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Son nom
Son rôle dans l'équilibre écologique
Cela se mange?
Cela soigne quoi?
On le trouve où?
Un peu de magie
Son nom
« Millepertuis commun ou perforé », « herbe de Saint-Jean », « herbe aux piqûres », « chasse-
diable », « faux-lin », « herbe aux cent trous », « herbe à mille trous », « lin sauvage »,
« truchereau », « pertuisane », la plante se présente sous de nombreuses identités. Pour les
anglophones, elle est, bien sûr, St.John's Wort, mais également « Merveille ou Grâce de Dieu »
(Gods' Wonderplant, Grace of God). C'est dire tout le respect qu'ils lui portent.
Le nom latin Hypericum viendrait du grec hyper eikona : « qui chasse les fantômes ». Les noms
de perforatum et de millepertuis (« pertuis » voulant dire trou) traduisent l'aspect perforé des
feuilles. En effet, si on les regarde par transparence, on observe qu'elles semblent creusées
d'un grand nombre de petits trous. Il s'agit en fait de petites poches remplies de résine et
d'une huile volatile.
Au Moyen Âge, les doctes savants lui avaient donné le nom de Fuga doemonium (chasse-
diable), parce qu'ils lui attribuaient le pouvoir d'éloigner les esprits diaboliques ainsi que les
sorcières. Fascinant parce que, il n'y a pas si longtemps, on découvrait que la plante avait des
propriétés antidépressives. Or, pour le Moyen Âge croyant, la dépression et les autres
troubles mentaux étaient considérés comme des formes de possession diabolique.
Cela se mange?
Peu consommé comme aliment, le millepertuis offre toutefois ses feuilles crues à l'occasion.
On les ajoute aux salades. Quant à ses fleurs, elles ont servi à aromatiser les boissons
fermentées.
L'infusion se prépare à raison de 15 g à 30 g de sommités fleuries pour un litre d'eau. On
prend 3 ou 4 tasses par jour.
Pour les traitements topiques, on a trouvé qu'une des meilleures façons d'extraire les
principes actifs du millepertuis était de le faire macérer dans l'huile. Il confère d'ailleurs à cette
dernière une extraordinaire couleur rouge qui rappelle ces soleils flamboyants des fins de
journée de juin. C'est là qu'on comprend pourquoi les anglophones lui ont également donné
le nom de « soleil terrestre » (terrestial sun).
Il suffit de mettre une poignée de fleurs (on n'utilise que les fleurs dans ce cas) dans un bocal
transparent et de verser dessus ½ litre d'huile d'olive. Faire chauffer au bain-marie pendant
deux heures et laisser macérer à froid pendant trois jours avant de passer. Ou, tout
simplement, laisser macérer au soleil de deux à six semaines (selon les sources).
On a utilisé cette huile sur les plaies, les brûlures et les ulcères, ainsi qu'en friction contre les
névralgies rhumatismales. On l'a également employée par voie interne pour soigner la gastrite
ou l'ulcère gastrique à raison d'une cuillerée à thé, à prendre à jeun, matin et soir. On l'a
également appliquée sur les hémorroïdes et on l'a administrée en lavement, à garder toute la
nuit, pour le traitement des problèmes inflammatoires du côlon. Faites-la chauffer légèrement
avant de l'administrer de cette façon. Ça, c'est si vous trouvez un candidat aux lavements, car
il s'agit là d'une espèce en très rapide voie de disparition. De même pour les candidats aux
suppositoires. L'Homo « dolorosus » moderne exige qu'on lui administre ses médicaments par
son extrémité la plus noble, peu importe si ce n'est pas toujours aussi efficace. Pas très
logique...
On le trouve où?
Qu'il pousse en bordure des champs, dans les endroits secs et sablonneux ou dans les
terrains vagues, le millepertuis est général et commun dans tout le Québec. Ses tiges, qui sont
nombreuses sur un même plant et lui confèrent l'apparence d'un petit buisson, ont cette
particularité, plutôt rare dans le monde végétal, d'être munies de deux lignes saillantes, ce qui
donne l'impression qu'elles ont été pressées à plat plutôt que d'être rondes ou carrées
comme on l'observe normalement. Haut de 30 cm à 60 cm, le millepertuis commence à fleurir
autour de la Saint-Jean-Baptiste (le 24 juin), un peu plus tôt dans le sud du Québec, un peu
plus tard à l'est et dans le nord.
Un peu de magie
À la croisée de deux grands cycles - le solsticien et le circadien - le millepertuis évoque la
grande magie du monde. En effet, il domine le solstice d'été, lequel marque le début de la
descente vers la longue obscurité de l'hiver. En outre, plus riche en mélatonine - ce
neurotransmetteur qui joue un rôle essentiel dans les rythmes biologiques - que toutes les
autres plantes connues, il accorde, harmonise la psyché avec l'alternance des jours et des
nuits. Plante de plein jour, c'est pourtant la pacificatrice de la nuit. Plante du plein coeur de
l'été, c'est pourtant l'ultime alliée de l'hiver, quand la dépression saisonnière frappe les esprits
plus sensibles aux fluctuations du grand cycle annuel.