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La régulation juridique des partis politiques

Thibault Gaudin
Dans Courrier hebdomadaire du CRISP 2020/38 (n° 2483-2484), pages 5 à 68
Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
ISBN 9782870752562
DOI 10.3917/cris.2483.0005
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Courrier hebdomadaire
n° 2483-2484 • 2020

La régulation juridique
des partis politiques

Thibault Gaudin
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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 5

1. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA CONSTITUTION 8


1.1. Le silence de la Constitution du 7 février 1831 8
1.2. Trois dispositions constitutionnelles implicites : les articles 27, 62 et 68 10
1.2.1. L’article 27 : la liberté d’association 11
1.2.2. L’article 62 : la représentation proportionnelle 11
1.2.3. L’article 68 : la répartition des sièges au Sénat 13
1.3. Trois dispositions constitutionnelles pouvant avoir un impact sur les partis
politiques : les articles 42, 65 et 70 13
1.3.1. L’article 42 : l’interdiction du mandat impératif 14
1.3.2. Les articles 65 et 70 : la durée de la législature 15
1.3.3. La lecture combinée des articles 42, 65 et 70 :
l’interdiction de la discipline de parti ? 15
1.4. La seule (et récente) base constitutionnelle : l’article 77 16
1.4.1. L’intégration des partis politiques au champ de l’explicite constitutionnel 17
1.4.2. L’absence de définition constitutionnelle ou de disposition de principe 17
1.4.3. Une consécration constitutionnelle toute relative 18

2. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION FÉDÉRALE 20


2.1. La définition issue de la loi du 4 juillet 1989 20
2.1.1. L’analyse de la définition légale du parti politique 21
2.1.2. Le caractère de précédent de la définition 23
2.2. La loi du 4 juillet 1989 et ses principaux prescrits 25
2.2.1. Une conséquence de la définition légale : l’absence de personnalité juridique 26
2.2.2. Le contrôle des dépenses électorales 29
2.2.3. L’obligation de comptabilité ouverte 31
2.2.4. Le droit à un financement public 32
2.3. La loi du 4 juillet 1989, une législation organique ? 36

3. LES PARTIS POLITIQUES DANS LE CODE ÉLECTORAL 37


3.1. La désignation des sénateurs 38
3.2. Le droit de recevoir une copie de la liste des électeurs 38
3.3. Le droit à la protection d’un sigle ou d’un logo 40
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3.4. Le Code électoral : un bien pauvre matériau 40

4. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION DES ENTITÉS FÉDÉRÉES 41


4.1. Une répartition complexe des compétences 41
4.1.1. Les compétences de l’Autorité fédérale 42
4.1.2. Les compétences des entités fédérées 42
4.2. Une législation fédérée peu développée 47
5. LE CONTRÔLE DES PARTIS POLITIQUES 48
5.1. Au niveau fédéral 48
5.1.1. Un contrôle par les pairs 49
5.1.2. La présence d’experts 50
5.1.3. L’existence d’un droit de recours 51
5.2. Au niveau des entités fédérées 52

CONCLUSION 55

ANNEXE 59
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INTRODUCTION

La forme de gouvernement en vigueur en Belgique est régulièrement qualifiée de


particratie, c’est-à-dire de régime de partis. La définition de cette notion ne fait pas
consensus – pas plus que sa dénomination, puisque certains préfèrent parler de
partitocratie voire de démocratie des partis. Certains politologues définissent la particratie
comme « une variante de la démocratie parlementaire classique (avec des élections libres
concernant les chambres législatives ; un pluralisme des partis ; des visions de société
et des opinions publiques ; une séparation institutionnelle des pouvoirs et un respect
des libertés des citoyens), dans laquelle les partis politiques, plus que tout autre acteur
du système politique (parlement, gouvernement et administration, pouvoir judiciaire,
1
médias), déterminent le processus de décision politique » . D’autres, contestant que la
particratie soit une variante du régime parlementaire, proposent une définition plus stricte :
il s’agit d’un système dans lequel les partis politiques dominent complètement le parlement
et/ou détiennent un contrôle monopolistique sur le processus gouvernemental 2. En
définitive, chaque auteur semble proposer sa propre définition et attacher à la notion
des caractéristiques particulières 3.
La notion même de « parti politique » n’a pas de contours unanimement acceptés et
arrêtés. Signalons simplement ici que, parmi les multiples définitions, plus ou moins
détaillées, dont regorge la science politique, celle de Joseph LaPalombara et Myron Weiner
est l’une des plus largement acceptées. Selon ces deux politologues états-uniens, un parti
politique présente quatre caractéristiques qui le différencient d’autres types de groupements
politiques : il s’agit d’une organisation « durable, c’est-à-dire une organisation dont
l’espérance de vie ne dépend pas de celle de ses dirigeants en place » ; d’une organisation
« bien établie et vraisemblablement permanente au niveau local, qui entretient une
communication régulière et d’autres rapports avec l’échelon national » ; d’une organisation
qui se caractérise aussi par « la volonté délibérée de ses dirigeants, tant au niveau local
qu’au niveau national, d’accéder au pouvoir et de l’exercer, seuls ou en coalition avec
d’autres, et non pas seulement d’influencer l’exercice du pouvoir » ; d’une organisation
qui se caractérise enfin par « le souci de rechercher un soutien populaire lors des élections
ou de toute autre manière » 4.
Quoi qu’il en soit, il est indéniable qu’il existe des partis politiques en Belgique et que
ceux-ci occupent une place centrale dans l’exercice du pouvoir politique 5. De multiples
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1
L. DE WINTER, « De partijpolitisering als instrument van de particratie. Een overzicht van de ontwikkeling
2
sinds de Tweede Wereldoorlog », Res Publica, volume 23, n° 1, 1981, p. 54.
Cf., par exemple, D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, Bruges, Die Keure, 2011, p. 78 ; W. DEWACHTER,
3
De mythe van de parlementaire democratie: een Belgische analyse, Louvain, Acco, 2001, p. 391.
Cf., entre autres, les caractéristiques mises en évidence par D.-L. SEILER, La politique comparée, Paris,
Armand Colin, 1982, p. 75-76 ; M. CALISE, « The Italian Particracy: Beyond President and Parliament »,
4
Political Science Quarterly, volume 109, n° 3, 1994, p. 441-460.
J. LAPALOMBARA, M. WEINER, « The Origin and Development of Political Parties », in J. LAPALOMBARA,
M. WEINER (dir.), Political Parties and Political Development, Princeton, Princeton University Press,
5
1966, p. 6.
L. DE WINTER, P. DUMONT, « Do Belgian Parties Undermine the Democratic Chain of Delegation? »,
West European Politics, volume 29, n° 5, 2006, p. 957.

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6 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

indices appuient cette assertion. Citons-en simplement quatre ici, à titre d’exemple. Primo,
eu égard aux règles électorales en vigueur et aux moyens logistiques, humains et financiers
qu’implique tout scrutin, l’appartenance à un parti politique apparaît indispensable pour
qu’un candidat puisse être élu parlementaire. Secundo, si les membres des gouvernements
sont formellement nommés par le Roi (dans le cas du Premier ministre et des ministres
et secrétaires d’État fédéraux) ou élus par les parlements (dans le cas des ministres-
présidents et des ministres régionaux et communautaires, ainsi que des secrétaires d’État
bruxellois), dans les faits, c’est aux partis politiques s’étant alliés pour constituer une
majorité gouvernementale qu’ils doivent leur désignation. Tertio, la discipline de parti
apparaît fort prégnante pour les parlementaires : dans la majorité des dossiers, « l’état-
major du parti décide en petit comité de la ligne du parti, et les élus du peuple acceptent
ces décisions et votent en conséquence comme il leur a été demandé » 6. Quarto, les
membres de gouvernement eux-mêmes ne disposent que d’une marge de manœuvre
réduite par rapport à la ligne fixée par leurs partis respectifs (le système de décision au sein
des exécutifs, à savoir la règle du consensus, n’encourageant d’ailleurs pas à la responsabilité
ou/et à la prise de décision individuelles) ; sur la politique à suivre, « l’accord se fait le plus
souvent entre les principaux responsables de partis (…) et, pour les dossiers les plus
épineux, entre partis de la majorité et de l’opposition » 7. Le rôle des états-majors des partis,
et notamment des présidents de parti, est donc prépondérant dans les processus de prise
de décision politique.
En dépit de cette importance de premier plan, et à l’inverse de la situation qui a cours
dans de nombreux autres pays, les partis politiques ne font guère l’objet de mesures de
régulation dans le droit belge. C’est cette réalité, largement méconnue, qu’a pour objectif
d’éclairer la présente livraison du Courrier hebdomadaire.
En Belgique, le cadre constitutionnel qui s’applique explicitement aux partis politiques est
pour ainsi dire inexistant. Quant au cadre légal, il se limite à quelques dispositions relatives
essentiellement, d’une part, aux dépenses électorales et, d’autre part, au financement et
à la comptabilité ouverte des partis (regroupées dans la loi du 4 juillet 1989 en ce qui
concerne les élections fédérales, et dans quelques textes similaires consacrés aux élections
des parlements d’entités fédérées et de la délégation belge au Parlement européen).
Il n’existe pas, en droit belge, de définition générale de ce qu’est un parti politique. Il y
a pourtant là un réel enjeu démocratique. Puisque les partis politiques disposent d’une
influence majeure dans la vie politique belge, il semble fondamental que ces acteurs
soient clairement définis – en d’autres termes, qu’il soit possible d’aisément distinguer
le parti de toute autre forme d’organisation. Il semble également que le droit doit pouvoir
mettre des limites à l’action de ces mêmes partis.
Le premier chapitre de notre étude sera consacré au statut constitutionnel des partis
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politiques. D’abord totalement silencieux à leur sujet, le texte constitutionnel a ensuite
laissé apparaître une reconnaissance implicite des partis. Si, depuis la sixième réforme
de l’État, la Constitution mentionne explicitement les partis politiques, la loi fondamentale
est, aujourd’hui comme hier, loin de reconnaître un statut particulier à ceux-ci. Le

6
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 81. À ce propos, cf. F. VERLEDEN, Aux sources de la
particratie. Les relations entre les partis politiques belges et leurs parlementaires (1918-1970), Bruxelles,
7
CRISP, 2019.
C. VIGOUR, « Politiques et gouvernements fédéraux en Belgique, entre contraintes coalitionnelles et logique
de compromis », Politix, n° 88, 2009, p. 74.

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deuxième chapitre mettra en évidence la présence des partis politiques dans la législation
fédérale, et en particulier dans la loi du 4 juillet 1989 (qui, à ce jour, reste le principal texte
légal à aborder de front – quoique très partiellement – la question des partis politiques).
Cette analyse sera complétée par le troisième chapitre, consacré à l’apparition (modeste)
des partis politiques dans le Code électoral ; sera ainsi mise en évidence l’appréhension des
partis politiques par le spectre des règles ayant trait aux listes de candidats aux élections.
Il s’agira alors, dans un quatrième chapitre, de constater que la législation des entités
fédérées ne se montre pas plus développée, les partis politiques n’y faisant que des
apparitions sporadiques. Dès lors, à une législation peu développée et se concentrant
sur les aspects financiers de l’existence des partis politiques correspond un contrôle tout
aussi peu développé des partis, d’autant que celui-ci est principalement exercé par les partis
eux-mêmes ; ce sera l’objet du cinquième chapitre, qui se concentrera sur le contrôle
des dépenses électorales, du financement et de la comptabilité ouverte des partis politiques.
Enfin, la conclusion procédera à une évaluation globale – et quelque peu critique – de
la manière dont la régulation des partis politiques est juridiquement (in)organisée en
Belgique.
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1. LES PARTIS POLITIQUES
DANS LA CONSTITUTION

Avant la sixième réforme de l’État, c’était presque une lapalissade : la Constitution belge
ne connaissait formellement pas les partis politiques. En effet, aucun passage de la loi
fondamentale n’était alors consacré à ces acteurs majeurs de la vie politique belge. Depuis
2014, les partis politiques font l’objet d’une disposition, cependant très limitée, dans la
Constitution.

1.1. LE SILENCE DE LA CONSTITUTION DU 7 FÉVRIER 1831

La Constitution du 7 février 1831 ne contient aucune disposition relative aux partis


politiques ; la notion même en est totalement absente. Il est classiquement enseigné que
cet état de fait est lié à trois éléments du contexte prévalant à l’époque de l’adoption de
la loi fondamentale belge. Tout d’abord, les partis politiques ne constituaient alors qu’une
réalité encore fort peu développée ; d’ailleurs, les membres du Congrès national de 1830-
1831 eux-mêmes n’étaient pas organisés selon des bases partisanes. Ensuite, il n’existait
alors pas d’exemple étranger de Constitution faisant mention des partis politiques : ceux-ci
n’apparaissaient dans aucune des lois fondamentales de l’époque 8. Enfin, dans la théorie
politique des XVIIIe et XIXe siècles, les partis – ou « factions », les deux termes étant alors
souvent confondus – étaient fort mal perçus ; dès lors, il ne pouvait être question de
les constitutionnaliser.
Toutefois, cette explication classique semble faire l’impasse sur deux considérations. D’une
part, quelques-unes des Constitutions étrangères ou antérieures qui servent d’exemple aux
congressistes belges font bel et bien référence aux partis politiques, comme la Constitution
de la République française du 5 fructidor an III / 22 août 1795 9 ; il existe donc des
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antécédents, même s’ils sont rares et que la réalité qu’ils recouvrent ne partage que peu
de similitudes avec des partis politiques au sens moderne du terme. D’autre part, certaines
des structures organisationnelles mobilisées par les révolutionnaires puis par les premiers

8
9
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 266.
Par exemple, l’article 361 interdit à toute association de se qualifier de société populaire ; l’article 362
autorise les sociétés « s’occupant de questions politiques », mais les encadre fermement. Ce texte ne sert
cependant pas, il est vrai, de source principale d’inspiration à la Commission de rédaction de la Constitution
belge en 1830-1831.

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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 9

10
parlementaires belges présentent des ressemblances frappantes avec un parti politique
de type « parti de cadres », que l’on peut définir comme « un parti de notables que
rapproche une certaine manière de concevoir les fins de l’activité politique et qui s’unissent
11
pour préparer les élections » . Ce genre de partis, à visée principalement électorale,
12
est typique de l’époque du suffrage censitaire ; il est caractérisé par une structure lâche
et décentralisée, ainsi que par un programme souple regroupant des hommes autour de
grands principes 13 (en revanche, dans ce type de partis, il n’est pas encore question
14
de discipline partisane au sens moderne du terme ). Il est donc possible de considérer
que, dans une certaine mesure, des partis politiques (ou, à tout le moins, des structures
organisationnelles proches des partis politiques) existaient déjà en Belgique en 1830-1831.
La seule prétendue inexistence de partis politiques ne suffit donc pas à expliquer que les
congressistes n’en soufflent mot dans la Constitution qu’ils élaborent.
En réalité, il semble que l’absence des partis politiques de la Constitution du 7 février 1831
tienne fondamentalement à trois raisons. Primo, les partis ne s’insèrent pas dans le schéma
classique de l’État libéral, que les constituants belges ont alors à l’esprit ; celui-ci ne connaît
que des individus émancipés et porte une certaine vision rationalisante de la représentation
politique. Secundo, le fait de reconnaître les partis politiques – que ce soit en leur attribuant
un rôle ou en les interdisant – reviendrait à admettre que l’unité nationale que le Congrès
et le gouvernement provisoire font valoir vis-à-vis tant des cours étrangères que de la
population belge pour justifier les prétentions de la Belgique à devenir un État
indépendant n’est qu’une façade. En effet, cela reviendrait à admettre que, à la vérité,
le pays est traversé par des courants antagoniques – ce qui pourrait décrédibiliser le projet
belge d’indépendance. Tertio, en laissant la Constitution muette à propos des partis, les
pères fondateurs laissent au régime politique qu’ils élaborent la possibilité d’évoluer à
l’avenir, par exemple en accordant aux partis une certaine place factuelle lorsque l’impératif
de l’unionisme sera levé.
Cette dernière position est notamment celle adoptée par certains libéraux, qui seront les
premiers à fonder un réel parti politique, le 14 juin 1846, soit quelques années à peine après
que la menace hollandaise a été écartée. L’autre force politique de l’époque – le camp
catholique – mettra davantage de temps à se constituer en parti politique. En effet, ce sera
à l’occasion du scrutin législatif du 10 juin 1884 que les catholiques assigneront le rôle

10
Nous pensons entre autres à la Réunion centrale, qui est un club révolutionnaire fondé par les membres
les plus radicaux de la Commission de sûreté le 12 septembre 1830. Lors de la Révolution belge, la Réunion
centrale vise, selon ses statuts, à « favoriser l’émission libre et la discussion calme de tout principe patriotique,
ainsi que la proposition et l’exécution énergique de toute mesure jugée utile au triomphe des intérêts
moraux et matériels des provinces méridionales ». Une fois l’indépendance de la Belgique proclamée,
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le 4 octobre, par le gouvernement provisoire, la Réunion centrale se mue en association à visée électorale
proposant des candidats républicains et démocrates lors de l’élection du Congrès national du 3 novembre
1830. Après que les congressistes ont décidé de donner une forme monarchique au nouvel État belge,
la Réunion centrale est dissoute et remplacée par l’Association nationale, qui mènera une opposition
républicaine et démocratique jusqu’en 1848. Cf. T. GAUDIN, Le rôle des partis politiques belges dans le discours
parlementaire entre 1830 et 1877 : entre l’inavoué et l’assumé, Université libre de Bruxelles (ULB), Faculté
de droit et de criminologie, 2018, inédit.
11
G. BURDEAU, Traité de science politique, tome 3, volume 1, Paris, Librairie générale de droit et jurisprudence,
1982, p. 288. Cf. aussi : « Il s’agit de réunir des notables, pour préparer les élections, les conduire et garder
le contact avec les candidats » (M. DUVERGER, Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1964, p. 85).
12
13
Ibidem, p. 87.
14
G. BURDEAU, Traité de science politique, op. cit., p. 288.
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 20.

CH 2483-2484
10 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

de parti politique à la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices,


une structure de coordination des forces politiques catholiques créée le 18 avril 1869
et résultant elle-même d’un mouvement amorcé dès 1852 et ayant pris son essor à partir
de 1863. Cependant, cette Fédération – usuellement désignée sous le nom de Parti
catholique – sera davantage un conglomérat de trois forces distinctes (les groupes
parlementaires, les comités électoraux et la presse catholique) qu’une organisation
partisane au sens moderne. Il en ira de même après que, le 29 août 1921, cette structure
aura pris l’appellation d’Union catholique belge - Katholiek Verbond van België, puisqu’il
s’agira en réalité d’une confédération de quatre « standen », ainsi qu’après que, le 11 octobre
1936, elle se sera muée en Bloc catholique belge - Blok der Katholieken van België,
puisqu’il s’agira d’un simple groupe parlementaire formé de deux partis distincts : le Parti
catholique social (PCS) et le Katholieke Vlaamse Volkspartij (KVV). Il peut donc être
considéré que ce ne sera que lors du congrès des 17 et 18 août 1945 que sera fondé
le premier parti politique stricto sensu unitaire catholique : le Parti social chrétien -
15
Christelijke Volkspartij (PSC-CVP) . Le troisième grand parti politique à émerger, le
Parti ouvrier belge (POB), n’apparaîtra qu’en 1885, et n’intervient donc en aucune façon
dans la rédaction de la Constitution du 8 février 1831 – c’est pourquoi nous ne détaillons
pas ici son histoire.

1.2. TROIS DISPOSITIONS CONSTITUTIONNELLES IMPLICITES :


LES ARTICLES 27, 62 ET 68

Tout au long des XIXe et XXe siècles, les partis politiques prennent une place et une
importance grandissantes dans la société et dans le monde politique belges, qui les voient
progressivement prendre le statut d’« intermédiaire nécessaire entre les citoyens et le
pouvoir » 16. Notamment, les changements apportés au système électoral – dont l’adoption
d’un bulletin de vote imprimé à l’avance en 1877, le passage à la représentation
proportionnelle en 1899 et l’adoption du suffrage universel masculin en 1893 puis 1919 17 –
induisent une profonde mutation des partis et de leurs rôles et fonctions. Peu à peu,
cette évolution les éloigne sensiblement de la forme et de l’influence qui étaient les leurs
durant leurs premières heures : ils se structurent progressivement en organisations
politiques de masse ; ils sont, pour les principaux d’entre eux, pleinement intégrés dans
le système de la pilarisation ; et ils deviennent des acteurs majeurs – sinon centraux –
du fonctionnement de la vie politique belge.
Pourtant, les partis politiques demeurent alors totalement absents de la Constitution. Ils
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ne sont ni reconnus ni a fortiori régulés par la loi fondamentale. La Belgique s’accommode
d’un « art de l’implicite » qui lui permet de déduire de différentes dispositions
constitutionnelles une validation de principe des partis. En effet, selon nombre de juristes,

15
Cf. B. BIARD, « Les partis frères en Belgique : les relations entre le CDH et le CD&V », Courrier hebdomadaire,
16
CRISP, n° 2467-2468, 2020, p. 8-10.
J. VELU, Droit public, tome 1 : Le statut des gouvernants, Bruxelles, Bruylant, 1986, p. 356.
17
En 1893, le suffrage universel est tempéré par le vote plural, qui octroie des votes supplémentaires aux
pères de famille, aux citoyens les plus aisés et aux plus instruits. En 1919, est introduit le suffrage universel
masculin « pur et simple ».

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 11

même si les partis politiques n’appartiennent pas au champ de l’explicite constitutionnel,


il est possible de déduire implicitement leur existence, ou à tout le moins l’autorisation
de leur existence, de la lecture combinée de quelques articles de la Constitution, à savoir
particulièrement les articles 27 (qui proclame, depuis 1831, la liberté d’association), 62
(qui dispose, depuis 1920, que le système belge est un système de représentation
proportionnelle) et 68 (qui prévoit, depuis 1993, la répartition des sièges au Sénat) 18.

1.2.1. L’article 27 : la liberté d’association

À l’instar de celle de toute association privée de citoyens, la création d’un parti politique
a pour fondement juridique l’article 27 de la Constitution, qui dispose : « Les Belges ont
le droit de s’associer ; ce droit ne peut être soumis à aucune mesure préventive ». Le droit
commun qui s’applique aux partis politiques est donc le droit des associations (associations
de fait ou associations sans but lucratif, cf. infra). D’ailleurs, il ne fait pas de doute que,
par cet article 27, le constituant de 1830-1831 a visé entre autres les associations politiques.
Dès le 16 octobre 1830 en effet, le gouvernement provisoire avait adopté un arrêté dont
er
l’article 1 disposait : « Il est permis aux citoyens de s’associer, comme ils l’entendent,
dans un but politique, religieux, philosophique, littéraire, industriel ou commercial » 19.
Le fait que le droit d’association ne puisse être soumis à aucune mesure préventive
(qui limiterait voire empêcherait l’exercice de ce droit) implique notamment qu’il est
impossible d’interdire a priori un parti politique. En revanche, les mesures répressives ou
régulatoires étant permises, il est possible de sanctionner les infractions à la loi commises
par un parti politique (ou par ses membres).

1.2.2. L’article 62 : la représentation proportionnelle

En son deuxième alinéa, l’article 62 de la Constitution prévoit que « les élections se font
par le système de représentation proportionnelle que la loi détermine ». Pour la doctrine
classique, cette disposition ne peut pleinement se comprendre que si l’on accepte comme
présupposé l’existence d’associations d’un type particulier, à savoir les partis politiques.
En effet, le principe de la représentation proportionnelle pour l’élection des Chambres
a été introduit dans le droit électoral belge par une loi du 29 décembre 1899 20. Ensuite,
ce principe a été constitutionnalisé le 15 novembre 1920 21. Or, lors des discussions
préalables à l’adoption de la loi de 1899, la représentation proportionnelle a été, à plusieurs
reprises, définie comme un système qui donne à chaque « parti politique » la représentation
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à laquelle il a droit 22. Dès cette époque, existait donc une assimilation de la liste de

18
Il s’agit là de leur numérotation actuelle. Avant la coordination du 17 février 1994, ces articles portaient
respectivement les numéros 20, 48 et 53, § 4 à 6.
19
I. PLAISANT (éd.), Pasinomie ou Collection complète des lois, décrets, arrêtés et réglemens généraux qui peuvent
e
20
être invoqués en Belgique, 3 série, tome 1, Bruxelles, 1833, p. 35 (nous soulignons).
Moniteur belge, 30 décembre 1899.
21
22
Moniteur belge, 3 décembre 1920.
Cf. notamment Chambre des représentants, Section centrale, Projet de loi relatif à l’application de la
représentation proportionnelle aux élections législatives. Rapport, n° 297, 25 août 1899, p. 24.

CH 2483-2484
12 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

candidats – à laquelle est attribué un certain nombre de sièges – au parti politique,


23
comme si les partis politiques disposaient du monopole de dépôt de candidatures .
D’après la doctrine classique, cet article 62, alinéa 2, de la loi fondamentale constitue donc,
implicitement, une reconnaissance constitutionnelle du rôle des partis politiques comme
organes de présentation de candidats aux élections.
Par ailleurs, toujours selon la doctrine classique, ce même article contient tacitement
la reconnaissance d’une autre fonction des partis politiques. En effet, le système de
représentation proportionnelle impliquant que chaque force politique soit représentée au
sein de l’assemblée parlementaire d’une manière qui correspond à sa force dans l’électorat,
c’est le rapport de force entre partis tel qu’il est issu des élections qui détermine ceux
d’entre eux qui siégeront dans la majorité et ceux qui feront partie de l’opposition.
Indirectement, les partis politiques se voient donc reconnaître le droit d’intervenir dans
la direction des affaires et dans le fonctionnement du parlement.
Il est à noter que, aujourd’hui, l’article 62 ne règle que l’élection de la Chambre des
représentants. Entre 1921 et 1993 24, l’article 67, § 1er, de la Constitution 25 le rendait
également applicable à l’élection des sénateurs élus directement.
Depuis 1993, l’article 29, § 1er, de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles
impose également le système de la représentation proportionnelle pour l’élection du
Parlement wallon et du Parlement flamand 26. En ce qui concerne l’élection du Parlement
de la Région de Bruxelles-Capitale, aucune disposition ne consacre explicitement l’usage
de la représentation proportionnelle, mais l’article 20 de la loi spéciale du 12 janvier 1989
relative aux institutions bruxelloises organise bien un scrutin proportionnel 27. Le même
constat s’impose pour l’élection du Parlement de la Communauté germanophone : si
aucune disposition ne consacre explicitement la représentation proportionnelle, c’est
bien ce système qui est organisé par la loi du 6 juillet 1990 réglant les modalités de
l’élection du Parlement de la Communauté germanophone 28. Rappelons que les membres
du Parlement wallon et du Parlement flamand sont désignés sur la base d’une élection
directe depuis 1995, ceux du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale depuis 1989
et ceux du Parlement de la Communauté germanophone depuis 1974 29.

23
S’il semble confirmé et renforcé en 1899, ce monopole (factuel et non juridique) de dépôt des candidatures
date en réalité du 9 juillet 1877. À cette date, le législateur adopte le principe d’un dépôt des listes de
candidats préalable à l’impression du bulletin de vote. Or, pour pouvoir être déposée, une liste doit alors
être soutenue par un certain nombre de « parrains », calculé savamment pour que les partis n’aient aucun
24
mal à le rassembler mais que les individus isolés ne puissent l’atteindre qu’avec les plus grandes difficultés.
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Révision constitutionnelle du 15 octobre 1921 (Moniteur belge, 24 octobre 1921) ; Révision constitutionnelle
25
du 5 mai 1993 (Moniteur belge, 8 mai 1993 ; et erratum, 20 août 1993).
26
Il s’agit là de sa numérotation actuelle. À l’époque, il portait le numéro 53, alinéa 1.
Moniteur belge, 15 août 1980. Cette disposition y a été intégrée par la loi spéciale du 16 juillet 1993 visant
27
à achever la structure fédérale de l’État (Moniteur belge, 20 juillet 1993).
28
Moniteur belge, 14 janvier 1989.
Moniteur belge, 20 juillet 1990.
29
À l’origine cependant, le Conseil de la Communauté culturelle allemande, créé en 1973 et dont les
premières élections directes ont eu lieu le 10 mars 1974, ne disposait pas d’un pouvoir décrétal et dépendait
du Parlement national. L’article 9 de la loi du 10 juillet 1973 relative au Conseil de la Communauté
culturelle allemande (Moniteur belge, 14 juillet 1973) prévoyait que les élections pour ce Conseil se faisaient
en même temps et selon les mêmes modalités que les élections des membres de la Chambre des
représentants.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 13

1.2.3. L’article 68 : la répartition des sièges au Sénat

Dans la même idée, par une mention directe des « listes », l’article 68 de la Constitution,
30
dont les dispositions sont nées avec la révision constitutionnelle du 5 mai 1993 et qui
est relatif à la répartition des sièges de sénateur de Communauté – ainsi que, depuis 2014,
des sièges de sénateur de Région –, confirme le besoin d’associations politiques qui se
veulent homogènes. Par ailleurs, ces listes sont celles qui, lors des élections fédérées, ont
obtenu au moins un siège au Parlement de la Communauté française ou au Parlement
flamand (ou encore, depuis la sixième réforme de l’État, au Parlement wallon ou dans
31
le groupe linguistique français du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale) . Ces
listes interviennent également pour déterminer les partis qui pourront désigner un ou
plusieurs sénateurs cooptés : les sièges sont alors répartis entre les listes qui, lors des
élections fédérales, ont obtenu des sièges à la Chambre des représentants.
Le Sénat est donc composé de manière à refléter les équilibres prévalant, au sein de leurs
communautés linguistiques respectives, entre les principaux partis. Là encore, le texte
constitutionnel présuppose l’existence de listes suffisamment homogènes entre lesquelles
répartir les sièges, et donc de partis politiques.

1.3. TROIS DISPOSITIONS CONSTITUTIONNELLES POUVANT AVOIR


UN IMPACT SUR LES PARTIS POLITIQUES : LES ARTICLES 42,
65 ET 70

Si la consécration constitutionnelle des partis politiques a reposé sur un « art de l’implicite »


du constituant jusqu’au début du XXIe siècle, cela ne signifie pas pour autant que le texte
constitutionnel n’offrait alors aucune assise aux partis ou à leur statut. Ainsi que nous
l’avons vu, une série de dispositions constitutionnelles ne peuvent se comprendre
pleinement qu’en acceptant l’existence de partis politiques comme présupposé. De même,
une série d’autres dispositions de la loi fondamentale, si elles ne fondent pas un statut
particulier pour les partis politiques, participent tout de même à poser un cadre large
à leur action. Il en est ainsi, depuis l’adoption de la Constitution en 1831, des articles 42
(interdiction du mandat impératif), 65 (durée de la législature de la Chambre des
représentants) et 70 (durée de la législature du Sénat) de la Constitution. Une lecture
combinée de ces articles permet de mettre en évidence la nature des relations qui se
32
nouent entre un parti politique et les parlementaires qui siègent en son nom .
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30
31
Moniteur belge, 8 mai 1993 (et erratum : 20 août 1993).
Il est à noter que la procédure de nomination du sénateur germanophone ne fait pas mention de « listes »,
mais prévoit une désignation à la majorité des suffrages au sein du Parlement de la Communauté
32
germanophone.
Il s’agit là de leur numérotation actuelle. Avant la coordination du 17 février 1994, ces articles portaient
respectivement les numéros 32, 51 et 55.

CH 2483-2484
14 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

1.3.1. L’article 42 : l’interdiction du mandat impératif

L’article 42 de la Constitution interdit le mandat impératif : « Les membres des deux


33
Chambres représentent la nation, et non uniquement ceux qui les ont élus » . En théorie,
les parlementaires fédéraux ne peuvent donc servir les intérêts d’une partie seulement de
la population, et a fortiori ceux de leur parti politique 34. Considéré comme une norme
touchant au cadre légal des partis politiques, cet article 42 a pour conséquence juridique
pour ceux-ci que toute subordination juridiquement organisée des parlementaires fédéraux
est interdite 35 : de jure, le parlementaire fédéral est indépendant de son parti politique qui,
par exemple, ne peut juridiquement pas le sanctionner dans le cas où il ne respecterait
pas une consigne de vote.
Dans les faits cependant, la situation est bien différente, la discipline de vote prévalant
largement. Cependant, cette discipline partisane n’apparaît pas incompatible avec
l’article 42 de la Constitution si l’on considère que le respect de cette discipline procède
d’un choix individuel de chaque parlementaire 36. Par ailleurs, certains auteurs soulignent
que la formulation de l’article 42 n’implique pas une interdiction pure et simple du mandat
impératif : elle implique uniquement que les parlementaires fédéraux ne représentent pas
uniquement ceux qui les ont élus. Loin de porter une interdiction, cet article constituerait
en réalité une exhortation pour l’élu à représenter la nation entière et à dépasser la simple
représentation de son parti ou de ses électeurs (sans l’exclure) 37.
Il n’existe aucune disposition reproduisant les termes de l’article 42 relativement aux
parlementaires régionaux et communautaires. Malgré cette carence, il semble qu’il faille
l’appliquer de la même manière aux députés des parlements d’entité fédérée, dans la
mesure où le principe posé par l’article 42 de la Constitution « est inhérent au régime
représentatif moderne » 38. Partant, les députés régionaux et communautaires représentent
leur Région ou leur Communauté, et non uniquement leurs électeurs. On peut également
relever que l’article 42 n’a pas été modifié à la suite de la création de la fonction de
sénateur de Communauté (puis de celle de sénateur de Région) : ces sénateurs, même
s’ils sont issus et nommés par l’assemblée d’une entité fédérée, sont donc également
réputés représenter la nation belge entière.

33
Cette formulation date de la révision constitutionnelle du 5 mai 1993 précitée. Avant cela, et depuis le
7 février 1831, la Constitution disposait : « Les membres des deux Chambres représentent la nation,
34
et non uniquement la province ou la subdivision de province qui les a nommés ».
Cf. notamment M. UYTTENDAELE, Trente leçons de droit constitutionnel, Bruxelles, Bruylant, 2011, p. 159 ;
35
J. VELU, Droit public, op. cit., p. 364 et 380.
36
Cf. ibidem, p. 270.
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La science politique distingue quatre types de discipline partisane : la discipline naturelle (qui se développe
spontanément dans le chef de l’élu, par exemple en raison de la convergence de son opinion avec celle de
son parti, voire en raison de la confiance de l’élu dans son parti), la discipline acquise (qui résulte de
la socialisation de l’élu avec les autres mandataires du parti, et qui amène parfois cet élu à voter comme
la majorité de son groupe parlementaire alors même que cela ne reflète pas son opinion personnelle
– mais sans intervention directe des dirigeants du parti), la discipline persuadée (qui voit l’élu se
conformer au vœu de son parti parce qu’il en a été convaincu, par exemple parce qu’il en tirera des
avantages) et la discipline imposée (qui implique une certaine coercition : l’élu adopte un comportement
en raison d’une menace de sanction). À ce sujet, cf. S. DE PAUW, Rebellen in het Parlement. Fractie cohesie
in de Kamer van volksvertegewoordigers (1991-1995), Louvain, Leuven University Press, 2002, p. 282.
37
Cf. notamment A.-E. BOURGAUX, La démocratisation du gouvernement représentatif en Belgique, une promesse
38
oubliée, ULB, Faculté de droit et de criminologie, Thèse de doctorat, 2013, p. 38.
M. UYTTENDAELE, Trente leçons de droit constitutionnel, op. cit., p. 157.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 15

1.3.2. Les articles 65 et 70 : la durée de la législature

Pour leur part, les articles 65 et 70 de la Constitution fixent la durée de la législature,


respectivement pour la Chambre des représentants et pour le Sénat. L’article 65 dispose,
en particulier, que « les membres de la Chambre des représentants sont élus pour cinq
ans » 39. Le second fixe la durée de mandat des sénateurs. Lorsque le Sénat comptait encore
des membres élus directement (c’est-à-dire avant la sixième réforme de l’État), ces derniers
40
étaient élus pour un terme déterminé de huit ou quatre ans . Depuis la sixième réforme
institutionnelle, l’article 70 prévoit la date de début et de fin des mandats des différentes
catégories de sénateurs : le début du mandat est toujours fixé à la prestation de serment,
la fin étant variable selon qu’il est question, d’une part, d’un sénateur de Région ou de
Communauté ou, d’autre part, d’un sénateur coopté.
Combinées avec l’article 42, ces deux dispositions impliquent que le siège qu’occupe
un parlementaire fédéral lui est attribué en son nom propre pour toute la durée de la
législature 41. Dès lors, un parti ne pourrait en aucune façon priver un parlementaire fédéral
de son siège en cours de législature, pour quelque raison que ce soit. Éventuellement, le
parlementaire pourrait être exclu du parti, mais pas du Parlement 42. A contrario, cela
implique également qu’un parlementaire fédéral peut quitter son parti tout en conservant
son siège, et soit rejoindre un autre groupe politique soit siéger comme indépendant.
La même conclusion s’impose en ce qui concerne les parlementaires régionaux et
communautaires. En effet, l’article 117 de la Constitution prévoit que les membres des
parlements de Région et de Communauté « sont élus pour une période de cinq ans ».
La similarité des termes employés avec ceux qui sont utilisés quant à la Chambre des
représentants permet donc d’étendre nos conclusions aux membres des parlements d’entité
fédérée : leur mandat leur est acquis personnellement pour une durée de cinq ans, et non
à leur parti politique. Partant, un parlementaire régional ou communautaire pourrait
être exclu de son parti (ou le quitter de sa propre initiative), mais pas de l’assemblée
parlementaire.

1.3.3. La lecture combinée des articles 42, 65 et 70 :


l’interdiction de la discipline de parti ?

Dans les faits, les partis politiques n’ont, nous l’avons vu, aucun moyen de priver un
parlementaire de son siège. Partant, toute loi qui tenterait, d’une manière ou d’une
autre, de s’ingérer dans la relation entre un parlementaire et son parti politique serait
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anticonstitutionnelle, a fortiori si elle enfreint l’une des conséquences que nous venons

39
Cette formulation date de la révision constitutionnelle du 6 janvier 2014. Avant cela, et depuis le 7 février
1831, la Constitution disposait : « Les membres de la Chambre des représentants sont élus pour quatre
40
ans ».
Entre 1831 et 1921, le mandat sénatorial était de huit ans ; entre 1921 et 2014, il était de quatre ans.
41
42
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 297-298.
L’actualité récente l’a illustré : exclu du PS le 18 janvier 2020, Emir Kir a continué à siéger à la Chambre
des représentants comme indépendant.

CH 2483-2484
16 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

43
de lister . Toutefois, si de jure le parti politique est dépourvu du moyen de sanctionner
un parlementaire qui ne suivrait pas la ligne qu’il lui dicte, la situation est bien différente
de facto. En effet, aucune norme n’interdit à un parti de prononcer une sanction politique
à l’égard d’un parlementaire rebelle qui se départirait de la ligne du parti.
44
En ce sens, les mécanismes de discipline de parti ou les moyens de coercition des partis
peuvent apparaître problématiques au regard de l’interdiction du mandat impératif. La
différence entre ces deux concepts tient de ce que le premier touche à un comportement
spontanément adopté par le parlementaire : la discipline n’est en rien imposée par le parti
alors que, au contraire, la coercition implique que le parti impose au parlementaire un
certain comportement via un moyen de pression directe ou indirecte. Ainsi, par exemple,
la menace de ne plus figurer sur une liste du parti lors du scrutin suivant constitue une
pression indirecte qui touche à la coercition. On peut également imaginer, dans cette
catégorie, la menace d’un écartement de l’élu d’une commission parlementaire dans
laquelle il siège, etc. Au contraire de la discipline, la coercition semble problématique
au regard de l’article 42 de la Constitution, combiné avec les articles 65 et 70, même si
certains auteurs considèrent qu’un parlementaire peut librement ignorer les menaces qu’un
parti ferait peser sur sa carrière politique sans crainte aucune de perdre son siège et
l’indemnité y afférente, qui demeurent garantis par ces mêmes articles 45 – au moins jusqu’à
la fin de la législature pour laquelle il a été élu ou désigné. Il n’en demeure pas moins que
ces pratiques de pression, (in)directes, peuvent s’interpréter comme violant l’interdiction
constitutionnelle du mandat impératif.
En pratique, cependant, il semble compliqué de conférer une véritable protection du
parlementaire indocile contre les mesures de rétorsion de son parti : en effet, il paraît
difficilement envisageable, par exemple, de condamner un parti à faire figurer tel ou tel
candidat en ordre utile sur sa liste lors d’un scrutin.
Puisque le principe posé par l’article 42 de la Constitution s’applique aux parlementaires
régionaux et communautaires, et que l’article 117 de la Constitution prévoit la durée
de leur mandat dans des termes identiques à celui des membres de la Chambre des
représentants, la combinaison de cette disposition et de ce principe constitutionnel
implique les mêmes conclusions concernant les parlementaires des entités fédérées.

1.4. LA SEULE (ET RÉCENTE) BASE CONSTITUTIONNELLE :


L’ARTICLE 77
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Ce n’est que par la révision constitutionnelle du 6 janvier 2014 (entrée en vigueur le 31
du même mois) 46 que la notion de parti politique apparaît pour la première fois dans

43
Pour une analyse plus détaillée des conséquences juridiques de l’interdiction du mandat impératif,
cf. D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 296-300.
44
Ces termes sont des traductions imparfaites de la distinction opérée en Allemagne entre la Fraktionsdisziplin
et la Fraktionszwang, importée en néerlandais sous le vocable partijdiscipline et partijdwang (cf. D. DE PRINS,
Handboek politieke partijen, op. cit., p. 300-304). Quant à lui, S. DE PAUW, Rebellen in het Parlement,
45
op. cit. distingue plutôt la « cohésion » de la « discipline ».
46
D. DE PRINS, Handboek politieke partijen, op. cit., p. 330.
Révision du 6 janvier 2014 de l’article 77 de la Constitution (Moniteur belge, 31 janvier 2014).

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 17

la Constitution. En l’occurrence, l’article 77 de la Constitution tel que révisé dispose


que, parmi les matières pour lesquelles la Chambre des représentants et le Sénat sont
compétents sur un pied d’égalité, figurent « les lois concernant le financement des partis
47
politiques et le contrôle des dépenses électorales » .
Il s’agit là, à ce jour, de l’unique mention des partis politiques dans la Constitution. Surtout,
l’absence tant de définition de la notion que de disposition organique relative aux partis
amène à nuancer la portée de l’intégration des partis politiques au champ de l’explicite
constitutionnel.

1.4.1. L’intégration des partis politiques au champ de l’explicite


constitutionnel

Promulgué le 6 janvier 2014, l’article 77 révisé de la Constitution énumère, de manière


limitative 48, les textes législatifs fédéraux qui doivent être adoptés selon une procédure
bicamérale stricte, c’est-à-dire durant laquelle la Chambre de représentants et le Sénat sont
compétents sur un pied d’égalité dans la procédure d’adoption de la loi. Notamment,
il dispose que les lois relatives au financement des partis politiques et au contrôle des
dépenses électorales doivent désormais être adoptées à la fois par la Chambre et par
le Sénat – et non plus selon la procédure bicamérale optionnelle qui était auparavant
d’application 49.
Cette mention des partis politiques à l’article 77, 5°, de la Constitution est la seule
occurrence de l’expression dans la charte fondamentale. Symboliquement, la sixième
réforme de l’État a donc introduit une forme de reconnaissance constitutionnelle de
l’existence des partis.

1.4.2. L’absence de définition constitutionnelle ou de disposition


de principe

Toutefois, le constituant n’a pas saisi cette opportunité pour définir les partis politiques
ou pour les reconnaître explicitement. Ainsi, ni le texte de l’article 77 ni les travaux
préparatoires à la révision dudit article ne proposent une définition à la notion. De même,
il n’est pas question ici d’une disposition de principe consacrée aux partis, comme c’est
le cas, par exemple, de l’article 21 de la Constitution allemande, qui stipule, en son premier
paragraphe : « Les partis concourent à la formation de la volonté politique du peuple.
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Leur fondation est libre. Leur organisation interne doit être conforme aux principes
démocratiques. Ils doivent rendre compte publiquement de la provenance et de l’emploi
de leurs ressources ainsi que de leurs biens ».

47
Article 77, 5°, de la Constitution belge.
48
49
Quoique le dernier alinéa de l’article permette d’ajouter des matières à cette liste via une loi spéciale.
La procédure bicamérale optionnelle implique que le Sénat dispose du droit d’examiner certains textes
adoptés par la Chambre des représentants, soit d’office, soit sur la demande d’au moins quinze sénateurs. Si
le Sénat amende le texte, celui-ci est renvoyé à la Chambre, qui se prononce définitivement (et dispose
donc du dernier mot). Avant la sixième réforme de l’État, cette procédure était la règle ; elle est aujourd’hui
l’exception (cf. l’article 78 de la Constitution).

CH 2483-2484
18 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

De plus, la lecture des documents parlementaires montre qu’à aucun moment le


constituant n’a réalisé la portée de l’introduction du vocable de « parti politique » dans
la Constitution belge et n’a donc pas fait preuve d’une velléité de définition. À vrai dire,
la question n’a même pas été soulevée au cours du processus parlementaire. Pourtant,
il aurait suffi au constituant, s’il voulait s’épargner l’effort d’imagination que l’exercice
de définition aurait demandé, de renvoyer à la définition des partis contenue dans la
législation relative au financement de ces derniers (cf. infra). Certes, pareille manœuvre
50
n’aurait guère été souhaitable d’un point de vue légistique , mais elle aurait permis de
circonscrire et de réellement consacrer le parti politique, au lieu de simplement le
mentionner.

1.4.3. Une consécration constitutionnelle toute relative

L’entrée des partis politiques dans la Constitution ne s’opère donc pas en fanfare, mais
plutôt par la petite porte de l’article 77. La consécration constitutionnelle acquise par les
partis est en réalité extrêmement limitée, dans la mesure où la Constitution ne les reconnaît
pas pour eux-mêmes : tout au plus, elle reconnaît que les lois concernant le financement
des partis politiques revêtent une importance jugée suffisante pour qu’une procédure
bicamérale obligatoire préside à leur adoption. La nouvelle formulation de l’article 77
de la Constitution ne traduit donc en aucun cas une volonté du constituant de consacrer
constitutionnellement les partis politiques. En fait, il semble qu’aucun parlementaire
ne se soit aperçu de la portée symbolique du texte qu’il s’apprêtait à voter – en tout cas,
aucun représentant n’a fait, au cours des discussions préalables, la moindre remarque
à ce sujet. Il apparaît que la question était simplement de savoir si le Sénat devait avoir
son mot à dire dans l’adoption de lois liées au financement des partis politiques. Ces lois
– comme toutes celles qui sont mentionnées à l’article 77 nouveau de la Constitution – sont
51
d’ailleurs qualifiées de « lois ordinaires (…) qui revêtent un caractère institutionnel » .
Il n’y a qu’un pas à faire pour en tirer comme conclusion que, aux yeux du constituant,
les partis politiques (du moins, les partis dans leur aspect économique), constituent des
institutions ou, à tout le moins, orbitent dans le champ institutionnel. Le juriste anversois
Dajo De Prins ne dit pas autre chose lorsqu’il considère, lors d’une audition devant le
groupe de travail « partis politiques » du Parlement fédéral, que « les partis deviennent
de plus en plus une composante de l’État et de moins en moins un instrument entre les
52
mains de citoyens engagés et de groupes issus de la société civile » . Il est intéressant
de noter que seul un membre du groupe de travail questionne cette affirmation ; il peut
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50
Il serait en effet peu adéquat que la Constitution confie la définition de certaines institutions à la loi
ordinaire : dans ce cas, le législateur ordinaire pourrait modifier le champ d’application de certaines
dispositions constitutionnelles sans respecter ni les conditions formelles (à savoir l’adoption d’une
déclaration de révision de la Constitution et la dissolution du Parlement, et l’organisation, dans les quarante
jours de cette dernière, d’élections) ni les conditions de vote spécifiques (à savoir une majorité des deux
tiers) d’une révision de la Constitution.
51
Sénat, Commission des affaires institutionnelles, Projet de révision de l’article 77 de la Constitution. Rapport,
n° 1720/3, 19 novembre 2013, p. 10 ; Chambre des représentants, Commission de Révision de la
Constitution et de la Réforme des institutions, Projet de révision de l’article 77 de la Constitution. Rapport,
52
n° 3161/3, 13 décembre 2013, p. 10.
Chambre des représentants et Sénat, Groupe de travail « partis politiques », La transposition des
recommandations du GRECO. Rapport intermédiaire, n° 2854/1 et n° 2133/1, 5 juin 2013, p. 95.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 19

en être conclu que les partis apparaissent bien, pour une large majorité des parlementaires,
comme de véritables institutions. Voilà qui peut rendre surprenante l’absence totale de
définition constitutionnelle ou de disposition organique les concernant.
L’analyse du texte constitutionnel – et de son sous-texte – permet donc d’aboutir à la
conclusion suivante : malgré une importance de fait unanimement admise, les partis
politiques n’ont qu’une assise constitutionnelle branlante. Outre leur mention à l’article 77,
leur existence ne peut se déduire que de manière implicite (et très peu intuitive) d’une
53
combinaison de diverses dispositions constitutionnelles – ainsi que de dispositions
législatives qui touchent au droit électoral et qui feront l’objet du chapitre 3. De plus, que
l’on considère que la Constitution les reconnaît à l’article 77 ou que l’on privilégie une
assise implicite, on ne peut nier que la notion n’y est à aucun moment définie.
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53
À ce sujet, cf. également P. LAUVAUX, Les grandes démocraties contemporaines, Paris, Presses universitaires
de France, 2004, p. 76.

CH 2483-2484
2. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION
FÉDÉRALE

En l’absence de définition constitutionnelle, c’est donc vers la loi qu’il convient de se


tourner pour savoir ce que le législateur entend par « parti politique ». En l’occurrence,
la première et (quasi) seule définition légale de cette notion figure dans la loi du 4 juillet
1989 « relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour
l’élection de la Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité
ouverte des partis politiques » (selon son titre actuel) 54. Cette loi fait d’ailleurs figure
d’unique loi consacrée explicitement aux partis politiques. C’est pourquoi il convient
de s’attarder sur la définition des partis qu’elle pose, ainsi que sur les nombreuses
conséquences juridiques qu’elle comporte. Ensuite, nous verrons dans quelle mesure il est
possible de qualifier cette loi du 4 juillet 1989 de législation organique des partis politiques
et d’ainsi mettre en évidence quelques balises légales à l’action des partis en Belgique.

2.1. LA DÉFINITION ISSUE DE LA LOI DU 4 JUILLET 1989

L’article 1er, 1°, de la loi du 4 juillet 1989 définit le parti politique comme « l’association de
personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique, qui participe aux élections
prévues par la Constitution et par la loi, qui, conformément à l’article 117 du Code
électoral, présente des candidats au mandat de représentant dans chaque circonscription
électorale d’une Communauté ou d’une Région et qui, dans les limites de la Constitution,
de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer l’expression de la volonté
populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme ».
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54
Moniteur belge, 20 juillet 1989. Au sujet de cette loi, de ses évolutions et de son application, cf. L. IKER-
DE MARCHIN, « Le financement et le contrôle des dépenses électorales des partis », Courrier hebdomadaire,
CRISP, n° 1323-1324, 1991 ; L. IKER, « Évolution des règles de financement et de contrôle des partis
politiques », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1607-1608, 1998, p. 5 ; M. GÖRANSSON, J. FANIEL, « Le
financement et la comptabilité des partis politiques francophones », Courrier hebdomadaire, CRISP,
n° 1989-1990, 2008 ; J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013).
I. Bases juridiques et partis francophones » et « Le financement et la comptabilité des partis politiques
(2008-2013). II. Partis flamands et analyse transversale », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2238-2239
et 2240-2241, 2014. Cf. aussi J. FANIEL, Le financement de la vie politique, Dossier n° 75, Bruxelles, CRISP,
2010.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 21

2.1.1. L’analyse de la définition légale du parti politique

Quatre éléments de cette définition sont à pointer ici.


Primo, le parti politique est nécessairement une « association de personnes physiques ».
Pour que le groupement soit reconnu comme tel, les adhérents d’un parti doivent être
uniquement des personnes physiques. Ne constitue donc pas un parti politique, au sens
de la loi du 4 juillet 1989, un groupement qui accepte des personnes morales voire des
associations de fait comme membres.
Secundo, un parti politique est une association « dotée ou non de la personnalité
juridique ». En d’autres termes, la loi laisse à chaque parti le soin de choisir la forme
juridique qu’il entend revêtir. Si la forme de groupement à but lucratif semble à exclure
par la nature même du parti politique, il est envisageable de constituer un parti sous la
forme d’une association sans but lucratif (asbl) ou d’une fondation. Surtout, la loi permet
au parti de ne pas se doter de la personnalité juridique et, donc, de n’être constitué que
sous la forme d’une association de fait. Telle est d’ailleurs la forme pour laquelle ont opté
la totalité des partis dits traditionnels ainsi que la vaste majorité des partis plus modestes
55
ou d’apparition plus récente . Ce choix s’explique probablement par le régime particulier
de responsabilité civile qui s’attache à cette forme d’association : l’association de fait n’ayant
théoriquement aucune existence juridique, il n’est pas possible de la mettre en cause,
ce qui protège le parti 56.
Tertio, n’est considérée comme un parti politique que l’association qui « présente des
candidats au mandat de représentant », c’est-à-dire l’association qui participe aux élections
fédérales (puisque le terme « représentants » vise exclusivement les membres de la
Chambre des représentants). Par ailleurs, la présentation des candidats doit se faire
« dans chaque circonscription électorale d’une Communauté ou d’une Région ». En
d’autres termes, la loi implique qu’il ne peut exister de parti politique qu’à l’échelle
minimale d’une Communauté ou d’une Région. Sont donc exclues de cette définition
du parti politique toutes les formations politiques à ancrage simplement local ou celles
qui, pour une raison ou une autre, ne présenteraient pas de candidats dans chaque
circonscription d’une Région ou d’une Communauté – il en serait ainsi, par exemple, d’un
groupement déposant des listes de candidats dans la moitié des circonscriptions d’une
57
Région ou d’une Communauté . Par conséquent, cette définition laisse les associations
et groupements locaux « hors-la-loi jusqu’à un certain degré d’importance sur la scène
politique » 58.
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55
M. GÖRANSSON, J. FANIEL, « Le financement et la comptabilité des partis politiques francophones », © CRISP | Téléchargé le 07/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 135.129.124.44)
op. cit., p. 37.
56
Pour plus de développements sur ce régime, cf. T. GAUDIN, « Le statut juridique des partis et groupements
57
politiques : un patchwork entre no man’s land et usine à gaz », Administration publique, n° 1, 2021, à paraître.
Les travaux préparatoires indiquent ainsi clairement qu’une formation politique « qui n’est structuré[e]
qu’au niveau d’un arrondissement est exclu[e] du champ d’application de la loi » (Chambre des
représentants, Commission de l’Intérieur, des Affaires générales, de l’Éducation et de la Fonction publique,
Proposition de loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi qu’au financement et
58
à la comptabilité ouverte des partis politiques. Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 5).
B. CADRANEL, J. LUDMER, « La législation concernant le financement des partis liberticides », Courrier
hebdomadaire, CRISP, n° 2001-2002, 2008, p. 17.

CH 2483-2484
22 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Il est à noter que cette loi du 4 juillet 1989 est relative au seul niveau fédéral, c’est-à-dire,
à l’origine, aux élections de la Chambre des représentants et aux élections du Sénat et,
depuis la sixième réforme de l’État, aux seules élections de la Chambre des représentants 59.
Son titre initial (« loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi
qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques ») a d’ailleurs été
modifié successivement par la loi du 19 mai 1994 (en « loi relative à la limitation et au
contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections des Chambres fédérales, ainsi
qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques ») 60 puis, dans le
cadre de la sixième réforme institutionnelle, par une loi du 6 janvier 2014 (en « loi relative
à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection de la
Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis
politiques ») 61.
Il est à préciser que la définition légale n’exclut pas l’existence de partis qui déposent des
listes dans toutes les circonscriptions du pays ou dans toutes les circonscriptions d’une
Région ou Communauté ainsi que dans une ou plusieurs autres circonscriptions. À cet
égard, donc, les pratiques respectives du PTB (qui est un parti national), du Vlaams Belang
(qui, en 2019, a déposé des listes dans l’ensemble des circonscriptions du pays, en ce
compris celles situées en Wallonie, pour l’élection de la Chambre des représentants 62)
ou encore de Défi (qui, en 2019, a présenté des candidats en Région bruxelloise, dans toutes
les circonscriptions wallonnes et dans une circonscription flamande pour l’élection de la
Chambre des représentants 63) n’empêchent pas que chacun de ces groupements soit
considéré comme un parti politique au sens de la loi.
De même, la définition légale permet à des formations ne présentant de candidats qu’en
Région bruxelloise d’être reconnues comme des partis politiques, puisqu’il suffit de
présenter des listes dans toutes les circonscriptions d’une Région ou Communauté 64. En
revanche, comme il n’existe pas de circonscription propre à la région de langue allemande
pour les élections de la Chambre des représentants, il ne peut, aux termes de la loi, exister
de parti politique qui ne se présenterait qu’à l’échelle de la Communauté germanophone.
En définitive, donc, pour répondre à la définition légale du parti politique dans le cadre
des élections fédérales, une formation doit présenter des candidats au moins soit dans
la circonscription fédérale comprenant (jusqu’à la scission de celle de Bruxelles-Hal-
Vilvorde 65) ou correspondant à (depuis lors) la Région bruxelloise, soit dans l’ensemble

59
Depuis la sixième réforme de l’État, le Sénat ne comporte plus aucun membre élu directement (cf.
C. SÄGESSER, C. ISTASSE, « Le Sénat et ses réformes successives », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2219-
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2220, 2014, p. 59-63).
60
Moniteur belge, 25 mai 1994. Ce changement d’intitulé est sans doute à lier avec l’introduction du principe
de l’élection directe des membres du Parlement wallon et du Parlement flamand (en sus du Parlement
de la Communauté germanophone depuis 1974 et du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale
61
depuis 1989, cf. supra).
62
Moniteur belge, 31 janvier 2014.
Cf. B. BIARD, P. BLAISE, J. FANIEL, C. ISTASSE, C. SÄGESSER, « Les résultats des élections fédérales et européennes
63
du 26 mai 2019 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2433-2434, 2019, p. 25-26, 39 et 54.
64
Cf. ibidem, p. 25, 39 et 54-55.
En l’occurrence, le territoire de la région bilingue de Bruxelles-Capitale est tout entier compris dans une
65
seule circonscription électorale fédérale.
Cf. B. BLERO, « La scission de la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde », Courrier
hebdomadaire, CRISP, n° 2279, 2015.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 23

des circonscriptions fédérales présentes sur le territoire de la Région wallonne, soit dans
l’ensemble des circonscriptions fédérales présentes sur le territoire de la Région flamande.
Quarto, selon la définition légale, un parti est une association qui « tente d’influencer
l’expression de la volonté populaire », et qui le fait « dans les limites de la Constitution,
de la loi, du décret et de l’ordonnance ». Cette disposition vise, très clairement, à exclure
de la qualification de parti politique, et donc du financement corrélatif, toute organisation
qui tenterait de faire entendre sa voix par des moyens illégaux. On pense, notamment,
à une formation politique qui contreviendrait dans sa propagande à la loi du 30 juillet 1981
66
tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie . Sont donc
visés les partis dits liberticides, à l’égard desquels le législateur manifeste la plus grande
67
méfiance .

2.1.2. Le caractère de précédent de la définition

Eu égard à son caractère unique en droit belge, cette définition légale du parti politique
a acquis, dès son adoption, une valeur de précédent indéniable 68. Pour s’en convaincre,
il suffit d’observer la définition du parti politique telle qu’elle apparaît dans la législation
ultérieure :
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et par la loi, qui présente
des candidats conformément à la loi relative aux élections du Parlement wallon,
du Parlement flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et
du Parlement de la Communauté germanophone et qui, dans les limites de la
Constitution, de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer l’expression
de la volonté populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme »
(article 1er, 2°, de la loi du 19 mai 1994 réglementant la campagne électorale,
concernant la limitation et la déclaration des dépenses électorales engagées pour les
élections du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la Région
de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la Communauté germanophone, et fixant
le critère de contrôle des communications officielles des autorités publiques) 69 ;
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et par la loi, qui,
conformément à la loi du 23 mars 1989 relative aux élections du Parlement
européen, présente des candidats au mandat de représentant du Parlement
européen et qui, dans les limites de la Constitution, de la loi, du décret et de
l’ordonnance, tente d’influencer l’expression de la volonté populaire de la manière
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er
définie dans ses statuts ou son programme » (article 1 , 2°, de la loi du 19 mai 1994

66
67
Moniteur belge, 8 août 1981.
D’ailleurs, l’exclusion des formations politiques locales est justifiée également, en partie, par le souci
de freiner des mouvements extrémistes (cf. Chambre des représentants, Commission de l’Intérieur, des
Affaires générales, de l’Éducation et de la Fonction publique, Proposition de loi relative à la limitation
et au contrôle des dépenses électorales ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques.
68
Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 21).
69
B. CADRANEL, J. LUDMER, « La législation concernant le financement des partis liberticides », op. cit., p. 18.
Moniteur belge, 25 mai 1994.

CH 2483-2484
24 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour


70
l’élection du Parlement européen) ;
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et la loi, présente des
candidats conformément à la loi du 6 juillet 1990 réglant les modalités de l’élection
du Parlement de la Communauté germanophone et qui, dans les limites de la
Constitution, de la loi et du décret, tente d’influencer l’expression de la volonté
populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme » (article 2, 8°,
du décret de la Communauté germanophone du 7 avril 2003 visant le contrôle des
dépenses électorales et de la déclaration de l’origine des fonds engagés pour l’élection
du Parlement et des conseils communaux ainsi que des communications des
71
autorités publiques de la Communauté germanophone) ;
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution, la loi, le décret et
l’ordonnance, qui présente des candidats à ces élections et qui, dans les limites de
la Constitution, de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer
l’expression de la volonté populaire de la manière définie dans ses statuts ou
son programme » (article 1er, 3°, du décret wallon du 1er avril 2004 relatif au
contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections du Conseil régional
wallon, ainsi qu’au contrôle des communications du président du Conseil régional
wallon et des membres du gouvernement wallon) 72 ;
- « association de personnes physiques, dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections prévues par la Constitution et qui présente des candidats
aux élections de la Chambre des représentants, du Sénat, du Conseil de la Région
wallonne, du Conseil flamand, du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale ou
du Conseil de la Communauté germanophone et qui, dans les limites de la
Constitution, de la loi, du décret et de l’ordonnance, tente d’influencer l’expression
de la volonté populaire de la manière définie dans ses statuts ou son programme »
er
(article 1 , 2°, de l’ordonnance bruxelloise du 29 avril 2004 organisant le contrôle
des dépenses électorales et des communications gouvernementales) 73 ;
- « association de personnes physiques dotée ou non de la personnalité juridique,
qui participe aux élections provinciales, aux élections communales ou aux élections
des conseils de secteur prévues par la Constitution, la loi ou le décret, qui présente
des candidats aux mandats de conseiller provincial, de conseiller communal ou de
conseiller de secteur et qui, dans les limites de la Constitution, de la loi ou du
décret, tente d’influencer l’expression de la volonté populaire de la manière définie
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70
71
Moniteur belge, 25 mai 1994.
Moniteur belge, 4 décembre 2003 (tel que modifié par le décret de la Communauté germanophone du
18 juin 2018 portant modification du décret du 7 avril 2003 visant le contrôle des dépenses électorales pour
l’élection du Parlement ainsi que des communications des autorités publiques de la Communauté
72
germanophone, Moniteur belge, 25 juillet 2018).
Moniteur belge, 15 avril 2004. Il est à noter que la terminologie n’a pas été mise à jour. Le lecteur lira
73
donc « Parlement » en lieu et place de « Conseil régional ».
Moniteur belge, 14 juin 2004. La terminologie de « Conseil » n’a pas été mise à jour en « Parlement » ;
de même, la référence au Sénat n’a plus de sens aujourd’hui, puisque le Sénat n’est plus composé d’élus
directs depuis la sixième réforme de l’État. Plus largement, le renvoi à tout autre parlement que celui
de la Région de Bruxelles-Capitale laisse perplexe, dans la mesure où la Région n’est évidemment pas
compétente pour régler l’élection de ces autres institutions.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 25

dans ses statuts ou son programme » (article L4112-4 du Code wallon de la


er
démocratie locale et de la décentralisation, inséré par un décret wallon du 1 juin
74
2006) .
Les six définitions ici reproduites forment, avec celle figurant dans la loi du 4 juillet 1989,
l’intégralité des définitions de la notion de parti politique dans l’ordre juridique belge 75.
Ces six définitions ultérieures sont toutes directement inspirées de celle donnée par la loi
du 4 juillet 1989. Cependant, elles présentent une nuance de taille par rapport à celle-ci,
à savoir qu’il n’est pas nécessaire de présenter des candidats dans chaque circonscription
électorale pour pouvoir être considéré comme un parti politique. Hormis cette importante
différence, ces six définitions sont fort semblables à celle de la loi du 4 juillet 1989.
Il convient de souligner que, dans l’esprit de ses auteurs, la définition donnée dans la loi
du 4 juillet 1989 « ne vaut que pour l’application de cette loi et (…) ne peut nullement
servir de référence pour les autres cas » 76. Cela signifie que le législateur de 1989 n’a
nullement eu pour intention de créer un statut ou une définition générale du parti
politique : il ne s’est agi pour lui que de définir le parti dans la matière circonscrite des
finances des partis et de leur comptabilité. Il en va de même, chacune pour la loi, le décret,
l’ordonnance ou le code qui la concerne, des six définitions qui en sont dérivées.
Autrement dit, la définition légale du concept de parti politique ne s’applique que s’agissant
du contrôle des dépenses électorales des partis, de leur financement et de leur comptabilité
ouverte, à l’exclusion de tous les autres domaines. En aucun cas, cette définition légale
spécifique ne peut être considérée comme une définition légale globale, ce qui laisse intact
le problème de la définition légale générale du parti politique en Belgique.

2.2. LA LOI DU 4 JUILLET 1989 ET SES PRINCIPAUX PRESCRITS

Comme nous venons de l’indiquer, et comme l’a relevé avant nous le Groupe d’États
contre la corruption (GRECO, organe du Conseil de l’Europe), « les partis politiques
[belges] ne connaissent pas de consécration explicite ou de statut particulier dans les textes
(par exemple dans la Constitution et le Code électoral). Toutefois, la législation sur le
financement des partis politiques et la réglementation des campagnes électorales contient
une définition de la notion de parti politique et l’existence des partis politiques est
reconnue dans la législation électorale » 77.

74 er er
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Article 2 du décret wallon du 1 juin 2006 modifiant le Livre I de la quatrième partie du Code de la
75
démocratie locale et de la décentralisation (Moniteur belge, 9 juin 2006).
Quant à lui, le décret flamand du 7 mai 2004 portant réglementation du contrôle des dépenses électorales
et de l’origine des fonds engagés pour l’élection du Parlement flamand (Moniteur belge, 28 mai 2004)
ne définit pas la notion de parti politique. Dans la mesure où la réglementation des dépenses électorales
est une compétence fédérale (cf. infra), il est permis de considérer que le Parlement flamand se réfère
à la définition donnée par la loi du 19 mai 1994 précitée, d’autant que le règlement du Parlement
76
flamand se réfère à cette loi pour conditionner l’octroi d’une dotation complémentaire.
Chambre des représentants, Commission de l’Intérieur, des Affaires générales, de l’Éducation et de la
Fonction publique, Proposition de loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi qu’au
77
financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques. Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 20.
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
11-15 mai 2009, p. 3. À ce sujet, cf. J. SMULDERS, « Le Groupe d’États contre la corruption (GRECO)

CH 2483-2484
26 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

78
Le Code électoral connaît certes les « partis politiques » en ses articles 17 et 180bis , ainsi
que les « formations politiques » en divers articles, mais ces notions n’apparaissent que
de manière marginale dans le Code, et sans définition. Ce constat peut paraître ironique,
dans la mesure où certains auteurs déduisaient une reconnaissance implicite de l’existence
des partis de différentes dispositions constitutionnelles touchant au système électoral
(cf. supra). Dès lors, et en l’absence de toute loi qui régirait divers aspects de la naissance,
79
de la vie et de la mort des partis politiques , c’est la législation en matière de dépenses
électorales et de financement des partis qui sert de seul cadre normatif spécifique aux partis
politiques. De cette législation casuistique peut toutefois être tirée, dans une certaine
mesure, une ébauche de statut propre aux partis, en analysant d’abord l’absence de
personnalité juridique des partis politiques, puis le contenu de la loi du 4 juillet 1989.
Nous nous arrêterons plus spécifiquement sur le système de financement public des partis
et sur l’obligation de publication de leur comptabilité qui y est corrélative.

2.2.1. Une conséquence de la définition légale :


l’absence de personnalité juridique

Un élément central sur lequel il nous semble indispensable d’attirer l’attention du lecteur
réside dans l’absence de personnalité juridique des partis politiques. En effet, rappelons-
le, le parti politique est défini comme « l’association de personnes physiques, dotée ou
non de la personnalité juridique ». Si la loi du 4 juillet 1989 laisse le choix quant à la
personnalité juridique, on remarque cependant que tous les partis politiques – ou, du
moins, la quasi-totalité de ceux-ci – ont choisi de ne pas disposer de pareille personnalité.
Pour bien saisir les implications de cette absence de personnalité juridique, il convient
de revenir à la définition du concept. Les personnes, au sens juridique, apparaissent comme
ceux « qui ont le droit de jouer un rôle dans le monde du droit, qui peuvent être titulaires
de droits et d’obligations et qui peuvent agir en justice » 80. En théorie, l’absence de
personnalité juridique emporte dès lors l’absence de droits et de devoirs. Ainsi, les
associations de fait, qui sont la forme de groupement non personnalisé sous laquelle
les partis politiques évoluent en Belgique, ne peuvent en principe ni contracter, ni ester
en justice, ni disposer d’un patrimoine propre. Le parti politique n’existe donc pas
juridiquement, pour ainsi dire.

et la transparence en matière de comptabilité des partis politiques », Courrier hebdomadaire, CRISP,


78
n° 2377, 2018.
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L’expression « partis politiques » apparaît également dans l’article 94ter du même Code, mais uniquement
parce qu’une référence est faite à la loi du 4 juillet 1989 précitée, qui comprend l’expression dans son intitulé
79
(cf. infra).
De nombreux pays européens disposent d’une telle loi. Par exemple, la loi allemande est « une des plus
complètes et détaillées d’Europe » (J.-B. PILET, É. VAN HAUTE, Critères, conditions et procédures applicables
à la création d’un parti politique dans les États membres de l’Union européenne, Bruxelles, Parlement
européen, Direction générale des Politiques internes, Département thématique C (Droits des citoyens
et affaires constitutionnelles), Affaires constitutionnelles, 2012, www.europarl.europa.eu, p. 22) et régule
de nombreux aspects des partis politiques, de leur constitution jusqu’à leur dissolution. Cf. Gesetz über
die politischen Parteien (Parteiengesetz), 31 janvier 1994, Bundesgesetzblatt, année 1994, tome 1, n° 5,
4 février 1994 (une version traduite en anglais est disponible sur le site Internet du Bundestag :
80
www.bundestag.de).
A.-C. VAN GYSEL, Précis de droit des personnes et de la famille, Limal, Anthemis, 2013, p. 17.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 27

Cela peut paraître étonnant, dans la mesure où, nous l’avons souligné, la loi ne prend en
compte les partis que d’un point de vue économique et comptable : comment octroyer
un financement public à un groupement qui n’a pas de personnalité juridique, et donc
aucun patrimoine propre ? L’article 22 de la loi du 4 juillet 1989 résout ce problème
au moyen d’un montage particulier : chaque parti politique doit désigner une asbl,
dotée de la personnalité juridique, qui recevra la dotation pour le parti 81. Cette asbl de
financement – ou de gestion – ne se confond pas avec le parti et se voit attribuer
légalement plusieurs missions, dont l’obligation de tenir une comptabilité (cf. infra).
Nous voyons donc graviter, autour du parti, une première entité distincte. Mais c’est loin
d’être la seule. Ainsi, lorsqu’elle définit le parti politique, la loi du 4 juillet 1989 circonscrit
aussi un certain nombre de composantes du parti qui sont donc virtuellement réputées
faire partie du parti. Il s’agit des organismes, associations, groupements et entités régionales
d’un parti politique, quelle que soit leur forme juridique, qui sont directement liés à ce
parti, à savoir : les services d’études, les organismes scientifiques, les instituts de formation
politique, les producteurs d’émissions politiques concédées, les asbl de gestion, les entités
constituées au niveau des arrondissements et/ou des circonscriptions électorales pour
les élections de la Chambre ou des parlements des entités fédérées (ainsi que, avant la
sixième réforme de l’État, du Sénat), et les groupes politiques au sein des différentes
assemblées législatives et des conseils provinciaux, en ce compris les asbl qui perçoivent
les dotations octroyées par les assemblées en question. On remarquera que les sections
communales des partis politiques n’entrent pas dans le périmètre de consolidation.
À la lecture même de la loi du 4 juillet 1989, on peut donc comprendre que, loin de
constituer une entité aux contours nettement délimités, le parti politique constitue plutôt
un « système planétaire », constitué d’une association de fait autour de laquelle gravitent
différentes entités. Ainsi, lors de l’exercice 2019, les périmètres de consolidation des
principaux partis comptaient le nombre d’entités suivant : 39 pour le Vlaams Belang,
38 pour le CDH, 36 pour la N-VA et pour Écolo, 27 pour le PS, 23 pour l’Open VLD,
le SP.A et le PTB, 20 pour le CD&V, 19 pour le MR, 15 pour Groen, 3 pour Défi et 2 pour
le Parti populaire (PP) 82.
Ce système implique que, dans ses relations avec des tiers, le parti politique doive passer
par l’une de ces entités personnifiées. Étant dépourvu de personnalité juridique, le parti
ne peut acheter et gérer de biens immobiliers, engager de personnel, conclure des contrats
de fourniture, etc. Dès lors, une myriade de personnes morales interviennent pour lui,
causant une multiplication d’acteurs aux missions diverses, propice à une confusion
sur les rôles et responsabilités de chacun 83. De manière générale, on constate que, dans
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81
82
Il est à noter que cette asbl doit être agréée par un arrêté royal délibéré en Conseil des ministres.
Au moment où nous écrivons ces lignes, les rapports financiers relatifs à l’exercice 2020 n’ont pas encore
été publiés. Le lecteur intéressé trouvera, en annexe du présent Courrier hebdomadaire, la liste des entités
entrant dans les périmètres de consolidation de chacun des partis représentés à la Chambre des représentants
83
avant les élections du 26 mai 2019.
À ce titre, l’affaire des « fantômes du PSC » fait figure d’illustration claire des dérives que ce système peut
entraîner. Le système des « fantômes » consistait à faire payer par les ministères des employés qui travaillaient
en réalité pour le parti social-chrétien ou pour ses composantes – le parti économisant ainsi de précieux
deniers. Ce système de financement indirect et illégal ne se limitait pas à la mise à disposition de moyens
humains, puisqu’il concernait aussi celle de matériel. Lorsque la justice s’est emparée de l’affaire, la
multiplication des satellites gravitant autour du parti a amené les autorités à procéder à de nombreuses
et longues perquisitions. Cf. P. WYNANTS, « Du PSC au CDH. I. 1981-1999 », Courrier hebdomadaire,

CH 2483-2484
28 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

l’exercice de droits et obligations juridiques, le parti politique délègue la gestion de ses


84
affaires à différentes de ses composantes .
Pourtant, il convient de nuancer l’absence de personnalité juridique des partis politiques.
En effet, il apparaît que les partis « bénéficient des avantages liés à un statut juridique, grâce
à des dispositions législatives particulières, sans toutefois être soumis aux inconvénients
85
d’un statut juridique complet » . D’une part, quelques règles législatives aménagent
un certain statut juridique pour les partis et, d’autre part, les juridictions concourent
également à cet aménagement. En effet, dans le respect le plus pur des principes liés à
la personnalité juridique, un parti politique, comme association de fait, devrait se voir
débouter à chaque fois qu’il introduit une action judiciaire ou à chaque fois qu’une action
est introduite contre lui. Pourtant, ce n’est pas le cas. Par exemple, le Conseil d’État n’a
même pas questionné la recevabilité d’un recours introduit, entre autres, par le PTB, alors
même que la partie adverse soutenait l’irrecevabilité de pareil recours en raison de
86
l’absence de personnalité juridique du parti . La Cour d’arbitrage (aujourd’hui Cour
constitutionnelle) est allée plus loin encore : après avoir admis que « la partie requérante
devant la Cour doit être une personne physique ou morale justifiant d’un intérêt » et que
« les partis politiques qui sont des associations de fait n’ont pas en principe la capacité
requise pour introduire un recours en annulation devant la Cour », elle a considéré qu’« il
en va toutefois autrement lorsqu’ils agissent dans les matières, telle la législation électorale,
pour lesquelles ils sont légalement reconnus comme formant des entités distinctes et que,
alors que leur intervention est légalement reconnue, certains aspects de celle-ci sont en
cause » 87.
Nous nous trouvons donc en face d’un système pour le moins paradoxal. Alors même que
les partis politiques sont des associations de fait dépourvues de la personnalité juridique,
ils peuvent agir via une série d’entités, personnifiées, qui gravitent dans leur périmètre de
consolidation. C’est par ce biais, de manière générale, qu’ils peuvent contracter, ester
en justice, etc. Toutefois, le parti politique en lui-même, comme association de fait,
semble extrêmement protégé, puisqu’il ne pourra jamais être mis en cause en tant que
tel. Ainsi, dans l’affaire du Vlaams Blok, ce sont des asbl satellites du parti qui ont été mises
en cause, et non directement le parti. Pour rappel, des poursuites avaient été engagées,
à l’initiative du Centre pour l’égalité des chances et de la Ligue des droits de l’homme,
contre trois asbl satellites du Vlaams Blok. Après une saga judiciaire de plusieurs années,
ces asbl ont finalement été sanctionnées pour violation de l’article 3 de la loi du 30 juillet
1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie 88. Le parti,
lui, n’a jamais été inquiété en tant que tel, même si cette affaire a poussé ses dirigeants
à changer la dénomination de leur formation politique en Vlaams Belang 89. Cela constitue,
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CRISP, n° 1889, 2005, p. 19-20 ; A. TRÉFOIS, J. FANIEL, « L’évolution des partis politiques francophones
84
(2002-2007) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1972, 2007, p. 10.
Cf., par exemple, l’action introduite par l’une des asbl des FDF à l’encontre de l’asbl financière du MR
devant le tribunal de première instance de Bruxelles le 3 avril 2014, à la suite de la séparation des deux partis
85
et afin de recevoir une partie de la dotation publique octroyée.
F. TULKENS, « Statut juridique et financier des partis politiques, vers la fin du non-droit ? », Revue de
86
droit de l’ULB, n° 16, 1997, p. 11.
87
Conseil d’État, Arrêt n° 227.788, 20 juin 2014.
Cour d’arbitrage, Arrêt n° 90/2006, 24 mai 2006, point B.6.2.
88
89
Moniteur belge, 8 août 1981.
e
Cf. Cour de cassation (2 chambre), 18 novembre 2003, Journal des tribunaux, 2003, p. 810 ; Cour d’appel
e
de Gand, 10 mars 2003, Journal des tribunaux, 2003, p. 747 ; Cour d’appel de Liège (7 chambre), 15 mars

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 29

pour tout parti politique, une garantie contre « un gouvernement malveillant » qui
souhaiterait « profiter de [la] personnalité juridique pour utiliser des mécanismes légaux
afin de [le] contrôler, bloquer voire [le] supprimer » 90, mais peut poser question à bien
91
d’autres égards . Pourtant, la jurisprudence a admis qu’un parti politique puisse agir
directement.
Selon certains acteurs parlementaires comme d’après le GRECO, le système actuel
mériterait donc d’être remanié, dans le but non seulement de le rendre moins complexe
mais aussi d’assurer de manière plus ferme la sécurité juridique. À leurs yeux, il est
indispensable, tant pour le citoyen que pour d’éventuels cocontractants des partis, de savoir
clairement à quelle entité s’adresser et quelle entité attaquer, le cas échéant, sans que cela
ne soit rendu illisible par des pratiques de délégation de contentieux entre une pluralité
d’acteurs différents.

2.2.2. Le contrôle des dépenses électorales

Le chapitre II de la loi du 4 juillet 1989 règle la question de la limitation et du contrôle des


dépenses électorales engagées pour l’élection de la Chambre des représentants. Le contenu
de ce chapitre se retrouve de manière extrêmement proche dans les deux lois du 19 mai
1994, relatives respectivement aux élections des parlements des entités fédérées (Parlement
wallon, Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Parlement flamand et Parlement
de la Communauté germanophone 92) et à celle du Parlement européen (cf. supra).
L’article 4 de la loi du 4 juillet 1989 offre une définition, par la positive et par la négative,
de la notion de dépenses électorales. D’une part, ressortissent de cette notion « toutes les
dépenses et tous les engagements financiers afférents à des messages verbaux, écrits, sonores
et visuels destinés à influencer favorablement le résultat d’un parti politique et de ses
candidats », pour peu qu’elles soient engagées au cours d’une période « de prudence » de
quatre mois avant les élections ou, en cas d’élections anticipées 93, à partir de la publication,
au Moniteur belge, de la convocation des collèges électoraux. Que ces dépenses aient été
effectuées par le parti politique, par un candidat ou par un tiers n’importe pas, sauf si le
parti ou le candidat dénonce ces dépenses et prie le tiers de mettre fin à sa campagne.
D’autre part, diverses dépenses, dans les détails desquelles nous n’entrerons pas ici, sont
explicitement exclues de la notion de « dépenses électorales ». Notons toutefois encore

2012, Revue de jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles, 2012, p. 1005 ; A. TRÉFOIS, J. FANIEL, « L’évolution
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des partis politiques flamands (2002-2007) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1971, 2007, p. 14-23.
90
Citation du politologue Jean-Benoit Pilet (ULB), dans J. VLASSENBROEK, « Pourquoi les syndicats (et
les partis) n’ont pas de personnalité juridique ? », RTBF Info, 30 octobre 2015, www.rtbf.be. Le fait
qu’un parti doive désigner une association personnifiée percevant sa dotation publique offre déjà un
moyen de bloquer un potentiel nouveau parti concurrent : le gouvernement pourrait décider de ne pas
91
agréer l’asbl de financement d’un nouveau parti afin de priver ce dernier de sa dotation publique.
On pense notamment aux cas où un parti politique violerait ses statuts ou au cas, demeuré marginal
jusqu’à présent, où un candidat évincé de la présidence du parti contesterait le résultat d’élections
er
92
internes (Tribunal de première instance de Bruxelles, 1 avril 1999, Rôle général, 1548/A/97).
Étant entendu que le Parlement de la Communauté française n’est pas composé sur la base d’élections
93
directes.
Rappelons que l’hypothèse d’élections anticipées ne vaut que pour la Chambre des représentants (et, avant
la sixième réforme de l’État, également pour le Sénat).

CH 2483-2484
30 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

que, par ailleurs, les dépenses doivent être imputées aux prix du marché, afin d’éviter les
94
« cadeaux déguisés » .
Sans entrer dans les détails techniques de la législation, ce qui sort largement du cadre du
présent Courrier hebdomadaire, la limitation des dépenses électorales ainsi définie s’impose
tant collectivement aux partis politiques qu’aux candidats considérés individuellement. En
l’occurrence, les partis politiques ne peuvent dépenser plus d’un million d’euros à titre
de dépenses électorales lors d’un scrutin fédéral ou d’un scrutin multiple. Cependant, ils
peuvent imputer jusqu’à 25 % de ce montant à des candidats, à la condition que chaque
candidat ne perçoive pas plus de 10 % de ce pourcentage. Très concrètement, cela signifie
qu’un parti peut imputer au maximum 250 000 euros à des candidats, avec un maximum
de 25 000 euros par candidat. Ce mécanisme permet aux candidats qui en bénéficient de
95
dépenser un montant supérieur à leur plafond personnel – puisque le montant imputé
au candidat est déduit de la somme que peut dépenser globalement son parti politique,
96
et non de la somme que le candidat peut dépenser . De plus, l’article 5 de la loi interdit
une série de pratiques durant la période de prudence, comme la distribution de gadgets
ou l’utilisation de panneaux publicitaires commerciaux.
En cas de violation des dispositions relatives à la limitation des dépenses électorales, un
parti politique peut se voir infliger un certain nombre de sanctions. Il est à noter qu’avant
la sixième réforme de l’État, la seule sanction possible à l’encontre d’un parti contrevenant
était la suspension de la dotation publique 97. De nos jours, l’éventail de sanctions est plus
large. Il prévoit, pour les cas de dépassement du plafond de dépenses, une amende
administrative égale au dépassement, avec toutefois un minimum de 25 000 euros et
un maximum correspondant à quatre fois la dotation mensuelle. Cette modification
se justifie par le fait que, sous le précédent régime, un parti qui n’avait obtenu aucun
siège – et n’avait donc pas droit à la dotation publique (cf. infra) – bénéficiait d’une sorte
d’immunité de fait, la seule sanction envisageable étant la suspension d’une dotation qu’il
ne recevait de toute façon pas. Dans le système actuel, un parti sans élu qui dépasserait
les plafonds de dépenses se verrait infliger une amende administrative de 25 000 euros.
Une question se pose encore. Une formation politique qui ne présenterait de candidats
que dans certaines circonscriptions d’une Région ou d’une Communauté ne répond pas
à la définition du parti politique telle qu’elle ressort de l’article 1er de la loi du 4 juillet 1989.

94
95
L. IKER, « Évolution des règles de financement et de contrôle des partis politiques », op. cit., p. 27.
J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques
et partis francophones », op. cit., p. 8. Ce plafond individuel, fixé au cas par cas pour chaque candidat,
dépend d’une série de facteurs, tels que la position du candidat sur la liste, le fait qu’il soit candidat effectif
ou suppléant, la circonscription électorale dans laquelle il se présente et le nombre d’élus obtenus par
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le parti lors du scrutin fédéral précédent. Ce plafond varie de 8 700 euros majorés de 0,035 euro par
électeur inscrit lors des élections précédentes dans la circonscription électorale où le candidat se présente
(pour un ou plusieurs candidats en tête de liste selon le résultat antérieur du parti dans la circonscription
électorale considérée) à 2 500 euros (pour les candidats suppléants) en passant par 5 000 euros (pour
tous les autres candidats). Pour être très précis, il est à noter qu’un candidat supplémentaire, sélectionné
discrétionnairement par le parti, peut bénéficier du même plafond que le ou les candidats en tête de liste ;
de même, le candidat qui figure à la première place des candidats suppléants bénéficie du même plafond
96
qu’un candidat effectif ordinaire.
97
L. IKER, « Évolution des règles de financement et de contrôle des partis politiques », op. cit., p. 28.
L’article 13, ancien, de la loi du 4 juillet 1989 précitée était rédigé en ces termes : « En cas de violation de
er
l’article 2, § 1 , le parti politique concerné perd, pendant la période subséquente fixée par la Commission
de contrôle et qui ne peut être inférieure à un mois ni supérieure à quatre mois, le droit à la dotation
prévue à l’article 15 ».

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 31

Dès lors, se trouve-t-elle liée par la législation portant limitation des dépenses électorales ?
Peut-elle être sanctionnée si elle dépasse le plafond autorisé, dans la mesure où les sanctions
visent « le parti politique » 98, et qu’elle n’en constitue pas un ? La réponse semble être
négative. Une telle formation politique pourrait, lors de sa campagne, négliger totalement
de respecter la loi sur la limitation des dépenses électorales puisque, n’étant pas qualifiée
de « parti » par cette dernière, elle n’entre pas dans son champ d’application. Cela étant,
en cas d’élection d’un ou plusieurs de ses candidats à la Chambre des représentants, un
tel groupement ne serait pas éligible à l’octroi d’une dotation publique, ce qui permet
de nuancer quelque peu la portée de cette impunité de fait.
Cette difficulté ne se présente pas pour les élections du Parlement européen et des
parlements régionaux et communautaires, puisque la définition du parti ne reprend
pas, dans les législations ad hoc, la condition de présentation de candidats dans chaque
circonscription. Dans les faits, la situation pourrait devenir particulièrement complexe,
voire ubuesque, lorsqu’une formation présente des candidats dans quelques
circonscriptions pour la Chambre et d’autres aux élections européennes, régionales ou
communautaires se tenant le même jour.

2.2.3. L’obligation de comptabilité ouverte

Une deuxième obligation pèse sur les formations légalement considérées comme des partis
politiques : celle de tenir une comptabilité ouverte. Le chapitre IV de la loi du 4 juillet 1989
traite de cette question.
D’emblée, il convient de relever que l’obligation de tenir une comptabilité ouverte ne
s’applique qu’au « parti politique qui satisfait aux conditions fixées aux articles 15 et
99
15bis » , c’est-à-dire au parti éligible à une dotation publique. En l’occurrence, pour
acquérir un droit à une dotation publique, un parti doit avoir au moins un élu au sein
de la Chambre des représentants et s’être engagé à respecter les principes démocratiques
(au sein des parlements de Région et de Communauté, les conditions sont un peu
différentes, cf. infra). Ainsi, les partis politiques qui satisfont à la définition de l’article 1er
de la loi de 1989 mais qui ne sont pas représentés à la Chambre n’ont aucune obligation
de publicité de leurs comptes.
Tout parti éligible à une dotation publique doit désigner une asbl, dite asbl de financement
(ou de gestion), qui recueille la dotation et sur laquelle pèsent les obligations de
comptabilité ouverte. Le conseil d’administration de cette asbl dresse annuellement un
rapport financier relatif aux comptes du parti et de ses composantes 100, qui est soumis
au contrôle d’un réviseur d’entreprise (nommé par l’asbl). Ensuite, les deux rapports (le
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rapport financier et le rapport du réviseur) sont envoyés au président de la Chambre
des représentants, pour une transmission à la Cour des comptes et pour une publication
dans les documents parlementaires. Enfin, ces documents sont transmis à la Commission

98
Cf. l’article 13 de la loi du 4 juillet 1989 précitée : « La Commission de contrôle inflige au parti politique
concerné une amende administrative ».
99
100
Article 22 de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
er
Les composantes du parti, qui font partie de son périmètre de consolidation, sont énumérées à l’article 1 ,
1°, de la loi du 4 juillet 1989 précitée.

CH 2483-2484
32 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

101
de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité des partis politiques pour
examen.
L’obligation de tenir une comptabilité ouverte étant conçue comme un corollaire du
102
financement public, comme l’ont exposé les auteurs de la loi du 4 juillet 1989 , il n’est
pas étonnant qu’elle ne pèse que sur les partis bénéficiant de la dotation publique.

2.2.4. Le droit à un financement public

Enfin, en parallèle des obligations mentionnées précédemment, la loi du 4 juillet 1989


ouvre un droit à un financement public pour les partis politiques. Le chapitre III de la loi
définit à cet égard les principes applicables. En réalité, il contient des règles globales relatives
au financement des partis, dont, en plus des règles relatives à la dotation publique, la
limitation stricte des dons des personnes privées et l’interdiction des dons venant de
personnes morales 103. Il est à noter que nous avons choisi de ne nous intéresser ici qu’au
financement public des partis, à l’exclusion de leurs sources de financement privé, qui
représente environ 15 % de leurs ressources.
L’article 15 de la loi prévoit les conditions à remplir pour obtenir le droit à un financement
er
public : outre la qualité de parti politique au sens de l’article 1 de la loi, le parti doit
disposer d’au moins un siège au sein de la Chambre des représentants. En outre, les
articles 15bis et 15ter prévoient une condition d’engagement à respecter les principes
démocratiques pour bénéficier de la dotation (15bis), sans quoi la dotation peut être
supprimée à la suite d’une procédure particulière (15ter). Nous n’analyserons pas en détail
ces articles, adoptés dans les années 1990 suite aux progressions électorales successives
de l’extrême droite, puisqu’ils entrent dans le champ de l’étude des partis liberticides, déjà
largement abordé par la doctrine 104.
Actuellement, la dotation fédérale aux partis politiques qui satisfont aux conditions des
articles 15 et 15bis comprend une part forfaitaire de 125 000 euros, majorée de 50 000 euros
si le parti est également représenté au Sénat. Cette part forfaitaire est complétée par un
montant de 2,5 euros par voix valablement exprimée engrangée par le parti lors du scrutin
105
précédent . Cette part variable est également majorée de 1 euro par voix valablement
émise si le parti dispose d’au moins un représentant au Sénat. Cette dotation est versée
106
mensuellement, sur demande écrite du parti qui y a droit. Ces montants sont indexés .

101
Cette commission de contrôle est un organe de la Chambre des représentants ; avant la sixième réforme
102
de l’État, elle était commune à cette assemblée et au Sénat (cf. infra).
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Chambre des représentants, Commission de l’Intérieur, des Affaires générales, de l’Éducation et de la
Fonction publique, Proposition de loi relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales ainsi
103
qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques. Rapport, n° 747/5, 23 mai 1989, p. 6.
Depuis la sixième réforme de l’État, la pratique du sponsoring est toutefois permise même si elle est
104
strictement encadrée ; cependant, l’analyse de ce point sort de notre propos.
À ce sujet, cf. F. TULKENS, A. STROWEL, H. DUMONT, P. MANDOUX (dir.), Pas de liberté pour les ennemis
de la liberté ? Groupements liberticides et droit, Bruxelles, Bruylant, 2001 ; B. CADRANEL, J. LUDMER,
105
« La législation concernant le financement des partis liberticides », op. cit., p. 5-60.
Il est à noter que cette part variable du financement public vaut pour toute voix exprimée en faveur
du parti, en ce compris les voix éventuellement engrangées de l’autre côté de la frontière linguistique.
Cela explique, au moins en partie, la présence de listes étiquetées Vlaams Belang dans l’ensemble des
106
circonscriptions wallonnes lors du scrutin du 26 mai 2019.
En vertu de l’article 18 de la même loi.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 33

À ce stade du développement de notre exposé, une réflexion s’impose : le financement


public fédéral des partis politiques est subordonné à la présence du parti au sein de la
Chambre des représentants. En outre, plus un parti aura recueilli de voix aux élections
et donc, indirectement, de représentants à la Chambre, plus la dotation qu’il touchera
107
sera importante. Elle sera encore accrue s’il est en outre présent au Sénat . Certains
y voient une sorte de « prime au sortant » ou un « effet de seuil », qui aboutirait
à pérenniser la situation des partis déjà représentés et à limiter les possibilités d’entrée
au Parlement de partis qui n’y sont pas 108. En limitant le bénéfice du financement
à des partis déjà représentés (et en le faisant dépendre pour une grande partie de cette
représentation), le système participe à accentuer un avantage structurel des partis fortement
implantés dans l’hémicycle au détriment de ceux qui ne disposent que d’une représentation
plus modeste, voire qui n’ont aucune représentation 109. Avant 2005, cette condition de
représentation était même « double », en ce sens qu’il fallait disposer d’au moins un
élu à la fois à la Chambre et au Sénat pour avoir droit à la dotation publique. Une loi
du 17 février 2005 a assoupli cette condition en n’exigeant plus que la représentation au
sein d’une des deux chambres 110 ; par ailleurs, l’ancien système n’aurait plus de sens
aujourd’hui puisque le Sénat ne comporte plus d’élus directs. Le fait que la Cour d’arbitrage
(aujourd’hui Cour constitutionnelle) ait validé le système, en considérant qu’il n’entraînait
pas de différence de traitement discriminatoire 111, ne suffit pas, aux yeux de certains
acteurs ou observateurs politiques, à lever toute objection à ce sujet.
La question se pose d’autant plus lorsque l’on observe le système de financement des partis
politiques dans son ensemble, et pas uniquement à travers le prisme de la dotation
fédérale. En effet, le financement public des partis est loin de passer par le seul subside
fédéral : les parlements de diverses entités fédérées peuvent, en vertu de la loi 112 et depuis
113
2001 , accorder un financement complémentaire aux partis politiques. Cette possibilité
a été mise en œuvre par le Parlement wallon et le Parlement flamand dans leur règlement
respectif 114. Il est donc étonnant de constater que les dotations complémentaires des partis
ne disposent pas, à proprement parler, d’une base légale.

107
Le nombre de sièges de sénateur dévolus à chaque parti est déterminé en fonction des résultats obtenus
108
par ce parti à l’élection de la Chambre des représentants.
B. CADRANEL, J. LUDMER. « La législation concernant le financement des partis liberticides », op. cit., p. 11 ;
F. TULKENS, « Statut juridique et financier des partis politiques, vers la fin du non-droit ? », op. cit., p. 31.
109
K. MUYLLE, J. VAN NIEWENHOVE, « Recente ontwikkelingen inzake de partijfinanciering en de controle
op verkiezingsuitgaven en regeringsmededelingen », in A. ALEN (dir.), De vijfde staatshervorming van 2001,
Bruges, Die Keure, 2002, p. 164.
110
Article 2 de la loi du 17 février 2005 modifiant la loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle
des dépenses électorales engagées pour les élections des Chambres fédérales, ainsi qu’au financement
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et à la comptabilité ouverte des partis politiques (Moniteur belge, 21 avril 2005). Cf. M. GÖRANSSON, J. FANIEL,
111
« Le financement et la comptabilité des partis politiques francophones », op. cit., p. 11.
112
Cour d’arbitrage, Arrêt n° 40/90, 21 décembre 1990.
Pour le Parlement wallon et le Parlement flamand, il s’agit de l’article 31, § 6, de la loi spéciale du 8 août
1980 précitée. Cet article est rendu applicable au Parlement de la Communauté germanophone par
l’article 44 de la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone
(Moniteur belge, 18 janvier 1984), et au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale par l’article 22, § 6,
113
de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises (Moniteur belge, 14 janvier 1989).
En vertu de la loi spéciale du 13 juillet 2001 portant transfert de diverses compétences aux Régions et
Communautés (Moniteur belge, 3 août 2001). Cf. aussi infra.
114
Cf. J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques
et partis francophones », op. cit., p. 10-11. Aucun mécanisme financier similaire n’est d’application
dans les parlements des autres entités fédérées (Région de Bruxelles-Capitale, Communauté française

CH 2483-2484
34 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Ainsi, l’article 35 du règlement du Parlement wallon accorde une dotation à « chaque parti
politique formant un groupe politique reconnu ». Aux termes de l’article 33 du même
règlement, « un groupe politique doit, pour être reconnu, comprendre cinq membres au
moins ». De même, l’article 8 du règlement du Parlement flamand subordonne l’octroi
de la dotation complémentaire à la condition que les élus d’un parti soient au minimum
au nombre de cinq. La dotation octroyée par les deux assemblées consiste, comme la
dotation fédérale, en une part forfaitaire et une part variable calculée sur les résultats
électoraux ; les montants sont indexés. Dans la mesure où les conditions d’obtention de
cette dotation sont plus strictes qu’au niveau fédéral, on peut affirmer que le financement
complémentaire direct accordé par ces parlements offre un avantage structurel aux partis
déjà représentés plus important encore que celui observé au Parlement fédéral.
Si, à ce financement public direct, l’on ajoute un financement public indirect des partis,
consistant en divers subsides de fonctionnement accordés par les diverses assemblées
parlementaires aux groupes politiques en leur sein – Chambre des représentants,
Sénat, Parlement wallon, Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Parlement de
la Communauté française, Parlement flamand, Parlement de la Communauté
germanophone, Assemblée de la Commission communautaire française (COCOF)
et Assemblée de la Commission communautaire flamande (Vlaamse
115 116
Gemeenschapscommissie, VGC) –, et qui sont bien souvent rétrocédés au parti ,
on obtient un système de financement public éclaté entre différents niveaux de pouvoir,
contenu dans des textes à publicité et à force légale variables, qui imposent chacun des
conditions d’octroi de financement différentes, ce qui entraîne une complexité, voire
une réelle opacité du système.
Cette opacité est d’autant plus importante pour le système de financement indirect que
les montants alloués aux groupes politiques au sein des différentes assemblées ne figurent
117
bien souvent même pas dans les règlements respectifs de celles-ci , qui se contentent
généralement de mentionner la possibilité pour certains groupes de solliciter pareil subside.
Il faut alors se tourner vers une décision du bureau de l’assemblée en question pour
connaître les montants dont il est question. En fonction des assemblées, les groupes
politiques doivent répondre à diverses conditions pour obtenir ce subside 118. Les
119
subventions ainsi accordées atteignent des montants non négligeables .

et Communauté germanophone) ni, en Région bruxelloise, dans les assemblées des Commissions
115
communautaires.
Seule fait exception l’Assemblée réunie de la Commission communautaire commune (COCOM), les
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groupes y étant les mêmes qu’au sein du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. Cf. J. SMULDERS,
« Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques et partis
116
francophones », op. cit., p. 11-14.
B. MADDENS, J. SMULDERS, W. WOLFS, K. WEEKERS, Partij- en campagnefinanciering in België, Louvain,
117
Acco, 2015, p. 27.
J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques
et partis francophones », op. cit., p. 11.
118
Parfois, il est exigé que ce groupe soit un groupe politique reconnu (ce qui implique de compter un nombre
minimal de membres, qui varie selon l’assemblée considérée). Le fait de former un groupe politique reconnu
ne conditionne pas toujours l’accès au subside, mais il en détermine toujours le montant.
119
Cf., par exemple, J. FANIEL, J. SMULDERS, B. MADDENS, « Élections, partis et financement public : les
retombées financières du scrutin du 25 mai 2014 », Les @nalyses du CRISP en ligne, 25 juin 2014,
www.crisp.be.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 35

Enfin, pour offrir une image la plus précise possible des diverses sources de financement
des partis politiques, mentionnons que nombre d’entre eux exigent de leurs élus la
rétrocession d’une partie des revenus que ces derniers tirent de l’exercice de leurs
mandats politiques (indemnité parlementaire, traitement de ministre ou de bourgmestre,
jetons de présence de conseiller communal ou provincial, etc.). Ces rétrocessions échappent
aux limites fixées aux dons que les particuliers peuvent effectuer en faveur des partis
120
politiques . Globalement, la part de ces rétrocessions des mandataires dans les recettes
des partis se situe en moyenne entre 5 et 10 %, ce qui constitue une donnée relativement
importante qu’il faut garder à l’esprit 121. Enfin, les moyens des partis proviennent
également de subventions accordées à des institutions faisant partie de leur périmètre
de consolidation, de subventions issues des conseils provinciaux (avec de nouveau une
certaine opacité, puisqu’il faut consulter le règlement de chaque conseil provincial pour
savoir de quoi il retourne), de subventions issues des conseils communaux (en sachant
qu’il est quasiment impossible d’obtenir une vue claire de cette source de financement,
au vu du nombre de communes existant en Belgique et eu égard au fait que les groupes
politiques communaux ne font pas partie du périmètre de consolidation des partis
politiques, cf. supra) et des subventions allouées – principalement par les Communautés –
aux sections de jeunesse des partis 122.
Au vu de ce qui précède, force est donc de constater que le financement public des partis
politiques apparaît comme une matière éclatée entre une multitude d’intervenants
(assemblées parlementaires fédérales et fédérées, conseils provinciaux, conseils
communaux, etc.), avec un fondement juridique extrêmement variable (loi, décret,
règlement d’assemblée, décision du bureau d’une assemblée, etc.) et des destinataires très
divers (asbl de financement, groupe politique constitué sous la forme d’asbl, institutions
faisant partie du périmètre de consolidation, mandataires, etc.). Il en résulte une situation
exceptionnellement complexe, faisant intervenir de nombreuses institutions gravitant
autour du parti, et une lisibilité du système extrêmement réduite 123. Même l’obligation
de comptabilité ouverte ne suffit pas à permettre au citoyen – comme au chercheur –
d’avoir une idée précise de l’importance exacte du financement public d’un parti politique
donné, dans la mesure où plusieurs sources de financement échappent au périmètre de
consolidation du parti. Comme le relève une précédente livraison du Courrier
hebdomadaire, « la conséquence de cette transparence limitée est qu’il est très difficile
d’avoir une vue claire sur la manière dont les partis politiques sont précisément financés
en Belgique. Pour sa part, le citoyen en est réduit à devoir espérer que, en matière de
subventionnement des partis, ce sont des décisions correctes, réfléchies et appropriées
qui ont été prises » 124.
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120
121
Article 16bis de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
Ces chiffres valent pour la période 2008-2013 (J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis
politiques (2008-2013). II. Partis flamands et analyse transversale », op. cit., p. 75).
122
J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). I. Bases juridiques
123
et partis francophones », op. cit., p. 14-15.
« Quant aux autres sources de contributions publiques, elles sont principalement régulées par des règlements
et des décisions du bureau des différentes assemblées parlementaires. Alors que la loi est un document
public et accessible, duquel il est possible de déduire aisément le cadre réglementaire de la dotation fédérale,
les règlements et, surtout, les décisions du bureau des assemblées parlementaires sont bien moins aisés
à consulter » (J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). II. Partis
124
flamands et analyse transversale », op. cit., p. 89).
Ibidem, p. 89.

CH 2483-2484
36 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

2.3. LA LOI DU 4 JUILLET 1989, UNE LÉGISLATION ORGANIQUE ?

La loi du 4 juillet 1989 est, de loin, le texte législatif qui définit avec le plus de précision
ce qu’il est permis d’entendre par « parti politique » en droit belge. Il s’agit également
de la norme qui encadre le plus les partis, en l’absence de tout statut constitutionnel.
Pourtant, il est permis de douter du fait que cette loi constitue, à proprement parler, une
législation organique des partis politiques. Le même constat s’impose lorsque l’on combine
cette loi avec les six autres textes législatifs qui en reprennent la définition du parti
politique.
D’une part, comme nous l’avons mentionné, la définition de la notion de parti politique,
telle qu’elle figure dans la loi du 4 juillet 1989, n’a en aucun cas pour vocation d’offrir
une définition globale du parti dont pourrait s’emparer le législateur. Elle vise uniquement
à définir les formations politiques qui peuvent être financées publiquement et dont la
comptabilité doit être contrôlée. Il s’agit donc d’une définition essentiellement casuistique
et non générale.
D’autre part, loin de constituer un cadre général qui balise la naissance, la vie et la mort
des partis politiques, la loi du 4 juillet 1989 ne fixe de statut des partis qu’en matière
financière : sont contrôlées les dépenses électorales et la comptabilité, en échange de quoi
les partis (ou, du moins, certains partis) reçoivent une dotation publique. Il n’est pas
question, dans cette loi, de fixer une procédure particulière pour créer un parti ou pour
le faire reconnaître légalement, pas plus que de règles relatives aux statuts des partis
politiques. La loi ne prévoit aucune exigence de démocratie interne : tout au plus prévoit-
elle des sanctions (financières, à nouveau) pour des partis qui, par leur fait ou par le fait
d’une de leurs composantes, ne respecteraient pas les droits fondamentaux. De même,
il n’est en aucun cas question d’éventuelles possibilités d’interdiction ou de dissolution
des partis 125. Plus fondamentalement encore, rien n’est ne serait-ce qu’esquissé au sujet
de l’« objet social » que devraient poursuivre les partis politiques (si ce n’est « tente[r]
d’influencer l’expression de la volonté populaire »).
Ainsi, loin d’être comparable à la loi allemande relative aux partis politiques, qui encadre
ceux-ci « du berceau à la tombe », la loi belge du 4 juillet 1989 ne fait pas figure de
législation organique des partis. Tout au plus pourrait-on la qualifier de loi financière
des partis politiques. Ce n’est donc pas dans cette loi qu’il faut chercher des informations
relatives à un statut juridique propre des partis, même si certains éléments de ce dernier
émergent de l’analyse des dispositions légales adoptées en 1989.
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125
L’exemple du Vlaams Blok, développé supra, ne permet pas d’invalider ce constat. Certes, la condamnation
d’asbl satellites du parti a entraîné, indirectement, la dissolution du parti par ses membres. Cependant,
le parti n’avait pas été dissous par jugement ou interdit légalement. Le droit belge ne permet donc pas une
interdiction ou une dissolution directe des partis ; tout au plus certains partis peuvent-ils décider de se
dissoudre eux-mêmes.

CH 2483-2484
3. LES PARTIS POLITIQUES DANS LE CODE
ÉLECTORAL

Longtemps, les juristes et les politologues ont fait reposer la consécration constitutionnelle
(implicite) des partis politiques sur une lecture combinée des dispositions électorales que
contient la Constitution. Puisqu’il fallait alors passer par le prisme du droit électoral
pour reconnaître une existence juridique aux partis politiques, il semble naturel de se
pencher désormais sur ce droit, via son vecteur principal : le Code électoral. Ce dernier
ne mentionne les partis politiques qu’à sept reprises (à savoir, trois fois en son article 17
et quatre fois en son article 180bis, § 8 126) 127, même si l’expression « formation politique »
y apparaît à cinquante-quatre reprises (dont seules six sont antérieures à la sixième réforme
de l’État, toutes les autres ayant été ajoutées par la loi du 6 janvier 2014 modifiant le Code
électoral suite à la réforme du Sénat 128). Les dispositions qui contiennent ces expressions
touchent à la désignation des sénateurs, au droit de recevoir copie de la liste des électeurs
et au droit à la protection d’un sigle ou d’un logo.
Le Code électoral a trait aux élections fédérales. Cependant, relativement au droit de
recevoir copie de la liste des électeurs et au droit à la protection d’un sigle ou d’un
logo, des dispositions similaires existent en ce qui concerne l’élection du Parlement wallon
et du Parlement flamand 129, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale 130 et du
Parlement de la Communauté germanophone 131. Il s’agit, à chaque fois, de reproductions
fidèles du texte du Code électoral ; dès lors, les développements qui suivent, et qui
concernent les chambres fédérales, sont tout à fait transposables à l’élection des quatre
parlements régionaux et communautaires qui viennent d’être cités.
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126
Ces deux articles concernent exactement le même sujet : la transmission d’une copie de la liste des électeurs © CRISP | Téléchargé le 07/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 135.129.124.44)
aux représentants d’un parti politique.
127
L’article 94ter fait également mention des « partis politiques », mais il ne doit pas être retenu dans ce compte :
l’expression « partis politiques » n’apparaît que via une référence à la loi du 4 juillet 1989 précitée, qui
comprend l’expression dans son intitulé.
128
129
Moniteur belge, 31 janvier 2014.
130
Ces droits découlent respectivement de l’article 3 et de l’article 12 de la loi du 16 juillet 1993 précitée.
Ces droits découlent respectivement de l’article 3bis et de l’article 10 de la loi du 12 janvier 1989 réglant
les modalités de l’élection du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et des membres bruxellois du
131
Parlement flamand (Moniteur belge, 14 janvier 1989).
Ces droits découlent respectivement de l’article 7bis et de l’article 21 de la loi du 6 juillet 1990 précitée.

CH 2483-2484
38 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

3.1. LA DÉSIGNATION DES SÉNATEURS

De manière peut-être un peu surprenante, il n’est pas question de « parti politique » ou


de « formation politique » mais bien de « listes de candidats » dans les dispositions du
Code électoral relatives à l’attribution des sièges à la Chambre des représentants. Pourtant,
la répartition des sièges touche au cœur de la représentation proportionnelle, qui est
souvent présentée comme nécessitant l’existence de partis politiques (cf. supra). Même
si, en réalité, s’agissant des élections fédérales, les « listes de candidats » correspondent aux
partis politiques dans la quasi-totalité des cas, le Code électoral se refuse à cette assimilation
sémantique.
En 2014, la réforme du Sénat, et particulièrement la suppression du statut de sénateur élu
directement, a nécessité l’adoption d’un nouveau mode de désignation des sénateurs.
Le Titre VII du Code, inséré par la loi du 6 janvier 2014 modifiant le Code électoral suite
132
à la réforme du Sénat , règle cette question. Sans entrer dans les détails techniques de
ces dispositions, il est à relever ici que la répartition des sénateurs s’opère désormais non
plus entre des listes de candidats (comme c’est toujours le cas pour la Chambre des
représentants) 133, mais bien entre des formations politiques, une formation politique étant
définie comme un groupe de listes (issues de circonscriptions électorales distinctes) ayant
déposé une déclaration de correspondance pour la répartition des sièges au Sénat.
Juridiquement, il n’est pas possible d’assimiler pleinement ces formations politiques aux
partis politiques (et cela bien que, dans ses travaux, le législateur lui-même assimile souvent
les deux notions 134). Mais force est de constater que l’on rejoint là les considérations émises
supra quant à la représentation proportionnelle : les formations politiques – vocable fort
proche de celui de partis politiques – sont considérées comme le cœur de la représentation
proportionnelle.
En ce qu’il s’agit de la répartition des sièges au Sénat, donc, le Code électoral reconnaît
(et présuppose) l’existence des partis politiques.

3.2. LE DROIT DE RECEVOIR UNE COPIE DE LA LISTE DES ÉLECTEURS

Certains droits sont spécifiquement destinés aux partis politiques. Les articles 17 et 180bis,
§ 8, du Code électoral – qui sont les deux seuls dans lesquels il est explicitement fait
référence aux « partis politiques », sans toutefois que le terme ne soit défini – permettent
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aux partis politiques d’obtenir « des exemplaires ou copies de la liste des électeurs, dès
que cette liste est établie ».

132
Moniteur belge, 31 janvier 2014.
133
Avant cette réforme du Sénat, les dispositions qui réglaient l’élection des sénateurs élus directement étaient
les mêmes que celles qui règlent l’élection des membres de la Chambre des représentants. Par conséquent,
les sièges des élus directs étaient également répartis entre les listes de candidats.
134
Cf., par exemple, le fait que l’expression de « représentants des partis politiques » est interchangeable avec
celle de « représentants des formations politiques » dans les travaux préparatoires de la loi du 30 juillet
1991 modifiant le Code électoral.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 39

Aux termes de l’article 17, chaque parti peut obtenir deux copies de cette liste gratuitement,
à la condition qu’il dépose une liste de candidats aux élections de la Chambre des
représentants dans la circonscription électorale dont il demande la liste des électeurs.
Cette liste peut alors être utilisée par les partis à des fins électorales – mais exclusivement
à des fins électorales. Lorsque le Sénat comptait des membres élus directement, il suffisait
de déposer une liste de candidats à la Chambre ou au Sénat pour pouvoir obtenir une copie
de la liste des électeurs.
Depuis 2016, l’article 180bis, § 8, du Code électoral pose un principe similaire : les partis
peuvent obtenir une (et non deux) copie de la liste des électeurs belges résidant
à l’étranger 135, à la condition de déposer une liste à l’élection de la Chambre des
136
représentants .
Il est intéressant de noter que, jusqu’à sa modification opérée par la loi du 30 juillet 1991
modifiant le Code électoral 137, l’article 17 dudit Code permettait à toute personne qui
138
en faisait la demande d’obtenir une copie de la liste des électeurs . La ratio legis de cette
disposition était de permettre aux électeurs de s’assurer qu’ils étaient bien repris sur les
listes et seraient donc convoqués. Les partis politiques pouvaient évidemment entamer
des démarches analogues. De fortes dérives avaient cependant été constatées, dont
l’utilisation de ces données à des fins de démarchage commercial 139. C’est pourquoi
il a été décidé de limiter la possibilité d’obtenir une copie des listes d’électeurs aux seuls
représentants des partis politiques et aux candidats qui se présentent. L’objectif de
limitation de la diffusion de la liste des électeurs a donc permis d’organiser en la matière
un véritable monopole des partis politiques, qui demeurent les seuls acteurs ayant le droit
de se voir communiquer de telles listes. Par ailleurs, il s’est agi là de la confirmation d’une
prérogative historique des partis politiques. En effet, sous le régime majoritaire (soit avant
1899), le contrôle de la liste des électeurs revêtait une importance puisque chaque voix
pouvait faire basculer la majorité. Les partis s’attachaient donc à faire rayer le plus
d’adversaires possible des listes d’électeurs, et d’y inscrire le plus de partisans possible,
ce qui a conduit à un monopole de l’« action populaire » 140 de contrôle des listes des
électeurs par les partis.

135
La législation accordant aux Belges vivant à l’étranger le droit de vote pour les élections fédérales est
entrée en vigueur à l’occasion du scrutin fédéral du 13 juin 1999, mais elle n’est réellement effective que
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depuis celui du 18 mai 2003. Cf. P. BLAISE, « Le vote des Belges de l’étranger », Courrier hebdomadaire,
136
CRISP, n° 2310, 2016.
Le § 8 de l’article 180bis du Code électoral a été inséré par la loi du 17 novembre 2016 modifiant le Code
électoral et la loi du 23 mars 1989 relative à l’élection du Parlement européen (Moniteur belge, 20 décembre
137
2016).
138
Moniteur belge, 3 septembre 1991.
La version actuelle de cet article découle de la loi du 5 juillet 1976 apportant des modifications à la
législation électorale (Moniteur belge, 29 juillet 1976) et des modifications apportées par la loi du 11 décembre
1984 modifiant les articles 14, 15, 16, 17, 95, 105, 107 et 240 du Code électoral et l’article 29 de la loi du
19 octobre 1921 organique des élections provinciales (Moniteur belge, 8 janvier 1985).
139
140
Chambre des représentants, Projet de loi modifiant le Code électoral, n° 1597/1, 30 avril 1991, p. 18.
D’après les termes employés en 1894, lors de la discussion des articles d’un projet de loi portant formation
des listes des électeurs (cf. Chambre des représentants, Annales parlementaires, 2 février 1894, p. 468).

CH 2483-2484
40 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

3.3. LE DROIT À LA PROTECTION D’UN SIGLE OU D’UN LOGO

Les formations politiques peuvent également, à la condition d’être représentées dans l’un
ou l’autre parlement (en ce compris le Parlement européen), déposer un acte demandant
la protection du sigle ou du logo qu’elles comptent employer en vue des élections. Ce
dépôt permet aux partis, entre autres, de faire empêcher l’utilisation de leur logo et sigle
par toute liste qui ne serait pas agréée par eux. Cette protection du logo se double de la
faculté d’obtenir, pour toutes les listes agréées par le parti, un même numéro de liste sur
les bulletins de vote.
Deux observations peuvent être effectuées à l’égard de cette disposition, qui est contenue
dans l’article 115bis du Code électoral 141. D’une part, ce sont les formations politiques qui
sont visées, et non les partis politiques. Pourtant, il semblerait que ce soit bien à ces derniers
que le législateur entendait faire référence : lors des débats préalables aux modifications
que l’article 115bis a connues, les expressions « groupes politiques », « partis politiques »
et « formations politiques » ont été employées comme des synonymes et ont semblé
interchangeables 142. L’absence de définition de ces termes dans le Code électoral ne facilite
évidemment pas leur interprétation. D’autre part, seuls les partis déjà représentés au sein
d’un parlement, quel qu’il soit, disposent du droit de faire protéger leur logo.
Concrètement, donc, cela signifie que les petits ou nouveaux partis sont dépourvus
de cette possibilité. Ils peuvent bien entendu, aux termes de l’article 116, § 4, du Code
électoral, employer un logo et un sigle, mais ne peuvent pas le faire protéger 143. À nouveau,
pointe ici la logique de « prime au sortant » ou de pérennisation des situations acquises
qui créent un avantage structurel en faveur des partis déjà implantés.

3.4. LE CODE ÉLECTORAL : UN BIEN PAUVRE MATÉRIAU

À nouveau, un constat s’impose : si l’analyse des dispositions du Code électoral faisant


référence aux « partis politiques » (ou aux « formations politiques ») permet de faire
émerger quelques éléments d’un statut propre aux partis, ledit Code n’a en aucun cas
pour vocation de servir de loi organique des partis politiques en Belgique.
Les dispositions électorales qui y sont contenues permettent effectivement de déduire
l’existence des partis, soit explicitement, soit comme présupposé du système de
représentation proportionnelle. Par ailleurs, le Code fixe quelques droits et obligations
des partis. Mais il n’y est rien précisé quant à d’éventuelles conditions de création ou de
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dissolution d’un parti.

141
Cet article a été inséré à l’origine par la loi du 16 mai 1949 relative au numérotage des listes de candidats
142
pour les élections législatives (Moniteur belge, 19 mai 1949).
Par exemple, dans la justification d’un amendement visant à s’assurer qu’un « parti » non représenté dans
les deux chambres fédérales puisse tout de même solliciter la protection de son sigle ou de son logo pour
les élections fédérales du 10 juin 2007, les expressions « parti politique » et « formation politique » sont
utilisées comme synonymes parfaits (Chambre des représentants, Projet de loi portant diverses modifications
143
en matière électorale. Amendements, n° 2548/3, 25 octobre 2006, p. 14).
Ce paragraphe a été inséré, sous la forme d’un alinéa 5, par l’article 2 de la loi du 28 juillet 1987 modifiant
er
les articles 115bis, § 1 , 116 et 118 du Code électoral (Moniteur belge, 12 septembre 1987).

CH 2483-2484
4. LES PARTIS POLITIQUES DANS LA LÉGISLATION
DES ENTITÉS FÉDÉRÉES

Jusqu’à présent, notre analyse a porté, au premier chef et sauf quelques exceptions, sur
le cadre juridique fédéral entourant les partis politiques (dans la Constitution, dans la loi
du 4 juillet 1989 et dans le Code électoral). Il importe à présent de nous pencher sur les
législations adoptées par les entités fédérées. En l’occurrence, celles-ci portent aussi sur
le contrôle des dépenses électorales et sur le financement et la comptabilité des partis.
À cet égard, il convient dès l’abord de garder en mémoire le diagnostic qu’avait posé
le GRECO en 2009 : « La répartition des compétences entre [Autorité fédérale] et entités
fédérées (Régions et Communautés), ainsi que la réglementation applicable au niveau
fédéral, régional et infra-régional aboutissent à un dispositif relativement complexe.
Il existe une multiplicité de textes pas toujours justifiée (plusieurs lois fédérales pourraient
être amalgamées) et donc des risques de divergences et de “trous” dans la couverture
technique de ces textes. Ces risques sont accentués par la multiplicité de commissions de
contrôles, indépendantes les unes des autres, et qui sont appelées à appliquer et interpréter
les règles » 144.

4.1. UNE RÉPARTITION COMPLEXE DES COMPÉTENCES

Avant d’exposer le cadre légal que les entités fédérées ont mis en place autour des partis
politiques, il convient de clarifier, dans la mesure du possible, les compétences respectives
de l’Autorité fédérale, des Régions et des Communautés en la matière. Cela en conservant
à l’esprit que la régulation des partis politiques ne constitue pas, en soi, un bloc de
compétence monolithique : puisque les partis sont appelés à intervenir dans de nombreux
aspects de la vie politique et sociale, ils sont susceptibles d’être appréhendés par le biais
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de compétences diverses et éparses.
Comme nous l’avons vu, le législateur comme le constituant belges se sont montrés frileux
à l’idée de s’attaquer à la problématique des partis politiques, si ce n’est par le prisme
du financement, du contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité ouverte de
ceux-ci. C’est donc principalement sur ces compétences particulières que porte l’analyse
qui suit.

144
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 18.

CH 2483-2484
42 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

4.1.1. Les compétences de l’Autorité fédérale

Les compétences de l’Autorité fédérale en la matière ont déjà fait l’objet d’un large exposé
supra. Par conséquent, nous les listons ici de manière synthétique, renvoyant le lecteur
aux développements y afférents pour le surplus.
L’Autorité fédérale est compétente pour financer publiquement les partis, à titre principal.
Elle fixe, selon les modalités prévues par la loi, la manière dont les dotations publiques sont
accordées aux asbl de financement des partis politiques. Dès lors, elle est compétente pour
fixer les conditions d’accès à cette dotation. Le financement public des partis politiques
étant conçu comme une contrepartie aux diverses obligations qui pèsent sur ceux-ci en
vertu de la loi du 4 juillet 1989, l’Autorité fédérale est seule compétente pour ce qui
touche à la comptabilité des partis. Dès lors, la Commission de contrôle des dépenses
145
électorales et de la comptabilité des partis politiques est le seul organe habilité à contrôler
la régularité et le caractère conforme des comptes consolidés que les différents partis
doivent remettre annuellement. Partant, cette commission de contrôle fédérale est la seule
qui peut infliger aux partis différentes sanctions (suspension automatique de la dotation,
146
amendes administratives, saisie définitive d’une partie de la dotation ) en cas de retard
ou d’irrégularité desdits rapports.
Enfin, l’Autorité fédérale est seule compétente pour fixer le cadre normatif de la
réglementation des dépenses électorales, tant pour les élections fédérales que pour les
élections du Parlement européen ou des parlements des entités fédérées. Ainsi, le cadre
légal applicable à la réglementation des dépenses électorales et des moyens de propagande
est en réalité composé de trois textes : la loi du 4 juillet 1989 précitée, la loi du 19 mai 1994
relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection
du Parlement européen et la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle
des dépenses électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement
flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la
Communauté germanophone (cf. supra).

4.1.2. Les compétences des entités fédérées

Cependant, si l’Autorité fédérale fixe le cadre de la réglementation des dépenses électorales,


le contrôle concret de ces dernières est éclaté. En effet, l’organe fédéral qu’est la
Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité des partis politiques
est compétent en ce qu’il s’agit des dépenses électorales liées à l’élection de la Chambre des
représentants et du Parlement européen (et, jusqu’à la sixième réforme de l’État, du Sénat).
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En revanche, la compétence liée au contrôle des dépenses électorales pour les élections
des différents parlements des entités fédérées a été transférée en 2001 aux parlements des
entités en question 147. Depuis lors, l’article 31, § 5, de la loi spéciale du 8 août 1980 de

145
146
Pour plus de détails sur la composition et les compétences de cette commission, cf. infra.
147
Article 25 de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
Le transfert a été opéré par la loi spéciale du 13 juillet 2001 précitée. Il est à noter que la compétence de
l’Autorité fédérale en matière de procédure et formalités de la déclaration des dépenses n’a été ajoutée que
er er er
par la loi spéciale du 25 avril 2004 modifiant les articles 6, § 1 , VIII, 4°, alinéa 1 , et 31, § 5, alinéa 1 ,
er
de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles et l’article 22, § 5, alinéas 1 et 2, de la loi
spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises, afin de préciser la compétence de contrôle

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 43

réformes institutionnelles dispose, concernant le Parlement wallon et le Parlement


flamand : « Chaque parlement ou l’organe désigné par lui exerce, selon les règles définies
par décret, le contrôle sur : les dépenses électorales et l’origine des fonds qui y ont été
affectés, pour ce qui concerne l’élection du parlement. L’Autorité fédérale est toutefois
compétente pour régler les procédures et les formalités de déclaration ». Cette disposition
est rendue applicable à la Communauté germanophone par l’article 44 de la loi du
148
31 décembre 1983 de réformes institutionnelles pour la Communauté germanophone .
Quant à lui, l’article 22, § 5, de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions
bruxelloises pose un principe similaire. Tous les parlements de ces entités fédérées se sont
emparés de cette compétence pour créer en leur sein une commission de contrôle des
dépenses électorales.
Ainsi, il n’existe pas une commission de contrôle des dépenses électorales engagées pour
les élections régionales et communautaires, mais quatre : le Parlement wallon a institué
149
une Commission de contrôle des dépenses électorales et des communications , le
150
Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale un Collège de contrôle , le Parlement
flamand une Vlaamse Controlecommissie voor de Verkiezingsuitgaven 151, et le Parlement
152
de la Communauté germanophone une Kontrollausschuss . Seule la Communauté
153
française n’a pas créé de pareil organe puisque c’est une assemblée qui n’est pas élue
directement.
Cela signifie donc que, en matière de dépenses électorales, chacune pour l’élection
du parlement dont elle est l’émanation 154, cinq commissions de contrôle sont appelées
à prendre des décisions, en application de la législation fédérale. Dans la mesure où
appliquer la loi signifie forcément interpréter la loi, il convient, pour ces organes, de
prendre des mesures afin de garantir une interprétation cohérente et, dans la mesure du
possible, uniforme, de cette dernière. Pour cette raison, la conférence des présidents
d’assemblée a conclu, le 21 janvier 2014, un accord visant à rendre applicable le vade-
mecum rédigé par la Commission de contrôle fédérale le 30 avril 2007 aux élections
européennes, fédérales, régionales et communautaires du 25 mai 2014 155. Le 30 mars 2019,

des Conseils en matière de dépenses électorales et en matière de communications et de campagnes


d’information destinées au public (Moniteur belge, 7 mai 2004).
148
149
Moniteur belge, 18 janvier 1984.
er
Article 2 du décret wallon du 1 avril 2004 précité.
150
151
Article 3 de l’ordonnance bruxelloise du 29 avril 2004 précitée.
152
Article 3 du décret flamand du 7 mai 2004 précité.
Article 2 du décret de la Communauté germanophone du 7 avril 2003 précité.
153
Encore qu’a existé en son sein, sous la législature 2014-2019, une Commission des Relations internationales
et des Questions européennes, des Affaires générales, des Hôpitaux universitaires, des Professions des
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soins de santé et du Règlement, de l’Informatique, du Contrôle des communications des membres du
gouvernement et des Dépenses électorales. Actuellement, plus aucune des commissions de cette assemblée
154
ne comporte ce dernier élément dans son intitulé.
Sauf pour la Commission de contrôle fédérale, qui se prononce aussi sur l’élection du Parlement européen.
155
Protocole d’accord du 21 janvier 2014 relatif à l’interprétation uniforme de la loi du 4 juillet 1989 relative
à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections la Chambre des
représentants ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques, de la loi du
19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection du
Parlement européen et de la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales
engagées pour les élections du Conseil de la Région wallonne, du Conseil flamand, du Conseil de la Région
de Bruxelles-Capitale et du Conseil de la Communauté germanophone dans la perspective des élections
de la Chambre des représentants, du Parlement européen et des parlements de Communauté et de Région
du 25 mai 2014.

CH 2483-2484
44 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

la conférence des présidents d’assemblée a rendu applicable une nouvelle version du vade-
156
mecum (arrêtée par la Commission de contrôle fédérale deux mois plus tôt) aux
élections européennes, fédérales, régionales et communautaires du 26 mai 2019 via un
second protocole d’accord 157.
Il est donc permis de considérer qu’au dispositif légistique en place s’ajoute ce vade-mecum.
En théorie, celui-ci ne devrait être qu’un commentaire de la loi. Mais dans les faits, et
à bien des égards, il ajoute des règles nouvelles au dispositif normatif. En effet, « certaines
recommandations s’apparentent à de véritables règles de droit, de telle sorte que les
158
candidats peuvent être enclins à y voir des directives juridiquement contraignantes » .
Pour la seule matière des dépenses électorales, interviennent donc trois textes de loi 159,
complétés par un commentaire dont la force obligatoire est sujette à discussion et est
renforcée par la décision de la conférence des présidents d’assemblée, ainsi que cinq
commissions différentes, régies par cinq loi, décrets ou ordonnance différents. Ce tableau
se complexifie encore lorsque lui est ajoutée la matière du financement des partis.
Le principe en matière de financement paraît pourtant simple. L’Autorité fédérale est
compétente pour accorder un financement aux partis politiques, et c’est dès lors la
Commission de contrôle fédérale qui dispose d’une compétence de contrôle, via les
rapports financiers des partis. Mais depuis 2001, la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes
institutionnelles confie aux parlements des entités fédérées la possibilité d’accorder un
160
financement complémentaire aux partis : « Les parlements sont compétents en ce
qui concerne le financement complémentaire des partis politiques, tels que définis par
l’article 1er, 1°, de la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses
électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement flamand,
du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la Communauté
germanophone » 161. Cet article est rendu applicable au Parlement de la Communauté
germanophone par l’article 44 de la loi du 31 décembre 1983 de réformes institutionnelles

156
Cf. Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité
des partis politiques, Commentaire et recommandations concernant l’interprétation de la loi du 4 juillet 1989
relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection de la Chambre des
représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques, n° 3491/1, 28 janvier
157
2019.
Protocole d’accord du 30 mars 2019 relatif à l’interprétation uniforme de la loi du 4 juillet 1989 relative
à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour les chambres fédérales [sic], ainsi qu’au
financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques, de la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation
et au contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection du Parlement européen et de la loi du
19 mai 1994 réglementant la campagne électorale, concernant la limitation et la déclaration des dépenses
électorales engagées pour les élections du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la
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Région de Bruxelles-Capitale et du Parlement de la Communauté germanophone, et fixant le critère de
contrôle des communications officielles des autorités publiques, dans la perspective des élections de la
Chambre des représentants, du Parlement européen et des parlements de Communauté et de Région
du 26 mai 2019.
158
M. VERDUSSEN, « Partis politiques », in M. UYTTENDALE, M. VERDUSSEN (dir.), Dictionnaire de la sixième
159
réforme de l’État, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 629.
Ainsi que la myriade d’arrêtés d’exécution pris en application de ces lois, qu’il serait trop long d’énumérer ici.
160
En réalité, il serait plus exact de dire que la loi spéciale du 13 juillet 2001 précitée, qui a modifié en ce sens
la loi spéciale du 8 août 1980 précitée, a entériné une situation que le Parlement wallon avait de facto mise
en place dès son élection directe en 1995.
161
Article 31, § 6, de la loi spéciale du 8 août 1980 précitée. La définition du parti politique à laquelle il est
renvoyé ici étant celle de la loi du 19 mai 1994 précitée, elle ne comprend dès lors pas de référence à la
nécessité de présenter des candidats dans chaque circonscription électorale.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 45

pour la Communauté germanophone ; son texte est également reproduit dans l’article 22,
§ 6, de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises, ce qui
implique que le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale est lui aussi compétent
en matière de financement complémentaire des partis politiques.
Jusqu’à présent, seuls le Parlement wallon et le Parlement flamand ont mis cette
compétence à exécution, via leur règlement respectif (cf. supra). Une remarque s’impose
toutefois : la compétence est ici confiée aux parlements des entités fédérées, et non aux
entités fédérées elles-mêmes. Cela résulte du fait que le législateur spécial entendait,
à l’origine, confier la compétence aux Régions et à la Communauté germanophone,
mais que la section de législation du Conseil d’État a fait remarquer que le dispositif
constitutionnel ne permettait pas à la Communauté germanophone de se voir accorder
une compétence en matière de financement des partis. La section de législation du Conseil
d’État considère en effet que l’attribution à la Communauté germanophone d’une pareille
compétence se heurte à deux obstacles. D’une part, la loi spéciale du 8 août 1980 ne peut
faire mention de la Communauté germanophone, puisqu’elle concerne les seules
Communautés française et flamande, ainsi que les Régions wallonne et flamande.
D’autre part, l’article 38 de la Constitution prévoit que les Communautés disposent
des compétences qui leur sont reconnues par la Constitution ou les lois prises en vertu
de la celle-ci ; or « les articles de la Constitution qui ont trait aux compétences de la
Communauté germanophone (articles 130, 167 et 170, § 2) ne donnent aucunement
au législateur la possibilité d’attribuer à cette Communauté une compétence en matière
162
de financement des partis politiques » . Pour contourner cette objection de la section
de législation du Conseil d’État, le législateur spécial a donc opté pour un système confiant
la compétence aux parlements des entités fédérées, en considérant qu’il s’agit là plus
d’une modalité de fonctionnement des assemblées que d’une réelle compétence 163.
Toujours est-il que le Parlement wallon et le Parlement flamand accordent, en application
de cet article 31, § 6, de la loi spéciale et chacun en ce qui le concerne, une dotation
complémentaire aux partis. Or il semble que ce financement ne puisse faire l’objet d’aucun
contrôle. En effet, là où un lien est clairement tissé, au niveau fédéral, entre la publication
des comptes et le financement, ce qui implique un contrôle de la Commission de contrôle
fédérale, pareil lien n’existe pas au niveau des entités fédérées : les différentes commissions
de contrôle ne sont compétentes que pour contrôler les dépenses électorales des partis
et des candidats, à l’exclusion des rapports financiers que ces derniers doivent présenter.
Il y a donc une dissociation du financement et du contrôle de ce dernier aux niveaux
fédérés.
La question qui se pose donc est de savoir quel organe est compétent pour contrôler
le financement au niveau fédéré. La première réponse qui vient à l’esprit est que les
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commissions de contrôle fédérées ne sont clairement pas compétentes, puisque leur
compétence est limitée aux dépenses électorales 164. Dès lors, en l’absence de tout contrôle
exprès – et en vertu du principe, clairement posé par la Cour constitutionnelle,
d’indépendance des assemblées –, le financement complémentaire échappe à tout contrôle.

162
Sénat, Projet de loi spéciale portant transfert de diverses compétences aux Régions et Communautés. Avis
du Conseil d’État 31.226/VR du 20 février 2001, n° 709/1, 29 mars 2001, p. 56-58.
163
En conséquence, il est possible de confier cette modalité de fonctionnement au Parlement de la
164
Communauté germanophone par une simple loi ordinaire.
Leur compétence comprend aussi les communications gouvernementales, mais cela sort de notre propos.

CH 2483-2484
46 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Toutefois, il est possible de proposer une autre lecture des choses. En effet, le périmètre
er
de consolidation des partis comprend, d’après l’article 1 , 1°, de la loi du 4 juillet 1989,
les groupes politiques au niveau des parlements de Région et de Communauté ainsi que
les institutions, créées sous la forme d’une asbl, qui perçoivent les dotations ou les
subventions octroyées par ces assemblées aux partis politiques. Dès lors, la dotation
accordée par les parlements des entités fédérées figure dans les comptes consolidés soumis
au contrôle de la Commission de contrôle fédérale. Est-ce à dire que ladite Commission
de contrôle fédérale est compétente pour contrôler le financement complémentaire
accordé par les parlements fédérés via la technique de la consolidation des comptes ?
Certains membres de la Commission de contrôle fédérale – qui préfèrent rester
anonymes – voient dans ce montage une anomalie qui ne correspond pas à la manière dont
le fédéralisme belge est conçu – en particulier, à l’absence de relation hiérarchique
entre l’Autorité fédérale et les entités fédérées.
165
Enfin, depuis la régionalisation de la matière des pouvoirs locaux opérée en 2001 , les
Régions – ainsi que la Communauté germanophone, à la suite du transfert de l’exercice
de cette compétence par la Région wallonne 166 – sont compétentes pour la limitation et
le contrôle des dépenses électorales engagées pour l’élection des conseils communaux
et provinciaux (et de district lorsqu’il y en a).
Une divergence d’interprétation de la portée exacte de la compétence transférée en matière
de contrôle des dépenses électorales est apparue à l’époque 167. D’une part, selon le
législateur fédéral et le législateur flamand – l’interprétation de ce dernier ayant été
implicitement validée le 20 décembre 2005 par la troisième chambre de la section de
législation du Conseil d’État 168 –, la compétence transférée devait s’interpréter largement ;
dès lors, elle comprenait non seulement le contrôle des dépenses électorales mais également
la réglementation matérielle touchant à la limitation desdites dépenses. D’autre part,
la quatrième chambre de la section de législation du Conseil d’État 169, suivie par le
législateur wallon, considérait au contraire que seul le contrôle des dépenses électorales
avait été transféré, à l’exclusion de leur limitation. Ainsi, les Régions ne seraient habilitées
qu’à régler le contrôle, par des organes régionaux, des dépenses électorales engagées pour
les élections locales, et non à fixer les plafonds de dépenses pour les mêmes élections.
Depuis lors, cette controverse a été tranchée par la loi spéciale du 30 juillet 2018 modifiant
l’article 6 de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles, en ce qui concerne
les dépenses électorales engagées pour les élections locales 170. Désormais, la disposition
modifiée prévoit que les Régions 171 sont compétentes pour régler « l’élection des organes
provinciaux, communaux et intracommunaux, ainsi que des organes des agglomérations
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165
166
Loi spéciale du 13 juillet 2001 précitée.
er
Cf. le décret de la Communauté germanophone du 1 juin 2004 relatif à l’exercice, par la Communauté
germanophone, de certaines compétences de la Région wallonne en matière de pouvoirs subordonnés
(Moniteur belge, 19 octobre 2004) tel que modifié par les décrets des 27 avril 2009 (Moniteur belge, 22 juin
167
2009) et 5 mai 2014 (Moniteur belge, 18 juillet 2014).
Pour plus de détails sur cette question cf. L. REA FUENTE, « Le contrôle des dépenses électorales : une
168
régionalisation non aboutie », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1969, 2007.
169
Conseil d’État, Avis n° 39.600/3, 20 décembre 2005.
Conseil d’État, Avis n° 39.980/4, 27 mars 2006.
170
171
Moniteur belge, 27 août 2018.
La Région wallonne a transféré l’exercice de cette compétence, en ce qui concerne les communes situées
en région de langue allemande, à la Communauté germanophone.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 47

et fédérations de communes, en ce compris la réglementation et le contrôle des dépenses


172
électorales y afférentes (et l’origine des fonds qui y ont été affectés) » .

4.2. UNE LÉGISLATION FÉDÉRÉE PEU DÉVELOPPÉE

La compétence des entités fédérées pour adopter un cadre juridique entourant les partis
politiques est donc très limitée. Tout au plus les Régions et Communautés peuvent-elles
accorder un financement complémentaire aux partis politiques et, pour certaines d’entre
elles, limiter et contrôler les frais de campagne et les dépenses électorales opérées pour
les élections locales. En effet, rappelons-le, les entités fédérées ne sont pas compétentes
pour définir les règles applicables aux dépenses électorales de leurs propres parlements.
Cependant, elles peuvent contrôler l’application du cadre fédéral relatif aux dépenses
électorales pour l’élection de leurs propres parlements, et ont à ce titre adopté un vade-
mecum commun (à la force juridique cependant incertaine).
Dès lors, il n’est pas étonnant de constater qu’aucune entité fédérée n’a adopté le moindre
texte « organique » des partis politiques. Tout au plus peut-on mentionner que les partis
politiques apparaissent dans certaines législations des entités fédérées, sans que cela ne
permette de dégager un véritable statut particulier. Plus encore, les quelques dispositions
éparses qui peuvent être pointées dans les législations régionales et communautaires sont
un parfait miroir de celles que nous avons détaillées en ce qui concerne l’Autorité fédérale.
En effet, elles concernent principalement des enjeux électoraux communaux ou
provinciaux, comme la protection du logo des listes ainsi que leur dépôt, le contrôle
des dépenses électorales pour les élections locales, la capacité de désigner des témoins
électoraux pour surveiller les opérations électorales dans les bureaux de vote le jour du
scrutin, etc. Dans la grande majorité des cas, ces dispositions sont d’ailleurs directement
empruntées à la législation fédérale, moyennant quelques adaptations. Dès lors, il ne semble
pas nécessaire de les parcourir en détail ici.
Une conclusion s’impose donc. Les partis politiques ne sont pas davantage appréhendés
par le droit des entités fédérées que par le droit fédéral. L’explication de cet état des choses
tient peut-être, au moins partiellement, au système actuel, dont nous avons souligné le
caractère complexe. Certains auteurs 173 et le GRECO 174 ont proposé une simplification
du système, passant, au minimum, par une codification ou une coordination et, au
maximum, par une réforme profonde. Cependant, comme l’ont relevé les mêmes auteurs
et instances, « juridiquement, il est difficile d’entreprendre un processus de coordination
ou de codification qui engloberait des textes adoptés par des niveaux de pouvoir
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différents » 175. Quand bien même, donc, il existerait de réelles ambitions de refonder
le système que la complexité de celui-ci entraînerait nombre de difficultés.

172
173
Nous soulignons.
Cf. entre autres M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 628.
174
Cf. GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
175
op. cit., recommandation I.
M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 628.

CH 2483-2484
5. LE CONTRÔLE DES PARTIS POLITIQUES

Nous avons vu que le cadre législatif qui entoure la vie des partis politiques en Belgique
est pour le moins parcellaire et qu’aucun statut particulier ne se dégage réellement des
dispositions éparses qui existent et concernent les associations politiques. Outre le droit
commun des associations (de fait et sans but lucratif), qui s’applique bien évidemment
aux partis, les textes légaux les plus cohérents et systématiques concernant les partis
politiques ne touchent qu’à leurs enjeux financiers et comptables. Mais, même dans la
sphère restreinte de ce domaine, la loi ne couvre pas tout le champ des possibles : le
contrôle qui pèse sur les partis politiques apparaît comme un contrôle marginal, tant
au niveau fédéral qu’au niveau des entités fédérées. Cela tient essentiellement au fait que
les différentes commissions de contrôle dont nous avons déjà parlé sont toutes des
commissions composées exclusivement ou principalement de parlementaires, c’est-à-dire
d’hommes et de femmes politiques qui doivent pour la plupart leur élection à leur parti
politique.
Le contrôle des partis politiques semble dès lors fortement endogène, ce qui implique
de légitimes questionnements quant à son impartialité. Ainsi, le GRECO note au sujet des
différentes commissions de contrôle mises en place au sein des assemblées parlementaires
belges : « On ne peut pas parler d’un système de contrôle indépendant (…). La
composition des commissions confère un rôle prééminent/exclusif aux partis politiques
et en pratique, elles feraient montre d’un manque de volonté lorsqu’il s’agit d’exercer un
véritable contrôle et de prendre des décisions susceptibles de conduire à une sanction,
même lorsque la Cour des comptes décèle de possibles manquements ou émet des réserves.
Cela est renforcé par d’autres facteurs comme les alliances politiques ou dictées par l’accès
au financement politique, ou encore les règles de vote à la majorité qualifiée » 176.

5.1. AU NIVEAU FÉDÉRAL


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La Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité des partis
politiques (ci-après, Commission de contrôle fédérale) est chargée d’examiner les rapports

176
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 24. Lorsqu’il fait référence aux « règles de vote à la majorité qualifiée », le GRECO renvoie aux
règles qui président au vote des décisions de sanction prises par la Commission de contrôle fédérale :
d’après les statuts de celle-ci, ces décisions doivent être adoptées à la majorité des deux tiers à condition
que deux tiers au moins des membres de la Commission soient présents. Cf. l’article 13 des statuts de la
Commission (dont la dernière version a été publiée au Moniteur belge du 4 mars 2016).

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LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 49

financiers des partis politiques, tant concernant leur comptabilité que leurs dépenses
électorales (ainsi que les dépenses électorales des candidats) pour les élections fédérales
et les élections européennes, de formuler des observations quant à ces rapports et de les
approuver ou, au contraire, de sanctionner les partis (ou candidats) qui contreviendraient,
à son sens, à la loi.
Cette commission est une commission parlementaire classique ; elle est donc constituée
de membres de la Chambre des représentants 177. Plus précisément, il s’agit d’une
« commission composée de dix-sept députés fédéraux et de quatre experts, dont deux
néerlandophones et deux francophones proposés par la Chambre des représentants ».
La Commission de contrôle fédérale est présidée par le président de la Chambre des
178
représentants. À l’exception du président, les membres et les experts ont le droit de vote .
Cette composition appelle plusieurs observations.

5.1.1. Un contrôle par les pairs

Le contrôle mis en place par la loi du 4 juillet 1989 apparaît clairement comme un contrôle
par les pairs. En effet, les comptes des partis politiques sont contrôlés par un organe
composé majoritairement par des parlementaires fédéraux. Rappelons que, dans le
contexte belge, et malgré la fiction de l’article 42 de la Constitution, les parlementaires
apparaissent souvent entravés par la discipline voire la coercition du parti (cf. supra).
Cela revient à dire, en empruntant un raccourci qui ne semble pas abusif, que les comptes
des partis sont contrôlés par des représentants des partis. Comme le relèvent nombre
d’auteurs ainsi que le GRECO, il s’agit d’un système de « contrôleur contrôlé », qui peut
amener à mettre en cause le caractère indépendant de la Commission de contrôle fédérale.
Cette critique n’est pas fondée uniquement sur des considérations théoriques. Comme le
relevait le GRECO en 2009, « au niveau fédéral, une demi-douzaine de dossiers seulement
ont concerné depuis 1989 les comptes de partis politiques peu puissants ; la moitié d’entre
eux concernaient le même parti et dans certains dossiers pour lesquels la [Commission
de contrôle fédérale] a été amenée à prendre une décision, sa décision s’est parfois vue
bloquée par le fait que l’un des membres avait quitté la réunion (absence de quorum),
la [Commission de contrôle fédérale] n’ayant pas reporté l’examen du point à une réunion
179
ultérieure » . Par exemple, le député Léon Walry (PS) n’a jamais été sanctionné pour
un dépassement substantiel du plafond de dépenses électorales pour les élections de la
Chambre des représentants du 10 juin 2007 (il avait dépensé 10 390 euros, alors qu’il
n’avait droit qu’à 5 000 euros), en raison du fait que le quorum de présences au sein
de la Commission de contrôle fédérale n’était pas atteint et que, lorsqu’un député, alerté,
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s’est présenté pour que la Commission puisse délibérer, un autre député, issu du même
parti que L. Walry, a quitté la séance, rendant la prise d’une décision impossible. La

177
Avant la sixième réforme de l’État, cette commission était un organe commun à la Chambre des
représentants et au Sénat. Par conséquent, elle était constituée paritairement de membres de la Chambre
et du Sénat et présidée par les présidents de chaque assemblée. Les membres de la Commission étaient
désignés par l’assemblée plénière de la Chambre ou du Sénat.
178 er
179
Article 1 , 4°, de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis politiques,
op. cit., p. 24. Depuis 2009, de nouveaux cas se sont produits.

CH 2483-2484
50 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Commission de contrôle fédérale disposant, dans cette affaire, d’un délai particulier
180
pour prendre une sanction, L. Walry n’a jamais été inquiété .

5.1.2. La présence d’experts

La sixième réforme de l’État a entendu répondre à cette critique par l’adjonction aux
parlementaires de la Commission de contrôle fédérale de quatre experts, nommés par
l’assemblée plénière de la Chambre des représentants. Ces experts disposent d’un droit
181
de vote au sein de la Commission de contrôle fédérale .
Cela apparaît certes comme une avancée en termes d’objectivation de la décision, mais
cela ne rencontre pas totalement les critiques du GRECO, dans la mesure où le contrôle
demeure de manière prééminente entre les mains des partis politiques 182. D’autant que
certains parlementaires et observateurs ont pu émettre la critique que, étant nommés par
l’assemblée plénière de la Chambre, les experts sont sélectionnés sur une base politique,
ce qui peut entraîner une certaine politisation de ces derniers. Très concrètement, il a par
ailleurs été reproché à certains des experts en fonction au cours de la législature fédérale
2014-2019 d’avoir des affinités avec des partis de la majorité, voire parfois d’être membres
de ces partis 183, au moins pour trois d’entre eux 184. À ce titre, l’adjonction d’experts à la
Commission de contrôle fédérale apparaît comme insuffisante pour permettre de lever
tout doute légitime quant à l’impartialité du contrôle qu’elle assure. Or, comme l’a relevé,
à une époque où la Commission ne comptait pas encore d’experts, le constitutionnaliste
Marc Verdussen (UCL), « la simple existence d’un doute (…) suffit à ébranler la confiance
que mérite une telle institution » 185. Force est de constater que, même après la sixième
réforme de l’État, l’appréciation de M. Verdussen conserve toute son actualité.
Le fait que la Cour des comptes intervienne dans la procédure, à titre d’avis et de conseil,
ne semble pas de nature à nuancer cette affirmation, comme le souligne également le
GRECO 186.

180
La Libre Belgique, 8 mars 2008 ; Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses
électorales et de la comptabilité des partis politiques, Les dépenses électorales engagées par les partis politiques
et les candidats individuels pour les élections des chambres législatives fédérales du 10 juin 2007. Rapport,
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n° 2371/1, 19 janvier 2010.
181 er
182
Article 1 , 4°, de la loi du 4 juillet 1989 précitée.
Les experts ne représentent en effet que 4 voix sur 21, soit moins du tiers des voix requis pour bloquer
une décision, par exemple.
183
Un des experts, Raymond Molle, affichait ouvertement, sur son profil LinkedIn, sa qualité de membre
184
de la section de Jodoigne du MR (https://be.linkedin.com/in/molle-raymond-7720b962).
Cf. M. SEL, « Écolo au poteau : MR et N-VA se font justice », http://blog.marcelsel.com, 12 novembre 2015.
185
186
M. VERDUSSEN, « Financement des partis : on n’a rien pour rien », Carte blanche, Le Soir, 16 juin 1993.
« L’implication de la Cour des comptes dans le processus de contrôle n’offre pas (dans le présent contexte)
toutes les garanties de compenser la politisation des commissions de contrôle : la Cour, même si elle est
en principe indépendante, demeure un organe collatéral du Parlement fédéral et ses membres sont
amovibles » (GRECO, Rapport d’évaluation de la Belgique sur la transparence du financement des partis
politiques, op. cit., p. 24).

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 51

5.1.3. L’existence d’un droit de recours

Il convient de mentionner une seconde avancée vers l’indépendance du contrôle de la


comptabilité des partis et des dépenses électorales : la création d’un droit de recours.
En effet, les articles 14/1, § 7, et 25ter de la loi du 4 juillet 1989 prévoient, depuis la
sixième réforme de l’État 187, que le candidat sanctionné par la Commission de contrôle
fédérale dans le cadre du contrôle des dépenses électorales peut introduire un recours
contre la décision de sanction devant la Cour constitutionnelle (article 14/1, § 7), tandis
que toute autre décision de sanction de la Commission peut être contestée devant le
Conseil d’État (article 25ter). Cependant, cette évolution ne va pas sans soulever de
questions.
D’une part, il est permis de se demander pour quelle raison le législateur fédéral a entendu
scinder ainsi la possibilité de recours. S’il avait clairement séparé la question des dépenses
électorales et de la comptabilité des partis politiques, ce qui semble avoir été son intention
originelle 188, il n’aurait pas été étrange de voir deux juridictions intervenir. Mais la faculté
de recours devant le Conseil d’État introduite par l’article 25ter est « une faculté transversale
de recours auprès du Conseil d’État contre les décisions de sanction prises par la
Commission de contrôle [fédérale] » 189, qui exclut explicitement le cas prévu à l’article 14/1
de la loi du 4 juillet 1989. Dès lors, lorsque la Commission de contrôle fédérale sanctionne
un parti, et non un candidat, pour une infraction à la réglementation en matière
de dépenses électorales, c’est bien devant le Conseil d’État, et non devant la Cour
constitutionnelle, qu’un recours est ouvert 190. Cette scission semble peu cohérente, même
si elle a pu être justifiée, en amont, par un souci de séparer les recours en fonction
des acteurs : les partis politiques devant le Conseil d’État, les individus devant la Cour
constitutionnelle 191. Cette justification paraît faire l’impasse d’un cas où seraient mis
en cause, en matière de dépenses électorales, un élu et son parti.
D’autre part, il semble légitime de s’interroger sur le bien-fondé de ne permettre de recours
qu’en cas de décision de sanction. En effet, et comme l’affaire Walry l’a démontré

187
Ces articles ont été insérés respectivement par l’article 15 et l’article 30 de la loi du 6 janvier 2014 modifiant
la loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées pour les
élections des chambres fédérales ainsi qu’au financement et à la comptabilité ouverte des partis politiques,
le Code électoral, la loi du 19 mai 1994 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales
engagées pour l’élection du Parlement européen et la loi du 19 mai 1994 réglementant la campagne
électorale, concernant la limitation et la déclaration des dépenses électorales engagées pour les élections
du Parlement wallon, du Parlement flamand, du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale et du
Parlement de la Communauté germanophone, et fixant le critère de contrôle des communications officielles
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des autorités publiques (Moniteur belge, 31 janvier 2014).
188
Par exemple, la formulation de l’alinéa 4 proposé (et adopté) de l’article 142 de la Constitution est :
« La loi peut, dans les cas et selon les conditions et les modalités qu’elle détermine, attribuer à la Cour
la compétence de statuer, par voie d’arrêt, sur les recours formés contre les décisions des assemblées
législatives ou de leurs organes, en matière de contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections pour
189
la Chambre des représentants » (nous soulignons).
Chambre des représentants, Commission de Révision de la Constitution et de la Réforme des institutions,
190
Proposition de révision de l’article 142 de la Constitution. Rapport, n° 2969/3, 22 novembre 2013, p. 26.
H. DUMONT, « La Cour constitutionnelle et les juridictions administratives : des réformes inachevées »,
in H. DUMONT, M. EL BERHOUMI, I. HACHEZ (dir.), La sixième réforme de l’État : l’art de ne pas choisir ou
191
l’art du compromis ?, Bruxelles, Larcier, 2015, p. 45.
Chambre des représentants et Sénat, Groupe de travail « partis politiques », La transposition des
recommandations du GRECO. Rapport intermédiaire, n° 2854/1 et n° 2133/1, 5 juin 2013, p. 247.

CH 2483-2484
52 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

(cf. supra), l’absence de décision de sanction peut être tout aussi problématique qu’une
décision de sanction. En imaginant qu’un parti politique appartenant à la majorité
gouvernementale enfreint de manière manifeste la législation relative à sa comptabilité,
mais que les partenaires de coalition du parti en question se refusent, pour des raisons
stratégiques, à le sanctionner, on se trouve dans une situation où aucun recours ne peut
être introduit pour corriger ce qu’il convient pourtant bien d’appeler une illégalité,
commise avec l’assentiment, potentiellement tacite, de la majorité. Il s’agit certes là d’un
cas extrême, mais il pourrait, en théorie, se produire.
On ne peut donc que constater que, malgré quelques avancées engrangées par la sixième
réforme de l’État, le contrôle de la comptabilité et des dépenses électorales demeure fort
lacunaire. Les partis politiques restent (presque) les seuls maîtres à bord, ce qui laisse
planer le doute quant à l’impartialité de leurs décisions.

5.2. AU NIVEAU DES ENTITÉS FÉDÉRÉES

La Commission de contrôle fédérale n’est pas la seule commission de ce type à exercer


un contrôle sur les partis politiques : chaque parlement d’entité fédérée dispose également
d’une telle commission (cf. supra). Dans leur mission de contrôle, ces commissions sont
tenues d’appliquer le cadre normatif tel qu’il est défini au niveau fédéral par la loi du
19 mai 1994 sur le contrôle de la campagne et des dépenses électorales au niveau fédéré,
mais les modalités concrètes du contrôle sont arrêtées par décret (ou par ordonnance).
Il est important, ici, de rappeler que la compétence de ces commissions au sein des
192
parlements fédérés ne comprend que les dépenses électorales . Dès lors, il n’existe aucun
contrôle explicite de l’usage qui est fait de la dotation accordée par le Parlement wallon et
le Parlement flamand aux partis politiques 193. Il s’agit donc ici d’un cas où ce financement
complémentaire est contrôlé, non pas par les commissions au sein des assemblées qui
accordent ce financement, mais bien, apparemment, par la Commission de contrôle
fédérale, via le périmètre de consolidation des partis (cf. supra).
Par ailleurs, il est permis de se poser la question de l’existence d’un éventuel droit de
recours contre les décisions des commissions de contrôle des parlements d’entité fédérée.
En effet, l’article 12bis de la loi du 19 mai 1994, inséré lors de la sixième réforme de
l’État 194, prévoit : « Un recours en annulation devant le Conseil d’État peut être introduit
contre toute décision de sanction de la Commission prise en application de la présente loi,
er
conformément à l’article 14, § 1 , alinéa 2, des lois sur le Conseil d’État, coordonnées
le 12 janvier 1973 ». Or, au sens de la même loi, l’expression « Commission » désigne « la
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Commission de contrôle visée à l’article 1er, 4°, alinéa 1er, de la loi du 4 juillet 1989 » 195,

192
Et, pour certaines d’entre elles, le contrôle des communications du gouvernement, mais cela sort de
l’objet du présent Courrier hebdomadaire.
193
Alors que ce contrôle et l’obligation de comptabilité ouverte corrélative sont liés à l’octroi d’un financement
public : « Les obligations imposées par la loi du 4 juillet 1989 ont toujours été présentées comme
des contreparties au financement public des partis politiques instauré par cette même législation »
194
(M. VERDUSSEN, « Partis politiques », op. cit., p. 625).
195
Article 36 de la loi du 6 janvier 2014 précitée.
Article 1, 5°, de la loi du 19 mai 1994 précitée.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 53

c’est-à-dire la Commission de contrôle fédérale. Le recours devant le Conseil d’État est


donc ouvert contre toute décision de sanction émanant de la Commission de contrôle
fédérale. Or ce sont les commissions de contrôle des parlements fédérés qui sont chargées
de contrôler l’application de la loi du 19 mai 1994. Partant, la Commission de contrôle
fédérale n’est pas compétente en la matière – à l’exception des infractions relatives aux
dons faits aux partis. Dès lors, le recours devant le Conseil d’État ne concernant que
les décisions de la Commission de contrôle fédérale, les décisions des commissions des
parlements d’entité fédérée échappent apparemment à tout contrôle juridictionnel.
Enfin, il est à noter aussi que ces commissions des parlements fédérés – ou les organes
spécifiques créés à cet effet – sont également chargées de contrôler les dépenses électorales
pour les élections locales. Dans ce cas, elles appliquent le cadre légal issu de la Région ou
de la Communauté qui est compétente pour régler l’élection des pouvoirs locaux. Ainsi,
la Commission de contrôle des dépenses électorales et des communications du Parlement
wallon est amenée, pour les élections locales, à appliquer les règles du Code wallon
de la démocratie locale et de la décentralisation (CDLD), et en particulier les règles
er er
développées dans sa Partie 4, Livre 1 , Titre III, Chapitre 1 /1.
Dès lors, les griefs relatifs au contrôle des dépenses électorales engagées pour les élections
législatives qui ont pu être énoncés à l’encontre de la Commission de contrôle fédérale
sont tout à fait transposables aux commissions de contrôle des parlements d’entité fédérée :
toutes sont des commissions parlementaires et prêtent donc le flanc à la critique de la
partialité, d’autant qu’elles ne connaissent pas le correctif de l’adjonction d’experts ou
de la possibilité de recours contre la plupart de leurs décisions.
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CH 2483-2484
54 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Tableau 1. Réglementation relative au financement des partis et au contrôle des dépenses électorales (2020)

Autorité fédérale Régions et Communautés

Financement des partis Contrôle des dépenses électorales Financement des partis Contrôle des dépenses électorales

Réglementation
Norme de référence Loi du 4 juillet 1989 relative à la Loi du 4 juillet 1989 relative à la (Financement complémentaire des partis Loi du 19 mai 1994 réglementant la
limitation et au contrôle des dépenses limitation et au contrôle des dépenses politiques) campagne électorale, concernant la
électorales engagées pour les élections électorales engagées pour les élections Loi spéciale du 8 août 1980 de réformes limitation et la déclaration des dépenses
de la Chambre des représentants, ainsi de la Chambre des représentants, ainsi institutionnelles, art. 31, § 6 (Parlement électorales engagées pour les élections
qu’au financement et à la comptabilité qu’au financement et à la comptabilité wallon, Parlement flamand et Parlement du Parlement wallon, du Parlement
ouverte des partis politiques ouverte des partis politiques de la Communauté germanophone) flamand, du Parlement de la Région
Loi spéciale du 12 janvier 1989 relative de Bruxelles-Capitale et du Parlement
aux institutions bruxelloises, art. 22, § 6 de la Communauté germanophone,
(Parlement de la Région de Bruxelles- et fixant le critère de contrôle des
Capitale) communications officielles des autorités
publiques
Compétence Matière fédérale Matière fédérale Matière fédérée Matière fédérale
Contrôle politique
Commission de contrôle des dépenses Commission de contrôle des dépenses Commission de contrôle des dépenses Parlement régional ou communautaire,
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Organe
électorales et de la comptabilité des électorales et de la comptabilité des électorales et de la comptabilité des ou l’organe désigné par celui-ci
partis politiques (fédérale) partis politiques (fédérale) partis politiques (fédérale), via la
technique des comptes consolidés
Base légale Loi du 4 juillet 1989 précitée Loi du 4 juillet 1989 précitée Néant LSRI du 8 août 1980, art. 31, § 5
LSIB du 12 janvier 1989, art. 22, § 5
Contrôle juridictionnel
Organe Conseil d’État Cour constitutionnelle ou Conseil Conseil d’État (en cas de compétence Conseil d’État (mais le recours semble
d’État de la commission fédérale) inopérant)
Base légale Loi du 4 juillet 1989 précitée, art. 25ter Loi du 4 juillet 1989 précitée, art. 14/1, Loi du 4 juillet 1989 précitée, art. 25ter Loi du 19 mai 1994 précitée, art. 12bis
§ 7 (candidat) et art. 25ter (parti)

CH 2483-2484
CONCLUSION

L’exposé des différentes normes qui affectent, d’une manière ou d’une autre, la vie des
partis politiques en Belgique appelle quelques commentaires critiques.
Malgré une ressemblance de façade, les différentes définitions légales du parti politique
comportent des nuances qui conduisent à ce qu’un même groupement puisse être qualifié
de parti par certaines législations et non par d’autres. En outre, le système mis en place
apparaît particulièrement complexe et donc peu lisible pour le citoyen, d’autant que
les partis ne sont appréhendés légalement que via le spectre électoral ou financier. Or les
partis sont censés être les intermédiaires entre l’État et le citoyen. On peut donc s’étonner
du fait qu’ils jouent un tel rôle alors que leur statut et leur fonctionnement apparaissent
si nébuleux pour bon nombre de citoyens. Tous ces éléments semblent pointer vers
deux constats. D’une part, les partis apparaissent en mouvement d’« institutionnalisation »
croissante et échappent de plus en plus au citoyen. D’autre part, la complexité du système
est peut-être due au fait que les partis s’auto-régulent puisqu’ils sont, concrètement, les
législateurs.
Il n’existe aucune définition juridique belge du parti politique qui ait vocation à s’appliquer
de manière transversale. La littérature politologique identifie en effet cinq aires principales
que les lois régissant les partis politiques peuvent couvrir 196 : la définition du parti
politique et les procédures permettant à un groupement d’être reconnu comme tel ; la
réglementation des activités auxquelles un parti politique peut se livrer ; l’organisation
interne des partis politiques ; le financement public des partis politiques et le contrôle
du financement des campagnes électorales ; et enfin, de manière transversale, les sanctions
auxquelles s’exposent des partis politiques violant les normes juridiques qui leur sont
applicables. Il apparaît clairement que le droit belge n’intervient que dans une seule de
ces cinq aires potentielles : celle de la régulation du financement public, de la comptabilité
des partis et du contrôle des dépenses électorales 197. Si l’on s’en réfère à la volonté du
législateur de 1989, ce n’est que sous cet angle limité que le parti politique est défini.
Mais il n’est pas même défini de manière uniforme : les sept définitions légales des partis
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politiques sont très semblables, mais elles diffèrent sur certains aspects. En particulier,
l’exigence de dépôt d’une liste de candidats dans chaque circonscription d’une Région
ou d’une Communauté n’existe que dans la définition de la loi du 4 juillet 1989.

196
J.-B. PILET, É. VAN HAUTE, Critères, conditions et procédures applicables à la création d’un parti politique
dans les États membres de l’Union européenne, op. cit., p. 13.
197
Il pourrait cependant être considéré que l’aire transversale des sanctions pouvant frapper les partis
politiques est également couverte, au moins partiellement, puisque, entre autres, les articles 15bis et 15ter
permettent de priver un parti de sa dotation publique en tout ou en partie.

CH 2483-2484
56 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

Cela signifie qu’un même groupement pourrait, en cas d’élections simultanées pour la
198
Chambre des représentants et pour les parlements des entités fédérées , constituer un
parti politique au sens de la loi du 19 mai 1994 (qui est relative aux élections régionales
et communautaires), mais pas au sens de celle du 4 juillet 1989 (qui concerne les élections
fédérales). Imaginons une formation politique qui présente des candidats en Région
wallonne, tant pour l’élection du Parlement wallon que pour celle de la Chambre des
représentants. En raison de son implantation relativement locale, ce groupement ne
présente des candidats que dans certaines circonscriptions, couvrant la même zone
géographique : deux circonscriptions (sur cinq circonscriptions fédérales en Wallonie)
à la Chambre (disons le Hainaut et le Brabant wallon) et cinq (sur onze circonscriptions
régionales wallonnes) pour le Parlement wallon (Charleroi–Thuin, Mons, Soignies–
La Louvière, Tournai–Ath–Mouscron et Nivelles). Après une campagne fructueuse, trois
de ses candidats sont élus à la Chambre et six au Parlement wallon. Cette formation
politique, représentée par des élus tant à la Chambre des représentants qu’au Parlement
wallon, est-elle un parti politique ? Il est impossible de donner une réponse univoque
à cette question. Au sens de la loi du 4 juillet 1989, le groupement n’ayant pas présenté de
candidats dans « chaque circonscription électorale d’une Communauté ou d’une Région »,
il ne répond pas à la définition légale du parti politique. Partant, pour l’élection de la
Chambre, il ne s’agit pas d’un parti politique ; en toute logique, il ne devrait donc pas être
soumis à l’obligation de la publicité des comptes et ne devrait percevoir aucune dotation
publique. En revanche, dans le cadre du scrutin régional wallon – qui a lieu le même
jour –, cette même formation politique est bel et bien un parti puisqu’il suffit, pour
satisfaire à la définition légale dans ce cas, de « présente[r] des candidats », sans exigence
relative au nombre de circonscriptions. Il aura alors droit à la dotation régionale wallonne
accordée aux partis, mais uniquement car il forme un « groupe politique reconnu » 199
au sein du Parlement wallon, c’est-à-dire un groupe formé de cinq membres au moins 200.
Son droit à la dotation sera donc lié à sa performance électorale plus qu’à son statut de
parti politique. Bref, la même formation politique, qui présente des candidats aux mêmes
endroits lors d’élections ayant lieu le même jour, est simultanément un parti politique
pour les élections wallonnes mais pas pour les élections fédérales. Il y a là de quoi être
perplexe, d’autant que les deux normes apparemment discordantes émanent toutes deux
du même niveau de pouvoir, à savoir l’Autorité fédérale.

198
Ce qui, pour rappel, s’est déjà produit à quatre reprises (21 mai 1995, 13 juin 1999, 25 mai 2014 et 26 mai
2019) et qui, dans l’état actuel de la législation et sauf le cas de la survenance d’élections fédérales anticipées,
semble devoir être systématiquement de mise à l’avenir. En effet, il résulte de la révision des articles 46,
65, 117 et 118 de la Constitution (opérée dans le cadre de la sixième réforme de l’État) un alignement
des élections fédérales et des élections régionales et communautaires. En l’occurrence, il est prévu que
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la durée d’une législature fédérale est de cinq ans et que l’élection de la Chambre des représentants se
déroule le même jour que l’élection des représentants belges au Parlement européen (et, donc, que les
élections régionales et communautaires). En outre, l’article 46, alinéa 6, de la Constitution garantit le
caractère simultané de ces scrutins en cas de dissolution anticipée de la Chambre et de nouvelle élection
fédérale (à savoir que cette disposition prévoit que la nouvelle législature fédérale courra uniquement
jusqu’au jour des élections pour le Parlement européen suivant cette dissolution). Toutefois, en raison
d’une disposition transitoire à laquelle est soumis l’article 46 de la Constitution, cette règle n’est, à ce jour,
pas entrée en vigueur ; cela nécessiterait l’adoption d’une loi spéciale. Dès lors, en l’état actuel de la
législation, si une dissolution anticipée de la Chambre des représentants intervient, les élections fédérales
et les élections régionales et communautaires ne présenteront plus un caractère simultané, et ce pour une
199
durée potentiellement illimitée.
200
Article 35, 1, du règlement du Parlement wallon.
Article 33, 3, du règlement du Parlement wallon.

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 57

L’absence de définition transversale du parti politique et son appréhension par le spectre


purement électoral et financier ne participent pas à clarifier l’autorité compétente pour
encadrer la naissance, la vie et la mort des partis politiques. Puisque ceux-ci ne sont
apparus dans la législation que lorsqu’il s’est agi de les financer publiquement et de
limiter leurs dépenses électorales, c’est tout logiquement sur ces questions que se sont
penchés les différents législateurs en Belgique. Il en ressort un paysage institutionnel
complexe, qui repose sur une répartition des compétences peu claire. Si l’Autorité fédérale
semble disposer de la plus grande part de la compétence liée au financement des partis,
il ne faut pas négliger la possibilité d’un financement complémentaire qui est dévolu aux
parlements des entités fédérées. Si la fixation du cadre normatif de la réglementation des
dépenses électorales (tant pour les élections fédérales que pour les élections européennes et
les élections régionales et communautaires) demeure une compétence fédérale, le contrôle
du respect de ce cadre normatif est, lui, éclaté entre différentes assemblées législatives
(Chambre des représentants, Parlement wallon, Parlement de la Région de Bruxelles-
Capitale, Parlement flamand et Parlement de la Communauté germanophone). S’ajoute
en outre à cela la compétence régionale en matière de dépenses électorales engagées pour
les élections locales (et qui est exercée par la Région wallonne, la Région de Bruxelles-
Capitale, la Région flamande et la Communauté germanophone).
Outre la multiplicité des législateurs, il existe une grande variété de textes de natures
différentes pour régler des enjeux similaires. Ainsi, pour mémoire, les règles relatives
au financement des partis se trouvent dans la loi (pour le financement fédéral), dans les
décrets et ordonnances (pour les règles en matière de dépenses électorales lors des
élections locales), dans les règlements des assemblées (pour le financement régional ou
communautaire complémentaire) voire dans les décisions du bureau de ces assemblées
(pour les subsides aux groupes politiques) ou dans des décisions provinciales et
communales (pour le financement des groupes politiques locaux).
Le financement public n’est jamais accordé directement au parti politique lui-même.
En effet, rien n’impose à un parti de se doter de la personnalité juridique, et force est de
constater qu’aucun des principaux partis politiques que compte la Belgique n’a opté pour
pareille personnalité juridique. Partant, le financement public est accordé à des asbl
désignées par les partis politiques et gravitant dans l’orbite de ceux-ci, au même titre
que plusieurs dizaines d’autres associations satellites pour compenser le fait que le parti
n’est pas légalement constitué – même si, nous l’avons vu, le parti bénéficie tout de même
de certains avantages de la personnalité juridique, et ce en dehors de toute base légale autre
que celles leur conférant ces avantages.
La combinaison de ces considérations aboutit à un système extrêmement complexe et
particulièrement opaque. D’aucuns pourraient être tentés de voir dans l’association de
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la complexité institutionnelle et de la complexité de structure des partis une façon pour
ces derniers d’échapper aux inconvénients que peut présenter la personnalité morale
(possibilité d’être directement traîné en justice, de voir la dissolution prononcée par un
juge, etc.) – en d’autres termes, de minimiser les possibilités de contrôle qui pèsent sur eux,
ce qui s’observe par ailleurs en matière de contrôle des dépenses électorales.

CH 2483-2484
58 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

L’opacité du cadre normatif entourant les partis politiques est d’autant plus troublante
201
que l’on constate un certain « mouvement vers l’État » de ces mêmes partis. Ce
mouvement prend des accents très concrets en Belgique, notamment à travers la récente
apparition des partis politiques dans l’article 77 révisé de la Constitution. Le constituant
semblait considérer que les lois visées à l’article 77 sont des « lois ordinaires (…) qui
revêtent un caractère institutionnel » 202. Ainsi que l’exposait le juriste Dajo De Prins, il
est difficile de ne pas voir là le symptôme de l’éloignement des partis politiques de la
société civile et de leur rapprochement corrélatif des structures de l’État. Ce rapprochement
est fort visible lorsque sont analysées les sources de financement des partis politiques,
en raison de la limitation des possibilités de dons de personnes privées aux partis.
Aujourd’hui, la part de dotation publique dans les recettes totales des partis politiques
(ayant droit à la dotation) excède systématiquement 60 %, et elle peut atteindre 95 % 203.
En d’autres termes, les partis politiques financés publiquement doivent aujourd’hui
la toute grande majorité de leurs ressources à un financement étatique.
Aujourd’hui, considérer les partis comme des institutions indispensables au
fonctionnement du système politique et électoral ne constitue plus un abus de langage.
L’histoire de la législation électorale belge n’est autre que l’histoire d’une loi construite
par les partis de manière à consolider leur rôle. C’est que, il ne faut jamais l’oublier, les
partis politiques sont très largement les réels législateurs en Belgique. C’est leur accord
qui détermine les grandes lignes de la politique législative qui sera menée ; c’est également
leur accord qui leur permet de s’octroyer un financement public, d’imposer un seuil
électoral ou de découper les circonscriptions électorales 204. La régulation des partis
politiques apparaît en fait comme un phénomène endogène qui aboutit à une auto-
régulation, parfois coulée dans un texte légal. Lorsque les partis ont besoin de clarté ou
de légitimité, ils peuvent se saisir de l’instrument législatif pour agir (il en a été ainsi, par
exemple, de la question du financement public des partis politiques) ; lorsqu’il semble
indispensable d’imposer les mêmes règles à tous les compétiteurs, la norme juridique
apparaît comme un outil privilégié (par exemple, en matière de contrôle des dépenses
électorales). Mais il ne s’agit pas pour les partis politiques de s’imposer des contraintes
excessives : l’empire de la loi s’arrête là où commence l’intérêt des partis.
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201
R. KATZ, P. MAIR, « The Cartel Party Thesis: A Restatement », Perspectives on Politics, volume 7, n° 4, 2009,
202
p. 755.
Sénat, Commission des Affaires institutionnelles, Projet de révision de l’article 77 de la Constitution. Rapport,
n° 1720/3, 19 novembre 2013, p. 10 ; Chambre des représentants, Commission de Révision de la
Constitution et de la Réforme des institutions, Projet de révision de l’article 77 de la Constitution. Rapport,
203
n° 3161/3, 13 décembre 2013, p. 10.
J. SMULDERS, « Le financement et la comptabilité des partis politiques (2008-2013). II. Partis flamands
204
et analyse transversale », op. cit., p. 67-73.
Pour un exemple concret, cf. F. BOUHON, A. JOUSTEN, Z. VROLIX, « Les circonscriptions électorales du
Parlement wallon », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2401-2402, 2018.

CH 2483-2484
ANNEXE

PÉRIMÈTRE DE CONSOLIDATION DES PARTIS POLITIQUES


REPRÉSENTÉS À LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS
(EXERCICE 2019)

Source : Chambre des représentants, Commission de contrôle des dépenses électorales et de la comptabilité
des partis politiques, Loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales
engagées pour l’élection de la Chambre des représentants, ainsi qu’au financement et à la comptabilité
ouverte des partis politiques. Publication des rapports financiers sur la comptabilité des partis politiques et
de leurs composantes (exercice 2019), n° 1384/1 à 1384/4, 24 juin 2020 et n° 1384/5 (errata), 8 octobre
2020.
Remarque : Le Parti populaire s’est auto-dissous le 18 juin 2019.
Légende :
(par défaut : association de fait)
asbl : association sans but lucratif
f : fondation
sc : société civile
scrl : société coopérative à responsabilité limitée
En italique : l’association « article 22 » recevant la dotation publique.

N-VA
1. Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) asbl
2. Vlaams Pers, Radio- en TV- Instituut (VPRTI) asbl
3. Vereniging Vlaamse Mandatarissen (VVM) asbl
4. N-VA fractie Vlaams Parlement
5. N-VA Kamerfractie
6. N-VA Senaatsfractie
7. N-VA fractie Brussels Hoofdstedelijk Parlement
8. Politiek Vormingscentrum Lodewijk Dosfel (PVCLD) asbl
9. Nieuw-Vlaamse Alliantie Antwerpen asbl
10. Nieuw-Vlaamse Alliantie Vlaams-Brabant asbl
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11. N-VA West-Vlaanderen asbl
12. Nieuw-Vlaamse Alliantie Limburg asbl
13. Nieuw-Vlaamse Alliantie Oost-Vlaanderen asbl
14. N-VA fractie Provincieraad Antwerpen asbl
15. N-VA fractie Provincieraad Vlaams-Brabant asbl
16. N-VA fractie Provincieraad Limburg asbl
17. N-VA fractie Provincieraad Oost-Vlaanderen asbl
18. N-VA fractie Provincieraad West-Vlaanderen asbl
19. Arrondissement Aalst–Oudenaarde
20. Arrondissement Antwerpen

CH 2483-2484
60 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

21. Arrondissement Brugge


22. Arrondissement Brussel
23. Arrondissement Waas–Dender (Sint-Niklaas–Dendermonde)
24. Arrondissement Gent–Eeklo
25. Arrondissement Halle–Vilvoorde
26. Arrondissement Ieper
27. Arrondissement Kortrijk–Roeselare–Tielt
28. Arrondissement Leuven
29. Provinciaal Overlegcomité Limburg
30. Arrondissement Mechelen
31. Arrondissement Oostende–Veurne–Diksmuide
32. Arrondissement Turnhout
33. Provinciaal Overlegcomité West-Vlaanderen
34. Provinciaal Overlegcomité Oost-Vlaanderen
35. Provinciaal Overlegcomité Vlaams-Brabant
36. Provinciaal Overlegcomité Antwerpen

PS
1. Fondation socialiste d’information et de gestion (FONSOC) asbl
2. Parti socialiste - Fédération du Brabant wallon asbl
3. Gestion et financement de la Fédération bruxelloise du Parti socialiste
(GEFEBRU) asbl
4. Gestion et financement de la Fédération socialiste de Charleroi (GEFI) asbl
5. Parti socialiste - Fédération de Dinant–Philippeville asbl
6. Parti socialiste - Fédération de Wallonie picarde asbl
7. Fédération de Huy–Waremme du Parti socialiste asbl
8. Parti socialiste - Fédération de Liège asbl
9. Fédération luxembourgeoise du Parti socialiste asbl
10. Parti socialiste - Fédération de Mons-Borinage asbl
11. Gestion de la Fédération socialiste de l’arrondissement de Namur (FESONAM) asbl
12. Parti socialiste - Fédération du Centre asbl
13. Parti socialiste - Fédération de Thuin asbl
14. PS Arrondissement de Verviers asbl
15. Regionalverband der Sozialisten und Sozialdemokraten im Gebiet deutscher Sprache
asbl
16. Groupe socialiste du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
17. Groupe socialiste du Conseil régional de Bruxelles-Capitale
18. Groupe socialiste du Sénat
19. Groupe socialiste de la Chambre
20. Groupe socialiste du Parlement wallon
21. Fraktion der Sozialistschen/Sozialdemokratischen Partei im Parlement der
Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
22. Institut Émile Vandervelde (IEV) asbl
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23. Groupe provincial du Luxembourg
24. Formation et actions provinciales socialistes asbl
25. Groupe socialiste du conseil provincial de la Province du Brabant wallon asbl
26. Fédération des conseillers provinciaux socialistes du Hainaut asbl
27. Groupe provincial de Namur

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 61

Vlaams Belang
1. Vlaams Belang
2. Vrijheidsfond asbl
3. Algemeen Vlaams Belang asbl
4. Antwerps Vormingsinstituut (AVI) asbl
5. Vlaams Belang Vlaams-Brabant asbl
6. Nationalistisch Vormingsinstituut Limburg (NVL) asbl
7. Kamiel Van Damme asbl
8. Jan Breydel asbl
9. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Antwerpen asbl
10. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant asbl
11. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Limburg asbl
12. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen asbl
13. Vlaams Belang Provincieraadsfractie West-Vlaanderen asbl
14. Vlaams Belang Provincie Antwerpen
15. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Antwerpen
16. Vlaams Belang Regio Koepel Antwerpen
17. Vlaams Belang Regio Antwerpen-Zuid
18. Vlaams Belang Regio Voorkempen
19. Vlaams Belang Mechelen–Lier
20. Vlaams Belang Kempen
21. Vlaams Belang Provincie Vlaams-Brabant
22. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant
23. Vlaams Belang Regio Halle
24. Vlaams Belang Regio Leuven
25. Vlaams Belang Regio Brussel 19
26. Vlaams Belang Regio Vilvoorde
27. Vlaams Belang Provincie Limburg
28. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Limburg
29. Vlaams Belang Regio Limburg
30. Vlaams Belang Provincie Oost-Vlaanderen
31. Vlaams Belang Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen
32. Vlaams Belang Regio Aalst
33. Vlaams Belang Regio Dendermonde–Sint-Niklaas
34. Vlaams Belang Regio Gent–Eeklo
35. Vlaams Belang Provincie West-Vlaanderen
36. Vlaams Belang Provincieraadsfractie West-Vlaanderen
37. Vlaams Belang Regio Brugge
38. Vlaams Belang Regio Kortrijk–Roeselare–Tielt
39. Vlaams Belang Regio Westhoek–Middenkust

MR
1. Gestion et action libérale (GAL) asbl
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2. Liberale Vereinigung des Gebietes deutscher Sprache (LVGDS) asbl
3. Soutien au MCC asbl
4. Centre Jean Gol (CJG) asbl
5. Institut libéral de formation et d’animation culturelles, éducation permanente
(ILFAC) asbl
6. Secrétariat des députés MR asbl
7. Groupe MR du Sénat asbl
8. Groupe MR du Parlement wallon asbl
9. Groupe MR du Parlement de la Communauté française asbl
10. Secrétariat des députés libéraux bruxellois asbl

CH 2483-2484
62 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

11. Unie der Franstaligen (UF) asbl


12. Fractie Unie des Franstaligen in Vlaams Brabant (Fractie UF) asbl
13. Fraktion der Partei für Freiheit und Fortschritt im Rat der Deutschsprachigen
Gemeinschaft asbl
14. Action réformatrice - Province de Namur (ARPN) asbl
15. Action libérale brabançonne wallonne (ALBW) asbl
16. Gestion et action libérale de Bruxelles (GALB) asbl
17. Action libérale liégeoise (ALL) asbl
18. Action libérale Province du Hainaut (ALPH) asbl
19. Action réformatrice Province de Luxembourg (ARPL) asbl

CD&V
1. Agora asbl
2. Unitas asbl
3. CEDER, Studiedienst van de Vlaamse Christendemocraten asbl
4. CD&V-Kamerfractie
5. CD&V-Senaatsfractie
6. CD&V-fractie Vlaams Parlement
7. CD&V-fractie in het Brussels Hoofdstedelijk Parlement
8. CD&V-fractie Provincieraad Antwerpen
9. Unitas Provincie Antwerpen asbl
10. Tehuis van CD&V scrl
11. Unitas Arrondissement Limburg asbl
12. CD&V-Provincieraadsfractie Limburg
13. CD&V-Provincieraadsfractie Vlaams-Brabant asbl
14. Unitas Provincie Vlaams-Brabant asbl
15. Unitas Hoofdstedelijke Afdeling Brussel asbl
16. CD&V-fractie Provincie Vlaams-Brabant
17. CD&V-Provincieraadsfractie Oost-Vlaanderen
18. Unitas Provincie Oost-Vlaanderen asbl
19. CD&V-Provincieraadsfractie Provincie West-Vlaanderen asbl
20. Unitas Provincie West-Vlaanderen asbl

PTB
1. PVDA-PTB-22 asbl
2. Parti du travail de Belgique - Partij van de Arbeid van België
3. Dienen asbl
4. Studio 171 asbl
5. Service d’étude PTB asbl
6. PVDA Provincie Antwerpen asbl
7. PVDA Antwerpen
8. PVDA Limburg
9. PVDA Oost-Vlaandren
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10. PVDA West-Vlaandren
11. PVDA Vlaams-Brabant
12. PTB-PVDA Région de Bruxelles-Capitale et Brabant wallon
13. PTB Liège
14. PTB Namur
15. PTB Hainaut
16. PVDA fractie Provincieraad Antwerpen
17. Groupe du PTB au conseil provincial de Liège
18. Groupe du PTB-PVDA à la Chambre
19. Groupe du PTB au Parlement wallon

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 63

20. Groupe du PTB-PVDA au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale


21. Groupe du PTB au conseil provincial de Hainaut
22. Groupe du PTB au conseil provincial de Namur
23. Groupe PTB-PVDA Parlement Wallonie-Bruxelles SASPJ

Open VLD
1. Libera asbl
2. Vlaamse Liberalen en Democraten
3. Centrum voor Maatschappelijke Informatie (CMI) asbl
4. Liberaal Studiecentrum (LSC) asbl
5. Centrum voor Vorming en Beleid (CVB) scrl
6. VLD Kamerfractie asbl
7. VLD Senaatsfractie asbl
8. VLD fractie Vlaams Parlement asbl
9. VLD fractie Brusselse Hoofstedelijke Raad
10. VLD Oost-Vlaanderen asbl
11. Open VLD Arrondissement Antwerpen asbl
12. Vlaamse Liberalen en Democraten West-Vlaanderen asbl
13. VLD-Limburg
14. Open VLD-fractie Provincie Antwerpen asbl
15. Open VLD-fractiewerking Antwerpen
16. Open VLD-fractie Provincieraad Vlaams-Brabant asbl
17. VLD-fractie Vlaams-Brabant asbl
18. Open VLD-Provincie Oost-Vlaanderen asbl
19. Open VLD-fractie Provincieraad Oost-Vlaanderen asbl
20. Open VLD-fractie West-Vlaanderen asbl
21. Open VLD-Provincieraadsfractie Limburg
22. Liberaal Studiecentrum Limburg (LSL) asbl
23. Open VLD Provincie Antwerpen asbl

Écolo
1. Ecodota – Écolo fédéral asbl
2. Etopia asbl
3. Écolo j asbl
4. Groupe parlementaire auprès du Sénat
5. Groupe parlementaire auprès de la Chambre des représentants
6. Groupe parlementaire auprès du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
7. Groupe parlementaire auprès du Parlement régional wallon
8. Groupe parlementaire auprès du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale
9. Groupe parlementaire auprès du Parlement francophone bruxellois
10. Ecolo Fraktion im Parlament der Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
11. Régionale d’Arlon–Marche–Bastogne
12. Régionale du Brabant wallon
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13. Régionale de Bruxelles
14. Régionale de Charleroi
15. Régionale de Dinant–Philippeville
16. Régionale de Huy–Waremme
17. Régionale de Liège
18. Régionale de Mons
19. Régionale de Namur
20. Régionale de Neufchâteau–Virton
21. Régionale d’Ostbelgien
22. Régionale de Picardie

CH 2483-2484
64 LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES

23. Régionale du Centre


24. Régionale de Thuin
25. Régionale de Verviers
26. Maison luxembourgeoise de l’écologie asbl
27. Maison bruxelloise de l’écologie asbl
28. Maison verviétoise de l’écologie asbl
29. Maison liégeoise de l’écologie asbl
30. Maison picarde de l’écologie asbl
31. Écolo Gestion Thuin–Chimay–Binche (ECOGES TCB) asbl
32. Maison de l’écologie de la Vallée de la Sambre asbl
33. Coordination provinciale de Namur – Dinant–Philippeville
34. Coordination luxembourgeoise
35. Coordination de la Province de Liège
36. Coordination Inter Hennuyère

SP.A
1. Organisatie Socialistische Partij (OSP) asbl
2. SP.A
3. SP.A fractie Vlaams Parlement
4. SP.A Kamer van Volksvertegenwoordigers
5. SP.A fractie Senaat
6. SP.A fractie Provincie Oost-Vlaanderen
7. SP.A Oost-Vlaanderen
8. Osp.a Oost-Vlaanderen asbl
9. SP.A fractie Provincie Antwerpen
10. SP.A Antwerpen
11. OSP.A Antwerpen asbl
12. SP.A fractie Provincie West-Vlaanderen
13. SP.A West-Vlaanderen
14. OSP.A West-Vlaanderen asbl
15. Mostaert asbl
16. SP.A Federatie Brussel
17. one.brussels-sp.a
18. SP.A fractie Provincie Vlaams-Brabant
19. SP.A Vlaams-Brabant
20. OSP.A Vlaams-Brabant asbl
21. SP.A fractie Provincie Limburg
22. SPA. Limburg
23. Socialistisch Studie- en Documentatiecentrum Willy Claes (SDWC) asbl

Groen
1. Groen nationaal
2. Groen Fonds asbl
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3. Groenhuis asbl
4. Groen Provincie Antwerpen asbl
5. Groen Oost-Vlaanderen asbl
6. Groen Limburg asbl
7. Groen Vlaams-Brabant asbl
8. Groen West-Vlaanderen asbl
9. Groen Gewest Brussel
10. Groen fractie Brussels Parlement
11. Groen fractie Vlaams Parlement
12. Groen Provincieraad Antwerpen

CH 2483-2484
LA RÉGULATION JURIDIQUE DES PARTIS POLITIQUES 65

13. Groen Provincieraad Oost-Vlaanderen


14. Groen provincieraad Vlaams-Brabant
15. Groen Provincieraad West-Vlaanderen

CDH
1. Action solidaire asbl
2. Centre permanent pour la citoyenneté et la participation (CPCP) asbl
3. Unio asbl
4. CDH Arrondissement d’Arlon asbl
5. Centre démocrate humaniste de l’arrondissement de Ath asbl
6. Action solidaire Bastogne asbl
7. Bruxelles Action asbl
8. CDH Arrondissement de Charleroi asbl
9. CDH de l’arrondissement de Dinant asbl
10. CSP d’Eupen
11. CDH Arrondissement Huy–Waremme asbl
12. Action sociale chrétienne de l’arrondissement de Liège asbl
13. Action solidaire Marche asbl
14. CDH Arrondissement de Mons asbl
15. CDH Arrondissement Mouscron–Comines asbl
16. CDH Arrondissement de Namur asbl
17. CDH Arrondissement de Neufchâteau asbl
18. Centre démocrate humaniste du Brabant wallon asbl
19. La Maison du CDH asbl
20. CDH Arrondissement de Soignies asbl
21. Profil d’avenir - CDH Arrondissement de Thuin asbl
22. Financière du CDH de l’arrondissement de Tournai asbl
23. Centre démocrate humaniste - Arrondissement de Verviers asbl
24. Financière de l’arrondissement de Virton asbl
25. Province du Luxembourg
26. Groupe CDH du Sénat
27. Groupe CDH de la Chambre des représentants
28. Groupe CDH du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
29. Groupe CDH du Parlement bruxellois
30. Groupe CDH du Parlement wallon
31. Fraktion des CSP im Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft asbl
32. Groupe provincial CDH-BW asbl
33. Groupe CDH de la Province de Liège
34. Groupe des conseillers provinciaux CDH de la Province de Namur asbl
35. Groupe CDH de la Province de Luxembourg
36. Groupe des conseillers provinciaux CDH du Hainaut asbl
37. Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS-F) asbl
38. Immobilière des Deux Églises sc
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Défi
1. Solidarité Défi asbl
2. Centre d’Études Jacques Georgin (CEG) asbl
3. Démocrate fédéraliste indépendant (Défi)

PP
1. Financement public du PP asbl
2. Fondation populaire f

CH 2483-2484
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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES

Le CRISP, Centre de recherche et d’information socio-politiques, est un organisme


indépendant. Ses travaux s’attachent à montrer les enjeux de la décision politique, à expliquer
les mécanismes par lesquels elle s’opère, et à analyser le rôle des acteurs qui y prennent
part, que ces acteurs soient politiques, économiques, sociaux, associatifs, etc.
Par ses publications, le CRISP met à la disposition d’un public désireux de comprendre la
société belge des informations de haute qualité, dans un souci d’exactitude, de pertinence et
de pluralisme. Son objectif est de livrer à ce public les clés d’explication du fonctionnement
du système socio-politique belge et de mettre en évidence les structures réelles du pouvoir,
en Belgique et dans le cadre de l’Union européenne.
Le Courrier hebdomadaire paraît au rythme de 40 numéros par an, certaines livraisons
correspondant à deux numéros. Chaque livraison est une monographie consacrée à l’étude
approfondie d’un aspect de la vie politique, économique ou sociale au sens large. La revue
du CRISP constitue depuis 1959 une source d’information incontournable sur des sujets variés :
partis politiques, organisations représentatives d’intérêts sociaux et groupes de pression divers,
évolution et fonctionnement des institutions, négociations communautaires, histoire politique,
groupes d’entreprises et structures du tissu économique, conflits sociaux, enseignement,
immigration, vie associative et culturelle, questions environnementales, européennes, etc.
C’est également dans le Courrier hebdomadaire que sont publiés les résultats des élections
commentés par le CRISP.
Les auteurs publiés sont soit des chercheurs du CRISP, formés en diverses disciplines des
sciences humaines, soit des spécialistes extérieurs provenant des mondes scientifique, associatif
et socio-politique. Dans tous les cas, les textes sont revus avant publication par le rédacteur
en chef et par un groupe d’experts sélectionnés en fonction de la problématique abordée,
afin de garantir la fiabilité de l’information proposée. Cette fiabilité, ainsi que la rigoureuse
objectivité du Courrier hebdomadaire, constituent les atouts principaux d’une revue dont
la qualité est établie et reconnue depuis plus de 60 ans.

Fondateur : Jules Gérard-Libois


Président : Vincent de Coorebyter
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Équipe de recherche :
Benjamin Biard, Pierre Blaise (secrétaire général), Fabienne Collard, Jean Faniel (directeur
général), Cédric Istasse, Vincent Lefebve, Caroline Sägesser, David Van Den Abbeel
(coordinateur du secteur Économie), Marcus Wunderle
Conseil d’administration :
Louise-Marie Bataille, Aline Bingen, Jacques Brassinne de La Buissière (vice-président
honoraire), Vincent de Coorebyter (président), Hugues Dumont, Éric Geerkens, Nadine
Gouzée, Serge Govaert, Anne Heldenbergh, Laura Iker, Rémy Leboutte, Michel Molitor
(vice-président), Solveig Pahud, Pierre Reman (administrateur délégué), Robert Tollet
(vice-président), Pascale Vielle, Els Witte
Derniers numéros du Courrier hebdomadaire parus
2482 L’adoption en Communauté française
Aurélie Aromatario, Louise de Morati et Kenzo Nera
2480-2481 La libération conditionnelle :
de la « loi Le Jeune » à l’instauration de la période de sûreté
Benjamin Biard et Vincent Lefebve
2479 Le dialogue entre l’Union européenne
et les organisations religieuses et philosophiques
Déborah Pimpurniaux
2477-2478 Les mini-publics en Belgique (2001-2018) :
expériences de panels citoyens délibératifs
Julien Vrydagh, Sophie Devillers, David Talukder,
Vincent Jacquet et Jehan Bottin
2475-2476 Grèves et conflictualité sociale en 2019
II. Luttes sociales : entre salariat et précariat
Iannis Gracos
2473-2474 Grèves et conflictualité sociale en 2019
I. Concertation interprofessionnelle et fonctions collectives de l’État
sous tension
Iannis Gracos
2471-2472 La formation du gouvernement De Croo (mai 2019 - octobre 2020)
Caroline Sägesser
2469-2470 La répression des collaborations, 1942-1952.
Nouveaux regards sur un passé toujours présent
Luc Huyse, Steven Dhondt, Bruno De Wever, Koen Aerts
et Pieter Lagrou
2467-2468 Les partis frères en Belgique : les relations entre le CDH et le CD&V
Benjamin Biard
2466 La « coalition miroir » comme modalité de formation
du gouvernement fédéral
Cédric Istasse
2465 Les évolutions électorales
dans les cantons d’Eupen, Saint-Vith et Malmedy (1920-1974)
Cédric Istasse

La collection intégrale du Courrier hebdomadaire est accessible sur www.cairn.info.


L’accès est gratuit pour les numéros parus depuis plus d’un an.
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