Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Règle générale
Exceptions
Lorsqu'un verbe pronominal est accompagné d'un COD dans une phrase donnée, l'accord ne se fait pas avec le sujet
mais avec le complément d'objet direct si celui-ci est placé avant le verbe. Exemple du verbe s'arroger,
essentiellement pronominal :
• La direction s'est arrogé des droits étendus. Les droits que la direction s'est arrogés lui permettent de modifier à
tout moment les horaires.
Le verbe s'entre-nuire, également essentiellement pronominal, possède un participe passé invariable. Il est facile de
comprendre pourquoi ; on nuit à quelqu'un, le pronom dit « réfléchi » a donc la nature d'un COI, auquel cas le
participe passé reste invariable :
• Ils se sont entre-nui.
Explication
Dans le cas de ces verbes, le pronom qui les précède n'a pas la fonction de COD.
Il peut avoir la fonction de complément d'objet indirect (ou COI) :
• Elle m'a envoyé une lettre équivaut à Elle a envoyé une lettre à moi.
Ou encore marquer l'appartenance :
• Je me suis lavé les mains équivaut à J'ai lavé mes mains
Explication
Cette règle d'accord est en fait un reliquat de la proposition infinitive en latin, dont l'existence en français reste
contestée par certains grammairiens[22].
Exception
1. Le participe passé du verbe faire est toujours invariable lorsqu'il est placé devant un infinitif :
• Ma robe, je l'ai fait nettoyer.
2. Depuis le Journal Officiel de 6 décembre 1990[23], le participe passé du verbe laisser suivi d'un infinitif est
invariable ; cependant une tolérance existe sur l'application ou non de l'accord[21].
MAIS
• J'ai écrit à Londres ; voici les réponses que j'en ai reçues.
car que, représentant les réponses, est ici complément direct et précède le participe. Le pronom en remplace « de Londres » et a donc
valeur de complément de lieu.
Autres exceptions
1. On n'accorde pas les participes passés lorsqu'ils sont précédés d'un complément de durée, de mesure ou de prix,
qui ne sont pas des COD. C'est le cas avec des verbes tels que coûter, durer, mesurer, peser, régner, valoir, vivre,
etc.
• Les vingt ans qu'ils ont vécu ensemble. (= ils ont vécu ensemble pendant vingt années)
• Les vingt ans qu'ils ont vécus ensemble. (= ensemble, ils ont vécu vingt années, COD) (les deux sens sont
différents)
MAIS
• Les déboires qu'ils ont vécus ensemble.
Ici en effet, le complément n'a plus de sens de durée.
2. Les participes passés des verbes semi-auxiliaires, comme devoir, pouvoir, vouloir, etc., ainsi que ceux des verbes
utilisés pour exprimer une opinion (dire, affirmer, croire, penser, etc.) sont invariables lorsqu'ils sont suivis d'un
infinitif sous-entendu :
• J'ai pris toutes les précautions que j'ai pu.
On sous-entend ici que j'ai pu prendre. que n'est donc pas COD de pouvoir, mais de l'infinitif.
3. Le participe passé des verbes impersonnels, conjugué avec l'auxiliaire avoir, est toujours invariable :
• Tous les efforts qu'il a fallu, en vain.
4. Les participes passés utilisés comme prépositions restent invariables. (Cas de ci-joint, étant donné, etc.)
• Étant donné la conjoncture, ...
• Ci-joint une lettre qui vous donnera mes raisons.
MAIS
• La lettre ci-jointe vous donnera mes raisons.
Car dans ce cas le participe est employé comme adjectif.
Méthode simplifiée
Cette technique fonctionne dans la plupart des cas : lire la phrase dans l'ordre et s'arrêter au participe passé. À cet
instant, si l'on sait de quoi on parle, on accorde. Exemples :
• Les pommes que j'ai mangées... → Quand on prononce "mangées", on sait qu'on parle des pommes ⇒ on accorde
• Jenny a acheté... → En lisant "acheté", on ne sait pas encore de quoi on parle ⇒ on n'accorde pas.
Notes et références
[1] Le pronom relatif que est ici COD. Il reprend le groupe nominal les lettres, et est placé avant le participe
[2] Le pronom relatif les est ici COD. Il reprend le groupe nominal les lettres, et est placé avant le participe
[3] « ...las chanson fut bien ordonnée, qui dit : M'amour vous ay donnée : et du bateau est estonné qui dict : M'amour vous ay donné... dans
Histoire des révolutions du langage en France »- citation de Clément Marot dansFrancis Wey, Histoire des révolutions du langage en France,
[p 321 http:/ / books. google. com/ books?id=S3cSAAAAIAAJ& printsec=frontcover& hl=fr& pg=PA321#v=onepage& q& f=false]
[4] Obry, p. 200
[5] Obry, p. 201
[6] Obry cite la double interprétation possible de « il a les livres reliés » : est-il possesseur de livres reliés ? ou est-il le relieur des livres ?(Obry,
p. 205)
[7] « Et m’a droit dans ma chambre une boîte jetée »- L'école des maris, Acte II, scène 5
[8] « Chaque goutte épargnée a sa gloire flétrie » - Horace, Acte III scène VI
[9] « Il avait dans la terre une somme enfouie » - L'avare qui a perdu son trésor
[10] Obry, p. 165
[11] Obry, p. 207
[12] Obry, p. 166
Accord du participe passé en français 6
Bibliographie
• J.-B. F. Obry, Étude historique et philologique sur le participe passé français et sur ses verbes auxiliaires, vol. 8,
Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens, coll. « Mémoires de l'Académie des Sciences, des
Lettres et des Arts d'Amiens », 1850
• Bled, cours supérieur, édition 1998, ISBN 978-2-01-125146-6
• Le Bescherelle 3, édition Hatier 1984, ISBN 978-2-218-05891-2
Sources et contributeurs de l’article 7
Licence
Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
//creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/