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• Historique et définitions
Branche de la criminologie.
Pour comprendre l'objet de cette discipline, il est nécessaire de définir ce que l'on entend par
criminologie.
La psychologie apporte à l'étude des crimes une analyse des processus psychiques de l'individu
délinquant.
La psychologie criminelle étudie les processus de développement psychologique d'une personne
( normaux et/ou pathologiques ) susceptibles d'apparaître et d'engendrer des comportements
délinquants .
Objectifs : compréhension scientifique de l'acte criminel, compréhension de l'acte par l'auteur,
application pratique ( adaptation des prises en charge ), élaboration de méthodes d'évaluation,
actions de prévention ( primaire : prévention, aucuns facteurs de risques, secondaire : quelques
facteurs de risque, tertiaire : comportement à déjà eu lieu ).
C'est à partir de la seconde moitié du 19ème siècle que le phénomène délinquant devient un fait
EMPIRIQUE et va donner lieu aux prémisses des explications scientifiques.
L'ensemble de ces approches théoriques correspond à 2 moments de l'histoire de la criminologie
scientifique selon la date à laquelle elles ont été avancées :
De 1850 à 1940 apparaissent les premières explications criminologiques dites « classiques »
portant essentiellement sur l'étiologie de la délinquance.
De 1940 à nos jours, d'autres explications criminologiques dites « modernes » ou
« contemporaines » se présentent avec pour intérêt l'étude de la personnalité du délinquant, de la
dynamique du passage à l'acte, du rôle de l'environnement social.
Présentation des différentes approches théoriques selon 3 axes : auteur, acteur, acte.
• L'axe auteur
Cet axe regroupe les théories et les explications du phénomène criminel basées sur la personnalité
Étude des traits qui caractérisent l'auteur et le différencie des non-délinquants.
Pour cela, les approches se centrent sur l'étude des facteurs : anthropologiques, biologiques,
physiologiques, psychologiques, sociaux...
Objectifs : proposer des profils, des typologies, des classifications des différents types de délinquant
( délinquant occasionnel, d'habitude... ) et/ou des différentes personnalités du délinquant ( criminel-
né, personnalité criminelle, antisociale...).
1. Les influences de l'anthropologie médicale avec les travaux de Della Porta, de Lavater, de
Gall, Voisin, Lauvergne, qui tentent de faire un lieu entre délinquance et caractéristiques
anatomiques et physiologiques.
2. Les travaux de psychiatrie ( fin du 18ème siècle et première moitié du 19ème ) comme ceux
de pinel, Cabanis,Esquirol et Georget. Ces derniers avancent l'hypothèse que le criminel doit
être caractérisé par des symptômes spécifiques.
3. Les théories de Darwin, Morel et Porsper Lucas mettant l'accent sur l'importance de
l'hérédité et de l'atavisme dans la délinquance.
Vision positive ( il ne faut pas blâmer le délinquant car il est comme ça, il ne fait pas la différence
entre le bien et le mal ) et déterministe ( l'homme est déterminé à être délinquant).
Pour Lombroso, le crime n'est qu'une abstraction, un symptôme.
L'objet d'étude réel c'est le criminel, auteur du crime dont la constitution physique, physiologique et
psychologique le prédispose au crime.
Il va décrire un Type criminel ( que Ferri appellera le criminel-né ).
Il différencie le délinquant de l'homme normal par la présence d'une anomalie atavique responsable
d'une régression à l'état d'homme primitif, proche du singe dans la chaîne de l'évolution.
Il décrit également une série de stigmates physiques : cerveau relativement petit, mâchoire énorme,
arcades sourcilières avancées, bras très longs, insensibilité à la douleur. Et psychologiques :
insensibilité avec absence de sentiment de pitié et de compassion, impulsivité, égoïsme, cruauté,
vanité.
Évolution de son travail au fil des années avec ajout de différentes descriptions comme celles du :
criminel-né, fou moral et épileptique ( aspect psychiatrique dominant avec aspect physiologique ),
criminel par passion, criminel fou ( aspects psychologiques ), criminel d'occasion.
Intérêt de cette approche : déclenchement d'une vague de réactions à travers des travaux constitutifs
du champ de la criminologie et introduction d'une approche expérimentale de l'étude du criminel
avec l'expertise de 5907 criminels vivants et 383 crânes.
Critique du modèle :
Tarde ( 1886 ) ; absence d'un relativisme du crime car ce qui est considéré comme un crime
dans un pays et à une époque ne l'est pas forcément dans un autre lieu.
Goring : en utilisant le théorie de Lombroso, Goring compare des détenus anglais et des
groupes comparables de citoyens anglais sur 37 traits physiques et 6 traits psychologiques.
En conclusion, il n'existe pas de différences significatives sauf pour la taille, le poids et le
QI.
Certains auteurs lui reprochent de ne pas suffisamment prendre en compte les facteurs
sociaux.
Apport essentiel de cette approche : intégration des facteurs sociaux dans les facteurs criminogènes,
création de la classe des délinquants d'occasion réunissant la proportion la plus importante des
délinquants.
Incidence sur la représentation du délinquant et de la délinquance car opposition à la conception
morale et du libre arbitre défendue par les théories classiques.
Pour ce modèle, le délinquant est dans l'impossibilité de choisir entre le bien et le mal.
Incidence sur la représentation du délinquant et de la délinquance car opposition à la conception de
la responsabilité morale et du libre arbitre défendue par les théories classiques.
Pour ce modèle, le délinquant est dans l'impossibilité de choisir entre le bien et le mal.
La responsabilité pénale doit donc se baser sur le risque que le délinquant fait courir à la société et
sur la responsabilité sociale plutôt que sur la faute et la présence du libre arbitre.
Démontrer l'existence de déterminants biologiques chez l'auteur de délits, en laissant une place plus
ou moins importante à l'environnement et au milieu social en tant que révélateur ou amplificateur
du tempérament.
Pinatel est l'un des précurseurs à s'engager dans l'étude des caractéristiques psychologiques des
délinquants.
Il insiste sur le fait qu'il n'existe pas de différence de nature, mais de DEGRE entre les criminels et
les autres.
Propose un modèle reposant sur l'existence d'un « noyau central de la personnalité » ( Cusson ) .
Description de 4 dimensions permettant de différencier les délinquants des non-délinquants, mais
également de différencier les délinquants entre eux : l'égocentrisme, la labilité, l'agressivité,
l'indifférence affective.
Le degré de délinquance chez le sujet se caractérise soit par l'hypertrophie de l'une de ces
dimensions, soit par la présence plus ou moins importantes des 4 dimensions.
Versant plutôt descriptif.
Favard opérationnalise et valide les caractéristiques de la personnalité criminelle.
Elle propose une typologie délinquantielle :
– la délinquance persistante grave : la personnalité jour le rôle déterminant.
– La délinquance moyenne et petite : c'est la situation qui est à l'origine de l'action
délinquante.
– L'inadaptation- non délinquante : noyau réside dans le milieu de vie.
Mailloux soutient la présence d'une différence de nature entre le délinquant d'habitude et le non-
délinquant.
Il considère la délinquance comme un échec du processus de développement de la personnalité et
souligne le caractère capital de l'enfance et de l'adolescence dans la genèse du comportement
délinquant.
Notion de crise identitaire pour laquelle le rôle des attitudes parentales et éducatives est
fondamentale.
Si des défaillances éducatives subsistent, cela peut entraîner un échec de la stabilisation du sujet
s'exprimant à travers la délinquance.
Dans cette approche, la délinquance est le symptôme d'une personnalité déséquilibrée, trouvant ses
causes dans l'enfance et / ou l'adolescence.
Mucchielli prétend qu'il y aurait une « mentalité délinquante » et « une structure criminelle de la
conscience » qui conditionnent l'ensemble du fonctionnement de la personne.
Le délinquant type se caractérise par le refus des valeurs de la société, la force du moi, l'absence de
sentiment de culpabilité et l'égocentrisme.
Dans cette perspective développementale, ces approches se centrent sur les périodes pathogènes du
développement psychosocial de l'enfant.
Elles soulignent également l'impact de l'environnement éducatif et parental.
Approches déterministe ne laissant pas d'espace au facteur de résilience.Objectif : intégrer une
multitude de données issues de différents champs de recherche afin d’accéder à une lecture
complète du phénomène criminel.
Jeffery : le crime découle d'une « aliénation sociale » résultant d'un échec du processus de
socialisation chez le délinquant .
Les causes sont d'ordre psychologiques, organiques et sociologiques.
Cario étudie sur la criminalité des femmes et propose une analyse développé dans une triple
perspective : biologique ( mécanismes neurophysiologiques des comportements agressifs ),
psychologique ( caractéristiques de formation et de consolidation de la personnalité en s'appuyant
sur le modèle de la personnalité criminelle ), sociologiques ( rôles sociaux différents ).
Résultats : pas de différence de nature entre le délinquant et le non-délinquant, les femmes
criminelles ne diffèrent pas fondamentalement des criminels de sexe masculin, lecture globale du
phénomène délinquant.
• L'axe acteur
▪ L'école socialiste
L'idée centrale est que le comportement humain, comme les phénomènes naturels, est lui aussi
soumis à des lois : la criminalité n'est pas considérée .
Idéologie de Marx et Engels.
L'enjeu est de démonter l'existence du lien entre la criminalité et les conditions éco des acteurs.
Marx : la criminalité serait une conséquence négative du capitalisme comme les autres anomalies
sociales.
La criminalité serait alors une réaction contre les injustices sociales ce qui explique qu'on la trouve
principalement dans le prolétariat.
Seule une société socialiste constituerait une réponse viable pour diminuer la criminalité, et les
quelques crimes commis trouveraient alors leur origine dans la maladie mentale.
Intérêt : Tentative de dépasser le simple constat d’une relation entre le milieu et la structuration de
la personnalité du délinquant.
Cet auteur va orienter ses travaux sur les facteurs intervenant dans l’apprentissage de ces
comportements délinquants et sur les variations de la délinquance en fonction des nations.
Pour cet auteur de l’école de Chicago, le comportement délinquant n’est pas inné mais bien appris
au contact d’autres personnes, notamment dans un petit groupe à travers un processus de
communication.
L’orientation des mobiles et des pulsions chez l’individu est fonction de l’interprétation favorable
ou défavorable qu’il fait des dispositions légales.
Un individu devient délinquant lorsque les interprétations favorables à la transgression de la loi
l’emportent sur les interprétations défavorables à la transgression.
→ ASSOCIATION DIFFERENTIELLE
Importance des relations interpersonnelles et des processus psychosociaux dans la genèse de la
carrière criminelle.
▪ L'axe acte
Cet axe regroupe les théories pour lesquelles l’acte délictueux est le principal objet d’étude.
L’acte délictueux est distinct des autres actes posés et possède une explication indépendante de la
vie de l’auteur.
Les auteurs tentent de comprendre le cheminement de l’acte délictueux sans porter d’intérêt à son
étiologie.
De Greeff (1930) tente d’aller au delà de l’observation de la simple rencontre d’une personnalité,
d’un moment et d’un contexte, pour expliquer le crime.
Pour lui, le crime est considéré comme un processus évolutif qui conduit un individu à passer à
l’acte selon des modalités dépendantes de l’environnement.
Cet auteur opère une distinction entre attitude criminogène et attitude criminelle .
Attitude criminogène : Attitude qui rapproche de plus en plus le sujet du crime sans que pour autant
elle devienne criminelle.
Attitude criminelle : Correspond à l’acte ou au déroulement de l’acte.
Ses travaux sur le crime passionnel le conduisent à décrire les étapes du passage à l’acte.
« L’individu ne s’avance vers l’acte criminel qu’à mesure que cet acte devient justifiable et
indispensable » (Gassin, 1998)
L’individu passe par 3 étapes : l’assentiment inefficace, l’assentiment formulé, la crise.
Ces stades sont associés au « processus de revendication » pendant lequel le criminel projette tous
les reproches sur sa future victime pour se sentir autorisé d’agir et de se venger.
Cette description ne s’applique pas à tous les actes car cela implique de connaître la victime.
ULRICK SCHMIT : viole des femmes, mais lorsque il n'y arrive pas, il les blesse / tue.
TOMMY LYNN SELLS : meurtres de femmes
◦ Parcours de vie
Dans la majorité des cas, les tueurs en série ont une enfance difficile avec des carences affectives.
$les tueurs en série ont généralement autour de 30 ans, font le plus souvent partie des catégories
socioprofessionnelles ouvrières ou des classes moyennes.
L'âge moyen au moment du premier meurtre est de 27 ans et de 31 ans lors de leur dernier meurtre.
Beaucoup ont souffert émotionnellement ou ont été abusés par leurs parents.
Leur enfance a souvent été marquée par les 3 caractéristiques suivantes ; énurésie, torture
d'animaux, expériences de type pyromaniaques.
Rapport particulier à l'autorité et notamment pour les forces de police pour lesquelles ils ont parfois
de l'admiration.
L'arrestation est souvent vécue comme un soulagment, l'arrêt d'un processus qu'ils n'arrivaient pas à
stopper eux-mêmes.
• Classifications
Cours SCELLOS
En attendant que le code de la justice pénale des mineurs remplace l'ordonnance de 45 relative à
l'enfance à partir du 30 septembre 2021.
Des chiffres :
les mineurs mis en causes dans des affaires pénales :
En 2013, 201 000 mineurs ont été mis en cause par la police ou la gendarmerie dans des affaires
pénales transmises aux procureurs. A ce nombre s'ajoutent les mineurs pour qui des plaintes sont
adressées directement aux parquets et ce sont au total 234 000 mineurs qui étaient mis en cause
dans des affaires pénales traitées par les procureurs.
La France comptait à la même époque , 14,6 millions de mineurs.
5 constats :
1. Il n'est pas vrai que la délinquance des mineurs ne cesse d'augmenter tandis
que celle des majeurs baisse.
2. Il n'est pas vrai que les mineurs délinquants sont de plus en plus jeunes.
3. Il n'est pas vrai qu'il existe un problème grave et particulier avec les mineurs
de moins de 13 ans.
4. Il n'est pas vrai que il y a 204 000 mineurs qui sont mis en cause pour des
actes graves ni que c'est des violeurs, des gens qui commettent des
enlèvements, des trafics de produits stupéfiants, qui brûlent des bus dans
lesquels il y a des personnes.
5. Il n'est pas vrai que les mineurs délinquants ne font l'objet que de mesures
éducatives ni que les juges sont naturellement laxistes.
Pourquoi s'inquiéter ?
Pour plusieurs raisons qui dépassent largement le cadre judiciaire tel que nous l'avons décrit sur un
plan statistique :
◦ La prise en compte des victimes.
◦ Le respect de la loi.
◦ La prévention de la récidive.
◦ Le devenir des auteurs.
◦ L'ordonnance de 45.
◦ la spécificité de la délinquance des mineurs / à celle des majeurs.
◦ La réinsertion.
afin de rendre compte de la complexité du phénomène, il est possible de relier les manifestations de
la délinquance des mineurs à différents contextes plus favorables à l'apparition des conduites
délinquantes sans que ces derniers ne les expliquent de façon systématique comme : les
caractéristiques socio-démographiques, le scolarité ou le rapport à la scolarité, l'influence des pairs
et les phénomènes de groupe, les dynamiques familiales,....
Tous ces contextes jouant le rôle de facteurs d'exclusion propices à la délinquance.
La notion de personnalité n'est pas entendu de la même façon par un juge et par un psychologue.
Dans le développement de l'enfant et de l'adolescent un acte qui contrevient au droit pénal peut
venir signifier de nombreuses explications au droit pénal peut venir signifier de nombreuses
explications sur le plan clinique.
Par conséquent, tout acte n'est pas systématiquement problématique psychologiquement même si il
est par définition problématique pénalement.
Dans laquelle, une grande partie des conduites délinquantes renvoient à des conduites agies comme
des échecs de l'élaboration psychique nécessaire à la mise à distance d'une souffrance psychique
plus profonde.
Comme une réaction à une réalité qui permettrait une rationalisation de la conduite délinquante,
demandant au psychologue d'investiguer la construction des fondations de ces actes « socialement
anormaux », au sens de Foucault.
Un problème de définition :
L'idée d'imaginer que les fous soient dangereux ou que toutes les personnes dangereuses présentent
un trouble mental n'a pas toujours été une évidence dans l'histoire des sciences criminels.
Ainsi, quelque que soit le diagnostic, les fous dangereux seraient des personnes présentant un risque
évident ou potentiel, mais aussi des personnes dont la probabilité de passage à l'acte ne sera jamais
mise à exécution ( perversion – remplacée par la paraphilie dans le DSM, psychopathie – trouble de
la personnalité antisociale, psychoses et d'autres diagnostics – déni de grossesse par ex. )
il existe statistiquement plus de criminels qui ne présentent pas de troubles mentaux que de fous
dangereux. Et beaucoup de troubles mentaux se révèlent après coup suite à l'incarcération.
Remarque : on constate en revanche que les personnes qui souffrent de troubles mentaux sont
fréquemment victimes d'agression ( 9 personnes sur 10 ).
Il n'est pas question ici d'(ré)engager un débat philosophique sur l'origine de la violence, cependant
la réflexion sur nature ou culture du crime interroge depuis toujours les spécialistes du sujet
concernant les raisons qui déterminent le destin de la violence.
Une hypothèse naturaliste du développement des conduites criminelles déterminées – trop souvent
résumée par la référence à Thomas Hobbes dans sa phrase emblématique sur la nature de l'espèce
humaine où « l'homme est un loup pour l'homme ».
Une hypothèse culturaliste s'appuyant sur la pensée américaine développée au carrefour de la
psychanalyse et de l'anthropologie, où la culture est « définie comme la somme globale des
attitudes, des idées et des comportements partagés par les membres de la société », autrement dit,
une forme d'apprentissage par l'expérience.
Une hypothèse mixte envisageant des apports mutuels qui, dans l'évolution des contextes sociaux,
déterminent biologiquement et culturellement les conduites criminels.
Avec plusieurs grands cas des chroniques criminelles qu se sont déroulés entre 1800 et 1835 comme
dans l' :
• Affaire évoquée par Metzger → un officier frappa sans le tuer l'enfant de sa logeuse de deux
coups de marteau « sans aucun motif, sans qu'aucune passion telle que la colère, l'orgueil, la
vengeance ait été en jeu ».
• Affaire de Sélestat en 1817 → vivant un hiver très vigoureux une paysanne tua sa fille en
l'absence de son mari, lui coupa une jambe et la met à cuire dans la soupe.
• Affaire Henriette Cornier en 1826 → tranche la tête de la fille des voisins de ses patrons
avant de la jeter par la fenêtre.
Conduisant les aliénistes de l'époque à s'entendre sur la grande catégorie diagnostic de la
« monomanie homicide » faisant basculer la justice dans cette recherche de sens ( à l'origine de la
psychocriminologie ) et dans la réflexion sur la responsabilité pénale des aliénés, qui n'existait pas
jusqu'alors.
Avant cette quête du sens qui tend à réduire l'idée d'irresponsabilité pénale :
Avant les aliénistes, les motivations à commettre un acte criminel ne posaient pas au juge un
problème difficile puisque jusqu'à cette époque « il suffisait qu'on ait trouvé l'auteur, qu'il n'ait pas
eu d'excuses, et qu'il ne ce soit pas trouvé en état de fureur ou de démence » au sens de l'article 64
du code de 1810 imposant qu' « il n'y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était une force à
laquelle il n'a pas pu résister ».
Mais en 1992, l'article 122-1 du code pénal pose à l' :
• Alinéa 1 : « n'est pas pénalement responsable la personne qui est atteinte au moment des
faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le
contrôle de ses actes ».
• Alinéa 2 : » le personne qui était atteinte eu moment des faits d'un trouble psychique ou
neuropsychique demeure punissable, toutefois la juridiction tient compte de cette
circonstance lorsqu'elle en détermine la peine et en fixe le régime ».
Expliquer le crime ?
Psychologue criminologue :
La construction psychique de l'individu et la violence fondamentale de Jean Bergeret ( 1984 ) : une
violence nécessaire : « Je qualifie la violence dont je parle de « fondamentale » car je pense qu'elle
touche aux fondations de toute structure de la personnalité (…). La violence dont il est question ici
correspond donc étymologiquement à une force vitale présente dès l'origine de la vie (...) ».
Dans ce contexte et dans la perception de Jean Bergeret, on peut considérer que l'énergie
pulsionnelle qui permet la construction psychique sous-entend une transformation de la violence
vers l’agressivité, par l'intermédiaire des conflits psychiques. « Il existe des développements fort
heureux de la violence dans l'énergie mise au service de la vie sociale, de l'amour, de l'ambition
professionnelle tout à fait logique.
Même si elle peut être le fait d'auteurs aux profils psychopathologiques typiques, la violence est
aussi, dans la majorité des situations, l’œuvre de personnes qui ne présentent aucune caractéristique
diagnostique immédiate décelable au premier abord.
Comme le mettent en avant Smith et Coutanceau au sujet de la maltraitance, « cette violence là est
la plupart du temps commise par des gens ordinaires, sur des enfants ordinaires. Cette sorte de
barbarie à visage humain s’immisce dans le quotidien de famille troublées, perturbées ou
désaxées ».
La définition générale du mot prédateur dans le Larousse est la suivante : « qui se nourrit de proie ».
elle emprunte au au monde animal les ressorts de ce qui déterminerait les desseins criminels des
auteurs de violence intentionnelles cherchant à nuire ou à satisfaire des besoins, pulsions,
impulsions ou réactions à caractère violent.
Cependant, en l'absence d'un profil unique du prédateur, ce « concept » médiatique fait référence à
deux grandes catégories diagnostiques de la psychopathologie criminelle obligeant à s'intéresser aux
notions de personnalité ou de structure psychique ( névrose → préservation de la réalité, psychose
→ altération du rapport à la réalité ou perversion → déni de la réalité introduisant une lecture
psycho-dynamique des phénomènes criminels ).
Pervers prédateur
Pervers sexuel : dont les conduites paraphiliques transgressent la norme sexuelle par un
détournement de la sexualité génitale répréhensible sur le plan pénal ( pédophilie, frotteurisme,
nécrophilie ) - fantasme ou passage à l'acte. Alors que la définition générale est celle-ci : « déviation
par rapport à l'acte sexuel « normal », défini comme coït visant à obtenir l'orgasme par pénétration
génitale, avec une personne du sexe opposée » dans laquelle on observe déjà la fragilité de la norme
sexuelle.
Pervers moral ( dont pervers narcissique ) : dont les conduites perverses visent à assouvir une
domination relationnelle physique, sexuelle et/ou mentale destinée à soutenir le vide existentiel de
sa construction psychique – perversion relationnelle nécessitant un autre et autosuffisance.
Avec un point commun : « le pervers se caractérise moins par ses pratiques sexuelles que par une
organisation psychique qui déborde sa vie purement érotique. Le rapport du pervers à la loi est
particulièrement significatif. Loin de l'ignorer, comme on l'a dit parfois, en alléguant un quelconque
défaut de Surmoi « le pervers provoque et défie la Loi », soutenu par une structure psychique
organisée par le déni de la réalité.