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Herbier médicinal : le millepertuis

 Son nom
 Son rôle dans l'équilibre écologique
 Cela se mange?
 Cela soigne quoi?
 On le trouve où?
 Un peu de magie
 

Son nom
« Millepertuis commun ou perforé », « herbe de Saint-Jean », « herbe aux piqûres », « chasse-
diable », « faux-lin », « herbe aux cent trous », « herbe à mille trous », « lin sauvage »,
« truchereau », « pertuisane », la plante se présente sous de nombreuses identités. Pour les
anglophones, elle est, bien sûr, St.John's Wort, mais également « Merveille ou Grâce de Dieu »
(Gods' Wonderplant, Grace of God). C'est dire tout le respect qu'ils lui portent.

Le nom latin Hypericum viendrait du grec hyper eikona : « qui chasse les fantômes ». Les noms
de perforatum et de millepertuis (« pertuis » voulant dire trou) traduisent l'aspect perforé des
feuilles. En effet, si on les regarde par transparence, on observe qu'elles semblent creusées
d'un grand nombre de petits trous. Il s'agit en fait de petites poches remplies de résine et
d'une huile volatile.

Au Moyen Âge, les doctes savants lui avaient donné le nom de Fuga doemonium (chasse-
diable), parce qu'ils lui attribuaient le pouvoir d'éloigner les esprits diaboliques ainsi que les
sorcières. Fascinant parce que, il n'y a pas si longtemps, on découvrait que la plante avait des
propriétés antidépressives. Or, pour le Moyen Âge croyant, la dépression et les autres
troubles mentaux étaient considérés comme des formes de possession diabolique.

Son rôle dans l'équilibre écologique


C'est connu, le bonheur des uns fait le malheur des autres. Arrivé dans l'est de l'Amérique du
Nord avec les colons européens, le millepertuis s'est rapidement répandu du fait qu'il possède
un mode particulièrement efficace de multiplication végétative, en plus de se propager par les
graines. Au point qu'il est devenu, à certains endroits, une mauvaise herbe difficile à
éradiquer. Utile pour la vie sauvage (les oiseaux raffolent des graines) et pour les humains, il
est toutefois désastreux pour le bétail qui, lorsqu'il en consomme de grandes quantités et se
trouve ensuite exposé à un soleil fort, peut souffrir de brûlures graves en raison de l'effet
photosensibilisant de la plante. Ce sont surtout les vaches, les moutons et les chevaux à la
peau claire qui sont touchés. Dans certaines parties du monde, en Australie notamment, la
plante est devenue l'un des plus terribles fléaux de l'agriculture. Toutefois, l'introduction
d'une espèce de coléoptère, (Chrysolina quadrigemina), capable de la détruire, a permis de
réduire les dommages qu'elle causait au bétail. À la fin des années 1940, la Californie
introduisait à son tour cet insecte après que de nombreux éleveurs eurent constaté que leur
bétail souffrait de brûlures graves. À peine une dizaine d'années plus tard, les populations de
millepertuis avaient diminué de 99 % dans cet État. Ce qui a poussé la USDA (United States
Department of Agriculture) à ériger, en 1958, un monument commémoratif en l'honneur de cet
insecte ô combien bénéfique aux yeux de certains!

Cela se mange?
Peu consommé comme aliment, le millepertuis offre toutefois ses feuilles crues à l'occasion.
On les ajoute aux salades. Quant à ses fleurs, elles ont servi à aromatiser les boissons
fermentées.

Cela soigne quoi?


Le millepertuis est l’une des plantes les plus utiles, selon le docteur et phytothérapeute
français Jean Valnet. On l’a employé pour soigner les bronchites, l'asthme, les cystites, la
maladie des femmes sans pouls (ou artérite oblitérante, maladie dont les symptômes sont la
faiblesse ou l'absence de pouls et une insuffisance cardiovasculaire et qu'on ne diagnostique
que chez les femmes), les affections résultant d'une lésion à la moelle épinière, la sciatique,
l'insomnie, l'irritabilité, diverses maladies infectieuses infantiles ainsi que l'énurésie,
lorsqu'elle n'est pas attribuable à des causes organiques, et les terreurs nocturnes des
enfants. Par voie externe, on l'a employé pour soigner les plaies, brûlures et ulcères de jambe.
Considéré comme un des vulnéraires les plus fiables, cet usage a persisté à travers les siècles.

On récolte généralement la moitié supérieure de la plante lorsque les fleurs commencent à


peine à ouvrir. On la coupe finement et la fait sécher, toujours selon le même principe : sur
une toile moustiquaire montée sur un cadre, à l'abri de la lumière et de l'humidité, ou dans un
four réglé à très basse température, porte entrouverte, pendant de 4 à 6 heures. Avec le lierre
terrestre et l'aunée, vous préparerez cet automne une excellente tisane contre la bronchite.
Pensez donc à faire des provisions!

L'infusion se prépare à raison de 15 g à 30 g de sommités fleuries pour un litre d'eau. On
prend 3 ou 4 tasses par jour.

Pour les traitements topiques, on a trouvé qu'une des meilleures façons d'extraire les
principes actifs du millepertuis était de le faire macérer dans l'huile. Il confère d'ailleurs à cette
dernière une extraordinaire couleur rouge qui rappelle ces soleils flamboyants des fins de
journée de juin. C'est là qu'on comprend pourquoi les anglophones lui ont également donné
le nom de « soleil terrestre » (terrestial sun).

Il suffit de mettre une poignée de fleurs (on n'utilise que les fleurs dans ce cas) dans un bocal
transparent et de verser dessus ½ litre d'huile d'olive. Faire chauffer au bain-marie pendant
deux heures et laisser macérer à froid pendant trois jours avant de passer. Ou, tout
simplement, laisser macérer au soleil de deux à six semaines (selon les sources).

On a utilisé cette huile sur les plaies, les brûlures et les ulcères, ainsi qu'en friction contre les
névralgies rhumatismales. On l'a également employée par voie interne pour soigner la gastrite
ou l'ulcère gastrique à raison d'une cuillerée à thé, à prendre à jeun, matin et soir. On l'a
également appliquée sur les hémorroïdes et on l'a administrée en lavement, à garder toute la
nuit, pour le traitement des problèmes inflammatoires du côlon. Faites-la chauffer légèrement
avant de l'administrer de cette façon. Ça, c'est si vous trouvez un candidat aux lavements, car
il s'agit là d'une espèce en très rapide voie de disparition. De même pour les candidats aux
suppositoires. L'Homo « dolorosus » moderne exige qu'on lui administre ses médicaments par
son extrémité la plus noble, peu importe si ce n'est pas toujours aussi efficace. Pas très
logique...

On le trouve où?
Qu'il pousse en bordure des champs, dans les endroits secs et sablonneux ou dans les
terrains vagues, le millepertuis est général et commun dans tout le Québec. Ses tiges, qui sont
nombreuses sur un même plant et lui confèrent l'apparence d'un petit buisson, ont cette
particularité, plutôt rare dans le monde végétal, d'être munies de deux lignes saillantes, ce qui
donne l'impression qu'elles ont été pressées à plat plutôt que d'être rondes ou carrées
comme on l'observe normalement. Haut de 30 cm à 60 cm, le millepertuis commence à fleurir
autour de la Saint-Jean-Baptiste (le 24 juin), un peu plus tôt dans le sud du Québec, un peu
plus tard à l'est et dans le nord.

Un peu de magie
À la croisée de deux grands cycles - le solsticien et le circadien - le millepertuis évoque la
grande magie du monde. En effet, il domine le solstice d'été, lequel marque le début de la
descente vers la longue obscurité de l'hiver. En outre, plus riche en mélatonine - ce
neurotransmetteur qui joue un rôle essentiel dans les rythmes biologiques - que toutes les
autres plantes connues, il accorde, harmonise la psyché avec l'alternance des jours et des
nuits. Plante de plein jour, c'est pourtant la pacificatrice de la nuit. Plante du plein coeur de
l'été, c'est pourtant l'ultime alliée de l'hiver, quand la dépression saisonnière frappe les esprits
plus sensibles aux fluctuations du grand cycle annuel.

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