Vous êtes sur la page 1sur 4

DEUG – SM / UEF8 - CHIMIE DES MATERIAUX

Propriétés mécaniques, électriques, magnétiques des matériaux


I. Propriétés mécaniques
L'étude des propriétés mécaniques des matériaux, c’est à dire l'étude du comportement des matériaux sous
contrainte, passe par la connaissance de leur structure atomique, de l'organisation cristalline et des défauts
de structure qui jouent un rôle essentiel.
I.1 Elasticité et plasticité
La déformation élastique (ε z) d'un solide sous contrainte est réversible et proportionnelle à la contrainte
appliquée (σz) selon la loi de HOOKE : E = σz / ε z (cas d'une traction selon l'axe Z).
Le module d'Young (E), ou module d'élasticité en traction, est une propriété fondamentale des matériaux.
C'est une mesure (en Gpa) de la rigidité du matériau, c'est à dire de la propriété qu'a le matériau de se
déformer de façon élastique réversible sous l'action d'une contrainte. Un matériau est d'autant plus rigide
que sa déformation élastique résultante est faible, pour une contrainte donnée. La rigidité est fonction de
l'intensité des liaisons qui existent entre les atomes ou les molécules. Si la contrainte appliquée dépasse le
seuil ou limite élastique du matériau, soit il subit une déformation irréversible (déformation plastique) en
conservant une certaine cohérence (il fait preuve de ductilité), soit il casse brutalement (il fait preuve de
fragilité). La ductilité d'un matériau caractérise donc sa capacité à se déformer de façon permanente avant
de se rompre; c'est une propriété très importante lors de la mise en forme des matériaux. La limite
d'élasticité correspond à la contrainte à partir de laquelle le matériau se déforme plastiquement. La
résistance mécanique d'un matériau s'exprime par la contrainte maximale qu'il peut supporter avant
rupture. La déformation plastique des solides s'effectue par glissement cristallographique qui se produit
par propagation des dislocations (défauts linéaires cristallins). Le mouvement d'une dislo cation sous
l'action d'une contrainte nécessite donc une étape intermédiaire au cours de laquelle les liaisons
atomiques sont perturbées avant que la dislocation n'atteigne sa nouvelle position d'équilibre.
I.2. Comportement mécanique des matériaux
- cas des métaux : l'absence de directionnalité des liaisons métalliques entre atomes facilite le
déplacement des dislocations et n'entraîne pas la rupture définitive des liaisons, d'où leur comportement
généralement très ductile.
- cas des céramiques : si elles comporte des liaisons ioniques, il faut tenir compte de la configuration
particulière des dislocations et des systèmes de glissement possibles pour lesquels l'équilibre des charges
électrostatiques doit être assuré. Le déplacement des dislocations, donc la ductilité seront très limités,
d'où leur comportement fragile.
- cas des verres ou céramiques à liaisons covalentes : les liaisons étant fortement directionnelles, le
déplacement des dislocations entraîne en général une rupture définitive des liaisons entre atomes, donc
une rupture du matériau dans le plan de glissement, d'où leur comportement fragile.
- cas des polymères : la ductilité n'est pas due au déplacement des dislocations car on ne peut pas
envisager leur présence dans un matériau amorphe. Donc on ne peut pas attribuer l'élasticité et la ductilité
des polymères aux types de liaisons interatomiques, mais à la structure du matériau c'est à dire aux
chaînes macromoléculaires enchevêtrées. L'élasticité dépend de la flexibilité de la chaîne et des liaisons
de faible intensité s'exerçant entre les chaînes.

II. Propriétés électriques


Les propriétés électriques des matériaux sont en étroite relation avec leur structure de bande. Dans les
solides, l'interpénétration et l'interaction des orbitales électroniques voisines entraîne un élargissement des
niveaux d'énergie, qui forment alors une bande d'énergie constitués de niveaux discrets. Chacun de ces
niveaux correspond à une des énergies permises des électrons et le nombre de niveaux est égal au
nombre d'atomes du solide. Une bande d'énergie contient un très grand nombre de niveaux d'énergie
distincts mais très peu différents les uns des autres. Dans les solides, les niveaux d'énergie des électrons
des couches profondes forment des bandes étroites, les bandes internes. Les niveaux d'énergie des
électrons des couches externes ou couches de valence forment des bandes plus larges, les bandes de
valence. Les bandes qui correspondent aux états excités des électrons des couches externes sont les
1
bandes de conduction. La largeur Eg de la bande interdite, qui sépare la bande de valence de la bande de
conduction est un paramètre important. Eg = Ec(énergie inférieure de la bande de conduction) -
Ev(énergie supérieure de la bande de valence). L'énergie EF ou niveau de FERMI est le niveau d'énergie
le plus élevé qu'un électron puisse occuper au zéro absolu. Le paramètre prépondérant dans le phénomène
de conduction est la résistivité du matériau.
II.1 Diélectriques et conductibilité électrique
- Les diélectriques sont des matériaux dont la résistivité est extrêmement élevée. Ils sont caractérisés par
une largeur importante de la bande interdite (qqs eV). Les diélectriques sont donc essentiellement des
matériaux à liaisons ioniques ou covalentes dans lesquelles les électrons de liaison sont fortement
localisés. La constante diélectrique ε r d'un matériau caractérise l'accroissement de la capacité C d'un
condensateur par rapport à celle (Cvide) qu'il aurait en l'absence de ce matériau. (ε r = ε / ε o ; ε =
permittivité du matériau, ε o= permittivité du vide = 8,854. 10-12 C/(V.m)). Dans un condensateur
constitué de deux plaques parallèles placées dans le vide, sous un champ électrique E, la densité
superficielle de charges est Dvide = ε oE, ( D en C/m2 et E en V/m) ; si on remplace le vide par un
diélectrique D = ε oE + P ( P = polarisation du diélectrique). Donc ε r = C/ Cvide = D/ Dvide = ε oE + P/
ε oE. Ces matériaux diélectriques ne présentent aucune polarisation permanente en l'absence d'un champ.
Les céramiques diélectriques sont utilisées comme bornes d'isolation, perles ou tubes de protection des
thermocouples à haute température
- Certains matériaux diélectriques dits ferroélectriques peuvent présenter une polarisation permanente en
l'absence d'un champ. Ils sont constitués de domaines caractérisés par une polarisation différente d'un
domaine à l'autre. L'application d'un champ électrique alternatif E conduit à une évolution de la
polarisation P selon une boucle d'hystérésis P= f(E). Les matériaux ferroélectriques sont utilisés comme
éléments de mémoire.
- Certains matériaux diélectriques présentent le phénomène de piézoélectricité. Lorsqu'on soumet le
matériau à une contrainte qui agit dans une certaine direction cristallographique, une déformation
élastique induit des charges positives et négatives sur les faces opposées du cristal. Inversement si on
applique un champ électrique aux faces du cristal, des ondes de pression mécanique se propagent dans le
cristal. Les matériaux piezoélectriques sont utilisés comme émetteurs ou récepteurs d'ultrasons,
échosondeurs et sonars pour les sondages sous- marins
- Dans les isolants, la bande de valence est pleine, la largeur Eg de la bande interdite est telle que les
électrons de la bande de valence ne peuvent pas être suffisamment excités pour passer dans la bande de
conduction qui reste vide.
- Dans les conducteurs électriques, la bande de valence est incomplète et les bandes de valence et de
conduction se chevauchent, les électrons peuvent passer à des niveaux d'énergie supérieurs et devenir
libres de se déplacer sous l'effet d'un champ électrique.
- Dans les semi -conducteurs intrinsèques, les électrons de valence sont localisés mais la largeur de la
bande interdite est suffisamment faible pour que sous l'effet de l'agitation thermique certains électrons de
la bande de valence puissent passer dans la bande de conduction où ils sont libres de se déplacer.
- Dans les semi-conducteurs extrinsèques, la conductiblilté est assurée par l'introduction de dopants de
type p ou n, selon que le ur valence est plus faible ou plus élevée que celle de l'élément de base. La
conduction est assurée par des trous électroniques (type p) ou par des électrons supplémentaires (type n).
Les dispositifs à semi-conducteurs sont très nombreux : diode, transistor, cellule photovoltaïque..
- Dans les supraconducteurs , la résistivité est nulle au-dessous d'une température critique. C'est le cas
des oxydes HgBa 2 Ca2 Cu2 O8 , YbBa 2 Cu3 O7, de structure perovskite en feuillets, dans lesquels les différents
états d'oxydation des atomes de cuivre constituent des "réservoirs de charges "qui permettent la
supraconduction. Comme applications, on peut envisager de fabriquer des conducteurs pouvant
transporter des courants très intenses sans perte d'énergie par effet joule, ou de réaliser des électroaimants
de très grande puissance.
II.2. Comportement électrique des matériaux
- cas des métaux : la mise en commun d'électrons délocalisés explique le déplacement facile des
électrons, donc leur conductibilité électrique élevée.
- cas des céramiques et des verres : les liaisons ioniques ou covalentes impliquent tous les électrons de
valence des éléments en présence; il n'y a pas d'électrons libres, d'où leur mauvaise conductibilité
2
électrique. On utilise les céramiques comme diélectriques; certaines présentent des propriétés
ferroélectriques ou piézoélectriques intéressantes. Quand la largeur de bande interdite est faible (environ
1eV), les céramiques sont semi-conductrices. Certaines céramiques peuvent être supraconductrices.
-cas des polymères : les liaisons étant covalentes le long des chaînes, et de type van der Waals ou ponts
hydrogène entre les chaînes, ils ne comprennent aucun porteur de charge électrique et sont donc en
général d'excellents isolants électriques.

III. Propriétés magnétiques


Les propriétés magnétiques des matériaux sont attribuables au spin des électrons et à leur mouvement
orbital autour du noyau. Une charge électrique en mouvement engendre un champ magnétique autour
d’elle- même, donc les électrons qui tournent sur eux- mêmes (spin) et autour du noyau (orbital) forment
de petits dipôles magnétiques qui peuvent réagir à l’application d’un champ magnétique extérieur. La
réaction d’un matériau à l’application d’un champ extérieur H est caractérisée par l’induction magnétique
B qui représente l’intensité du champ à l’intérieur du matériau, puisque les moments magnétiques des
atomes (orbital et spin) tendent à s’aligner avec le champ extérieur et le renforcer. Donc dans le matériau
B = µH et dans le vide Bo = µoH . (H est exprimé en A/m, B en teslas T (1T = 1W/m2 ) ; µ et µo sont les
perméabilités du matériau et du vide ; µo = 4π.10-7 Wb/(A.m))
A l’intérieur d’un matériau, l’induction magnétique devient égale à la somme du champ extérieur et du
moment magnétique induit dans le matériau, soit B = µoH + µoM , M est la magnétisation du matériau ;
M représente le moment magnétique dipolaire résultant (par unité de volume) aligné avec le champ H.
De plus M = XH (X est la susceptibilité magnétique du matériau).
Donc B = µoH( 1+ X) et µ = µo( 1+ X).
La perméabilité magnétique relative du matériau est µr = µ/µo = (1+X)
Selon la valeur de µr, on classe les substances en 3 classes : les diamagnétiques (µr <1) ; les
paramagnétiques (µr >1) ; les ferromagnétiques (µr>>1)
III.1 Diamagnétisme et paramagnétisme
- Les substances diamagnétiques sont composées d'atomes dont la configuration électronique ne laisse
apparaître que des doublets ou des orbitales vides : il n'y a pas d'électrons non appariés donc pas de
moment magnétique de spin. Sur le plan technologique, les matériaux diamagnétiques ne présentent
aucun intérêt, à l’exception des matériaux supraconducteurs ( M= -H, X= -1, B=0)
- Les substances paramagnétiques sont composées d'atomes porteurs de moments magnétiques dus à la
présence d'électrons non appariés (célibataires) dans leur configuration électronique. Leur susceptibilité
magnétique est parfois forte, positive et dépend de la température. En absence de champ magnétique
extérieur, les moments sont statistiquement désordonnés et leur résultante est nulle : la substance ne
possède pas d'aimantation spontanée macroscopique. A chaque électron non apparié correspond un
moment magnétique non nul. La somme des moments magnétiques est donnée par √n(n + 2)µB où n est
le nombre d'électrons célibataires et où le moment magnétique est exprimé en magnétons de BOHR de
valeur µB = eh/4πme = 9,27.10-24 A.m2. µB est égal au moment magnétique de spin d'un électron libre.
III.2. Magnétisme coopératif
L'existence du magnétisme coopératif est liée à la présence d'électrons non appariés organisés, c'est à dire
en interaction mutuelle.
- Dans les substances ferromagnétiques, les moments magnétiques sont ordonnés parallèlement dans le
réseau cristallin. Leur aimantation est forte au-dessous d'une température d'ordre appelée température de
Curie ferromagnétique. Dans un corps ferromagnétique, l’orientation des dipôles magnétiques atomiques
peut se produire spontanée même en absence de champ magnétique extérieur. La zone du matériau dans
laquelle ces dipôles s’orientent dans la même direction est le domaine magnétique (ou domaine de
WEISS) ; les interfaces entre ces domaines sont les parois de BLOCH. A l’intérieur d’un même grain ou
monocristal plusieurs domaines magnétiques peuvent exister. En l’absence d’un champ magnétique
extérieur, la somme vectorielle des orientations magnétiques des domaines étant nulle, le matériau n’a pas
de magnétisation spontanée. Quand on applique un champ magnétique extérieur, les domaines
magnétiques dont l’orientation est voisine de celle de H croissent aux dépends de ceux dont l’orientation
est opposée à celle de H. Les parois de BLOCH se déplacent dans le matériau pour donner à la limite un

3
seul domaine ferromagnétique. Le processus est identique à celui de la ferroélectricité. L’induction
magnétique en fonction du champ appliqué B = f(H) présente une boucle d’hystérésis.
- Dans les matériaux ferrimagnétiques, les intensités des moments magnétiques de chaque type d’atomes
on d’ions n’ont pas la même valeur. Un matériau ferrimagnétique est un oxyde de formule chimique XO,
Y2 O3 (X = cations divalents, Y= cations trivalents). L’oxyde de fer Fe3 O4 (ou magnétite) peut s’écrire
FeO.Fe2O3 (Fe2+ dans FeO et Fe3+ dans Fe2 O3 ). Les cations X et Y constituent un sous réseau cristallin.
Dans chacun des sous réseaux les moments magnétiques des cations sont parallèles bien que l’orientation
respective des deux sous réseaux soit antiparallèle. L’intensité des moments des cations X et Y est
différente, la résultante est non nulle, une magnétisation spontanée apparaît. Sous l’action d’un cha mp
magnétique extérieur, les ferrimagnétiques ont un comportement caractérisé par une boucle d’hystérésis.
- On distingue les matériaux magnétiques doux et magnétiques durs : Les doux doivent réagir
rapidement et franchement à de faibles variations de champ inducteur : transformateurs, inductances de
précision de circuits électroniques, écrans magnétiques. Ils doivent donc avoir une boucle d'hystérésis
étroite, cycle fin et incliné (faible champ coercitif Hc et induction à saturation Bs élevée). Les durs sont
utilisés lorsque le champ magnétique doit rester stable dans le temps et être élevé : aimants permanents,
aimants de levage, noyaux de haut-parleurs, magnétophones et magnétoscopes, petits moteurs électriques.
Ils doivent avoir un cycle d'hystérésis large et carré (champ coercitif Hc et induction rémanente Br
élevés). On obtient les ferrites durs par frittage de poudres fines (grand nombre de particules contenant un
petit nombre de domaines chacune). Pour réaliser des rubans ou disques magnétiques, le matériau est
sous forme de poudre fines (Fe2 O3 , Cr2 O3 ) noyées dans une enduit fixé sur une matière plastique. Pour
augmenter la capacité de stockage, on réalise des films minces (10-50 nm d'épaisseur) d'alliages CoPtCr
ou CoCrTa reposant sur un substrat de chrome. Le film mince magnétique est polycristallin, chaque grain
(10-30 nm) est un seul domaine magnétique.
III.3. Comportement magnétique des matériaux
- cas des métaux : l’atome de fer, qui possède 4 électrons 3d non appariés est affecté d’un moment
magnétique égal à 4µB, il est donc ferromagnétique. Il en est de même des éléments Co, Ni, Gd, Tb, Dy,
Ho, Tm, qui ont les sous couches d et f partiellement remplies et la somme des moments magnétiques dus
au spin non nulle.
- cas des céramiques : la structure cristalline des céramiques ferrimagnétiques est de type spinelle (XO,
Y2 O3 ) ; la maille élémentaire est un réseau CFC, les cations X2+ et Y3+ occupent respectivement les sites
tétraédriques et octaédriques déterminées par les anions O2-

IV. En conclusion : Les matériaux composites (CMP, CMM, CMC) / Choix des matériaux
Selon sa classe, chaque type de matériau possède des propriétés et des caractéristiques propres : les
métaux sont tenaces et ductiles, mais avec une densité en général élevée; les polymères légers ont une
faible rigidité, des propriétés mécaniques moyennes; les céramiques et les verres sont rigides mais
fragiles. En combinant divers types de matériaux, on obtient des matériaux composites dont les
propriétés sont différentes de celles des composants de base : les polymères armés de fibre de verre ont
une résistance mécanique et une ténacité supérieures à celles des deux matériaux pris séparément. Le but
le plus souvent recherché pour les matériaux composites est d'obtenir pour un même rigidité de structure,
une réduction de masse appréciable, d'où leur essor dans le domaine de l'aéronautique en particulier. Le
développement des matériaux composites a d'abord touché les composites à matrice polymère (CMP)
pour améliorer la faible rigidité des matières plastiques. On a élargi les principes aux composites à
matrice métallique (CMM) pour améliorer la rigidité des matrices légères (Al et Mg) et aux composites à
matrice céramique (CMC) pour améliorer la ténacité de la matrice céramique intrinsèquement fragile.
Notons que le bois, matériau naturel, est un véritable matériau composite, formé de fibres de cellulose,
longues chaînes moléculaires partiellement cristallisées et d'une matrice composée de lignine et
d'hémicellulose, composés amorphes.
Enfin pour conclure, le choix d'un matériau est très difficile car il y en a une variété infinie : des
centaines de nuances d'aciers, des milliers de matières plastiques, entre autres…. Au cours de la mise au
point d'un produit nouveau, il faut choisir les matériaux à utiliser en tenant compte de tous les facteurs
possibles : disponibilité, prix des matières premières, coût des méthodes de fabrication, propriétés,
incidences sur l'environnement physique et social…Le succès ou l'échec de la mise en marché repose
souvent sur le choix des matériaux.
4

Vous aimerez peut-être aussi