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Fabienne Collard
Dans Courrier hebdomadaire du CRISP 2020/10 (n° 2455-2456), pages 5 à 72
Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
ISBN 9782870752395
DOI 10.3917/cris.2455.0005
© CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
L’économie circulaire
Fabienne Collard
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TVA 0408 141 158
INTRODUCTION 5
2. LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE 28
2.1. L’étape de réflexion : « Boucler la boucle » (2015) 28
2.1.1. Les cinq secteurs prioritaires 30
2.1.2. Les moyens de financement 33
2.2. De nouvelles règles (2018) 34
2.2.1. Une stratégie sur les matières plastiques 36
2.2.2. Les directives relatives aux déchets, à leur gestion et à leur valorisation 41
2.3. Bilan et perspectives 44
2.3.1. L’évaluation du plan d’action européen 45
2.3.2. Le « green deal européen » 46
CONCLUSION 67
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INTRODUCTION
L’économie circulaire est un modèle économique et industriel qui vise à maintenir les
produits, leurs composants et leurs matériaux en circulation le plus longtemps possible,
tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation. Ce modèle s’oppose en cela
à l’économie linéaire, qui s’appuie quant à elle sur le schéma suivant : extraction ou récolte
des ressources, fabrication et assemblage des biens, distribution et utilisation, et, enfin,
production de déchets. C’est principalement au niveau de cette dernière étape qu’économie
circulaire et économie linéaire s’opposent puisque, dans la première, les déchets ou
produits en fin de vie trouvent une nouvelle utilité (par la réutilisation, le recyclage, la
valorisation énergétique, etc.), tandis que, dans la seconde, ils sont tout simplement
éliminés. Le modèle linéaire rencontrant aujourd’hui une série de limites importantes
(impact environnemental, épuisement des ressources, etc.), l’idée d’une transition vers
un modèle davantage circulaire rencontre une adhésion sans cesse croissante.
Bien au-delà du seul recyclage, l’économie circulaire englobe l’ensemble des étapes du
processus de production, de la phase de conception d’un produit jusqu’à celle, ultime,
de valorisation des déchets. Il entrevoit également de nouveaux modèles de consommation,
comme l’éco-fonctionnalité. Trois principes sous-tendent l’économie circulaire. Primo,
limiter au maximum l’utilisation des ressources naturelles (que ce soit pour produire
un bien ou pour le maintenir en fonction) et restaurer ces ressources autant que possible
si leur usage est incontournable. Secundo, prolonger la durée de vie des produits, aussi
bien en veillant à cette dimension lors de la conception des produits qu’en ayant recours
aux « boucles de réutilisation » : réparation, rénovation, revente, mise à jour technologique,
retour en usine et, en dernier recours, recyclage des matériaux et composants (les cycles
courts, à savoir ceux qui nécessitent le moins d’énergie, étant privilégiés). Tertio, et selon
une vision très large et même globale de l’économie circulaire, accroître l’efficacité
du système économique dans son ensemble (dans des domaines aussi variés que
l’alimentation, la mobilité, l’habitat, etc.) et gérer les externalités négatives (comme
l’occupation des sols, la pollution de l’air et de l’eau, la libération de substances toxiques,
etc.).
Si le bien-fondé de ces principes est défendu de plus en plus largement, y compris dans
les discours politiques, leur concrétisation fait encore souvent face à d’importants obstacles
(l’exemple le plus emblématique en la matière concernant très certainement l’utilisation
des matières plastiques). Cependant, cette problématique est désormais mise en avant
en raison des enjeux environnementaux qui entourent notre manière de produire et
de consommer et de l’urgence qui existe à y apporter une réponse.
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et dernier temps, est proposé un état des lieux actuel de la mise en œuvre de l’économie
circulaire en Belgique.
Par ailleurs, ce Courrier hebdomadaire aborde de manière transversale la question des
nombreux freins qui subsistent encore dans la mise en place d’une économie circulaire
à large échelle, qu’ils soient d’ordre technique ou réglementaire.
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1. L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE EN TANT QUE
CONCEPT
1
W. STEFFEN, P. J. CRUTZEN, J. R. MCNEILL, « The anthropocene: Are humans now overwhelming the great
forces of Nature? », Ambio: A Journal of the Human Environment, volume 36, n° 8, 2007, p. 614.
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sa marque de fabrique avec des articles présentés comme jetables (stylos-billes, rasoirs, © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
briquets, etc.). Des considérations de mode, avec notamment la fast fashion et ses vêtements
bon marché ou la mise en avant d’avancées technologiques incessantes (smartphones,
2
Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une
transition accélérée », 2016, www.ellenmacarthurfoundation.org, p. 3.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 9
tablettes, etc.), servent en outre de justificatifs à des achats à répétition. La logique est alors
3
d’accumuler les biens ou de s’en débarrasser pour les remplacer par des biens neufs .
1.2.1. Définition
3
S. SAUVÉ, D. NORMANDIN, M. MCDONALD, L’économie circulaire : une transition incontournable, Montréal,
4
Presses de l’Université de Montréal, 2016, p. 42.
Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une
transition accélérée », op. cit., p. 2.
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10 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
and Co, Philips, Renault, Solvay, etc. et même avec l’entreprise BIC, c’est-à-dire avec des
acteurs économiques qui poursuivent une logique de production et ne visent logiquement
pas une réduction de la consommation et des besoins. Par ailleurs, l’adjectif « régénérative »
utilisé dans la définition de l’Ellen MacArthur Foundation peut laisser entendre que de
nouvelles ressources sont produites alors que, en pratique, elles sont, au mieux, utilisées
de manière plus efficace et respectueuse de l’environnement. Cette même réserve vaut
également à la lecture des deux prochains points, concernant les principes et les
caractéristiques fondamentaux d’une économie circulaire (cf. infra).
Pour sa part, l’Agence de la transition écologique (ADEME, anciennement Agence de
l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), établissement public français, propose
sa propre définition en ces termes : « L’économie circulaire peut se définir comme un
système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie
des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources
et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des
individus ».
D’autres définitions encore s’ajoutent aux deux mises ici en avant et coexistent, faisant
de l’économie circulaire un concept assez souple et même évolutif.
1.2.2. Principes
5
Depuis 2010, l’Ellen MacArthur Foundation est devenue un acteur influent dans le développement
d’une économie circulaire, grâce à la publication d’une série d’analyses et de rapports économiques,
6
et un travail en collaboration avec des industriels et par le biais de projets éducatifs.
Ibidem, p. 7.
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Les circuits courts sont privilégiés. L’économie circulaire repose sur l’idée que plus la
boucle est courte, plus le procédé utilisé est efficace. La maintenance et la réparation d’un
produit, qui sont des boucles courtes, permettent de préserver l’essentiel de la valeur
de ce produit sans engager une somme de travail et d’énergie trop conséquente pour
conserver ce produit dans le circuit. Si la réparation n’est plus possible, les matériaux
et composants du produit sont réutilisés ou réusinés. En dernier recours, les matériaux
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Les trois principes ainsi énoncés représentent une sorte de marche à suivre pour la mise
en œuvre d’une économie circulaire. Celle-ci répond également à quatre caractéristiques
fondamentales.
Primo, éliminer les déchets. Dans une économie circulaire, les déchets sont réaffectés.
On distingue le cycle biologique du cycle technologique. Dans le premier, les matières
biologiques, non toxiques, sont utilisées jusqu’à ce qu’elles retournent, naturellement ou
avec l’intervention de l’homme, nourrir les sols sous la forme de compost ou d’engrais ou
qu’elles soient méthanisées. Le processus de méthanisation repose sur la décomposition
de déchets pourrissables (végétaux ou autres matières organiques, mais également les
boues et eaux résiduaires) grâce au travail de certaines bactéries. Ce procédé permet par
ailleurs de générer une énergie renouvelable, le biogaz. Celui-ci peut être transformé
en chaleur, en électricité et en carburant pour véhicules. Dans le cycle technologique,
les déchets composites (alliages, polymères, etc.) doivent être conçus pour être récupérés
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1.3.1. La conception
Pour que l’économie circulaire exprime son plein potentiel, il est souhaitable que
l’ensemble de la chaîne de production s’appuie sur ce concept, à commencer par la
conception du produit.
L’économie de fonctionnalité
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14 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
L’écoconception
Ce sont les économistes britanniques David W. Perce et Kerry R. Turner qui, dans leur
ouvrage Economics of Natural Resources and the Environment paru en 1990, auraient pour
la première fois utilisé le terme d’économie circulaire. Toutefois, c’est l’approche cradle
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7
Commission européenne, « Les nouvelles mesures d’écoconception : explications », Questions et réponses,
er
1 octobre 2019, https://ec.europa.eu.
8
Cf. M. BRAUNGART, W. MCDONOUGH, Cradle to cradle: Remaking the way we make things, New York, North
Point Press, 2002 (édition en français : Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, Paris, Éditions
alternatives, 2011).
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organisme deviennent une ressource pour un autre organisme et les apports en énergie
se font naturellement (solaire, éolien, thermique, etc.). Dès 2002, ce concept C2C est
devenu un label attribué à des produits (ou services) conçus de telle façon qu’une fois
arrivés en fin de vie, les matières utilisées pour les concevoir sont facilement séparées les
unes des autres pour réintégrer le cycle de fabrication d’un autre produit. Contrairement
au recyclage (cf. infra), l’approche C2C s’appuie sur la garantie du maintien de la qualité
des matières.
Le C2C Product Innovation Institute attribue plusieurs niveaux de certification aux
entreprises concernées (basic, bronze, silver, gold et platinium). L’attribution du label
dépend d’une série d’analyses portant sur la toxicité du produit pour la santé et pour
l’environnement, sur le type et la quantité d’énergie utilisée pour sa conception, sur la
réutilisation et le recyclage potentiels des matériaux qui le constitue et sur la responsabilité
sociale de l’entreprise dont il provient. Depuis 1995, entre 500 et 600 produits ont été
certifiés C2C de par le monde, essentiellement aux États-Unis, aux Pays-Bas et en
9
Allemagne .
Ainsi, la firme suisse Rohner est à l’origine d’un tissu biodégradable couramment utilisé
par les fabricants de fournitures de bureau. C’est un matériau compostable, répondant
à toutes les exigences de la certification C2C. Les rognures de coupe sont recyclées auprès
d’un consortium de producteurs de fraises, qui utilisent cette matière biodégradable
comme paillage couvre-sol et isolant.
Au-delà de l’étape de réflexion sur la conception d’un produit, afin que celle-ci réponde
au mieux à la volonté de préserver l’environnement, l’économie circulaire intègre, dans
un second temps, le cycle de vie même de ce produit, qu’il soit fait de matériaux (cycle
technique) ou de ressources organiques (cycle biologique), afin d’optimiser le temps de
vie des ressources et composants nécessaires à la production. Dans le cycle technique, les
matériaux, les composants et les produits eux-mêmes sont réutilisés, réparés et maintenus,
reconditionnés, remanufacturés ou encore recyclés.
9
S. SENET, « La certification cradle to cradle veut populariser l’économie circulaire », Journal de
l’environnement, 18 avril 2019, www.journaldelenvironnement.net.
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Un bien peut faire l’objet d’une réutilisation par la même personne, mais pour un
usage différent. Par exemple, des bocaux à confiture qui, au lieu d’être jetés, deviennent
des contenants de rangement pour des épices ou des graines 10. Mais la réutilisation peut
également prendre la forme d’un échange ou d’un don, entre particuliers ou envers
une association, ou celle d’une revente, qui impliquera une contrepartie monétaire et
parfois un intermédiaire. On pense ici aux magasins d’objets d’occasion, aux sites de
seconde main, etc.
Au-delà de cette valorisation par la réutilisation et le partage, le plus évident, afin de
conserver un bien dans un cycle de vie économique, c’est de le maintenir en état de
fonctionner. La maintenance peut être préventive, systématique ou non, comme l’entretien
régulier d’une voiture, ou corrective, lorsqu’un dégât intervient. À ce titre, la réparation
11
est une forme de maintenance .
Quand le bien est détérioré ou tombe en panne, il peut retrouver son utilité par un
acte de réparation. On parle ici de la résolution d’un problème en particulier sans
offrir de garantie sur le bon fonctionnement global du produit. À la différence du
reconditionnement (cf. infra), qui tend à remettre des produits usagés dans un certain
niveau de qualité, la réparation se borne à remettre un produit en état de marche.
Le concept du repair café s’intègre dans cette démarche. Il s’agit d’un événement tenu
ponctuellement et lors duquel des bénévoles aident les participants à réparer certains
objets (textiles, appareils électriques ou informatiques, etc.). La contribution demandée
en retour pour ce service est volontaire, déterminée au cas par cas par les participants.
Visant l’émancipation de chacun, le repair café est également une occasion de partage
et de transmission du savoir, afin qu’il devienne davantage naturel et économiquement
intéressant de réparer plutôt que de jeter et remplacer.
La réparation peut également être proposée par certaines marques commerciales, au-delà
donc de l’idée de consommation collaborative. Une autre possibilité encore est fournie
par des publications spécialisées ou par des sites Internet. Par exemple, la plateforme iFixit
offre ainsi aux internautes un choix de pièces détachées et de tutoriels de réparation pour
du matériel électronique, électroménager ou automobile. De manière générale, les vidéos
proposant un modus operandi clair afin de réparer les appareils du quotidien se sont
multipliées ces dernières années sur la toile.
Le reconditionnement
reconditionnement ne nécessite qu’un démontage partiel du produit usagé à remettre © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
« à neuf ». Par exemple, les équipements électroniques (ordinateurs, téléphones portables,
etc.), les avions de ligne, les trains et les ambulances peuvent être reconditionnés. Apple
propose ainsi des produits reconditionnés, certifiés par la marque et garantis un an, avec
une remise pouvant atteindre 15 % par rapport aux équivalents neufs ; les produits
10
11
Il arrive aussi que des objets soient détournés de leur fonction principale à des fins artistiques.
e
R. LE MOIGNE, L’économie circulaire : stratégie pour un monde durable, 2 édition, Malakoff, Dunod, 2018,
p. 40.
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reconditionnés par la marque (ordinateurs, tablettes, accessoires) sont soumis à des tests
qui répondent aux mêmes exigences fonctionnelles que les produits neufs. Le secteur
de l’énergie opte lui aussi régulièrement pour le reconditionnement, avec le réusinage des
pales des turbines hydrauliques ou des éoliennes, par exemple.
La refabrication (« remanufacturing »)
Alors que le recyclage est un concept désormais bien connu, il n’en va pas de même pour
la refabrication ou remanufacturing. Il s’agit d’un processus industriel qui vise à récupérer
les composants d’un produit en fin de vie afin de les utiliser dans la conception d’un
nouveau produit présentant un niveau de performance et de qualité identique ou
supérieur à celui d’un produit équivalent neuf. Cette opération donne lieu à une mise
sous garantie du produit remis à neuf équivalente à celle accordée pour un produit
réellement neuf.
Ce procédé implique plusieurs étapes : le tri des déchets (les produits usagés qui ne peuvent
pas être remis en état sans un coût économique important sont écartés) ; le démontage
et le nettoyage des différents composants ; le tri de ces composants (les pièces usées sont
à leur tour écartées) ; le réassemblage (des pièces neuves peuvent remplacer certaines
pièces usées et une remise à niveau technologique peut être nécessaire). Tous les produits
ne sont pas destinés à être remanufacturés ; les candidats idéaux sont généralement
constitués de composants facilement démontables, avec une évolution technologique
modérée.
12
La refabrication s’est notamment développée dans l’industrie automobile . Ce secteur
est hautement dépendant de certaines matières premières et de métaux précieux et, à ce
titre, le recyclage est devenu pour lui un enjeu de taille. Toutefois, intervenir en amont
du recyclage, par le biais de la refabrication, s’avère nettement plus profitable en termes
d’économies d’énergie et de gestion des matières premières puisqu’il s’agit de travailler
à partir de pièces déjà ouvragées. À titre d’exemple, Renault produit des moteurs
remanufacturés sur le site de Choisy-le-Roi, en Île-de-France, depuis 1949. Depuis lors,
l’usine de refabrication a diversifié son offre avec les pompes à injections, les boîtes de
vitesses, les injecteurs et les turbocompresseurs. Les pièces remanufacturées à l’usine
de Choisy-le-Roi sont destinées à la réparation des véhicules déjà en circulation. Tout
en garantissant la même qualité que les pièces neuves, ces pièces remanufacturées sont
30 % à 50 % moins chères. Ce qui n’est pas remanufacturé à partir des carcasses de
véhicule traitées est en grande partie recyclé dans les fonderies du groupe pour produire
de nouvelles pièces.
Les autres grandes marques de l’industrie automobile (PSA, Volkswagen, Volvo, etc.)
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12
Ellen MacArthur Foundation, « De l’économie circulaire appliquée à l’industrie automobile. Le cas pratique
de l’usine de Choisy-le-Roi », 18 juillet 2013, www.ellenmacarthurfoundation.org.
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18 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Le recyclage
former du calcin qui sera ensuite fondu puis soufflé pour produire de nouveaux emballages © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
en verre. Le verre des plats en vitrocéramique et celui de la vaisselle (verres à pied,
assiettes, etc.) ne peuvent être mélangés aux verres d’emballage collectés dans les bulles
13
Ces résidus sont généralement recyclés ou valorisés énergétiquement.
14
Les différentes étapes du processus du recyclage du papier sont disponibles sur le site de l’Association
15
des fabricants de pâtes, papiers et cartons de Belgique (Cobelpa) : www.cobelpa.be.
« Les papiers recyclés à la loupe », Nouvelles graphiques, 27 juin 2019, https://nouvelles-graphiques.levif.be.
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à verre (bouteilles, flacons et bocaux en verre transparent) car leur composition est
différente et entraîne d’importants problèmes lors de la refonte.
Le recyclage des déchets d’emballages métalliques concerne essentiellement l’acier et
l’aluminium, avec deux avantages évidents lorsqu’ils sont collectés sélectivement : une
perte minime de qualité du produit recyclé et des économies d’énergie importantes par
rapport à la production d’acier (75 %) ou d’aluminium (95 %) neuf. L’acier est trié à
l’aide d’aimants et l’aluminium grâce à des séparateurs à courants de Foucault. C’est
un autre avantage du métal dans l’optique du recyclage : le tri peut ainsi en être facilité.
L’acier et l’aluminium sont broyés et nettoyés pour donner de la ferraille qui est prête pour
le four. L’acier est envoyé à l’aciérie, l’aluminium aux fonderies spécialisées. Le métal
recyclé est ensuite transformé en produits semi-finis notamment employés dans le secteur
des transports (pièces automobiles, etc.), de la construction ou les emballages (cannettes,
plats préparés, boîtes de conserve, etc.).
Les métaux collectés pour le recyclage sont également issus des déchets d’usine (parfois
directement recyclés sur place par une refonte sur site) ou de produits en fin de vie
(dépôts dans les parcs à conteneurs, dans les entreprises spécialisées dans la récupération
et le traitement des métaux, dans les centres de recyclage des véhicules automobiles, etc.).
De manière générale, la production de matière première secondaire requiert souvent
beaucoup moins d’énergie que celle nécessaire à la production de la matière première
issue de l’extraction. Par ailleurs, les appareils électriques et électroniques font l’objet
d’une attention particulière, du fait de la raréfaction de leurs composants, de même que
les déchets issus du secteur de la construction (qui en est un gros producteur).
Si les principes de recyclage et de valorisation énergétique sont antérieurs au
développement du concept d’économie circulaire, cette dernière est appelée à favoriser
ces processus et à permettre de récupérer un taux sans cesse plus élevé de ressources dans
les matières résiduelles, grâce à une réflexion en ce sens en amont de la production.
Le recyclage est non seulement la boucle la plus longue que peut offrir l’économie
circulaire, et donc la plus onéreuse en matière de ressources mobilisées, mais ce procédé
montre également ses limites, en particulier pour les matières plastiques.
Contrairement à l’image qui est la sienne aujourd’hui dans certains milieux, le plastique
a sans doute un juste rôle à jouer au sein de notre économie. Comme le souligne la
Commission européenne, certains matériaux légers et innovants utilisés dans le secteur
automobile ou l’aviation permettent par exemple de réduire la consommation de
carburant et les émissions de CO2 associées. Le recours à des matériaux d’isolation haute
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performance contribue à réduire les besoins en énergie. Malgré les dérives et les emballages © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
non appropriés, le plastique peut également, dans une certaine mesure, permettre d’assurer
la sécurité des aliments et de lutter contre le gaspillage alimentaire. Sans compter encore
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20 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
contradictoire, aux efforts mis en place pour élargir le contenu collecté grâce aux sacs bleus, © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
dédiés à l’origine aux emballages PMC (sigle désignant les bouteilles et flacons en plastique,
les emballages métalliques et les cartons à boissons). Dans sa déclaration de politique
16
Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie
circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
17
européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 2.
Les bouteilles en plastique de l’entreprise Spadel sont désormais constituées à 100 % de PET recyclable
et l’entreprise vise, pour 2025, à ce qu’elles soient constituées à 100 % de plastique recyclé.
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18
Verko, IDM, MIWA, Ibogem, IVM, MIROM, ILVA, IVOO, BEP Environnement, Intradel (partiellement),
19
TIBI (partiellement) et IPALLE.
« Les papiers recyclés à la loupe », op. cit.
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22 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
entre 2017 et 2019), le chief executive officer (CEO) de Spadel, Marc du Bois, estime © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
20
21
Informations disponibles sur le site Internet de la Fédération de l’industrie du verre (FIV) : www.vgi-fiv.be.
RTBF Info, 15 février 2020, www.rtbf.be.
22
ADEME, « Analyse de 10 dispositifs de réemploi-réutilisation d’emballages ménagers en verre. Évaluation
23
environnementale, économique et sociale », octobre 2018, www.ademe.fr.
RTBF Info, 23 janvier 2020, www.rtbf.be.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 23
bouteilles en verre nécessite une certaine uniformité des contenants, ce qui peut apparaître
comme un frein pour les producteurs qui souhaitent généralement se démarquer les uns
des autres.
Le développement de nos économies s’est accompagné avec le temps d’un besoin accru
d’exploiter un nombre toujours plus important de métaux différents. Moins d’une
vingtaine de métaux étaient exploités dans les années 1970, alors que ce chiffre a désormais
triplé. Après les métaux ferreux 24 et cuivreux, puis les métaux non ferreux (comme
l’aluminium, le plomb ou le zinc), c’est aujourd’hui autour des métaux destinés à la
fabrication des appareils électriques et électroniques, tels que le lithium, l’indium ou
les terres rares, que se cristallisent les enjeux d’une demande en progrès constant. La
concentration des minerais a décru avec le temps, la priorité ayant été donnée à
l’exploitation des minerais les plus concentrés, ce qui induit aujourd’hui des coûts
d’extraction de plus en plus lourds. En effet, la concentration moyenne des métaux est
négativement corrélée à la profondeur dont ils sont extraits. Parallèlement à cela, nos
modes de vie requièrent de plus en plus d’énergie, et donc de métaux, dont l’exploitation
requiert elle aussi de plus en plus d’énergie. Une part considérable de l’énergie primaire
mondiale est utilisée pour l’extraction et le raffinage des métaux. Il s’agit là d’un cercle
vicieux. À situation inchangée, il ne resterait qu’entre 30 et 60 ans de réserves pour la
grande majorité des métaux. Pour l’indium (utilisé dans les cellules photovoltaïques ou les
écrans LCD) ou l’antimoine (très présente dans l’électronique), les réserves ne couvriraient
25
plus qu’une vingtaine d’années seulement . Dans un contexte où la consommation
de métaux ne cesse d’augmenter à un rythme effréné, préserver les ressources semble
donc devenu un objectif incontournable.
Dans ce cadre, le recyclage des métaux est bien entendu une option. Cependant, si le
taux de recyclage de certains grands métaux industriels, tels que l’acier ou le cuivre, est
relativement élevé (cf. infra), notamment dans les pays développés, ce n’est pas le cas
pour des métaux plus rares, dont l’exploitation est plus récente et géographiquement très
concentrée, et pour lesquels les filières de recyclage commencent tout juste à voir le jour.
Il s’agit entre autres de l’iridium, de l’indium, du platine et des terres rares, qui sont
autant de composants incontournables de l’industrie moderne pour fournir en
grandes quantités les batteries électriques, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques,
les téléphones portables, les fibres optiques, etc. Dans notre société high tech en pleine
transition énergétique, ces métaux sont devenus aussi rares qu’indispensables. Or,
actuellement, le recyclage de ces métaux coûte toujours plus cher que leur extraction, avec
une incidence écologique parfois désastreuse dans diverses régions du globe.
D’autres difficultés résident dans le fait, d’une part, que la complexité des produits
à recycler rend difficile le prélèvement des métaux qui les constituent et, d’autre part, que,
lorsque ces métaux peuvent être récupérés, ils sont rarement réutilisés pour les mêmes
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applications. La complexité croissante de la composition des véhicules automobiles donne © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
une illustration du défi que constituent la récupération et le tri des métaux à recycler.
24
Les métaux ferreux sont essentiellement composés de fer et ont des propriétés magnétiques. Parmi eux,
25
l’acier et les alliages comprenant de l’acier sont les plus utilisés.
V. AUREZ, L. GEORGEAULT, Économie circulaire : système économique et finitude des ressources, Louvain-la-
Neuve, De Boek Supérieur, 2016, p. 53.
CH 2455-2456
24 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Il est par ailleurs impossible de séparer les métaux au sein des alliages ; ceux-ci ne peuvent
26
donc pas être recyclés .
Comme pour le plastique, l’Asie, et particulièrement la Chine, était devenue une
destination prisée des pays européens pour le recyclage plus complexe de déchets alliant
plusieurs types de métaux, voire un mélange de plastique et de métaux comme
l’aluminium (emballages alimentaires). Mais depuis fin 2017, la Chine a progressivement
limité les importations occidentales de ce type.
La valorisation énergétique
Dans le cycle biologique, ce sont les déchets organiques qui, par un procédé ou un autre,
acquièrent une nouvelle vie jusqu’à, in fine, retourner à la terre. Le coton peut ainsi
fournir la matière première à la conception d’un vêtement, pour ensuite être recyclé
comme isolant dans le secteur du bâtiment, et enfin être scindé en fibres pour être
composté.
Le compostage
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26
27
Ibidem, p. 54.
Du nom du politicien néerlandais Adrianus (Ad) Lansink, qui a déposé une motion en faveur de cette
méthode auprès du parlement néerlandais en 1979.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 25
améliorer la qualité des sols. S’il n’est désormais pas rare que les particuliers compostent
leurs déchets organiques dans le fond de leur jardin, les déchets organiques industriels
(boues des papeteries, déchets des usines agroalimentaires, etc.) sont pour leur part
compostés par des entreprises spécialisées.
À titre d’exemple, la société Agricompost, dans la province de Liège, a été fondée en 1996
par six agriculteurs afin de valoriser les déchets de leurs exploitations respectives. Par la
suite, la demande grandissante, émanant tant des agriculteurs désireux de se fournir en
engrais que des producteurs de déchets organiques (en ce compris des intercommunales,
des petites et moyennes entreprises - PME, etc.), a poussé l’entreprise à accroître son
activité. Elle fait partie de la Fédération des entreprises de recyclage agricole en Belgique
(FERAB).
La biométhanisation
Dans un milieu privé d’oxygène, des déchets organiques (fumier, purin, déchets organiques
des ménages et de l’industrie agro-alimentaire, boues des stations d’épuration, etc.)
peuvent également, sous l’action de micro-organismes spécifiques, se décomposer pour
produire du biogaz ainsi qu’un résidu solide appelé digestat. Le biogaz peut être utilisé
pour la production de chaleur ou d’électricité ou être transformé en méthane afin de
gagner le réseau du gaz naturel. Quant au digestat, riche en nutriments, il peut, sous
certaines conditions, servir de fertilisant pour les terres agricoles.
Le processus de biométhanisation contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de
serre, en substituant une partie de la consommation de gaz naturel fossile par du méthane
issu de la biomasse, et permet la création d’emplois non délocalisables. Il s’agit également
d’une opportunité pour les agriculteurs de diversifier leurs activités.
En Belgique, la valorisation du biogaz, à travers un système de certificats verts, vise pour
l’instant quasi exclusivement son utilisation sous la forme de cogénération, qui fournit
donc chaleur et électricité. Il peut notamment s’agir de petites structures agricoles. Il existe
des dizaines d’unités de ce type sur le sol belge. En revanche, l’opportunité d’épurer ce
biogaz pour fournir du biométhane (analogue au gaz naturel) afin de servir de carburant
ou d’être injecté directement sur le réseau n’en est qu’à ses balbutiements. Ainsi, la
Flandre a entrepris la construction, en mars 2018, de la première installation belge de
biométhane sur le site de l’intercommunale de gestion des déchets de la région de La
Campine, dans la commune de Beerse. Environ 75 % du biogaz qui y est produit est
valorisé par cogénération pour répondre à la demande locale en chaleur et en électricité.
Quant à lui, le digestat est composté avec d’autres déchets verts au sein d’une installation
présente sur le même site. Le biogaz restant est transformé en gaz naturel qui est – et c’est
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CH 2455-2456
26 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Le bioraffinage
de symbiose industrielle. Celle-ci implique cinq partenaires historiques principaux (même © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
si d’autres acteurs, une quinzaine au total, sont avec le temps venus compléter les
synergies possibles) : une raffinerie, une centrale électrique, le site principal de Novo
Nordisk (biotechnologie), une usine de panneaux en plâtre et enfin la municipalité elle-
28
P. LAURENT, J. ROIZ, J.-L. WERTZ, A. RICHEL, M. PAQUOT, « Le bioraffinage, une alternative prometteuse
à la pétrochimie », BASE. Biotechnologie, agronomie, société et environnement, volume 15, n° 4, 2011,
29
p. 597-610.
S. SAUVÉ, D. NORMANDIN, M. MCDONALD, L’économie circulaire, op. cit., p. 62.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 27
sur le site, principalement actives dans le secteur de la chimie. © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
30
31
« Viser l’excellence. Plan Marshall 2.vert », s.d., www.wallonie.be, p. 32.
Service public de Wallonie, Secrétariat général, Cellule des stratégies transversales, Délégué spécial,
« Plan Marshall 2.vert. Rapport de suivi », avril 2014, http://economie.wallonie.be, p. 173.
CH 2455-2456
2. LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE
32
Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets
et abrogeant certaines directives, Journal officiel de l’Union européenne, L 312, 22 novembre 2008.
33
Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de
l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 29
34
En 2015, la législation européenne sur la gestion des déchets repose sur la directive européenne 2008/98/CE
précitée. Conformément aux vœux de la Commission européenne, cette législation sera revue avec
l’adoption de la directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant
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CH 2455-2456
30 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
L’attention mise sur les déchets municipaux s’explique en partie par le fait que ceux-ci sont
39
particulièrement complexes à gérer .
Graphique 1. Origine des déchets produits par les activités économiques et les ménages
(Union européenne, 2016), en %
Agriculture,
Commerce de gros de Ménages sylviculture et pêche
déchets et débris 8,5 0,8
1,0
Services
(sauf commerce
de gros en déchets Industries extractives
et débris) 25,3
4,6
Industrie
Construction manufacturière
36,4 10,3
Énergie
3,1
Déchets et eau
10,0
Source : Eurostat.
visant davantage de recyclabilité et de biodégradabilité des matières plastiques, avec une © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
conscience accrue du problème posé par la présence, dans certaines matières plastiques,
de substances chimiques dangereuses. Les déchets d’origine plastique qui finissent dans
les mers et les océans font eux aussi l’objet de l’attention de la Commission. Par ailleurs,
celle-ci relève que l’innovation dans les matières plastiques peut également contribuer
39
40
Point 6 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
Un compte rendu statistique et un état des lieux plus poussés sur la gestion des matières plastiques en Europe
sont proposés infra.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 31
41
Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de
l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015, p. 16.
42
Commission européenne, « Réduire le gaspillage alimentaire : la réponse de l’Union à un défi d’ampleur
43
mondiale », Fiche d’information, 28 novembre 2016, https://ec.europa.eu.
FUSIONS, « Food waste quantification manual to monitor food waste amounts and progression », 31 mars
44
2016, www.eu-fusions.org, p. 23.
Assemblée générale des Nations unies, « Transformer notre monde : le Programme de développement
durable à l’horizon 2030 », Résolution n° A/RES/70/1, 25 septembre 2015, https://unctad.org, point 12.3.
CH 2455-2456
32 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
important sur l’environnement. La Commission européenne a établi une liste, mise à jour
45
régulièrement, de ces matières premières critiques . On y retrouve vingt-sept matières
différentes ainsi qu’un constat assez largement reconnu désormais, à savoir la suprématie
de la Chine dans l’approvisionnement mondial en de nombreuses matières premières
critiques, telles que les terres rares, le magnésium, le tungstène, l’antimoine, le gallium,
le germanium, etc. Non seulement ces matières premières critiques ne sont exploitées que
dans quelques rares endroits du globe, mais elles sont généralement peu substituables
avec d’autres matières et leur taux de recyclage est assez médiocre (quelques pourcents
seulement).
Dans le cadre global d’un soutien à l’économie circulaire, la Commission européenne
estime qu’il est nécessaire de promouvoir la récupération des matières premières critiques,
de partager les meilleures pratiques à cet égard et d’encourager les États membres à prendre
des mesures dans ce sens. Concrètement, la politique européenne en la matière s’appuie
sur une directive datant de 2012 relative aux déchets d’équipements électriques et
46
électroniques (DEEE) . Ce texte encourage les États membres à établir une meilleure
coopération entre les producteurs et les recycleurs d’équipements électriques et
électroniques afin de faciliter la réutilisation, le démantèlement et le recyclage. Il s’agit
également de favoriser le tri de ce type de déchets grâce à un processus de collecte séparée,
avec possibilité également de remettre les produits en fin de vie aux distributeurs. Un taux
de collecte minimal est fixé. Il s’élève, dès 2016, à 45 %, en poids total de DEEE collectés
par un État membre par rapport au poids moyen d’EEE mis sur le marché, sur le même
territoire, au cours des trois années précédentes. À partir de 2019, ce taux de collecte
minimal passe à 65 %. Enfin, les États membres sont priés d’apporter aux DEEE collectés
un traitement approprié : préparation en vue de la réutilisation, de la valorisation et
du recyclage des matières, extraction et traitement des fluides, etc. Des exigences de
valorisation et de recyclage sont fixées en fonction de différentes catégories d’EEE et
sont reprises en annexe de la directive.
- En termes de volume, le secteur de la construction (et de la démolition) compte parmi
les principales sources de déchets en Europe (soit environ 25 % à 30 % des déchets
générés). Ces déchets, d’une grande variété (béton, briques, plâtre, bois, verre, métaux,
plastique, etc.), sont souvent réutilisables ou recyclables, mais encore trop peu souvent
identifiés comme tels dans certains États membres. Le taux de réutilisation et de recyclage
varie en effet grandement d’un pays à l’autre. C’est pourquoi un objectif contraignant
a été fixé à l’échelle de l’Union européenne dans son ensemble : la réutilisation, le recyclage
ou une autre forme de valorisation de 70 % des déchets de construction et de démolition
47
non dangereux d’ici 2020 .
- Le cinquième secteur prioritaire identifié par la Commission européenne concerne
la biomasse et les bioproduits. Ceux-ci sont désormais utilisés dans les secteurs de la
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construction, du textile, de la papeterie et de la menuiserie, des produits chimiques, de © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
45
Commission européenne, « Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions relative à la liste 2017 des matières premières critiques pour
46
l’UE », COM(2017) 490 final, 13 septembre 2017, https://ec.europa.eu.
Directive 2012/19/UE du Parlement européen et du Conseil du 4 juillet 2012 relative aux déchets
d’équipements électriques et électroniques (DEEE), Journal officiel de l’Union européenne, L 197, 24 juillet
47
2012.
Directive européenne 2008/98/CE précitée, article 11.2.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 33
l’alimentation ou encore des biocarburants. Ils ont pour eux leur caractère renouvelable,
biodégradable ou compostable. Cependant, l’un des enjeux de leur utilisation dans l’esprit
d’une économie circulaire est de favoriser une utilisation en cascade de ces ressources,
avec plusieurs cycles de réutilisation et de recyclage. La filière du bois offre un exemple type
d’une valorisation en cascade. Même si le bois est fonctionnellement renouvelable, il s’agit
d’une ressource limitée dont l’exploitation doit être réfléchie en termes de durabilité.
Dans cette optique, l’utilisation en cascade du bois permet d’allonger le temps de vie
des ressources utilisées. On parle de réutilisation en cascade du bois lorsque celui-ci est
transformé en un produit et que ce produit est réutilisé au moins une fois à des fins soit
matérielles soit énergétiques.
Concernant le secteur clé que constituent la biomasse et les bioproduits, la Commission
européenne identifie également un autre enjeu, à savoir une affectation réfléchie des sols,
en fonction, notamment, de l’impact environnemental de l’utilisation des ressources.
48
Ces fonds sont régis par le règlement (UE) n° 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional,
au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural
et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables
au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds
européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) n° 1083/2006 du Conseil
49
(Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013).
Commission européenne, « Boucler la boucle : la Commission adopte un nouveau train de mesures
ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de
50
générer une croissance durable », Communiqué de presse, 2 décembre 2015, https://ec.europa.eu.
Présidence du Conseil européen, « Conclusions », 17 juin 2010, https://ec.europa.eu.
CH 2455-2456
34 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 35
La première, European Platform on Food Losses and Food Waste (FLW), regroupe des
entités publiques, des industries, des groupes d’affaires, des universités et des organisations
non gouvernementales (ONG). Mise en place en août 2016, elle fonctionne comme
un groupe de travail dont les experts se réunissent régulièrement pour fournir des
recommandations dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le mandat de ce groupe
d’experts européens a été reconduit jusqu’à la fin 2021, mais une série de recommandations
ont déjà été rendues publiques en décembre 2019 54.
55
Une deuxième plateforme, InnovFin , soutient le financement de l’économie circulaire
en centralisant les demandes de financement et les projets innovants en la matière.
Cette plateforme a été créée en janvier 2017, avec l’appui de la Banque européenne
d’investissement (BEI) 56 et réunit la Commission européenne, la BEI, les banques de
développement nationales, les investisseurs institutionnels et d’autres parties prenantes
(ONG et autres acteurs clés de l’économie circulaire).
Enfin, une troisième plateforme est active depuis mars 2017 : la Plateforme des acteurs
européens de l’économie circulaire. Il s’agit d’une initiative conjointe de la Commission
européenne et du Comité économique et social européen (CESE) qui vise à promouvoir
l’économie circulaire en s’appuyant sur un espace d’échange des connaissances, des bonnes
pratiques et des initiatives politiques en la matière, tous secteurs et tous pays confondus.
Le site Internet 57 qui incarne cet espace d’échange regroupe également les actualités et
événements liés à l’économie circulaire, ainsi qu’une base de données de contacts et
un forum de discussion.
Parallèlement, le processus régulatoire européen fait son chemin et c’est en janvier 2018
que la Commission européenne a défendu un nouvel ensemble de textes qui concerne
tour à tour la gestion des matières plastiques 58, le traitement adéquat des substances
59
chimiques dans les processus de réutilisation et de recyclage , un cadre de suivi des
progrès réalisés par rapport au plan d’action de 2015, que ce soit à l’échelle de l’Union
européenne dans son ensemble ou à l’échelle des États membres 60, ainsi qu’un rapport
61
sur les matières premières critiques et l’économie circulaire .
54
EU Platform on Food Losses and Food Waste, « Recommendations for action in food waste prevention »,
décembre 2019, https://ec.europa.eu.
55
56
Cf. « InnovFin. Financement européen de l’innovation », www.bei.org.
Commission européenne, « Économie circulaire : la Commission tient ses promesses, fournit des
orientations sur la valorisation énergétique des déchets et collabore avec la BEI pour stimuler les
57
investissements », Communiqué de presse, 26 janvier 2017, https://ec.europa.eu.
« #CEstakeholderEU. Plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire »,
https://circulareconomy.europa.eu.
58
© CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
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36 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Agriculture
3,4
Emballages
39,9
Sports et loisirs
4,1
Équipements
électriques et
électroniques
6,2
Secteur de
l’automobile
9,9
Secteur de la
construction
19,8
Source : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations et Conversio
Market & Strategy GmbH.
62
Les données présentées ici, concernant la production et la demande européennes de plastique ainsi que
les déchets récoltés et traités, ont été récoltées par l’association des fabricants de plastiques en Europe
(PlasticsEurope) et l’Association européenne des organisations de recyclage et de valorisation du plastique
(European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations - EPRO), et compilées par
Conversio Market & Strategy GmbH dans l’étude « Plastics, the facts 2019. An analysis of European plastics
63
production, demand and waste data », 2019, www.plasticseurope.org.
Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire : où en est-on ? », 2019,
www.agoria.be.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 37
29,1 millions de tonnes de déchets plastiques ont été collectées en Europe en 2018 pour
être traitées. Ces déchets ont ensuite intégré trois filières différentes (cf. Graphique 3) : la
valorisation énergétique (42,6 %), le recyclage (32,5 %), et l’entreposage ou l’enfouissement
en décharge (24,9 %). Le recyclage occupe donc moins d’un tiers des traitements opérés.
Précision importante : le plastique recyclé l’est à 19 % en dehors des frontières de
puisque le chiffre était de 37 %
l’Europe. La tendance serait ainsi clairement à la baisse, puisque
en 2016. Cette amélioration de la situation étonne certains observateurs sur le terrain,
qui sont moins optimistes que les chiffres avancés. Entre 2006 et 2018, le volume de
plastique collecté pour être traité a augmenté de 19 %, avec un doublement du recyclage,
une hausse de 77 % de la valorisation énergétique et une baisse de 44 % de la mise en
décharge (option qui, en 2006, représentait plus de la moitié du volume de plastique traité).
La valorisation énergétique du plastique a donc augmenté plus vite que le recyclage. Par
ailleurs, si le volume de plastique collecté s’est accru, c’est certes grâce à un meilleur système
de collecte, mais également à une production toujours plus importante de plastique.
La différence de volume eentre
ntre la demande de plastique en Europe et les déchets plastiques
collectés s’explique, par le fait que certains produits en plastique, souvent autres que
ceux utilisés pour les emballages ou les usages uniques, ont une longue durée de vie, par
le fait que tous les déchets plastiques ne sont pas à l’heure actuelle correctement collectés,
et par le jeu des importations et exportations.
Source : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations et Conversio
Market & Strategy GmbH.
CH 2455-2456
38 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Le traitement des déchets plastiques ne s’opère pas de la même manière partout en Europe.
Dix pays ont introduit des restrictions sévères au recours à la mise en décharge, avec
un taux d’enfouissement qui est dès lors inférieur à 10 % : Allemagne, Autriche, Belgique,
Danemark, Finlande, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse. À l’inverse, huit
pays enfouissent encore plus de 50 % de leurs déchets plastiques, souvent avec les déchets
résiduels car ils ne sont pas collectés sélectivement : Bulgarie, Chypre, Croatie, Grèce,
Hongrie, Lettonie, Malte et Roumanie. Pour leur part, les taux de recyclage enregistrés
en 2018 sont compris entre 20 % et 40 % (avec deux pays au-dessus des 40 %, à savoir
l’Espagne et la Norvège). C’est essentiellement le recours à la valorisation énergétique qui
offre actuellement une option alternative au traitement par enfouissement. En d’autres
termes, pour des taux assez équivalents entre pays européens en ce qui concerne le
recyclage, les pays ayant peu recours à l’enfouissement optent intensément pour la
valorisation énergétique, et inversement.
Sur la base de cet état des lieux, il ressort que, avec seulement 32,5 % des déchets plastiques
collectés passant effectivement par la filière du recyclage, cette dernière conserve un
potentiel largement inexploité relativement au plastique par rapport à ce qui prévaut
pour d’autres matières plus largement recyclées comme le papier, le verre ou les métaux
(cf. Graphique 4). Selon la Confederation of European Paper Industries (CEPI), le taux
de recyclage du papier s’élevait, pour l’UE28, la Norvège et la Suisse, à 71,6 % en 2018
64
(contre 52 % au début des années 2000) . Selon la Fédération européenne du verre
d’emballage (FEVE), le taux de recyclage du verre pour l’UE28, la Norvège et la Suisse
65
se montait à 76,6 % en 2017 . Quant à la Confédération européenne des industries de
recyclage (EuRIC, European Recycling Industries’ Confederation) – qui regroupe
notamment la Fédération européenne de la récupération et du recyclage des métaux
ferreux (EFR, European Ferrous Recovery and Recycling Federation) et la Fédération
européenne du négoce et du recyclage des métaux [non ferreux] (Eurometrec, European
Metal Trade and Recycling Federation) –, elle estime à 90 % le taux de recyclage en Europe,
en 2018, de l’acier inoxydable collecté, contre 70 % pour le cuivre, et revendique un
taux de 75 % de l’aluminium produit historiquement toujours dans la boucle (sur des
66
produits en ordre de marche ou sous une forme recyclée) .
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64
Confederation of European Paper Industries, « Key statistics 2018. European pulp & paper industry »,
65
juin 2019, www.endseurope.com, p. 23.
Fédération européenne du verre d’emballage, « Glass Recycling Statistics Year 2017 », novembre 2019,
66
https://feve.org.
Confédération européenne des industries de recyclage, « Metal Recycling Factsheet », s.d.,
www.euric-aisbl.eu.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 39
90 %
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Acier Verre Aluminium Papier Cuivre Plastique
* UE28 + Norvège et Suisse.
** À l’exception du verre : 2017.
Sources : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations, Conversio
Market & Strategy GmbH, Confederation of European Paper Industries, Fédération européenne
du verre d’emballage et Confédération des industries du recyclage européen.
68
matières plastiques recyclées » . Afin de faire face, la Commission européenne entend © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
encourager l’introduction et le développement de certains instruments économiques tels
que le régime de responsabilité élargie des producteurs (cf. infra). Elle fixe également
des objectifs clairs. En 2030, tous les emballages plastiques mis sur le marché de
67
Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie
circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
68
européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 4.
Ibidem, p. 11.
CH 2455-2456
40 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
l’Union européenne doivent être soit réutilisables soit recyclables dans des conditions
économiquement efficaces. Au même moment, plus de la moitié des déchets plastiques
générés en Europe doivent être recyclés. Pour ce faire, les capacités de tri et de recyclage
devront être quadruplées par rapport à 2015, avec la création de 200 000 nouveaux emplois
69
sur l’ensemble de l’Europe .
69
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CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 41
néfastes. Les États membres ont jusqu’au 3 juillet 2021 pour transposer la directive et
appliquer cette restriction. Le texte vise également à responsabiliser les producteurs, qui
devront prendre en charge une partie des coûts de collecte et de traitement de certains
produits tels que les récipients pour aliments destinés à l’alimentation rapide, les mégots
de cigarette ou les engins de pêche contenant du plastique.
S’appuyant sur les propositions émises par la Commission européenne en décembre 2015
et sur les travaux menés depuis lors, le Parlement européen et le Conseil de l’Union
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européenne ont adopté le 30 mai 2018 quatre directives relatives à la gestion des déchets © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
et à leur valorisation 75. À travers ces différents textes, l’Union européenne espère
73
Pour consulter la liste des signataires, cf. Commission européenne, « Circular Plastics Alliance. List of
74
Signatories », 7 mai 2020, https://ec.europa.eu.
75
Cf. le site Internet https://europeanplasticspact.org.
Directive (UE) 2018/849 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive
2000/53/CE relative aux véhicules hors d’usage, la directive 2006/66/CE relative aux piles et accumulateurs
ainsi qu’aux déchets de piles et d’accumulateurs, et la directive 2012/19/UE relative aux déchets
d’équipements électriques et électroniques, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018 ;
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42 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
76
notamment renforcer la mise en place d’une certaine « hiérarchie des déchets » , en
imposant notamment aux États membres de prendre des mesures spécifiques en vue
de privilégier la prévention, la réutilisation et le recyclage des déchets plutôt que la mise
en décharge et l’incinération 77. Elle préconise pour ce faire l’utilisation de certains
instruments économiques tels que des redevances et des restrictions pour la mise en
décharge et l’incinération des déchets ; des incitations fiscales en faveur des dons de denrées
alimentaires ; la mise en place de régimes de responsabilité élargie des producteurs pour
certains types de déchets ; la mise en place de systèmes de consigne et autres mesures
visant à encourager la collecte efficace des produits et matériaux usagés ; une planification
solide des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets, notamment par
les fonds de l’Union européenne ; l’adoption de marchés publics visant à encourager
une meilleure gestion des déchets et l’utilisation de produits et de matériaux recyclés ;
la suppression progressive des subventions contraires à la hiérarchie des déchets ; le
recours à des mesures fiscales ou à d’autres moyens pour promouvoir l’utilisation de
produits et de matériaux préparés en vue d’une réutilisation ou recyclés ; le soutien
à la recherche et à l’innovation en matière de technologies de recyclage ; des campagnes
78
de sensibilisation de la population ; etc.
Directive (UE) 2018/850 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive
1999/31/CE concernant la mise en décharge des déchets, Journal officiel de l’Union européenne, L 150,
14 juin 2018 ; Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 43
Dans la directive relative aux déchets et celle relative aux emballages et aux déchets
d’emballages, l’Union européenne fixe des objectifs chiffrés de réutilisation et de recyclage.
Les déchets municipaux sont définis dans la directive (UE) 2018/851 comme « les déchets
en mélange et les déchets collectés séparément provenant des ménages, y compris le
papier et le carton, le verre, les métaux, les matières plastiques, les biodéchets, le bois,
les textiles, les emballages, les déchets d’équipements électriques et électroniques, les
déchets de piles et d’accumulateurs, ainsi que les déchets encombrants, y compris les
matelas et les meubles » 80. Les objectifs de réutilisation et de recyclage des déchets
municipaux dans leur ensemble sont fixés comme suit : 55 % d’ici 2025, 60 % d’ici 2030
et 65 % d’ici 2035. Par comparaison, la situation enregistrée était, selon les chiffres
d’Eurostat, de 46 % en 2017.
Des objectifs spécifiques ont également été définis par type de déchets d’emballages
(cf. Tableau 1). Par emballage, il faut entendre spécifiquement les produits constitués de
matériaux de toute nature, destinés à contenir et à protéger des marchandises données,
allant des matières premières aux produits finis, à permettre leur manutention et leur
acheminement du producteur au consommateur ou à l’utilisateur, et à assurer leur
81
présentation . Les objectifs de recyclage des emballages repris dans la directive concernent
tous les emballages mis sur le marché, quel que soit le secteur d’activité concerné :
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79
80
Point 14 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée. Comme déjà indiqué, selon ce même article,
les « biodéchets » sont les déchets biodégradables de jardin et de parc, les déchets alimentaires et de
cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des
traiteurs et des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de
81
transformation de denrées alimentaires.
Définition fournie par la Commission interrégionale de l’emballage (CIE : institution publique en charge
de la législation belge relative aux déchets d’emballages et du transit de déchets).
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44 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
En comparant les objectifs repris dans la directive (UE) 2018/852 et la dernière mise à jour
des données statistiques d’Eurostat (relatives à 2017) 82, il semble que les taux de recyclage
concernés progressent plus rapidement que prévu.
Collecte séparée
Pour permettre un recyclage de qualité et favoriser l’utilisation de matières premières
secondaires de qualité, l’Union européenne, dans sa directive 2008/98/CE, avait instauré
l’obligation pour les États membres d’organiser, dès 2015, une collecte séparée pour le
papier, le métal, le plastique et le verre. À travers la nouvelle directive, l’Union européenne
entend élargir ce principe de collecte séparée aux biodéchets, dès 2023 83, aux déchets
84 85
dangereux produits par les ménages et aux déchets textiles , dès 2025. Des collectes
séparées devront également à l’avenir être organisées dans le secteur de la construction.
82
La dernière mise à jour date du 31 janvier 2020 (code des données en ligne : ten00063, « Recycling
83
rates for packaging waste »).
Article 10, point 6, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
84
85
Article 20, point 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
86
Article 11, § 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
Article 5, § 3bis et § 5, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 45
87
Commission européenne, « Rapport au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et
social européen et au Comité des Régions relatif à la mise en œuvre du plan d’action en faveur d’une
économie circulaire », COM(2019) 190 final, 4 mars 2019.
88
89
Dernière année disponible lors de la collecte des données pour la réalisation du rapport.
Eurostat, « Record pour les taux de recyclage et l’utilisation de matériaux recyclés dans l’UE », Communiqué
de presse, 4 mars 2019, https://ec.europa.eu.
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46 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Dans son rapport d’évaluation, la Commission européenne énumère également une série
de défis pour l’avenir, comme le développement des marchés pour les matières premières
secondaires, une intensification de la recherche, de l’innovation et des investissements
dans les secteurs prioritaires, une meilleure information des consommateurs, une rigueur
accrue dans la lutte contre la toxicité environnementale des produits, des avancées
concernant la problématique spécifique des matières premières critiques, etc. La
Commission européenne estime enfin que, comme ce fut le cas pour le plastique,
d’autres secteurs nécessitent aujourd’hui une attention particulière afin d’y permettre
un développement des principes de circularité. Elle vise ainsi les technologies de
l’information, l’électronique, la mobilité, l’environnement bâti, l’exploitation minière,
l’ameublement, l’alimentation et les boissons, et le secteur du textile.
C’est le 11 mars 2020 que la Commission présente son nouveau plan d’action en faveur © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
d’une économie circulaire 92. À ce stade, celui-ci ne convainc pas vraiment les acteurs
90
91
Ibidem.
Commission européenne, « Le pacte vert pour l’Europe. Communication au Parlement européen, au
Conseil européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions »,
92
COM(2019) 640 final, 11 décembre 2019.
Commission européenne, « Circular Economy Action Plan. For a cleaner and more competitive Europe »,
s.d. [avril 2020], https://ec.europa.eu.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 47
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3. LA RÉGLEMENTATION FÉDÉRALE BELGE
Afin de proposer sa feuille de route pour une économie circulaire, l’échelon fédéral
s’est appuyé sur un document de recherche préparatoire publié un peu plus tôt dans
l’année 2016. Cette étude, menée par trois organismes de consultance privés – à savoir
PricewaterhouseCoopers (PwC), en collaboration avec l’Institut de conseil et d’études
en développement durable (ICEDD) et Oakdene Hollins –, visait à chiffrer le potentiel
économique de l’économie circulaire en Belgique à l’horizon 2030 95.
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93
Cabinet de la ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable,
« Ensemble, faisons tourner l’économie en développant l’économie circulaire en Belgique », octobre 2016,
www.marghem.be.
94
95
Les trois Régions sont notamment responsables de la chaîne de destruction des déchets.
PricewaterhouseCoopers, « Économie circulaire : potentiel économique en Belgique », Rapport final au SPF
Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, février 2016, www.health.belgium.be.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 49
Les gains théoriques liés au développement d’une économie circulaire sont essentiellement
de deux sortes : la réduction des coûts (moindre approvisionnement en matières premières,
meilleure gestion des déchets, etc.) et le développement de nouveaux biens et services
(notamment dans le domaine de la réparation, du recyclage, de l’économie de la
fonctionnalité, etc.). L’analyse de PwC propose une évaluation chiffrée de l’impact
économique de l’économie circulaire au sein de quatre secteurs clés : l’industrie
chimique, l’alimentaire, les machines et équipements, et l’automobile. L’économie
circulaire permettrait de créer, au sein de ces quatre secteurs et à l’horizon 2030, quelque
3 700 emplois directs si aucune mesure particulière n’est entreprise par les pouvoirs publics
et un peu plus de 11 600 emplois directs dans l’hypothèse d’une politique volontariste.
Extrapolé à l’ensemble de l’économie belge, il s’agirait de 100 000 emplois à l’horizon 2030
si des mesures volontaires sont prises à tous les niveaux de pouvoir. L’argument d’une
réduction des coûts est cependant remis en question par les professionnels du secteur,
notamment pour le domaine du plastique, où la concurrence des matières plastiques
vierges, plus abordables que le plastique recyclé, reste une réalité.
Sur cette base, et après concertation des secteurs concernés, l’Autorité fédérale a dégagé
21 mesures à mettre en place à son niveau. Parmi celles-ci, la feuille de route dite
« Marghem-Peeters » propose d’encourager le démantèlement manuel de certains
composants contenant des métaux précieux et/ou des matières premières critiques, et
d’inciter, lorsque les conditions s’y prêtent, le passage d’un modèle basé sur les produits
vers un modèle basé sur les services (conformément au principe d’économie de la
fonctionnalité). Les deux ministres souhaitent également mettre en place une réflexion,
avec les producteurs concernés, sur les microplastiques primaires (qui se retrouvent dans
le dentifrice, les particules de pneus usés utilisées pour les terrains de foot artificiels ou
encore certains résidus dans le secteur de la construction ou les matières textiles). Ces
microplastiques ne sont pas recyclables et finissent d’une manière ou d’une autre par
avoir un impact sur l’environnement. Pour soutenir la demande en plastique recyclé,
il s’agirait notamment d’intégrer un taux de contenu en plastique recyclé dans les
évaluations des marchés publics. La volonté de l’Autorité fédérale est par ailleurs de
procéder à une meilleure information des différents acheteurs publics sur les différents
principes de l’économie circulaire.
D’autres mesures proposées dans cette feuille de route concernent encore la lutte contre
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Conformément à la directive 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2005 relative
aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le marché
intérieur et modifiant la directive 84/450/CEE du Conseil et les directives 97/7/CE, 98/27/CE et 2002/65/CE
du Parlement européen et du Conseil et le règlement (CE) n° 2006/2004 du Parlement européen et du
Conseil (Journal officiel de l’Union européenne, L 149, 11 juin 2005), dite directive européenne sur les
pratiques commerciales déloyales.
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50 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
ont toutes été mises en œuvre, bien qu’à des stades d’avancement variés. Par exemple, © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
le Centre de connaissance en économie durable (CCED) a été créé au sein de la Direction
générale des Analyses économiques et de l’Économie internationale du SPF Économie,
PME, Classes moyennes et Énergie ; il a pour mission d’agir comme point de référence
97
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Financement de l’économie circulaire », juin 2018,
98
https://economie.fgov.be.
Chambre des représentants, Note de politique générale. Environnement et Développement durable, n° 3296/10,
22 octobre 2018.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 51
au niveau fédéral en matière d’économie durable pour les entreprises, les consommateurs
et les responsables politiques. Il contribue également à la recherche sur les indicateurs
d’économie circulaire, un enjeu européen, en suivant les évolutions globales et en
consultant les parties prenantes aux niveaux national et bilatéral (institutions
gouvernementales, fédérations d’entreprises et autres organisations). M.-C. Marghem
entendait alors lancer de nouveaux débats, impliquant « différents acteurs issus d’horizons
très divers afin d’aboutir à une nouvelle vision pour les prochaines années et formuler des
propositions d’actions fédérales à mettre en place lors de la prochaine législature ». C’est
ainsi qu’en 2019, une série d’ateliers de travail (workshops) thématiques et transversaux ont
réuni les parties concernées 99.
À la fin de l’année 2019, la Belgique a assuré l’organisation du « hotspot » de l’économie
circulaire. Cet événement annuel met à l’honneur les bonnes pratiques du pays
organisateur, qui accueille pendant plusieurs jours des chefs d’entreprises internationaux
et européens. Lors de cette édition, la Belgique avait notamment mis à l’honneur Anvers
(avec Blue Gate, un parc d’entreprises ancré dans l’économie circulaire, de même que
Circular South, un quartier où collaborent habitants et entreprises), Bruxelles (avec Studio
CityGate, Recy-K, Greenbizz et City Fab1), le port de Gand, ou encore le Hainaut (qui
promeut la symbiose industrielle à travers des acteurs tels que Comet Traitements, une
société très active dans le commerce et le recyclage des métaux, ou la société Holcim,
qui collecte des déchets industriels destinés aux cimenteries belges).
La lutte contre l’obsolescence programmée figure parmi les points emblématiques qui
se jouent à l’échelon fédéral. Par « obsolescence programmée », on entend « un stratagème
par lequel un bien voit sa durée de vie normative sciemment réduite dès sa conception,
100
limitant ainsi sa durée d’usage, pour augmenter son taux de remplacement » .
En 2016, trois propositions de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée ont
101
été déposées à la Chambre des représentants : le 22 janvier par le CDH , le 11 avril par
102 103
Écolo et le 20 avril par le PS . Les membres de la commission chargée de l’Économie
ont ensuite travaillé sur cette base, les trois textes ayant été fusionnés le 10 mai 2016
à partir de celui déposé par le CDH. En substance, cette proposition de loi étend la durée
de la garantie à la durée de vie des produits, avec un minimum de deux ans ; assure au
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52 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
consommateur le bénéfice de la garantie entre la fin du sixième mois et son expiration 104 ;
augmente la garantie pour les produits d’occasion à minimum deux ans ; et oblige le
fabricant à mentionner sur les produits et les publicités le concernant la durée de vie
ainsi que le caractère réparable ou non de celui-ci 105.
En janvier 2018, le MR a dit préparer sa propre proposition de loi, en accord avec ses
trois partenaires au sein du gouvernement fédéral : le CD&V, l’Open VLD et la N-VA.
Ce projet a avorté un mois plus tard, aucun accord n’ayant pu être dégagé au sein de la
106
majorité . En parallèle, le MR a déposé, le 11 janvier 2018, une proposition de résolution
pour promouvoir l’économie circulaire et lutter contre l’obsolescence programmée 107.
Le 21 février 2018, la proposition de loi sur laquelle la commission de l’Économie travaillait
depuis deux ans a été déclarée sans objet, certains partis (le MR, notamment) ne souhaitant
pas légiférer sur la question. Le même jour, la proposition de résolution déposée par
les libéraux francophones a quant à elle été adoptée, majorité contre opposition, mais
ce texte, contrairement à une loi, n’a pas de valeur contraignante.
La question de l’obsolescence programmée est délicate. En souhaitant étendre la garantie
légale, ou en imposant aux fabricants certaines normes sur la présentation de leurs
produits, les auteurs des trois propositions de loi visaient à faciliter les opportunités de
réparation et à responsabiliser les fabricants sur une conception plus durable de leurs
produits. Prolonger la durée de garantie légale devrait avoir l’effet d’encourager les
fabricants à proposer des produits plus solides et réparables, évitant ainsi des coûts de
réparation élevés. Toutefois, il ne s’agit pas de tenir compte que des fabricants – qui sont
généralement de grandes marques internationales – et les consommateurs, sans prendre
en considération les commerçants. Comme l’explique la fédération belge du commerce,
Comeos, « les commerçants n’ont pas d’emprise sur la qualité des produits. C’est
particulièrement problématique pour l’électronique grand public et pour l’électroménager.
Demain, si la Belgique décide seule d’un allongement de la garantie, les grandes marques
de ces secteurs ne s’adapteront tout simplement pas. Nous n’avons aucune marge de
108
négociation avec elles et nous ne pouvons pas nous passer de leurs produits » . Les
commerçants craignent également qu’un allongement de la garantie entraîne une nouvelle
augmentation de la concurrence avec le commerce en ligne (e-commerce) provenant
de l’étranger. L’enjeu serait alors de porter le débat au niveau européen. C’est le point
de vue défendu par le MR à travers sa résolution.
Afin d’alimenter les débats, une étude a été réalisée en 2017 par le bureau d’études
109
Research, Development & Consulting (RDC) Environment , à la demande des ministres
fédéraux M.-C. Marghem et K. Peeters. Cette analyse souligne que, même s’il n’est pas
104
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 53
exclu qu’elle existe dans certains cas, il est très difficile de démontrer l’existence de
l’obsolescence programmée : « En effet, les pratiques dénoncées sont justifiées par les
fabricants par des raisons économiques, techniques et de prévention des risques qui sont
crédibles 110. C’est pourquoi seuls trois fabricants ont fait l’objet de procédures judiciaires
dans le monde et aucune d’elles n’a débouché sur une condamnation directement liée
à la programmation de l’obsolescence ». Certains types de produits, les smartphones par
exemple, sont pourtant souvent l’objet de suspicion à cet égard. Les débats parlementaires
au sein de la commission chargée de l’Économie ont également mis en évidence cette
difficulté à prouver l’obsolescence programmée. RDC Environnement préconise dès lors
d’élargir le champ d’étude aux mesures visant à augmenter la durée de vie des produits.
Dans ce cadre, le bureau d’études défend une série de mesures à mettre en place, et celles-ci
rejoignent globalement ce qui a déjà été proposé en commission de la Chambre : obliger
les fabricants à afficher la durée de vie attendue du produit et à mieux communiquer
sur le degré de réparabilité de celui-ci, allonger la durée de garantie légale (en fonction des
catégories de produits) et celle de la charge de la preuve, rendre obligatoire la disponibilité
de pièces détachées et, enfin, sensibiliser au mieux le consommateur. « Toutes ces mesures
auront un effet plus fort si elles sont appliquées dans l’ensemble de l’Union européenne »,
précise cependant l’étude.
Si les discussions autour des propositions de loi déposées en 2016 n’ont pas abouti,
la question n’est pas pour autant enterrée. La commission de l’Économie examine
111 112
actuellement trois nouvelles propositions de loi jointes par le PS , le CDH et le
113
groupe Écolo-Groen en 2019 et 2020, défendant, en substance, la même philosophie
qu’en 2016.
À cette occasion, la commission de l’Économie a procédé, en février 2020, à l’audition
de différents acteurs associés à cette problématique : la Commission européenne, Agoria,
Comeos, Test Achats, RDC Environment, Repair&Share et Écoconso 114. Il en ressort
qu’au niveau européen, la directive de référence concernant les contrats de vente de biens
er 115
(d’application à partir du 1 janvier 2022) table sur une garantie légale de deux ans
au minimum et sur une durée d’une année durant laquelle le défaut est présumé avoir
été présent au moment de la livraison, sauf si le vendeur apporte la preuve du contraire
110
À titre d’exemple, Apple a récemment accepté une transaction de 25 millions d’euros pour n’avoir pas
suffisamment informé ses clients du fait que les mises à jour logicielles ralentissaient ses anciens modèles
d’iPhone. L’entreprise s’est justifiée en expliquant qu’elle souhaitait ainsi épargner l’autonomie des plus
111
vieux smartphones.
Chambre des représentants, Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée et à soutenir
112
l’économie de la réparation, n° 193/1, 19 juillet 2019.
Chambre des représentants, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant
à lutter contre l’obsolescence programmée et l’obsolescence prématurée et à augmenter les possibilités de
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54 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
(délai qui peut être porté à deux ans pour les États membres qui le souhaitent). Le
Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR) étudie par ailleurs
la possibilité de développer un système de notation de la réparabilité des produits. Agoria
a rappelé que l’industrie technologique, qu’elle représente, avait ses spécificités en termes
de fonctionnalité, de comptabilité et de mise à jour, et que, au risque d’affaiblir la
compétitivité des entreprises belges, le délai de garantie légale devrait être harmonisé
au niveau européen. Pour Agoria, il en va de même pour ce qui est de la méthodologie
devant déterminer la durée de vie de tel ou tel produit, ainsi que de la charge de la preuve.
Comeos défend le point de vue déjà évoqué plus haut concernant les commerçants ;
elle précise également qu’une obligation de mettre des pièces de rechange à disposition
peut s’avérer compliquée en pratique et préfère jouer la carte de la transparence envers
le consommateur quant à la disponibilité ou non des pièces de rechange, non pas sur
l’emballage mais via un passeport produit en ligne. Pour sa part, l’association de protection
des consommateurs Test Achats a fait part de son expérience issue de son point de
contact, initié fin 2016 : « Trop vite usé ». Depuis son ouverture, ce point de contact a déjà
enregistré près de 9 000 signalements, relatifs essentiellement à des téléphones mobiles,
des imprimantes, des lave-linge et des lave-vaisselle. Test Achats défend l’idée que
« l’obsolescence peut se manifester de différentes manières. Les fabricants peuvent
notamment utiliser des matériaux de qualité inférieure pour fabriquer un produit. Ils
peuvent également rendre les réparations impossibles, par exemple en collant les pièces
ou en ne fournissant pas de pièces de rechange. D’autres encore n’offrent plus de mise
à jour des logiciels et jouent sur l’aspect psychologique en séduisant les consommateurs
avec de nouveaux gadgets. (…) Un autre problème concerne les appareils high tech qui
ont été conçus de manière à ne pouvoir être réparés que par des réparateurs agréés ».
Quant à l’association Repair&Share, elle a demandé qu’un recours accru à l’écoconception
soit légalement organisé et que la Belgique dresse un registre officiel des réparateurs
exerçant sur son sol. Enfin, et sans vouloir ici entrer dans les détails, les débats en
commission de l’Économie ont également porté sur l’utilité d’une baisse de la taxe sur
la valeur ajoutée (TVA) pour les activités de réparation, le coût occasionné par celles-ci
étant souvent jugé trop élevé par rapport au remplacement par un bien neuf.
Si les débats relatifs à l’éventualité de légiférer en Belgique sur la question de l’obsolescence
programmée sont loin d’être clos, d’autres initiatives pour lutter contre la fin de vie précoce
de certains produits ont déjà vu le jour. C’est le cas du point de contact « Trop vite usé »
déjà mentionné plus haut, qui permet à Test Achats de collecter une série d’informations
sur le vieillissement prématuré de certains appareils. De son côté, le SPF Économie, PME,
Classes moyennes et Énergie a créé en 2017 une plateforme de concertation sur la durée
de vie des produits ; elle réunit les administrations impliquées et les parties prenantes,
comme Agoria ou Test Achats, ainsi que des organisations environnementales. Les mesures
discutées au sein de cette plateforme portent notamment sur l’écoconception des produits,
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116
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular Economy:
how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? Actes du colloque »,
s.d. [février 2020], https://economie.fgov.be.
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4. LES RÉGLEMENTATIONS RÉGIONALES
(WALLONIE, BRUXELLES-CAPITALE, FLANDRE)
Ce chapitre propose une vue d’ensemble, non exhaustive, des mesures et plans d’action
mis en place en Belgique au niveau régional pour soutenir le développement de l’économie
circulaire. Si l’intention n’est ici que de proposer un simple survol des politiques régionales,
un prochain Courrier hebdomadaire abordera la question plus en détail pour la Région
wallonne, avec une analyse des différents acteurs concernés, des enjeux du secteur et
du poids économique de ce dernier.
Les trois Régions ont chacune établi un plan d’action visant le développement d’une
économie circulaire, avec pour lignes directrices un certain nombre d’objectifs ainsi
que des propositions pour y parvenir, dont certaines comprennent un accompagnement
et un soutien financier aux entreprises sous la forme d’appels d’offre, de concours ou
de subventions.
En Wallonie, les politiques de soutien à l’économie circulaire ont été à l’origine intégrées
au Plan Marshall 4.0. Adopté fin mai 2015 (pour la période 2015-2019), celui-ci rassemble
les principaux axes de redéploiement économique de la Région wallonne, dont l’axe 4
intitulé « Soutenir l’efficacité, la transition énergétique et l’économie circulaire ». Dans
ce cadre, un dispositif d’accompagnement des entreprises désireuses d’optimiser l’usage
de leurs ressources a été développé à travers le programme NEXT-Économie circulaire.
En complément de ce programme, l’Agence pour l’entreprise et l’innovation (AEI),
organisme public wallon, coordonne les mesures d’économie circulaire en Région wallonne
et aide les entreprises innovantes en la matière.
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56 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Pour ce qui est des actions d’accompagnement, de financement et de soutien aux projets
menés dans le cadre de ce plan, plusieurs initiatives ont également vu le jour. Parallèlement
au programme NEXT, il s’agit notamment de l’appel à projets lancé pour mettre en
place une filière de recyclage du plastique en Wallonie (cf. infra), de la possibilité de se
tourner, pour les PME et très petites entreprises (TPE), vers Novallia (filiale de la
Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises –
SOWALFIN 117) et de la mise à disposition des chèques économie circulaire. Ces derniers
sont accordés pour financer des études de faisabilité pour des projets visant une meilleure
utilisation des ressources, un démantèlement plus efficace des produits ou la prolongation
de la durée de vie de ceux-ci.
Le 21 février 2019, cinq députés du Parlement wallon ont remis un rapport introductif
présentant un état des lieux de l’économie circulaire en Wallonie, ainsi qu’une série de
118
recommandations . Celles-ci se retrouvent également dans la résolution adoptée
à l’unanimité par le Parlement wallon le 3 mai 2019 et visant à soutenir le développement
de l’économie circulaire en Wallonie 119. Ce rapport parlementaire évoque une centaine
de mesures à suivre.
Le 27 novembre 2019, quelque 110 organisations publiques et privées se sont engagées
dans le projet « Green deal achats circulaires ». Une trentaine d’organisations les ont
rejointes par la suite. L’objectif de la démarche est de privilégier, par l’engagement des
signataires, l’achat de produits réutilisables ou de marchandises recyclées ou remises à neuf,
la rénovation de bâtiments avec des matériaux de réemploi, etc. Chaque signataire s’engage
pour une durée de trois ans.
La problématique de la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire
font l’objet d’un chapitre entier au sein de la déclaration de politique régionale (DPR)
du gouvernement wallon Di Rupo III (PS/MR/Écolo) entré en fonction en septembre
2019 120. On y apprend notamment que le gouvernement wallon entend mettre en œuvre
les recommandations parlementaires édictées en mai 2019. Il subsidiera également les
entreprises pour la réalisation d’un audit « ressources et énergie » afin d’optimaliser
les consommations d’énergie et de ressources et définir les mesures à prendre pour entrer
en transition vers un modèle circulaire. Les zonings wallons seront progressivement
transformés en éco-zonings. Le gouvernement wallon entend également soutenir le
développement d’une économie circulaire à travers une attention particulière accordée
à l’ensemble des marchés et achats publics. Selon la DPR, « c’est aux pouvoirs publics de
montrer l’exemple ». Des labels seront instaurés pour les entreprises qui font des efforts
dans le développement de produits durables pouvant être réparés.
Le gouvernement wallon met également clairement l’accent sur la lutte contre l’usage
inapproprié du plastique : « À l’horizon 2030, les usages du plastique ne pourront être
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conservés que dans le cas où le plastique reste la seule solution ou la solution la plus © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
durable (…). En exécution de sa stratégie de sortie du plastique, la Wallonie veillera à faire
117
La SOWALFIN est une société anonyme d’intérêt public mise en place par le gouvernement wallon
118
en 2002 afin de faciliter l’accès au financement pour les entreprises.
119
Parlement wallon, Rapport introductif sur l’économie circulaire en Wallonie, n° 1301/1, 21 février 2019.
Parlement wallon, Résolution visant à soutenir le développement de l’économie circulaire en Wallonie, n° 1330/3,
120
3 mai 2019.
« Déclaration de politique. Wallonie 2019-2024 », s.d. [septembre 2019], www.wallonie.be, p. 27-30
(chapitre 6 : « L’économie circulaire et régénératrice »).
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 57
émerger une véritable filière wallonne du recyclage du plastique, tout comme pour d’autres
types de déchets (huiles usagées, matelas, déchets de construction, etc.) ».
Enfin, un objectif de diminution d’au moins 50 % des niveaux actuels d’incinération
des déchets a été avancé pour 2027. « En ce sens, le gouvernement généralisera la collecte
de la fraction organique des déchets ménagers et encouragera la séparation de la fraction
organique pour les déchets industriels en provenance des entreprises, des collectivités,
du secteur horeca, etc. ».
En Région bruxelloise, toutes les mesures prises en faveur de l’économie circulaire sont
réunies dans le programme régional en économie circulaire (PREC) 2016-2020, adopté
par le gouvernement bruxellois Vervoort II (PS/Défi/CDH/Open VLD/SP.A/CD&V)
le 10 mars 2016 121. Au total, pas moins de 111 mesures y sont réunies autour de quatre
axes : des mesures transversales (cadre normatif, aides directes et indirectes, innovation
en matière de marchés publics, emplois et formations, enseignement), des mesures
sectorielles (construction, ressources et déchets, commerce, logistique, alimentation),
des mesures territoriales et des mesures de gouvernance (coopération renforcée entre
122
les administrations concernées) . Le pilotage de ce plan d’action bruxellois a été confié
à trois membres du gouvernement 123 et à quatre entités administratives régionales :
Impulse.brussels (agence bruxelloise pour l’entreprise), Bruxelles Environnement
(administration bruxelloise de l’environnement et de l’énergie), Bruxelles-Propreté
(agence bruxelloise de nettoiement, de collecte et de traitement des déchets ménagers)
et Innoviris (administration bruxelloise de la promotion et du soutien de la recherche
scientifique et de l’innovation). Une série d’autres acteurs publics, privés et associatifs
sont également impliqués dans ce dispositif.
Dès la fin de l’année 2016, une série d’ateliers ont été organisés afin d’accélérer la mise en
œuvre des actions proposées et d’accompagner les acteurs concernés. Dès septembre 2017,
a également été organisée la première rencontre annuelle bruxelloise sur le thème de
l’économie circulaire : le « Be Circular Annual Meeting ».
En outre, le PREC est évalué et adapté tous les 18 mois. Sur cette base, il apparaît que,
à la fin de l’année 2018, 60 % des dispositions reprises dans le PREC ont été réalisées, ce
124
qui représente 319 entrepreneurs accompagnés dans leurs démarches , 194 projets
121
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58 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
financés (pour un montant total de 11,5 millions d’euros) et plus de 200 séminaires et
ateliers de travail organisés sur le sujet de l’économie circulaire. Par exemple, un centre
dédié au réemploi des matériaux de construction a vu le jour à Anderlecht (le Centre
de référence professionnelle bruxellois dans le secteur de la construction - CDR
Construction), les 700 anciens sièges du Théâtre royal de la Monnaie ont trouvé une
seconde vie au sein du projet Usquare.brussels, une chaire en économie circulaire et
métabolisme urbain a été créée à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et un dispositif
d’identification des barrières technico-administratives au développement de l’économie
circulaire a été mis en place à travers le projet Circular Regulation Deal (CIREDE) 125.
Une étude parue en octobre 2018 propose une évaluation des réalisations amenées par
le PREC 126. Elle met en avant le caractère « novateur, ambitieux et complet » du projet.
Cependant, ses auteurs, issus du milieu académique, proposent également quelques points
d’attention pour l’avenir, parmi lesquels le besoin d’une vision prospective de long
terme, la nécessité de mettre en place une formation spécialisée en économie circulaire
dans les établissements d’enseignement supérieur bruxellois, l’opportunité de mobiliser
davantage le levier des marchés publics et l’utilité de passer d’une « discussion de niche »
à une sensibilisation élargie du public.
Pour la législature régionale en cours, le gouvernement bruxellois Vervoort III (PS/Écolo/
Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a), installé en juillet 2019, entend appuyer plus
encore le PREC 127 – parallèlement au plan régional de gestion des ressources et déchets
(PGRD) et au plan industriel bruxellois – afin de soutenir, par voie réglementaire,
l’émergence de nouvelles filières de valorisation des déchets et des ressources (déchets
plastiques, huiles usagées, bois, textiles, matelas ou déchets de construction) 128. Il souhaite
également soutenir la mise en place d’un système d’audit « ressources et déchets » au
sein des entreprises bruxelloises, encourager une politique régionale circulaire en matière
de marchés publics et d’achats, analyser l’opportunité de créer un label « designed/made/
grown/repaired in and around Brussels », et enfin développer l’axe circulaire dans le
secteur de la construction en veillant à localiser à Bruxelles un maximum d’emplois et
d’activité économique dans ce secteur.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 59
baptisé Plan C, ne visait pas uniquement à limiter la production de déchets mais bien
à promouvoir une utilisation plus efficiente des matériaux, avec des schémas de production
et de consommation différents.
En 2012, la Région flamande a présenté son plan d’action, intitulé Vlaams
Materialenprogramma (Agenda 2020), piloté par l’OVAM et relevant de 33 organisations
issues des pouvoirs publics, de l’industrie, du monde scientifique et de la société civile. Des
thématiques particulières y ont fait jour : la gestion durable des matériaux de construction,
la bio-économie, un cycle fermé pour les matériaux chimiques, et l’utilisation des métaux
dans le cadre de cycle fermé.
En mars 2018, le gouvernement flamand Bourgeois (N-VA/CD&V/Open VLD) a dévoilé
une stratégie à long terme sous les traits de la « Visie 2050 », comportant un volet pour
129
la promotion de l’économie circulaire . Dans ce cadre, le programme Vlaanderen
Circulair avait été institué dès janvier 2017. Intégré à l’OVAM, celui-ci résulte de la
fusion de Plan C et du Materialenprogramma. Il s’agit d’un partenariat regroupant les
autorités régionales et locales, ainsi que la société civile, le secteur de la finance et le
monde académique. Sous l’autorité des ministres flamands en charge de l’Environnement
et de l’Économie, plusieurs initiatives ont vu le jour, comme la promotion d’achats
circulaires, des campagnes de sensibilisation, le soutien à l’écoconception via la remise de
prix (awards) et le développement d’un outil d’évaluation en ligne, le partage de bonnes
pratiques, etc. Des appels à projets sont également lancés, notamment pour des projets
d’innovation, avec, pour les années 2017-2018, quelque 135 projets retenus et financés
130
à hauteur de 11 millions d’euros .
Dans son accord de gouvernement 131, le gouvernement flamand Jambon (N-VA/CD&V/
Open VLD), installé début octobre 2019, fixe un objectif de recyclage général de 77,5 %
pour la Flandre à l’horizon 2030 (contre 70 % actuellement), avec la volonté de recycler
autant que possible sur son propre territoire.
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129
« Startnota. Transitieprioriteit Circulaire Economie. “Vlaanderen Circulair”. Een stuwende kracht naar
een circulaire economie in Vlaanderen », s.d. [février 2017], www.vlaandereen.be.
130
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular Economy:
131
how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? », op. cit.
« Vlaamse Regering 2019-2024. Regeerakkoord », [octobre] 2019, www.vlaandereen.be.
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5. ÉVALUATION ET ÉTAT DES LIEUX EN BELGIQUE
Le cadre réglementaire belge ayant été posé, tant au niveau fédéral qu’aux niveaux
régionaux, il semble opportun de fournir un bref état des lieux de ce que recouvrent
actuellement la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire en
Belgique.
Le tableau 4 figurant en fin de chapitre fournit les données Eurostat pour la Belgique
et les autres pays membres de l’Union européenne concernant le traitement des déchets.
Dans une approche plus qualitative de la situation, le Conseil central de l’économie (CCE)
a pour sa part procédé, en juin 2019, à l’examen de l’état des lieux de la transition belge
vers une économie circulaire sous l’angle de l’efficacité avérée ou non des politiques menées
pour y parvenir 132. Il a ainsi évalué les progrès réalisés par la Belgique en matière
d’utilisation rationnelle des ressources (à travers les concepts de consommation, de
productivité, de réutilisation et de réparation des matières), en matière de gestion durable
des déchets (production et traitement des déchets), ainsi qu’en matière d’éco-innovation
et de ses retombées positives sur la société en termes de création d’emplois et de valeur
ajoutée. C’est ce rapport qui servira de fil rouge et de principale source au présent chapitre.
132
Conseil central de l’économie, « Progrès réalisés dans le domaine de l’économie circulaire en Belgique »,
Note documentaire, juin 2019, www.ccecrb.fgov.be.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 61
Selon le CCE, la Belgique est particulièrement efficace sur le plan de la valorisation des
déchets : le pays « remplit déjà l’objectif de mise en décharge des déchets municipaux
fixé par l’Union européenne. Elle occupe, de plus, une position forte dans le domaine
de l’activité de recyclage. La Belgique respecte d’ores et déjà l’objectif de recyclage des
déchets municipaux de 50 % fixé à l’horizon 2020 et l’objectif de recyclage des déchets
d’emballages de 70 % fixé à l’horizon 2030 par l’Union européenne ». À ce sujet, Fost Plus
(organisme responsable de la promotion, la coordination et le financement des collectes
sélectives, du tri et du recyclage des déchets d’emballages ménagers en Belgique) estime
133
que 92,8 % de tous les emballages qui ont été mis sur le marché belge par ses membres
ont été recyclés en 2018. Cependant, le CCE précise que les performances de la Belgique
en matière de recyclage des emballages sont mitigées lorsque ce taux est décomposé par
matière : « Le pays affiche de bons scores, et respecte d’ores et déjà les objectifs européens
à l’horizon 2030 en ce qui concerne le recyclage des déchets d’emballages en verre (100 %),
en papier/carton (89,4 %), en métaux (98,3 %) et en bois (80,9 %). Par contre, avec
un taux de recyclage de seulement 43,4 % en 2016, et bien que la Belgique se situe au-
dessus de la moyenne de l’Union européenne (42,4 % en 2016), des progrès restent à
faire en matière de recyclage des déchets d’emballages plastiques (…) pour atteindre les
objectifs européens de 50 % d’ici à 2025 et de 55 % d’ici à 2030 ». Selon Agoria, 57 %
des déchets plastiques sont des emballages (et sont recyclés à 43 %), tandis que 8 %
proviennent du secteur de la construction (et sont recyclés à 29 %), 8 % de la filière
électrique et électronique (et sont recyclés à 28 %), 5 % de l’agriculture (et sont recyclés
à 42 %) et 3 % du secteur automobile (et sont recyclés à 29 %). Les 19 % restants
134
proviennent de filières diverses .
Greenpeace Belgium apporte encore un autre éclairage à cette problématique du taux
de recyclage des emballages plastiques en Belgique. L’ONG pointe que si 43,4 % des déchets
plastiques belges sont recyclés, cela signifie que plus de la moitié est essentiellement
incinéré (et est valorisé sous la forme d’énergie). Surtout, elle nuance l’expression « déchets
plastiques recyclés » : « Tout ce qui est exporté est considéré comme recyclé, puisque
ces déchets ont été confiés à des entreprises de recyclage. Ce sont ces entreprises de
recyclage qui décident ensuite de s’en décharger, quitte à envoyer à l’autre bout du monde
135
les problèmes environnementaux qui accompagnent ces déchets » . À ce jour en
Belgique, si quelques entreprises s’occupent du recyclage de certains types de plastiques
(Ravago, Raff Plastics, Van Werven, etc.), il n’existe en revanche pas de filière de recyclage
du PMC, dont les balles sont envoyées vers l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas. En
mai 2019, le gouvernement wallon Di Rupo III a déclaré vouloir mettre en place une
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133
Toutes les entreprises qui mettent des produits ménagers emballés sur le marché doivent adhérer à
134
Fost Plus et lui verser chaque année une contribution sur la base du nombre et du type d’emballages.
Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire », op. cit.
135
136
RTBF Info, 14 juin 2019, www.rtbf.be.
Gouvernement wallon, « La Wallonie passe à l’ère du recyclage plastique ! », Communiqué de presse,
16 mai 2019, https://gouvernement.wallonie.be.
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62 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
d’autres points positifs sont à noter. Les balles de plastique qui sortent des centres de tri © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
ont bonne réputation et une attention importante est accordée au recyclage de proximité.
Selon Fost Plus, 74,1 % des emballages ménagers belges recyclés en 2018 l’ont été en
137
Le logo Point Vert indique donc que l’entreprise qui met le produit emballé sur le marché est membre
de Fost Plus et contribue par conséquent à la collecte sélective, au tri et au recyclage de l’emballage. Le
logo ne signifie pas automatiquement que l’emballage se compose de matériaux recyclés. Il n’est pas non
138
plus une garantie que l’emballage sur lequel le logo est imprimé sera recyclé.
S. WARSZTACKI, « Recyclage : chirurgie plastique », Médor, n° 14, 2019, p. 20-29.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 63
Belgique, 14,7 % aux Pays-Bas, 7,4 % en Allemagne, 3,0 % en France et 0,8 % ailleurs
(cf. Graphique 5). L’organisme de collecte estime que seule « une fraction minime (moins
de 100 tonnes) » de ces emballages ménagers belges est traitée en dehors de l’Europe. Mais
il convient d’ajouter avec Médor que toutes les entreprises ne déclarent pas leurs déchets,
un constat qui est particulièrement fréquent dans l’e-commerce, notamment.
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
14,7 %
7,4 %
10 %
3,0 %
0,8 %
0%
Belgique Pays-Bas Allemagne France Autres
Source : Fost Plus.
De son côté, Recupel, l’asbl en charge de la collecte et du traitement des lampes et des
appareils électriques et électroniques, enregistre un taux de collecte en hausse mais toujours
en dessous de l’objectif européen fixé pour ce type de déchets : un peu plus de 50 % en
2019 selon Recupel, contre un objectif européen fixé à 65 % du poids moyen des tous
les appareils mis sur le marché au cours des trois années précédentes. Parmi les causes
expliquant cette situation, la filière pointe notamment la problématique de circuits
parallèles plus attractifs pour certains types de déchets tels que les machines à laver ou
139
les frigidaires .
Le CCE estime encore dans son rapport que « des progrès restent à faire pour atteindre
l’objectif de recyclage des déchets municipaux à l’horizon 2030 ». Pour rappel, les
emballages ne constituent qu’une partie des déchets municipaux, puisque n’interviennent
pas dans la définition de ceux-ci les déchets provenant de la production, de l’agriculture,
de la sylviculture, de la pêche, des fosses septiques et des réseaux d’égouts et des stations
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d’épuration, les véhicules hors d’usage ou les déchets de construction et de démolition © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
(cf. supra).
Il convient également d’apporter ici une précision importante à l’analyse : les déchets
ménagers ne représentent que quelque 8,0 % des déchets produits globalement en Belgique
(contre une moyenne européenne de 8,5 %, cf. supra). Le reste des déchets provient
de l’industrie (52,0 %), de la construction (31,0 %), des services (8,6 %) et de l’agriculture
139
L’Écho, 19 mai 2020.
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64 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
(0,4 %) (cf. Graphique 6). Bien que les déchets municipaux ne représentent en Belgique
comme ailleurs en Europe qu’une dizaine de pourcents des déchets produits, ils
concentrent dans une certaine mesure l’attention politique et les débats en cours. Cela
s’explique notamment par leur composition hétérogène, qui les rend difficiles à traiter
de manière respectueuse de l’environnement. Leur mode de traitement donne par ailleurs
une bonne indication de la qualité du système de gestion des déchets dans son ensemble.
Services
9%
Industrie
52 %
Construction
31 %
Source : Statbel.
Dans le cadre du suivi statistique mis en place au niveau européen (via Eurostat) pour
juger des avancées en matière de développement d’une économie circulaire, intervient
un indicateur concernant le secteur de la construction. Il s’agit du « taux de récupération
des déchets de construction et de démolition », qui est défini comme étant « le ratio des
déchets de construction et de démolition préparés pour une réutilisation, recyclés ou
sujets à la récupération de matériaux, incluant les opérations de remblayage, divisés par
les déchets de construction et de démolition collectés et traités suivant le règlement (EC)
n° 2150/2002 sur les statistiques des déchets ». Seuls les déchets non dangereux sont ici
pris en compte. Selon Eurostat, ce ratio s’élèverait pour la Belgique à 95 % en 2016, contre
une moyenne de 89 % pour l’UE28.
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Pour ce qui est du recyclage des déchets provenant de l’industrie, et comme le souligne © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
le CCE, les activités qui relèvent notamment de l’éco-conception, de l’écologie industrielle,
de l’économie de la fonctionnalité et du recyclage final ne sont pas identifiables comme
telles dans les nomenclatures statistiques existantes. Pourtant, un certain nombre
d’entreprises ont par exemple opté pour un recyclage final dans lequel les matériaux
(papier, acier, batteries, etc.) sont traités et recyclés afin d’obtenir une matière première
secondaire. Pour leur part, la collecte et le recyclage des emballages industriels sont
effectués par Valipac (qui est l’équivalent de ce qu’est Fost Plus pour les déchets
d’emballages ménagers). Cet organisme de collecte estime à 88,6 % le taux de recyclage
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 65
pour 2018 des emballages industriels mis sur le marché en Belgique. Valipac concède
cependant que le taux de recyclage des emballages industriels en plastique a quant à lui
diminué de 8 % en 2018 par rapport à 2017, pour atteindre 45,8 %. L’organisme de
collecte s’est fixé un objectif de 65 % d’emballages plastiques industriels d’ici 2030, avec
une attention accrue sur les destinations prises par ce plastique à recycler et sur l’effectivité
du processus de recyclage. Pour le reste, Valipac annonce que 100 % des emballages
industriels en papier ou carton ont été recyclés en 2018, contre 92,4 % pour les emballages
industriels en bois (beaucoup de palettes, notamment) et 74,0 % pour les emballages
industriels en métal (bidons, etc.).
Dans son état des lieux, le CCE observe un décrochage de la Belgique en matière d’éco-
innovation par rapport à la moyenne européenne, et ce depuis 2012. Ce constat s’explique
avant tout par un meilleur positionnement d’autres États membres de l’Union européenne,
en raison de l’amélioration de leurs indicateurs d’éco-innovation. Mais le CCE met
également en avant trois freins propres à la Belgique : la répartition des compétences
entre différents niveaux de pouvoir, avec peu d’attention accordée à la diffusion des
bonnes pratiques régionales au niveau national ; un manque d’expertise en matière
d’éco-innovation et d’économie circulaire au sein des PME ; et un contrôle limité sur
la conception de la plupart des produits entrant sur le marché belge.
« Les opportunités de l’économie circulaire en termes de potentiel de création d’emplois
locaux et de valeur ajoutée (notamment dans les activités de récupération et de réparation)
sont peu exploitées en Belgique », ajoute encore le CCE. « Ce décrochage s’explique
notamment par les investissements relativement faibles dans ces secteurs et les relativement
mauvaises performances de la Belgique en matière de brevets liés à l’éco-innovation dans
les domaines analysés par rapport au reste de l’Europe ».
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66 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
CH 2455-2456
CONCLUSION
CH 2455-2456
68 L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Enfin, il faut garder à l’esprit que, actuellement, seulement 12 % des matériaux utilisés
dans la production européenne proviennent du recyclage. Il faut savoir que, outre une
question de prix en leur défaveur, les matériaux recyclés induisent une perte de qualité par
rapport à la matière première d’origine. C’est pourquoi, dans de nombreux cas de figure,
la matière première secondaire ne constitue qu’un pourcentage limité dans la conception
d’un nouveau produit. Au-delà de ce pourcentage, le papier destiné aux arts graphiques
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 69
n’aura plus le rendu nécessaire ou la bouteille d’eau censée rendre hommage à la pureté
du liquide qu’elle contient pourra laisser apparaître des taches suspectes.
Pour qu’un modèle d’économie davantage circulaire vienne un jour à s’imposer, il faudra
sans doute mieux informer les consommateurs sur les diverses possibilités qui s’offrent à
eux et sur l’origine des produits qu’ils achètent. Il faudra également faciliter les synergies
industrielles qui demandent un gros travail de collaboration et de communication entre
des acteurs dont l’activité est parfois très différente, mais justement complémentaire.
Il faudra des réglementations, à l’image de ce qui se fait désormais pour lutter contre
le suremballage ou les produits à usage unique. Et il faudra, enfin, un changement de
mentalité qui ne peut voir le jour que par le partage des connaissances et des bonnes
pratiques.
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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES
Benjamin Biard, Pierre Blaise (secrétaire général), Fabienne Collard, Jean Faniel (directeur © CRISP | Téléchargé le 18/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.229.7.89)
général), Cédric Istasse, Vincent Lefebve, Caroline Sägesser, David Van Den Abbeel
(coordinateur du secteur Économie), Marcus Wunderle
Conseil d’administration :
Louise-Marie Bataille, Jacques Brassinne de La Buissière (vice-président honoraire),
Vincent de Coorebyter (président), Hugues Dumont, Éric Geerkens, Nadine Gouzée,
Serge Govaert, Laura Iker, Patrick Lefèvre, Michel Molitor (vice-président), Solveig Pahud,
Pierre Reman, Robert Tollet (vice-président), Els Witte
Derniers numéros du Courrier hebdomadaire parus
2453-2454 Planification d’urgence et gestion de crise sanitaire.
La Belgique face à la pandémie de Covid-19
Catherine Fallon, Aline Thiry et Sébastien Brunet
2452 Pacte social : enjeux anciens, nouveaux défis
Évelyne Léonard
2450-2451 Le financement des pensions des agents publics locaux
Damien Piron et Baptiste Vanderclausen
2448-2449 La campagne TAM TAM
Robin Van Leeckwyck
2447 La Belgique entre crise politique et crise sanitaire (mars-mai 2020)
Jean Faniel et Caroline Sägesser
2446 L’État belge face à la pandémie de Covid-19 :
esquisse d’un régime d’exception
Frédéric Bouhon, Andy Jousten, Xavier Miny et Emmanuel Slautsky
2444-2445 La formation des gouvernements régionaux et communautaires
après les élections du 26 mai 2019
Benjamin Biard, Pierre Blaise, Jean Faniel, Serge Govaert
et Cédric Istasse
2442-2443 Le redéploiement économique de la Wallonie face à la diversité
de ses territoires
Jean-Marie Halleux, Bruno Bianchet, Hubert Maldague,
Jean-Marc Lambotte et Pierre-François Wilmotte
2440-2441 L’extrême droite en Europe centrale et orientale (2004-2019)
Benjamin Biard
2438-2439 Les réformes de l’assurance chômage (2011-2019)
Vincent Lefebve
2436-2437 Le statut pénal des parlementaires
Marie Solbreux et Marc Verdussen
2435 Les évolutions électorales des partis politiques (1944-2019)
III. Les familles politiques
Cédric Istasse