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Thibault Gaudin
Dans Courrier hebdomadaire du CRISP 2020/38 (n° 2483-2484), pages 5 à 68
Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
ISBN 9782870752562
DOI 10.3917/cris.2483.0005
© CRISP | Téléchargé le 07/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 135.129.124.44)
La régulation juridique
des partis politiques
Thibault Gaudin
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Le Courrier hebdomadaire
domadaire est soutenu par l’Administration générale de l’Enseignement
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Wallonie Bruxelles. Il est également
publié avec le concours du Fonds de la recherche scientifique–FNRS
scientifique et de la Fondation
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TVA 0408 141 158
INTRODUCTION 5
CONCLUSION 55
ANNEXE 59
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6 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
indices appuient cette assertion. Citons-en simplement quatre ici, à titre d’exemple. Primo,
eu égard aux règles électorales en vigueur et aux moyens logistiques, humains et financiers
qu’implique tout scrutin, l’appartenance à un parti politique apparaît indispensable pour
qu’un candidat puisse être élu parlementaire. Secundo, si les membres des gouvernements
sont formellement nommés par le Roi (dans le cas du Premier ministre et des ministres
et secrétaires d’État fédéraux) ou élus par les parlements (dans le cas des ministres-
présidents et des ministres régionaux et communautaires, ainsi que des secrétaires d’État
bruxellois), dans les faits, c’est aux partis politiques s’étant alliés pour constituer une
majorité gouvernementale qu’ils doivent leur désignation. Tertio, la discipline de parti
apparaît fort prégnante pour les parlementaires : dans la majorité des dossiers, « l’état-
major du parti décide en petit comité de la ligne du parti, et les élus du peuple acceptent
ces décisions et votent en conséquence comme il leur a été demandé » 6. Quarto, les
membres de gouvernement eux-mêmes ne disposent que d’une marge de manœuvre
réduite par rapport à la ligne fixée par leurs partis respectifs (le système de décision au sein
des exécutifs, à savoir la règle du consensus, n’encourageant d’ailleurs pas à la responsabilité
ou/et à la prise de décision individuelles) ; sur la politique à suivre, « l’accord se fait le plus
souvent entre les principaux responsables de partis (…) et, pour les dossiers les plus
épineux, entre partis de la majorité et de l’opposition » 7. Le rôle des états-majors des partis,
et notamment des présidents de parti, est donc prépondérant dans les processus de prise
de décision politique.
En dépit de cette importance de premier plan, et à l’inverse de la situation qui a cours
dans de nombreux autres pays, les partis politiques ne font guère l’objet de mesures de
régulation dans le droit belge. C’est cette réalité, largement méconnue, qu’a pour objectif
d’éclairer la présente livraison du Courrier hebdomadaire.
En Belgique, le cadre constitutionnel qui s’applique explicitement aux partis politiques est
pour ainsi dire inexistant. Quant au cadre légal, il se limite à quelques dispositions relatives
essentiellement, d’une part, aux dépenses électorales et, d’autre part, au financement et
à la comptabilité ouverte des partis (regroupées dans la loi du 4 juillet 1989 en ce qui
concerne les élections fédérales, et dans quelques textes similaires consacrés aux élections
des parlements d’entités fédérées et de la délégation belge au Parlement européen).
Il n’existe pas, en droit belge, de définition générale de ce qu’est un parti politique. Il y
a pourtant là un réel enjeu démocratique. Puisque les partis politiques disposent d’une
influence majeure dans la vie politique belge, il semble fondamental que ces acteurs
soient clairement définis – en d’autres termes, qu’il soit possible d’aisément distinguer
le parti de toute autre forme d’organisation. Il semble également que le droit doit pouvoir
mettre des limites à l’action de ces mêmes partis.
Le premier chapitre de notre étude sera consacré au statut constitutionnel des partis
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6
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 81. À ce propos, cf. F. VERLEDEN, Aux sources de la
particratie. Les relations entre les partis politiques belges et leurs parlementaires (1918-1970), Bruxelles,
7
CRISP, 2019.
C. VIGOUR, « Politiques et gouvernements fédéraux en Belgique, entre contraintes coalitionnelles et logique
de compromis », Politix, n° 88, 2009, p. 74.
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 7
deuxième chapitre mettra en évidence la présence des partis politiques dans la législation
fédérale, et en particulier dans la loi du 4 juillet 1989 (qui, à ce jour, reste le principal texte
légal à aborder de front – quoique très partiellement – la question des partis politiques).
Cette analyse sera complétée par le troisième chapitre, consacré à l’apparition (modeste)
des partis politiques dans le Code électoral ; sera ainsi mise en évidence l’appréhension des
partis politiques par le spectre des règles ayant trait aux listes de candidats aux élections.
Il s’agira alors, dans un quatrième chapitre, de constater que la législation des entités
fédérées ne se montre pas plus développée, les partis politiques n’y faisant que des
apparitions sporadiques. Dès lors, à une législation peu développée et se concentrant
sur les aspects financiers de l’existence des partis politiques correspond un contrôle tout
aussi peu développé des partis, d’autant que celui-ci est principalement exercé par les partis
eux-mêmes ; ce sera l’objet du cinquième chapitre, qui se concentrera sur le contrôle
des dépenses électorales, du financement et de la comptabilité ouverte des partis politiques.
Enfin, la conclusion procédera à une évaluation globale – et quelque peu critique – de
la manière dont la régulation des partis politiques est juridiquement (in)organisée en
Belgique.
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1. LES PARTIS POLITIQUES
DANS LA CONSTITUTION
Avant la sixième réforme de l’État, c’était presque une lapalissade : la Constitution belge
ne connaissait formellement pas les partis politiques. En effet, aucun passage de la loi
fondamentale n’était alors consacré à ces acteurs majeurs de la vie politique belge. Depuis
2014, les partis politiques font l’objet d’une disposition, cependant très limitée, dans la
Constitution.
8
9
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 266.
Par exemple, l’article 361 interdit à toute association de se qualifier de société populaire ; l’article 362
autorise les sociétés « s’occupant de questions politiques », mais les encadre fermement. Ce texte ne sert
cependant pas, il est vrai, de source principale d’inspiration à la Commission de rédaction de la Constitution
belge en 1830-1831.
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 9
10
parlementaires belges présentent des ressemblances frappantes avec un parti politique
de type « parti de cadres », que l’on peut définir comme « un parti de notables que
rapproche une certaine manière de concevoir les fins de l’activité politique et qui s’unissent
11
pour préparer les élections » . Ce genre de partis, à visée principalement électorale,
12
est typique de l’époque du suffrage censitaire ; il est caractérisé par une structure lâche
et décentralisée, ainsi que par un programme souple regroupant des hommes autour de
grands principes 13 (en revanche, dans ce type de partis, il n’est pas encore question
14
de discipline partisane au sens moderne du terme ). Il est donc possible de considérer
que, dans une certaine mesure, des partis politiques (ou, à tout le moins, des structures
organisationnelles proches des partis politiques) existaient déjà en Belgique en 1830-1831.
La seule prétendue inexistence de partis politiques ne suffit donc pas à expliquer que les
congressistes n’en soufflent mot dans la Constitution qu’ils élaborent.
En réalité, il semble que l’absence des partis politiques de la Constitution du 7 février 1831
tienne fondamentalement à trois raisons. Primo, les partis ne s’insèrent pas dans le schéma
classique de l’État libéral, que les constituants belges ont alors à l’esprit ; celui-ci ne connaît
que des individus émancipés et porte une certaine vision rationalisante de la représentation
politique. Secundo, le fait de reconnaître les partis politiques – que ce soit en leur attribuant
un rôle ou en les interdisant – reviendrait à admettre que l’unité nationale que le Congrès
et le gouvernement provisoire font valoir vis-à-vis tant des cours étrangères que de la
population belge pour justifier les prétentions de la Belgique à devenir un État
indépendant n’est qu’une façade. En effet, cela reviendrait à admettre que, à la vérité,
le pays est traversé par des courants antagoniques – ce qui pourrait décrédibiliser le projet
belge d’indépendance. Tertio, en laissant la Constitution muette à propos des partis, les
pères fondateurs laissent au régime politique qu’ils élaborent la possibilité d’évoluer à
l’avenir, par exemple en accordant aux partis une certaine place factuelle lorsque l’impératif
de l’unionisme sera levé.
Cette dernière position est notamment celle adoptée par certains libéraux, qui seront les
premiers à fonder un réel parti politique, le 14 juin 1846, soit quelques années à peine après
que la menace hollandaise a été écartée. L’autre force politique de l’époque – le camp
catholique – mettra davantage de temps à se constituer en parti politique. En effet, ce sera
à l’occasion du scrutin législatif du 10 juin 1884 que les catholiques assigneront le rôle
10
Nous pensons entre autres à la Réunion centrale, qui est un club révolutionnaire fondé par les membres
les plus radicaux de la Commission de sûreté le 12 septembre 1830. Lors de la Révolution belge, la Réunion
centrale vise, selon ses statuts, à « favoriser l’émission libre et la discussion calme de tout principe patriotique,
ainsi que la proposition et l’exécution énergique de toute mesure jugée utile au triomphe des intérêts
moraux et matériels des provinces méridionales ». Une fois l’indépendance de la Belgique proclamée,
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10 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Tout au long des XIXe et XXe siècles, les partis politiques prennent une place et une
importance grandissantes dans la société et dans le monde politique belges, qui les voient
progressivement prendre le statut d’« intermédiaire nécessaire entre les citoyens et le
pouvoir » 16. Notamment, les changements apportés au système électoral – dont l’adoption
d’un bulletin de vote imprimé à l’avance en 1877, le passage à la représentation
proportionnelle en 1899 et l’adoption du suffrage universel masculin en 1893 puis 1919 17 –
induisent une profonde mutation des partis et de leurs rôles et fonctions. Peu à peu,
cette évolution les éloigne sensiblement de la forme et de l’influence qui étaient les leurs
durant leurs premières heures : ils se structurent progressivement en organisations
politiques de masse ; ils sont, pour les principaux d’entre eux, pleinement intégrés dans
le système de la pilarisation ; et ils deviennent des acteurs majeurs – sinon centraux –
du fonctionnement de la vie politique belge.
Pourtant, les partis politiques demeurent alors totalement absents de la Constitution. Ils
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15
Cf. B. BIARD, « Les partis frères en Belgique : les relations entre le CDH et le CD&V », Courrier hebdomadaire,
16
CRISP, n° 2467-2468, 2020, p. 8-10.
J. VELU, Droit public, tome 1 : Le statut des gouvernants, Bruxelles, Bruylant, 1986, p. 356.
17
En 1893, le suffrage universel est tempéré par le vote plural, qui octroie des votes supplémentaires aux
pères de famille, aux citoyens les plus aisés et aux plus instruits. En 1919, est introduit le suffrage universel
masculin « pur et simple ».
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 11
À l’instar de celle de toute association privée de citoyens, la création d’un parti politique
a pour fondement juridique l’article 27 de la Constitution, qui dispose : « Les Belges ont
le droit de s’associer ; ce droit ne peut être soumis à aucune mesure préventive ». Le droit
commun qui s’applique aux partis politiques est donc le droit des associations (associations
de fait ou associations sans but lucratif, cf. infra). D’ailleurs, il ne fait pas de doute que,
par cet article 27, le constituant de 1830-1831 a visé entre autres les associations politiques.
Dès le 16 octobre 1830 en effet, le gouvernement provisoire avait adopté un arrêté dont
er
l’article 1 disposait : « Il est permis aux citoyens de s’associer, comme ils l’entendent,
dans un but politique, religieux, philosophique, littéraire, industriel ou commercial » 19.
Le fait que le droit d’association ne puisse être soumis à aucune mesure préventive
(qui limiterait voire empêcherait l’exercice de ce droit) implique notamment qu’il est
impossible d’interdire a priori un parti politique. En revanche, les mesures répressives ou
régulatoires étant permises, il est possible de sanctionner les infractions à la loi commises
par un parti politique (ou par ses membres).
En son deuxième alinéa, l’article 62 de la Constitution prévoit que « les élections se font
par le système de représentation proportionnelle que la loi détermine ». Pour la doctrine
classique, cette disposition ne peut pleinement se comprendre que si l’on accepte comme
présupposé l’existence d’associations d’un type particulier, à savoir les partis politiques.
En effet, le principe de la représentation proportionnelle pour l’élection des Chambres
a été introduit dans le droit électoral belge par une loi du 29 décembre 1899 20. Ensuite,
ce principe a été constitutionnalisé le 15 novembre 1920 21. Or, lors des discussions
préalables à l’adoption de la loi de 1899, la représentation proportionnelle a été, à plusieurs
reprises, définie comme un système qui donne à chaque « parti politique » la représentation
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18
Il s’agit là de leur numérotation actuelle. Avant la coordination du 17 février 1994, ces articles portaient
respectivement les numéros 20, 48 et 53, § 4 à 6.
19
I. PLAISANT (éd.), Pasinomie ou Collection complète des lois, décrets, arrêtés et réglemens généraux qui peuvent
e
20
être invoqués en Belgique, 3 série, tome 1, Bruxelles, 1833, p. 35 (nous soulignons).
Moniteur belge, 30 décembre 1899.
21
22
Moniteur belge, 3 décembre 1920.
Cf. notamment Chambre des représentants, Section centrale, Projet de loi relatif à l’application de la
représentation proportionnelle aux élections législatives. Rapport, n° 297, 25 août 1899, p. 24.
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12 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
23
S’il semble confirmé et renforcé en 1899, ce monopole (factuel et non juridique) de dépôt des candidatures
date en réalité du 9 juillet 1877. À cette date, le législateur adopte le principe d’un dépôt des listes de
candidats préalable à l’impression du bulletin de vote. Or, pour pouvoir être déposée, une liste doit alors
être soutenue par un certain nombre de « parrains », calculé savamment pour que les partis n’aient aucun
24
mal à le rassembler mais que les individus isolés ne puissent l’atteindre qu’avec les plus grandes difficultés.
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 13
Dans la même idée, par une mention directe des « listes », l’article 68 de la Constitution,
30
dont les dispositions sont nées avec la révision constitutionnelle du 5 mai 1993 et qui
est relatif à la répartition des sièges de sénateur de Communauté – ainsi que, depuis 2014,
des sièges de sénateur de Région –, confirme le besoin d’associations politiques qui se
veulent homogènes. Par ailleurs, ces listes sont celles qui, lors des élections fédérées, ont
obtenu au moins un siège au Parlement de la Communauté française ou au Parlement
flamand (ou encore, depuis la sixième réforme de l’État, au Parlement wallon ou dans
31
le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale) . Ces
listes interviennent également pour déterminer les partis qui pourront désigner un ou
plusieurs sénateurs cooptés : les sièges sont alors répartis entre les listes qui, lors des
élections fédérales, ont obtenu des sièges à la Chambre des représentants.
Le Sénat est donc composé de manière à refléter les équilibres prévalant, au sein de leurs
communautés linguistiques respectives, entre les principaux partis. Là encore, le texte
constitutionnel présuppose l’existence de listes suffisamment homogènes entre lesquelles
répartir les sièges, et donc de partis politiques.
30
31
Moniteur belge, 8 mai 1993 (et erratum : 20 août 1993).
Il est à noter que la procédure de nomination du sénateur germanophone ne fait pas mention de « listes »,
mais prévoit une désignation à la majorité des suffrages au sein du Parlement de la Communauté
32
germanophone.
Il s’agit là de leur numérotation actuelle. Avant la coordination du 17 février 1994, ces articles portaient
respectivement les numéros 32, 51 et 55.
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14 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
33
Cette formulation date de la révision constitutionnelle du 5 mai 1993 précitée. Avant cela, et depuis le
7 février 1831, la Constitution disposait : « Les membres des deux Chambres représentent la nation,
34
et non uniquement la province ou la subdivision de province qui les a nommés ».
Cf. notamment M. UYTTENDAELE, Trente leçons de droit constitutionnel, Bruxelles, Bruylant, 2011, p. 159 ;
35
J. VELU, Droit public, op. cit., p. 364 et 380.
36
Cf. ibidem, p. 270.
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 15
Dans les faits, les partis politiques n’ont, nous l’avons vu, aucun moyen de priver un
parlementaire de son siège. Partant, toute loi qui tenterait, d’une manière ou d’une
autre, de s’ingérer dans la relation entre un parlementaire et son parti politique serait
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Cette formulation date de la révision constitutionnelle du 6 janvier 2014. Avant cela, et depuis le 7 février
1831, la Constitution disposait : « Les membres de la Chambre des représentants sont élus pour quatre
40
ans ».
Entre 1831 et 1921, le mandat sénatorial était de huit ans ; entre 1921 et 2014, il était de quatre ans.
41
42
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 297-298.
L’actualité récente l’a illustré : exclu du PS le 18 janvier 2020, Emir Kir a continué à siéger à la Chambre
des représentants comme indépendant.
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16 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
43
de lister . Toutefois, si de jure le parti politique est dépourvu du moyen de sanctionner
un parlementaire qui ne suivrait pas la ligne qu’il lui dicte, la situation est bien différente
de facto. En effet, aucune norme n’interdit à un parti de prononcer une sanction politique
à l’égard d’un parlementaire rebelle qui se départirait de la ligne du parti.
44
En ce sens, les mécanismes de discipline de parti ou les moyens de coercition des partis
peuvent apparaître problématiques au regard de l’interdiction du mandat impératif. La
différence entre ces deux concepts tient de ce que le premier touche à un comportement
spontanément adopté par le parlementaire : la discipline n’est en rien imposée par le parti
alors que, au contraire, la coercition implique que le parti impose au parlementaire un
certain comportement via un moyen de pression directe ou indirecte. Ainsi, par exemple,
la menace de ne plus figurer sur une liste du parti lors du scrutin suivant constitue une
pression indirecte qui touche à la coercition. On peut également imaginer, dans cette
catégorie, la menace d’un écartement de l’élu d’une commission parlementaire dans
laquelle il siège, etc. Au contraire de la discipline, la coercition semble problématique
au regard de l’article 42 de la Constitution, combiné avec les articles 65 et 70, même si
certains auteurs considèrent qu’un parlementaire peut librement ignorer les menaces qu’un
parti ferait peser sur sa carrière politique sans crainte aucune de perdre son siège et
l’indemnité y afférente, qui demeurent garantis par ces mêmes articles 45 – au moins jusqu’à
la fin de la législature pour laquelle il a été élu ou désigné. Il n’en demeure pas moins que
ces pratiques de pression, (in)directes, peuvent s’interpréter comme violant l’interdiction
constitutionnelle du mandat impératif.
En pratique, cependant, il semble compliqué de conférer une véritable protection du
parlementaire indocile contre les mesures de rétorsion de son parti : en effet, il paraît
difficilement envisageable, par exemple, de condamner un parti à faire figurer tel ou tel
candidat en ordre utile sur sa liste lors d’un scrutin.
Puisque le principe posé par l’article 42 de la Constitution s’applique aux parlementaires
régionaux et communautaires, et que l’article 117 de la Constitution prévoit la durée
de leur mandat dans des termes identiques à celui des membres de la Chambre des
représentants, la combinaison de cette disposition et de ce principe constitutionnel
implique les mêmes conclusions concernant les parlementaires des entités fédérées.
43
Pour une analyse plus détaillée des conséquences juridiques de l’interdiction du mandat impératif,
cf. D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 296-300.
44
Ces termes sont des traductions imparfaites de la distinction opérée en Allemagne entre la Fraktionsdisziplin
et la Fraktionszwang, importée en néerlandais sous le vocable partijdiscipline et partijdwang (cf. D. DE PRINS,
Handboek politieke partijen, op. cit., p. 300-304). Quant à lui, S. DE PAUW, Rebellen in het Parlement,
45
op. cit. distingue plutôt la « cohésion » de la « discipline ».
46
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 330.
Révision du 6 janvier 2014 de l’article 77 de la Constitution (Moniteur belge, 31 janvier 2014).
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 17
Toutefois, le constituant n’a pas saisi cette opportunité pour définir les partis politiques
ou pour les reconnaître explicitement. Ainsi, ni le texte de l’article 77 ni les travaux
préparatoires à la révision dudit article ne proposent une définition à la notion. De même,
il n’est pas question ici d’une disposition de principe consacrée aux partis, comme c’est
le cas, par exemple, de l’article 21 de la Constitution allemande, qui stipule, en son premier
paragraphe : « Les partis concourent à la formation de la volonté politique du peuple.
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47
Article 77, 5°, de la Constitution belge.
48
49
Quoique le dernier alinéa de l’article permette d’ajouter des matières à cette liste via une loi spéciale.
La procédure bicamérale optionnelle implique que le Sénat dispose du droit d’examiner certains textes
adoptés par la Chambre des représentants, soit d’office, soit sur la demande d’au moins quinze sénateurs. Si
le Sénat amende le texte, celui-ci est renvoyé à la Chambre, qui se prononce définitivement (et dispose
donc du dernier mot). Avant la sixième réforme de l’État, cette procédure était la règle ; elle est aujourd’hui
l’exception (cf. l’article 78 de la Constitution).
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18 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
L’entrée des partis politiques dans la Constitution ne s’opère donc pas en fanfare, mais
plutôt par la petite porte de l’article 77. La consécration constitutionnelle acquise par les
partis est en réalité extrêmement limitée, dans la mesure où la Constitution ne les reconnaît
pas pour eux-mêmes : tout au plus, elle reconnaît que les lois concernant le financement
des partis politiques revêtent une importance jugée suffisante pour qu’une procédure
bicamérale obligatoire préside à leur adoption. La nouvelle formulation de l’article 77
de la Constitution ne traduit donc en aucun cas une volonté du constituant de consacrer
constitutionnellement les partis politiques. En fait, il semble qu’aucun parlementaire
ne se soit aperçu de la portée symbolique du texte qu’il s’apprêtait à voter – en tout cas,
aucun représentant n’a fait, au cours des discussions préalables, la moindre remarque
à ce sujet. Il apparaît que la question était simplement de savoir si le Sénat devait avoir
son mot à dire dans l’adoption de lois liées au financement des partis politiques. Ces lois
– comme toutes celles qui sont mentionnées à l’article 77 nouveau de la Constitution – sont
51
d’ailleurs qualifiées de « lois ordinaires (…) qui revêtent un caractère institutionnel » .
Il n’y a qu’un pas à faire pour en tirer comme conclusion que, aux yeux du constituant,
les partis politiques (du moins, les partis dans leur aspect économique), constituent des
institutions ou, à tout le moins, orbitent dans le champ institutionnel. Le juriste anversois
Dajo De Prins ne dit pas autre chose lorsqu’il considère, lors d’une audition devant le
groupe de travail « partis politiques » du Parlement fédéral, que « les partis deviennent
de plus en plus une composante de l’État et de moins en moins un instrument entre les
52
mains de citoyens engagés et de groupes issus de la société civile » . Il est intéressant
de noter que seul un membre du groupe de travail questionne cette affirmation ; il peut
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 19
en être conclu que les partis apparaissent bien, pour une large majorité des parlementaires,
comme de véritables institutions. Voilà qui peut rendre surprenante l’absence totale de
définition constitutionnelle ou de disposition organique les concernant.
L’analyse du texte constitutionnel – et de son sous-texte – permet donc d’aboutir à la
conclusion suivante : malgré une importance de fait unanimement admise, les partis
politiques n’ont qu’une assise constitutionnelle branlante. Outre leur mention à l’article 77,
leur existence ne peut se déduire que de manière implicite (et très peu intuitive) d’une
53
combinaison de diverses dispositions constitutionnelles – ainsi que de dispositions
législatives qui touchent au droit électoral et qui feront l’objet du chapitre 3. De plus, que
l’on considère que la Constitution les reconnaît à l’article 77 ou que l’on privilégie une
assise implicite, on ne peut nier que la notion n’y est à aucun moment définie.
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53
À ce sujet, cf. également P. LAUVAUX, Les grandes démocraties contemporaines, Paris, Presses universitaires
de France, 2004, p. 76.
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2. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION
FÉDÉRALE
L’article 1er, 1°, de la loi du 4 juillet 1989 définit le parti politique comme « l’association de
personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique, qui participe aux élections
prévues par la Constitution et par la loi, qui, conformément à l’article 117 du Code
électoral, présente des candidats au mandat de représentant dans chaque circonscription
électorale d’une Communauté ou d’une Région et qui, dans les limites de la Constitution,
de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer l’expression de la volonté
populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme ».
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CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 21
55
M. GÖRANSSON, J. FANIEL, « Le financement et la comptabilité des partis politiques francophones », © CRISP | Téléchargé le 07/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 135.129.124.44)
op. cit., p. 37.
56
Pour plus de développements sur ce régime, cf. T. GAUDIN, « Le statut juridique des partis et groupements
57
politiques : un patchwork entre no man’s land et usine à gaz », Administration publique, n° 1, 2021, à paraître.
Les travaux préparatoires indiquent ainsi clairement qu’une formation politique « qui n’est structuré[e]
qu’au niveau d’un arrondissement est exclu[e] du champ d’application de la loi » (Chambre des
représentants, Commission de l’Intérieur, des Affaires générales, de l’Éducation et de la Fonction publique,
Proposition de loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi qu’au financement et
58
à la comptabilité ouverte des partis politiques. Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 5).
B. CADRANEL, J. LUDMER, « La législation concernant le financement des partis liberticides », Courrier
hebdomadaire, CRISP, n° 2001-2002, 2008, p. 17.
CH 2483-2484
22 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Il est à noter que cette loi du 4 juillet 1989 est relative au seul niveau fédéral, c’est-à-dire,
à l’origine, aux élections de la Chambre des représentants et aux élections du Sénat et,
depuis la sixième réforme de l’État, aux seules élections de la Chambre des représentants 59.
Son titre initial (« loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi
qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques ») a d’ailleurs été
modifié successivement par la loi du 19 mai 1994 (en « loi relative à la limitation et au
contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections des Chambres fédérales, ainsi
qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques ») 60 puis, dans le
cadre de la sixième réforme institutionnelle, par une loi du 6 janvier 2014 (en « loi relative
à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection de la
Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis
politiques ») 61.
Il est à préciser que la définition légale n’exclut pas l’existence de partis qui déposent des
listes dans toutes les circonscriptions du pays ou dans toutes les circonscriptions d’une
Région ou Communauté ainsi que dans une ou plusieurs autres circonscriptions. À cet
égard, donc, les pratiques respectives du PTB (qui est un parti national), du Vlaams Belang
(qui, en 2019, a déposé des listes dans l’ensemble des circonscriptions du pays, en ce
compris celles situées en Wallonie, pour l’élection de la Chambre des représentants 62)
ou encore de Défi (qui, en 2019, a présenté des candidats en Région bruxelloise, dans toutes
les circonscriptions wallonnes et dans une circonscription flamande pour l’élection de la
Chambre des représentants 63) n’empêchent pas que chacun de ces groupements soit
considéré comme un parti politique au sens de la loi.
De même, la définition légale permet à des formations ne présentant de candidats qu’en
Région bruxelloise d’être reconnues comme des partis politiques, puisqu’il suffit de
présenter des listes dans toutes les circonscriptions d’une Région ou Communauté 64. En
revanche, comme il n’existe pas de circonscription propre à la région de langue allemande
pour les élections de la Chambre des représentants, il ne peut, aux termes de la loi, exister
de parti politique qui ne se présenterait qu’à l’échelle de la Communauté germanophone.
En définitive, donc, pour répondre à la définition légale du parti politique dans le cadre
des élections fédérales, une formation doit présenter des candidats au moins soit dans
la circonscription fédérale comprenant (jusqu’à la scission de celle de Bruxelles-Hal-
Vilvorde 65) ou correspondant à (depuis lors) la Région bruxelloise, soit dans l’ensemble
59
Depuis la sixième réforme de l’État, le Sénat ne comporte plus aucun membre élu directement (cf.
C. SÄGESSER, C. ISTASSE, « Le Sénat et ses réformes successives », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2219-
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 23
des circonscriptions fédérales présentes sur le territoire de la Région wallonne, soit dans
l’ensemble des circonscriptions fédérales présentes sur le territoire de la Région flamande.
Quarto, selon la définition légale, un parti est une association qui « tente d’influencer
l’expression de la volonté populaire », et qui le fait « dans les limites de la Constitution,
de la loi, du décret et de l’ordonnance ». Cette disposition vise, très clairement, à exclure
de la qualification de parti politique, et donc du financement corrélatif, toute organisation
qui tenterait de faire entendre sa voix par des moyens illégaux. On pense, notamment,
à une formation politique qui contreviendrait dans sa propagande à la loi du 30 juillet 1981
66
tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie . Sont donc
visés les partis dits liberticides, à l’égard desquels le législateur manifeste la plus grande
67
méfiance .
Eu égard à son caractère unique en droit belge, cette définition légale du parti politique
a acquis, dès son adoption, une valeur de précédent indéniable 68. Pour s’en convaincre,
il suffit d’observer la définition du parti politique telle qu’elle apparaît dans la législation
ultérieure :
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et par la loi, qui présente
des candidats conformément à la loi relative aux élections du Parlement wallon,
du Parlement flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et
du Parlement de la Communauté germanophone et qui, dans les limites de la
Constitution, de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer l’expression
de la volonté populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme »
(article 1er, 2°, de la loi du 19 mai 1994 réglementant la campagne électorale,
concernant la limitation et la déclaration des dépenses électorales engagées pour les
élections du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la Région
de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la Communauté germanophone, et fixant
le critère de contrôle des communications officielles des autorités publiques) 69 ;
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et par la loi, qui,
conformément à la loi du 23 mars 1989 relative aux élections du Parlement
européen, présente des candidats au mandat de représentant du Parlement
européen et qui, dans les limites de la Constitution, de la loi, du décret et de
l’ordonnance, tente d’influencer l’expression de la volonté populaire de la manière
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66
67
Moniteur belge, 8 août 1981.
D’ailleurs, l’exclusion des formations politiques locales est justifiée également, en partie, par le souci
de freiner des mouvements extrémistes (cf. Chambre des représentants, Commission de l’Intérieur, des
Affaires générales, de l’Éducation et de la Fonction publique, Proposition de loi relative à la limitation
et au contrôle des dépenses électorales ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques.
68
Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 21).
69
B. CADRANEL, J. LUDMER, « La législation concernant le financement des partis liberticides », op. cit., p. 18.
Moniteur belge, 25 mai 1994.
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24 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 25
Comme nous venons de l’indiquer, et comme l’a relevé avant nous le Groupe d’États
contre la corruption (GRECO, organe du Conseil de l’Europe), « les partis politiques
[belges] ne connaissent pas de consécration explicite ou de statut particulier dans les textes
(par exemple dans la Constitution et le Code électoral). Toutefois, la législation sur le
financement des partis politiques et la réglementation des campagnes électorales contient
une définition de la notion de parti politique et l’existence des partis politiques est
reconnue dans la législation électorale » 77.
74 er er
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26 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
78
Le Code électoral connaît certes les « partis politiques » en ses articles 17 et 180bis , ainsi
que les « formations politiques » en divers articles, mais ces notions n’apparaissent que
de manière marginale dans le Code, et sans définition. Ce constat peut paraître ironique,
dans la mesure où certains auteurs déduisaient une reconnaissance implicite de l’existence
des partis de différentes dispositions constitutionnelles touchant au système électoral
(cf. supra). Dès lors, et en l’absence de toute loi qui régirait divers aspects de la naissance,
79
de la vie et de la mort des partis politiques , c’est la législation en matière de dépenses
électorales et de financement des partis qui sert de seul cadre normatif spécifique aux partis
politiques. De cette législation casuistique peut toutefois être tirée, dans une certaine
mesure, une ébauche de statut propre aux partis, en analysant d’abord l’absence de
personnalité juridique des partis politiques, puis le contenu de la loi du 4 juillet 1989.
Nous nous arrêterons plus spécifiquement sur le système de financement public des partis
et sur l’obligation de publication de leur comptabilité qui y est corrélative.
Un élément central sur lequel il nous semble indispensable d’attirer l’attention du lecteur
réside dans l’absence de personnalité juridique des partis politiques. En effet, rappelons-
le, le parti politique est défini comme « l’association de personnes physiques, dotée ou
non de la personnalité juridique ». Si la loi du 4 juillet 1989 laisse le choix quant à la
personnalité juridique, on remarque cependant que tous les partis politiques – ou, du
moins, la quasi-totalité de ceux-ci – ont choisi de ne pas disposer de pareille personnalité.
Pour bien saisir les implications de cette absence de personnalité juridique, il convient
de revenir à la définition du concept. Les personnes, au sens juridique, apparaissent comme
ceux « qui ont le droit de jouer un rôle dans le monde du droit, qui peuvent être titulaires
de droits et d’obligations et qui peuvent agir en justice » 80. En théorie, l’absence de
personnalité juridique emporte dès lors l’absence de droits et de devoirs. Ainsi, les
associations de fait, qui sont la forme de groupement non personnalisé sous laquelle
les partis politiques évoluent en Belgique, ne peuvent en principe ni contracter, ni ester
en justice, ni disposer d’un patrimoine propre. Le parti politique n’existe donc pas
juridiquement, pour ainsi dire.
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 27
Cela peut paraître étonnant, dans la mesure où, nous l’avons souligné, la loi ne prend en
compte les partis que d’un point de vue économique et comptable : comment octroyer
un financement public à un groupement qui n’a pas de personnalité juridique, et donc
aucun patrimoine propre ? L’article 22 de la loi du 4 juillet 1989 résout ce problème
au moyen d’un montage particulier : chaque parti politique doit désigner une asbl,
dotée de la personnalité juridique, qui recevra la dotation pour le parti 81. Cette asbl de
financement – ou de gestion – ne se confond pas avec le parti et se voit attribuer
légalement plusieurs missions, dont l’obligation de tenir une comptabilité (cf. infra).
Nous voyons donc graviter, autour du parti, une première entité distincte. Mais c’est loin
d’être la seule. Ainsi, lorsqu’elle définit le parti politique, la loi du 4 juillet 1989 circonscrit
aussi un certain nombre de composantes du parti qui sont donc virtuellement réputées
faire partie du parti. Il s’agit des organismes, associations, groupements et entités régionales
d’un parti politique, quelle que soit leur forme juridique, qui sont directement liés à ce
parti, à savoir : les services d’études, les organismes scientifiques, les instituts de formation
politique, les producteurs d’émissions politiques concédées, les asbl de gestion, les entités
constituées au niveau des arrondissements et/ou des circonscriptions électorales pour
les élections de la Chambre ou des parlements des entités fédérées (ainsi que, avant la
sixième réforme de l’État, du Sénat), et les groupes politiques au sein des différentes
assemblées législatives et des conseils provinciaux, en ce compris les asbl qui perçoivent
les dotations octroyées par les assemblées en question. On remarquera que les sections
communales des partis politiques n’entrent pas dans le périmètre de consolidation.
À la lecture même de la loi du 4 juillet 1989, on peut donc comprendre que, loin de
constituer une entité aux contours nettement délimités, le parti politique constitue plutôt
un « système planétaire », constitué d’une association de fait autour de laquelle gravitent
différentes entités. Ainsi, lors de l’exercice 2019, les périmètres de consolidation des
principaux partis comptaient le nombre d’entités suivant : 39 pour le Vlaams Belang,
38 pour le CDH, 36 pour la N-VA et pour Écolo, 27 pour le PS, 23 pour l’Open VLD,
le SP.A et le PTB, 20 pour le CD&V, 19 pour le MR, 15 pour Groen, 3 pour Défi et 2 pour
le Parti populaire (PP) 82.
Ce système implique que, dans ses relations avec des tiers, le parti politique doive passer
par l’une de ces entités personnifiées. Étant dépourvu de personnalité juridique, le parti
ne peut acheter et gérer de biens immobiliers, engager de personnel, conclure des contrats
de fourniture, etc. Dès lors, une myriade de personnes morales interviennent pour lui,
causant une multiplication d’acteurs aux missions diverses, propice à une confusion
sur les rôles et responsabilités de chacun 83. De manière générale, on constate que, dans
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28 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 29
pour tout parti politique, une garantie contre « un gouvernement malveillant » qui
souhaiterait « profiter de [la] personnalité juridique pour utiliser des mécanismes légaux
afin de [le] contrôler, bloquer voire [le] supprimer » 90, mais peut poser question à bien
91
d’autres égards . Pourtant, la jurisprudence a admis qu’un parti politique puisse agir
directement.
Selon certains acteurs parlementaires comme d’après le GRECO, le système actuel
mériterait donc d’être remanié, dans le but non seulement de le rendre moins complexe
mais aussi d’assurer de manière plus ferme la sécurité juridique. À leurs yeux, il est
indispensable, tant pour le citoyen que pour d’éventuels cocontractants des partis, de savoir
clairement à quelle entité s’adresser et quelle entité attaquer, le cas échéant, sans que cela
ne soit rendu illisible par des pratiques de délégation de contentieux entre une pluralité
d’acteurs différents.
2012, Revue de jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles, 2012, p. 1005 ; A. TRÉFOIS, J. FANIEL, « L’évolution
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30 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
que, par ailleurs, les dépenses doivent être imputées aux prix du marché, afin d’éviter les
94
« cadeaux déguisés » .
Sans entrer dans les détails techniques de la législation, ce qui sort largement du cadre du
présent Courrier hebdomadaire, la limitation des dépenses électorales ainsi définie s’impose
tant collectivement aux partis politiques qu’aux candidats considérés individuellement. En
l’occurrence, les partis politiques ne peuvent dépenser plus d’un million d’euros à titre
de dépenses électorales lors d’un scrutin fédéral ou d’un scrutin multiple. Cependant, ils
peuvent imputer jusqu’à 25 % de ce montant à des candidats, à la condition que chaque
candidat ne perçoive pas plus de 10 % de ce pourcentage. Très concrètement, cela signifie
qu’un parti peut imputer au maximum 250 000 euros à des candidats, avec un maximum
de 25 000 euros par candidat. Ce mécanisme permet aux candidats qui en bénéficient de
95
dépenser un montant supérieur à leur plafond personnel – puisque le montant imputé
au candidat est déduit de la somme que peut dépenser globalement son parti politique,
96
et non de la somme que le candidat peut dépenser . De plus, l’article 5 de la loi interdit
une série de pratiques durant la période de prudence, comme la distribution de gadgets
ou l’utilisation de panneaux publicitaires commerciaux.
En cas de violation des dispositions relatives à la limitation des dépenses électorales, un
parti politique peut se voir infliger un certain nombre de sanctions. Il est à noter qu’avant
la sixième réforme de l’État, la seule sanction possible à l’encontre d’un parti contrevenant
était la suspension de la dotation publique 97. De nos jours, l’éventail de sanctions est plus
large. Il prévoit, pour les cas de dépassement du plafond de dépenses, une amende
administrative égale au dépassement, avec toutefois un minimum de 25 000 euros et
un maximum correspondant à quatre fois la dotation mensuelle. Cette modification
se justifie par le fait que, sous le précédent régime, un parti qui n’avait obtenu aucun
siège – et n’avait donc pas droit à la dotation publique (cf. infra) – bénéficiait d’une sorte
d’immunité de fait, la seule sanction envisageable étant la suspension d’une dotation qu’il
ne recevait de toute façon pas. Dans le système actuel, un parti sans élu qui dépasserait
les plafonds de dépenses se verrait infliger une amende administrative de 25 000 euros.
Une question se pose encore. Une formation politique qui ne présenterait de candidats
que dans certaines circonscriptions d’une Région ou d’une Communauté ne répond pas
à la définition du parti politique telle qu’elle ressort de l’article 1er de la loi du 4 juillet 1989.
94
95
L. IKER, « Évolution des règles de financement et de contrôle des partis politiques », op. cit., p. 27.
J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques
et partis francophones », op. cit., p. 8. Ce plafond individuel, fixé au cas par cas pour chaque candidat,
dépend d’une série de facteurs, tels que la position du candidat sur la liste, le fait qu’il soit candidat effectif
ou suppléant, la circonscription électorale dans laquelle il se présente et le nombre d’élus obtenus par
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 31
Dès lors, se trouve-t-elle liée par la législation portant limitation des dépenses électorales ?
Peut-elle être sanctionnée si elle dépasse le plafond autorisé, dans la mesure où les sanctions
visent « le parti politique » 98, et qu’elle n’en constitue pas un ? La réponse semble être
négative. Une telle formation politique pourrait, lors de sa campagne, négliger totalement
de respecter la loi sur la limitation des dépenses électorales puisque, n’étant pas qualifiée
de « parti » par cette dernière, elle n’entre pas dans son champ d’application. Cela étant,
en cas d’élection d’un ou plusieurs de ses candidats à la Chambre des représentants, un
tel groupement ne serait pas éligible à l’octroi d’une dotation publique, ce qui permet
de nuancer quelque peu la portée de cette impunité de fait.
Cette difficulté ne se présente pas pour les élections du Parlement européen et des
parlements régionaux et communautaires, puisque la définition du parti ne reprend
pas, dans les législations ad hoc, la condition de présentation de candidats dans chaque
circonscription. Dans les faits, la situation pourrait devenir particulièrement complexe,
voire ubuesque, lorsqu’une formation présente des candidats dans quelques
circonscriptions pour la Chambre et d’autres aux élections européennes, régionales ou
communautaires se tenant le même jour.
Une deuxième obligation pèse sur les formations légalement considérées comme des partis
politiques : celle de tenir une comptabilité ouverte. Le chapitre IV de la loi du 4 juillet 1989
traite de cette question.
D’emblée, il convient de relever que l’obligation de tenir une comptabilité ouverte ne
s’applique qu’au « parti politique qui satisfait aux conditions fixées aux articles 15 et
99
15bis » , c’est-à-dire au parti éligible à une dotation publique. En l’occurrence, pour
acquérir un droit à une dotation publique, un parti doit avoir au moins un élu au sein
de la Chambre des représentants et s’être engagé à respecter les principes démocratiques
(au sein des parlements de Région et de Communauté, les conditions sont un peu
différentes, cf. infra). Ainsi, les partis politiques qui satisfont à la définition de l’article 1er
de la loi de 1989 mais qui ne sont pas représentés à la Chambre n’ont aucune obligation
de publicité de leurs comptes.
Tout parti éligible à une dotation publique doit désigner une asbl, dite asbl de financement
(ou de gestion), qui recueille la dotation et sur laquelle pèsent les obligations de
comptabilité ouverte. Le conseil d’administration de cette asbl dresse annuellement un
rapport financier relatif aux comptes du parti et de ses composantes 100, qui est soumis
au contrôle d’un réviseur d’entreprise (nommé par l’asbl). Ensuite, les deux rapports (le
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98
Cf. l’article 13 de la loi du 4 juillet 1989 précitée : « La Commission de contrôle inflige au parti politique
concerné une amende administrative ».
99
100
Article 22 de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
er
Les composantes du parti, qui font partie de son périmètre de consolidation, sont énumérées à l’article 1 ,
1°, de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
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32 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
101
de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité des partis politiques pour
examen.
L’obligation de tenir une comptabilité ouverte étant conçue comme un corollaire du
102
financement public, comme l’ont exposé les auteurs de la loi du 4 juillet 1989 , il n’est
pas étonnant qu’elle ne pèse que sur les partis bénéficiant de la dotation publique.
101
Cette commission de contrôle est un organe de la Chambre des représentants ; avant la sixième réforme
102
de l’État, elle était commune à cette assemblée et au Sénat (cf. infra).
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 33
107
Le nombre de sièges de sénateur dévolus à chaque parti est déterminé en fonction des résultats obtenus
108
par ce parti à l’élection de la Chambre des représentants.
B. CADRANEL, J. LUDMER. « La législation concernant le financement des partis liberticides », op. cit., p. 11 ;
F. TULKENS, « Statut juridique et financier des partis politiques, vers la fin du non-droit ? », op. cit., p. 31.
109
K. MUYLLE, J. VAN NIEWENHOVE, « Recente ontwikkelingen inzake de partijfinanciering en de controle
op verkiezingsuitgaven en regeringsmededelingen », in A. ALEN (dir.), De vijfde staatshervorming van 2001,
Bruges, Die Keure, 2002, p. 164.
110
Article 2 de la loi du 17 février 2005 modifiant la loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle
des dépenses électorales engagées pour les élections des Chambres fédérales, ainsi qu’au financement
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34 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Ainsi, l’article 35 du règlement du Parlement wallon accorde une dotation à « chaque parti
politique formant un groupe politique reconnu ». Aux termes de l’article 33 du même
règlement, « un groupe politique doit, pour être reconnu, comprendre cinq membres au
moins ». De même, l’article 8 du règlement du Parlement flamand subordonne l’octroi
de la dotation complémentaire à la condition que les élus d’un parti soient au minimum
au nombre de cinq. La dotation octroyée par les deux assemblées consiste, comme la
dotation fédérale, en une part forfaitaire et une part variable calculée sur les résultats
électoraux ; les montants sont indexés. Dans la mesure où les conditions d’obtention de
cette dotation sont plus strictes qu’au niveau fédéral, on peut affirmer que le financement
complémentaire direct accordé par ces parlements offre un avantage structurel aux partis
déjà représentés plus important encore que celui observé au Parlement fédéral.
Si, à ce financement public direct, l’on ajoute un financement public indirect des partis,
consistant en divers subsides de fonctionnement accordés par les diverses assemblées
parlementaires aux groupes politiques en leur sein – Chambre des représentants,
Sénat, Parlement wallon, Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Parlement de
la Communauté française, Parlement flamand, Parlement de la Communauté
germanophone, Assemblée de la Commission communautaire française (COCOF)
et Assemblée de la Commission communautaire flamande (Vlaamse
115 116
Gemeenschapscommissie, VGC) –, et qui sont bien souvent rétrocédés au parti ,
on obtient un système de financement public éclaté entre différents niveaux de pouvoir,
contenu dans des textes à publicité et à force légale variables, qui imposent chacun des
conditions d’octroi de financement différentes, ce qui entraîne une complexité, voire
une réelle opacité du système.
Cette opacité est d’autant plus importante pour le système de financement indirect que
les montants alloués aux groupes politiques au sein des différentes assemblées ne figurent
117
bien souvent même pas dans les règlements respectifs de celles-ci , qui se contentent
généralement de mentionner la possibilité pour certains groupes de solliciter pareil subside.
Il faut alors se tourner vers une décision du bureau de l’assemblée en question pour
connaître les montants dont il est question. En fonction des assemblées, les groupes
politiques doivent répondre à diverses conditions pour obtenir ce subside 118. Les
119
subventions ainsi accordées atteignent des montants non négligeables .
et Communauté germanophone) ni, en Région bruxelloise, dans les assemblées des Commissions
115
communautaires.
Seule fait exception l’Assemblée réunie de la Commission communautaire commune (COCOM), les
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 35
Enfin, pour offrir une image la plus précise possible des diverses sources de financement
des partis politiques, mentionnons que nombre d’entre eux exigent de leurs élus la
rétrocession d’une partie des revenus que ces derniers tirent de l’exercice de leurs
mandats politiques (indemnité parlementaire, traitement de ministre ou de bourgmestre,
jetons de présence de conseiller communal ou provincial, etc.). Ces rétrocessions échappent
aux limites fixées aux dons que les particuliers peuvent effectuer en faveur des partis
120
politiques . Globalement, la part de ces rétrocessions des mandataires dans les recettes
des partis se situe en moyenne entre 5 et 10 %, ce qui constitue une donnée relativement
importante qu’il faut garder à l’esprit 121. Enfin, les moyens des partis proviennent
également de subventions accordées à des institutions faisant partie de leur périmètre
de consolidation, de subventions issues des conseils provinciaux (avec de nouveau une
certaine opacité, puisqu’il faut consulter le règlement de chaque conseil provincial pour
savoir de quoi il retourne), de subventions issues des conseils communaux (en sachant
qu’il est quasiment impossible d’obtenir une vue claire de cette source de financement,
au vu du nombre de communes existant en Belgique et eu égard au fait que les groupes
politiques communaux ne font pas partie du périmètre de consolidation des partis
politiques, cf. supra) et des subventions allouées – principalement par les Communautés –
aux sections de jeunesse des partis 122.
Au vu de ce qui précède, force est donc de constater que le financement public des partis
politiques apparaît comme une matière éclatée entre une multitude d’intervenants
(assemblées parlementaires fédérales et fédérées, conseils provinciaux, conseils
communaux, etc.), avec un fondement juridique extrêmement variable (loi, décret,
règlement d’assemblée, décision du bureau d’une assemblée, etc.) et des destinataires très
divers (asbl de financement, groupe politique constitué sous la forme d’asbl, institutions
faisant partie du périmètre de consolidation, mandataires, etc.). Il en résulte une situation
exceptionnellement complexe, faisant intervenir de nombreuses institutions gravitant
autour du parti, et une lisibilité du système extrêmement réduite 123. Même l’obligation
de comptabilité ouverte ne suffit pas à permettre au citoyen – comme au chercheur –
d’avoir une idée précise de l’importance exacte du financement public d’un parti politique
donné, dans la mesure où plusieurs sources de financement échappent au périmètre de
consolidation du parti. Comme le relève une précédente livraison du Courrier
hebdomadaire, « la conséquence de cette transparence limitée est qu’il est très difficile
d’avoir une vue claire sur la manière dont les partis politiques sont précisément financés
en Belgique. Pour sa part, le citoyen en est réduit à devoir espérer que, en matière de
subventionnement des partis, ce sont des décisions correctes, réfléchies et appropriées
qui ont été prises » 124.
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CH 2483-2484
36 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
La loi du 4 juillet 1989 est, de loin, le texte législatif qui définit avec le plus de précision
ce qu’il est permis d’entendre par « parti politique » en droit belge. Il s’agit également
de la norme qui encadre le plus les partis, en l’absence de tout statut constitutionnel.
Pourtant, il est permis de douter du fait que cette loi constitue, à proprement parler, une
législation organique des partis politiques. Le même constat s’impose lorsque l’on combine
cette loi avec les six autres textes législatifs qui en reprennent la définition du parti
politique.
D’une part, comme nous l’avons mentionné, la définition de la notion de parti politique,
telle qu’elle figure dans la loi du 4 juillet 1989, n’a en aucun cas pour vocation d’offrir
une définition globale du parti dont pourrait s’emparer le législateur. Elle vise uniquement
à définir les formations politiques qui peuvent être financées publiquement et dont la
comptabilité doit être contrôlée. Il s’agit donc d’une définition essentiellement casuistique
et non générale.
D’autre part, loin de constituer un cadre général qui balise la naissance, la vie et la mort
des partis politiques, la loi du 4 juillet 1989 ne fixe de statut des partis qu’en matière
financière : sont contrôlées les dépenses électorales et la comptabilité, en échange de quoi
les partis (ou, du moins, certains partis) reçoivent une dotation publique. Il n’est pas
question, dans cette loi, de fixer une procédure particulière pour créer un parti ou pour
le faire reconnaître légalement, pas plus que de règles relatives aux statuts des partis
politiques. La loi ne prévoit aucune exigence de démocratie interne : tout au plus prévoit-
elle des sanctions (financières, à nouveau) pour des partis qui, par leur fait ou par le fait
d’une de leurs composantes, ne respecteraient pas les droits fondamentaux. De même,
il n’est en aucun cas question d’éventuelles possibilités d’interdiction ou de dissolution
des partis 125. Plus fondamentalement encore, rien n’est ne serait-ce qu’esquissé au sujet
de l’« objet social » que devraient poursuivre les partis politiques (si ce n’est « tente[r]
d’influencer l’expression de la volonté populaire »).
Ainsi, loin d’être comparable à la loi allemande relative aux partis politiques, qui encadre
ceux-ci « du berceau à la tombe », la loi belge du 4 juillet 1989 ne fait pas figure de
législation organique des partis. Tout au plus pourrait-on la qualifier de loi financière
des partis politiques. Ce n’est donc pas dans cette loi qu’il faut chercher des informations
relatives à un statut juridique propre des partis, même si certains éléments de ce dernier
émergent de l’analyse des dispositions légales adoptées en 1989.
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125
L’exemple du Vlaams Blok, développé supra, ne permet pas d’invalider ce constat. Certes, la condamnation
d’asbl satellites du parti a entraîné, indirectement, la dissolution du parti par ses membres. Cependant,
le parti n’avait pas été dissous par jugement ou interdit légalement. Le droit belge ne permet donc pas une
interdiction ou une dissolution directe des partis ; tout au plus certains partis peuvent-ils décider de se
dissoudre eux-mêmes.
CH 2483-2484
3. LES PARTIS POLITIQUES DANS LE CODE
ÉLECTORAL
Longtemps, les juristes et les politologues ont fait reposer la consécration constitutionnelle
(implicite) des partis politiques sur une lecture combinée des dispositions électorales que
contient la Constitution. Puisqu’il fallait alors passer par le prisme du droit électoral
pour reconnaître une existence juridique aux partis politiques, il semble naturel de se
pencher désormais sur ce droit, via son vecteur principal : le Code électoral. Ce dernier
ne mentionne les partis politiques qu’à sept reprises (à savoir, trois fois en son article 17
et quatre fois en son article 180bis, § 8 126) 127, même si l’expression « formation politique »
y apparaît à cinquante-quatre reprises (dont seules six sont antérieures à la sixième réforme
de l’État, toutes les autres ayant été ajoutées par la loi du 6 janvier 2014 modifiant le Code
électoral suite à la réforme du Sénat 128). Les dispositions qui contiennent ces expressions
touchent à la désignation des sénateurs, au droit de recevoir copie de la liste des électeurs
et au droit à la protection d’un sigle ou d’un logo.
Le Code électoral a trait aux élections fédérales. Cependant, relativement au droit de
recevoir copie de la liste des électeurs et au droit à la protection d’un sigle ou d’un
logo, des dispositions similaires existent en ce qui concerne l’élection du Parlement wallon
et du Parlement flamand 129, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale 130 et du
Parlement de la Communauté germanophone 131. Il s’agit, à chaque fois, de reproductions
fidèles du texte du Code électoral ; dès lors, les développements qui suivent, et qui
concernent les chambres fédérales, sont tout à fait transposables à l’élection des quatre
parlements régionaux et communautaires qui viennent d’être cités.
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126
Ces deux articles concernent exactement le même sujet : la transmission d’une copie de la liste des électeurs © CRISP | Téléchargé le 07/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 135.129.124.44)
aux représentants d’un parti politique.
127
L’article 94ter fait également mention des « partis politiques », mais il ne doit pas être retenu dans ce compte :
l’expression « partis politiques » n’apparaît que via une référence à la loi du 4 juillet 1989 précitée, qui
comprend l’expression dans son intitulé.
128
129
Moniteur belge, 31 janvier 2014.
130
Ces droits découlent respectivement de l’article 3 et de l’article 12 de la loi du 16 juillet 1993 précitée.
Ces droits découlent respectivement de l’article 3bis et de l’article 10 de la loi du 12 janvier 1989 réglant
les modalités de l’élection du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et des membres bruxellois du
131
Parlement flamand (Moniteur belge, 14 janvier 1989).
Ces droits découlent respectivement de l’article 7bis et de l’article 21 de la loi du 6 juillet 1990 précitée.
CH 2483-2484
38 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Certains droits sont spécifiquement destinés aux partis politiques. Les articles 17 et 180bis,
§ 8, du Code électoral – qui sont les deux seuls dans lesquels il est explicitement fait
référence aux « partis politiques », sans toutefois que le terme ne soit défini – permettent
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132
Moniteur belge, 31 janvier 2014.
133
Avant cette réforme du Sénat, les dispositions qui réglaient l’élection des sénateurs élus directement étaient
les mêmes que celles qui règlent l’élection des membres de la Chambre des représentants. Par conséquent,
les sièges des élus directs étaient également répartis entre les listes de candidats.
134
Cf., par exemple, le fait que l’expression de « représentants des partis politiques » est interchangeable avec
celle de « représentants des formations politiques » dans les travaux préparatoires de la loi du 30 juillet
1991 modifiant le Code électoral.
CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 39
Aux termes de l’article 17, chaque parti peut obtenir deux copies de cette liste gratuitement,
à la condition qu’il dépose une liste de candidats aux élections de la Chambre des
représentants dans la circonscription électorale dont il demande la liste des électeurs.
Cette liste peut alors être utilisée par les partis à des fins électorales – mais exclusivement
à des fins électorales. Lorsque le Sénat comptait des membres élus directement, il suffisait
de déposer une liste de candidats à la Chambre ou au Sénat pour pouvoir obtenir une copie
de la liste des électeurs.
Depuis 2016, l’article 180bis, § 8, du Code électoral pose un principe similaire : les partis
peuvent obtenir une (et non deux) copie de la liste des électeurs belges résidant
à l’étranger 135, à la condition de déposer une liste à l’élection de la Chambre des
136
représentants .
Il est intéressant de noter que, jusqu’à sa modification opérée par la loi du 30 juillet 1991
modifiant le Code électoral 137, l’article 17 dudit Code permettait à toute personne qui
138
en faisait la demande d’obtenir une copie de la liste des électeurs . La ratio legis de cette
disposition était de permettre aux électeurs de s’assurer qu’ils étaient bien repris sur les
listes et seraient donc convoqués. Les partis politiques pouvaient évidemment entamer
des démarches analogues. De fortes dérives avaient cependant été constatées, dont
l’utilisation de ces données à des fins de démarchage commercial 139. C’est pourquoi
il a été décidé de limiter la possibilité d’obtenir une copie des listes d’électeurs aux seuls
représentants des partis politiques et aux candidats qui se présentent. L’objectif de
limitation de la diffusion de la liste des électeurs a donc permis d’organiser en la matière
un véritable monopole des partis politiques, qui demeurent les seuls acteurs ayant le droit
de se voir communiquer de telles listes. Par ailleurs, il s’est agi là de la confirmation d’une
prérogative historique des partis politiques. En effet, sous le régime majoritaire (soit avant
1899), le contrôle de la liste des électeurs revêtait une importance puisque chaque voix
pouvait faire basculer la majorité. Les partis s’attachaient donc à faire rayer le plus
d’adversaires possible des listes d’électeurs, et d’y inscrire le plus de partisans possible,
ce qui a conduit à un monopole de l’« action populaire » 140 de contrôle des listes des
électeurs par les partis.
135
La législation accordant aux Belges vivant à l’étranger le droit de vote pour les élections fédérales est
entrée en vigueur à l’occasion du scrutin fédéral du 13 juin 1999, mais elle n’est réellement effective que
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40 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Les formations politiques peuvent également, à la condition d’être représentées dans l’un
ou l’autre parlement (en ce compris le Parlement européen), déposer un acte demandant
la protection du sigle ou du logo qu’elles comptent employer en vue des élections. Ce
dépôt permet aux partis, entre autres, de faire empêcher l’utilisation de leur logo et sigle
par toute liste qui ne serait pas agréée par eux. Cette protection du logo se double de la
faculté d’obtenir, pour toutes les listes agréées par le parti, un même numéro de liste sur
les bulletins de vote.
Deux observations peuvent être effectuées à l’égard de cette disposition, qui est contenue
dans l’article 115bis du Code électoral 141. D’une part, ce sont les formations politiques qui
sont visées, et non les partis politiques. Pourtant, il semblerait que ce soit bien à ces derniers
que le législateur entendait faire référence : lors des débats préalables aux modifications
que l’article 115bis a connues, les expressions « groupes politiques », « partis politiques »
et « formations politiques » ont été employées comme des synonymes et ont semblé
interchangeables 142. L’absence de définition de ces termes dans le Code électoral ne facilite
évidemment pas leur interprétation. D’autre part, seuls les partis déjà représentés au sein
d’un parlement, quel qu’il soit, disposent du droit de faire protéger leur logo.
Concrètement, donc, cela signifie que les petits ou nouveaux partis sont dépourvus
de cette possibilité. Ils peuvent bien entendu, aux termes de l’article 116, § 4, du Code
électoral, employer un logo et un sigle, mais ne peuvent pas le faire protéger 143. À nouveau,
pointe ici la logique de « prime au sortant » ou de pérennisation des situations acquises
qui créent un avantage structurel en faveur des partis déjà implantés.
141
Cet article a été inséré à l’origine par la loi du 16 mai 1949 relative au numérotage des listes de candidats
142
pour les élections législatives (Moniteur belge, 19 mai 1949).
Par exemple, dans la justification d’un amendement visant à s’assurer qu’un « parti » non représenté dans
les deux chambres fédérales puisse tout de même solliciter la protection de son sigle ou de son logo pour
les élections fédérales du 10 juin 2007, les expressions « parti politique » et « formation politique » sont
utilisées comme synonymes parfaits (Chambre des représentants, Projet de loi portant diverses modifications
143
en matière électorale. Amendements, n° 2548/3, 25 octobre 2006, p. 14).
Ce paragraphe a été inséré, sous la forme d’un alinéa 5, par l’article 2 de la loi du 28 juillet 1987 modifiant
er
les articles 115bis, § 1 , 116 et 118 du Code électoral (Moniteur belge, 12 septembre 1987).
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4. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION
DES ENTITÉS FÉDÉRÉES
Jusqu’à présent, notre analyse a porté, au premier chef et sauf quelques exceptions, sur
le cadre juridique fédéral entourant les partis politiques (dans la Constitution, dans la loi
du 4 juillet 1989 et dans le Code électoral). Il importe à présent de nous pencher sur les
législations adoptées par les entités fédérées. En l’occurrence, celles-ci portent aussi sur
le contrôle des dépenses électorales et sur le financement et la comptabilité des partis.
À cet égard, il convient dès l’abord de garder en mémoire le diagnostic qu’avait posé
le GRECO en 2009 : « La répartition des compétences entre [Autorité fédérale] et entités
fédérées (Régions et Communautés), ainsi que la réglementation applicable au niveau
fédéral, régional et infra-régional aboutissent à un dispositif relativement complexe.
Il existe une multiplicité de textes pas toujours justifiée (plusieurs lois fédérales pourraient
être amalgamées) et donc des risques de divergences et de “trous” dans la couverture
technique de ces textes. Ces risques sont accentués par la multiplicité de commissions de
contrôles, indépendantes les unes des autres, et qui sont appelées à appliquer et interpréter
les règles » 144.
Avant d’exposer le cadre légal que les entités fédérées ont mis en place autour des partis
politiques, il convient de clarifier, dans la mesure du possible, les compétences respectives
de l’Autorité fédérale, des Régions et des Communautés en la matière. Cela en conservant
à l’esprit que la régulation des partis politiques ne constitue pas, en soi, un bloc de
compétence monolithique : puisque les partis sont appelés à intervenir dans de nombreux
aspects de la vie politique et sociale, ils sont susceptibles d’être appréhendés par le biais
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144
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 18.
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42 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Les compétences de l’Autorité fédérale en la matière ont déjà fait l’objet d’un large exposé
supra. Par conséquent, nous les listons ici de manière synthétique, renvoyant le lecteur
aux développements y afférents pour le surplus.
L’Autorité fédérale est compétente pour financer publiquement les partis, à titre principal.
Elle fixe, selon les modalités prévues par la loi, la manière dont les dotations publiques sont
accordées aux asbl de financement des partis politiques. Dès lors, elle est compétente pour
fixer les conditions d’accès à cette dotation. Le financement public des partis politiques
étant conçu comme une contrepartie aux diverses obligations qui pèsent sur ceux-ci en
vertu de la loi du 4 juillet 1989, l’Autorité fédérale est seule compétente pour ce qui
touche à la comptabilité des partis. Dès lors, la Commission de contrôle des dépenses
145
électorales et de la comptabilité des partis politiques est le seul organe habilité à contrôler
la régularité et le caractère conforme des comptes consolidés que les différents partis
doivent remettre annuellement. Partant, cette commission de contrôle fédérale est la seule
qui peut infliger aux partis différentes sanctions (suspension automatique de la dotation,
146
amendes administratives, saisie définitive d’une partie de la dotation ) en cas de retard
ou d’irrégularité desdits rapports.
Enfin, l’Autorité fédérale est seule compétente pour fixer le cadre normatif de la
réglementation des dépenses électorales, tant pour les élections fédérales que pour les
élections du Parlement européen ou des parlements des entités fédérées. Ainsi, le cadre
légal applicable à la réglementation des dépenses électorales et des moyens de propagande
est en réalité composé de trois textes : la loi du 4 juillet 1989 précitée, la loi du 19 mai 1994
relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection
du Parlement européen et la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle
des dépenses électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement
flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la
Communauté germanophone (cf. supra).
145
146
Pour plus de détails sur la composition et les compétences de cette commission, cf. infra.
147
Article 25 de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
Le transfert a été opéré par la loi spéciale du 13 juillet 2001 précitée. Il est à noter que la compétence de
l’Autorité fédérale en matière de procédure et formalités de la déclaration des dépenses n’a été ajoutée que
er er er
par la loi spéciale du 25 avril 2004 modifiant les articles 6, § 1 , VIII, 4°, alinéa 1 , et 31, § 5, alinéa 1 ,
er
de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles et l’article 22, § 5, alinéas 1 et 2, de la loi
spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises, afin de préciser la compétence de contrôle
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 43
CH 2483-2484
44 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
la conférence des présidents d’assemblée a rendu applicable une nouvelle version du vade-
156
mecum (arrêtée par la Commission de contrôle fédérale deux mois plus tôt) aux
élections européennes, fédérales, régionales et communautaires du 26 mai 2019 via un
second protocole d’accord 157.
Il est donc permis de considérer qu’au dispositif légistique en place s’ajoute ce vade-mecum.
En théorie, celui-ci ne devrait être qu’un commentaire de la loi. Mais dans les faits, et
à bien des égards, il ajoute des règles nouvelles au dispositif normatif. En effet, « certaines
recommandations s’apparentent à de véritables règles de droit, de telle sorte que les
158
candidats peuvent être enclins à y voir des directives juridiquement contraignantes » .
Pour la seule matière des dépenses électorales, interviennent donc trois textes de loi 159,
complétés par un commentaire dont la force obligatoire est sujette à discussion et est
renforcée par la décision de la conférence des présidents d’assemblée, ainsi que cinq
commissions différentes, régies par cinq loi, décrets ou ordonnance différents. Ce tableau
se complexifie encore lorsque lui est ajoutée la matière du financement des partis.
Le principe en matière de financement paraît pourtant simple. L’Autorité fédérale est
compétente pour accorder un financement aux partis politiques, et c’est dès lors la
Commission de contrôle fédérale qui dispose d’une compétence de contrôle, via les
rapports financiers des partis. Mais depuis 2001, la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes
institutionnelles confie aux parlements des entités fédérées la possibilité d’accorder un
160
financement complémentaire aux partis : « Les parlements sont compétents en ce
qui concerne le financement complémentaire des partis politiques, tels que définis par
l’article 1er, 1°, de la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses
électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement flamand,
du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la Communauté
germanophone » 161. Cet article est rendu applicable au Parlement de la Communauté
germanophone par l’article 44 de la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles
156
Cf. Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité
des partis politiques, Commentaire et recommandations concernant l’interprétation de la loi du 4 juillet 1989
relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection de la Chambre des
représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques, n° 3491/1, 28 janvier
157
2019.
Protocole d’accord du 30 mars 2019 relatif à l’interprétation uniforme de la loi du 4 juillet 1989 relative
à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour les chambres fédérales [sic], ainsi qu’au
financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques, de la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation
et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection du Parlement européen et de la loi du
19 mai 1994 réglementant la campagne électorale, concernant la limitation et la déclaration des dépenses
électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la
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CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 45
pour la Communauté germanophone ; son texte est également reproduit dans l’article 22,
§ 6, de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises, ce qui
implique que le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale est lui aussi compétent
en matière de financement complémentaire des partis politiques.
Jusqu’à présent, seuls le Parlement wallon et le Parlement flamand ont mis cette
compétence à exécution, via leur règlement respectif (cf. supra). Une remarque s’impose
toutefois : la compétence est ici confiée aux parlements des entités fédérées, et non aux
entités fédérées elles-mêmes. Cela résulte du fait que le législateur spécial entendait,
à l’origine, confier la compétence aux Régions et à la Communauté germanophone,
mais que la section de législation du Conseil d’État a fait remarquer que le dispositif
constitutionnel ne permettait pas à la Communauté germanophone de se voir accorder
une compétence en matière de financement des partis. La section de législation du Conseil
d’État considère en effet que l’attribution à la Communauté germanophone d’une pareille
compétence se heurte à deux obstacles. D’une part, la loi spéciale du 8 août 1980 ne peut
faire mention de la Communauté germanophone, puisqu’elle concerne les seules
Communautés française et flamande, ainsi que les Régions wallonne et flamande.
D’autre part, l’article 38 de la Constitution prévoit que les Communautés disposent
des compétences qui leur sont reconnues par la Constitution ou les lois prises en vertu
de la celle-ci ; or « les articles de la Constitution qui ont trait aux compétences de la
Communauté germanophone (articles 130, 167 et 170, § 2) ne donnent aucunement
au législateur la possibilité d’attribuer à cette Communauté une compétence en matière
162
de financement des partis politiques » . Pour contourner cette objection de la section
de législation du Conseil d’État, le législateur spécial a donc opté pour un système confiant
la compétence aux parlements des entités fédérées, en considérant qu’il s’agit là plus
d’une modalité de fonctionnement des assemblées que d’une réelle compétence 163.
Toujours est-il que le Parlement wallon et le Parlement flamand accordent, en application
de cet article 31, § 6, de la loi spéciale et chacun en ce qui le concerne, une dotation
complémentaire aux partis. Or il semble que ce financement ne puisse faire l’objet d’aucun
contrôle. En effet, là où un lien est clairement tissé, au niveau fédéral, entre la publication
des comptes et le financement, ce qui implique un contrôle de la Commission de contrôle
fédérale, pareil lien n’existe pas au niveau des entités fédérées : les différentes commissions
de contrôle ne sont compétentes que pour contrôler les dépenses électorales des partis
et des candidats, à l’exclusion des rapports financiers que ces derniers doivent présenter.
Il y a donc une dissociation du financement et du contrôle de ce dernier aux niveaux
fédérés.
La question qui se pose donc est de savoir quel organe est compétent pour contrôler
le financement au niveau fédéré. La première réponse qui vient à l’esprit est que les
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162
Sénat, Projet de loi spéciale portant transfert de diverses compétences aux Régions et Communautés. Avis
du Conseil d’État 31.226/VR du 20 février 2001, n° 709/1, 29 mars 2001, p. 56-58.
163
En conséquence, il est possible de confier cette modalité de fonctionnement au Parlement de la
164
Communauté germanophone par une simple loi ordinaire.
Leur compétence comprend aussi les communications gouvernementales, mais cela sort de notre propos.
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46 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Toutefois, il est possible de proposer une autre lecture des choses. En effet, le périmètre
er
de consolidation des partis comprend, d’après l’article 1 , 1°, de la loi du 4 juillet 1989,
les groupes politiques au niveau des parlements de Région et de Communauté ainsi que
les institutions, créées sous la forme d’une asbl, qui perçoivent les dotations ou les
subventions octroyées par ces assemblées aux partis politiques. Dès lors, la dotation
accordée par les parlements des entités fédérées figure dans les comptes consolidés soumis
au contrôle de la Commission de contrôle fédérale. Est-ce à dire que ladite Commission
de contrôle fédérale est compétente pour contrôler le financement complémentaire
accordé par les parlements fédérés via la technique de la consolidation des comptes ?
Certains membres de la Commission de contrôle fédérale – qui préfèrent rester
anonymes – voient dans ce montage une anomalie qui ne correspond pas à la manière dont
le fédéralisme belge est conçu – en particulier, à l’absence de relation hiérarchique
entre l’Autorité fédérale et les entités fédérées.
165
Enfin, depuis la régionalisation de la matière des pouvoirs locaux opérée en 2001 , les
Régions – ainsi que la Communauté germanophone, à la suite du transfert de l’exercice
de cette compétence par la Région wallonne 166 – sont compétentes pour la limitation et
le contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection des conseils communaux
et provinciaux (et de district lorsqu’il y en a).
Une divergence d’interprétation de la portée exacte de la compétence transférée en matière
de contrôle des dépenses électorales est apparue à l’époque 167. D’une part, selon le
législateur fédéral et le législateur flamand – l’interprétation de ce dernier ayant été
implicitement validée le 20 décembre 2005 par la troisième chambre de la section de
législation du Conseil d’État 168 –, la compétence transférée devait s’interpréter largement ;
dès lors, elle comprenait non seulement le contrôle des dépenses électorales mais également
la réglementation matérielle touchant à la limitation desdites dépenses. D’autre part,
la quatrième chambre de la section de législation du Conseil d’État 169, suivie par le
législateur wallon, considérait au contraire que seul le contrôle des dépenses électorales
avait été transféré, à l’exclusion de leur limitation. Ainsi, les Régions ne seraient habilitées
qu’à régler le contrôle, par des organes régionaux, des dépenses électorales engagées pour
les élections locales, et non à fixer les plafonds de dépenses pour les mêmes élections.
Depuis lors, cette controverse a été tranchée par la loi spéciale du 30 juillet 2018 modifiant
l’article 6 de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles, en ce qui concerne
les dépenses électorales engagées pour les élections locales 170. Désormais, la disposition
modifiée prévoit que les Régions 171 sont compétentes pour régler « l’élection des organes
provinciaux, communaux et intracommunaux, ainsi que des organes des agglomérations
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 47
La compétence des entités fédérées pour adopter un cadre juridique entourant les partis
politiques est donc très limitée. Tout au plus les Régions et Communautés peuvent-elles
accorder un financement complémentaire aux partis politiques et, pour certaines d’entre
elles, limiter et contrôler les frais de campagne et les dépenses électorales opérées pour
les élections locales. En effet, rappelons-le, les entités fédérées ne sont pas compétentes
pour définir les règles applicables aux dépenses électorales de leurs propres parlements.
Cependant, elles peuvent contrôler l’application du cadre fédéral relatif aux dépenses
électorales pour l’élection de leurs propres parlements, et ont à ce titre adopté un vade-
mecum commun (à la force juridique cependant incertaine).
Dès lors, il n’est pas étonnant de constater qu’aucune entité fédérée n’a adopté le moindre
texte « organique » des partis politiques. Tout au plus peut-on mentionner que les partis
politiques apparaissent dans certaines législations des entités fédérées, sans que cela ne
permette de dégager un véritable statut particulier. Plus encore, les quelques dispositions
éparses qui peuvent être pointées dans les législations régionales et communautaires sont
un parfait miroir de celles que nous avons détaillées en ce qui concerne l’Autorité fédérale.
En effet, elles concernent principalement des enjeux électoraux communaux ou
provinciaux, comme la protection du logo des listes ainsi que leur dépôt, le contrôle
des dépenses électorales pour les élections locales, la capacité de désigner des témoins
électoraux pour surveiller les opérations électorales dans les bureaux de vote le jour du
scrutin, etc. Dans la grande majorité des cas, ces dispositions sont d’ailleurs directement
empruntées à la législation fédérale, moyennant quelques adaptations. Dès lors, il ne semble
pas nécessaire de les parcourir en détail ici.
Une conclusion s’impose donc. Les partis politiques ne sont pas davantage appréhendés
par le droit des entités fédérées que par le droit fédéral. L’explication de cet état des choses
tient peut-être, au moins partiellement, au système actuel, dont nous avons souligné le
caractère complexe. Certains auteurs 173 et le GRECO 174 ont proposé une simplification
du système, passant, au minimum, par une codification ou une coordination et, au
maximum, par une réforme profonde. Cependant, comme l’ont relevé les mêmes auteurs
et instances, « juridiquement, il est difficile d’entreprendre un processus de coordination
ou de codification qui engloberait des textes adoptés par des niveaux de pouvoir
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172
173
Nous soulignons.
Cf. entre autres M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 628.
174
Cf. GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
175
op. cit., recommandation I.
M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 628.
CH 2483-2484
5. LE CONTRÔLE DES PARTIS POLITIQUES
Nous avons vu que le cadre législatif qui entoure la vie des partis politiques en Belgique
est pour le moins parcellaire et qu’aucun statut particulier ne se dégage réellement des
dispositions éparses qui existent et concernent les associations politiques. Outre le droit
commun des associations (de fait et sans but lucratif), qui s’applique bien évidemment
aux partis, les textes légaux les plus cohérents et systématiques concernant les partis
politiques ne touchent qu’à leurs enjeux financiers et comptables. Mais, même dans la
sphère restreinte de ce domaine, la loi ne couvre pas tout le champ des possibles : le
contrôle qui pèse sur les partis politiques apparaît comme un contrôle marginal, tant
au niveau fédéral qu’au niveau des entités fédérées. Cela tient essentiellement au fait que
les différentes commissions de contrôle dont nous avons déjà parlé sont toutes des
commissions composées exclusivement ou principalement de parlementaires, c’est-à-dire
d’hommes et de femmes politiques qui doivent pour la plupart leur élection à leur parti
politique.
Le contrôle des partis politiques semble dès lors fortement endogène, ce qui implique
de légitimes questionnements quant à son impartialité. Ainsi, le GRECO note au sujet des
différentes commissions de contrôle mises en place au sein des assemblées parlementaires
belges : « On ne peut pas parler d’un système de contrôle indépendant (…). La
composition des commissions confère un rôle prééminent/exclusif aux partis politiques
et en pratique, elles feraient montre d’un manque de volonté lorsqu’il s’agit d’exercer un
véritable contrôle et de prendre des décisions susceptibles de conduire à une sanction,
même lorsque la Cour des comptes décèle de possibles manquements ou émet des réserves.
Cela est renforcé par d’autres facteurs comme les alliances politiques ou dictées par l’accès
au financement politique, ou encore les règles de vote à la majorité qualifiée » 176.
176
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 24. Lorsqu’il fait référence aux « règles de vote à la majorité qualifiée », le GRECO renvoie aux
règles qui président au vote des décisions de sanction prises par la Commission de contrôle fédérale :
d’après les statuts de celle-ci, ces décisions doivent être adoptées à la majorité des deux tiers à condition
que deux tiers au moins des membres de la Commission soient présents. Cf. l’article 13 des statuts de la
Commission (dont la dernière version a été publiée au Moniteur belge du 4 mars 2016).
CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 49
financiers des partis politiques, tant concernant leur comptabilité que leurs dépenses
électorales (ainsi que les dépenses électorales des candidats) pour les élections fédérales
et les élections européennes, de formuler des observations quant à ces rapports et de les
approuver ou, au contraire, de sanctionner les partis (ou candidats) qui contreviendraient,
à son sens, à la loi.
Cette commission est une commission parlementaire classique ; elle est donc constituée
de membres de la Chambre des représentants 177. Plus précisément, il s’agit d’une
« commission composée de dix-sept députés fédéraux et de quatre experts, dont deux
néerlandophones et deux francophones proposés par la Chambre des représentants ».
La Commission de contrôle fédérale est présidée par le président de la Chambre des
178
représentants. À l’exception du président, les membres et les experts ont le droit de vote .
Cette composition appelle plusieurs observations.
Le contrôle mis en place par la loi du 4 juillet 1989 apparaît clairement comme un contrôle
par les pairs. En effet, les comptes des partis politiques sont contrôlés par un organe
composé majoritairement par des parlementaires fédéraux. Rappelons que, dans le
contexte belge, et malgré la fiction de l’article 42 de la Constitution, les parlementaires
apparaissent souvent entravés par la discipline voire la coercition du parti (cf. supra).
Cela revient à dire, en empruntant un raccourci qui ne semble pas abusif, que les comptes
des partis sont contrôlés par des représentants des partis. Comme le relèvent nombre
d’auteurs ainsi que le GRECO, il s’agit d’un système de « contrôleur contrôlé », qui peut
amener à mettre en cause le caractère indépendant de la Commission de contrôle fédérale.
Cette critique n’est pas fondée uniquement sur des considérations théoriques. Comme le
relevait le GRECO en 2009, « au niveau fédéral, une demi-douzaine de dossiers seulement
ont concerné depuis 1989 les comptes de partis politiques peu puissants ; la moitié d’entre
eux concernaient le même parti et dans certains dossiers pour lesquels la [Commission
de contrôle fédérale] a été amenée à prendre une décision, sa décision s’est parfois vue
bloquée par le fait que l’un des membres avait quitté la réunion (absence de quorum),
la [Commission de contrôle fédérale] n’ayant pas reporté l’examen du point à une réunion
179
ultérieure » . Par exemple, le député Léon Walry (PS) n’a jamais été sanctionné pour
un dépassement substantiel du plafond de dépenses électorales pour les élections de la
Chambre des représentants du 10 juin 2007 (il avait dépensé 10 390 euros, alors qu’il
n’avait droit qu’à 5 000 euros), en raison du fait que le quorum de présences au sein
de la Commission de contrôle fédérale n’était pas atteint et que, lorsqu’un député, alerté,
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177
Avant la sixième réforme de l’État, cette commission était un organe commun à la Chambre des
représentants et au Sénat. Par conséquent, elle était constituée paritairement de membres de la Chambre
et du Sénat et présidée par les présidents de chaque assemblée. Les membres de la Commission étaient
désignés par l’assemblée plénière de la Chambre ou du Sénat.
178 er
179
Article 1 , 4°, de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 24. Depuis 2009, de nouveaux cas se sont produits.
CH 2483-2484
50 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Commission de contrôle fédérale disposant, dans cette affaire, d’un délai particulier
180
pour prendre une sanction, L. Walry n’a jamais été inquiété .
La sixième réforme de l’État a entendu répondre à cette critique par l’adjonction aux
parlementaires de la Commission de contrôle fédérale de quatre experts, nommés par
l’assemblée plénière de la Chambre des représentants. Ces experts disposent d’un droit
181
de vote au sein de la Commission de contrôle fédérale .
Cela apparaît certes comme une avancée en termes d’objectivation de la décision, mais
cela ne rencontre pas totalement les critiques du GRECO, dans la mesure où le contrôle
demeure de manière prééminente entre les mains des partis politiques 182. D’autant que
certains parlementaires et observateurs ont pu émettre la critique que, étant nommés par
l’assemblée plénière de la Chambre, les experts sont sélectionnés sur une base politique,
ce qui peut entraîner une certaine politisation de ces derniers. Très concrètement, il a par
ailleurs été reproché à certains des experts en fonction au cours de la législature fédérale
2014-2019 d’avoir des affinités avec des partis de la majorité, voire parfois d’être membres
de ces partis 183, au moins pour trois d’entre eux 184. À ce titre, l’adjonction d’experts à la
Commission de contrôle fédérale apparaît comme insuffisante pour permettre de lever
tout doute légitime quant à l’impartialité du contrôle qu’elle assure. Or, comme l’a relevé,
à une époque où la Commission ne comptait pas encore d’experts, le constitutionnaliste
Marc Verdussen (UCL), « la simple existence d’un doute (…) suffit à ébranler la confiance
que mérite une telle institution » 185. Force est de constater que, même après la sixième
réforme de l’État, l’appréciation de M. Verdussen conserve toute son actualité.
Le fait que la Cour des comptes intervienne dans la procédure, à titre d’avis et de conseil,
ne semble pas de nature à nuancer cette affirmation, comme le souligne également le
GRECO 186.
180
La Libre Belgique, 8 mars 2008 ; Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses
électorales et de la comptabilité des partis politiques, Les dépenses électorales engagées par les partis politiques
et les candidats individuels pour les élections des chambres législatives fédérales du 10 juin 2007. Rapport,
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CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 51
187
Ces articles ont été insérés respectivement par l’article 15 et l’article 30 de la loi du 6 janvier 2014 modifiant
la loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour les
élections des chambres fédérales ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques,
le Code électoral, la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales
engagées pour l’élection du Parlement européen et la loi du 19 mai 1994 réglementant la campagne
électorale, concernant la limitation et la déclaration des dépenses électorales engagées pour les élections
du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du
Parlement de la Communauté germanophone, et fixant le critère de contrôle des communications officielles
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CH 2483-2484
52 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
(cf. supra), l’absence de décision de sanction peut être tout aussi problématique qu’une
décision de sanction. En imaginant qu’un parti politique appartenant à la majorité
gouvernementale enfreint de manière manifeste la législation relative à sa comptabilité,
mais que les partenaires de coalition du parti en question se refusent, pour des raisons
stratégiques, à le sanctionner, on se trouve dans une situation où aucun recours ne peut
être introduit pour corriger ce qu’il convient pourtant bien d’appeler une illégalité,
commise avec l’assentiment, potentiellement tacite, de la majorité. Il s’agit certes là d’un
cas extrême, mais il pourrait, en théorie, se produire.
On ne peut donc que constater que, malgré quelques avancées engrangées par la sixième
réforme de l’État, le contrôle de la comptabilité et des dépenses électorales demeure fort
lacunaire. Les partis politiques restent (presque) les seuls maîtres à bord, ce qui laisse
planer le doute quant à l’impartialité de leurs décisions.
192
Et, pour certaines d’entre elles, le contrôle des communications du gouvernement, mais cela sort de
l’objet du présent Courrier hebdomadaire.
193
Alors que ce contrôle et l’obligation de comptabilité ouverte corrélative sont liés à l’octroi d’un financement
public : « Les obligations imposées par la loi du 4 juillet 1989 ont toujours été présentées comme
des contreparties au financement public des partis politiques instauré par cette même législation »
194
(M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 625).
195
Article 36 de la loi du 6 janvier 2014 précitée.
Article 1, 5°, de la loi du 19 mai 1994 précitée.
CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 53
CH 2483-2484
54 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Tableau 1. Réglementation relative au financement des partis et au contrôle des dépenses électorales (2020)
Financement des partis Contrôle des dépenses électorales Financement des partis Contrôle des dépenses électorales
Réglementation
Norme de référence Loi du 4 juillet 1989 relative à la Loi du 4 juillet 1989 relative à la (Financement complémentaire des partis Loi du 19 mai 1994 réglementant la
limitation et au contrôle des dépenses limitation et au contrôle des dépenses politiques) campagne électorale, concernant la
électorales engagées pour les élections électorales engagées pour les élections Loi spéciale du 8 août 1980 de réformes limitation et la déclaration des dépenses
de la Chambre des représentants, ainsi de la Chambre des représentants, ainsi institutionnelles, art. 31, § 6 (Parlement électorales engagées pour les élections
qu’au financement et à la comptabilité qu’au financement et à la comptabilité wallon, Parlement flamand et Parlement du Parlement wallon, du Parlement
ouverte des partis politiques ouverte des partis politiques de la Communauté germanophone) flamand, du Parlement de la Région
Loi spéciale du 12 janvier 1989 relative de Bruxelles-Capitale et du Parlement
aux institutions bruxelloises, art. 22, § 6 de la Communauté germanophone,
(Parlement de la Région de Bruxelles- et fixant le critère de contrôle des
Capitale) communications officielles des autorités
publiques
Compétence Matière fédérale Matière fédérale Matière fédérée Matière fédérale
Contrôle politique
Commission de contrôle des dépenses Commission de contrôle des dépenses Commission de contrôle des dépenses Parlement régional ou communautaire,
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CONCLUSION
L’exposé des différentes normes qui affectent, d’une manière ou d’une autre, la vie des
partis politiques en Belgique appelle quelques commentaires critiques.
Malgré une ressemblance de façade, les différentes définitions légales du parti politique
comportent des nuances qui conduisent à ce qu’un même groupement puisse être qualifié
de parti par certaines législations et non par d’autres. En outre, le système mis en place
apparaît particulièrement complexe et donc peu lisible pour le citoyen, d’autant que
les partis ne sont appréhendés légalement que via le spectre électoral ou financier. Or les
partis sont censés être les intermédiaires entre l’État et le citoyen. On peut donc s’étonner
du fait qu’ils jouent un tel rôle alors que leur statut et leur fonctionnement apparaissent
si nébuleux pour bon nombre de citoyens. Tous ces éléments semblent pointer vers
deux constats. D’une part, les partis apparaissent en mouvement d’« institutionnalisation »
croissante et échappent de plus en plus au citoyen. D’autre part, la complexité du système
est peut-être due au fait que les partis s’auto-régulent puisqu’ils sont, concrètement, les
législateurs.
Il n’existe aucune définition juridique belge du parti politique qui ait vocation à s’appliquer
de manière transversale. La littérature politologique identifie en effet cinq aires principales
que les lois régissant les partis politiques peuvent couvrir 196 : la définition du parti
politique et les procédures permettant à un groupement d’être reconnu comme tel ; la
réglementation des activités auxquelles un parti politique peut se livrer ; l’organisation
interne des partis politiques ; le financement public des partis politiques et le contrôle
du financement des campagnes électorales ; et enfin, de manière transversale, les sanctions
auxquelles s’exposent des partis politiques violant les normes juridiques qui leur sont
applicables. Il apparaît clairement que le droit belge n’intervient que dans une seule de
ces cinq aires potentielles : celle de la régulation du financement public, de la comptabilité
des partis et du contrôle des dépenses électorales 197. Si l’on s’en réfère à la volonté du
législateur de 1989, ce n’est que sous cet angle limité que le parti politique est défini.
Mais il n’est pas même défini de manière uniforme : les sept définitions légales des partis
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196
J.-B. PILET, É. VAN HAUTE, Critères, conditions et procédures applicables à la création d’un parti politique
dans les États membres de l’Union européenne, op. cit., p. 13.
197
Il pourrait cependant être considéré que l’aire transversale des sanctions pouvant frapper les partis
politiques est également couverte, au moins partiellement, puisque, entre autres, les articles 15bis et 15ter
permettent de priver un parti de sa dotation publique en tout ou en partie.
CH 2483-2484
56 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
Cela signifie qu’un même groupement pourrait, en cas d’élections simultanées pour la
198
Chambre des représentants et pour les parlements des entités fédérées , constituer un
parti politique au sens de la loi du 19 mai 1994 (qui est relative aux élections régionales
et communautaires), mais pas au sens de celle du 4 juillet 1989 (qui concerne les élections
fédérales). Imaginons une formation politique qui présente des candidats en Région
wallonne, tant pour l’élection du Parlement wallon que pour celle de la Chambre des
représentants. En raison de son implantation relativement locale, ce groupement ne
présente des candidats que dans certaines circonscriptions, couvrant la même zone
géographique : deux circonscriptions (sur cinq circonscriptions fédérales en Wallonie)
à la Chambre (disons le Hainaut et le Brabant wallon) et cinq (sur onze circonscriptions
régionales wallonnes) pour le Parlement wallon (Charleroi–Thuin, Mons, Soignies–
La Louvière, Tournai–Ath–Mouscron et Nivelles). Après une campagne fructueuse, trois
de ses candidats sont élus à la Chambre et six au Parlement wallon. Cette formation
politique, représentée par des élus tant à la Chambre des représentants qu’au Parlement
wallon, est-elle un parti politique ? Il est impossible de donner une réponse univoque
à cette question. Au sens de la loi du 4 juillet 1989, le groupement n’ayant pas présenté de
candidats dans « chaque circonscription électorale d’une Communauté ou d’une Région »,
il ne répond pas à la définition légale du parti politique. Partant, pour l’élection de la
Chambre, il ne s’agit pas d’un parti politique ; en toute logique, il ne devrait donc pas être
soumis à l’obligation de la publicité des comptes et ne devrait percevoir aucune dotation
publique. En revanche, dans le cadre du scrutin régional wallon – qui a lieu le même
jour –, cette même formation politique est bel et bien un parti puisqu’il suffit, pour
satisfaire à la définition légale dans ce cas, de « présente[r] des candidats », sans exigence
relative au nombre de circonscriptions. Il aura alors droit à la dotation régionale wallonne
accordée aux partis, mais uniquement car il forme un « groupe politique reconnu » 199
au sein du Parlement wallon, c’est-à-dire un groupe formé de cinq membres au moins 200.
Son droit à la dotation sera donc lié à sa performance électorale plus qu’à son statut de
parti politique. Bref, la même formation politique, qui présente des candidats aux mêmes
endroits lors d’élections ayant lieu le même jour, est simultanément un parti politique
pour les élections wallonnes mais pas pour les élections fédérales. Il y a là de quoi être
perplexe, d’autant que les deux normes apparemment discordantes émanent toutes deux
du même niveau de pouvoir, à savoir l’Autorité fédérale.
198
Ce qui, pour rappel, s’est déjà produit à quatre reprises (21 mai 1995, 13 juin 1999, 25 mai 2014 et 26 mai
2019) et qui, dans l’état actuel de la législation et sauf le cas de la survenance d’élections fédérales anticipées,
semble devoir être systématiquement de mise à l’avenir. En effet, il résulte de la révision des articles 46,
65, 117 et 118 de la Constitution (opérée dans le cadre de la sixième réforme de l’État) un alignement
des élections fédérales et des élections régionales et communautaires. En l’occurrence, il est prévu que
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 57
CH 2483-2484
58 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
L’opacité du cadre normatif entourant les partis politiques est d’autant plus troublante
201
que l’on constate un certain « mouvement vers l’État » de ces mêmes partis. Ce
mouvement prend des accents très concrets en Belgique, notamment à travers la récente
apparition des partis politiques dans l’article 77 révisé de la Constitution. Le constituant
semblait considérer que les lois visées à l’article 77 sont des « lois ordinaires (…) qui
revêtent un caractère institutionnel » 202. Ainsi que l’exposait le juriste Dajo De Prins, il
est difficile de ne pas voir là le symptôme de l’éloignement des partis politiques de la
société civile et de leur rapprochement corrélatif des structures de l’État. Ce rapprochement
est fort visible lorsque sont analysées les sources de financement des partis politiques,
en raison de la limitation des possibilités de dons de personnes privées aux partis.
Aujourd’hui, la part de dotation publique dans les recettes totales des partis politiques
(ayant droit à la dotation) excède systématiquement 60 %, et elle peut atteindre 95 % 203.
En d’autres termes, les partis politiques financés publiquement doivent aujourd’hui
la toute grande majorité de leurs ressources à un financement étatique.
Aujourd’hui, considérer les partis comme des institutions indispensables au
fonctionnement du système politique et électoral ne constitue plus un abus de langage.
L’histoire de la législation électorale belge n’est autre que l’histoire d’une loi construite
par les partis de manière à consolider leur rôle. C’est que, il ne faut jamais l’oublier, les
partis politiques sont très largement les réels législateurs en Belgique. C’est leur accord
qui détermine les grandes lignes de la politique législative qui sera menée ; c’est également
leur accord qui leur permet de s’octroyer un financement public, d’imposer un seuil
électoral ou de découper les circonscriptions électorales 204. La régulation des partis
politiques apparaît en fait comme un phénomène endogène qui aboutit à une auto-
régulation, parfois coulée dans un texte légal. Lorsque les partis ont besoin de clarté ou
de légitimité, ils peuvent se saisir de l’instrument législatif pour agir (il en a été ainsi, par
exemple, de la question du financement public des partis politiques) ; lorsqu’il semble
indispensable d’imposer les mêmes règles à tous les compétiteurs, la norme juridique
apparaît comme un outil privilégié (par exemple, en matière de contrôle des dépenses
électorales). Mais il ne s’agit pas pour les partis politiques de s’imposer des contraintes
excessives : l’empire de la loi s’arrête là où commence l’intérêt des partis.
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CH 2483-2484
ANNEXE
Source : Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité
des partis politiques, Loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales
engagées pour l’élection de la Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité
ouverte des partis politiques. Publication des rapports financiers sur la comptabilité des partis politiques et
de leurs composantes (exercice 2019), n° 1384/1 à 1384/4, 24 juin 2020 et n° 1384/5 (errata), 8 octobre
2020.
Remarque : Le Parti populaire s’est auto-dissous le 18 juin 2019.
Légende :
(par défaut : association de fait)
asbl : association sans but lucratif
f : fondation
sc : société civile
scrl : société coopérative à responsabilité limitée
En italique : l’association « article 22 » recevant la dotation publique.
N-VA
1. Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) asbl
2. Vlaams Pers, Radio- en TV- Instituut (VPRTI) asbl
3. Vereniging Vlaamse Mandatarissen (VVM) asbl
4. N-VA fractie Vlaams Parlement
5. N-VA Kamerfractie
6. N-VA Senaatsfractie
7. N-VA fractie Brussels Hoofdstedelijk Parlement
8. Politiek Vormingscentrum Lodewijk Dosfel (PVCLD) asbl
9. Nieuw-Vlaamse Alliantie Antwerpen asbl
10. Nieuw-Vlaamse Alliantie Vlaams-Brabant asbl
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CH 2483-2484
60 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
PS
1. Fondation socialiste d’information et de gestion (FONSOC) asbl
2. Parti socialiste - Fédération du Brabant wallon asbl
3. Gestion et financement de la Fédération bruxelloise du Parti socialiste
(GEFEBRU) asbl
4. Gestion et financement de la Fédération socialiste de Charleroi (GEFI) asbl
5. Parti socialiste - Fédération de Dinant–Philippeville asbl
6. Parti socialiste - Fédération de Wallonie picarde asbl
7. Fédération de Huy–Waremme du Parti socialiste asbl
8. Parti socialiste - Fédération de Liège asbl
9. Fédération luxembourgeoise du Parti socialiste asbl
10. Parti socialiste - Fédération de Mons-Borinage asbl
11. Gestion de la Fédération socialiste de l’arrondissement de Namur (FESONAM) asbl
12. Parti socialiste - Fédération du Centre asbl
13. Parti socialiste - Fédération de Thuin asbl
14. PS Arrondissement de Verviers asbl
15. Regionalverband der Sozialisten und Sozialdemokraten im Gebiet deutscher Sprache
asbl
16. Groupe socialiste du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
17. Groupe socialiste du Conseil régional de Bruxelles-Capitale
18. Groupe socialiste du Sénat
19. Groupe socialiste de la Chambre
20. Groupe socialiste du Parlement wallon
21. Fraktion der Sozialistschen/Sozialdemokratischen Partei im Parlement der
Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
22. Institut Émile Vandervelde (IEV) asbl
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CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 61
Vlaams Belang
1. Vlaams Belang
2. Vrijheidsfond asbl
3. Algemeen Vlaams Belang asbl
4. Antwerps Vormingsinstituut (AVI) asbl
5. Vlaams Belang Vlaams-Brabant asbl
6. Nationalistisch Vormingsinstituut Limburg (NVL) asbl
7. Kamiel Van Damme asbl
8. Jan Breydel asbl
9. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Antwerpen asbl
10. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant asbl
11. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Limburg asbl
12. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen asbl
13. Vlaams Belang Provincieraadsfractie West-Vlaanderen asbl
14. Vlaams Belang Provincie Antwerpen
15. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Antwerpen
16. Vlaams Belang Regio Koepel Antwerpen
17. Vlaams Belang Regio Antwerpen-Zuid
18. Vlaams Belang Regio Voorkempen
19. Vlaams Belang Mechelen–Lier
20. Vlaams Belang Kempen
21. Vlaams Belang Provincie Vlaams-Brabant
22. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant
23. Vlaams Belang Regio Halle
24. Vlaams Belang Regio Leuven
25. Vlaams Belang Regio Brussel 19
26. Vlaams Belang Regio Vilvoorde
27. Vlaams Belang Provincie Limburg
28. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Limburg
29. Vlaams Belang Regio Limburg
30. Vlaams Belang Provincie Oost-Vlaanderen
31. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen
32. Vlaams Belang Regio Aalst
33. Vlaams Belang Regio Dendermonde–Sint-Niklaas
34. Vlaams Belang Regio Gent–Eeklo
35. Vlaams Belang Provincie West-Vlaanderen
36. Vlaams Belang Provincieraadsfractie West-Vlaanderen
37. Vlaams Belang Regio Brugge
38. Vlaams Belang Regio Kortrijk–Roeselare–Tielt
39. Vlaams Belang Regio Westhoek–Middenkust
MR
1. Gestion et action libérale (GAL) asbl
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CH 2483-2484
62 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
CD&V
1. Agora asbl
2. Unitas asbl
3. CEDER, Studiedienst van de Vlaamse Christendemocraten asbl
4. CD&V-Kamerfractie
5. CD&V-Senaatsfractie
6. CD&V-fractie Vlaams Parlement
7. CD&V-fractie in het Brussels Hoofdstedelijk Parlement
8. CD&V-fractie Provincieraad Antwerpen
9. Unitas Provincie Antwerpen asbl
10. Tehuis van CD&V scrl
11. Unitas Arrondissement Limburg asbl
12. CD&V-Provincieraadsfractie Limburg
13. CD&V-Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant asbl
14. Unitas Provincie Vlaams-Brabant asbl
15. Unitas Hoofdstedelijke Afdeling Brussel asbl
16. CD&V-fractie Provincie Vlaams-Brabant
17. CD&V-Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen
18. Unitas Provincie Oost-Vlaanderen asbl
19. CD&V-Provincieraadsfractie Provincie West-Vlaanderen asbl
20. Unitas Provincie West-Vlaanderen asbl
PTB
1. PVDA-PTB-22 asbl
2. Parti du travail de Belgique - Partij van de Arbeid van België
3. Dienen asbl
4. Studio 171 asbl
5. Service d’étude PTB asbl
6. PVDA Provincie Antwerpen asbl
7. PVDA Antwerpen
8. PVDA Limburg
9. PVDA Oost-Vlaandren
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 63
Open VLD
1. Libera asbl
2. Vlaamse Liberalen en Democraten
3. Centrum voor Maatschappelijke Informatie (CMI) asbl
4. Liberaal Studiecentrum (LSC) asbl
5. Centrum voor Vorming en Beleid (CVB) scrl
6. VLD Kamerfractie asbl
7. VLD Senaatsfractie asbl
8. VLD fractie Vlaams Parlement asbl
9. VLD fractie Brusselse Hoofstedelijke Raad
10. VLD Oost-Vlaanderen asbl
11. Open VLD Arrondissement Antwerpen asbl
12. Vlaamse Liberalen en Democraten West-Vlaanderen asbl
13. VLD-Limburg
14. Open VLD-fractie Provincie Antwerpen asbl
15. Open VLD-fractiewerking Antwerpen
16. Open VLD-fractie Provincieraad Vlaams-Brabant asbl
17. VLD-fractie Vlaams-Brabant asbl
18. Open VLD-Provincie Oost-Vlaanderen asbl
19. Open VLD-fractie Provincieraad Oost-Vlaanderen asbl
20. Open VLD-fractie West-Vlaanderen asbl
21. Open VLD-Provincieraadsfractie Limburg
22. Liberaal Studiecentrum Limburg (LSL) asbl
23. Open VLD Provincie Antwerpen asbl
Écolo
1. Ecodota – Écolo fédéral asbl
2. Etopia asbl
3. Écolo j asbl
4. Groupe parlementaire auprès du Sénat
5. Groupe parlementaire auprès de la Chambre des représentants
6. Groupe parlementaire auprès du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
7. Groupe parlementaire auprès du Parlement régional wallon
8. Groupe parlementaire auprès du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale
9. Groupe parlementaire auprès du Parlement francophone bruxellois
10. Ecolo Fraktion im Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
11. Régionale d’Arlon–Marche–Bastogne
12. Régionale du Brabant wallon
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64 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES
SP.A
1. Organisatie Socialistische Partij (OSP) asbl
2. SP.A
3. SP.A fractie Vlaams Parlement
4. SP.A Kamer van Volksvertegenwoordigers
5. SP.A fractie Senaat
6. SP.A fractie Provincie Oost-Vlaanderen
7. SP.A Oost-Vlaanderen
8. Osp.a Oost-Vlaanderen asbl
9. SP.A fractie Provincie Antwerpen
10. SP.A Antwerpen
11. OSP.A Antwerpen asbl
12. SP.A fractie Provincie West-Vlaanderen
13. SP.A West-Vlaanderen
14. OSP.A West-Vlaanderen asbl
15. Mostaert asbl
16. SP.A Federatie Brussel
17. one.brussels-sp.a
18. SP.A fractie Provincie Vlaams-Brabant
19. SP.A Vlaams-Brabant
20. OSP.A Vlaams-Brabant asbl
21. SP.A fractie Provincie Limburg
22. SPA. Limburg
23. Socialistisch Studie- en Documentatiecentrum Willy Claes (SDWC) asbl
Groen
1. Groen nationaal
2. Groen Fonds asbl
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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 65
CDH
1. Action solidaire asbl
2. Centre permanent pour la citoyenneté et la participation (CPCP) asbl
3. Unio asbl
4. CDH Arrondissement d’Arlon asbl
5. Centre démocrate humaniste de l’arrondissement de Ath asbl
6. Action solidaire Bastogne asbl
7. Bruxelles Action asbl
8. CDH Arrondissement de Charleroi asbl
9. CDH de l’arrondissement de Dinant asbl
10. CSP d’Eupen
11. CDH Arrondissement Huy–Waremme asbl
12. Action sociale chrétienne de l’arrondissement de Liège asbl
13. Action solidaire Marche asbl
14. CDH Arrondissement de Mons asbl
15. CDH Arrondissement Mouscron–Comines asbl
16. CDH Arrondissement de Namur asbl
17. CDH Arrondissement de Neufchâteau asbl
18. Centre démocrate humaniste du Brabant wallon asbl
19. La Maison du CDH asbl
20. CDH Arrondissement de Soignies asbl
21. Profil d’avenir - CDH Arrondissement de Thuin asbl
22. Financière du CDH de l’arrondissement de Tournai asbl
23. Centre démocrate humaniste - Arrondissement de Verviers asbl
24. Financière de l’arrondissement de Virton asbl
25. Province du Luxembourg
26. Groupe CDH du Sénat
27. Groupe CDH de la Chambre des représentants
28. Groupe CDH du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
29. Groupe CDH du Parlement bruxellois
30. Groupe CDH du Parlement wallon
31. Fraktion des CSP im Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
32. Groupe provincial CDH-BW asbl
33. Groupe CDH de la Province de Liège
34. Groupe des conseillers provinciaux CDH de la Province de Namur asbl
35. Groupe CDH de la Province de Luxembourg
36. Groupe des conseillers provinciaux CDH du Hainaut asbl
37. Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS-F) asbl
38. Immobilière des Deux Églises sc
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PP
1. Financement public du PP asbl
2. Fondation populaire f
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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES