (Moniteur belge, 10 mars 2005) arrête la liste des informations de base et
129
leur mode de diffusion.
Un état des lieux du pluralisme de l’offre et de l’accès en Communauté française a été réalisé par le
CSA (Collège d’avis) en 2001. Il a servi de base aux dispositions du décret de 2003 en la matière.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 51
position significative et d’engager une procédure pour y remédier et, en cas d’échec,
de prendre des sanctions. Le décret prévoit que le CSA-CAC constate l’exercice d’une
position significative notamment dans les cas suivants pour la radiodiffusion sonore :
lorsqu’une personne morale ou physique, détenant plus de 24 % du capital d’un
éditeur de service de radiodiffusion sonore, détient directement ou indirectement plus
de 24 % d’un autre service de radiodiffusion sonore, ou lorsque l’audience cumulée de
plusieurs services de radiodiffusion sonore atteint 20 % de l’audience totale des
services de radiodiffusion sonore de la Communauté française et que ces éditeurs de
service sont détenus directement ou indirectement, majoritairement ou
130
minoritairement, par une même personne physique ou morale .
La volonté de diversité se retrouve également dans le processus d’attribution des
autorisations et des fréquences associées des radios : le CSA-CAC « veille à assurer une
diversité du paysage radiophonique et un équilibre entre les différents formats des
radios, à travers l’offre musicale, culturelle et d’information ». Il va sans dire que cette
diversité souhaitée par le texte législatif dépend aussi des choix préalables opérés par le
gouvernement en matière de plan de fréquences.
Sur le plan de la reconnaissance des radios émettant par voie hertzienne terrestre
analogique, le décret de 2003 rejoint les dispositions déjà édictées en 1997, à savoir
après l’établissement par le gouvernement du cadastre des fréquences et le lancement
d’un appel d’offre – avec cahier des charges - différent pour les radios indépendantes
et les radios en réseaux, un processus de sélection et d’autorisation par le CSA-CAC, le
tout prenant neuf mois.
Les conditions de reconnaissance portent sur le statut du demandeur (nature
juridique, indépendance par rapport aux pouvoirs publics, aux partis et aux
organisations de travailleurs et d’employeurs), le contenu de sa programmation
(quota de 30 % de chansons francophones et 4,5 % de chansons de la Communauté
française, utilisation du français sauf dérogation dans un but de diversité culturelle,
70 % de production propre), l’objectivité de l’information avec, pour les réseaux, le
recours à des journalistes reconnus au sens de l’AJPB (auquel le décret ajoute la
présence nécessaire d’une société de rédacteurs) et la contribution, toujours pour les
réseaux, au Fonds d’aide à la création radiophonique. Les critères d’appréciation des
dossiers de demande sont notamment « la pertinence des plans financiers, l’originalité
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130
La procédure d’évaluation du pluralisme de l’offre est initialisée par le CSA-CAC en 2007 ; elle est
conclue positivement pour Radio H SA, Contact SA, CLT-UFA SA, Lemaire Electronics SA, TVI SA,
Rossel SA et NRJ Group. L’évaluation de l’impact de ces positions significatives sur la liberté du
public d’accéder à une offre pluraliste est alors engagée.
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52 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
131
Constaté au plus tard le 30 juin de l’année suivante.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 53
132
est établie par son contrat de gestion . Ces contributions visent à soutenir des projets
d’émissions de création radiophonique et les structures agréées chargées de les
accueillir 133.
Le décret modifié en février 2008 prévoit également que le gouvernement peut agréer
et subventionner des structures d’accueil pour la création radiophonique sur avis de la
Commission consultative de la création radiophonique, de même qu’il peut, toujours
sur avis de cette commission, affecter une part des recettes annuelles du Fonds d’aide à
la création radiophonique à des projets visant à assurer la collecte et la valorisation des
archives des services sonores privés et à assurer la diffusion internationale des
émissions de création radiophonique.
132
La contribution est de 2% des recettes nettes de la publicité commerciale radio (hors tva et
commissions de régies). La RTBF diffuse par ailleurs, à hauteur de 20 heures par an, les productions
133
financées par le Fonds (arrêté du 13 octobre 2006, Moniteur belge, 4 décembre 2006).
134
Tel l’Atelier de création radiophonique agréé depuis 2000.
Des recours en suspension et en annulation de cet arrêté – et à tout le moins de 55 fréquences y
figurant (parmi lesquelles les 20 assignations de fréquences de l’arrêté du 8 juin 2001 déjà suspendues
par le Conseil d’État) – sont introduits le 23 septembre 2003 par la RTBF auprès du Conseil d’État,
arguant du brouillage ou de la perturbation de 21 des 49 fréquences dont dispose légalement la RTBF.
La Communauté française dépose le même jour des recours en annulation et en suspension de ce
même arrêté tandis que la société Inadi SA en fait de même, toujours le même jour, pour ce qui
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54 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
137
138
Moniteur belge, 22 juillet 2003.
CSA, Collège d’autorisation et de contrôle, « Recommandation relative au paysage radiophonique de
la Communauté française », 5 novembre 2003.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 55
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56 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
143
En coulisse, les radios privées sont soulagées : « Le Conseil d’État, saisi par un allié du groupe
Contact, a donné mercredi un nouveau coup d’arrêt au processus. Au désespoir du secteur ? Loin de
là ! Sans l’affirmer sur la place publique, à l’exception notable du plaignant (BFM), les coulisses des
radios privées francophones – appelant pourtant toutes, la main sur le cœur, à une légalisation du
secteur – bruissent déjà des commentaires … soulagés. Comme si la jungle actuelle leur assurait, en
fin de compte, plus d’avantages que la remise en cause de droits acquis parfois illégalement »,
P.-F. LOVENS, « Double langage », La Libre Belgique, 21 mai 2004.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 57
Suite aux élections de juin 2004, un gouvernement bipartite (PS-CDH) est mis en
place le 26 juillet 2004 en Communauté française. La ministre en charge de
l’Audiovisuel, Fadila Laanan (PS), place le plan de fréquences parmi les priorités dans
sa note d’orientation. Elle reçoit les membres de la nouvelle association Radios en
novembre. Ils demandent au gouvernement notamment une optimisation du plan de
fréquences sur la base d’une analyse faite par la société TowerCast (société de droit
français filiale du groupe NRJ) sur 30 fréquences et ils réitèrent leur demande de
création d’une commission technique indépendante et l’établissement de l’équité avec
le service public. Le 10 novembre 2004, 19 radios 144 confirment ces positions dans une
lettre ouverte au CSA et au gouvernement, ajoutant être « prêts à participer au
financement d’études supplémentaires réalisées par des experts extérieurs pour
améliorer le cadastre ». Elles s’engagent « à respecter un moratoire sur l’ouverture de
nouvelles fréquences à dater du 10 novembre 2004 jusqu’au 1er mars 2005 », à jouer
« le jeu de l’appel d’offres en comptant sur l’impartialité du CSA et la fin des partages
politiciens de fréquences » et à poursuivre « le ralliement du maximum d’opérateurs
radio derrière cette bannière ».
Une des demandes de Radios est rencontrée par la décision de la ministre d’inscrire au
budget 2005 l’achat du logiciel idoine et l’engagement d’ingénieurs qui seront
dorénavant chargés, au sein de l’administration de la Communauté française,
d’assurer le rôle d’opérateur technique en lieu et place du Bureau des relations
techniques extérieures de la RTBF (BRTE). Le BRTE poursuit toutefois ce travail en
2005.
À l’instar des essais précédents, un calendrier est avancé qui prévoit la réalisation par
le BRTE d’un cadastre de toutes les fréquences en fonction de leurs caractéristiques
juridiques et l’établissement de réseaux conservant un tiers des fréquences pour les
radios indépendantes (février 2005), l’adoption de trois arrêtés : un qui liste les
différents réseaux, un autre qui donne les caractéristiques techniques de chaque
fréquence et un troisième qui contient l’appel d’offres (mars 2005), le lancement de
l’appel d’offres (juin 2005). Des ajustements et des échanges de fréquences après
attribution des autorisations aux éditeurs par le CSA sont prévus pour calmer les
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144
Antipode, Al-Wafa Fidélité (Bxl), Bel RTL, BXL, Chérie FM, Contact, Contact +, Contact 2, Fun,
Mélodie FM (Nivelles), Nostalgie, NRJ, Radio Ciel, Scoop Radio (Tubize), Sud Radio, Vibration
(Bxl), Vital (Jodoigne), Warm FM (Liège), Zone 80 (Liège).
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58 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Le plan Magellan, dont l’étude commence en juin 2002 peu après la nomination de
Jean-Paul Philippot comme administrateur général de la RTBF, vise à la fois à
réorganiser et à moderniser une entreprise, dont le déficit est estimé fin 2002 à
11 millions d’euros, et à relancer l’offre de programmes.
En radio, il aboutit à diffuser cinq chaînes sur le territoire de la Communauté
française (pour 4 +1 bruxelloise auparavant), 3 chaînes étant implantées à Bruxelles et
2 à Mons, les directions de chaînes remplaçant de fait les anciens centres régionaux.
Sur le plan de l’information, une rédaction centrale – dite de production – est chargée
de récolter l’information, celle-ci étant diffusée selon des modes et priorités propres à
chaque chaîne.
Désormais localisée sur un site unique, chaque radio doit développer sa spécificité et
son ton propre. L’offre et le profil des radios s’appuient sur une étude menée avec
TNS Media (cf. graphique infra) qui vise à examiner les attentes des auditeurs et les
tailles de marché y afférant, les chaînes de la RTBF ne s’avérant pas suffisamment
complémentaires. D’où la décision de renforcer le rôle info and talk de La Première, de
fusionner Fréquence Wallonie et Bruxelles-Capitale en une chaîne, Vivacité, axée sur
le proximité, les régions et le sport, de supprimer Radio 21 au profit d’une chaîne
Classic Rock et d’une chaîne axée sur un public plus jeune, Pure FM, et enfin de faire
de Musique 3 une chaîne clairement musicale, le contenu des émissions culturelles
parlées étant transféré sur La Première. L’ensemble des chaînes redéfinies, sous l’égide
de Francis Goffin, ancien directeur général de Bel RTL, débutent leurs programmes en
2004, moyennant une redistribution interne des fréquences 146. C’est la première fois
que la RTBF adopte une approche qui s’appuie sur des notions de « marché ».
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145
CSA, Collège d’avis, La diversité culturelle au sein du paysage radiophonique de la Communauté
146
française, 7 mars 2006.
Le démarrage s’échelonnera comme suit : redistribution préalable des fréquences (22 février), débuts
er
Vivacité (29 février), La Première et Musique 3 (22 mars), Classic 21 et Pure FM(1 avril).
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 59
147
La concurrence entre les radios à Bruxelles est proportionnelle à la rareté des fréquences disponibles.
Toute initiative ou changement de stratégie est suivie avec inquiétude et riposte. La réforme des
radios de la RTBF qui symboliquement retire le mot « Bruxelles » de la dénomination d’une de ses
radios (ce qui est vite corrigé par l’adoption de l’appellation VivaBruxelles dès le 19 avril 2004 pour le
décrochage régional de VivaCité sur la fréquence 99.3 MHz et une communication organisée sur
celle-ci), suscite d’autres projets, comme celui de Nostalgie (dont le directeur général, Marc Vossen, a
été à la tête de Bruxelles Capitale pendant neuf ans), « Bruxelles R » qui se « veut une radio citoyenne
148
de service au public » mais qui attend une clarification institutionnelle pour être lancée.
Le Soir, 24 septembre 2004.
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60 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
arguant du fait que l’édition de ce nouveau service est consécutive à une convention
entre la SA Inadi et l’asbl Ciel Bruxelles qui se prétend titulaire d’une autorisation
délivrée en vertu de l’arrêté du gouvernement de la Communauté française du
6 février 1995 alors que « tout montre que la SA Inadi est bien l’éditeur de ce service ».
La RTBF et sa régie, Régie Media Belge (RMB), assignent les SA Société d’information,
d’animation et de diffusion (Inadi) et SA IP Plurimédias devant le tribunal de
commerce de Bruxelles en action en cessation. De son côté, Inadi et IP introduisent
devant le même tribunal une demande reconventionnelle sollicitant principalement
« qu’il soit ordonné à la RTBF de cesser de diffuser ses émissions sur 13 fréquences
FM » non présentes dans son contrat de gestion.
Le 13 janvier 2005, la vice-présidente du tribunal de commerce de Bruxelles déboute
les parties de leurs demandes respectives. D’une part, le jugement précise entre autres
que :
– « le seul fait de diffuser une radio privée sans autorisation ne constitue pas un acte
contraire aux usages honnêtes en matière commerciale à l’égard de la RTBF »,
aucune radio n’étant en mesure de solliciter et d’obtenir la moindre autorisation
(p. 7) ;
– la RTBF, qui n’est pas une radio privée et bénéficie de fréquences qui lui ont été
attribuées dans le cadre de son contrat de gestion et n’est pas soumise à la
procédure d’appel d’offres, « ne peut dès lors soutenir qu’Inadi, radio privée, qui
émet un nouveau programme sans attendre cet appel d’offre, commettrait à son
égard un acte de concurrence déloyale » (p. 9) ;
– « en l’absence d’un régime d’autorisation applicable effectivement, la demande de
cessation des émissions d’Inadi privée d’une telle autorisation est contraire au
paragraphe 2 de l’article 10 de la CEDH, cette mesure n’étant pas nécessaire à la
protection des droits de la RTBF » (p. 10) ;
– « l’usage de la fréquence 101.4 MHz par Inadi ne lèse pas les droits subjectifs de la
RTBF » (p. 11) ;
– « la cessation de l’émission parce qu’Inadi occuperait une position significative
aurait pour effet de renforcer la position significative de la RTBF et non de
permettre le respect du pluralisme de l’offre » (p. 13).
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 61
Depuis l’adoption du décret de 2003 qui a supprimé les pouvoirs de sanction dont
disposait jusque-là le gouvernement de la Communauté française, pouvoirs de
sanction dont il avait choisi de ne pas faire usage, un premier changement de
jurisprudence du CSA-CAC s’observe avec la décision du 24 mars 2004. Il concerne
l’asbl Radio Flash RTS et de la SA NRJ Belgique pour diffusion non autorisée sur le
94.2 MHz à Mons et conclut à l’établissement du grief sans prononcé de sanction en
raison de l’état de nécessité reconnu à l’éditeur en l’absence de plan de fréquences.
Après l’échec du plan de 2004, le CSA ne peut que constater que tous les éditeurs de
services de radiodiffusion sonore sont dans l’illégalité. La saisine par la Communauté
française pour le lancement de BXL et la plainte d’Inadi à l’encontre de fréquences
utilisées par la RTBF et ne figurant pas en annexe de son contrat de gestion s’ajoutent
aux très nombreux dossiers à l’instruction : pas moins de 90 fréquences sont
concernées soit le tiers du parc des fréquences privées de la Communauté française.
Devant une telle situation, le CSA-CAC modifie sa jurisprudence. « En l’absence de
preuve avérée de perturbations ou brouillages, il ne peut être considéré de façon
certaine que la diffusion sans autorisation d’un service de radiodiffusion sonore
porterait atteinte aux droits d’autrui. Il n’est pas établi en l’espèce que la diffusion sans
autorisation porterait atteinte à la sécurité publique. Par contre, la diffusion sans
autorisation d’un service peut porter atteinte à l’ordre public, celui-ci devant être
entendu comme comprenant notamment l’ordre public des télécommunications (…).
En Communauté française de Belgique, l’ordre public des télécommunications semble
avant tout mis en péril par la difficulté qu’éprouve, depuis près de dix ans, le pouvoir
exécutif à mettre en œuvre les procédures d’autorisation prévues par le législateur.
Dès lors, en l’absence d’autres éléments concrets propres à l’espèce, le prononcé de
sanctions administratives visées à l’article 156, § 1er du décret du 27 février 2003 à
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62 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Une rencontre entre Fadila Laanan et son homologue flamand (Geert Bourgeois)
relance le dialogue en février 2005. Toutefois, l’apaisement n’est pas au rendez-vous.
Radios, sur la base d’une étude commanditée à la société française TowerCast, prétend
que le parc des fréquences pourrait être augmenté de 27 fréquences. Une contre-
expertise est sollicitée par la ministre auprès de la RTBF.
Parallèlement, les analyses juridiques avancent sur l’ensemble de la problématique du
149
plan de fréquences tenant compte des récents arrêts du Conseil d’État et de la Cour
150
d’arbitrage. La Cour d’arbitrage y rappelle sa jurisprudence constante , mais aussi
conclut, dès lors que l’autorité fédérale n’est pas la seule autorité compétente pour
régler la matière des réseaux et infrastructures de communications électroniques, qu’il
y a une « absolue nécessité de prévoir une coopération entre l’autorité fédérale et les
Communautés ». La Cour d’arbitrage fixe un délai pour la mise en œuvre de cette
coopération : le 31 décembre 2005, date qui sera largement dépassée dans les faits 151.
Fadila Laanan décide alors de lancer au plus vite un plan de fréquences minimaliste,
ne comportant que des fréquences inattaquables 152.
Début mars, le torchon brûle à nouveau. Le mécontentement émane de Radios qui
prend connaissance de la demande de la RTBF de l’attribution de 27 fréquences
supplémentaires aux 54 qui lui sont réservées dans son contrat de gestion de 2001 153.
149
Le Conseil d’État refuse désormais de se pencher sur des textes qui lui sont soumis sans concertation
préalable entre les différents niveaux de pouvoir, surtout lorsque les compétences sont étroitement
150
imbriquées, ce qui est sans conteste le cas du dossier du plan de fréquences (Le Soir, 20 janvier 2005).
Arrêt n° 128/2205 du 13 juillet 2005 : la compétence des Communautés « n’est pas liée à un mode
déterminé de diffusion ou de transmission. Elle permet aux Communautés de régler les aspects
techniques de la transmission qui sont un accessoire de la matière de la radiodiffusion et de la
télévision. La compétence de régler les autres aspects de l’infrastructure, qui comprennent
151
notamment la police générale des ondes radioélectriques, appartient au législateur fédéral. »
Épisode dans le processus et nouveau délai pour la mise en œuvre de la coopération : le 8 novembre
2006, la Cour d’arbitrage annule les articles 81 à 83 (distributeurs de services) et 90 à 98 (opérateurs
de réseaux) du décret du 27 février 2003 mais maintient les effets des dispositions annulées jusqu’à
l’entrée en vigueur d’une réglementation prise de commun accord et au plus tard le 31 mars 2007
(arrêt 163/06). Le Moniteur belge publie le 20 août 2007 le décret du 2 juillet 2007 remplaçant les
articles 81 à 83 du décret du 27 février 2003 sur la radiodiffusion. Ces articles sont entrés en vigueur
er
152
avec effet rétroactif au 1 avril 2007.
« Il s’agit d’un socle minimal de sécurité juridique pour les opérateurs de radios. Ce plan sera petit à
petit renforcé grâce aux accords de coopération avec d’autres Communautés, qui permettront
d’ajuster la puissance de certains émetteurs », Le Soir, 20 janvier 2005. Les deux procédures se feront
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157
158
Moniteur belge, 28 décembre 2006.
Ibidem, 2 juillet 2007.
159
160
Ibidem, 6 août 2007.
161
Ibidem, 19 septembre 2007.
Ibidem, 16 février 2007.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 65
162
Communication de la Commission européenne concernant la transition de la radiodiffusion
analogique à la radiodiffusion numérique (du passage au numérique à l’abandon de l’analogique,
COM (2003) 541 final, 17 septembre 2003).
163
« Concernant l’accélération de la transition de la radiodiffusion analogique à la radiodiffusion
164
numérique » (COM (2005) 024 final).
À cette date, des accords antérieurs conclus au sein de la CEPT auraient dû avoir été supprimés. En
effet, ils peuvent être incompatibles avec le nouveau plan de l’UIT. Il apparaît toutefois que l’accord
er
165
de Wiesbaden ne devrait pas être abrogé avant le 1 janvier 2012.
Le CSA-CAC rend un avis sur ce document le 29 novembre 2006.
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66 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
166
La deuxième assignation DAB (canal 11B) n’est possible que si le canal 11 VHF desservant le
programme de télévision La Deux actuellement dans le Luxembourg (Léglise) peut être substitué par
le canal 60 UHF. La RTBF considère que cette migration peut difficilement se faire à sa charge
financière. Le gouvernement insiste pour que cette libération se fasse pour lancer la procédure de
mise en œuvre d’un premier multiplexe pour les radios privées à concurrence de 75 % de sa capacité
(25 % sont attribués à la RTBF par son contrat de gestion). Pour le bloc régional, le canal 8 est
actuellement utilisé pour la diffusion de La Une dans le Brabant et le canal 5 est utilisé en France par
Canal+ (émetteur de Lille), ainsi que pour La Une à Dinant, Houffalize et Malmedy. La bande L est
exploitable immédiatement.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 67
montoise Sud Radio, qui serait candidat à l’obtention d’un réseau communautaire
(leur nom de code « groupe S », projet d’un réseau soutenu par le PS). Le groupe Défi
ne conservera pas cette participation. Le groupe de presse IPM acquiert, en 2007, le
réseau Ciel dans le but d’en faire son fer de lance en radio.
Micro FM,
Leadercom,
B. Dewinter Mediabel
51,4%
BFM FR BFM 51%
NRJ FR
88,5%
66% En discussion
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100%
CLT-UFA sa Fun radio France
34%
66%
TVi sa Lemaire
Audiopresse
Electronics sa 49,9%
29,1% 50%
New Contact sa
Rossel sa 32,7% 17,5%
24,9%
25% 25%
24,9%
Fun Belgique
Radio H
Début 2007, l’actionnaire principal de la SA BFM est Contact (44,66 %) aux côtés de
Lemaire Electronics (5,34 %), Alain Mahaux (15 %) et BIP sprl (35 %). Ensuite, la
société est reprise par Alain Mahaux via les sociétés Mahaux Consult (30 %) et BIP
Industrial Advertising and Marketing sprl (70 %). Toutefois, selon une convention
d’option d’achat signée le 31 août 2007, les sociétés New Contact – détenue à parts
égales par Lemaire Electronics et CLT-UFA – et Lemaire Electronics disposent d’une
option d’achat jusqu’en fin septembre 2009 sur 50 % des parts du capital de la SA
BFM dans l’hypothèse où le montant du rachat n’aura pas été complètement acquitté
à ce moment-là.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 69
Toutefois dès mars 2003, au vu des différences importantes que la nouvelle étude
apportait aux audiences fournies par Radiométrie, IP va contester la représentativité
de l’échantillon de l’étude INRA, en particulier sur le plan du niveau d’instruction
(sur-représentativité des catégories supérieures) et de l’âge (sous-représentativité des
12-34 ans), considérant que ces variables désavantagent les radios dont il assume la
régie (Bel RTL, Contact, Fun). D’autres remarques portent sur le seul recours aux
téléphones fixes, négligeant de ce fait l’utilisation parfois exclusive du GSM par les 12-
24 ans.
Des redressements successifs de méthode vont intervenir lors des phases suivantes,
modifiant de fait les résultats d’enquête. En 2005 (vague 7), à la suite du changement
de mode de recrutement, la RTBF déclare ne plus reconnaître la validité des résultats
de l’étude, notamment en regard de la petitesse de l’échantillon et des modalités
pratiques d’enquête qui ne permettent pas de toucher suffisamment un public actif.
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167
On est alors passé de 35 % d’appelés après 17 heures en semaine et le week-end à près de 60 %.
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70 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
trois heures à l’écoute de la radio. La radio est plus écoutée en semaine que le week-
end.
Deux radios du groupe RTL arrivent en tête des audiences quasiment depuis 2002 :
Bel RTL et Radio Contact. VivaCité arrive en troisième position devant Nostalgie.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 71
25,0%
20,0%
Bel RTL
RTBF Vivacité
RTBF La Première
Contact
NRJ
15,0%
Nostalgie
RTBF Classic 21
Fun
RTBF Musique 3
RTBF Bxl Capitale
10,0% Contact 2
RTBF Pure FM
Contact +
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0,0%
V1 2002 V2 2002 V3 2003 V4 2003 V5 2004 V 6 2004 V7 1-3/05 V8 3-5/05 V9 9-11/05 V10 10-12/05 V12 4-6/06 V13 9-12/06 V14/2007 V15/2007
Source : CIM.
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72 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
L’évolution du rapport de forces entre les groupes RTBF, RTL et NRJ et entre les deux
régies, RMB et IP, est présentée dans les tableaux suivants. Le premier est construit à
partir des parts de marché, critère d’évaluation qui intéresse particulièrement les
radios privées. Le second se base sur les résultats des sondages en nombre d’auditeurs
(Daily Reach) : la RTBF communique surtout au départ de ce critère d’évaluation des
audiences. 2005 étant une année de changement dans les mesures d’audience, les
résultats de deux vagues sont repris pour 2005.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 73
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5. LE PLAN DE FRÉQUENCES ET LES
AUTORISATIONS (2008)
Les dispositions prises en 2007 tant sur le plan de la concertation avec le niveau fédéral
et les autres Communautés que sur la structuration du plan de fréquences en
Communauté française vont permettre dès la fin de cette année-là le lancement de la
procédure de reconnaissance des radios et l’attribution des fréquences.
Pour la mise en œuvre des critères d’évaluation des offres énoncés dans le décret et
l’arrêté d’application portant l’appel d’offres, le CSA-CAC a affiné et rendu publique
168
Moniteur belge, 22 janvier 2008. Neuf recours, en suspension et en annulation, ont été introduits
devant le Conseil d’État contre ces neuf arrêtés essentiellement par la Communauté flamande.
Moniteur belge, 22 janvier 2008.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 75
À la date butoir, le CSA a réceptionné 163 projets dont 23 projets candidats à des
réseaux communautaires, urbains ou provinciaux (pour 11 réseaux à attribuer) 170 et
140 candidatures à des fréquences indépendantes (pour 85 fréquences à attribuer).
Sur ces 163 projets, 24 ont été estimés non recevables le 17 avril 2008 pour non-
respect des règles de base telles que l’absence d’informations substantielles ou le non-
respect des formes essentielles 171.
Quelques recours (demandes en suspension en extrême urgence) au Conseil d’État
sont intervenus vis-à-vis des déclarations du CSA-CAC d’irrecevabilité de demandes
169
Régulation, Bulletin d’information du CSA, n° 36, avril-juin 2008, p. 27.
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76 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
d’attribution d’une fréquence ou d’un réseau de fréquences. Ils ont tous été rejetés par
le Conseil d’État.
Le 17 juin 2008, le CSA-CAC procède à l’attribution de radiofréquences à 78 radios
indépendantes et à 10 radios en réseau. Un nouvel appel d’offre doit être lancé pour le
deuxième réseau urbain, non attribué.
Il prend aussi une décision relative à l’évaluation globale du projet d’assignation quant
aux objectifs de pluralisme et de diversité et ce à partir de trois tests successifs
(position significative, pluralisme structurel et pluralisme des contenus) 172. Sur cette
base, le régulateur considère ne pouvoir attribuer d’assignation ni au projet de service
Mint développé par la société Joker FM, dont l’actionnariat (Radio H) est commun
avec les sociétés Inadi (service Bel RTL) et Cobelfra (service Radio Contact), ni au
projet de service en réseau urbain BFM (société éditoriale BFM SA) en raison du
manque de garanties quant à son indépendance par rapport au groupe Radio H 173.
Un recours en extrême urgence engagé par la société Joker FM contre la décision du
CSA-CAC concernant Mint a été rejeté par le Conseil d’État le 7 juillet 2008 174, ce
dernier considérant que le CSA a pu « sans commettre d’erreur manifeste
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172
173
Conseil d’État, arrêt n° 185.202, 7 juillet 2008, pp.14-15.
Au moment d’octroyer les autorisations et les assignations, une information parvient au CSA sur
l’existence d’une option d’achat sur les actions de la société éditrice de BFM par le groupe RTL. Afin
de présenter un nouveau dossier, BFM signe en août 2008 une nouvelle convention avec RTL et
Contact et annonce avoir introduit une action au civil « pour rupture de confidentialité » contre le ou
les auteurs du pli anonyme parvenu au CSA en demandant 2 millions d’euros de dommages et
174
intérêts. En février 2009 est lancé BFM Today, journal sur internet.
Conseil d’État, arrêt n° 185.202, 7 juillet 2008.
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 77
175
Résumé de l’arrêt par les services du Conseil d’État sur son site internet.
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78 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
176
lieu entre radios pour un tiers des fréquences attribuées . » La période de mise en
conformité de 18 mois est une période maximale. À compter du 22 juillet 2008, les
éditeurs qui ne se sont pas vu attribuer une fréquence sont contraints de cesser
d’émettre. Des réunions de concertation sont organisées avec l’IBPT. Compte tenu des
moyens techniques et humains du service de contrôle du spectre des fréquences, le
travail de mise en conformité est organisé par type de situation. Priorité est donnée au
contrôle des radios qui n’ont pas demandé d’autorisation et ensuite celles dont l’offre a
été déclarée irrecevable. Lors de ces contrôles, les agents de l’IBPT ont procédé à la mise
hors service des stations sans saisir de matériel. Il semble que les parquets n’envisagent
une saisie qu’en cas de refus de mettre une station hors service ou de reprise des
177
émissions . De son côté, le CSA a constaté que différentes radios privées autorisées ne
se conformaient pas à leur titre d’autorisation ; le 15 janvier 2009, le CSA-CAC décide
de surseoir à statuer et de réexaminer la situation dans les six mois.
176
Fadila Laanan, Parlement de la Communauté française, Compte rendu intégral, CRI 25, 14 juillet
2008, p. 41.
177
Ainsi, Mint continuait à émettre sur deux fréquences à Bruxelles (92.1 et 106.1 accordées
respectivement à Radio Campus et à Radio Gold) arguant du fait qu’il postulait au deuxième appel
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CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 79
Le processus d’autorisation des radios privées est loin de s’être passé sans heurts. La
e
décision d’octroyer le 2 réseau urbain à Ciel IPM relance les réactions acerbes et les
menaces de recours tandis que l’annonce des plaidoiries devant le Conseil d’État dans
des recours introduits contre des décisions du CSA-CAC du 17 juin – et
singulièrement le rapport de l’auditeur proposant l’annulation de la décision du
régulateur de ne pas octroyer de réseau communautaire à Ciel IPM – va amener le
régulateur, le 23 octobre, à procéder au retrait et le même jour à la reprise de décisions
d’autorisation aux mêmes éditeurs, mais avec une motivation formelle répondant aux
objections de droit formulées par l’auditeur et leur garantissant par là-même une plus
grande solidité juridique. Ce processus de retrait-reprise était également destiné à
éviter une période de vide juridique pour les éditeurs autorisés, vu la possibilité pour
l’IBPT d’intervenir sur tout émetteur ne disposant pas de titre d’autorisation 181.
Le 15 décembre 2008, une citation en faillite est déposée par l’ONSS à l’encontre de
GJM Médias (Zone 80). Le tribunal de commerce de Liège prononce le 23 février 2009
la faillite de la société. Entretemps, le 5 février 2009, le CSA-CAC décide de retirer
définitivement à Zone 80 son autorisation d’émettre, ayant constaté que l’éditeur était
resté en défaut de fournir les pièces requises par l’autorisation délivrée sous condition
résolutoire le 18 décembre 2008, cette autorisation a cessé de produire ses effets au
1er février 2009. Un nouvel appel d’offre pour l’attribution du réseau provincial
liégeois doit dès lors être lancé.
Pour clore le processus de décision en matière d’assignation de fréquences, l’arrêté du
25 septembre 2008 182 attribue de manière « définitive » 76 fréquences à la RTBF.
CH 2033-2034
80 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
5 % pour 7 d’entre elles et à 20 % pour deux d’entre elles). Ces dérogations sont
valables pour une durée de trois ans renouvelables.
Le décret, révisé en février 2008, prévoit les changements qui peuvent être pris en
compte durant la durée de l’autorisation délivrée et être autorisés par le CSA-CAC : il
s’agit de la fusion entre tous types de radios (sauf entre un réseau et une radio
associative et d’expression), l’échange de radiofréquences. Les modifications aux
dispositifs techniques ou de la zone de couverture nécessitent la mise en œuvre d’une
procédure d’optimalisation.
Le CSA-CAC autorise, le 18 février 2009, l’échange de fréquences entre les réseaux des
éditeurs Inadi, Cobelfra et Nostalgie à titre temporaire (jusqu’au 31 décembre 2009) :
– autorise Nostalgie à diffuser son service sur Jodoigne 95.1 (fréquence attribuée au
réseau d’Inadi) et Ciney 106.9 (idem) ;
– autorise Inadi à diffuser Bel RTL sur Ciney 107.6 (ex-Nostalgie) ;
– autorise Cobelfra Radio Contact sur Jodoigne 106.8 (ex- Nostalgie).
Par arrêté du 18 juillet 2008, le gouvernement autorise 21 radios d’école pour une
période de deux ans renouvelable. Rappelons que les radiofréquences attribuées aux
radios d’école ont une puissance apparente rayonnée limitée à 30 watts, une hauteur
d’antenne limitée à 15 mètres et la durée de leurs émissions ne peut excéder 8 heures
par jour.
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CH 2033-2034
6. LE PAYSAGE RADIOPHONIQUE ACTUEL
184
Hors les 4 fréquences utilisées par l’OTAN.
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82 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
20,00%
17,98% 17,91%
18,00% 17,20%
17,16%
16,00%
14,41%
14,00%
12,71%
12,00%
10,13%
10,00%
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9,58%
8,00%
6,85%
6,14%
5,64%
6,00%
4,94%
4,00%
2,90% 2,78%
2,80% 2,38%
1,65% 1,64%
2,00% 1,04% 0,79%
0,00%
Bel RTL Contact RTBF Nostalgie RTBF La RTBF NRJ RTBF Pure Fun RTBF Sud Radio
Vivacité Première Classic 21 FM Musique 3
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 83
Vivacité 14,94%
Contact 19,58%
Pure FM 3,57%
Source : MDB.
CH 2033-2034
84 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Télévision/presse Presse/radio
Télévision/régie Régie/radio
185
C’est-à-dire, en termes de support du son, de la bande magnétique ou de la cassette analogique à la
carte sonore et au fichier numérique.
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 85
programmes ainsi produits ne sont en effet plus limités à la seule diffusion hertzienne
classique. La numérisation permet en outre une nouvelle offre de programmes et
d’inscrire la radio dans un univers multimédia offrant textes, images et interactivité.
La numérisation a par ailleurs un impact sur le plan économique. Les radios privées,
en particulier locales, ont cherché dès l’origine à réaliser des émissions au moindre
coût en pratiquant le self-op, une installation technique permettant à une seule
personne de cumuler les fonctions d’animateur ou journaliste et de technicien 186. La
numérisation permet cependant d’aller plus loin en enregistrant séparément la parole
(voice-track) et en diffusant de manière automatique l’ensemble d’un programme
moyennant une conduite pré-établie.
La numérisation concerne aujourd’hui l’ensemble de la chaîne de production et de
diffusion, depuis la capture du son, à l’extérieur ou en studio, jusqu’au montage et à
son mode de diffusion. Aujourd’hui, il n’y a plus, sauf exception, de CD en studio. Les
plages musicales participant au profil de la chaîne sont numérisées dans le système de
diffusion quand elles ne sont pas déjà transmises, ce qui reste rare, sous forme de
fichiers par les firmes de disques. Les outils numériques apportent par ailleurs, depuis
les années 1990, une aide à la programmation musicale.
6.3.1. Internet
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86 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
La radio à la demande, apparue dès les débuts d’internet, a connu ces dernières années
188
un important développement . Le podcast, apparu aux États-Unis en 2004 et lié au
succès des lecteurs mp3, a connu ses premières initiatives en Belgique en 2005
(Nostalgie, Pure FM) et 2006 (offre globale RTBF) 189. Les radios proposent sur leurs
sites l’un et/ou l’autre de ces services non linéaires parmi des informations, jeux et
interactivités diverses (RTBF, Bel RTL, Nostalgie, Contact). Contact a lancé début
2009 sur Belgacom TV et Be TV la diffusion intégrée d’images (clips musicaux) dans
l’animation antenne filmée dans ses studios (Contact vision).
La diffusion numérique hertzienne n’est pas récente. Dans le domaine de la radio, son
ancêtre est le RDS (Radio Data System), lancé le 22 mai 1990 par la RTBF, présent
aujourd’hui sur tous les émetteurs et autoradios, qui permet d’associer des données à
l’écoute de la radio 190.
Le DAB (Data Audio Broadcasting), dont les premières émissions datent de 1993 191, en
permettant la diffusion de services de radio en bouquets (ou blocs) pour des
couvertures régionales ou nationales, constitue une alternative à la FM. Ses émissions
en Communauté française, amorcées en 1997 et diffusées sur l’ensemble de la
Communauté française depuis 1999 par la RTBF, sont le fruit d’une convention avec
le MET de la Région wallonne (cf. supra). Aujourd’hui, la RTBF diffuse dans le bloc
12B ses cinq services de radio (avec pour Vivacité le décrochage bruxellois) et les deux
programmes du BRF. Malgré une implantation dans plusieurs pays européens et le
développement de programmes originaux, en particulier au Danemark et en
Angleterre, le DAB n’a pas réussi pour l’instant à s’imposer sur le plan européen.
Entretemps, de nouveaux standards sont apparus ; ils véhiculent le son et/ou les
images et données associées : DMB, DAB+, DRM, DRM+, DVB-T, IBOC. Des efforts
de convergence ont été entrepris, notamment sous l’égide de l’UER, qui visent à faire
émerger deux systèmes numériques et types de récepteurs : d’une part le DAB, DAB+,
DMB, d’autre part le DRM et DRM+. L’association du DAB, d’une version améliorée
de celui-ci et du DMB, mis au point au départ pour la réception tv sur téléphone
portable, permet d’envisager un récepteur multinormes au niveau européen étant
donné les divergences actuelles des politiques nationales dans le domaine de la
transmission numérique. Le DRM, testé actuellement par la RTBF, vise quant à lui à
numériser les émetteurs analogiques en modulation d’amplitude (ondes courtes,
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CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 87
CH 2033-2034
CONCLUSION
192
Cette situation est nouvelle dans l’histoire de la radio dans notre pays car avant 1940, la quinzaine de
radios privées qui coexistaient avec l’INR émettaient uniquement à l’échelon local ou régional. Certes
la création en 1933 de Radio Luxembourg qui, dès l’origine, se voulait d’ambition européenne,
pourrait être considérée comme une lointaine prémisse de la situation actuelle. L’écoute en ondes
longues de RTL, Radio France ou Europe 1, jusqu’à l’explosion de la FM est cependant toujours
restée minoritaire.
193
À l’inverse de la RTBF, dont les réseaux de radios sont dotés historiquement d’émetteurs de grande
puissance, les principales radios privées ont constitué progressivement leurs réseaux par rachat,
franchise ou absorption de fréquences locales.
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TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 89
CH 2033-2034
90 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
CH 2033-2034
Annexe : Tableau des fréquences attribuées en 1994-1995 et en 2008
Autorisations arrêtés 1994-1995 (provisoires) Autorisations CSA 2008
Fréq.
Localité Éditeur/service Fréq. MHz Localité Éditeur/service
MHz
Bruxelles * = statut de radio associative et d’expression
87.7 Forest Airs libres asbl 87.7 Bruxelles Airs libres asbl/Radio Air Libre *
87.7 Uccle Radio 1180 asbl
90.2 Ixelles Cercle Ben Gourion asbl 90.2 Bruxelles Cercle Ben Jourion asbl/Radio Judaïca
Campus Audio-Visuel asbl/Radio Campus
92.1 Bruxelles
Bruxelles *
97.8 Bruxelles Dune urbaine asbl/Radio K.I.F.
100.0 Bruxelles Tele 6 SA 100.0 Bruxelles Nostalgie sa/Nostalgie
101.4 Molenbeek-Saint-Jean Radio Ciel Bruxelles 101.4 Bruxelles Ciel IPM sa/ Ciel Info
101.9 Bruxelles Radio Alma 101.9 Bruxelles Alma asbl/Radio Alma *
101.9 Bruxelles Radio SI
Radio indépendante locale
102.2 Bruxelles 102.2 Bruxelles Cobelfra sa/Radio Contact
Contact asbl
Station indépendante Satellite
103.7 Bruxelles 103.7 Bruxelles NRJ Belgique sa/NRJ
SIS asbl
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Brabant wallon
Ouest 87.9 Nivelles Nostalgie sa/Nostalgie
88.6 Tubize NRJ Belgique sa/NRJ
89.9 Nivelles Cobelfra sa/Radio Contact
CH 2033-2034
92 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 93
105.2 Incourt Radio 2000 asbl 105.2 Incourt CE.RE.DI.AN asbl/Must FM Hesbaye
105.9 Chaumont-Gistoux Radio BW asbl 105.9 Incourt Radio Terre Franche asbl/Radio Terre Franche
106.1 Jodoigne Radio locale Jodoigne asbl 106.1 Jodoigne NRJ Belgique sa/NRJ
106.2 Wavre NRJ Belgique sa/NRJ
106.4 Beauvechain Baffrey-Jauregui snc/Antipode
106.5 Jodoigne RCJ asbl 106.5 Jodoigne Radio Centre Jodoigne asbl/Radio Centre Jodoigne
e
106.6 Bierges Radio Maca 2 chaîne asbl 106.6 Bierges Digital Diffusion asbl/Digital FM
106.8 Jodoigne Nostalgie sa/Nostalgie
107.2 Jodoigne Baffrey-Jauregui snc/Antipode
107.3 Limal Club Radio Cristal Limal asbl 107.3 Genval Baffrey-Jauregui snc/Antipode
107.5 Grez-Doiceau Les Anémones asbl 107.5 Grez-Doiceau NRJ Belgique sa/NRJ
107.5 Grez-Doiceau Radio G
107.6 Perwez CE.RE.DI.AN asbl 107.6 Perwez Nostalgie sa/Nostalgie
107.9 Jodoigne Ciel IPM sa/ Ciel Info
Hainaut
Mouscron 87.6 Warneton RMP sa/Sud Radio
Comines 90.8 Comines Inadi sa/Bel RTL
91.7 Warneton Ciel IPM sa/ Ciel Info
Animation Média-Picardie asbl/RQC-Radio qui
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CH 2033-2034
94 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 95
Centre
88.9 Ronquières Inadi sa/Bel RTL
La Louvière
89.2 La Louvière Nostalgie sa/Nostalgie
94.4 Enghien RMP sa/Sud Radio
94.5 La Louvière RMP sa/Sud Radio
95.3 La Louvière Inadi sa/Bel RTL
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CH 2033-2034
96 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Mont-Ste-
107.3 FM Développement scrl/Fun Radio
Aldegonde
107.4 Enghien Nostalgie sa/Nostalgie
107.5 Haine-Saint-Pierre Radio Galaxie 107.5 La Louvière Nostalgie sa/Nostalgie
Braine-le-
107.8 Braine-le-Comte Radio Renaissance 107.8 Cobelfra sa/Radio Contact
Comte
Charleroi 87.7 Godarville Emergence 87.7 Godarville Radio Tant que vive FM asbl/Radio Tant que vive
87.7 Treignes Radio Tant que vive
88.2 Charleroi RMP sa/Sud Radio
91.9 Charleroi NRJ Belgique sa/NRJ
90.3 Trazegnies RMP sa/Sud Radio
94.3 Jumet RMI-FM asbl/RMI
100.0 Charleroi Animation à Charleroi 100.0 Charleroi Nostalgie sa/Nostalgie
101.4 Charleroi Ciel IPM sa/ Ciel Info
102.2 Charleroi Radio Charleroi 6000 102.2 Charleroi Cobelfra sa/Radio Contact
103.2 Fleurus Ciel Charleroi
103.5 Charleroi Difusion Charleroi 103.5 Charleroi FM Développement scrl/Fun Radio
104.0 Gilly Diffusion Pays Noir 104.0 Charleroi Inadi sa/Bel RTL
Chapelle-Lez
104.8 Chapelle-Lez Herlaimont Comité de solidarité 104.8 NRJ Belgique sa/NRJ
Herlaimont
105.2 Charleroi Dicav
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CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 97
Chimay-Couvin
89.0 Chimay RMP sa/Sud Radio
96.3 Chimay
100.5 Couvin Nostalgie sa/Nostalgie
101.7 Couvin Inadi sa/Bel RTL
103.2 Couvin D’Ici et d’ailleurs
104.4 Couvin NRJ Belgique sa/NRJ
104.7 Oignies Cobelfra sa/Radio Contact
105.2 Chimay NRJ Belgique sa/NRJ
105.6 Rièzes Radio des Rièzes et des Sarts 105.6 Rièzes Radio Rièzes et Sarts asbl/Radio Rièzes et Sarts
106.6 Chimay Chimay Diffusion 106.6 Chimay Cobelfra sa/Radio Contact
107.0 Chimay Radio Chimay 107.0 Chimay Flash FM asbl/Flash FM
107.2 Couvin E.G.O. sprl/Must FM Namur
107.7 Chimay Nostalgie sa/Nostalgie
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CH 2033-2034
98 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 99
Liège
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CH 2033-2034
100 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Avernas le
94.0 Cobelfra sa/Radio Contact
Bauduin
Kemexhe
97.1 à réattribuer
Crisnée
100.7 Crisnée Radio Gaieté 100,7 Waremme Cobelfra sa/Radio Contact
103.9 Waremme Radio Ciel
104.2 Waremme La Betterave
105.1 Hannut Radio Entité 105.1 Moxhe à réattribuer
105.4 Lincent Radio Bruyère Lincent 105.4 Lincent à réattribuer
105.8 Wasseige Radio ocale Ambresin 105.8 Ambresin Nostalgie sa/Nostalgie
106.4 Momalle Radio Mosaïque 106.4 Remicourt FM Développement scrl/Fun Radio
Station Plein Sud radio Saint Stockay St
106.8 Saint Georges 106.8 Station Plein Sud asbl/Radio Plein Sud
Georges Georges
107.1 Waremme Radio Sans Frontières 107.1 Waremme Nostalgie sa/Nostalgie
107.5 Faimes Comité culturel H 107.5 Faimes Nostalgie sa/Nostalgie
CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 101
CH 2033-2034
102 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
Luxembourg
Marche 100.3 Marche Famenne Marche
101.2 Marche Sofer SA 101.2 Marche FM Développement scrl/Fun Radio
101.6 Marche Nouvelles éditions du Sud SA 101.6 Marche Inadi sa/Bel RTL
104.6 Marche Cobelfra sa/Radio Contact
104.9 Durbuy NRJ Belgique sa/NRJ
105.1 Hargimont RMS Régie sa/Must FM Luxembourg
105.3 Durbuy Radio Durbuy 105.3 Durbuy Cobelfra sa/Radio Contact
105.4 La Roche RMS Régie sa/Must FM Luxembourg
105.5 Marche Ciel IPM sa/ Ciel Info.
105.9 Marche Radio Ciel 105.9 Marche NRJ Belgique sa/NRJ
106.4 Durbuy Durbuy Diffusion 106.4 Durbuy Ciel IPM sa/ Ciel Info.
106.5 La Roche La Roche Diffusion 106.5 La Roche Cobelfra sa/Radio Contact
107.2 La Roche Caroline
107.3 Durbuy Nostalgie sa/Nostalgie
107.7 Durbuy RMS Régie sa/Must FM Luxembourg
107.9 Aye Radio Animation Famenne 107.9 Marche Nostalgie sa/Nostalgie
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CH 2033-2034
TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008) 103
CH 2033-2034
104 TRENTE ANS DE RADIO EN COMMUNAUTÉ FRANÇAISE (1978-2008)
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